65e Congrès de la CSN – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca Le maillon fort du syndicalisme au Québec Thu, 17 Aug 2017 08:44:07 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2019/05/csn-logo-150x150.png 65e Congrès de la CSN – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca 32 32 Voir loin, viser juste https://www.csn.qc.ca/actualites/voir-loin-viser-juste-2/ Tue, 18 Jul 2017 20:35:13 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61216 Le bilan de la première moitié du mandat des libéraux de Philippe Couillard a donné le ton aux délibérations du 65e Congrès de la CSN qui s’est tenu à Montréal, du 5 au 9 juin. Devant le démantèlement de l’État social québécois, la montée d’un courant antisyndical, l’absence de vision sur le plan de l’emploi et du développement des régions, la CSN a lancé un manifeste sur ce Québec que nous voulons, soutenu par un plan d’action qui sollicite tous les syndicats, en vue de la prochaine élection, prévue en octobre 2018. Au cours des prochaines semaines, ces derniers convieront leurs membres à une assemblée générale pour déterminer une priorité afin de les mobiliser autour d’elle et de mandater la CSN à la porter. La priorité du mouvement demeure certes les relations de travail, mais son action sera aussi politique pour amener les différents partis ainsi que les candidates et les candidats à réagir à notre vision d’un Québec plus juste, plus équitable, où il est possible d’aspirer à de meilleures conditions de vie.

Le résultat des votes d’allégeance syndicale, imposés par ces mêmes libéraux, a été l’occasion pour les quelque 1300 délégué-es de réfléchir à la redynamisation d’une vie syndicale active à tous les niveaux de la CSN. Toutes les énergies  seront donc déployées pour permettre au syndicalisme à la manière CSN de continuer à jouer son rôle déterminant dans les lieux de travail et dans la société.

Un reportage de Denis Guénette

]]>
Redynamiser la vie syndicale https://www.csn.qc.ca/actualites/redynamiser-la-vie-syndicale/ Tue, 18 Jul 2017 20:34:52 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61214 La CSN traverse les moments les plus difficiles depuis la période où, en 1972, elle a perdu des milliers de membres. Nos presque 100 ans d’histoire nous rappellent toutefois cette nécessité de continuer de promouvoir un projet syndical et social visant à transformer les milieux de travail et la société pour faire progresser les travailleuses et les travailleurs, et la population en général. À la sortie du 65e Congrès, nous avons rencontré Jacques Létourneau, président de la CSN, afin qu’il nous dresse le bilan de la situation et qu’il nous fasse part de ses perspectives pour le prochain mandat, et pour l’avenir.

Le 65e Congrès arrive à un moment crucial de l’histoire de la CSN. Vous avez affirmé dans votre discours d’ouverture que la CSN vit les moments les plus difficiles depuis 1972, à l’époque de la présidence de Marcel Pepin, à quoi faisiez-vous référence exactement ?
— Je faisais notamment référence à la perte de près de 22 000 membres qui, malheureusement, ont quitté la confédération lors de la dernière période de changement d’allégeance syndicale imposé dans le réseau de la santé et des services sociaux. Dans les années soixante-dix, on a connu quelques vagues de désaffiliation, notamment avec la création de la CSD, le départ des fonctionnaires, des professionnels du gouvernement du Québec, des infirmières, et disons qu’à l’époque, ça avait quand même forcé la CSN à repenser la façon dont on pratiquait le syndicalisme dans l’organisation. C’est un peu le parallèle que j’ai fait au congrès en rappelant aux délégué-es que la perte de membres, ça n’a pas juste un impact financier, ça a aussi un impact sur notre façon d’organiser nos services, de représenter syndicalement et politiquement les travailleuses et les travailleurs qui ont choisi la CSN. Ultimement, ça nous oblige à réfléchir sur notre manière d’aborder l’action syndicale en ce début de 21e siècle avec tous les nouveaux défis à relever, qui ne sont pas juste liés à la perte de membres, mais qui sont aussi liés aux changements qu’on connaît dans le monde du travail et à la montée de l’antisyndicalisme. C’est le sens du message qui a été envoyé au congrès, et de façon générale, je peux vous dire que les syndicats ont particulièrement apprécié et bien répondu.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, cette défection majeure dans les rangs de la CSN?
— Il y a plusieurs éléments qui peuvent l’expliquer. D’abord, il y a des secteurs d’activité ou des catégories d’emplois où nous étions nettement minoritaires, notamment chez les professionnel-les et les techniciennes et techniciens du réseau. En même temps, il y a des endroits où nous étions majoritaires et où on s’est aperçu qu’il y avait des problèmes de vie syndicale. Vous savez, les syndicats à la CSN sont autonomes. Autonome, ça veut dire que le syndicat local gère entièrement la vie démocratique de son organisation. Alors, quand malheureusement, ça, c’est défaillant, ça augmente l’insatisfaction des travailleuses et des travailleurs et ça peut amener la remise en question d’une affiliation. Souvent, plutôt que de changer d’exécutif ou de procéder à des changements, les syndiqué-es vont profiter d’une période de changement d’allégeance syndicale pour changer d’organisation en pensant que ça va être la recette miracle. D’autres organisations plus corporatistes mettent l’accent sur le taux des cotisations syndicales et sur les programmes d’assurance. Donc, il y a une multitude de facteurs qui peuvent l’expliquer, mais il faut surtout retenir que ça nous renvoie à nos propres responsabilités, c’est-à-dire à notre capacité de faire adhérer les travailleuses et les travailleurs à notre discours, à les écouter, et aussi à faire la démonstration que dans la pratique, nos membres sont satisfaits des services de la CSN.



La CSN reconnaît sa responsabilité dans ce qui est arrivé, quelles leçons tirez-vous comme président de la CSN ?

— Qu’il ne faut jamais rien tenir pour acquis et croire que les choses vont de soi et que, de façon générale, les travailleuses et les travailleurs partagent les aspirations du syndicalisme. Ça nous oblige à nous renouveler et à répéter constamment l’importance et la nécessité d’avoir un syndicalisme à la manière CSN, qui repose en grande partie sur la solidarité entre les catégories d’emplois. Si nous pouvons syndiquer de petites entreprises de 10, 15, 20, 30 travailleurs, c’est parce que nous représentons aussi de grands ensembles de 200, 300, 400 personnes, qui nous permettent justement d’avoir les capacités financières et organisationnelles d’appuyer les travailleurs et les travailleuses qui ont des statuts plus précaires. Ce n’est jamais acquis, et il faut constamment rappeler que la solidarité entre les catégories et les groupes d’emplois, c’est important.

Vous avez répété qu’il est essentiel de renouveler la pratique syndicale, c’est une priorité pour vous ?
— La vie syndicale démocratique, l’autonomie de nos syndicats, est-ce que c’est un modèle qui tient encore la route dans un contexte de montée de l’individualisme ? Il faut se poser la question, il faut s’adapter. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, mais il faut que le renouvellement se fasse, parce que le rapport au syndicalisme pour les travailleuses et les travailleurs n’est plus du tout le même qu’il y a cinquante ans. Il faut prendre la pleine mesure d’où en sont rendus les travailleurs et travailleuses, et adapter notre action et notre pratique en fonction de leurs besoins.

Vous affirmez que l’avenir de la CSN va se jouer dans les prochaines années, est-ce que ça signifie un virage important pour la CSN ?
— On va le souhaiter, mais les virages sont toujours plus faciles à appeler qu’à réaliser. C’est une grosse structure, c’est un gros appareil, il y a des travers bureaucratiques, c’est normal, mais en même temps, ça paralyse l’organisation quand il est question de changement. J’ai mis l’accent là-dessus au congrès en insistant triplement, parce que si on ne le fait pas ce virage-là, ça risque d’être un peu plus difficile, malheureusement, pour l’avenir du syndicalisme à la manière CSN. Mais, je fais le pari qu’on va être capable de le prendre, ce virage. Bien sûr, il se fera en fonction de notre capacité à l’effectuer

Le congrès de la CSN a adopté un plan d’action très ambitieux. Vous avez la conviction d’avoir fait les bons choix ?
— Absolument. Avec l’action syndicale, avec les services qu’on donne aux travailleurs, il est important pour nous de continuer de nous occuper de politique au Québec, pour justement démontrer que si on ne s’en occupe pas, c’est le pouvoir politique qui va s’occuper, lui, des conditions générales de vie des travailleuses et des travailleurs, des citoyens et des citoyennes. Parfois, les gens disent « pourquoi nos syndicats s’occupent de politique, qu’ils s’occupent donc de notre convention collective ». Nous, on fait le lien entre l’importance d’être actif syndicalement dans l’entreprise et dans la société en général, c’est un beau défi ça, je crois.

Voir loin, viser juste, est-ce que ça signifie aussi que la CSN va poursuivre la lutte contre le démantèlement entrepris par les libéraux ?
— Certainement, mais ça veut dire aussi viser plus loin que les prochaines élections du Québec. La CSN va fêter son 100e en 2021, donc on va espérer qu’on sera capable de souligner notre 150e et pourquoi pas notre 200e anniversaire. Mais en même temps, il ne faut pas tenir pour acquis que ça va de soi. Ce virage, s’il ne s’opère pas, ça risque d’être plus difficile pour les prochaines années.

Vous affirmez que la CSN saura rebondir et se projeter dans l’avenir. Êtes-vous certain que les troupes vont suivre ?
— Oui, les troupes vont suivre, c’est le signal envoyé par les délégué-es au congrès. Les gens acceptent les discours francs, à visière levée. Les gens sont prêts à se retrousser les manches pour affronter les nouveaux défis. J’ai bon espoir.

]]>
Privilégier l’offre de services aux membres https://www.csn.qc.ca/actualites/privilegier-loffre-de-services-aux-membres/ Tue, 18 Jul 2017 20:33:49 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61212 Si la confection de la proposition budgétaire d’une organisation comme la CSN est toujours un exercice délicat, la confection de celle qui a été présentée au dernier congrès a été des plus exigeantes en raison de la perte de quelque 22 000 membres du réseau de la santé et des services sociaux. Pour la première fois de son histoire récente, la CSN fait face à une décroissance de ses revenus.

