Balado – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca Le maillon fort du syndicalisme au Québec Wed, 12 Mar 2025 21:23:06 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2019/05/csn-logo-150x150.png Balado – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca 32 32 Le chocolat : la clé pour travailler vieux ? https://www.csn.qc.ca/actualites/le-chocolat-la-cle-pour-travailler-vieux/ Wed, 12 Mar 2025 21:23:06 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=103176 S’ensuit une discussion avec un employé comptant plus de 50 ans de service, Albert Montigny. En voici un extrait.

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FRANÇOIS : Ça fait quoi, Barry Callebaut ?
BARBARA : Ça fait du chocolat, ça fait du monde heureux et ça rémunère beaucoup de gens du coin.
DAVID : Je dirais que ça fait de l’argent aussi (rires). On fait 550 tonnes de chocolat toutes les 24 heures. Ce n’est pas très connu, Barry Callebaut. C’est vraiment dans le milieu industriel. On a une usine syndiquée CSN Bridor qui va utiliser nos produits pour faire des chocolatines, par exemple.
BARBARA : On est chanceux ici à Saint-Hyacinthe, on produit aussi de la liqueur de cacao. On reçoit les fèves de cacao, on les nettoie, on les broie, puis on les envoie par un tunnel de l’autre côté [de la rue], à l’usine Nelson.
DAVID : C’est ça qu’on sent à Saint-Hyacinthe, quand les gens viennent et disent que ça sent le chocolat, c’est vraiment la torréfaction des fèves de cacao.
FRANÇOIS : Ça fait 54 ans que vous êtes ici, vous êtes toujours heureux de venir travailler chaque matin ?
ALBERT : Oui. Si je n’étais pas heureux, j’aurais lâché à 65 ans, comme ben du monde. Moi, c’est ça qui m’active, de voir mes ami-es et collègues travailler ensemble. Être assis à la maison sur une chaise, ce n’est pas moi, ça.
FRANÇOIS : Donc vous allez être bon pour participer aux assemblées générales lors de la prochaine négociation et amener des idées ?
ALBERT : Ah c’est sûr ! On va essayer d’amener des idées pour ceux qui veulent aller à la retraite, peut-être ben que ça pourrait être avantageux pour eux (rires). Mais ce que je déplore, c’est qu’à mon âge, j’aimerais ça tomber à deux ou trois jours, de manière progressive et m’en aller tranquillement. Au lieu de faire quatre ou cinq jours obligatoires et après ça « bye-bye », ou va ailleurs si tu n’es pas capable de les faire.

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L’expertise publique au service de la population à la STM https://www.csn.qc.ca/actualites/lexpertise-publique-au-service-de-la-population-a-la-stm/ Thu, 05 Dec 2024 16:54:43 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=101248 Les 2400 membres du Syndicat du Transport de Montréal–CSN veillent à l’entretien des autobus et du métro de Montréal, de jour comme de nuit. De l’électricien traction en passant par le réparateur d’escaliers roulants, du mécanicien en infrastructure au préposé à l’entretien, ils font tous et toutes un travail minutieux pour veiller à ce que les autobus et les métros se présentent à l’heure chaque jour.

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C’est frappant de les entendre, les employé-es de la STM ont à cœur de bien prendre soin des infrastructures. Kevin McLean travaille à l’entretien mécanique du métro. Il explique que le personnel a dû créer de toutes pièces un outil pour réparer les portes papillons des stations, lesquelles distinguent notre métro dans le monde. Plutôt difficiles à ouvrir par grands vents, ces portes doivent être bien entretenues pour faciliter l’entrée dans le métro.

« La visite de la STM avec des travailleurs nous amène à constater qu’ils connaissent les infrastructures comme le fond de leur poche. C’est rassurant de savoir qu’ils veillent au grain pour nous aider à nous déplacer », explique Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN.

Leur expertise prend plusieurs formes. Les dépanneurs de la voie s’assurent en tout temps que les rails du métro sont libres pour que le service se poursuive. D’ailleurs, une part importante des arrêts de service est due à des objets échappés par des usagères et des usagers sur la voie. Bruno Marion explique : « Chaque fois que nous devons aller récupérer un objet sur la voie, comme un ballon ou un portefeuille, un processus s’enclenche pour faire cesser tous les trains à quai en même temps. »

Le privé prend de plus en plus de place à la STM. « Nous pouvons faire le travail à moindre coût. Quand on intervient, on agit en prévention et avec une vision d’ensemble, pas seulement pour réparer telle ou telle pièce. C’est pourquoi on continue de lutter contre la présence grandissante du privé.

Pour y arriver, il faut améliorer nos conditions de travail et nos salaires, car avec l’inflation des dernières années, la STM a du mal à garder son personnel d’expérience. On ne voyait pas ça avant et on veut profiter de notre prochaine négociation pour réparer les pots cassés », lance le président du syndicat, Bruno Jeannotte.

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Le travail d’équipe : l’ingrédient pour un bon brassage https://www.csn.qc.ca/actualites/le-travail-dequipe-lingredient-pour-un-bon-brassage/ Thu, 06 Jun 2024 18:38:53 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=98115 Pour cette édition du balado de la CSN, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre le premier vice-président de la CSN, François Enault, le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Brasserie Labatt–CSN, Patrick Turcot et le vice-président à la santé et sécurité du travail, Sylvain Dagenais. S’ensuit une discussion fort intéressante entre ces trois protagonistes et deux travailleurs passionnés au département du brassage, Samuel et Jamal. En voici un extrait.

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Extrait de la balado

François Enault : Pour vous autres, quelle est la bière la plus difficile, la plus compliquée à travailler ? Est-ce qu’il y en a une qui se démarque ainsi ?

