Billet de blogue – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca Le maillon fort du syndicalisme au Québec Thu, 05 Jun 2025 20:23:42 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.3 https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2019/05/csn-logo-150x150.png Billet de blogue – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca 32 32 2025-2028 : Une économie fragile à l’horizon https://www.csn.qc.ca/actualites/le-contexte-economique-2025-2028-avec-david-dupuis/ Thu, 05 Jun 2025 20:22:49 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105525 L’économie canadienne était en bonne progression avant l’investiture du nouveau président étasunien. À partir de ce moment, l’économiste David Dupuis constate un repli d’activité et une nervosité des acteurs économiques. Alors que la Banque du Canada maintient ses taux directeurs stables, M. Dupuis explique que la fragilité de l’économie dépend beaucoup des tarifs du sud de la frontière. 

Cinq des défis économiques de notre époque : 

  1. L’instabilité engendrée par Donald Trump complique la planification économique. Le niveau d’incertitude est même comparable à celui de la pandémie. Dans ce contexte, il faut trouver une manière de s’ouvrir au commerce avec le reste du monde. 
  2. La pénurie de main-d’œuvre persistante, cachée par un repli conjoncturel. L’économiste explique que les entreprises embauchent moins à cause de ce niveau d’incertitude. Loin de disparaître, la pénurie s’est déplacée et ce sont maintenant les domaines de la santé et de la construction qui sont les plus touchés. À cet égard, notre capacité d’intégrer les immigrantes et les immigrants sur le marché du travail sera essentielle, insiste David Dupuis. 
  3. L’abordabilité des logements. L’accès à la propriété devient un enjeu majeur et les prix de la location ne cessent d’augmenter. Il y a aussi une déconnexion entre la croissance des salaires et la croissance du prix des logements. Alors que l’on aurait besoin d’augmenter l’offre d’habitations, on voit plutôt une baisse importante des mises en chantier.  
  4. Malgré la décote du Québec, les finances publiques du Québec se portent assez bien. Notre dette reflète la meilleure performance du G7. Pour chaque dollar envoyé aux gouvernements canadiens et québécois, 0,18 $ sont payés pour rembourser la dette, ce qui est nettement moins qu’à d’autres moments de l’histoire récente. Malgré tout, les factures seront nombreuses : le vieillissement de la population, la cible de 2 % du PIB dédié à la défense nationale, le déficit d’infrastructure, la transition énergétique et la pénurie de logements risquent de coûter cher. 
  5. En terminant, David Dupuis souligne l’importance d’augmenter la productivité canadienne. Il insiste sur l’importance de la créativité pour y arriver et l’ouverture au changement. Selon lui, cette dernière, en plus d’augmenter la résilience face aux chocs externes sur le commerce, nous permettra aussi de faire face aux défis du futur. 
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Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie à travers les époques https://www.csn.qc.ca/actualites/le-conseil-central-des-syndicats-nationaux-de-lestrie-a-travers-les-epoques/ Wed, 04 Jun 2025 21:42:34 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105486 Le Conseil central des syndicats nationaux de Sherbrooke, fondé le 22 mars 1925, a initialement pour mission de rassembler les travailleuses et travailleurs afin qu’ils puissent peser collectivement dans les débats sociaux. Son histoire est marquée par des luttes syndicales, des réformes sociales et des engagements politiques forts. 

À la fin des années 1970, alors que le Québec est frappé par le chômage et l’inflation, Janvier Cliche arrive au conseil central en tant que responsable de l’information et devient président en 1984. Il participe alors à la création du forum pour l’emploi et à d’autres initiatives visant à lutter contre la pauvreté et à relancer l’économie. 

Vingt ans plus tard, Jean Lacharité s’investit dans la lutte contre le décrochage scolaire. Il engage un dialogue avec les commissions scolaires et les employeurs, les incitant à alléger la charge des jeunes travailleuses et travailleurs durant les périodes d’examen, par exemple. 

Depuis l’arrivée de la CAQ, Denis Beaudin souligne la difficulté grandissante d’accès aux élu-es. Face à la fermeture des canaux politiques, le conseil central renforce ses liens avec les syndicats locaux : «Si on ne peut pas décider, on va déranger.» 

Au fil du temps, le profil des conseils centraux de la CSN change. À titre d’exemple, le nombre de conseils centraux est passé de 20 à 13. Une restructuration guidée par des contraintes financières et un effort de correspondre aux régions administratives. Le conseil central a aussi pris part à des luttes politiques majeures, comme celle du débat sur l’indépendance du Québec ou aux longues batailles syndicales : le lock-out au Roi du Coq Rôti ou la GGI chez Construction DJL. Ces combats témoignent d’un engagement constant pour la justice sociale, qui se poursuivra assurément pour les 100 années à venir. 

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Polarisation et dialogue : Présentation de Martin Desrosiers https://www.csn.qc.ca/actualites/polarisation-et-dialogue-presentation-de-martin-desrosiers/ Wed, 04 Jun 2025 21:08:36 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105483 Pour Martin Desrosiers, le problème n’est pas qu’on ne se parle plus, mais bien que les dialogues que nous entretenons sont de moins en moins sains. Le problème, c’est donc qu’on se chicane mal. Au banc des accusés, la polarisation affective : entretenir une animosité envers ceux qui ne pensent pas comme nous, au point de couper court au dialogue.  

Pour le philosophe et enseignant, le phénomène repose sur plusieurs symptômes : on prête de mauvaises intentions aux autres, on applique des critères plus durs à l’égard de nos opposants qu’à nous-mêmes, et on exagère les désaccords. On oublie que les divergences peuvent (parfois) être superficielles ou porter sur les moyens plutôt que sur les fins. 

Les espaces de discussion, notamment sur les réseaux sociaux, sont peu propices à l’échange. Les algorithmes nous enferment dans des bulles où nous ne sommes exposés qu’à des opinions similaires aux nôtres. La communication y est souvent désincarnée, ce qui peut encourager l’agressivité chez ceux qui deviennent soudainement très confiants, tout en incitant d’autres à l’autocensure, par crainte d’être jugés ou victimes de violence numérique. C’est souvent le cas pour les femmes, qui doivent payer un prix souvent élevé pour la prise de parole publique. Ces dernières sont d’ailleurs plus souvent sujettes au harcèlement sur les réseaux sociaux. 

Martin Desrosiers termine sa présentation en invitant le public à se questionner sur l’attitude personnelle : suis-je ouvert à la nuance? Suis-je capable de défendre un point de vue que je ne partage pas? Me suis-je trop identifié à mes opinions… au point où je ne peux remettre en question mes opinions sans remettre en question mon identité? Sortir de la polarisation implique un travail d’introspection, de curiosité et d’humilité intellectuelle. Cette empathie ne signifie pas de renoncer à l’action militante, mais plutôt de reconnaître qu’il y a un temps pour militer et un temps pour réfléchir. La polarisation est, après tout, un puissant outil pour passer des messages percutants. 

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L’état de santé de nos syndicats, une priorité en matière de syndicalisation https://www.csn.qc.ca/actualites/letat-de-sante-de-nos-syndicats-une-priorite-en-matiere-de-syndicalisation-2/ Wed, 04 Jun 2025 21:06:06 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105480 Au cours du dernier mandat, la CSN a gonflé ses rangs en accueillant 15000 nouveaux membres. Cette croissance est supérieure à celle d’autres centrales syndicales et reflète une grande vitalité dans les rangs du maillon fort du syndicalisme.  

Pierre Fortin du Service de la syndicalisation CSN explique que si, règle générale, la santé de nos syndicats se porte très bien, le contexte sociopolitique qui prévaut en Amérique du Nord demeure inquiétant. Les menaces aux droits démocratiques, la crise des médias et la montée de la désinformation, ainsi que les pressions antisyndicales croissantes ont de quoi inquiéter.  

Et pas besoin d’aller au sud de la frontière pour en être témoin : les attaques d’Amazon contre les droits syndicaux, tout comme les attaques du projet de loi 89 du ministre du Travail, qui fragilise notre droit de grève, démontrent que les acquis syndicaux doivent être sans cesse défendus.  

Si la centrale se porte bien, 2500 membres ont malgré tout quitté les rangs de la CSN. Et la majorité de ces pertes sont dues… à des requêtes en révocation, plus nombreuses que des maraudages. « Presque tout le temps, ces requêtes sont pilotées par l’employeur », rappelle l’intervenant. 

Pourquoi ces travailleuses et ces travailleurs font-ils le choix de quitter leur syndicat ? Les délégué-es présents identifient plusieurs facteurs.  

«On a parfois un bon boss, ou des membres qui pensent qu’un syndicat, ça ne sert à rien », résume un congressiste.  

«La solution, c’est la vie syndicale. C’est important de prendre le temps de fraterniser avec les personnes avec qui on milite. On doit connaître les gens avec qui on travaille », conclut Pierre Fortin, qui insiste sur l’importance de collectiviser les enjeux concernant les conditions de travail. 

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Lac-Mégantic, un exemple de résilience pour le mouvement syndical https://www.csn.qc.ca/actualites/lac-megantic-un-exemple-de-resilience-pour-le-mouvement-syndical/ Wed, 04 Jun 2025 21:00:43 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105477 Après le rapport de force examiné hier, l’assemblée s’est penchée sur la résilience en ouverture du jour deux, du congrès du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie. Les deux invitées, Mélissa Généreux et Cindy Stewart étaient aux premières loges pour témoigner de la résilience des habitantes et habitants de Lac-Mégantic en 2013. À l’époque, l’une était directrice de santé publique en Estrie et l’autre, travailleuse sociale dans l’équipe de santé publique. 