La CSN fait face à une situation financière exceptionnelle parce qu’elle vit une décroissance du nombre de cotisants, ce qui ne s’était pas vu depuis une vingtaine d’années. Qu’est-ce qui explique cette situation ?

— Trois éléments, à mon avis. Premièrement, on ne s’est pas totalement remis de la crise financière de 2008 qui a dégénéré en crise économique, ce qui fait qu’il s’est perdu de nombreux emplois dans le secteur manufacturier au Québec, un secteur qui est fortement syndiqué. Les emplois se sont déplacés vers le secteur des services, plus faiblement syndiqué. Deuxièmement, les budgets d’austérité font en sorte qu’il y a des abolitions de postes dans le réseau de la santé et des services sociaux et que ça a un impact important. Le troisième élément, c’est que le mouvement syndical a subi des attaques répétées ces dernières années et on a vu le taux de syndicalisation commencer à fléchir sous les 40 %. Tous ces éléments combinés au vieillissement de la population font en sorte qu’il y a de moins en moins de travailleurs actifs.

Comme trésorier de la CSN, vous avez dû faire des choix très difficiles. Quels sont les grands principes qui ont orienté vos choix budgétaires ?
— Nous avons fait trois choix fondamentaux. On a tenu à donner un signal selon lequel la CSN allait soutenir les travailleuses et les travailleurs en lutte et c’est pour ça qu’on augmente les prestations de grève, de lock-out et de congédiement pour activités syndicales. C’est un premier choix fondamental. Le deuxième choix fondamental, c’est qu’à la suite du congrès de 2011, la CSN a pris des engagements et a revu ses politiques d’aide financière, d’arbitrage de congédiement, de participation à un premier congrès ou à une première négociation d’un syndicat. Nous maintenons ces engagements-là. Le troisième élément, c’est que si on avait suivi nos règles, il aurait fallu couper 1,7 million dans la péréquation versée aux conseils centraux et aux fédérations pour le prochain exercice financier. Pour minimiser les répercussions sur les services aux syndicats, on a maintenu le même niveau de péréquation.

On a ensuite revu l’ensemble des postes budgétaires et notre fonctionnement. On a notamment proposé de réduire la durée des conseils confédéraux, de minimiser les frais de séjour et de déplacement. On a adopté une série de mesures pour réduire les dépenses, mais en fin de course il a fallu supprimer un certain nombre de postes. On en a redéployé, notamment sur le plan de la syndicalisation, pour être encore plus présents dans les régions du Québec.

Est-ce que les syndicats ont des raisons de s’inquiéter du redéploiement des effectifs ?

— Je pense qu’au contraire, ils devraient être encouragés par ce redéploiement. Déjà en 2012-2013, on avait déconcentré une partie du service de syndicalisation en déplaçant des postes de Montréal vers Brossard en Montérégie, Terrebonne dans Lanaudière et Drummondville dans le Centre-du-Québec et ce qu’on constate quelques années plus tard, c’est que dans les régions où on a décentralisé notre service de syndicalisation, ça a eu un effet à la hausse sur la syndicalisation. Donc, on veut aller encore plus loin à cet égard-là en déconcentrant une ressource au Saguenay–Lac-Saint-Jean où on pense qu’il y a un bon potentiel de syndicalisation et une autre dans la région de Granby, qui va couvrir toute la région de l’Estrie où le taux de syndicalisation est un peu plus faible que dans le reste du Québec. Ainsi, on pense qu’avec cette décentralisation, la CSN sera encore plus présente sur le terrain dans les régions où il y a un bon potentiel de syndicalisation et que ça devrait porter des fruits.

Que répondez-vous à ceux qui disent que les compressions de personnel risquent d’affecter directement les services aux membres ?
— Une organisation comme la nôtre, c’est une organisation de services. Quand on réduit le personnel, il y a toujours un danger pour les services, mais je pense qu’on a pris les mesures pour en minimiser les effets. Deuxièmement, une bonne partie des services offerts aux syndicats le sont par les fédérations. La négociation, l’arbitrage de griefs, ce sont les fédérations qui offrent ces services-là. En maintenant la péréquation au même niveau, malgré nos baisses de revenus, on s’assure de ne pas pelleter notre problème dans la cour des fédérations pour des enjeux aussi fondamentaux que la négociation et les arbitrages de griefs.

La CSN devra, malgré tout, supporter un déficit de plus de six millions de dollars. Est-ce que ce déficit est soutenable pour la CSN à court et moyen terme ?
— Le déficit est soutenable parce que d’abord notre Fonds de défense professionnelle est en très bonne santé financière, on peut donc soutenir toutes les luttes des travailleuses et des travailleurs. Le budget de fonctionnement, lui, est un peu plus fragile, mais il faut comprendre qu’une bonne partie du déficit de six millions, je dirais la moitié, vient du fait que notre exercice financier est commencé depuis le 1er mars. Une bonne partie des économies réalisées avec les réductions de postes vont se réaliser au début de l’automne, alors que nos revenus eux ont commencé à décroître depuis le 1er avril. Il faut voir le budget 2017-2020 comme un budget de transition. En 2020-2023, on devrait recouvrer une situation financière tout à fait respectable.

La CSN n’est pas à l’abri d’un possible vote d’allégeance, par exemple dans le secteur de l’éducation ou ailleurs. À quelles conditions la CSN pourra ressortir plus forte et mieux équipée pour y faire face ?

— On a prévu des budgets assez importants du point de vue de la syndicalisation pour accroître notre présence dans le secteur privé, que ce soit dans l’industrie manufacturière, les communications, la construction ou le commerce. Si jamais il y a de nouvelles lois qui forcent des votes, des sommes d’argent seront disponibles pour y faire face. J’ajouterais qu’on va réaliser un bilan de la période qu’on vient de traverser, à visière levée, avec toute la transparence dont on est capable, pour que pareille situation ne se reproduise pas.

Pour vous la transparence financière, c’est important?

— C’est une valeur fondamentale à la CSN. Les gens paient des cotisations syndicales et s’attendent à ce qu’on soit transparent quant à l’utilisation qu’on fait de leurs cotisations. Le débat sur le budget au congrès a duré plus d’une journée, avec toutes les informations qu’on pouvait donner aux délégué-es pour qu’ils puissent prendre des décisions éclairées.

Estimez-vous que la CSN pourra sortir plus forte de la situation financière qu’elle traverse en ce moment ?

— C’est un coup dur à passer, mais on a une bonne structure financière, un fonds de défense professionnelle bien garni, un fonds de soutien extraordinaire qui peut venir appuyer le budget de fonctionnement. On va passer à travers cette période difficile avec les choix qu’on a faits et je suis persuadé qu’on en sortira grandis.

]]>
Un plan d’action qui vise juste https://www.csn.qc.ca/actualites/un-plan-daction-qui-vise-juste/ Tue, 18 Jul 2017 20:32:51 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61210 Voir loin, viser juste, c’est le fondement du plan d’action présenté aux délégué-es du 65e Congrès de la CSN. Ce plan d’action est le reflet des préoccupations soulevées par les syndicats rencontrés lors de la tournée précongrès, autour de cinq grands thèmes touchant l’emploi, le revenu, la lutte contre les changements climatiques, la consolidation des services publics et le renforcement de la démocratie.

Au cours des trois prochaines années, les syndicats seront appelés à mettre en œuvre les mesures nécessaires à la réalisation du plan d’action de la CSN, qui s’avère ambitieux et dont le succès dépend de l’engagement de tous.

Parmi les priorités, la protection des services publics, car depuis l’élection des libéraux de Philippe Couillard, malgré tous les efforts déployés pour contrer l’entreprise de démolition de l’État social québécois, l’obsession du déficit zéro a privé des dizaines de milliers de Québécoises et Québécois des services auxquels ils ont droit. Les mesures d’austérité ont eu des effets dévastateurs, non seulement sur les travailleuses et travailleurs du réseau public de santé, de services sociaux et d’éducation, mais aussi chez tous les citoyens et citoyennes qui ont subi des hausses tarifaires répétées, notamment en matière de frais de garde, d’accès aux soins de santé ou de coûts d’électricité.

Au cours des trois prochaines années, la CSN veut investir le terrain politique, à sa façon, par l’action syndicale, pour mettre un terme au saccage de nos services publics. L’orientation idéologique de ce gouvernement met en péril la qualité de vie et des emplois des classes moyennes et populaires, et l’approche d’une élection permettra de susciter des débats et une mobilisation sur ces enjeux cruciaux pour la société québécoise. Le plan d’action propose donc d’aller à la rencontre des membres dans leurs milieux de travail pour ouvrir un espace de réflexion sur le Québec que nous voulons.

Pour Karine L’Écuyer, du Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Montmorency, « il est important de poursuivre les batailles sociales qui mettent de l’avant l’ensemble de nos valeurs. Il faut qu’on s’inquiète pour l’ensemble de la société. Nous sommes dans des mesures d’austérité permanentes, alors il faut qu’on soit en lutte permanente, à mon avis ».

Nécessaire réforme des lois du travail

La CSN propose une réforme majeure de la Loi sur les normes du travail et de ses règlements, qui touchent à la fois le salaire minimum, les congés, les vacances, l’équité de traitement ou les licenciements collectifs. La CSN veut garantir des emplois de qualité, ce qui inclut un salaire décent pour toutes et tous dans l’ensemble des régions du Québec.

