« La CSN souhaite vivement que le gouvernement du Québec s’assure que les travaux entourant l’évaluation environnementale stratégique (EES) soient transparents et que la composition du comité chargé de sa réalisation soit revue pour faire place à des représentants de la société civile et notamment à des groupes environnementaux », indique Pierre Patry, trésorier de la CSN et porte-parole en matière environnementale. Pour la centrale syndicale, compte tenu des inquiétudes et des problèmes observés en lien avec les forages par fracturation hydraulique, ceux-ci doivent cesser jusqu’à nouvel ordre. La composition du comité dans lequel l’industrie est fortement représentée et la société civile écartée, les travaux de ce dernier où tout semble vouloir se faire dans le plus grand secret pour mettre la population devant des rapports dont les conclusions semblent déjà rédigées, ainsi que les déclarations du PDG de la société albertaine Questerre, selon lesquelles l’EES constitue un exercice plus politique et éducatif que scientifique ayant comme objectif d’apprivoiser les Québécois et la bureaucratie francophone, sèment le doute sur les réelles intentions du gouvernement. Quant à la CSN, les éventuelles autorisations de fracturation hydraulique doivent impérativement reposer sur des connaissances scientifiques avérées quant aux effets de cette méthode de forage sur l’environnement.
Nous rappelons au gouvernement que la mise sur pied de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur le développement de l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste est le fruit d’une large mobilisation citoyenne et que le rapport du BAPE est venu confirmer les craintes qu’exprimait la population. La réaction du ministre concernant les recommandations du BAPE, saluée par plusieurs intervenants, dont la CSN, laissait entendre que le gouvernement se rangeait enfin aux arguments de ceux et de celles qui jugeaient nécessaire de parfaire nos connaissances pour évaluer la pertinence de développer cette industrie. « Aujourd’hui, la possibilité que les travaux du comité ne servent qu’à la poursuite de l’exploration gazière sous le couvert de recherches scientifiques dirigées sème l’inquiétude et laisse un goût amer de déjà vu », déplore Pierre Patry.
La CSN croit que pour que le comité bénéficie de la crédibilité nécessaire, il est impératif que :
- le gouvernement modifie substantiellement la composition du comité de l’EES afin d’établir un équilibre entre les représentants de l’industrie et ceux de la société civile, particulièrement en s’assurant de la présence des groupes environnementaux;
- les travaux du comité soient transparents et qu’un dialogue s’installe entre le comité et la société civile;
- s’il est établi que l’exploitation des gaz de schiste s’inscrit dans la planification et le développement durable des ressources énergétiques du Québec, les autorisations de fracturation soient conditionnelles à l’acquisition et à la diffusion des connaissances scientifiques concernant les conséquences de l’utilisation de cette méthode de forage et à leur acceptabilité sociale.
La CSN et le Conseil central du Montréal métropolitain invitent leurs membres et la population en général à se joindre à la manifestation « On ne va pas se laisser forer », qui se tiendra à Montréal, le samedi 18 juin, à 14 h.