Leur présentation débute par un tour d’horizon du concept de résilience, qu’on rencontre à la fois sur les plans individuels, collectifs et organisationnels. Pour les organisations, il s’agit de pouvoir absorber les inévitables chocs et de se transformer pour y faire face, mais aussi d’affronter les enjeux du quotidien et de prendre soin des personnes qui le constituent.  

Les liens à faire avec le mouvement syndical sont nombreux, quand on sait qu’un chaînon n’est jamais aussi fort que son maillon le plus faible. Et les chocs ne manquent pas dans les syndicats : qu’on parle de grief, de conflit de travail ou tout simplement de négociation difficile, les moments où la résilience est nécessaire sont nombreux. 

Camille Derome en sait quelque chose. Présidente du syndicat au Zoo de Granby pendant le lock-out de sept mois, elle a été témoin de l’importante démonstration de résilience des travailleuses et des travailleurs. Pendant la période de questions qui suit la présentation, elle explique qu’un lock-out, c’est un marathon. Pendant cette période, le groupe s’est organisé pour préserver la culture organisationnelle et les liens sociaux qui lui permettraient de tenir sur le long terme. Ce sont les activités à l’apparence anodines qui ont donné aux membres l’endurance nécessaire : les manifestations sous forme de yoga, les cuisines collectives ou les assemblées générales précédées de jeux de société sont autant d’initiatives aux impacts intangibles qui, additionnées, ont permis au groupe d’obtenir gain de cause.  

Comme organisation, la CSN déploie des réseaux d’entraide soutenus par des pairs qui outillent certains membres pour les aider à sortir de l’isolement, lorsqu’ils rencontrent des moments difficiles. De façon plus structurelle, la démocratie interne de la CSN la distingue de plusieurs autres centrales. Sa structure, qui part de la base et qui permet souvent aux membres de «faire du sens» et de s’approprier les décisions, peut avoir des effets positifs sur leur résilience. Ce faisant, on réduit le sentiment d’aliénation que l’on peut ressentir lorsqu’on perçoit une distance ou une déconnexion face à une grande organisation. Avec une perspective de santé publique, les présentatrices font écho à des concepts de démocratie industrielle ou ouvrière.  

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ÊTRE UN MAILLON FORT : RENFORCER LE RAPPORT DE FORCE SYNDICAL https://www.csn.qc.ca/actualites/etre-un-maillon-fort-renforcer-le-rapport-de-force-syndical/ Tue, 03 Jun 2025 19:56:45 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105454 On ne doit jamais commettre l’erreur de sous-estimer la partie patronale, explique Christian Cyr. Plus préparés que jamais, ces derniers développent une expertise pour miser sur les faiblesses des organisations syndicales avec lesquels ils négocient. 

Pour tirer son épingle du jeu, les syndicats doivent brosser un portrait complet des éléments qui affectent notre rapport de force. De la situation économique de l’entreprise au cadre législatif en passant par l’historique des relations de travail, la connaissance de notre environnement de négociation est essentielle.  

En soulignant l’importance de l’information, Christian Cyr se souvient d’une négociation avec Sucre Lantic qui avait tenté de mener en bateau le syndicat. C’est en vérifiant l’information auprès d’un autre syndicat que la patrie syndicale avait réussi à démêler le vrai du faux.  

De la même façon, divers obstacles peuvent se dresser entre le syndicat et l’entente de principe souhaitée. Des obstacles financiers, idéologiques, structurels ou encore de l’ordre relationnel, lorsque les relations de travail sont détériorées. 

Ce travail de fond est au cœur des engagements syndicaux pour 2025–2028. Pour rester un maillon fort, chaque syndicat devra se doter des outils nécessaires à une négociation efficace. Car un syndicat bien préparé est un syndicat capable de faire pencher la balance en sa faveur. 

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Le Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie est centenaire https://www.csn.qc.ca/actualites/le-conseil-central-des-syndicats-nationaux-de-lestrie-est-centenaire/ Tue, 03 Jun 2025 15:40:57 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105448 À LA UNE : OUVERTURE DU CONGRÈS 

Le conseil central est centenaire! 

Ce mardi s’ouvrait le 29e Congrès du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN. L’événement marque les 100 ans de l’organisation et autant d’années à appuyer les luttes des travailleuses et des travailleurs de la région. 

Le congrès marque également le dernier du président Denis Beaudin. Après 17 ans au conseil central, dont 14 ans à la présidence, le X d’origine accroche ses patins. «Avoir l’occasion de vous représenter a été pour moi l’honneur d’une vie», explique avec émotion de président sortant. Devant les luttes importantes qui sont à venir dans la défense des intérêts des travailleuses et des travailleurs, il insiste sur l’importance du renouveau, afin d’amener l’énergie nécessaire dans la poursuite de ces combats. 

Également présent à l’occasion de l’ouverture du congrès, le 1er vice-président de la CSN, François Enault profite de l’occasion pour saluer l’engagement et les convictions de Denis Beaudin : «C’est plus qu’un président, c’est un chum!», raconte-t-il avec émotion. Devenus amis en 2009, à l’occasion d’un congrès de la Fédération de la métallurgie à Rouyn-Noranda, François souligne l’apport significatif d’un homme qui a l’Estrie et le travail d’équipe tatoués sur le cœur. 

Une conjoncture inquiétante
Pour que l’union fasse vraiment la force, l’écoute et les discussions constructives sont plus essentielles que jamais. À l’époque où l’intolérance et la polarisation sont plus présentes que jamais, les liens que l’on partage doivent être solides. Pour le président, ce partage est une condition essentielle pour que tous accèdent à la reconnaissance et au respect dans son milieu de travail, tout comme dans la société. Ce congrès est l’occasion de renforcer nos liens et de nous outiller pour faire face aux défis du futur. 

François Enault abonde dans le même sens. Il s’inquiète de l’état du dialogue social avec le gouvernement. Avec l’adoption récente du projet de loi antisyndical numéro 89 qui limite le droit de grève, le gouvernement fait dangereusement pencher le pendule du côté patronal. «Sans le rapport de force que la grève nous procure, on n’aurait jamais fait de tels gains. Le mouvement syndical rehausse les conditions de travail de l’ensemble des Québécoises et des Québécois», explique le vice-président. 

Les exemples régionaux, dont le conflit au Zoo de Granby et des grèves chez les transporteurs scolaires, prouvent l’importance de maintenir un droit de grève sur lequel on peut compter. «On a encore six mois pour se mobiliser avant que le PL 89 ne reçoive la sanction finale, ce qui le rendra officiellement en vigueur», ajoute François Enault. Six mois, c’est pour lui l’occasion d’augmenter le rythme de la mobilisation contre la réforme. 

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La décote caquiste https://www.csn.qc.ca/actualites/la-decote-caquiste/ Fri, 23 May 2025 13:00:36 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=105188 Au-delà des coups de sonde qui ne font que confirmer la déconnexion de plus en plus marquée du gouvernement Legault par rapport aux besoins de la population, voilà que l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) vient d’abaisser la cote de crédit du Québec, ce qui pourrait coûter aux contribuables des centaines de millions de dollars. Du jamais vu en 30 ans !

À en croire le premier ministre, cette décote n’est pas la conséquence des baisses d’impôt qu’il a lui-même octroyées il y a deux ans, ni des investissements de plusieurs centaines de millions de dollars dans des projets économiques risqués, comme une usine de batteries dont la maison mère est maintenant en faillite, ni même de la planification d’un 3e lien qui ne verra jamais le jour à Québec ou encore d’un dépassement de coûts d’un demi-milliard de dollars dans le dossier SAAQclic.

Non, mesdames et messieurs ! Cette décote, aux dires de notre cher premier ministre, serait la conséquence du rattrapage salarial des employé-es du secteur public obtenu lors de la dernière ronde de négociation.

Or, tout récemment, une des membres du comité chargé de l’étude du dossier du Québec chez S&P a confirmé publiquement1 que c’est principalement la réduction d’impôt décrétée par M. Legault il y a deux ans, ainsi que la lourdeur des investissements requis en immobilisations, qui ont pesé dans la balance.

Pour un gouvernement qui se voulait le champion de l’économie, on repassera !

Pendant ce temps, on apprend que plus d’une trentaine de projets d’infrastructures en santé ont été mis sur la glace par le gouvernement… pour des raisons budgétaires (!), alors qu’on doit fermer les salles d’opération de l’hôpital Maisonneuve Rosemont… pour cause d’orage !

Comme si ça ne suffisait pas, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry – dont nous venons de réclamer la démission – vient d’annoncer des compressions budgétaires historiques de l’ordre de 151 millions de dollars dans le réseau collégial, ce qui affectera les services directs aux élèves, comme du soutien pédagogique, du mentorat ou encore de l’aide psychosociale. C’est la goutte qui fait déborder le vase

Rouleau compresseur antisyndical

Pour compléter le portrait : le ministre du Travail, Jean Boulet, poursuit son œuvre antisyndicale en déposant, en plus du projet de loi 89, une autre pièce législative d’envergure qui vient modifier plusieurs lois du travail et qui comporte de nombreux éléments préjudiciables pour les organisations syndicales, mais surtout, pour les travailleuses et travailleurs, notamment en matière de santé et sécurité.

Si Jean Boulet et François Legault pensent faire mal uniquement aux syndicats avec ces projets de loi, ils se trompent royalement, parce qu’en s’attaquant au rapport de force et aux droits des travailleuses et des travailleurs, c’est à toute la population du Québec qu’il s’attaque.

Heureusement, l’échéance électorale de 2026 arrive à grands pas. Ce sera le temps collectivement d’honorer notre devise nationale Je me souviens !