Pour Kevin Gagnon, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses de Bridgestone Joliette, la campagne du 5-10-15 est essentielle. « Les travailleurs, chez nous, gagnent plus de 15 $ l’heure, mais pour ce qui est des 10 jours de congé payés pour cause de maladie ou pour la famille, même dans un syndicat mature de 40 ans comme le nôtre, on n’en bénéficie pas. C’est la Loi sur les normes qui s’applique, 10 congés pour obligations familiales, c’est tout. On n’a pas de congés payés. Même chose pour la demande qui réclame cinq jours d’avis pour les changements d’horaire, c’est important pour nous, pour l’organisation de la vie des jeunes familles. »

Josée Chamberland, du Syndicat du soutien scolaire des Appalaches, partage également ce point de vue. À ses yeux, la campagne 5-10-15 est très importante. « C’est fondamental pour nous, il faut en parler à nos membres, démystifier ça. Plusieurs d’entre eux nous disent que ça n’a pas de bon sens d’augmenter le salaire minimum à 15 $ l’heure. Que nos entreprises vont devoir augmenter les prix, vont faire faillite, alors qu’on sait très bien que ce n’est pas la réalité, que ce sont des entreprises qui font des profits importants. »

Pour Michel Paré, président du Syndicat des travailleurs de l’Hôtel Bonaventure à Montréal, « l’amélioration de la Loi sur les normes du travail et la réforme du Code du travail, c’est une priorité. Plusieurs syndicats ont dû faire la grève ou ont subi des lock-out. Mon syndicat a fait cinq semaines de grève et ce qui a fâché les collègues, ça a été de constater qu’il y avait quelqu’un d’autre qui faisait leur travail pendant qu’ils étaient dans la rue et qu’ils n’avaient pas de salaire. Notre employeur a continué d’opérer pendant qu’on était en grève grâce au personnel des agences, du personnel qu’il cachait dans des chambres. On était impuissants devant ça. L’inspecteur du travail ne pouvait pas être là tout le temps. Les briseurs de grève, les agences de placement, il y a un gros ménage à faire là. »

Maintien d’emplois de qualité

La CSN réclame depuis très longtemps, une véritable politique industrielle accompagnée de ressources financières. Un projet qui compte beaucoup pour Kevin Gagnon. « Le secteur manufacturier a connu de lourdes pertes dans les dernières années, c’est important qu’on soit capable de mettre des balises et qu’on garde des emplois de qualité au Québec. Il faut être capable d’obliger les entreprises à faire de la deuxième et de la troisième transformation ici. » Une préoccupation que partage entièrement Raphaël Jobin, président du Syndicat des travailleurs du Chantier naval de Lauzon. « C’est une grande priorité pour nous. Ce qu’on a voulu, c’est inclure la construction navale dans une politique industrielle. C’est le nerf de la guerre pour notre fédération, la Fédération de l’industrie manufacturière. Si on n’a pas quelque chose de concret à amener aux politiciens fédéraux et provinciaux, on ne pourra pas survivre comme chantier. On a déjà eu des engagements clairs, mais ça a été balayé après les élections. On a été fermé pendant sept ans. Notre combat, c’est aussi celui d’une partie de la population. »

Développement durable et transition juste

Sur le plan environnemental, la CSN propose la mise en place d’une Charte de l’environnement qui favorise une transition juste et écologique des emplois. Une proposition qui rejoint Karine L’Écuyer. « La question de l’environnement est intéressante quand il est question de trouver des nouveaux secteurs d’emploi pour aider les gens qui travaillent actuellement dans des secteurs polluants, dans des secteurs où on ne veut pas investir pour l’avenir. Pour ça, la CSN a un gros travail à faire pour convaincre la population qu’il y a d’autres options, rassurer les travailleuses et travailleurs et ne pas les laisser tomber. »

Sauvegarde de services publics de qualité

La CSN veut s’assurer du maintien de l’universalité, de l’accessibilité et de la qualité des services publics. Elle réclame un réinvestissement dans les services publics et les programmes sociaux. Le plan d’action de la CSN entend contrer la privatisation des services publics et la prolifération de la sous-traitance dans tous les secteurs d’activité. « Ce qui m’interpelle le plus, c’est l’accessibilité et la défense des services publics », nous dit Marie-Claire Desbiens, secrétaire générale du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. « Les libéraux sont en train de tout détruire. La privatisation me fait très peur, parce que Barrette, c’est ça qu’il veut, et c’est là qu’on s’en va. Il va falloir être très présent. Être visible, faire connaître nos luttes, intéresser les médias. »

Consolidation de la démocratie

Pour renforcer la démocratie, la CSN exige depuis des années une révision en profondeur du mode de scrutin et le maintien d’une information de qualité dans toutes les régions du Québec. En cette ère de désinformation, les citoyens ont plus que jamais besoin d’une information équilibrée et de qualité qui touche leurs préoccupations, où qu’ils se trouvent.

]]>
À la recherche de solutions https://www.csn.qc.ca/actualites/a-la-recherche-de-solutions/ Tue, 18 Jul 2017 20:31:53 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61207 Plus que jamais, la participation à la vie syndicale préoccupe les syndicats de la CSN. Tout le monde en parle. On cherche la recette, la bonne, celle qui permettra de susciter des vocations, d’attirer les membres aux assemblées générales. En un mot, de responsabiliser les travailleurs et les travailleuses.

Les questions de vie syndicale et de démocratie syndicale étaient sur toutes les lèvres au cours du 65e Congrès de la CSN. La perte récente de plus de 22 000 membres suscite des inquiétudes dans les syndicats, qui veulent à tout prix renouveler la démocratie syndicale. « La CSN a vécu la désaffection de plus de 22 000 de ses membres, mais il faut se dire que ça aurait pu être pire. On est effrayés quand on voit un chiffre pareil, mais ça aurait pu être pire, et là, c’est la raison même de la CSN qui aurait pu être fragilisée. Et ça, c’est quelque chose qui peut se produire très rapidement », note Christian Nadeau, professeur de philosophie de l’Université de Montréal, conférencier au 65e Congrès de la CSN et auteur du livre Agir ensemble, penser la démocratie syndicale. Pour lui, le constat est brutal, mais aucun syndicat n’est à l’abri d’une pareille menace : « Sans vouloir être prophète de malheur, je pense que ce qui s’est passé dans le secteur de la santé et des services sociaux pourrait très bien se reproduire ailleurs, par exemple en éducation. Le gouvernement québécois sait très bien ce qu’il fait depuis 2010-2011. Il avance lentement, pas à pas, lentement mais sûrement, et on sous-estime le côté planifié de ses actions. Les choses se sont faites progressivement, mais avec une grande violence à tous les niveaux. »

Et il n’y a pas que les services publics qui sont menacés, croit Michel Paré, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’Hôtel Bonaventure Montréal : « C’est un choc de perdre autant de membres, c’est la force de notre mouvement qui en est affectée et on sait que ça peut arriver dans nos secteurs aussi. Si on nous forçait à tenir des votes d’allégeance dans tous nos syndicats demain matin, j’ai l’impression qu’on aurait des surprises dans plusieurs d’entre eux. »

Un virage qui s’impose

Le mouvement syndical devra donc, plus que jamais, s’interroger et prendre le virage qui s’impose, selon le professeur Nadeau. « Il n’y a pas de recette parfaite, mais plusieurs manières de faire. Les gens ne viennent plus aux assemblées générales, parce qu’ils ne veulent plus subir la procédure, ils ne se sentent pas concernés et plusieurs croient que tout est déjà décidé à l’avance, qu’ils ne servent qu’à justifier le quorum. Il faut leur offrir des lieux de discussion informels, où ils pourront s’exprimer librement et mieux se préparer aux assemblées générales. »

Au Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep Montmorency, on croit aux vertus des lieux de discussion informels. On a mis en place des kiosques, des dîners-causeries, des comités, nous dit sa présidente, Karine L’Écuyer : « On essaie de multiplier les lieux. Nous, on a une vie syndicale très forte, je dirais qu’on a une belle assemblée générale et beaucoup de membres participent aux comités syndicaux. Les gens veulent avoir une prise sur ce qui se passe. Faire en sorte que leurs idées soient entendues, mais il y a une réflexion à avoir dans l’ensemble de la structure. »

Pour Kevin Gagnon, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses de Bridgestone à Joliette, la situation est plus difficile. « Nous avons un syndicat de 1100 membres et j’ai les mêmes problèmes parfois que les petits syndicats pour obtenir le quorum. La vie syndicale, c’est important, ce n’est jamais gagné, il faut recommencer tout le temps. Nous, on a différents horaires de travail, ça rend difficile l’organisation de dîners-causeries, mais on pourrait songer à faire des regroupements en dehors des heures de travail pour participer ensemble plus activement à la vie syndicale. Ce que je comprends des différentes propositions faites au congrès, c’est qu’on va donner de l’appui aux différents syndicats, aux conseils centraux et aux fédérations pour nous aider à donner les meilleurs services à nos membres. »

Au Chantier naval de Lauzon, la vie syndicale était, il n’y a pas si longtemps, un très grand sujet de préoccupation. Et c’est justement ce qui a incité Raphaël Jobin, un travailleur sans expérience syndicale, à se présenter à la présidence du Syndicat des travailleurs du Chantier naval de Lauzon. « Nous avons présenté une équipe pour que les jeunes prennent leur place. Le comité exécutif et le conseil syndical au complet ont été remplacés d’un coup. On a mis l’accent sur l’information aux membres. On a consulté nos membres, plus qu’ils ne le voulaient parfois. On a fait des assemblées consultatives et les gens ont bien répondu. »

Un syndicat, plus qu’une police d’assurance

Pour Christian Nadeau, le problème, c’est que les syndiqué-es ont parfois tendance à oublier l’importance d’une vie syndicale active et d’une véritable démocratie syndicale. « Les membres finissent par ne plus percevoir le syndicalisme comme quelque chose dont ils font partie, mais plutôt comme quelque chose dont ils sont membres, au sens où on est membre d’un club de golf ou d’un gym, d’un endroit où on va chercher des services. Mais beaucoup de gens ont oublié que les droits dont ils jouissent, ici et maintenant, sont des droits acquis. Ils finissent par croire que c’est normal. Ils oublient que ces droits sont tout récents, qu’ils n’ont même pas une génération. »

Le Québec a un taux de syndicalisation beaucoup plus élevé qu’en Europe ou qu’aux États-Unis, ce qui est à la fois une force et une faiblesse, selon Christian Nadeau, dans la mesure où cela provoque un certain confort, qui incite le milieu syndical à se voir comme un gestionnaire de conventions collectives. Le danger, selon lui, c’est que le syndicat « fasse une partie du travail du patronat. Le patron est très content d’avoir des gens qui gèrent la convention collective, parce qu’en même temps, ils gèrent les relations de travail. Lui n’a plus besoin de s’en occuper, puisque c’est le syndicat qui le fait à sa place. S’il y a des problèmes sur les lieux de travail, c’est le syndicat qui va prendre le blâme, et non le patron. Des employeurs pourraient en arriver à se dire, pourquoi on n’aurait pas une compagnie d’assurance qui gérerait une relation contractuelle avec l’employeur ? Une compagnie qui s’occuperait uniquement de la relation contractuelle avec les employeurs ». Autre observation du professeur Nadeau, la judiciarisation des relations de travail coûte très cher et ne se fait pas toujours dans l’intérêt des membres.

