La place du secteur privé dans la santé
Le ministre Couillard doit prendre ses responsabilités
La réponse du gouvernement Charest au jugement de la Cour suprême dans l’affaire Chaoulli a ouvert la porte à une prolifération d’initiatives privées qui menacent l’universalité du système de santé au Québec. L’annonce faite aujourd’hui, par le docteur Chaoulli, concernant la création d’un nouveau groupe garantissant à ses membres cotisants un accès plus rapide à des soins de santé est une autre illustration de la confusion qui règne en cette matière.
Pour la CSN, la loi adoptée fin 2006, qui devait encadrer le rôle du secteur privé dans le système de santé, a plutôt généré un flou des plus inquiétant. À cet égard, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, n’a pas livré la marchandise. Une médecine à deux vitesses est en train de prendre forme au Québec, dans la confusion la plus totale, et, surtout, sans aucun débat public.
« Le ministre Couillard s’était fait rassurant lorsque le gouvernement avait adopté la loi 33, qui a octroyé une place accrue au secteur privé dans la santé et les services sociaux. Il prétendait que les délimitations étaient suffisamment précises entre ce qui doit demeurer public et ce qui peut aller au privé. Or, on le voit, c’est plutôt la confusion qui règne. De nombreux acteurs privés choisissent de s’engouffrer dans la brèche ouverte par le gouvernement et cela menace l’égalité des citoyennes et des citoyens dans l’accessibilité aux soins de santé », déplore la vice-présidente de la CSN, Denise Boucher.
Délais d’attente
La CSN reconnaît que les délais d’attente dans le système public pour plusieurs types d’intervention sont inacceptables. Cependant, le recours au privé ne peut être considéré comme une panacée et son rôle doit être rigoureusement et clairement encadré. « En quoi ce que vient d’annoncer le docteur Chaoulli règlera-t-il les problèmes de pénurie de main-d’uvre, questionne la vice-présidente de la CSN. C’est pourtant une cause majeure de la sous-utilisation de certaines installations et de certains équipements. Ce n’est certainement pas en drainant les ressources vers le secteur privé que l’on va solutionner les problèmes vécus dans le secteur public », prévient-elle.
Pour la CSN, le rôle que doit jouer le secteur privé dans le système de santé est une question qui regarde toutes les Québécoises et tous les Québécois. Cela doit être débattu de façon ouverte et transparente. Or, la passivité du gouvernement à cet égard risque de placer la société québécoise devant un fait accompli. « Le docteur Chaoulli va jusqu’à réclamer de la transparence aux hôpitaux où il référera ses clients, entre autres à l’égard des moyens pris pour combattre les infections nosocomiales. C’est un véritable ministère parallèle qu’il nous propose, constate Denise Boucher. La ligne entre le privé et le public n’a jamais été aussi mince et floue. Il est grand temps que le ministre Couillard sonne la fin de la récréation et pose des balises claires.»
La CSN est d’accord avec le principe d’un mécanisme garantissant l’accès dans des délais acceptables. Toutefois, en lieu et place de ces services privés autonomes auxquels le gouvernement libéral a choisi d’ouvrir toute grande la porte, la CSN préconise le regroupement des activités souffrant de longues listes d’attente dans des cliniques ou centres publics spécialisés afin d’en accroître la performance et d’en réduire les délais d’intervention.
Avec ses 110 000 membres travaillant dans le réseau public de la santé et des services sociaux, la Confédération des syndicats nationaux est l’organisation syndicale la plus représentative de ce secteur. Fondée en 1921, la CSN regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs dans tous les secteurs d’activités.
Source : CSN – 7 mai 2007
Pour renseignements : Jean-Pierre Larche, service de l’information de la CSN 514 598-2264