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Opinion

Le recours à l’assurance privée, loin d’être une solution

Santé

Le dernier rapport Castonguay, En avoir pour notre argent, repose sur une position néolibérale où les libertés individuelles sont valorisées tout comme la régulation par le marché. Hormis le concept de tarification à l’activité, on y retrouve des recommandations qui nous mènent inéluctablement vers le même sort que nos voisins du Sud. On préconise entre autres une révision de la couverture du régime de santé public, un rôle accru du secteur privé et le désengagement des contribuables du Régime général d’assurance-médicaments en faveur de l’assurance privée.

Des profits pour l’assurance privée

Aux États-Unis, les analystes estiment que la majoration des prix de l’assurance santé et des profits engendrés atteint des taux qualifiés d’insoutenables. En 2004, la différence prime-bénéfice de l’assurance privée totale se situait dans l’ordre des 90 billions de dollars. En 2005, les primes d’assurance ont augmenté de 9,2 %, soit trois fois plus rapidement que les salaires (2,7 %) et équivalent à 2,5 fois le taux d’inflation (3,5 %). Selon le Census Bureaudes États-Unis, 15,7 % des États-uniens n’ont aucune assurance santé.

Entre 1992 et 2002, les primes SSQ des employés du réseau de la santé et services sociaux ont presque triplé. Dans les petites entreprises, un nombre croissant d’employés décide d’abandonner des produits d’assurance parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer la prime (ex. : assurance dentaire).

Écrémage des risques

Afin d’établir son avantage concurrentiel, l’assureur doit éliminer le risque en déployant différentes stratégies de sélection différentielle ou écrémage des risques. Ainsi le marketing des risques consiste à manipuler des segments particuliers de la population par de la publicité ciblée et le recrutement au sein des organisations fréquentées par les gens en santé : entreprises, clubs de conditionnement physique, agences de voyage, ordres professionnels et institutions bancaires. Le calibrage des garanties est utilisé de façon à attirer les clientèles recherchées ou éloigner celles qui occasionnent le plus de dépenses. Par exemple, des contrats excluant les produits injectables éloigneront les « diabétiques ».

La modulation de l’offre de soins est possible pour l’assureur, acheteur de soins pouvant facilement décupler sa sélection. Ses prestataires affiliés sont typiquement des cliniques de radiologie, de chirurgie cosmétique ou ophtalmologique, situées dans les secteurs urbains favorisés. Des politiques contraires à la courtoisie sont fréquentes pour les souscripteurs potentiels à risque élevé, du moins ce dont il est rapporté des États-Unis.

Inefficacité de l’assurance privée et retombées sur le public

Les expériences états-unienne et suisse démontrent que l’accès aux soins est modulé par la sélection différentielle pratiquée par l’assurance privée, si bien que lors de sa 58e assemblée, l’Organisation mondiale de la santé invitait ses États membres à « prévoir la transition vers la couverture universelle de tous les citoyens ». Le Québec choisira-t-il la direction contraire ? Aux États-Unis, le monopole des soins par le secteur privé n’a pas résolu le problème du financement de la santé.

L’assurance privée est inefficace en raison d’abord des frais relatifs à la représentation, la publicité, l’autorisation des réclamations, les émissions de chèques et les envois postaux sans oublier la marge de profit, qui viennent gonfler les primes.

De plus, les individus à risques élevés devront s’acquitter de primes exorbitantes s’ils parviennent à souscrire un contrat. Pour se tirer d’affaire, ils évitent de consulter, modifient leur traitement en raison du coût ou en donnant priorité à leurs soins au détriment de leurs autres besoins, ce qui accentue les dépenses de santé en bout de ligne.

On peut s’attendre à ce que le désengagement de l’État vers le privé et celui des contribuables mieux nantis ait un effet additionnel de polarisation des classes. Un effet rebond sur le système de santé public est à prévoir ainsi que sur les secteurs de l’emploi, du logement, des services sociaux, de l’éducation, des finances (inflation) et de la sécurité.

L’argumentation néolibérale et des lobbyistes de l’assurance privée, assistée par les garants de la loi (arrêt Chaoulli), a influencé l’opinion publique quant aux orientations politiques sanitaires du gouvernement « qui fait de son mieux dans l’état actuel des choses ». Que ce soit en amont ou en aval de la santé collective, on peut être sûr que l’industrie fera toujours passer le capital financier avant le capital humain. À chaque citoyen de prendre position!

France Durand*, infirmière *L’auteure termine une double maîtrise internationale en administration de la santé

Source : Le Soleil, page 23 – 11 mars 2008

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