Il met en garde le mouvement syndical contre les dangers du repli sur soi et de la défense des intérêts corporatistes de ses membres. « Si le milieu syndical réagit de manière corporatiste à des demandes corporatistes, le syndicat finira par être perçu comme une simple “police d’assurance”, dont on peut se débarrasser à sa guise. »

Face aux nombreuses agressions subies par le milieu syndical, Christian Nadeau prône la combativité. « Il est important d’affirmer ses positions politiques, d’intégrer les luttes sociales à notre action syndicale et de ne pas être aveugle à la misère des gens. »

]]>
Départ à la retraite d’une ardente militante syndicale https://www.csn.qc.ca/actualites/depart-a-la-retraite-dune-ardente-militante-syndicale/ Tue, 18 Jul 2017 20:30:40 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61176 Au cours de notre dernier congrès, Francine Lévesque, première vice-présidente de la CSN, a annoncé son départ pour une retraite bien méritée après 40 années de militantisme syndical.

C’est à la fin des années 1970 que Francine, alors salariée à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, commence à militer dans son syndicat. Insatisfaite, comme plusieurs autres, de la façon dont le SQEES-298 s’immisce dans la gestion du syndicat local, elle tente de profiter de la période de changement d’allégeance pour rallier la CSN. Son groupe ne parviendra pas à vaincre la campagne de peur menée par le SQEES, qui prévenait les membres qu’à la CSN, ce sont « tous des communistes qui veulent toujours faire la grève… » Malgré la défaite, elle continue à s’impliquer jusqu’à devenir la présidente de son syndicat. Ce n’est qu’en 1985, lors d’une nouvelle période de maraudage, que Francine et ses camarades finissent par gagner leur campagne et se joignent à la CSN.

Entre luttes syndicales et luttes féministes

Après quelques années d’implication au sein de la Fédération des affaires sociales (FAS, aujourd’hui la Fédération de la santé et des services sociaux), Francine Lévesque en devient vice-présidente responsable de la condition féminine. S’ouvre alors pour elle une grande période de luttes et de revendications : la reconnaissance des droits des femmes pour l’atteinte de l’équité salariale, la marche contre la pauvreté Du pain et des roses, la Marche mondiale des femmes et l’élaboration d’un code d’éthique à l’égard du harcèlement et de la violence envers les femmes, entre autres implications. En 2007, les militantes et les militants reconnaissent son dévouement et son leadership en l’élisant présidente de la FSSS–CSN.

Photo : Raynald Leblanc

Lors du conseil confédéral de décembre 2012, les délégué-es élisent Francine au poste de vice-présidente de la CSN. Elle devient ainsi responsable de l’ensemble des négociations, tant du secteur public que du secteur privé. Rapidement, Francine prend la responsabilité de ses dossiers. À peine entrée en fonction, elle doit finaliser l’élaboration de la politique industrielle de la CSN. Quelques mois plus tard, avec le retour des libéraux au pouvoir, elle se mesure au ministre Pierre Moreau qui, avec son projet de loi 3, entendait sabrer les régimes de retraite, notamment dans les secteurs municipal et universitaire.

Francine aura piloté la dernière grande négociation du secteur public avec les partenaires du Front commun. Elle aura été à la tête d’une des plus grandes mobilisations de l’histoire du Québec. Malgré l’intransigeance et l’arrogance du président du Conseil du trésor de l’époque, Martin Coiteux, elle aura su trouver un moyen pour tirer son épingle du jeu et convenir, après quatre journées de grève, d’une convention collective qui bénéficie aujourd’hui à des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur public.

« On ne peut rêver de plus belle vie que de se consacrer corps et âme à améliorer le quotidien de nos semblables, indiquait Francine lors de son discours d’au revoir au dernier congrès. Mes semblables, c’est vous : des femmes et des hommes qui tentent, malgré un monde trop souvent inhumain, de trouver une dignité et une façon de bien vivre dans leur vie de travail. Leur vie, dans tous ses aspects. »

Francine, pour toutes ces années de dévouement, de solidarité et de luttes, c’est l’ensemble de la CSN qui te dit un grand merci !

]]>
La grande menace est à nos portes https://www.csn.qc.ca/actualites/la-grande-menace-est-a-nos-portes/ Tue, 18 Jul 2017 20:30:02 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61204 Partout sur la planète, le populisme d’extrême droite fait des ravages. L’élection de Donald Trump en est un exemple frappant. La machine à broyer les libertés resserre son étau et le mouvement ouvrier est le premier à en subir les conséquences. Comment vaincre le populisme ? Pour répondre à cette question, le 65e Congrès de la CSN a organisé un séminaire international auquel ont participé des syndicalistes de cinq pays. Le spécialiste de la politique américaine, Donald Cuccioletta, s’est aussi adressé aux délégué-es.

«Il ne suffit pas de dire que Donald Trump est un “fou”, un “malade mental”, qui ne sait pas ce qu’il fait, car il sait très bien ce qu’il fait, mais ce n’est pas lui qui décide. Donald Trump n’est pas tombé du ciel, c’est l’aboutissement d’un travail entrepris par les républicains sous Ronald Reagan dans les années 80. Il est un pur produit de la classe capitaliste du 1 % les plus riches. » Donald Cuccioletta connaît bien la politique américaine, et la lecture qu’il fait des conséquences de l’élection de Donald Trump a de quoi glacer le sang. Les États-Unis sont en mode recul. Les dégâts s’accumulent et les républicains vivent une heure de gloire qui risque de s’éterniser. Majoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants, ils sont en position de force dans 36 états sur 50 et sont en voie de transformer radicalement l’Amérique, nous dit le chercheur de la Chaire Raoul-Dandurand : « Ce que veulent les extrémistes de droite, les idéologues du parti républicain comme le vice-président Mike Pence ou Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, c’est retourner 100 ans en arrière. “Make America Great Again”, ça veut dire revenir au capitalisme sauvage de la fin du 19e siècle. Ils veulent retrouver leur pouvoir hégémonique, sur le plan économique et militaire, et s’isoler de tous ceux qui ne veulent pas suivre leurs volontés. Ce que les extrémistes de droite ne comprennent pas, c’est que le monde a changé. Les pays ne peuvent vivre indépendants les uns des autres. »

À ceux qui croient que le départ de Donald Trump est la solution, le chercheur fait cette mise en garde : « Avec Donald Trump, on pense que le ciel nous est tombé sur la tête, mais dites-vous bien que le vice-président Mike Pence est pire. Et si ce n’est pas Mike Pence qui le remplace, ce sera Paul Ryan, qui lui, est pire que les deux autres. »

Partenariats économiques et syndicaux en péril

Selon Donald Cuccioletta, nous risquons de vivre une période de chaos prolongée qui touchera aussi le Canada, principal partenaire économique des États-Unis. Donald Trump menace de déchirer l’ALÉNA, et ses attaques contre le bois d’œuvre, ses menaces contre Bombardier ou le secteur de l’aluminium, mettent en péril nos emplois. Le chercheur lance donc un appel à la résistance. L’opposition devra se construire avec le Mexique, le Canada et le Québec. Mais, ce ne sera pas facile, fait-il remarquer : « Il y aura beaucoup de travail à faire du côté américain. Jusqu’où les syndicats américains sont-ils prêts à se battre ? Plusieurs d’entre eux sont convaincus que les emplois perdus en raison de l’ALÉNA sont allés au Canada. »

S’il faut en croire Kari Thompson, de la United Electrical Radio and Machine Workers of America, le mouvement syndical américain est mal préparé à faire face aux attaques des populistes d’extrême droite au pouvoir à Washington. « On se demande ce qu’il adviendra du mouvement syndical aux États-Unis. La participation syndicale est en déclin, à cause de la désindustrialisation qui a mené à un manque d’emplois traditionnels. On observe aussi la montée du travail précaire et des attaques soutenues contre le mouvement syndical. Les gens moins éduqués ont été gagnés par les mensonges de Trump, qui promettait un retour à une économie manufacturière des années 60. L’ironie, c’est que si ces emplois étaient si bons à l’époque, c’est parce que ces secteurs étaient syndiqués. » Un espoir toutefois, selon Kari Thompson, dans ce pays dominé par l’extrême droite populiste, des organisations de gauche connaissent un véritable regain de popularité depuis l’élection de Donald Trump. « Nous projetons de faire des coalitions pour renforcer notre capacité à mettre de l’avant une série de politiques de gauche pour notre pays. »

Déroute de la gauche

En Europe, le populisme d’extrême droite est devenu un vrai fléau, observe Adolfo Munoz, de Euskal Sindikatua du Pays basque : « Les politiques d’ajustement et les réformes structurelles ont eu un effet dévastateur en faisant exploser les inégalités sociales et le chômage. La crise de la social-démocratie et les échecs des partis de gauche ont divisé les groupes sociaux et progressistes ainsi que le mouvement syndical. La corruption de la classe politique est devenue endémique et le terrorisme, qui frappe le cœur même des pays industrialisés, a propulsé les électeurs vers les partis d’extrême droite qui proposent des solutions radicales. » Il constate que la migration massive de réfugié-es provoque une hausse de la xénophobie dans plusieurs pays. « Les gens affichent ouvertement et avec fierté leur haine contre l’étranger. La solution de la droite, c’est l’expulsion et la fermeture des frontières et la discrimination. »

Au Pays basque, Adolfo Munoz, de Euskal Sindikatua, déplore lui aussi les attaques coordonnées contre le syndicalisme et les mouvements progressistes. « Le but des attaques contre les lois du travail, c’est d’éliminer le mouvement syndical. Nous devons renforcer le syndicalisme. »

Pour Julio Dorval de Fuentes, de la centrale syndicale argentine, Central de Trabajadores de la Argentina Autónoma, « il ne suffit pas de dire que l’extrême droite est mauvaise, il faut réaliser que le bon capitalisme n’existe pas. Il faut cesser de croire que le capitalisme produit du bien-être, de la richesse et du bonheur. On ne peut laisser perdurer le capitalisme sauvage. Nous avons un débat à mener. Les syndicats doivent se donner un rôle ».