Sam : Il n’y a pas une bière en tant que telle qui va être plus difficile à brasser. C’est ton choix de grain qui va changer le style de bière. C’est aussi le type d’eau sélectionnée qui va modifier ta bière. C’est sûr que moi, je dois donner un excellent moût. C’est comme donner de bonnes conditions de travail à la levure pour qu’elle soit contente. Si tu veux, tu peux comparer la situation à celle chez Amazon et à la campagne de syndicalisation que les travailleuses et les travailleurs ont mené dernièrement. Ils viennent de se syndiquer avec la CSN ; c’est à peu près le même principe. Donc, si tu donnes de bonnes conditions à ton employé-e, tout comme à la levure chez nous, il sera content. C’est un bon travail d’équipe en fait !

François Enault : J’ai une autre question : François Legault a dit le 8 septembre 2023 qu’il n’y aurait pas de Labatt Bleue pour tout le monde. Combien de temps ça prend pour brasser de la Bleue pour tout le monde ?

Sam : Pour moi, c’est six heures au brassage, le temps que ça parte à la fermentation ensuite.

Jamal : Après les six heures, moi, je garde la matière pendant six jours en fermentation, puis un autre quatre jours d’attente s’ajoutent ensuite. Une bonne douzaine de jours en tout.

François Enault : Si je récapitule, on peut avoir de la Labatt Bleue pour tout le monde en une douzaine de jours. Santé !

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S’adapter au gré des saisons https://www.csn.qc.ca/actualites/sadapter-au-gre-des-saisons/ Mon, 25 Mar 2024 21:29:52 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=95058 Pour cette édition du balado de la CSN, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre la présidente de la CSN, Caroline Senneville, et Pierre-Olivier Parent, menuisier et représentant en santé et sécurité (RSS) sur les chantiers. S’ensuit une discussion fort intéressante sur les défis et les risques de travailler dans le secteur de la construction en hiver.

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Extrait de la balado

Caroline : Tu sais, je disais aujour­d’hui que c’est une belle journée, qu’on n’a plus l’hiver qu’on avait, mais une chose qu’on a souvent, c’est moins de neige, plus de variations de température, plus de pluie verglaçante, plus de glace. Ça ne doit pas être joyeux, ça non plus.

Pierre-Olivier : Dans le Code de sécurité sur les travaux de construction, qui est l’application spécifique du Règlement sur la santé et la sécurité du travail et de la Loi sur la santé et la sécurité du travail pour les chantiers, il y a une obligation du maître d’œuvre – de l’entrepreneur général, si on veut – de maintenir toutes les voies de circulation déneigées, de répandre de l’abrasif pour ne pas qu’on se plante, etc.

Caroline : Parce que vous vous promenez avec des charges, puis des outils. Ce n’est pas une petite promenade dans la campagne, là !

Pierre-Olivier : Tout à fait ! Ça fait que ça aggrave le risque de chute, ça, c’est définitif. Il y a aussi le contact avec tous ces objets-là, qu’on touche, en métal. Ça aussi, ça fait qu’on n’est plus capables de se réchauffer. Il y a très peu d’outils adaptés à l’hiver québécois. Les couvreurs sont chanceux : ils ont souvent une torche quand ils font de la membrane élastomère… ils se réchauffent sur leur flamme. Encore là, est-ce que c’est cachère ? Il faudrait voir. Mais tout ce qui concerne la circulation, le déneigement, ça ajoute du temps sur les projets. Puis ce qu’on doit constater, c’est que de plus en plus, les projets n’arrêtent pas l’hiver. Il y a vraiment un caractère saisonnier qui reste constant dans l’industrie de la construction, mais…

Caroline : …de moins en moins.

Pierre-Olivier : Moi, je le vois moins. Des compagnies qui font l’année au complet, ce n’est plus exceptionnel, c’est vraiment quelque chose qui se passe de plus en plus. Puis il y a la capacité de la main-d’œuvre à s’adapter à ça… Dans nos syndicats, c’est grâce à nos RSS. On doit se prendre en charge parce que visiblement, les employeurs, ils continuent de demander le même rendement alors que les conditions elles-mêmes ne le permettent pas.

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Éviter les coups de chaleur https://www.csn.qc.ca/actualites/eviter-les-coups-de-chaleur/ Tue, 14 Nov 2023 02:12:32 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=92962 Pour cette édition du balado de la CSN, nous vous proposons un entretien entre David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN, et deux jeunes sauveteurs du Village Vacances Valcartier, Clara Demers et Édouard Chabot. Un portrait rafraîchissant de deux jeunes militants et des défis que leur syndicat nouvellement accrédité les aidera à relever dans cet environnement de travail peu conventionnel. En voici un condensé.

David : C’était quoi les principaux enjeux derrière ce désir-là de syndicalisation ? Santé et sécurité ?

Édouard : Oui, le grand problème qu’on avait était lié aux contraintes thermiques et aux coups de chaleur. On a eu plusieurs cas où les sauveteurs et d’autres employé-es de Valcartier sont tombés, victimes de coup de chaleur, et on a dû les traiter de manière assez urgente dans la salle de premiers soins.

David : OK, et là, vous êtes à la veille de conclure votre première convention collective. En santé et sécurité au travail justement, est-ce qu’il y a des dispositions intéressantes que vous êtes en train de négocier avec l’employeur ?

Édouard : Oui, on a réussi à créer un comité de santé et sécurité avec des délégué-es syndicaux qui y siégeront et qui seront libérés quatorze heures par mois sans perte de salaire pour délibérer des enjeux de sécurité et santé au travail. On a aussi réussi à avoir une plus grande fréquence des tests de qualité de l’air pour le parc aquatique intérieur. Il y avait beaucoup de problèmes liés à la qualité de l’air auparavant.