Faux départ à Ottawa

Parlant d’élections, on connaît désormais les résultats du scrutin sur la scène fédérale.

Si on peut maintenant pousser un léger soupir de soulagement à savoir que la menace d’un gouvernement conservateur mené par Pierre Poilievre est temporairement écartée, il ne faudrait pas se réjouir trop vite de la victoire minoritaire de l’ex-banquier, Mark Carney, qui a repris à son compte certaines idées de M. Poilievre, comme l’abolition de la taxe carbone et l’abandon de la hausse de la part imposable des gains en capital.

Sur l’échiquier gauche-droite, on assiste clairement à un recentrage du Parti libéral du Canada par rapport aux années Trudeau, donc à un virage plus marqué vers la droite.

Le dicton nous dit de donner la chance au coureur. Soit. En espérant qu’il ne trébuche pas trop souvent en s’inspirant des arbitrages budgétaires douteux qui ont conduit, sur la scène provinciale, à la décote caquiste.

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Maîtriser l’inflation sans nuire à celles et ceux qui travaillent https://www.csn.qc.ca/actualites/maitriser-linflation-sans-nuire-a-celles-et-ceux-qui-travaillent/ Tue, 14 Nov 2023 11:00:09 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=92959 Jusqu’à maintenant, nos gouvernements réagissent au problème de l’augmentation du coût de la vie à la pièce. On envoie un chèque et l’on se contente de laisser aller la Banque du Canada avec sa hausse accélérée des taux d’intérêt. Le problème est si sérieux et si pernicieux qu’il faudrait une stratégie globale beaucoup plus élaborée.

Ça ne va plus. Ça fait mal à des millions de Québécoises et de Québécois. Des travailleuses et des travailleurs se retrouvent de plus en plus à la banque alimentaire. Un récent sondage montre que cette épreuve est le lot de 12 % du personnel de soutien scolaire ! Les loyers ou les hypothèques sont extrêmement difficiles à trouver et à payer et rognent le budget pour l’alimentation.

La dernière offre du gouvernement aux travailleuses et travailleurs du Front commun, à 10,3 % d’augmentation sur cinq ans, ne leur permettrait même pas de conserver la tête hors de l’eau. C’est encore un appauvrissement, puisque ce salaire ne suivrait pas l’inflation.

Il faut que les grandes entreprises comme les épiceries ou les pétrolières cessent d’engranger des profits records sur le dos du monde ordinaire. Quand on sait que les personnes à la tête de ces entreprises gagnent 243 fois le salaire moyen de leurs employé-es, on comprend qu’ils sont déconnectés des vrais problèmes actuels.

La CSN a fait plusieurs recommandations pertinentes en consultation prébudgétaire au fédéral pour casser ce cercle vicieux et faire en sorte que la vie soit enfin plus abordable. En voici quelques-unes :

  • Le gouvernement doit mettre en place des politiques complémentaires à celle de la Banque du Canada pour lutter contre l’inflation : mieux contrôler le prix des loyers et des habitations, investir dans la construction de logements hors marché, réduire le prix des services gouvernementaux ou les offrir gratuitement et augmenter les transferts financiers aux ménages à faibles revenus.
  • Instaurer un régime universel d’assurance médicaments.
  • Permettre aux travailleurs étrangers temporaires de changer d’employeur.
  • Bonifier le financement du transport en commun.

Salaire minimum

Rappelons par ailleurs qu’il est impératif d’augmenter le salaire minimum, lequel n’a jamais suivi l’inflation. Les personnes qui gagnent le salaire minimum, environ 60 % étant des femmes, ont beaucoup moins de marge de manœuvre que les autres quand la facture d’épicerie et le loyer augmentent. Nous le disons et le redirons tant qu’il le faudra, on doit hausser le salaire minimum de façon très importante. Ces travailleuses et ces travailleurs ont souvent montré leur très grande utilité sociale pendant la pandémie, cette augmentation est nécessaire et méritée.

Un toit avant tout

La question du logement en particulier devient centrale. La hausse du coût de la vie engendre de l’itinérance ou des gens qui sont mal logés et qui utilisent une beaucoup trop grande part de leurs revenus pour le faire.

À Montréal en particulier, les mises en chantier sont à un creux historique. Ça n’a aucun sens ! Démarrer plus de chantiers, ça va demander des bras, il n’y a pas de miracle. Il faudra donc une stratégie pour attirer et conserver encore plus de travailleuses et de travailleurs de la construction.

Nous demandons aux deux gouvernements de faire leur part pour nous sortir de cette impasse qui ne se règlera clairement pas en laissant le secteur privé mener le bal. Si ça marchait, on le saurait ! La débandade des services publics au profit du privé ne fait qu’accentuer l’appauvrissement des ménages et compromettre l’accès au logement.

En cette période d’inflation élevée, nous devons, plus que jamais, rester solidaires avec tous les salarié-es qui luttent pour continuer à améliorer leur sort, à commencer par celles et ceux du secteur public qui font Front commun.

 

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Demain, on boycotte Facebook et Instagram https://www.csn.qc.ca/actualites/demain-on-boycotte-facebook-et-instagram/ Thu, 14 Sep 2023 17:45:55 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=91906 Caroline Senneville
Présidente de la CSN

Déjà qu’il est difficile de convaincre nos parlementaires d’adopter des lois pour protéger nos emplois, s’il fallait qu’on laisse des compagnies se placer au-dessus de celles-ci, on n’aurait pas fini de reculer.

Le projet de loi C-18 adopté par Ottawa au printemps dernier — celui-là même que voudraient contourner Meta et Google — est le résultat d’une longue bataille menée par des syndicats CSN du secteur de l’information, souvent en étroite collaboration (oui oui !) avec leurs employeurs.

Le secteur des médias est en crise, la démonstration a été faite à maintes reprises. Au cours des 15 dernières années, les revenus médias d’information ont chuté de moitié. Alors que les géants du numérique s’attribuaient une part de plus en plus grande des revenus publicitaires, plus de 450 entreprises médiatiques ont cessé leurs activités au Canada. Aujourd’hui, plus de 80 % de l’argent dépensé en publicités numériques est accaparé par deux seules entités, soit Meta (propriétaire de Facebook et d’Instagram) et Google.

Sous l’action de la CSN et de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), le gouvernement canadien a adopté deux mesures-phares : le crédit d’impôt de 35 % de la masse salariale des salles de presse (imité depuis par Québec) et le projet de loi C-18, devenu la Loi sur les nouvelles en ligne.

C’est cette loi que Google et Meta ont juré de torpiller. Les deux entités ont annoncé qu’elles n’hésiteraient pas à se retirer du marché canadien plutôt que d’avoir à négocier des ententes auprès des médias d’information qui produisent les contenus journalistiques dont leurs plateformes s’abreuvent allègrement.

Le Directeur parlementaire du budget à Ottawa, Yves Giroux, estime que la Loi sur les nouvelles en lignes permettrait aux médias canadiens d’aller tirer 330 millions de revenus auprès des géants du numérique.

Pourquoi viser Facebook et Instagram en particulier demain ?

Bien que les menaces de Google soient tout aussi déplorables, elles n’ont pas été mises à exécution. Facebook, de son côté, a choisi d’écraser la pédale du bullying à fond : plus aucun contenu journalistique ne peut y être publié ou consulté, laissant le champ libre à un trop-plein d’informations qui ne riment en rien avec le réel droit à une information juste et aux responsabilités qui en découlent au sein de notre système démocratique.

Car il faut reconnaître que, bien malgré nous, les géants du numérique ont complètement chamboulé nos habitudes de « consommation » de l’information. Grands titres et courts résumés, sur les nombreux fils que survolent aujourd’hui nos cellulaires, semblent malheureusement suffire à plusieurs.

La bataille actuellement menée par les plateformes numériques de La Presse, du Devoir, du Journal de Montréal, des six quotidiens des coopératives de l’information (créées à l’initiative des syndicats CSN alors que le Groupe Capitales Médias était justement… acculé à la faillite), de nombreuses radios parlées et de Radio-Canada pour rapatrier leurs auditoires, démontre à quel point les Facebook de ce monde ont profondément transformé la façon dont nous nous informons.

Ces transformations surviennent alors que nous assistons à une politisation malsaine de certains enjeux, fortement alimentée par la droite et certaines franges de nos voisins américains. Immigration, réchauffement climatique, droits des femmes, causes LGBTQ+, lutte contre la pauvreté : autant de sujets sensibles qui méritent d’être éclairés par un travail journalistique rigoureux, chose aujourd’hui prescrite.

Au nom de ses profits et de son modèle d’affaires, la multinationale Meta annonce sans vergogne son désir d’ignorer la législation d’un État souverain.

Il y a quand même bien des limites.
C’est pourquoi demain, on boycotte Facebook et Instagram.

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Baisses d’impôts : le chant des sirènes https://www.csn.qc.ca/actualites/baisses-dimpots-le-chant-des-sirenes/ Sun, 02 Oct 2022 00:15:41 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=85018 Lettre ouverte de Caroline Senneville, présidente de la CSN

Chaque campagne électorale apporte son lot de promesses ; certaines sont structurantes, d’autres plus électoralistes. Malheureusement, comme celle qui s’achève et d’autres avant elle, les campagnes ont un autre point en commun : celui de promettre des baisses d’impôts, sous prétexte que les finances du gouvernement sont en bonne santé. Tel un chant de sirène qui piège celui ou celle qui l’écoute, baisser les impôts est une fausse bonne idée, une illusion d’opulence bien éphémère, alors que le Québec a tant besoin que soient investies des sommes pour une population en meilleure santé, que ce soit du point de vue physique, psychologique, social ou même économique. Alors que le jour du vote approche à grands pas, il est nécessaire, encore une fois, de tirer la sonnette d’alarme.