En France, pour lutter contre le discours populiste de l’extrême droite, qui séduit une grande partie de la classe populaire touchée par le chômage, la pauvreté et la précarité, la CGT, la Confédération générale du travail, organise depuis des années des campagnes d’information et des journées d’étude sur l’extrême droite. La CGT a fait de la lutte à la xénophobie une priorité, nous dit Jérôme Vivenza. « Les idées d’extrême droite entrent dans le discours de nos membres et ça nous inquiète. Nous devons redonner le pouvoir aux salarié-es pour qu’ils n’accordent plus leur confiance à l’individu le plus charismatique ou à l’organisation la plus populiste. »

Au Brésil, tous les progrès sociaux réalisés sous la présidence de Lula Da Silva et de sa successeure, Dilma Rousseff, sont en voie d’être effacés depuis l’élection de 2014, qui s’est soldée par un coup d’État légalisé par les tribunaux et les députés, selon Carmen Ferreira Ford, de la Central Unica dos Trabalhadores. Elle rappelle que « sous la gouverne de Lula et de Dilma, 40 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté. Ils ont créé des programmes sociaux qui ont transformé les secteurs de la santé, de l’éducation et de la famille. Ils ont introduit un salaire minimum, investi dans les universités et le logement social et ils ont créé 20 millions de nouveaux emplois ».

Aujourd’hui, elle constate que l’extrême droite a repris les pouvoirs avec l’appui du capital et des médias. « Nous vivons une montée en force de la haine, du racisme, de la misogynie et des exclusions de toutes sortes. »

Carmen Ferreira Ford plaide pour la reconstruction de la démocratie : « Nous voulons des élections directes où tout le monde pourra voter. Il y a maintenant une alliance très forte entre les mouvements sociaux et syndicaux. Nous avons vécu en avril dernier la plus grande grève générale de l’histoire du Brésil. Pour l’instant, il n’y a pas encore d’unité entre les centrales pour mettre fin au gouvernement actuel, mais on ne perd pas espoir. »

]]>
Affronter les cauchemars républicains https://www.csn.qc.ca/actualites/affronter-les-cauchemars-republicains/ Fri, 09 Jun 2017 20:26:52 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60986 La carte professionnelle de Kari Thompson du syndicat étasunien United Electrical, Radio & Machine Workers of America (UE) en dit long : The Members Run This Union / Los miembros dirigen esta unión. Les membres dirigent ce syndicat ! Cette philosophie guide l’organisation syndicale de 60 000 membres depuis sa fondation en 1936, mais elle prend davantage d’importance dans le climat politique particulièrement difficile que connaissent les États-Unis depuis les élections du 8 novembre 2016. Bien que l’arrivée de Donald Trump au bureau ovale soit inquiétante, pour Mme Thompson et l’UE, ce n’est qu’une expression de la montée de l’extrême droite, du néolibéralisme et du capitalisme sauvage qui grugent de plus en plus de terrain dans la conscience politique américaine depuis plusieurs décennies. Mais dans les faits, la résistance au pouvoir du capital ne date pas d’hier, et elle ne disparaîtra pas non plus après la destitution du 45e président des États-Unis ou même après l’élection d’un candidat démocrate lors des prochaines élections. 

Dans les faits, le gouvernement fédéral ne représente qu’une seule partie du casse-tête cauchemardesque auquel le mouvement syndical étasunien fait face. Plusieurs États sont sous le règne des républicains qui se font un grand plaisir de nuire à la capacité des travailleuses et des travailleurs de s’organiser et de négocier collectivement. En Iowa, qui est déjà un État dit right-to-work, les législateurs ont récemment décidé d’imposer des contraintes invraisemblables sur les sujets qui peuvent être abordés lors d’une négociation. « Pour l’instant, les employeurs n’ont pour seule obligation que de négocier le salaire de base avec les syndicats », explique Mme Thompson. « Même les discussions entourant les horaires de travail et les heures supplémentaires sont interdites. C’est absurde ! Ça vaut quoi, précisément, un salaire de base si ces autres éléments sont soustraits du calcul ? » 

Quels autres cadeaux les républicains ont-ils offerts aux patrons d’entreprises de l’Iowa ? Eh bien, il est maintenant contre la loi de négocier les régimes de retraite, les assurances collectives, et même la cotisation à la source. Il va de soi que le chemin est long et la pente très rude pour ces travailleurs dépourvus du Midwest, mais malgré tout, Kari Thompson garde espoir.

« Le climat actuel nous donne la chance de susciter l’intérêt de certains groupes de travailleurs qui s’inquiètent des contraintes que le gouvernement fédéral risque de leur imposer, ou du manque de réglementation en environnement, santé et sécurité au travail. Il y a peut-être un regain d’intérêt dans ces milieux de travail et nous devons saisir l’occasion de les aider à formuler des solutions à ces préoccupations dans des conventions collectives, surtout si elles ne seront pas prescrites dans la loi. »

Aller de l’avant

Le prochain congrès de l’UE se tiendra en août à Pittsburgh, un premier depuis l’élection surprise de Donald Trump. Kari Thompson s’attend à surmonter la scission politique qui est aussi présente au sein du membership de son organisation que dans la population en général, en dépersonnalisant le débat et en se concentrant sur les effets que les politiques de l’administration auront sur la vie des travailleuses et des travailleurs. « C’est certain que nous avons des membres qui ont voté pour Trump ! So what ? Ce n’est plus ce qui est important et l’on n’avancera pas en s’acharnant sur ce fait. En tant que représentant syndical, l’important est d’être à l’écoute pour trouver un terrain commun sur lequel nous pouvons échanger. Montrez-leur que vous écoutez et que vous avez des pistes de solutions aux problèmes auxquels ils font face. Il faut que la conversation soit enracinée dans un enjeu précis. Plus on est dans l’abstraction, plus les noms de politiciens surgissent dans la conversation, plus la conversation risque de tomber à l’eau. Ne nous concentrons pas sur la personne à la tête du pays, mais sur ce que les effets pratiques de ses choix politiques représentent : ça veut dire quoi quand la composition du National Labor Relations Board est dominée par des conservateurs qui ont toujours été contre le droit d’association ? Quel sera l’impact de ces nominations sur notre capacité de négocier nos contrats collectivement ? Et qu’en est-il des nouvelles compressions au Occupational Health and Safety Administation qui était déjà une agence sous-financée ? Le résultat est clair : nos milieux de travail seront moins sécuritaires. Voilà la réalité dans laquelle nous nous trouvons. La façon dont vous avez rempli votre bulletin de vote il y a quelques mois n’est plus importante aujourd’hui. Comment allons-nous aller de l’avant maintenant ? » 

Pour Mme Thompson, une partie de la réponse à sa question repose sur les regroupements progressistes comme Our Revolution, et Democratic Socialist of America (DSA). « Le DSA a 50 000 nouveaux membres depuis l’élection de Trump, dont la plupart ont joint l’organisation sans avoir été sollicités. Pour moi, ça représente 50 000 nouveaux organisateurs. C’est très encourageant. Alors oui, j’en ai de l’espoir. Si on n’en avait pas, que faisons-nous même ici ? »  

]]>
Jacques Létourneau réélu à la présidence de la CSN https://www.csn.qc.ca/actualites/jacques-letourneau-reelu-a-la-presidence-de-la-csn-2/ Fri, 09 Jun 2017 18:11:35 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60860

Au terme du 65e Congrès, qui s’est déroulé à Montréal du 5 au 9 juin, les délégué-es des syndicats ont réélu Jacques Létourneau à la présidence de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) pour le prochain mandat d’une durée de trois ans.

Les quelque 1300 délégué-es ont également réélu par acclamation Jean Lortie au secrétariat général, Pierre Patry à la trésorerie, Jean Lacharité à la deuxième vice-présidence, et Véronique De Sève à la troisième vice-présidence. Caroline Senneville a, pour sa part, été portée à la première vice-présidence de la CSN.

Sur le thème Voir loin, viser juste, les délégué-es ont débattu d’un plan d’action conduisant à la prochaine élection québécoise, en octobre 2018. L’objectif sera alors d’interpeller les partis politiques et les différents candidats et candidates sur un ensemble de positions sociales et liées au monde du travail. « Après trois ans d’austérité, nous souhaitons un changement majeur dans les décisions qui sont prises à Québec, a poursuivi Jacques Létourneau. Au bout du compte, nous pourrons appeler nos membres à sortir les libéraux de Philippe Couillard de l’Assemblée nationale. »

De gauche à droite, Véronique De Sève, 3e vice-présidente, Pierre Patry, Trésorier, Caroline Senneville, 1re vice-présidente, Jacques Létourneau, président, Jean Lortie, secrétaire général, Jean Lacharité, 2e vice-président. | Photo : Michel Giroux

ident de la CSN. Ce Manifeste a été rédigé à la suite d’une consultation menée auprès des syndicats au cours de l’automne et de l’hiver derniers. »

Au cours de ce congrès, qui a réuni plus de 2500 personnes, des propositions sur la vie syndicale ont aussi été adoptées par les délégué-es afin de renforcer l’action des syndicats à tous les niveaux. Il est possible de visionner l’ensemble des vidéos réalisées durant le congrès.

