À l’aube de l’étude, article par article, des projets de loi 6, Loi instituant le fonds de soutien aux proches aidants des aînés, et 7, Loi instituant le fonds pour le développement des jeunes enfants, la CSN craint toujours un désengagement de l’État. « Nous reconnaissons qu’il y a des besoins à combler, mais les projets de loi 6 et 7, dans leur forme actuelle, constituent une intrusion directe du privé dans le champ du social. Ces nouveaux fonds mixtes ont en commun d’être constitués grâce au mécénat privé et à la contribution du gouvernement. Ils visent des objectifs et des groupes cibles différents, mais ont des liens de parenté avec le fonctionnement opaque des partenariats public-privé, les PPP, qui se développent au Québec et dans divers pays, a déclaré la vice-présidente de la CSN, Denise Boucher. « Pour la CSN, cette intrusion du privé dans le champ social soulève des doutes que, sous le masque de l’innovation, nous assistions à une transformation du rôle de l’État et à son désengagement de ses responsabilités d’améliorer et de consolider les services publics ainsi que le fonctionnement de l’État. » Selon la vice-présidente, « aucune mesure de protection, aucune règle de gouvernance, aucune règle éthique, aucune obligation ne sont édictées, on laisse place au développement en silo de ces fonds. » Dans leur forme actuelle, ces fonds, dans lesquels des sommes importantes d’argent public sont investies, échappent à une reddition de compte véritable devant l’Assemblée nationale et devant le Vérificateur général. De plus, ils s’inscrivent en parallèle des actions gouvernementales et visent des besoins extrêmement ciblés. Le gouvernement, élu par la population, doit demeurer maître d’œuvre des politiques publiques et de leurs orientations. Il ne doit pas permettre à des sociétés privées de lui dicter ses actions. Il doit également s’assurer que ses politiques n’excluent personne. Pour Denise Boucher, « l’État abdique ses responsabilités au profit du privé ! » Revendications Pour la CSN, des modifications substantielles doivent être apportées à ces projets. La centrale syndicale souhaite, entre autres, un débat public large sur la pertinence de tels fonds mixtes public-privé complémentaires aux programmes et aux politiques publiques et la suspension de leur création jusqu’à la publication d’un bilan mi-parcours de ceux existant. L’étude des deux projets de loi se fait devant la Commission des affaires sociales du Québec. La CSN représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, et ce, tant dans les secteurs privé que public.