Si les finances québécoises se portent bien, il en va tout autrement des réseaux comme ceux de la santé et de l’éducation. C’est répété ad nauseam sur toutes les tribunes depuis des années : les hôpitaux et les écoles sont vétustes, le personnel soignant et enseignant est dans un état plus qu’inquiétant, et dans tous les milieux, le personnel manque à l’appel. La pénurie de main-d’œuvre est immense et les services se détériorent chaque jour un peu plus. Cette situation est aussi choquante qu’irresponsable. Avons-nous oublié qu’il y a quelques mois à peine, nous avons eu besoin de l’armée dans nos CHSLD ? Que les gens y mouraient de soif, faute de personnel ?

Après des années à sabrer les services publics, et à quelques jours des élections, on nous promet quelques centaines de dollars dans nos poches alors que mis ensemble, ces montants pourraient servir à former du personnel qualifié dans les milieux qui en ont le plus besoin, qu’ils soient publics ou privés. Nous pourrions aussi nous offrir la gratuité scolaire aux cycles supérieurs, des mesures d’aide pour le milieu culturel et une transition environnementale juste, c’est-à-dire l’accompagnement des entreprises ainsi que des travailleuses et des travailleurs qui verront leur emploi changer ou disparaître à cause de la crise climatique. Et bien sûr, nous pourrions réinvestir massivement dans nos réseaux publics, de la petite enfance à la fin de la vie.

Entendons-nous bien : la CSN n’est absolument pas contre les mesures d’aide, mais encore faut-il que celles-ci visent celles et ceux qui en ont le plus besoin. Quand le tiers des Québécoises et Québécois ne paie pas d’impôts faute de revenus suffisants, celles et ceux qui en bénéficieraient le plus ne profiteront pas de la mesure. C’est le monde à l’envers !

En tant qu’organisation syndicale, nous devons nous mobiliser pour demander des mesures qui tiendront compte des différents enjeux pour les travailleuses et les travailleurs. Ce que nous demandons, c’est de rendre nos services publics plus attractifs, avec des conditions donnant aux personnes qui y œuvrent jour après jour le goût d’y rester, ou le goût de s’y joindre. Il faut prendre soin du monde qui prend soin du monde. Afin que ces personnes puissent continuer à offrir les meilleurs services à une population qui en a tant besoin.

En tant que première grande centrale syndicale centenaire au Canada, nous osons dire qu’il est loufoque d’entendre des promesses de baisses d’impôts au moment où l’on place quatre personnes par chambre en CHSLD, où il faut patienter un minimum de deux ans au public pour voir un psychologue, où la rentrée scolaire est synonyme de manque de profs, d’orthopédagogues, de chauffeurs d’autobus, d’éducatrices, d’adjointes et j’en passe.

Ce dont la grande majorité de la population a besoin en ce moment, c’est de services publics viables et accessibles. Mais aussi de conditions de travail dignes et satisfaisantes et d’une planète dont on se soucie. C’est ce que veulent les personnes en attente d’une chirurgie reportée, et ce que souhaitent les parents qui courent depuis des années après des services professionnels pour leur enfant. Pas de quelques dollars de plus.

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Des attaques inacceptables envers les travailleurs de l’information https://www.csn.qc.ca/actualites/des-attaques-inacceptables-envers-les-travailleurs-de-linformation/ Fri, 18 Feb 2022 01:15:41 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=81619 Lettre d’Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN

Les débordements dont Ottawa et Québec ont été témoins au cours des derniers jours ont donné lieu à de nombreux gestes d’intimidation et d’agression à l’endroit des travailleuses et des travailleurs des médias qui ont couvert ces événements. Des manifestants les ont suivis, invectivés et ont tenté de s’en prendre à leur intégrité physique et à leur équipement, trouvant tous les stratagèmes, subtils ou violents, pour les empêcher de faire leur travail.

Si ces menaces à notre démocratie semblent plus sournoises que les appels au renversement d’un gouvernement, elles ne sont en rien inoffensives à l’endroit des photographes, journalistes, caméramans et autres travailleurs de l’information qui en ont été victimes. Trop nombreux sont les membres de la CSN qui ont subi ces attaques, trop graves sont les conséquences provoquées par ces traumatismes pour que nous restions les bras croisés.

Ces actes de violence et d’intimidation envers le personnel médiatique s’inscrivent dans une mouvance qui tend à discréditer, peu importe la motivation, la valeur du travail journalistique.

S’y ajoutent aussi, malheureusement, de multiples actes de cyberharcèlement à l’endroit de ces travailleuses et travailleurs. Un phénomène de plus en plus fréquent qui, à force d’être documenté, se révèle de plus en plus inquiétant.

À la demande de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), une étude a été menée par Stéphane Villeneuve, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, sur l’ampleur de l’intimidation à l’égard des journalistes sur les plateformes numériques et les médias sociaux. Les données, recueillies auprès de travailleuses et de travailleurs du milieu de l’information, donnent froid dans le dos :

  • La moitié des répondantes et répondants affirme avoir été victimes de cyberintimidation ;
  • Fait troublant : 53,7 % des répondantes et répondants considèrent ces événements comme « inévitables » ;
  • Une personne sur cinq affirme avoir reçu des menaces visant son intégrité physique ;
  • Près de la moitié des personnes interrogées indique avoir à vivre avec le stress engendré et près du tiers vit de la colère ;
  • Le quart d’entre eux exprime vivre une perte de confiance, la même proportion indiquant être affectée par une perte de productivité dans leur travail.

Les menaces, l’intimidation et la violence constatées sur les médias sociaux à l’endroit de l’ensemble des travailleuses et travailleurs des médias constituent un véritable danger pour notre société. Elles bâillonnent la parole et musèlent la vérité. Pour ces raisons, tant les élu-es que les autorités publiques, les entreprises de presse ou nos organisations syndicales ont une obligation d’assurer les conditions sécuritaires dans lesquelles une presse libre et indépendante peut opérer.

En sommes-nous vraiment rendus là ?
Même si nous dénonçons l’absurdité de la situation nous ne pouvons que saluer les entreprises de presse qui offrent dorénavant au personnel affecté à la couverture de certaines manifestations, des formations de « couverture en milieu hostile », autrefois réservées aux correspondants sillonnant l’Irak ou l’Afghanistan. Cependant, ces entreprises ont encore beaucoup de travail à faire afin de mettre en place les mesures nécessaires pour contrer le cyberharcèlement et pour venir en aide à ceux qui en sont victimes.

Les corps policiers ont l’obligation d’assurer la sécurité de l’ensemble des personnes pouvant se trouver sur les lieux d’une manifestation – incluant bien entendu les médias. Leur vigilance doit être accrue en ce sens, et ce, autant dans la rue que dans leurs réponses aux actes criminels commis sur Internet. Nous nous attendons de leur part au traitement approprié des plaintes qui ont été déposées par nos membres à la suite des événements regrettables des derniers jours.

Depuis leur avènement, les réseaux sociaux ont toujours pu s’étendre en profitant du vide juridique à leur endroit. Leurs propriétaires, multinationales du numérique, ne sont guère inquiétés par les pouvoirs publics, que ce soit en matière de taxation ou de législations appropriées.

Faut-il se surprendre de leur laxisme à l’endroit de la désinformation et de la cyberintimidation envers les travailleuses et les travailleurs de l’information et le public en général ? Nos pouvoirs politiques doivent réguler ces entreprises étrangères omniprésentes sur le plan fiscal et législatif, mais également les contraindre à prendre leurs responsabilités dans la défense de l’intégrité des travailleurs de l’information.

Tant à Québec qu’à Ottawa, l’ensemble des partis politiques doit envoyer un signal clair : la violence et l’intimidation à l’endroit des journalistes et du personnel médiatique sont inacceptables.

Nous avons une obligation collective d’assurer les conditions propices à leur indépendance et à leur liberté de travail. Dans la rue comme à l’écran, le respect de leur travail et de leur intégrité doit être l’affaire de tous.

Signataires :

Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN),
Michael Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)
Pierre Tousignant, Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (CSN)
Nathalie Pichette, Syndicat des employé(e)s de NOOVO (CSN)
Antoine Lacroix, Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (CSN)
Andréanne Bédard, Syndicat de la rédaction du journal Le Devoir (CSN)
Janie Gosselin, Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (CSN)
Karine Tremblay, Syndicat des employé.es de La Tribune (CSN)
Marie-Ève Martel, Syndicat national des employés de La Voix de l’Est (CSN)
Ian Bussières, Syndicat de la rédaction du Soleil (CSN)
Annie Lavoie, Syndicat des employé-e-s de bureau du Soleil (CSN)
Louis-Simon Gauthier, Syndicat de l’information du Nouvelliste (CSN)
Simon Séguin-Bertrand, Syndicat des travailleurs et des travailleuses de la Coopérative de solidarité Le Droit (CSN)
Martin Roy, Syndicat des travailleuses et travailleurs de L’Acadie Nouvelle (CSN)
André Arsenault, Syndicat des employé-e-s de CHAU-TV (CSN)
Francis Paquin, Syndicat des employés-es de RDS – section salle des nouvelles (CSN)
Thierry DeNoncourt, Syndicat des travailleuses et travailleurs de la presse écrite en Abitibi-Témiscamingue (CSN)
Simon Mayer, Syndicat des employé-es de CKVM (CSN)
Mélanie Labrecque, Syndicat des travailleurs et travailleuses du Journal le Peuple Lotbinière (CSN)
Vincent Gaudreau, Syndicat des travailleuses et travailleurs du journal le Courrier de Portneuf (CSN)
Zoé Magalhaes, Syndicat montréalais de l’information et Syndicat de l’information locale (CSN)
Kate Tremblay, Syndicat des employés de CJPM-TV (CSN)
Julien Renaud, Syndicat des publicitaires du Saguenay (CSN)
Serge Tremblay, Syndicat des employé-es de Trium Médias (CSN)
Gabrielle Brassard-Lecours, Association des journalistes indépendants du Québec (CSN)
Jacques Parent, Syndicat des employés de CHNC New Carlisle (CSN)
Mélissa Dion, Syndicat des employé(es) de la Coopérative de la Radio de Granby (CSN)

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Le Québec moderne, résultat de luttes syndicales https://www.csn.qc.ca/actualites/le-quebec-moderne-resultat-de-luttes-syndicales/ Fri, 24 Sep 2021 13:58:38 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=80562 Par Jean Lortie, secrétaire général de la CSN

Le 24 septembre marque le 100e anniversaire de la première centrale québécoise créée, la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Cent années de luttes qui ont marqué le Québec.

