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Asphyxie du réseau de santé et de services sociaux

Photo : Michel Giroux
Photo : Michel Giroux

La CSN participe activement à la réflexion et au débat entourant les pistes de solution pour un meilleur financement et une efficacité accrue du réseau. Entrevue avec Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

Pourquoi la centralisation des services de santé et de services sociaux est-elle à éviter ?

— L’expérience de centralisation à outrance a été tentée en Alberta. Or, le gouvernement a compris qu’il allait vers l’échec et a fait marche arrière. Au Québec, la réforme Barrette est un mélange de toutes les missions de santé et de services sociaux ayant à sa base une vision très hospitalocentriste qui bousille le système. Il en découle un bouleversement du réseau et une surcharge de travail qui affecte négativement la qualité des services. On en a eu un exemple récemment avec les infirmières de Sainte-Justine. L’hypercentralisation du Dr Barrette, c’est aussi le projet Optilab, qui met en péril la sécurité des échantillons de laboratoire et dépouille les régions d’emplois de qualité au profit des grands centres. Ce sont des patients qui ne savent plus à quel saint se vouer pour obtenir un rendez-vous avec une travailleuse ou un travailleur social. Les acteurs de la centralisation sont déconnectés des besoins des bénéficiaires. Nous devrions plutôt nous rapprocher des clientèles.

Le réinvestissement annoncé dans le réseau public par le gouvernement vous apparaît-il suffisant ?

— Jamais ! Un réinvestissement récurrent de 300 millions après une coupe de plus d’un milliard, qui a permis au gouvernement d’engranger des surplus astronomiques, est une insulte à l’intelligence ! Le ministre poursuit sa réforme avec obstination en abolissant des postes et en fusionnant des services qui s’éloignent des patients. Il étouffe les CLSC par une ponction de leurs ressources pour les incorporer aux organismes à but lucratif que sont les groupes de médecine de famille. Le ministre a beau déclarer que le financement restera public, dans les faits, il privatise la dispensation de services. Pour juguler les problèmes qui éclatent partout, il faut plutôt un réinvestissement massif dans le système public.

La privatisation n’est-elle pas un moyen pour réduire les dépenses en santé et services sociaux ?

— Au contraire. Dans les pays qui financent leurs soins sur une base privée, on observe une nette augmentation des coûts. Au bout du compte, les gens payent plus pour en avoir moins. Les soins sont réservés aux mieux nantis ou à ceux qui sont bien assurés. De plus, le vieillissement de la population augmente la demande de services, ce qui crée un impact sur les finances du régime public. À la CSN, on préconise un retour à un système de santé complètement public. On a un joyau entre les mains qui est un élément majeur de notre filet de protection sociale. N’oublions pas qu’avant la création de la RAMQ, beaucoup de gens devaient se faire soigner à crédit.

Pourquoi la CSN prône-t-elle l’interdisciplinarité dans le réseau ?

— La complémentarité du travail est nécessaire à l’efficacité et à la qualité des services rendus ainsi qu’à l’utilisation optimale des ressources. Prenons le cas des personnes âgées : une travailleuse sociale intervient, ensuite une infirmière, sans trop savoir ce que la première a fait. Il faut briser les silos qui nuisent à tous points de vue. C’est vrai pour les CHSLD, pour les CLSC, pour les centres hospitaliers. Or, l’interdisciplinarité demande du temps, de l’énergie et encore une fois, du financement.

Y a-t-il d’autres pistes que la CSN aimerait explo­rer pour un meilleur financement du réseau ?

— Oui. On pourrait tenir des états généraux sur la situation du réseau dans son ensemble. Comme il s’agit des dépenses qui exercent le plus de pression sur le réseau, on pourrait y aborder le mode de rémunération des médecins et le régime d’assurance médicaments. Nous demandons aussi des états généraux qui porteraient spécifiquement sur le réseau des centres jeunesse du Québec.

Sur quoi faut-il se pencher dans les centres jeunesse ?

— Il faut cesser de fonctionner à la pièce. On observe d’année en année une augmentation des signalements et un délai d’attente avant la prise en charge qui varie entre 15 et 70 jours, selon les régions. À cela s’ajoute une insuffisance criante de ressources due au sous-financement que subissent les centres depuis plusieurs années. Encore en 2015, des compressions de 20 millions se sont abattues sur le réseau. Un moratoire et un refinancement s’imposent.

Pourquoi pensez-vous qu’il est nécessaire de se pencher sur la rémunération des médecins ?

— L’augmentation de la rémunération des médecins est faramineuse et la rémunération à l’acte médical ne fonctionne pas. Celle-ci a été responsable d’importants dépassements de coûts par le passé. Entre 2010 et 2015, les sommes reliées à la rémunération des médecins ont dépassé de 417 millions de dollars le seuil prévu. Qui plus est, le rapport 2015 de la Vérificatrice générale démontre que la RAMQ ne peut assurer le plein contrôle des 55 millions de demandes de paiement qui lui sont adressées par les médecins chaque année. Le contrôle inadéquat des factures des médecins a contribué à l’explosion des coûts. Il est temps d’avoir un débat de fond sur cette question.

Selon vous, pourquoi le système d’assurance médicaments n’est-il pas adéquat ?

— Le système hybride actuel fait grimper de façon excessive le coût des médicaments. Il est impératif de revoir la façon d’en fixer les prix et, par extension, de s’intéresser à la question de la surmédication. Le ministre le nie, mais il y a un problème qui existe là. Il a d’ailleurs dû le reconnaître durant son forum sur les bonnes pratiques en CHSLD. Nous insistons sur la nécessité d’un débat public sur le sujet.

Ne serait-il pas plus rentable d’insister davantage sur la prévention ?

— Absolument. La prévention est la mission première de la santé publique, et pourtant, elle disparaît peu à peu au profit du curatif. D’ailleurs, les libéraux ont coupé les budgets de santé publique de 30 %. Il y a quelque chose d’électoraliste dans le refus des gouvernements d’investir dans des politiques dont les effets ne sont pas visibles de façon immédiate. Pourtant, il s’agit d’une piste de solution très importante à moyen et à long terme.

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Le Point syndical  automne 2023