David : À cause de quoi, les produits chimiques ?

Clara : Principalement la chloramine dans l’air. C’est un dérivé du chlore qui va dans l’air et qui reste pris dans le système de ventilation et on se demandait aussi s’il était vraiment changé, s’il était évalué correctement, surtout dans le temps des fêtes et la relâche, parce que c’est là que c’est le plus achalandé. Plusieurs sauveteurs finissaient avec les yeux qui piquaient. Ils ne pouvaient plus surveiller leur zone parce que leurs yeux pleuraient, ils toussaient. Il y en a qui allaient même jusqu’à vomir. Donc c’était quand même assez rough.

Édouard : Plusieurs de nos collègues ont eu beaucoup de problèmes respiratoires après une semaine à travailler à l’intérieur.

David : Ça, c’est très dangereux les contaminants chimiques. En plus, c’est sournois parce que tu ne les vois pas, tu ne les sens pas et c’est en train d’affecter ta santé.

Clara : Pis quand tu le sais, il est trop tard.

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Pour une transition sans électrochoc https://www.csn.qc.ca/actualites/pour-une-transition-sans-electrochoc/ Tue, 13 Jun 2023 03:07:07 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=91147 Pour ce retour du balado de la CSN, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Simon Filteau, mécanicien de véhicules lourds à la Société des transports de Montréal, et Yvan Duceppe, trésorier de la CSN. Un portrait inquiétant sur la sous-traitance auquel la plus grande agence de transport au Québec fait appel sous prétexte de changements technologiques. En voici un condensé.

Yvan : Le petit garçon en moi s’émerveille devant ce grand garage avec tous ces autobus partout. Il doit y en avoir de toutes sortes ?

Simon : On a commencé à avoir des autobus articulés dès 2014 et puis des autobus hybrides, en 2017. Maintenant, ça s’électrifie de plus en plus. 

Yvan : Ça change beaucoup votre travail ?

Simon : Oui, ça change les façons de faire ! Surtout en ce qui a trait à la gestion des données. La logistique des véhicules hybrides et électriques est énorme. C’est comme si vous mettiez neuf ordinateurs pour gérer toutes les données et les paramètres.

Yvan : J’imagine que ça se fait de façon ordonnée et de concert avec le syndicat ? Que vous recevez les formations adéquates pour soutenir ces grands investissements financiers ? 

Simon : La formation ne suit pas tant. L’expertise, il faut malheureusement toujours se battre pour essayer de la maintenir. C’est dommage parce qu’on a du monde capable de performer, mais ce n’est souvent pas ce que l’employeur remarque. Alors de plus en plus de contrats sont envoyés à l’externe.

Yvan : On dirait que le syndicat est tassé de la transition imposée par le virage climatique. À la CSN, on réclame une transition dite juste où le personnel directement touché par les changements technologiques est partie prenante de l’ensemble des décisions concernant l’organisation de travail. C’est inquiétant ce que j’entends ! 

Simon : C’est sûr qu’il y a des craintes au niveau de l’emploi. Il y a même des tâches mécaniques dont on s’est toujours occupés qui sont maintenant envoyées à l’externe. Dans un sens, on nous traite comme un laboratoire de développement quand vient le temps de tester les nouvelles technologies, mais par la suite, on refuse d’investir dans les formations et tout va en sous-traitance, ce qui revient aussi plus cher pour les contribuables…

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Une première convention collective à l’Assemblée nationale du Québec https://www.csn.qc.ca/actualites/une-premiere-convention-collective-a-lassemblee-nationale-du-quebec/ Sat, 30 Jan 2021 11:00:18 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78342 Réunis en assemblée générale virtuelle le 29 janvier 2021, les membres du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Québec solidaire (STTQS–CSN) ont entériné l’entente de principe conclue avec Québec solidaire. Cette entente marque un jour important dans l’histoire des relations de travail au Québec, car il s’agit de la première convention collective signée entre des élu-es de l’Assemblée nationale du Québec et leurs salarié-es.

La convention collective, d’une durée de trois ans, entrera en vigueur dès sa signature et elle définira les conditions de travail des 63 salarié-es de Québec solidaire. L’entente favorisera des relations de travail véritablement collaboratives entre les deux parties tout en assurant une participation directe des salarié-es sur plusieurs aspects. Celle-ci permettra également aux membres du STTQS–CSN de concilier travail et vie personnelle, sans nuire à l’efficacité du travail. Elle est ainsi la première convention collective au Québec à baliser le droit à la déconnexion.

« Nous sommes très fières d’avoir négocié cette entente historique avec nos employeurs. Pour la première fois dans l’histoire du Québec, le droit à la déconnexion est officiellement reconnu dans une convention collective. C’est un gain important pour l’ensemble des salarié-es de l’équipe solidaire qui évoluent dans des milieux où la charge mentale est très élevée », a déclaré Catherine Desjardins, présidente du STTQS–CSN.

Le STTQS–CSN a été fondé le 11 décembre 2018. Il est le premier syndicat qui regroupe les membres du personnel d’un parti politique du Québec. Le STTQS–CSN représente les salarié-es de Québec solidaire œuvrant dans les bureaux de circonscription et à l’Assemblée nationale du Québec.

