Amérique latine – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca Le maillon fort du syndicalisme au Québec Tue, 22 Jun 2021 15:29:47 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2019/05/csn-logo-150x150.png Amérique latine – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca 32 32 Journée d’action pour les droits humains en Colombie https://www.csn.qc.ca/actualites/journee-daction-pour-les-droits-humains-en-colombie/ Tue, 22 Jun 2021 15:29:07 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=79887 Des organisations de la société civile canadienne dénoncent l’inaction du gouvernement du Canada face à la crise politique et aux graves violations des droits humains des manifestant.es qui participent de façon pacifique à la grève nationale en Colombie. En réponse, une Journée d’action pour le respect des droits humains en Colombie aura lieu le 22 juin à 11h00 sur la Colline du Parlement à Ottawa et partout au Canada devant les bureaux des députés.ées libéraux fédéraux. Nous tiendrons également un point de presse dès 11h devant le Parlement d’Ottawa. Cette journée d’action est en solidarité avec les manifestations actuellement en cours en Colombie et inclura des performances ainsi que la présence de députés.ées fédéraux.

L’appel à la Journée d’action pour le respect des droits humains en Colombie est réalisé par 23 organisations de la société civile basées au Canada œuvrant pour les droits humains et la justice sociale en Amérique latine, rassemblant des ONG internationales de développement et d’aide humanitaire, des organisations de défense des droits humains, des syndicats, organisations confessionnelles et œcuméniques, des groupes de solidarité ainsi que des collectifs de la diaspora colombienne au Canada. Notamment, les organizations : Alternatives; Americas Policy Group/Groupe d’orientation politique pour les Amériques (APG-GOPA); Action et solidarité pour la Colombie (Asocol); Carrefour d’animation et participation à un monde ouvert (CAPMO); Codevelopment Canada; Collectif Paix, Territoire et Vie; Comité Ciudadano Colombian@s en Ottawa-Gatineau; Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL); Comité de solidaridad Canadá por Colombia; Common Frontiers; CSN: Confédération des syndicats nationaux; Fonds humanitaire des Métallos/Steelworkers Humanity Fund; KAIROS: Canadian Ecumenical Justice Initiatives; MiningWatch Canada; Ola Pazifica, Vancouver; Projet d’accompagnement solidarité Colombie (PASC); Public Service Alliance of Canada(PSAC)/L’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC); The United Church of Canada; @reddediasporascolombia; +57 Conexión Colombia; 21 Somos Todos – Montreal; CISO – Centre international de solidarité ouvrière; Canadian Union of Public Employees/Syndicat canadien de la fonction publique.

La situation des droits humains en Colombie : les faits
Une grève nationale a éclaté en Colombie le 28 avril dernier à la suite d’une réforme fiscale et de la santé désormais annulée, ainsi que des réformes du système de retraite et de la réglementation du travail. Elle s’est rapidement transformée en une mobilisation populaire de grande ampleur visant à dénoncer les inégalités sociales et la répression policière au pays. Depuis le début des manifestations, au moins 50 protestataires ont été tués par la Police Nationale Colombienne, 5 500 personnes ont été arbitrairement détenues, ainsi d’au moins 500 personnes ont été reporté comme disparus, 180 manifestant.es ont été blessés par balle et près de 25 manifestantes ont subi des violences sexuelles aux mains de l’Escouade mobile anti-émeute (ESMAD).

Ces chiffres augmentent chaque jour.

La brutalité et la répression dont fait preuve l’État colombien envers ses populations locales a mené à une détérioration des droits humains à travers le pays. Le gouvernement d’Ivan Duque ne respecte pas l’Accord de paix signé en 2016 et ne semble pas avoir l’intention d’en appliquer les principes. Depuis sa signature, les groupes de défense des droits humains actifs sur le terrain ont signalé plus de 1 100 assassinats de leaders sociaux et seulement depuis le début de 2021, 28 massacres ont été documentés, et ce, en plus des bilans actuels dans le cadre de la grève nationale initiée le 28 avril.

Le Canada est complice
Le Canada a qualifié d’allié le gouvernement colombien. En plus d’avoir été un contributeur important à la signature de l’Accord de paix, le gouvernement canadien a annoncé l’octroi de près de 80 millions de dollars (canadiens) à l’État colombien pour en appuyer l’implémentation en Colombie.

L’année 2021 marque également le 10e anniversaire de l’Accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie. Cet accord fut vivement critiqué par la société civile canadienne et colombienne puisqu’il permet une augmentation du commerce et des investissements canadiens dans les secteurs de l’énergie et minier au risque d’exacerber une situation des droits humains déjà alarmante en Colombie. Par ailleurs, dans le cadre de cet Accord de libre-échange, des véhicules blindés (VBL) fabriqués au Canada ont été vendus par INKAS Armored Vehicles Manufacturing au gouvernement colombien. Notre coalition a des raisons de croire que ce sont ces mêmes armes qui sont utilisées actuellement pour réprimer les manifestations.