Rappelons-nous qu’au début du siècle dernier, le taux de mortalité infantile dans certains quartiers de Montréal était de 27 %. Avec ses terribles conditions d’hygiène, on comparait alors la métropole à Calcutta, en Inde. Et la ville de Québec? Encore plus horrible : un enfant sur deux mourrait en bas âge… Une catastrophe difficile à imaginer aujourd’hui, alors que nous avons un régime québécois d’assurance maladie, une classe moyenne très présente et des conditions de vie et de travail bien loin du siècle dernier.

Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Il serait bon de se rappeler que le Québec moderne est largement dû aux grandes luttes syndicales menées depuis 1921. Par exemple, avant le régime public d’assurance maladie, réclamé par la CSN et obtenu après 10 ans de lutte, les Québécois mourraient à la maison faute de soins, ou faute de pouvoir se les payer. En témoigne cette anecdote d’un ancien collègue : lorsque sa mère s’était retrouvée à l’hôpital pendant un accouchement difficile, la famille avait dû vendre la maison pour régler la facture. Une décision déchirante qui appartient heureusement au passé.

Au cours des années 60, la CSN a participé activement à la commission Parent, laquelle a mené à la création des cégeps et des universités. L’objectif de la centrale syndicale : permettre aux fils et aux filles d’ouvriers de se scolariser et d’avoir ainsi accès à de meilleurs emplois et d’améliorer leur sort et celui de leur famille. Difficile d’imaginer que le système scolaire moderne a à peine 60 ans, tant l’accès à l’éducation est tenu pour acquis.

Depuis un siècle, la CSN a également embrassé la cause des femmes, et a su mener avec succès sa lutte pour obtenir le régime québécois d’assurance parentale, l’équité salariale et la création des CPE. Pour la petite histoire, c’est en 1924 qu’a eu lieu la première grande grève de la CSN. Celle-ci fut menée par des femmes, les allumettières de la compagnie E.B. Eddy, à Hull. Elles ont eu gain de cause et ont marqué un important jalon dans l’histoire syndicale.

Il faut se souvenir que la CSN et les autres centrales syndicales sont de véritables créatrices de la classe moyenne, avec leur mission de sortir les gens de la pauvreté en leur donnant des emplois décents et des conditions de travail dignes et sécuritaires. Le mouvement syndical est le plus grand répartiteur de richesse au Québec, et celle-ci est redistribuée dans toutes les régions, permettant ainsi de créer d’autre richesse par les achats locaux.

Le mouvement syndical sera au rendez-vous pour toutes ces luttes à mener. Pour 100 ans encore s’il le faut.

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Sortie de crise https://www.csn.qc.ca/actualites/sortie-de-crise/ Thu, 11 Mar 2021 20:57:44 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78579 L’éditorial de Jacques Létourneau, président de la CSN

Un an de crise. C’est le triste anniversaire que nous soulignons cette semaine. Une pandémie qui aura emporté plus de 10 000 Québécoises et Québécois, qui aura directement affecté des centaines de milliers d’entre eux et dont les mesures sanitaires pour tenter de la contenir auront eu un impact financier et psychologique sur l’ensemble de notre société.

De multiples réflexions doivent se poursuivre, bien sûr, pour déterminer pourquoi le Québec fut à ce point happé par la crise actuelle, notamment quant à l’organisation de nos réseaux publics et de notre filet social. Mais l’heure n’est plus seulement à la réflexion : il faut se mettre en mode action et apporter les solutions qui s’imposent.

C’est d’ailleurs le mandat que nous ont confié les syndicats et les travailleuses et travailleurs que nous représentons lors du congrès de la CSN tenu en janvier dernier. C’est ce à quoi le comité exécutif de la CSN et nos équipes de travail s’affaireront au cours des prochaines semaines. Nous profiterons d’ailleurs de la tenue du conseil confédéral la semaine prochaine pour faire le point sur l’état des travaux portant sur les priorités dégagées par les congressistes.

Sans surprise, les enjeux de santé et de sécurité au travail occuperont une place prépondérante. Il ne faut pas non plus s’étonner qu’après des considérations bien immédiates reliées à la propagation du virus dans nos milieux de travail (accès aux équipements de protection individuelle, mise en place de mesures de protection, adaptation forcée au télétravail, etc.), des enjeux tout aussi importants, tels que l’épuisement professionnel et les problèmes de santé mentale qui en découlent, aient depuis accaparé nos structures militantes.

Au cours de la tournée précongrès tenue à l’automne, il nous est apparu très clairement que ces difficultés affectent directement les militantes et les militants de nos syndicats locaux : surcharges, difficultés à rejoindre et à mobiliser les membres… Les énergies supplémentaires qui ont dû être dégagées ont entraîné un épuisement réel. Certains comités exécutifs de nos syndicats ont été décimés et peinent à recruter de nouveaux responsables syndicaux. La pandémie a également affecté les personnes salariées de la CSN au même titre que l’ensemble de la population. Celles-ci ont redoublé d’ardeur pour continuer à offrir les mêmes services de qualité auprès de nos syndicats ; je tiens à souligner leur formidable travail et à les en remercier.

Nous devons apporter des solutions à cette réalité qui menace directement l’efficacité de nos structures militantes. Les syndicats présents au congrès nous ont mandatés pour consolider nos réseaux d’entraide existants, appuyer leur création là où le besoin se fait sentir et les outiller afin qu’ils puissent répondre aux besoins grandissants de leurs membres.

Bien entendu, notre campagne portant sur la réforme en santé et sécurité du travail menée par le ministre Boulet prendra de l’ampleur au cours des prochaines semaines. Considérant les avancées pour certains secteurs, il a toujours été dans notre intention de bonifier au maximum la réforme. Néanmoins, en fonction des reculs importants pour plusieurs de nos syndicats, la mobilisation est rapidement devenue nécessaire. D’autant plus qu’à la lumière des amendements déposés hier, nous avons constaté que les corrections souhaitées n’apparaissent pas au nouveau projet. Nous sommes encore loin de la coupe aux lèvres, voilà pourquoi notre mobilisation doit s’intensifier.

Le confinement et les mesures sanitaires auront bien évidemment affecté notre rapport de force. De nombreuses adaptations ont dû être proposées pour maintenir une vie syndicale et soutenir la mobilisation dans nos rangs. Nous avons pu retrouver un certain rythme, mais les défis demeurent nombreux. Lors du dernier congrès, nos syndicats ont clairement exprimé le besoin d’être davantage appuyés pour investir les espaces virtuels et les médias sociaux afin de renforcer la vie syndicale et favoriser leur mobilisation ; nous tâcherons d’y répondre de la meilleure façon.

Nous l’avons maintes fois répété : la crise aura mis au jour les trous béants de notre filet social, des failles que nous déplorons depuis déjà trop longtemps.

Le paroxysme aura été atteint en constatant l’hécatombe de notre réseau public de santé et de services sociaux. Toutefois, les problèmes de recrutement de la main-d’œuvre, directement reliés aux faibles salaires et aux mauvaises conditions de travail en général, s’appliquent tout autant aux réseaux de l’éducation et de la petite enfance.

La mobilisation des membres du secteur public, sans convention depuis bientôt un an, doit être appuyée par l’ensemble de notre mouvement. Les solutions, nous les connaissons et les avons mises de l’avant bien avant la venue de cette pandémie – dont les effets auraient été beaucoup moins dévastateurs si les gouvernements successifs, peu importe leur allégeance politique, avaient pris la peine de les prendre en considération.

Bien entendu, ces solutions ne pourraient être mises en place sans un réel changement de cap en matière de gestion de nos finances publiques. Malgré nos appels répétés, le gouvernement de François Legault s’entête à s’isoler dans le même carcan financier, basé sur l’équilibre budgétaire et une réduction accélérée de la dette, hérité du gouvernement de Lucien Bouchard il y a 25 ans.

Le 25 mars, le ministre des Finances annoncera que le prochain budget du Québec enverra des surplus budgétaires de trois milliards au Fonds des générations plutôt que de s’affairer à la consolidation de nos services publics et à la relance économique. Un total non-sens compte tenu des priorités bien plus urgentes pour la population du Québec.

Pour plusieurs, la question des finances publiques peut ne pas sembler la plus palpitante qui soit, j’en conviens amplement. Pourtant, les sommes consacrées aux différentes missions sociales de l’État ont un impact direct sur les budgets en santé, en éducation, en enseignement supérieur et en petite enfance. Sur les conditions de travail de ceux et celles qui y œuvrent, tout autant que sur l’accessibilité de tous et de toutes à ces services publics qui sont à la base de notre vivre-ensemble. Pour la CSN, s’en désintéresser ne constitue aucunement une option.

