Réseau de la santé et des services sociaux

De l’affront au défi

L’information syndicale connaît dans les années 1940 une véritable popularité qui n’est certainement pas étrangère aux nombreuses luttes pour la reconnaissance syndicale et pour l’amélioration des conditions générales de travail, notamment celles en santé et en sécurité du travail.

Par Jean Grégoire

Le château des Angos des Maizerets, pierre angulaire d’un domaine tricentenaire ayant résisté à l’outrage du temps, au beau milieu de la plus violente tempête printanière que le Québec ait connue depuis quarante ans, s’est avéré une trame de fond on ne peut plus représentative de ce qu’a vécu le  Syndicat des professionnels et techniciens de santé et services sociaux de Québec–CSN (SPTSSS) au cours des dernières années.

Un peu à l’image des multiples ajouts faits au château au fil du temps, le nouveau syndicat, dont la création a été forcée par la violente réforme Barrette, s’appuyait tout de même sur de solides fondations. Comme se plaît à le rappeler Danny Roy, président du syndicat, « c’est le premier anniversaire du SPTSSS, mais certains syndicats desquels nous sommes issus ont plus de quarante ans ». Danny est souriant et confiant pour l’avenir, et avec raison. Le bruit du mélange de grêle et de verglas sur les minces carreaux des fenêtres historiques n’est rien à côté de la tourmente qu’ont dû endurer les syndicats en santé du Québec depuis 2014. D’abord, un vent d’austérité s’est abattu sur le secteur public, puis sans crier gare, dès 2015, le gouvernement a littéralement dévasté le réseau de la santé en imposant d’immenses structures administratives grises et mornes, jetant un froid sur les travailleuses et les travailleurs et forçant la création de nouvelles structures syndicales.

Le 16 avril dernier, un an presque jour pour jour après l’accréditation du syndicat, ils étaient près de 80 militantes et militants réunis pour finaliser les dernières étapes de la mise en place de leur nouvelle structure.

Au SPTSSS, cet affront a été pris comme un défi. Un an presque jour pour jour après l’accréditation, ils étaient près de 80 militantes et militants réunis pour finaliser les dernières étapes de la mise en place de leur nouvelle structure. Leur organisation représente maintenant plus de 4600 membres répartis sur un territoire d’environ 250 km2. La tâche est colossale, mais elle ne semble pas leur faire peur. À preuve, d’anciens membres de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), maintenant délégué-es du SPTSSS, dînent avec des militants CSN de longue date, échangeant sur les bons coups de la dernière année, mais aussi sur leurs craintes, leurs appréhensions et les obstacles à surmonter.

Allégeance au syndicalisme
Dans une grande salle au plafond bas, au bout de laquelle trône l’immense foyer de la vieille cheminée, les délégué-es s’installent pour dîner. Aux tables, les nouveaux camarades se mélangent avec les militants chevronnés, ici avec des anciens de la CSN, là avec des anciens de l’APTS. Aujourd’hui, il n’est pas question d’appartenance à une organisation : l’allégeance est au syndicalisme et le ton est amical. Xavier Isabelle, éducateur spécialisé, Cynthia Bergeron, physiothérapeute, Céline Martin et Hélène Beaupré, ergothérapeutes, et Véronique Ouellette et Simon Rondeau, travailleurs sociaux, mangent en débattant de leur nouvelle structure syndicale. D’un côté, on aime le leadership du syndicat qui a réussi à donner des lignes directrices claires malgré le court laps de temps imposé par la fusion. De l’autre, on soulève que la CSN a encore un bout de chemin à faire pour gagner la confiance de tous les membres. En effet, il semble y avoir consensus à la table : la grande structure syndicale pose un défi quant à l’appropriation du syndicat et de la centrale par les membres. Les anciennes de l’APTS ne se gênent d’ailleurs pas pour rappeler que leur conseiller syndical était plus facile à joindre dans leur ancienne structure syndicale. Les membres des anciens syndicats CSN répliquent toutefois que « pour eux, pas de doute, l’absence de délégué-es jusqu’à maintenant rendait effectivement le contact avec les membres plus difficile. Mais ce n’était que temporaire, puisque c’est justement pour finaliser cette étape de mise en place des délégué-es terrain que sont réunis tous les militants du syndicat aujourd’hui ». On sent bien une pointe de nostalgie à l’égard des anciens syndicats maintenant fusionnés. On aimait leur proximité, leur échelle humaine. Mais ce sentiment fait vite place à une grande résilience. Ils savent très bien que c’est en s’unissant et en travaillant ensemble qu’ils arriveront à répondre aux impératifs provoqués par la nouvelle réalité administrative démesurée des Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS).

Il fait froid, trop froid dehors pour un 16 avril. On comprend pourquoi le château a résisté aussi bien au temps, parce qu’à l’intérieur, la vie syndicale bat son plein. Les enjeux de mobilisation, de communication et de représentation sont sur toutes les lèvres, mais de façon constructive, proactive. Les discussions intelligentes, bien senties, portées par des militantes et des militants qui ont à cœur de faire le meilleur travail possible pour les membres, résonnent entre les poutres de bois qui portent les marques du temps.

Avec ses représentantes et représentants dûment élus depuis la fin de l’année 2017, un comité exécutif, un conseil exécutif, des représentantes et représentants de secteurs et des délégué-es de site, le SPTSSS s’est construit, en moins d’un an, une fondation solide qui, avec un peu d’entretien, servira de base pour construire la grande maison des professionnel-les, des techniciennes et des techniciens en santé et services sociaux de Québec. 

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