]]>
Deuxième mandat pour Véronique De Sève https://www.csn.qc.ca/actualites/deuxieme-mandat-pour-veronique-de-seve/ Fri, 09 Jun 2017 13:06:14 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60840 Véronique De Sève a remporté l’élection face à Félix Sylvestre, officier du syndicat des employé(e)s du centre hospitalier universitaire de Montréal. Elle entame donc son deuxième mandat à la vice-présidence avec un programme défini dont la vie syndicale, la relève et l’égalité femmes-hommes sont les pierres angulaires.

« Le congrès a été clair, la question de la vie syndicale est délaissée depuis les dernières années et tout doit être mis en œuvre pour la revaloriser. On va devoir prendre le taureau par les cornes, mais au fond, il s’agit d’une sorte de retour aux sources! Tous les prétextes vont être bons pour travailler à une vie syndicale dynamique. Il faut nous reconnecter avec la base, lancer des discussions et inviter les membres à y participer activement, les sensibiliser aux enjeux qui les concernent, donner de la formation politique. Il va falloir le faire de concert avec les fédérations et les conseils centraux, qui sont une force extraordinaire pour le mouvement. Concrètement, ça implique d’être plus présents sur le terrain, se mêler aux membres, échanger avec eux dans le cadre d’assemblées de cuisine, de pique-niques, etc.

La question de la relève syndicale sera également prioritaire pour les trois prochaines années. On n’a pas le choix : il faudra redoubler d’ardeur pour susciter la curiosité des jeunes envers le syndicalisme, et bien évidemment, pour mieux favoriser l’intégration des membres des communautés culturelles et des femmes aux exécutifs syndicaux.

Une meilleure participation des femmes passe par une reconnaissance concrète de leur réalité. La CSN a développé des outils pour que les syndicats, les conseils centraux et les fédérations puissent mieux encourager l’implication syndicale des femmes, entre autres par le biais de l’analyse différenciée selon les sexes. Une telle analyse appliquée projet par projet, mesure par mesure, est la meilleure façon d’y parvenir. On va mettre tous les efforts nécessaires afin que l’analyse différenciée selon les sexes devienne un réflexe pour nos syndicats sur le terrain. »

]]>
4750 fois merci ! https://www.csn.qc.ca/actualites/4750-fois-merci%e2%80%89/ Fri, 09 Jun 2017 13:04:57 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60846 Les participantes et le participant au Défi tête rasée du Camp Vol d’été Leucan–CSN ont amassé plus de 4750 $ qui contribueront à offrir gratuitement à des enfants atteints de cancer et à leur famille une semaine de purs loisirs et de bonheur dans un camp d’été adapté à leurs besoins.

Bravo à Shanti Larochelle, salariée à la FEESP–CSN, Laurent Martineau, salarié au SAMVR de l’Abitibi-Témiscamingue, et Anne-Marie Boisvert, militante au SEMB–SAQ.

]]>
L’union fait la force https://www.csn.qc.ca/actualites/lunion-fait-la-force/ Thu, 08 Jun 2017 22:36:30 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60830 L’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre l’Union européenne et le Canada et le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) actuellement en négociation avec les Américains créeront non pas une zone de libre-échange, comme certains le prétendent, mais bien un marché commun. Ils transformeront les services publics en marchandise et feront reculer les États en mettant en avant un marché qui devra s’autoréguler. Une nouvelle conception de la politique émerge. La pression pour harmoniser les normes de production, environnementales et en santé, deviendra insupportable pour les gouvernements qui ont déjà instauré des mesures de régulation. Pire, les États devront faire approuver toutes nouvelles normes nationales par un organisme international de coopération réglementaire.

Les citoyennes et citoyens organisent leur riposte et deviennent activistes. En Belgique, se multiplient Flash mob durant les réunions politiques et économiques et détournement du message des panneaux publicitaires. Une pétition recueille trois millions de signatures contre le TTIP. Soumis à la pression populaire, le Parlement wallon bloque l’AÉCG et demande à la Cour de justice européenne d’examiner les aspects juridiques de la nouvelle Cour d’arbitrage prévue au traité. Jérôme Vivenza, Membre de la Commission exécutive confédérale de la Confédération générale du travail (CGT) souligne respectueusement que c’est l’un des plus petits pays d’Europe qui est parvenu à bloquer cet accord.

En toute objectivité, la Confédération des syndicats chrétiens (CSC-ACV) et la Fédération générale du travail (FGTB), deux organisations syndicales belges, ne s’en attribuent pas le mérite. « La société civile s’est mobilisée. Les syndicats étaient présents, mais d’égal à égal avec les organismes populaires et non gouvernementaux. L’exposé de Christian Nadeau cadre assez bien avec le fil des événements en Belgique. C’est un véritable mouvement citoyen qui a forcé les politiciens à questionner les dispositions du traité », souligne pour sa part Silvana Bossio, secrétaire nationale de la CSC-ACV.

Les politiciens ont bien tenté de diviser les Belges notamment en plantant le clou de la vieille rancœur entre les Flamands et les Wallons. « Les impacts d’un tel traité sont trop importants. Nous avons travaillé ensemble et nous continuerons à mener cette bataille ensemble avec la société civile », précise Yolanda Lamas du Service des relations internationales et européennes de la FGTB.

La mobilisation se poursuit. « Notre force est la société civile. Aucun syndicat ne doit jouer le rôle de chef d’orchestre d’un tel mouvement de contestation, mais il doit cependant en faire partie », conclut Jérôme Vivenza.

Soulignons que la devise nationale de la Belgique est « L’union fait la force ».


Photo : Michel Giroux

]]>
Un vaste chantier s’amorce https://www.csn.qc.ca/actualites/un-vaste-chantier-samorce/ Thu, 08 Jun 2017 21:46:04 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60792 Une importante proposition portant sur la vie syndicale a été adoptée mercredi en fin de journée. Après de longs, mais constructifs débats, la proposition mise au jeu à la première journée du congrès a finalement fait consensus.

Que dit cette proposition ? Qu’au plus tard au 31 décembre prochain, une analyse des besoins des syndicats en matière de vie syndicale soit menée dans tous les conseils centraux, en collaboration avec les fédérations. Bien évidemment, les syndicats seront au cœur de cette consultation. Un rapport d’étape devra aussi être présenté, un plan d’action sera par la suite élaboré.

L’importance de la vie syndicale   

Tous conviendront que la vie syndicale est au cœur de l’action militante. Sans une vie syndicale active, c’est le rapport de force qui tombe à plat. Mais comment s’y prendre pour réussir sa vie syndicale ? Comment faire pour que nos assemblées générales soient davantage fréquentées, pour que nos membres soient entendus, pour partager les solidarités ?

Personne n’est mieux placé pour répondre à ces questions que les syndicats eux-mêmes. Que ce soit en partageant leurs bons coups, en échangeant sur les difficultés rencontrées, et en n’ayant pas peur de revoir les façons de faire traditionnelles, les syndicats auront l’occasion de dégager des pistes de solutions intéressantes qui profiteront à l’ensemble du mouvement.

Place aux échanges.

]]>
Debout malgré tout  https://www.csn.qc.ca/actualites/debout-malgre-tout/ Thu, 08 Jun 2017 20:23:23 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60832 « En Palestine, c’est pas comme ici. Notre réalité, nos défis sont d’un autre ordre », lance d’entrée de jeu Manawel Issa Abdelall, membre du comité exécutif de la Palestine General Federation of Trade Union.  

L’organisation syndicale compte environ 200 000 membres. De ce nombre, 30 000 travaillent en Israël et possèdent un permis de travail, 30 000 autres travaillent aussi en Israël, mais ne possèdent pas de permis. La Fédération compte aussi plusieurs dizaines de milliers de membres qui travaillent dans les territoires occupés alors que d’autres ne possèdent qu’un permis commercial et non de travail, mais se rendent tout de même en Israël pour y trouver un travail. Des réalités complexes, qui soulèvent de nombreux défis pour les représentants de la Fédération, qui reçoivent en cotisation la modique somme de 8 $ par année, par membre. « Mais bien souvent, nos membres sont tellement pauvres que nous n’exigeons pas les sous. Ils en ont trop besoin », explique M. Abdelall. 

Les besoins des syndiqués palestiniens

Malgré la présence de l’organisation syndicale, les Palestiniens ne connaissent que très peu leurs droits. C’est pourquoi la fédération travaille très fort pour créer des alliances avec les groupes militants bien structurés ailleurs dans le monde. « En Palestine, on a besoin du support de tous. L’apport des organisations syndicales, des ONG, est primordial pour nous aider à informer nos membres de leurs droits, à l’aide notamment de documents », note-t-il. 

En Palestine, il existe deux lois touchant au travail. Une loi israélienne et une loi palestinienne. « Selon la loi palestinienne, le salaire minimum est de 1400 $ par mois. Selon la législation israélienne, le salaire minimum est de 400$ par mois. Mais trop souvent, lorsque le conciliateur doit trancher, il impose la loi jordanienne, qui prévoit un salaire encore beaucoup plus bas », relate, impuissant, l’élu de la fédération. 

La réalité du travail en Israël

De nombreux membres de la Palestine General Federation of Trade Union se rendent travailler en Israël. Ceux qui possèdent un permis sont relativement mieux protégés que ceux qui n’en ont pas. « Si un travailleur se blesse, son employeur viendra le porter au point de contrôle à la frontière et téléphonera à sa famille afin qu’il vienne le chercher. Il ne recevra pas d’aide. Si un travailleur qui possède un permis de travail se blesse, il aura les soins nécessaires. Mais aucun d’entre eux n’ont droit au moindre avantage social. S’ils perdent leur emploi, ils n’auront rien ». Généralement, les travailleurs reviennent en Palestine après leur journée de travail. Mais il arrive parfois qu’un travailleur traverse, et qu’on n’en entende plus parler pendant un mois. « Le travailleur va coucher dans les montagnes ou des cavernes pour se cacher. »

Deux milliards dans les coffres israéliens

« Un de nos plus importants problèmes, c’est que toutes nos cotisations de sécurité sociale payées depuis les années 70 à ce jour sont retenues dans les coffres du gouvernement israélien », dénonce Manawel Issa Abdelall. Pourtant en 1994, dans le cadre de l’Entente de Paris convenue entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine, il avait été convenu que les sommes détenues par Israël seraient transférées au moment où la Palestine se doterait d’un programme de sécurité sociale. « Aujourd’hui, même si la structure est en place, Israël refuse de transférer notre argent. C’est un immense problème ! », note M. Abdelall.