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Le travail caché des éducatrices spécialisées https://www.csn.qc.ca/actualites/le-travail-cache-des-educatrices-specialisees/ Fri, 14 Feb 2020 01:32:24 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=73871 Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Marie-Ève De Bellefeuille, éducatrice spécialisée au CLSC de Beauport, et Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. Cet échange lève le voile sur le travail crucial, mais mal connu des éducatrices spécialisées ; il fait état de réflexions préoccupantes sur le bien-être des enfants ébranlé par des années d’austérité. En voici un condensé.

Caroline : En quoi consiste ton travail concrètement ?

Marie-Ève : J’aide les enfants et leur famille au quotidien, et ma façon de le faire est de me déplacer directement pour aller à leur rencontre, à la maison. Je suis présente le matin ou au retour de l’école pour apporter du soutien aux parents dans ces moments plus intenses de la journée. Je leur offre un appui pour faciliter leur passage à travers des étapes de la vie qui sont parfois un peu ardues.

Caroline : Dans le cadre de ton travail, j’imagine que tu peux être en lien avec les centres jeunesse ?

Marie-Ève : Oui, je travaille en collaboration avec ces centres. Souvent, des personnes viennent volontairement solliciter nos services. Mais parfois aussi, nous intervenons tout juste avant ou après le passage de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans le dossier.

Caroline : Si tu avais une baguette magique, que ferais-tu pour donner de meilleurs services ?

Marie-Ève : Si j’avais le pouvoir de changer quelque chose dans mon travail, je réduirais les tâches administratives afin d’assurer une plus grande présence auprès des familles. Être moins derrière mon bureau me permettrait de me concentrer sur les services aux usagers. Les éducatrices et éducateurs spécialisés aiment être dans l’action ; le volet administratif est important bien sûr, car il faut laisser des traces de nos interventions, mais il prend tellement de place qu’il gruge le temps précieux passé aux côtés de celles et ceux qui ont besoin de nous.

Caroline : Qu’aimerais-tu apprendre au public à propos de ton travail ?

Marie-Ève : Nous sommes invités dans l’intimité des gens. Quand on arrive dans un foyer, tôt le matin, on voit des personnes en pyjama et les cheveux en bataille ou en train de se brosser les dents. Notre travail est caché ; on ne peut même pas s’imaginer à quel point il peut changer les choses dans la vie d’un enfant. N’oublions jamais que les enfants, c’est l’avenir. Si on ne sème pas les graines, si on ne les aide pas à pousser comme il faut, elles vont se développer tout croche. La plupart des parents veulent qu’elles poussent droit, mais n’ont pas les moyens ou n’ont pas eu les modèles pour y arriver.

Caroline : On sait que les compressions dans le réseau de la santé et des services sociaux nuisent à la prestation de bons services en santé mentale. Est-ce que cette situation entraîne un impact sur ton travail ?

Marie-Ève : Absolument. C’est une réaction en chaîne. Certains parents que j’accompagne attendent des traitements en psychologie depuis très longtemps.  Leur santé mentale s’en trouve fragilisée, ce qui a une répercussion sur les enfants. De leur côté, certains enfants reçoivent des diagnostics et doivent patienter longtemps pour une évaluation en pédopsychiatrie ou en orthopédagogie. En attendant, ils peuvent avoir du mal à réussir sur le plan scolaire et ne reçoivent aucune aide durant cette période. Il s’ensuit souvent une augmentation des comportements difficiles à école, ce qui occasionne du stress au sein de la famille. Quand j’ai commencé il y a dix-sept ans, je n’étais pas aussi souvent témoin de ce genre de situation aujourd’hui très fréquente.

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Pour éviter de recevoir une caisse dans la figure https://www.csn.qc.ca/actualites/pour-eviter-une-caisse-dans-la-figure/ Tue, 10 Dec 2019 16:46:01 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=73159 Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Jean Lacharité, vice-président de la CSN, et Serge Monette, chauffeur-livreur chez Sysco-Québec. Un échange surprenant sur les enjeux de santé-sécurité au travail, omniprésents dans cette multinationale. En voici quelques extraits.

Jean : Qu’est-ce que vous livrez chez Sysco ?

Serge : On fait de la distribution alimentaire. On va partout au Québec. On s’occupe de l’institutionnel – les hôpitaux, les prisons, les écoles –, ainsi que de la restauration, de La Belle Province jusqu’au Toqué. Il n’y a pas d’endroit où on ne va pas.

Jean : On m’a dit qu’il y avait pas mal de problèmes de santé-sécurité. Quels sont les facteurs associés à cet enjeu ?

Serge :  On vient de fusionner un paquet de centres de distribution. Sysco a fait beaucoup d’acquisitions. Ils sont en train de tous les fusionner dans un même centre. Mais chaque centre n’a pas le même équipement ou la même clientèle. Quand on fusionne les centres, on n’a pas toujours le bon équipement pour aller partout. En plus, on a intégré une nouvelle technologie de gestion d’entrepôt, ce qui fait que la marchandise est beaucoup plus mélangée. Ils ont optimisé certaines parties de l’entrepôt, alors la préparation des commandes est plus rapide, mais il y a une surcharge qui s’est transférée au transport. Nous la vivons difficilement. Les gens n’ont pas été formés pour bien s’adapter aux changements technologiques.

Jean : Avez-vous beaucoup de réclamations à la CNEEST ?

