La santé publique met en garde contre la privatisation des soins

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La santé publique met en garde contre la privatisation des soins

par André Noël

Dans un document passé inaperçu, les directeurs de la santé publique du Québec (DSP) viennent de faire une sévère mise en garde contre une privatisation, même partielle, des soins de santé, affirmant que celle-ci coûterait plus cher, serait difficile à gérer, n’améliorerait pas les services et créerait de graves inégalités face à la maladie.

En vertu de la loi, les DSP ont le mandat de « protéger, de maintenir ou d’améliorer l’état de santé et de bien-être de la population en général » et d’intervenir lorsque la santé publique est menacée. Répartis dans toutes les régions, ils se prononcent sur une foule de sujets, que ce soit sur les risques d’épidémie ou sur le jeu compulsif.

Le 10 novembre, ils remettaient un rapport au Groupe de travail sur le financement du système de santé à la demande de son président, Claude Castonguay. Le document de 34 pages, intitulé Le privé dans la santé : un enjeu de santé publique, est signé par les DSP de Montréal, du Bas-Saint-Laurent et de la Montérégie, tous les trois médecins.

« En introduisant plus de privé dans le système de services, on vient transformer sa nature comme outil de protection sociale; on atteint aussi un droit social du citoyen pour le transformer graduellement en bien de consommation », écrivent-ils d’entrée de jeu.

« Le Canada et le Québec ont choisi, depuis les années 60, que tous les citoyens aient droit, face à la maladie, d’avoir accès à des services de santé universels, sans contribution financière additionnelle et de qualité. Le peuple a choisi d’être solidaire et de partager, via une assurance collective, les risques reliés à la maladie. Il importe de réaffirmer ce contrat social, tout en cherchant à améliorer, adapter, et moderniser notre système. »

Les auteurs s’attaquent aux « arguments habituels » utilisés par les partisans du privé. Le premier : le système de santé public serait sur le bord de l’éclatement en raison du vieillissement de la population. Faux, rétorquent-ils. La proportion de la population âgée a déjà doublé depuis la mise en place de l’assurance maladie, le système de santé a absorbé ce choc et rien n’indique qu’il ne pourra pas continuer à le faire. Citant un chercheur, ils soutiennent que « l’octogénaire de demain sera moins malade et coûtera moins cher que celui d’aujourd’hui ».

Deuxième idée reçue : le privé serait plus efficace et moins coûteux. L’expérience des autres pays prouve le contraire, affirme le rapport. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les indicateurs de performance sont systématiquement meilleurs « lorsque le secteur public occupe une place dominante dans la régulation, le financement et la fourniture des services de santé ».

« Que l’argent pour les dépenses de santé vienne du public ou du privé, il a la même source : le contribuable ou l’usager, écrivent les DSP. Il reste à voir quelle est l’utilisation la plus efficiente et la plus efficace de cet argent, celle qui est faite par un assureur unique, fournissant un service accessible à tous, ou celle plus onéreuse réalisée par plusieurs assureurs et dont les effets bénéfiques pour la santé sont accessibles à une minorité. Poser la question, c’est y répondre. »

De grandes entreprises voient d’ailleurs les avantages d’un système public, indiquent-ils. Ils reprennent à leur compte cette déclaration de Charles Baillie, ancien président de la Banque Toronto-Dominion : « Le système de santé du Canada n’est pas un poids mais un atout économique, qu’il ne devrait pas oser perdre, aujourd’hui plus que jamais… Dans une ère de mondialisation, nous avons besoin de tout avantage comparatif et compétitif que nous possédons. Et les fondements de notre système de santé constituent l’un de ces avantages. »

« Les expériences de nombreux pays dont le Canada illustrent de manière éloquente que le système d’assurance privée amène un accès inéquitable aux services médicaux, ajoutent les DSP. Le système privé sélectionne globalement des clientèles moins lourdes, à la fois parce que les patients plus démunis n’ont pas les moyens de souscrire à une assurance privée et parce que ce système peut refuser de couvrir les personnes les plus malades. »

« Grâce à l’assurance privée, les plus fortunés, ceux qui sont en meilleure santé, ont davantage accès aux services de santé. Quant aux frais modérateurs, ils peuvent accentuer les problèmes de santé de ceux qui ne peuvent les assumer » et « entraîner un report de la consultation à un stade plus avancé de la maladie, alors que le traitement est plus complexe et plus cher ».

Cela dit, les DSP croient qu’il y a place à amélioration dans le système public. Ils suggèrent avant tout une amélioration des services de première ligne. Ils indiquent aussi que des opérations coûteuses sont faites inutilement. Une étude menée en Colombie-Britannique a montré que 26 % des patients opérés de la cataracte avaient une moins bonne vue après qu’avant l’intervention, et que 31 % d’entre eux avaient en fait une vue presque parfaite avant l’opération…


Source : La Presse, page Santé – 4 décembre 2007

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