Malgré tous les obstacles, Manawel Issa Abdelall et ses militants se tiennent debout. Et étonnamment, notre congrès les aide dans leurs luttes. « Participer à des congrès comme celui-ci, c’est tellement précieux, ça permet de tisser des liens avec des collègues du Canada bien sûr, mais aussi d’Afrique, d’Amérique latine, d’Europe, etc. Mine de rien, ça aide tous les travailleurs de la Palestine », conclut M. Abdelall, qui participe pour une deuxième fois au congrès de la CSN.

]]>
L’Espagne sous les assauts du néolibéralisme https://www.csn.qc.ca/actualites/lespagne-sous-les-assauts-du-neoliberalisme/ Thu, 08 Jun 2017 19:49:16 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60922 L’Espagne sous les assauts du néolibéralisme

La récession est terminée depuis trois ans en Espagne, mais la crise perdure. Les taux de salaire ont chuté de 15 % en cinq ans. Près d’un travailleur sur six survit avec un revenu sous le seuil de la pauvreté. Plus de quatre millions de salarié-es, dont une majorité de jeunes, occupent des emplois précaires. Les jeunes qui ont un emploi gagnent la moitié du salaire moyen des employé-es plus âgés. Le taux de chômage atteint 18 %. Seulement la moitié des chômeurs ont droit à des prestations : par conséquent, pas moins d’un million de ménages espagnols sont actuellement sans aucun revenu. Bref, le retour à la croissance économique profite surtout aux plus nantis qui accaparent une part croissante des richesses. Voilà le résultat des politiques d’austérité imposées aux Espagnols depuis plus de dix ans!

Tous les partis politiques qui se sont succédé au pouvoir ces dernières années ont appliqué le petit catéchisme néolibéral, rappelle le secrétaire général de l’Union syndicale ouvrière (USO), Julio Salazar Moreno. Depuis sa fondation sous la dictature franquiste, l’USO s’est toujours montrée farouchement indépendante des partis politiques. « En général, nous avons de meilleures relations avec les partis politiques quand ils sont dans l’opposition et de mauvaises relations quand ils sont au pouvoir! Je pense que la situation actuelle est pour le mieux actuellement, car le parti au pouvoir (de droite) est minoritaire et est obligé de forger des alliances. Récemment, cela a conduit à une hausse du salaire minimum de 8 % après qu’il eut été gelé pendant des années. »

Mobilisations sociales

L’USO se mobilise contre l’austérité aux côtés des deux autres grandes centrales syndicales du pays et de plus de 250 organisations de la société civile réunies au sein de la Cumbre social, une initiative de coordination populaire mise sur pied il y a dix ans. Trois grèves générales ont secoué l’Espagne ces dernières années. L’USO porte trois revendications principales :

  • Rehausser les salaires
  • Défendre des emplois de qualité
  • Mettre en place un plan de relance économique appuyé par des investissements privés et publics

Mondialisation syndicale

Pour l’USO, la solution de rechange à ce rouleau compresseur néolibéral passe par une concertation syndicale internationale, car aujourd’hui les grands conglomérats capitalistes transnationaux imposent à toutes et à tous une logique de concurrence effrénée qui exerce une pression extraordinaire sur les salaires et les conditions de travail des salarié-es et sur les politiques sociales des gouvernements. Le travail est de plus en plus internationalisé dans une vaste chaîne de production et d’approvisionnement sans frontières. « Ce qu’ils appellent la nouvelle économie ne peut pas, ne doit pas être une appropriation grandissante des richesses par la minorité. Il nous faut combattre cette logique dans tous les États et mener une offensive globale. »

 

]]>
Appuyer l’autonomisation des femmes au Mali et au Sénégal https://www.csn.qc.ca/actualites/appuyer-lautonomisation-des-femmes-au-mali-et-au-senegal/ Wed, 07 Jun 2017 23:59:13 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60812 Thérèse Diarra et Mame Saye Seck sont deux militantes syndicales africaines impliquées dans des projets d’économie sociale et solidaire. La première est une sage-femme malienne. La deuxième une enseignante sénégalaise. Toutes deux participent à des projets appuyés par la CSN. Leur objectif : aider les femmes de l’économie informelle à s’organiser et à s’autonomiser.

Permettre aux femmes du Mali de se prendre en charge

Thérèse Diarra est responsable du Département de l’économie informelle, de la protection sociale et des retraité-es à la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Elle a profité de sa présence à son premier congrès de la CSN pour témoigner de l’impact du projet d’économie sociale et solidaire sur les femmes.

Cette initiative créée par la CSTM a permis de former des femmes et des hommes qui travaillent dans plusieurs secteurs de l’économie informelle. C’est le cas pour les teinturières, pour celles et ceux qui travaillent dans le sable et le gravier et pour les vendeuses de poisson.

Le projet qu’elle a coordonné a été un véritable succès. En trois ans, il a permis à plus de 900 femmes de s’organiser. Dès la deuxième année, la demande des femmes était tellement forte qu’il n’a pas été possible de répondre à la demande de tout le monde.

Un bon exemple de ce succès est celui de la présidente du premier groupe formé par le projet du Mali. Depuis sa formation et son implication auprès des femmes de son groupe, elle visite maintenant plusieurs pays d’Afrique pour former d’autres groupes de femmes.

L’implication de ces femmes leur a permis de se prendre en charge et d’améliorer leur niveau de vie. En se regroupant, elles ont fondé une caisse d’entraide pour financer des améliorations de leurs activités. À terme, l’objectif serait de créer une coopérative qui regrouperait l’ensemble des secteurs touchés par le projet.

Thérèse Diarra lance ce message aux délégué-es du congrès de la CSN : la solidarité internationale permet d’aider ces femmes qui se battent dans l’ombre.

Contre l’injustice, les femmes sénégalaises s’organisent

Le projet mené au Sénégal a permis d’appuyer des travailleuses dans cinq secteurs de l’économie informelle. Mame Saye Seck a été au cœur du projet dès le départ à titre de chargée des projets de l’économie sociale et solidaire à l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS).

Photo : Raynald Leblanc

Pour s’assurer que le projet soit un succès, ils ont pris la décision de le concentrer à Dakar et ses banlieues. L’objectif était de trouver une alternative aux fonds de microfinance en permettant aux travailleuses de s’organiser entre elles et d’épargner pour financer leurs activités. Trop souvent les fonds de microfinance mettent une pression forte sur les travailleurs et travailleuses. C’est pourquoi il est important d’appuyer l’autonomisation économique de ces travailleuses.

Durant les trois années du projet, plusieurs femmes ont reçu des formations. Pour ces travailleuses, l’économie sociale et solidaire est un levier pour leur développement. Tout naturellement, ces femmes ont choisi le modèle coopératif pour développer leur projet.

Avec l’aide de la CSN, ces femmes ont obtenu les outils pour bâtir leurs activités sur des bases solidaires. Ces formations étaient d’ailleurs ajustées pour que ces travailleuses, dont plusieurs sont analphabètes, soient en mesure d’améliorer leurs conditions de vie. Et ces formations permettent même d’aider à les alphabétiser en rendant plus concret l’apprentissage de la langue.

Énergisée par les débats du congrès, Mame Saye Seck retournera au Sénégal pour poursuivre le travail avec les femmes de l’économie informelle. Le syndicalisme combatif reste la clé pour œuvrer ici comme ailleurs pour la justice sociale.

]]>
Les robots et nous https://www.csn.qc.ca/actualites/les-robots-et-nous/ Wed, 07 Jun 2017 23:56:53 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60819 Ce mercredi, des délégué-es ont participé à un dîner-causerie sur les impacts des robots en santé et sécurité du travail. Apparus pour la première fois en contexte industriel dans les années 60, les robots et les machines automatisées se sont multipliés de façon exponentielle. Depuis le début des années 2000, le phénomène est en explosion et ces technologies sont au cœur de la 4e révolution industrielle actuellement à l’œuvre dans les économies avancées.

Ingénieur à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail, Damien Burlet-Vienney se spécialise dans les liens entre la robotisation des milieux de travail et la santé-sécurité. En ouverture, il a d’abord dressé un portrait de la situation. Il y a actuellement plus de deux millions de robots industriels dans le monde, dont quelques milliers au Québec. Les progrès réalisés ces dernières années en intelligence artificielle, en miniaturisation, en informatique, en robotique, ont ouvert un éventail de possibilités presque infini. Bref, les robots sont là pour rester et ils seront de plus en plus nombreux. Et ils se raffinent!

Il y a à peine quelques décennies, les robots industriels étaient d’énormes machines automatisées travaillant dans des endroits isolés de tout contact direct avec les travailleuses et les travailleurs. Toutefois, l’avenir est dans les robots collaboratifs, les « cobots » et d’autres robots qui interagissent avec l’individu. Il s’agit de robots capables de « penser », ils sont programmables et puissants. L’étendue des tâches qu’ils peuvent faire « en équipe » avec un humain est pratiquement sans limites. Des petits transporteurs aidant à la manutention de colis aux véhicules automatisés aux bras robotisés et aux exosquelettes complets, la technologie évolue à un rythme effarant. Au Japon et en Allemagne, des robots d’assistance à la personne ont été testés avec succès pour le transport de patients dans les hôpitaux !