Serge : Sur 300 salariés syndiqués, on a 45 dossiers ouverts à la CNEEST. C’est énorme. Il y a tellement de contraintes physiques. En plus, avec les fusions, ce sont plusieurs équipes de travail que tu mets ensemble, mais il n’y a personne pour arrimer tout ça. Il y a vraiment beaucoup d’accidents. Il y a des gens qui reçoivent des caisses dans la figure, ou des bars de retenue qui tombent. Il y a beaucoup de chariots élévateurs qui sont tombés, heureusement les chauffeurs ne sont pas tombés avec. Malheureusement, parce qu’on ne fait pas beaucoup de formation, ça empire. Quand, le vendredi, tu fermes un centre, et que le lundi t’en ouvres un autre, cette fin de semaine-là, tu ne fais pas grand-chose d’autre que déménager. Les gens n’ont pas été formés et ça paraît. En plus, on livre à tellement d’endroits difficiles. Parfois, il faut faire des changements chez les clients et, parfois, les clients sont réticents. Il y a des marches qui sont glissantes à cause de la graisse d’une friteuse, et toi t’arrives avec tes bottines et t’as cent cinquante caisses à descendre au sous-sol. Tout à coup, boum, tu tombes. Alors, il arrive qu’on doive installer des caoutchoucs chez les clients, payés et installés par Sysco. Mais, même là, il y a des clients qui sont réticents ou qui n’en font pas l’entretien. Ça devient compliqué. Pour les livreurs, ce n’est pas juste le milieu de travail et le camion qui sont compliqués, c’est toute la clientèle qui est compliquée.

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Faire une différence, du Sud au Nord https://www.csn.qc.ca/actualites/faire-une-difference-sud-nord/ Fri, 04 Oct 2019 15:00:16 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=72368 Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Amy Côté, agente de mobilisation chez Oxfam-Québec, et Jacques Létourneau, président de la CSN. Un échange autour de la solidarité internationale et la façon dont elle s’opère sur le terrain. En voici quelques extraits.

Jacques : En quoi consiste ton travail d’agente de mobilisation ? C’est un titre assez large !

Amy : Je travaille chez Oxfam depuis une douzaine d’années. Différents mandats, différents projets. Depuis cinq ans, je suis agente de mobilisation pour les programmes au Québec. Je suis spécialement dédiée à la mobilisation de nos stagiaires et de nos coopérants volontaires, une fois qu’ils sont de retour. On envoie des gens travailler à l’international, mais une fois qu’ils reviennent, ils veulent garder des liens avec nous, rester engagés, contribuer à Oxfam. Mon travail, c’est de communiquer avec eux, de développer des activités dans lesquelles ils peuvent s’impliquer.

Jacques : Donc, tu restes au Québec ?

Amy :  Je ne me promène plus tant que ça. J’ai aussi fait deux ans comme coopérante en Bolivie, donc j’ai une expérience de coopérante moi-même, ce qui est essentiel pour la réalisation de mon travail. Je connais leur réalité, ce qu’ils vivent au retour, quels sont leurs besoins.

Jacques : Concrètement, ça ressemble à quoi un projet en Bolivie ?

Amy : J’étais conseillère en développement et gestion, donc j’ai appuyé la gestion de projets, dont le développement et la conception. Je travaillais avec une école partenaire de formation technique, un peu l’équivalent du volet technique du cégep. Ils voulaient bâtir une garderie, puisque plusieurs jeunes étudiantes qui voulaient étudier étaient souvent freinées par la réalité d’être mère. L’école voulait donc offrir un accès à un service de garde éducatif pour les enfants des étudiantes. On a embauché une conseillère en gestion de garderie, ici au Québec, pour accompagner l’école partenaire dans le développement de ce projet-là. C’était une éducatrice qui connaissait très bien le milieu des CPE et des garderies en milieu familial, qui est allée en Bolivie pour accompagner le partenaire. Mais ce n’est pas juste de prendre notre formule ici, et de l’imposer là-bas, il faut être au courant des bonnes pratiques, et d’essayer de les adapter là au contexte local.

Jacques : Tu expliques que tu t’occupes de ceux et celles qui reviennent, qui ont acquis un bagage et de l’expérience pendant leur période à l’étranger. C’est quoi le type de suivi qui se fait avec eux à leur retour ? Est-ce qu’ils s’engagent dans des causes ?

Amy : Je pense que, pour la majorité, ils reviennent avec un vécu qu’ils veulent partager, et ce, de différentes façons. Ça peut être autant contribuer à des campagnes d’Oxfam qu’encourager d’autres jeunes à y participer. On souhaite que les gens deviennent ou restent des gens engagés, que ce soit pour la solidarité internationale ou pour d’autres causes. On désire que ces gens-là restent avec un côté « indigné » et un sentiment de pouvoir changer les choses. Mon travail, essentiellement, c’est de leur proposer des occasions. C’est un peu difficile parce que je travaille avec un réseau de gens invisibles, avec des gens qui sont à l’autre bout de leur courriel ou de Facebook, alors j’ai un défi d’innover dans nos communications.

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Médiateur au Musée McCord : l’art de s’émerveiller https://www.csn.qc.ca/actualites/mediateur-au-musee-mccord-lart-de-semerveiller/ Thu, 06 Jun 2019 16:02:05 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=71640 Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN, et Marc-André Lévesque, médiateur culturel au Musée McCord, à Montréal. Un agréable échange sur la place que prend la culture dans nos vies et sur la mission pédagogique de travailleuses et travailleurs culturels. En voici quelques extraits :

Caroline : Pourquoi médiateur ? Il me semble qu’on entend souvent guide ou surveillant de musée, alors qu’est-ce qu’il y a avec le titre médiateur ?

Marc-André : Même moi, je vais souvent dire « guide de musée », mais en fait, c’est « médiateur ». On fait de la médiation en salle, ça veut dire que, bien qu’on effectue certaines tâches de surveillant, on se place également comme pont entre une personne qui visite le musée et les collections. Notre mission, elle est surtout pédagogique.