Il est également important de souligner que, suite aux demandes de la société civile, le Canada s’est engagé à produire un rapport sur la situation des droits humains en Colombie tous les ans dans le cadre dudit accord. Le dernier rapport, publié en 2020, faisait déjà état de préoccupations concernant la situation des droits humains en Colombie. En 2021, ce rapport du gouvernement canadien n’a pas été rendu public.

Le député du NPD, Alexandre Boulerice, le 9 juin 2021 a tenté de déposer une motion au Parlement Canadien pour que le Canada dénonce les violences en Colombie. Encore une fois, le gouvernement canadien a refusé d’agir : Les député.es libéraux, ainsi que les conservateurs ont bloqué l’adoption de la motion.

Ce que la coalition demande
Alors que la Colombie plonge dans une crise de plus en plus profonde, les paroles et les actions du Canada en matière de droits humains semblent plus contradictoires que jamais.

Nous demandons au Gouvernement du Canada :

  1. D’émettre une déclaration plus ferme que celle du 9 mai dernier afin d’exhorter le gouvernement colombien à respecter les droits humains fondamentaux des manifestants.
  2. D’adopter une approche cohérente et pangouvernementale pour faire face à la situation en Colombie. Une telle approche doit permettre de rassembler la politique étrangère du Canada, l’aide internationale, le commerce et l’investissement et les programmes d’immigration dans la défense des droits humains et d’examiner comment la propre politique étrangère canadienne, de défense, et les intérêts commerciaux et d’investissement du Canada nuisent aux efforts de paix en Colombie.
  3. D’user de son influence diplomatique pour faire progresser les droits humains et la consolidation de la paix en Colombie, notamment en s’assurant que l’Accord de paix signé en 2016 soit mise en œuvre.
  4. D’appliquer les principes de sa propre politique militaire sur la vente d’armes à l’étranger par des entreprises canadiennes et suspendre toutes les ventes d’armes à la Police nationale et à l’armée colombienne jusqu’à ce qu’elles soient réformées, entres autres l’abolition de l’Escouade mobile anti-émeute (ESMAD).
  5. De reconnaître la Colombie comme un pays non sécuritaire afin d’activer la réception de réfugiés et réfugiées qui fuient en ce moment la persécution officielle et para-officielle.
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Relever les salaires plutôt que lever des murs ! https://www.csn.qc.ca/actualites/relever-les-salaires-plutot-que-lever-des-murs%e2%80%89/ Tue, 18 Jul 2017 20:30:30 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61162 Vingt-trois ans après son entrée en vigueur, l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), est revenu à l’avant-plan des discussions dans le sillage de l’élection de Donald Trump.

Alors que le mandat de renégociation de l’ALÉNA se faisait attendre, des organisations de la société civile du Québec, du Canada, des États-Unis et du Mexique ont organisé les 26 et 27 mai dernier une rencontre à Mexico afin de développer une position unitaire. Plus de 60 organisations du sous-continent y étaient présentes, avec une représentativité très importante pour le mouvement syndical des trois pays.

L’intention réelle du gouvernement états-unien

En campagne électorale, Trump condamnait l’ALÉNA en raison des délocalisations et de pertes d’emploi massives qui ont déprimé l’économie de plusieurs villes du nord-est des États-Unis. De notre côté de la frontière, la perspective d’une montée des tarifs inquiète, à juste titre, l’ensemble des acteurs dans les nombreux secteurs qui exportent massivement aux États-Unis. Rappelons que 20 % du PIB du Québec dépend du commerce avec ce pays. Les menaces de hausser les taxes sur le bois d’œuvre ainsi que la mise en œuvre de la politique Buy American nourrissent la crainte d’un nouveau protectionnisme, sans doute asymétrique.

Toutefois, les nombreuses entreprises états-uniennes installées au Mexique profitent des conditions déplorables qu’on y trouve, et les chaînes de production en Amérique du Nord sont très intégrées. La majorité des acteurs qui suivent le dossier croient plutôt que le gouvernement états-unien cherchera à moderniser l’ALÉNA en partant des avancées réalisées dans le cadre du Partenariat transpacifique, avec une plus grande libéralisation dans la gestion de l’offre, dans les secteurs des télécommunications, de la culture, du commerce électronique, etc. Au moment de mettre sous presse, nous attendions pour le 17 juillet la divulgation des objectifs de négociation des États-Unis, puisque la loi l’exige du représentant au commerce.