Bref, les interactions avec les robots seront de plus en plus présentes dans nos milieux de travail. Afin de prévenir tout risque pour la santé et la sécurité, diverses variables devront être prises en compte. Comment ce robot réagira-t-il devant un risque de collision avec un humain ? Peut-il être guidé manuellement ou facilement reprogrammé ? Est-il pleinement sécurisé sur le plan informatique ? Comment contrôle-t-il sa vitesse de déplacement ? L’IRSST finalise d’ailleurs actuellement une étude de quatre cas québécois qui sera bientôt en ligne sur son site Web.

Certes, des normes sont édictées afin de s’assurer de la sécurité. Le chercheur note toutefois que l’Europe est beaucoup plus avancée que l’Amérique du Nord en termes de normalisation et de règlementation.

Prévention des risques

Il y a quatre grandes catégories de risques qui doivent être pris en compte dans la prévention des accidents et des maladies dans ce nouveau rapport entre l’humain et la machine en milieu de travail.

Premièrement, il y a tout ce qui a trait aux risques de collision. La technologie évolue rapidement pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de collision ou qu’elles n’entraînent pas de blessures. Néanmoins, toutes les situations de contact ne sont pas équivalentes et le robot n’est pas toujours en mesure de faire la différence entre une tête ou une main.

Deuxièmement, il y a une panoplie de risques psychosociaux, un domaine que l’IRSST devra approfondir davantage de l’aveu du chercheur. Pensons à l’isolement, au rythme du travail et la transformation de l’organisation du travail induits par l’apparition de ces robots.

Troisièmement, il y a les troubles musculo-squelettiques. En théorie, les cobots devraient réduire ces risques en effectuant à la place du travailleur des tâches répétitives ou en lui prêtant assistance dans la réalisation de travaux très physiques. Néanmoins, il y a un risque que les outils ne soient pas utilisés correctement ou que la cadence de travail soit trop rapide. Bref, si on ne fait pas de prévention correctement, il pourrait en découler un simple déplacement de ces problèmes à une autre partie du corps !

Enfin, il y a tout le volet de l’entretien de ces équipements sophistiqués qui est capital. Il doit être adapté, régulier et assurer en tout temps le respect des normes de sécurité.

Bref, c’est tout un champ d’action syndicale qui s’ouvre avec cette nouvelle révolution technologique et pas seulement en santé et sécurité du travail. Pour Damien Burlet-Vienney, la robotisation peut contribuer positivement à la santé-sécurité, si elle est bien encadrée. Notons la possibilité d’éloigner les travailleuses et les travailleurs des zones de danger, de diminuer la nécessité de travailler dans des positions contraignantes et de multiplier les efforts physiques, la diminution des gestes répétitifs en plus de faciliter l’employabilité de personnes avec contraintes physiques ainsi que de favoriser et stimuler la créativité des travailleuses et des travailleurs.

]]>
Un rapport d’étape encourageant https://www.csn.qc.ca/actualites/rapport-sur-la-syndicalisation/ Wed, 07 Jun 2017 23:34:44 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60804 Au congrès de 2014, il a été décidé que nous devions nous attaquer à la syndicalisation dans le secteur privé d’ici 2020. Jean Lacharité a donc présenté un rapport d’étape de mi-mandat.

À la suite de cette décision, un module privé a été créé au sein de l’équipe de la syndicalisation qui a été pris en charge par cinq conseillères et conseillers syndicaux.

Un plan stratégique a été conçu avec des objectifs précis : favoriser de nouvelles approches, mettre l’accent sur le secteur privé, notamment l’industrie manufacturière et le commerce.

Il faut dire que nous avons vécu une décroissance marquée de la syndicalisation dans le secteur privé avec environ 156 000 emplois en moins depuis 2004. Il y a eu un déplacement des emplois traditionnellement syndiqués vers des secteurs non syndiqués.

État des travaux

La première phase des travaux touche aux juridictions de la FIM et de la FC, avec les secteurs du béton, des structures d’acier, des entrepôts, de l’agroalimentaire et de l’hôtellerie.

En créant le Syndicat des travailleuses et des travailleurs des industries manufacturières (STTIM), un syndicat national comptant des sections autonomes, la CSN explore une approche innovante. Celle-ci nous permettra de faire face aux pertes des dernières années, d’accroître la syndicalisation à la FIM et d’éliminer le refus d’organiser des petits groupes de travailleuses et de travailleurs. Pour les 25 membres et moins, nous devions procéder au cas par cas et souvent, nous refusions, mais bien à contrecœur.

Le fonctionnement est simple : le comité exécutif du STTIM est le comité exécutif de la FIM et la fédération se charge de gérer la trésorerie. L’autonomie de la section locale touche donc à tout ce qui entoure la négociation : le projet de convention collective, la négociation elle-même, l’acceptation de cette convention collective et la décision des moyens de pression.

Actuellement, nous comptons déjà une section locale et deux autres sections sont actuellement en exploration et en devenir. Notre approche est donc innovante et exportable à d’autres fédérations.

Un autre des objectifs visait à nous donner une visibilité sur le terrain, où nous nous sommes déployés. Nous avons donc loué des panneaux publicitaires, nous avons aussi acheté des publicités sur les cantines qui desservent les lieux que nous visons et nous avons également produit des napperons publicitaires que nous plaçons dans des restos à proximité de ces mêmes endroits.

Nous avons également développé le réseau des agents multiplicateurs en syndicalisation. Actuellement au nombre de 180, ces militantes et ces militants ont pour mandat de couvrir le terrain, de trouver des poteaux et d’explorer les cibles potentielles. Notre objectif est ambitieux mais réaliste : d’ici 2020, nous voulons recruter et former 1000 AMS.

Pour les travailleurs occupant des emplois atypiques, nous avons organisé des partenariats avec des groupes de défense des droits avec la perspective d’une syndicalisation éventuelle. Nous travaillons, entre autres, avec l’Association des travailleuses et des travailleurs d’agences de placement, l’Association des travailleuses et des travailleurs étrangers temporaires et l’Association des travailleurs immigrants. Plusieurs enjeux touchent à ces salarié-es précaires, dont l’employeur n’est jamais clairement identifié et qui sont trop souvent payés au salaire minimum. La santé et la sécurité du travail constituent un enjeu majeur.

Un autre projet pilote d’adhésion sur une base individuelle est actuellement en marche mais, pour le moment, le projet est encore trop embryonnaire pour en mesurer les résultats. L’idée générale consiste à entrer en contact avec des salarié-es nonsyndiqués afin de leur offrir des services d’information et de références diverses pour soutenir leurs droits au travail.

Lors du congrès de 2020, nous pourrons à nouveau nous pencher sur ces avenues prometteuses qui visent à renforcer le syndicalisme à la manière de la CSN.

]]>
Des pays et des luttes https://www.csn.qc.ca/actualites/des-pays-et-des-luttes/ Wed, 07 Jun 2017 23:17:59 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60798 Confrontés à des défis importants, des représentants syndicaux de France, de Belgique, d’Haïti et du Sénégal, ont mis en commun les éléments de leurs stratégies d’action pour se renouveler ou s’implanter, voire pour survivre.

Avec les coupes budgétaires répétées dans les services publics en Belgique, les gouvernements successifs ont contribué sans le vouloir à la création d’un mouvement citoyen sans précédent. Les militantes et militants d’organisations diverses ont travaillé à des objectifs communs, malgré des modes de fonctionnements aux antipodes. Il n’y a pas juste au Québec qu’on peut lutter ensemble. En France, on fait le constat qu’il faut connaître son monde pour orienter son action! Une vaste enquête a donc été lancée par la Confédération française démocratique du travail auprès de 200 000 travailleuses et travailleurs, syndiqués comme non syndiqués. La quantité impressionnante des données recueillies sera fort utile.

En Haïti, l’État et les patrons s’unissent pour réprimer tout mouvement de défense des droits au travail. Dans un contexte où les syndicats agissent sur une base bénévole puisqu’ils ne bénéficient d’aucune cotisation, la lutte est aride. Parfois, elle porte sur la survie même du mouvement. Le combat vise la corruption et l’exploitation et se fait surtout par de la mobilisation et de l’activisme politique.

Au Sénégal, l’économie informelle échappe à la régulation de l’État, alors qu’elle génère 85 % des emplois au pays. L’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal a investi ce secteur grâce à une approche participative impliquant le mentorat, l’alphabétisation, la formation, l’entreprenariat collectif, le développement de l’estime de soi, la production d’outils de gestion. Pour mesurer le succès de l’entreprise, rien de mieux que de citer les mots de l’une de ces militantes. « Quand je me retourne, je me demande comment nous avons pu, nous les exclues, faire tout ce chemin. Comment nous avons pu prendre la parole, acquérir une coopérative à nous, un terrain à nous. Aujourd’hui, j’arrive à signer des papiers, à utiliser mon téléphone et à lire. J’ai confiance en l’avenir. »


Dans la photo :

  • Silvana BOSSIO, Secrétaire nationale, Confédération des syndicats chrétiens – Belgique
  • Mariano FANDOS, Secrétaire confédéral, Confédération française démocratique du travail
  • Georges Wilbert FRANCK, Coordonnateur général, Union Nationale des Normaliens/nes et Educateurs/trices d’Haïti
  • Mame Saye SECK, Coordonnatrice de projets chargée de l’économie sociale et solidaire, Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal

Photographe: Raynald Leblanc

]]>
Noyés dans le trou noir  https://www.csn.qc.ca/actualites/noyes-dans-le-trou-noir/ Wed, 07 Jun 2017 23:05:06 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60796 L’ancien gouvernement fédéral de Stephen Harper a mis fin abruptement à un programme spécifique adapté aux travailleuses et travailleurs saisonniers du Québec, dont ceux de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent qui travaillent dans l’industrie de la crevette. Ce programme permettait de prolonger de cinq semaines leur période de prestations d’assurance-emploi, tout en leur évitant de se retrouver dans le fameux « trou noir », soit la période entre la fin des prestations et le retour au travail. Il faut agir maintenant pour restaurer ce programme.

 

 

 

]]>