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Un livre blanc, vraiment ? https://www.csn.qc.ca/actualites/un-livre-blanc-vraiment%e2%80%89/ Thu, 18 Feb 2021 20:43:45 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78485 Éditorial de Jacques Létourneau, président de la CSN

On apprenait cette semaine que des 15 000 places en CPE annoncées par le ministre de la Famille il y a deux ans, seulement 2300 d’entre elles ont pu être créées. Pendant ce temps, 51 000 familles sont toujours en attente d’une place pour leur enfant.

Le financement ne serait donc pas la seule raison du problème, comme c’était le cas sous le règne des libéraux. Ceux-ci avaient profité de leurs quinze années au pouvoir pour favoriser le développement des garderies privées, dont le nombre de places a été multiplié par six de 2010 à 2018 au détriment du développement et de la consolidation des services de garde en CPE ou en milieu familial.

Plusieurs voix se sont fait entendre au cours des derniers jours pour dénoncer la rigidité et la lenteur des procédures d’octroi de subventions au ministère de la Famille. Alors que la construction d’une école s’effectue généralement en 18 mois, il en prend entre 3 et 4 ans pour la construction d’un CPE, un type d’établissement dont l’ampleur et la complexité sont pourtant bien moindres. Pas moins de 17 étapes d’approbation — 17 ! — doivent être traversées.

Qu’on veuille bien faire les choses, nous en sommes. Mais quand le zèle du ministère de la Famille vient brimer la possibilité pour des milliers de parents de bénéficier de milieux de garde subventionnés, c’est toute notre société qui en souffre.

Ce sont toutefois les écarts d’accessibilité énormes entre différents milieux que je trouve, personnellement, encore plus aberrants. Comment expliquer que les résidents de Westmount aient accès, toutes proportions gardées, à deux fois plus de places en CPE que ceux de Montréal-Nord ou de Parc-Extension ?

Les projets de construction de CPE doivent être soumis au gouvernement « par la communauté ». Soit. Mais se pourrait-il qu’une « communauté » comme celle de Westmount, plus que privilégiée sur les plans social et économique, soit plus outillée pour élaborer de tels projets que celles de milieux beaucoup plus défavorisés ?

Poser la question, c’est y répondre.

Il est pourtant de la responsabilité du gouvernement de veiller au développement et à la consolidation du réseau des CPE et d’en assurer un accès équitable à l’ensemble des familles du Québec. Plutôt que de multiplier les étapes d’approbation, les gestionnaires du ministère de la Famille devraient soutenir les communautés dans le développement de leurs projets.

Malheureusement, l’idéologie du « tout-au-privé » du précédent gouvernement semble avoir eu raison du savoir-faire qui existait au ministère de la Famille. Au début des années 2000, qu’on s’en rappelle, c’est entre 8000 et 9000 places en CPE qui étaient créées chaque année.

Lors de l’annonce de la création des maternelles 4 ans, nous avions avisé le gouvernement de notre opposition à une solution mur-à-mur. Nous souhaitions qu’il privilégie la complémentarité des différents réseaux et qu’il tienne pleinement compte des besoins particuliers de l’ensemble des communautés. Entêté et enorgueilli par cette promesse électorale, il a plutôt fait fi de nos mises en garde, avec les conséquences que l’on connaît : les services de garde en milieu familial ont écopé et des milliers d’entre eux ont fermé depuis.

Développement, consolidation et complémentarité des réseaux de services de garde subventionnés, voilà les objectifs qui devraient prévaloir au ministère de la Famille. Au quotidien, les communautés ont besoin d’un appui logistique dans l’élaboration de projets répondant à leurs besoins.

Avant de penser à révolutionner le monde avec un livre blanc, le ministre Mathieu Lacombe doit faire le ménage dans son propre ministère et y ramener l’expertise et le savoir-faire qui y prévalaient lors des premières années de la mise en place du réseau des CPE. En y réduisant la bureaucratie, il permettra aux fonctionnaires qui y œuvrent de consacrer à nouveau leurs énergies à l’appui des communautés — notamment celles qui sont plus vulnérables — dans l’élaboration de leurs projets.

Le ministre Lacombe devra également convaincre ses collègues des Finances et du Trésor de s’attaquer au problème de pénurie de main-d’œuvre reliés aux maigres salaires et aux mauvaises conditions de travail des éducatrices en petite enfance. S’il n’y voit pas rapidement, c’est le réseau des CPE tout entier, ce joyau tant envié par le reste du Canada, qui s’en trouvera grandement fragilisé. De tous les programmes techniques offerts dans nos cégeps, cette formation demeure parmi les moins « rentables », celles dont le salaire figure parmi les plus bas sur le marché du travail. Déjà, les CPE peinent à recruter, et ce problème est en croissance depuis des années. Au manque de places criant, s’ajoute malheureusement un inquiétant manque de personnel.

Encore ici, ce n’est pas le livre blanc annoncé par le ministre Lacombe qui viendra régler cette situation plus que préoccupante.

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Le musée des horreurs https://www.csn.qc.ca/actualites/le-musee-des-horreurs/ Thu, 11 Feb 2021 21:01:34 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78438 Éditorial de Jacques Létourneau, président de la CSN

Des employé-es forcés de travailler malgré la fièvre. Des tâches de désinfection abandonnées pendant plus d’une semaine après que la responsable, malade, ait dû s’isoler. Des mouvements de personnel fréquents entre zones chaudes et froides. Une absence de mesures de prévention et de contrôle des infections. Des équipements en nombre tellement insuffisant qu’on doit se les partager entre collègues.

La lecture de l’enquête menée par les journalistes de La Presse ce matin donne froid dans le dos. Après avoir épluché les rapports d’intervention de la CNESST dans plus de 230 centres d’hébergement et autres établissements du réseau de la santé et des services sociaux, les journalistes en arrivent à la conclusion que 20 % d’entre eux ont enfreint les règles sanitaires les plus élémentaires.

À 20 %, le gouvernement ne peut prétendre qu’il ne s’agit que d’exceptions isolées.

Le gouvernement François Legault aura beau prétexter que nous sommes devant une pandémie à l’ampleur inégalée, un fait indéniable demeure : notre réseau de santé et de services sociaux, qui souffre de sous-financement chronique depuis des années, n’était absolument pas en mesure de répondre au moindre soubresaut.

Pourtant, l’ensemble des exemples révélés par les journalistes – qui relèveraient de l’anecdote s’ils n’étaient à ce point généralisés – ont pour origine deux causes bien documentées : le manque flagrant de personnel dans le réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que l’hypercentralisation de son mode de gestion.

Deux réalités que les syndicats de la CSN dénoncent depuis des années. Encore faudrait-il que le gouvernement, peu importe sa couleur, prenne la peine de les écouter.

Depuis plusieurs négociations, les travailleuses et les travailleurs du secteur public martèlent que les faibles salaires et les surcharges de travail constituent le principal frein au recrutement de personnel en éducation et en santé. Quand un gestionnaire doit forcer quelqu’un à faire des heures supplémentaires ou à travailler malgré la présence de symptômes reliés à la COVID, quand on tolère involontairement que la désinfection d’un centre d’hébergement ne soit plus assurée en pleine pandémie, c’est qu’on n’a tout simplement pas les bras nécessaires.

« Des infirmières, on ne peut pas en inventer ! », se défendait François Legault mardi dernier. On lui accorde. Mais encore faudrait-il être en mesure d’attirer le personnel soignant avec des conditions de travail intéressantes, et de faire de même pour l’ensemble des employé-es du secteur public, frappés, à des degrés divers, par des problèmes de pénurie et de rareté de main-d’œuvre.

Quant au manque d’équipement de protection individuelle, François Legault persiste et signe : le Québec n’en a jamais manqué, il n’y a que des établissements qui « n’ont pas levé la main » pour signifier la rupture de stock. Tout pourrait s’expliquer par… l’absence d’un patron dans chaque CHSLD.

À défaut d’être naïfs, les membres de la CSN n’ont pas non plus cette magique poignée dans le dos.

Depuis 20 ans, le réseau de la santé et des services sociaux a été de deux opérations successives visant à centraliser la gestion et la prise de décision des établissements. D’abord, sous le règne Charest-Couillard, la fusion des CHSLD, des CLSC et des centres hospitaliers au début des années 2000, varlopant au passage les Agences régionales de santé et de services sociaux. Puis, sous celui de Couillard-Barrette, la mise en œuvre de la malheureuse réforme portant le nom de ce dernier. Cette hypercentralisation des pouvoirs s’est également accompagnée d’une vision de plus en plus hospitalo-centriste du réseau, confirmant ainsi l’hégémonie des médecins, tant généralistes que spécialistes.

Doit-on rappeler au gouvernement la première décision qu’il a prise en mars dernier ? Libérer 6000 lits en centres hospitaliers afin de pouvoir accueillir les éventuels malades de la COVID. Les directions des CIUSSS et des CISSS ont ainsi déplacé des milliers de patientes et de patients soignés dans des hôpitaux… dans des CHSLD où aucune mesure n’avait été prise.

Dès le printemps dernier, la CSN a exigé une commission d’enquête publique sur les conditions d’hébergement des aîné-es et l’ensemble de la gestion chaotique de la pandémie par le réseau de la santé et des services sociaux. Après avoir – bien brièvement – évoqué la nationalisation des centres d’hébergement privés, le gouvernement de François Legault a préféré confier à la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, le soin d’examiner la performance du réseau lors de la première vague.