Caroline : Alors, il faut que tu connaisses bien le musée et que tu adhères à sa mission ? Comment fait-on pour être bien branché et bien jouer notre rôle de médiateur ?

Marc-André :  On doit transmettre une passion. Qu’elle soit de la littérature, du sujet, des objets ou de la collection, il faut créer une sorte d’effervescence avec le public. Il faut également être capable de s’émerveiller nous-mêmes comme médiateur, parce qu’une expo qui ouvre et qui ne m’émerveille pas, je vais la trouver longue, longtemps. Alors nous avons une formation en moyenne chaque mois et nous recevons également des documents de recherche, à quelques semaines avant l’ouverture d’une exposition. On va lire ces documents et les différents scénarios, parce qu’il faut se préparer pour les divers publics qui se présentent au musée. Souvent, aussi, je vais suivre les médiations en salle de mes collègues, et eux autres vont suivre les miennes, ce qui nous permet d’échanger des trucs et d’être curieux afin d’approfondir nos connaissances.

Caroline : Si tu dis « musée » à quelqu’un, les gens ont l’impression que c’est des salles silencieuses, alors que, finalement, un musée, c’est un lieu vivant ! Si on veut avoir du fun un après-midi, c’est au musée que ça se passe !

Marc-André : C’est ça ! On dirait que ça ne va pas de soi, mais c’est là les plus belles surprises. Le musée, comme endroit dans une ville, on le connaît parce qu’on y va avec l’école. Il y a souvent un rapport pédagogique. Mais ce n’est pas une école. Parce qu’on peut apprendre de plein, de différentes façons. Le musée, c’est un endroit d’échange, et c’est là qu’on voit la différence entre guide et médiateur. Le guide, lui, va guider. Tandis que le médiateur va engager un dialogue. On n’est pas dans le magistral ou l’autoritaire. On gère les idées et les conversations comme on gère une montgolfière. Au final, il faut que ça lève !

Caroline : J’aimerais ça que tu nous parles de ton syndicat. Ça doit quand même être spécial de négocier dans un milieu où la majorité des travailleurs sont à temps partiel et avec beaucoup de roulement.

Marc-André : On a négocié un minimum de douze heures par semaine. Avec notre taux horaire, à douze heures, on est correct pour vivre. Souvent, on a plus que ça, mais ça nous assure une base, parce que le format « visite » a le potentiel d’être extrêmement précaire. Notre seuil nous permet de dormir tranquille, et ça facilite aussi notre conciliation travail-étude, travail-famille ou même travail-travail, car nous sommes plusieurs à détenir un deuxième emploi ailleurs.

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Inséminateur bovin: un métier des plus inusités https://www.csn.qc.ca/actualites/inseminateur-bovin-un-metier-des-plus-inusites/ Fri, 19 Apr 2019 10:06:26 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=71114 Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Maxime Labelle, travailleur au Centre d’insémination artificielle du Québec et membre de la Fédération du commerce, et Pierre Patry, trésorier de la CSN. Un échange surprenant sur un métier des plus inusités. En voici quelques extraits :

Pierre : Ton métier gagne à être mieux connu. Pourrais-tu expliquer le travail que vous effectuez ?

Maxime : On a deux fonctions de travail. Certains font de la vente et du conseil auprès des producteurs agricoles, surtout pour vendre de la semence de taureau de toutes sortes de races bovines… Et les autres font de l’insémination. À chaque matin, ils prennent les messages des producteurs agricoles et des tournées d’insémination s’organisent.

Pierre : Côté santé-sécurité, est-ce qu’il y a beaucoup de blessés au travail ?

Maxime :  La santé-sécurité est un énorme enjeu en ce moment parce que les fermes grossissent et le système de production change. Anciennement, on avait 20 à 40 vaches dans une étable conventionnelle où elles étaient attachées. On arrivait pour inséminer et la vache était identifiée avec une petite pancarte, on l’inséminait avec la dose que le producteur avait choisie, on facturait et on partait. Maintenant, le système d’exploitation est différent ; on arrive dans des étables où l’animal est libre dans son environnement, alors il faut la trouver, la vache, quand on arrive pour inséminer… On s’en va la chercher carrément à travers le troupeau. Ces vaches ont leur petit caractère ! Il y en a qui sont fines, d’autres qui le sont moins… On parle quand même de grosses vaches de 750 kilos. Alors ça comporte certains risques et, oui, il y a eu des accidents dernièrement…

Pierre : Est-ce qu’il y a des filles dans votre industrie ? Est-ce qu’il y en a beaucoup ?

Maxime : Dernièrement, j’ai fait une tournée des régions et il y a plus de femmes qu’il y en avait. Il était un temps où, au total, il y avait peut-être quatre, cinq, six femmes, mais aujourd’hui, il y en a beaucoup plus. Dans certaines régions, il y a quasiment autant de femmes que d’hommes !

Pierre : À ce jour, voyez-vous les effets des accords mondiaux ?

Maxime : L’impact est vraiment au niveau des producteurs. Ces accords ont un effet sur leur moral et sur le prix du lait, qui a eu tendance à diminuer ces dernières années. Alors quand on arrive pour faire affaire avec ces producteurs, c’est plus difficile, un peu. Ils ont tendance à diminuer le prix des achats de semence parce qu’ils subissent des impacts économiques sur leur ferme.

Pierre : Pourrais-tu nous raconter une anecdote ou une histoire ?

Maxime : On est toujours sur la route et on travaille à l’année. Les journées de méga tempête de neige partout au Québec, imaginez-vous qu’il y a 115, 120 inséminateurs qui sont sur la route… Quand un producteur appelle le matin parce qu’il y a une vache à inséminer, ça ne peut pas être fait demain, c’est aujourd’hui ! Et ça, ça entraîne plein d’anecdotes… Par exemple, l’année passée, il y avait des inondations, et il y a un inséminateur qui a dû se rendre à la ferme en chaloupe !

