Un affront pour tous les syndiqué-es du secteur public
La CSN est outrée par les propositions de politique de rémunération de la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget. Autant par l’approche brutale adoptée par la ministre, que par les montants envisagés ainsi que par l’amalgame malheureux du dossier de l’équité salariale avec celui de la rémunération globale, elle démontre son profond mépris pour les travailleuses et les travailleurs de l’État.
L’approche
Habituellement, une négociation doit s’engager de bonne foi entre deux parties. En délimitant les balises avant même que la négociation s’enclenche, la ministre laisse peu de marge de manoeuvre à la négociation. De plus, Madame Jérôme-Forget a indiqué que l’argent sur la table pourrait être négocié différemment selon les groupes d’employé-es de l’État. « C’est comme si la ministre donnait un os en pâture à une meute de chiens et qu’elle espérait qu’ils s’entredéchirent » martèle Louis Roy, le vice-président de la Confédération, responsable de la négociation du secteur public. « C’est inadmissible, nous ne sommes pas des animaux; tous les salarié-es de l’État tiennent les services à bout de bras, chacun a droit à une amélioration de ses conditions de travail. Nous n’embarquons pas dans son jeu de la division ». Pour Louis Roy, il est hors de question que les augmentations soient variables selon les groupes de salarié-es. Encore une fois, le gouvernement démontre qu’il poursuit son entreprise de démolition des acquis sociaux en s’attaquant particulièrement aux services publics et aux syndicats.
Les montants envisagés
En décembre 2003, les syndiqué-es du secteur public de la CSN, en Front commun avec leurs collègues de la CSQ et de la FTQ ont déposé leurs demandes salariales qui représentent 12,5 % d’augmentation pour les trois prochaines années. Ces demandes sont étayées par des motifs valables: elles tiennent compte du retard des salaires du secteur public en comparaison avec ceux du secteur privé et de l’augmentation du coût de la vie. Bref, des demandes raisonnables pour préserver le pouvoir d’achat et améliorer un peu les salaires.
Le gouvernement offre 12,6 % de redressement pour les six prochaines années. Et cela, selon la ministre, doit aussi inclure toutes les autres demandes des syndiqué-es, par exemple celles touchant la retraite, la conciliation travail-famille, les assurances. Pour ajouter à l’injure, l’équité salariale doit également être réglée avec cette enveloppe monétaire globale. Selon Monique Jérôme-Forget, les syndiqué-es devraient-ils s’arracher les miettes entre eux ? Voir leur salaire réel baisser ? Abandonner toute mesure de conciliation travail-famille qui faciliterait la vie des jeunes travailleuses et travailleurs ? Rogner sur toute amélioration des régimes de retraite des syndiqué-es plus âgés ?
Pas plus les montants globaux envisagés, que la proposition d’une convention collective d’une durée de six ans ne sont acceptables. « L’État comme employeur a l’obligation de négocier des conditions de travail décentes pour ses salarié-es. C’est, de plus, une façon d’assurer la stabilité et la pérennité de services publics de bonne qualité pour la population » soutient Louis Roy.
L’équité salariale
« On ne peut pas régler la discrimination faite aux femmes sur le dos de l’ensemble des syndiqué-es, poursuit le responsable des négociations du secteur public à la CSN. L’État a aussi l’obligation de régler l’iniquité dont sont victimes les personnes occupant des emplois majoritairement féminins mais sans priver tous les syndiqué-es d’une amélioration légitime de leurs conditions de travail ». Comment le gouvernement pense-t-il justifier cette aberration ?
Bref, cette annonce n’augure rien de bon pour les syndiqué-es des réseaux publics. La ministre Monique Jérôme-Forget veut-elle détériorer à ce point les relations de travail au Québec ? Veut-elle affaiblir les services publics, si importants pour la population ? La Confédération des syndicats nationaux, qui représente le plus important groupe d’employé-es de l’État avec 150 000 membres dans les réseaux de la santé, des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux va défendre avec détermination le droit à une véritable négociation dans le secteur public.
Source : Secteur public CSN – 15-06-2004
Pour renseignements : Sylvie Joly – Secteur public CSN – (514) 598-2428
Site Web : www.secteurpublic.info