Plusieurs ont été déçus de ce mandat édulcoré. Pourtant, la commissaire pourra jouir de presque tous les pouvoirs conférés à une commission d’enquête. Encore faudra-t-il qu’elle les utilise à bon escient. La CSN y veillera.

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Budget du Québec : se donner tous les moyens https://www.csn.qc.ca/actualites/budget-du-quebec-se-donner-tous-les-moyens/ Mon, 08 Feb 2021 12:10:55 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78403 Alors que la deuxième vague continue de s’abattre sur notre société, il va sans dire que les défis qui attendent le Québec sont gigantesques. Non seulement pour redémarrer l’économie, mais également pour s’assurer que nos institutions publiques, particulièrement nos réseaux de santé et d’éducation, soient en mesure de soutenir nos efforts en matière de relance économique et sociale.

Devant des défis d’une telle ampleur, il nous apparaît insensé que le Québec ne puisse compter sur l’ensemble des moyens qui sont à sa disposition. C’est en ce sens que nous interpellons aujourd’hui le ministre des Finances du Québec en vue du dépôt du prochain budget.

Le gouvernement doit rompre avec la stratégie d’austérité budgétaire qu’il poursuit depuis maintenant 25 ans. Il est aberrant que le carcan financier imposé par le retour à l’équilibre budgétaire et les versements au Fonds des générations — deux mesures adoptées dans un tout autre contexte et qui, de surcroît, avaient rempli leurs objectifs avant le début de la pandémie ! — continuent de miner notre capacité à nous sortir de la crise actuelle. Pourtant, au cours des deux dernières décennies, les finances publiques du Québec se sont grandement améliorées : la dette nette est désormais comparable à celles des gouvernements du Canada et de l’Ontario et, contrairement à celui du Québec, aucun de ces gouvernements ne détourne une part de ses revenus courants vers le remboursement de sa dette publique.

Une vaste majorité d’analystes s’entendent pour dire qu’un retour à l’équilibre budgétaire dès 2025 est irréaliste sans devoir hausser les impôts ou couper dans les dépenses publiques. Une solution souhaitable serait de repousser cette date butoir, comme le gouvernement l’a fait à la suite de la crise économique de 2008 dont l’ampleur était pourtant moins grave que celle d’aujourd’hui.

En pleine pandémie, il est inconcevable que le gouvernement s’oblige à dégager un surplus de près de 3 milliards de dollars afin de rembourser la dette publique à partir des revenus courants. Cela constitue une politique d’austérité budgétaire. L’état du ratio dette nette/PIB du Québec, inférieur à ceux de l’Ontario et de nombreuses économies de l’OCDE, milite en faveur d’une suspension des versements au Fonds des générations — tout comme la faiblesse actuelle et à venir des taux d’intérêt, et donc du service de la dette.

On s’en doute, le Québec a des besoins immédiats beaucoup plus importants, y compris pour ces « générations futures » qui, dans l’immédiat, se butent au sous-financement chronique de notre réseau d’éducation.

Bien que nous soyons entièrement d’accord avec la volonté du gouvernement du Québec de voir le gouvernement fédéral augmenter sa contribution aux coûts du système de santé, force est de constater qu’il fait piètre figure à ce chapitre : il se classe à l’avant-dernier rang des provinces en matière de dépenses en santé, accusant un écart de 333 $ par habitant sous la moyenne canadienne.

Pour nos organisations, il est urgent d’investir massivement dans le réseau de la santé et des services sociaux ainsi qu’en éducation.

Faut-il, une fois de plus, faire ici la démonstration des liens directs entre les piètres conditions de travail du secteur public et les graves problèmes de pénurie et de rareté de main-d’œuvre qui ont miné la capacité de nos services de santé et d’éducation — sans parler des services de garde, essentiels au plein emploi et à la croissance économique — à répondre aux impacts de la pandémie ?

Les conditions de travail des employé-es des services publics ne peuvent plus être la variable servant à accélérer le retour à l’équilibre budgétaire. Avant même de pouvoir envisager un règlement dans le cadre des négociations du secteur public, il revient au ministre des Finances de s’assurer que la croissance des budgets alloués aux dépenses de programmes des principales missions de l’État permette l’amélioration des conditions de travail du secteur public et l’embauche du personnel nécessaire à la prestation de ces services.

Dans son budget, le ministre des Finances devra prévoir un financement adéquat d’un plan de relance de l’économie. Dès le printemps dernier, nous demandions au gouvernement d’instaurer les bases d’un véritable dialogue social avec la société civile pour discuter des différents moyens appropriés pour appuyer les travailleuses, les travailleurs et les entreprises dans leurs efforts de numérisation, de robotisation, de formation et de transition écologique, pour ne nommer que ceux-là.

Malheureusement, cet appel ne semble pas avoir été entendu par le premier ministre. Encore moins par son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, dont la quête de « synergies » et de « pôles d’innovation » ne semble pas s’aventurer au-delà des portes closes d’un cercle restreint d’initiés.

Ce sont les membres que nous représentons, faut-il le rappeler, qui ont subi de plein fouet les impacts de la crise. Dans l’ensemble des démarches pour la relance de l’économie, nous estimons nécessaire d’instaurer ce dialogue social afin que les travailleurs et les travailleuses puissent faire valoir leurs besoins et leurs préoccupations en matière d’emploi, de formation et de transformation de leurs milieux de travail. Les organisations syndicales connaissent leurs secteurs d’activités et, en ce sens, ont un rôle de premier plan à jouer dans cette relance.

Texte signé par : Jacques Létourneau, président de la CSN, Daniel Boyer, président de la FTQ, Sonia Ethier, présidente de la CSQ, Luc Vachon, président de la CSD

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Oui à la réforme de la Charte de la langue française https://www.csn.qc.ca/actualites/oui-a-la-reforme-de-la-charte-de-la-langue-francaise/ Wed, 09 Dec 2020 14:36:39 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=77724 Le ministre Jolin-Barrette a annoncé à plusieurs reprises l’arrivée imminente d’un plan d’action costaud pour réformer la Charte de la langue française. « Enfin », oserions-nous dire ! La CSD, la CSN, la CSQ et la FTQ appuient cette volonté. Nous partageons aussi la volonté du gouvernement québécois, confirmée par une motion unanime de l’Assemblée nationale, d’étendre la Charte aux entreprises sous juridiction fédérale. Il nous apparaît incompréhensible que des milliers d’employées et employés québécois n’aient pas les mêmes droits que les autres parce qu’ils et elles travaillent, entre autres, dans les banques, les télécommunications ou le transport. En ce sens, nous demandons au gouvernement fédéral de faire sa part pour assurer la pérennité du français au Québec.

Mais ne soyons pas dupes, cette réforme, bien que nécessaire, ne parviendra pas à elle seule à transformer la tendance actuelle à l’anglicisation des milieux de travail, et ce, particulièrement dans le Grand Montréal. Différentes enquêtes et analyses montrent clairement le déclin du français au Québec. Un des principaux indicateurs est l’omniprésence des exigences en anglais sur les postes d’emploi. Si ces exigences sont justifiées pour certains emplois qui demandent d’œuvrer à l’international ou avec la communauté anglophone du Québec, d’autres relèvent essentiellement d’un parti pris patronal pour le bilinguisme. Cette nouvelle coutume a non seulement un effet sur le paysage linguistique du Québec, mais est aussi discriminatoire pour les milliers de Québécois et Québécoises francophones, quelles que soient leurs origines, qui ne maîtrisent pas parfaitement, et qui n’ont pas à la maîtriser parfaitement, la langue de Shakespeare.

En outre, le gouvernement du Québec tarde toujours à appliquer les dispositions de protection et de promotion de la langue dans les PME québécoises. Pour nous, il faudrait dès maintenant systématiser des analyses linguistiques portant sur la francisation des entreprises, incluant la main-d’œuvre, et ce, dans toutes les entreprises du Québec, peu importe leur taille. De plus, les agences de placement devraient elles aussi être assujetties aux obligations de la Charte.

L’État québécois, à titre d’employeur, doit donner l’exemple. Malheureusement, plusieurs de nos membres se plaignent de la bilinguisation de leur milieu de travail. Le réseau de la santé est un exemple patent. Si, pour des raisons évidentes, un minimum d’accès aux services en anglais doit être garanti, est-ce dire que tous ceux et celles qui y œuvrent doivent être bilingues ? Il serait d’ailleurs assez aisé d’instaurer des comités de francisation dans les différents organismes publics pour en faire des gardiens du droit de travailler et d’être servis en français.

Si la saga du « Bonjour-Hi » a animé les esprits il y a peu, il demeure important de rappeler que la langue de commerce est aussi la langue de travail pour plusieurs personnes. Les employeurs doivent assumer une responsabilité quant à l’offre de services en français et à la francisation de leurs employés et employées.

D’ailleurs, la francisation du monde du travail doit nécessairement passer par la francisation des travailleuses et des travailleurs. À l’heure actuelle, les programmes de francisation des entreprises s’appliquent principalement au secteur des technologies et au chapitre des équipements de travail, alors qu’elles devraient aussi viser la francisation de la main-d’œuvre.

À ce propos, l’offre de francisation en entreprise demeure un enjeu primordial. Celle-ci permet aux travailleurs et aux travailleuses de concilier le besoin d’un emploi avec celui de l’apprentissage de la langue commune. Plusieurs syndicats ont d’ailleurs mené à bien des projets en ce sens. Il demeure impératif que ces initiatives soient facilitées par l’État et par les employeurs.

