Les grévistes de Radio Nord occupent deux stations en Outaouais
En grève depuis le 25 octobre, une cinquantaine de syndiqués à l’emploi de Radio Nord, en Abitibi-Témiscamingue, se sont transportés aujourd’hui à Gatineau pour y occuper pendant quelques heures les locaux de la station de télévision CHOT-TVA et de la station radiophonique CHLX-FM, également propriétés de Radio Nord. L’occupation a débuté à 10 heures ce matin.
Les membres du Syndicat des employés en communication de l’Abitibi- Témiscamingue (CSN) déplorent l’injustice à laquelle se prête l’entreprise en octroyant des augmentations salariales plus élevées à ses employés de l’Outaouais qu’à ceux de l’Abitibi-Témiscamingue. Curieusement, l’entreprise a fait miroiter en négociation des hausses salariales de l’ordre de 10% sur trois ans aux syndiqués de l’Abitibi-Témiscamingue, pour les retirer ensuite sans explication. L’idée n’est pas de se comparer mais d’obtenir le respect.
Précisons que les employés de la compagnie opèrent trois stations télé et deux stations radio en Abitibi-Témiscamingue. De plus, l’entreprise a puisé dans l’expertise de sa main-d’oeuvre en Abitibi-Témiscamingue pour mettre au monde la station CHLX, en Outaouais. Radio Nord aurait pu reconnaître cette compétence mais elle a plutôt décidé d’accorder des augmentations salariales moindres à sa main-d’oeuvre de l’Abitibi-Témiscamingue.
Les syndiqués profitent aussi de leur passage en Outaouais pour dénoncer la centralisation des postes de direction à Gatineau. Depuis 1998, l’Abitibi- Témiscamingue a perdu quatre postes de direction (information, comptabilité, ressources humaines, routage). A titre d’exemple, le service de nouvelles de la région est géré par un directeur basé à Hull, à 600 kilomètres de distance, ce qui est inacceptable, irrespectueux et contraire aux critères d’efficacité dans une entreprise médiatique.
Dans ce contexte, l’Abitibi-Témiscamingue constate un désengagement significatif de Radio Nord sur son territoire. Elle craint à juste titre que l’entreprise continue de diminuer ses services et sa programmation locale. Paradoxalement, après avoir fermé ses stations AM en Abitibi-Témiscamingue dans le passé, Radio Nord s’apprête maintenant à acquérir 12 stations radio AM ailleurs au Québec.
ENLISEMENT DU CONFLIT
Après plus d’un mois de grève, le syndicat se dit toujours ouvert à la reprise des discussions. Pour sa part, la compagnie fait perdurer le conflit en ayant recours à des briseurs de grève. Malheureusement, Radio Nord Communications évoque le Code canadien du travail pour justifier cette pratique. Elle refuse ainsi de se rendre à la demande des trois députés provinciaux de l’Abitibi-Témiscamingue, Rémy Trudel, François Gendron et André Pelletier, qui souhaitent qu’elle respecte l’esprit du Code du travail du Québec, lequel interdit l’utilisation de briseurs de grève. D’ailleurs, le premier ministre du Québec, Bernard Landry, ne ferme pas la porte à un boycott de la publicité gouvernementale à Radio Nord pour favoriser un règlement rapide du conflit.
Pendant ce temps, la population de l’Abitibi-Témiscamingue est privée de bulletins de nouvelles télévisées régionales puisque Radio Nord Communications détient le monopole télé dans cette région (3 stations de télévision : CFEM- TVA, CKRN-SRC, CFVS-TQS et 2 stations de radio :CHOA Rock Détente, Go Classique Rock).
Dans le présent conflit, la compagnie laisse entendre que la grève pourrait durer un an. Le SECAT qualifie cette attitude d’irresponsable et préfère plutôt inviter la partie patronale à faire preuve de bonne foi dans le meilleur intérêt de la population régionale.
(Source: CSN 11-12-2002 Renseignements: Marcel Duval, (819) 856-6516)