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Syndicats de Demix contre ‘Optimizer’ : une mobilisation de longue haleine https://www.csn.qc.ca/actualites/demix-contre-optimizer-une-mobilisation-de-longue-haleine/ Fri, 07 Dec 2018 12:03:10 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=69682 Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Jean Lortie, secrétaire général de la CSN, et Jimmy Caron, opérateur de bétonnière et président du syndicat de Demix à Saint-Eustache. Un échange éclairant sur la dure réalité des camionneurs et l’arrivée d’un système d’intelligence artificielle qui nuit énormément au bien-être des travailleuses et travailleurs de Demix. En voici quelques extraits.

Jean : Toi, tu te promènes dans la grande région de Montréal ou à travers le Québec ?

Jimmy : On peut faire des livraisons jusqu’à Saint-Jovite, mais je peux facilement me retrouver à Vaudreuil ou à Saint-Hubert. On couvre vraiment un grand territoire.

Jean : Donc, toute la reconstruction des infrastructures, tu vis ça péniblement tous les jours ? Les travaux, les détours, l’embouteillage, ça doit peser sur le stress au travail ?

Jimmy : Surtout que Demix se spécialise dans de la construction de ponts ou de [projets comme] l’échangeur Turcot. Ce sont de gros chantiers. On est appelés à changer de place souvent parce qu’il y a énormément de travail dans la région de Montréal. Quand tu commences à jouer un peu plus là-dedans avec les portes d’entrée pour les camions ou les no-trucks, effectivement, ça devient un peu stressant à la longue.

Jean : Dis-moi, qu’est-ce que tu aimes de ton métier ?

Jimmy : On ne fait jamais la même chose ! Tu embarques dans ta bétonnière et tu ne sais pas où tu vas aller, alors c’est quand même un petit côté le fun. Je pense que les opérateurs en général n’aiment pas être enfermés. Le fait d’être à l’extérieur, conduire, c’est ce qui est agréable du métier.

Jean : Et que trouves-tu le plus difficile de ton travail ?

Jimmy : J’ai un horaire qui est fait la veille. À 20 h, je prends mon horaire pour le lendemain. En plus, tous les soirs, tu ne sais pas à quelle heure tu vas rentrer. C’est un peu difficile pour la famille ou si tu veux avoir une certaine stabilité. Tu prépares un souper, mais tu ne sais pas si tu vas être là. T’invites des amis, mais tu ne sais pas si tu vas être là. C’est la dure réalité d’être opérateur de bétonnière.

Jean : Et maintenant, il y a quelque chose de nouveau qui provoque des bouleversements à travers les cinq syndicats Demix dans la région de Montréal. Peux-tu nous en parler ?

Jimmy : On appelle ça « Optimizer ». C’est une intelligence artificielle. Une grosse boîte qui vient gérer les camions, mais aussi les conventions collectives. Elle calcule tout, alors elle va envoyer le camion le plus rentable sur certains chantiers. Mais, nous, on n’y croit pas. On se rend compte que l’ancienneté est bafouée. C’est devenu un peu le bordel. À un moment, j’étais à Lachute et la machine me disait de me diriger vers LaSalle. Demix a toujours prôné l’environnement, mais quand je dois prendre mon camion et passer devant mon plan de Saint-Eustache et m’en aller dans le trafic pendant une heure et demie pour remplir à LaSalle… côté environnement, on s’entend que ce n’est pas terrible.

Jean : Comment avez-vous réagi, vous, les syndicats ?

Jimmy : Tout le monde a embarqué. Il y a des gens que ça fait vingt ans qu’ils sont là, et ça ne s’était jamais vu les cinq accréditations de la CSN réunies dans une même salle. On n’avait jamais vécu ça. Maintenant, c’est juste de ne pas lâcher. C’est un travail de longue haleine.

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Prévenir les dégâts https://www.csn.qc.ca/actualites/prevenir-les-degats/ Tue, 09 Oct 2018 10:01:17 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=68928 Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Jacques Létourneau, président de la CSN, et Christine Lebel, plombière/tuyauteuse à la Commission scolaire de Montréal (CSDM) et inventrice d’un panier récupérateur de déchets pour évier. Une discussion animée, dans laquelle il est question entre autres de métiers non traditionnels, de sous-traitance, du milieu de la construction et d’environnement. En voici quelques extraits..

Jacques : Pourquoi es-tu passée de la construction au secteur public ?

Christine : C’est surtout au niveau de la stabilité d’emploi, parce que dans la construction, les chantiers arrêtent souvent en décembre et reprennent en avril, ce qui fait qu’on se retrouve au chômage. Moi, j’étais mère monoparentale et comme je suis responsable de mes finances, j’ai choisi la stabilité à l’année […]

Jacques : Qu’est-ce qui t’a amenée à la CSDM ? T’as vu passer un affichage ?

Christine : En fait, j’avais déjà travaillé à la commission scolaire en 2009-2010 parce que j’avais manqué de travail dans la construction et je voyais bien que je n’arriverais pas. J’étais entrée à la CSDM à ce moment-là. Mais, après un an, j’avais décidé de retourner sur les chantiers, parce qu’il y avait vraiment (et il y a toujours d’ailleurs) une grosse différence de salaire entre le milieu de la construction et la commission scolaire. J’ai donc refait 10 ans sur les chantiers, et puis je suis revenue, encore une fois pour la stabilité […]

Jacques : Je trouve ça intéressant, ce que tu dis. Moi, mon père était concierge dans une commission scolaire en région. Il était au privé avant et la raison pour laquelle il s’est fait embauché à la commission scolaire, c’est justement pour la stabilité d’emploi. Il a fait exactement le même genre de choix que toi […]

Jacques : Ces dernières années, il y a eu beaucoup de coupes, de compressions budgétaires faites par le gouvernement du Québec dans les commissions scolaires, est-ce qu’on en ressent les effets sur le terrain ? Est-ce que ça laisse des traces ?