Défendre la langue française au Québec, c’est vouloir défendre une langue commune, un espace de partage, un trait d’union. La solidarité fleurit dans l’échange et le partage des réalités. Les centrales syndicales du Québec ont toujours milité pour défendre non seulement le droit de travailler en français, mais aussi le développement d’une culture commune forte et solidaire.

Comme toujours, les centrales syndicales que nous représentons seront actives dans ce grand chantier de valorisation du français. Pour nous, vivre au Québec signifie vivre et travailler en français !

Luc Vachon, Jacques Létourneau, Sonia Ethier et Denis Bolduc
Respectivement président de la CSD; président de la CSN; présidente de la CSQ; secrétaire général de la FTQ

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Les mentalités ont la couenne dure https://www.csn.qc.ca/actualites/les-mentalites-ont-la-couenne-dure/ Fri, 04 Dec 2020 15:54:46 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=77688 Billet de Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN

Été 2020. Une autre vague de dénonciation d’agressions sexuelles secoue le Québec. Bien que les mouvements #MeToo et #AgressionNonDénoncée aient créé un certain élan pour faire bouger la classe politique en faveur des victimes, je peux affirmer une chose : il y a encore loin de la coupe aux lèvres pour venir à bout des comportements inacceptables qui sont légion dans bien des milieux de travail au Québec.

Depuis quelques années, on observe des changements législatifs qui découlent de l’action féministe contre les actes de violence sexuelle. En décembre 2017, le gouvernement libéral adopte une loi pour contrer ces violences dans les établissements d’enseignement supérieur. En 2018, la notion de harcèlement sexuel est nommément inscrite dans la Loi sur les normes du travail. En juin dernier, un projet de loi modifiant le Code civil est adopté pour mettre fin au délai de prescription qui limitait à 30 ans la possibilité de poursuivre au civil un présumé agresseur. Par ailleurs, le Comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale se prépare à déposer ses recommandations. Celles-ci devraient inclure la création d’un tribunal spécialisé afin d’aider les victimes à toutes les étapes du processus judiciaire.

Les dinosaures ont-ils encore de l’avenir ?
Les choses avancent, certes, mais les mentalités ont la couenne dure. Prenons le cas de la médecine, qui a longtemps été le boysclub le plus huppé du monde du travail. Même si les femmes ont investi la profession, cette culture semble y avoir imprégné sa marque. Récemment, une travailleuse syndiquée d’un hôpital réputé me racontait l’histoire qu’elle a vécue avec une personnalité connue du public. À l’époque, l’individu est médecin dans l’hôpital où elle travaille. Sa réputation de harceleur n’est plus à faire, mais personne n’ose le dénoncer en raison, notamment, de son aura de médecin et du processus de plaintes particulier lorsqu’il s’agit d’un membre du corps médical dans un établissement public. Notre disciple d’Esculape profite d’un colloque à l’extérieur de la ville pour inviter la jeune femme à souper, lui offrir à boire jusqu’à plus soif, insister pour aller prendre un dernier verre, la tirer de force sur une piste de danse pour la tripoter et se frotter contre elle, malgré les refus répétés de cette dernière. En dépit de ses réflexes affaiblis par l’alcool, elle réussit à s’esquiver. Quoi qu’il en soit, elle ne souhaite pas dénoncer l’homme intouchable parce que « quand tu te mets un médecin à dos dans ton milieu de travail, ta vie peut être de la marde. »

Dans les établissements du réseau public de la santé, la Loi sur les services de santé et les services sociaux prévoit l’examen des plaintes contre un médecin par un médecin « examinateur », lequel est désigné par le conseil d’administration de l’établissement sur recommandation du conseil des médecins, dentistes et pharmaciens. Le processus d’enquête sur la plainte et, s’il y a lieu, de la révision de la décision se déroule sous l’étroite supervision du corps médical à toutes les étapes, quelle que soit la nature de la plainte.

Il convient par ailleurs de souligner que des hommes peuvent aussi être victimes d’agressions et d’inconduites sexuelles au travail. Un employé administratif d’une organisation à but non lucratif m’a raconté avoir subi les assauts homophobes d’un de ses collègues qui lui a brusquement pris la tête pour la plaquer sur son entrejambe. Ce geste dégradant, empreint d’une grande violence, est à tous points de vue condamnable.

Stoppons le cortège des agressions de toutes sortes
À l’approche du 6 décembre, la Coordination du Québec pour la Marche mondiale des femmes dont la CSN est membre revendique l’élimination des violences faites aux femmes, notamment la violence sexuelle. Et comme les formes de violence et de harcèlement au travail sont d’une grande diversité et qu’elles concernent aussi les hommes, la CSN veille à ce que les employeurs respectent leur obligation légale d’assurer aux employé-es des milieux de travail sains et sécuritaires. Nous avons aussi, individuellement et collectivement, un rôle à jouer pour enrayer ce fléau, entre autres lorsque nous sommes témoins de telles situations. C’est pour cette raison que la CSN a décidé d’apporter sa contribution en lançant sa toute nouvelle campagne agispourquecacesse.com. Car personne ne devrait avoir à tolérer de la violence ou du harcèlement dans son milieu de travail. Car ensemble, nous devons agir pour que ça cesse, une bonne fois pour toutes.

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Pour une réforme en santé et sécurité du travail https://www.csn.qc.ca/actualites/pour-une-reforme-en-sante-et-securite-du-travail/ Thu, 22 Oct 2020 00:28:13 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=76744 En 1979 et en 1985, la Loi sur la santé et la sécurité du travail (LSST) ainsi que la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles (LATMP) entraient respectivement en vigueur. Lors de leur adoption, ces lois constituaient de réelles avancées pour les travailleuses et les travailleurs. Le Québec pouvait se targuer, avec raison, de figurer parmi les chefs de file en matière de santé et de sécurité du travail.

Or, depuis leur adoption, ces lois n’ont pas évolué ; avec la pression accrue occasionnée par la pandémie, il devient plus qu’urgent de déposer auprès des parlementaires le projet de réforme législative du ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, maintes fois promis et reporté. Car faut-il le rappeler, les lacunes du régime actuel sont criantes.

Encore aujourd’hui, 75 % des travailleuses et des travailleurs ne bénéficient d’aucun des mécanismes de prévention pourtant prévus à la loi. Ces derniers sont en effet réservés à un nombre restreint de secteurs. Des mesures aussi simples que la présence d’un représentant à la prévention choisi par ses pairs restent ainsi hors de la portée de la majorité de la main-d’œuvre québécoise. Nous sommes d’ailleurs d’avis que si tous les milieux de travail avaient pu bénéficier d’un représentant à la prévention et d’un comité paritaire en bonne et due forme, nous aurions été en mesure de réduire la propagation de la COVID-19 dans les milieux de travail. Nous n’avons qu’à prendre en exemples le réseau de la santé et des services sociaux et celui de l’éducation, qui sont actuellement au front pour affronter la crise et qui n’ont recours à aucun mécanisme de prévention prévu à la loi. Il est ainsi autant nécessaire qu’urgent d’assujettir la totalité des milieux de travail au régime de santé et sécurité du travail.

La réforme tant attendue en santé et sécurité du travail doit également être l’occasion de mettre à jour la liste des maladies professionnelles reconnues par le régime de santé et sécurité du travail. Cette liste, en dehors de laquelle tout le fardeau de la preuve repose sur la travailleuse ou le travailleur, n’a jamais été revue depuis plus de 30 ans. Tout comme les machines et les processus de production ont évolué, les maladies professionnelles se sont également transformées avec le temps. Il est par ailleurs éloquent qu’aucune maladie d’ordre psychologique ne figure sur cette liste alors que les travailleuses et les travailleurs du Québec sont confrontés plus que jamais à des enjeux de santé mentale. Les avancées de la science en cette matière doivent être reconnues par notre cadre légal.

Le renforcement des mesures de prévention pour éliminer les risques sur la santé et la sécurité du travail sera d’ailleurs freiné par un manque d’inspecteurs et d’inspectrices à la CNESST si rien n’est fait pour combler ce manque. Le Québec, toutes proportions gardées, ne peut en effet compter que sur la moitié du nombre d’inspecteurs recommandé par l’Organisation internationale du travail. La volonté du ministre Boulet d’utiliser temporairement des ressources d’autres ministères en temps de pandémie ne résout malheureusement pas le problème criant de manque d’inspecteurs auquel le gouvernement doit remédier.

Le mode de financement du régime de santé et de sécurité du travail doit finalement être entièrement revu. À l’origine, celui-ci était conçu de façon à pénaliser les employeurs fautifs en les faisant payer davantage s’ils cumulaient un nombre trop important de réclamations. Mais plutôt que de veiller à corriger la situation en réglant le problème à la source, nombre de ceux-ci préfèrent contester à tous les paliers possibles toute forme de réclamation. On assiste ainsi à une judiciarisation des dossiers au détriment des efforts de prévention. Cette dynamique malsaine contribue amplement à l’engorgement des tribunaux administratifs et du fonctionnement même de la CNESST. Pour les victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, ce dédale de contestations est un véritable calvaire qui s’ajoute au stress entraîné par la maladie ou l’accident de travail.

Nous pouvons comprendre que l’agenda législatif du gouvernement ait pu être bousculé par la pandémie. Mais nous voici devant une réelle opportunité d’améliorer en profondeur et de manière pérenne la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs. La pandémie a d’ailleurs révélé ce que nous savions déjà : la LSST et la LATMP sont désuètes et comportent d’énormes failles. Il est urgent de les moderniser.

Texte signée par Jacques Létourneau, président de la CSN, Daniel Boyer, président de la FTQ, Sonia Ethier, présidente de la CSQ
Luc Vachon, président de la CSD

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