Christine : Avec des travaux majeurs qui sont retardés, souvent il arrive des dégâts d’eau… En fait, quand ça arrive, on se rend compte qu’il aurait fallu prévenir plutôt que guérir […] En ce moment, on embauche beaucoup de sous-traitants pour venir effectuer certains travaux… Je trouve ça dommage parce qu’on a à repasser derrière eux pour toutes les erreurs qu’ils commettent. Ils ne respectent pas toujours les plans des ingénieurs et après, c’est nous qui travaillons à la CSDM, qui devons tout réparer.

Jacques : Tu le constates, ça, que lorsqu’il y a un sous-traitant qui passe, la job n’est pas faite de la même façon, même si les employés du sous-traitant ont la formation ?

Christine : Oui, on le voit malheureusement. Ils sont qualifiés pour faire le travail, mais je pense qu’ils font ça vite. Ils ne sont pas consciencieux, tandis que nous, ce sont nos écoles, on vit dedans. J’ai plein d’exemples où on a dû intervenir dans des écoles neuves.

Jacques : Tu as des exemples, des trucs qui sont frappants, qui ont été mal faits ?

Christine : Il n’y a pas si longtemps, j’ai eu à demander à mon superviseur de m’apporter le plan d’une école parce qu’il y avait de l’eau chaude dans les toilettes et… dans les abreuvoirs. Juste devant le gymnase en plus !

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Faire le point https://www.csn.qc.ca/actualites/faire-le-point/ Mon, 04 Jun 2018 10:00:28 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=67856 La CSN profite du lancement de son nouvel organe officiel d’information, Le Point syndical, pour explorer de nouveaux modes de diffusion sur ses diverses plateformes. Pour cette première baladodiffusion, Le Point syndical vous propose un entretien entre Jean Lacharité, vice-président de la CSN, et Hélène Boivin, préposée aux bénéficiaires.  Voici quelques extraits de cette discussion, qui s’est déroulée sur le ton de la confidence.

Jean : Qu’est-ce qui t’a conduite à choisir cette profession-là ?

Hélène : C’est le hasard qui m’a amenée là au départ. J’avais quitté Québec et j’étais au chômage depuis plusieurs mois. J’avais travaillé dans le domaine hôtelier et je voulais garder ce lien-là avec le public. Ça me prenait une relation avec les gens. Le travail de bureau, ce n’était pas pour moi. Puis, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a parlé du métier de préposé aux bénéficiaires […] Étant donné que ce n’était pas un emploi en demande à l’époque, le chômage ne pouvait pas m’aider financièrement. J’ai ramassé des sous, j’ai suivi la formation et j’ai trouvé de l’emploi immédiatement. J’ai aimé ça tout de suite. J’ai même adoré l’expérience.

Jean : Tu avais donc trouvé ta voie, en termes professionnels. Qu’est-ce qui a fait que tu as aimé ça ?

Hélène : Déjà, l’idée d’aider les gens vulnérables… Dans le temps, les personnes hébergées n’avaient pas beaucoup de visiteurs, pas beaucoup de proches qui venaient les voir. Je me suis dit que si je pouvais leur apporter chaque jour une petite douceur […] J’aimais le contact humain. Le fait que ces gens-là, d’un certain âge, avaient passé à travers toutes sortes de choses, ça m’apportait beaucoup. J’évoluais, je grandissais là-dedans. Et je sentais aussi que j’étais importante pour eux ; je passais huit heures par jour avec ces personnes-là. J’aimais me faire dire « merci, Hélène, pour tes bons soins. J’aime ça quand tu prends soin de moi ; tu me crèmes, tu me parfumes » […]

Je suis préposée aux bénéficiaires

Jean : Je comprends bien ce que tu me dis. En fait, je peux en témoigner. Ma mère a fini ses jours en CHSLD et j’ai été en mesure de constater la relation de proximité entre elle et les préposé-es aux bénéficiaires. Le rapport de proximité fait qu’il y a une exigence de respect de la dignité de la personne aînée ; vous êtes appelés à les dénuder pour donner les bains…

Hélène : C’est très intime. Un lien de confiance doit se créer dès le départ. […]

Jean : Est-ce que tu as déjà ressenti de l’épuisement lié à ton travail ?

Hélène : Oui… Ah oui ! En 24 ans de métier, je mentirais si je disais le contraire. En fait, je ne me rappelle pas être rentrée à la maison sans douleur. Il n’y a pas une soirée où j’arrive chez moi sans avoir mal quelque part. Ça me prend à peu près une heure de repos, de zone tampon, avant d’aller au lit, parce que j’ai l’adrénaline dans le piton […] On est toujours, toujours sollicités. On court, on court tout le temps. […]

Jean : Est-ce que t’as observé aussi une augmentation des problèmes de santé psychologique chez les préposé-es ?

Hélène : C’est sûr. J’ai vu souvent des collègues pleurer. Si ce n’est pas moi, c’est une autre. En plus de travailler à une vitesse accélérée, on n’est pas capables de rendre le service qu’on voudrait. C’est frustrant. Moi, j’ai été engagée pour donner un service dignement, et là, je ne peux pas le faire.

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