Les peuples et la planète avant les profits

Un consensus fort a émergé de la rencontre des organisations sociales à Mexico. Il apparaît évident que l’ALÉNA n’a pas rempli ses promesses d’amélioration des conditions de vie et de travail, particulièrement au Mexique, où les droits syndicaux sont bafoués et où le salaire minimum est d’environ 5 $ US par jour. Non seulement cela ne permet pas aux travailleuses et travailleurs mexicains de subvenir à leurs besoins, mais cela met aussi une pression importante sur les salaires dans les autres pays. Pour les participants, ce qui pose problème ce ne sont pas les échanges commerciaux, mais les règles de l’ALÉNA qui donnent énormément de pouvoir aux entreprises multinationales sans offrir une protection adéquate des droits de la personne et du travail ainsi que de l’environnement.

La déclaration adoptée à la fin de l’événement appelle donc « à construire un nouveau modèle d’intégration, de coopération et d’échange entre les pays ». Elle demande également l’inclusion de « mesures, dans la législation et dans les pratiques, qui augmentent les salaires et l’accès à l’emploi décent dans les trois pays, et qui font la promotion de la démocratie syndicale, de la liberté d’association et de la négociation collective transnationale, dans les cas où un employeur opère dans deux ou plusieurs pays ». S’il est vraiment question de renégocier un accord plus juste pour les travailleurs comme le prétend Trump, ou encore « progressiste » comme le réclame le gouvernement canadien, l’application de telles mesures permettrait de réelles avancées plutôt que d’ériger un mur pour empêcher les femmes et les hommes qui veulent échapper à la misère de passer la frontière.

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La grande menace est à nos portes https://www.csn.qc.ca/actualites/la-grande-menace-est-a-nos-portes/ Tue, 18 Jul 2017 20:30:02 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=61204 Partout sur la planète, le populisme d’extrême droite fait des ravages. L’élection de Donald Trump en est un exemple frappant. La machine à broyer les libertés resserre son étau et le mouvement ouvrier est le premier à en subir les conséquences. Comment vaincre le populisme ? Pour répondre à cette question, le 65e Congrès de la CSN a organisé un séminaire international auquel ont participé des syndicalistes de cinq pays. Le spécialiste de la politique américaine, Donald Cuccioletta, s’est aussi adressé aux délégué-es.

«Il ne suffit pas de dire que Donald Trump est un “fou”, un “malade mental”, qui ne sait pas ce qu’il fait, car il sait très bien ce qu’il fait, mais ce n’est pas lui qui décide. Donald Trump n’est pas tombé du ciel, c’est l’aboutissement d’un travail entrepris par les républicains sous Ronald Reagan dans les années 80. Il est un pur produit de la classe capitaliste du 1 % les plus riches. » Donald Cuccioletta connaît bien la politique américaine, et la lecture qu’il fait des conséquences de l’élection de Donald Trump a de quoi glacer le sang. Les États-Unis sont en mode recul. Les dégâts s’accumulent et les républicains vivent une heure de gloire qui risque de s’éterniser. Majoritaires au Sénat et à la Chambre des représentants, ils sont en position de force dans 36 états sur 50 et sont en voie de transformer radicalement l’Amérique, nous dit le chercheur de la Chaire Raoul-Dandurand : « Ce que veulent les extrémistes de droite, les idéologues du parti républicain comme le vice-président Mike Pence ou Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants, c’est retourner 100 ans en arrière. “Make America Great Again”, ça veut dire revenir au capitalisme sauvage de la fin du 19e siècle. Ils veulent retrouver leur pouvoir hégémonique, sur le plan économique et militaire, et s’isoler de tous ceux qui ne veulent pas suivre leurs volontés. Ce que les extrémistes de droite ne comprennent pas, c’est que le monde a changé. Les pays ne peuvent vivre indépendants les uns des autres. »

À ceux qui croient que le départ de Donald Trump est la solution, le chercheur fait cette mise en garde : « Avec Donald Trump, on pense que le ciel nous est tombé sur la tête, mais dites-vous bien que le vice-président Mike Pence est pire. Et si ce n’est pas Mike Pence qui le remplace, ce sera Paul Ryan, qui lui, est pire que les deux autres. »

Partenariats économiques et syndicaux en péril

Selon Donald Cuccioletta, nous risquons de vivre une période de chaos prolongée qui touchera aussi le Canada, principal partenaire économique des États-Unis. Donald Trump menace de déchirer l’ALÉNA, et ses attaques contre le bois d’œuvre, ses menaces contre Bombardier ou le secteur de l’aluminium, mettent en péril nos emplois. Le chercheur lance donc un appel à la résistance. L’opposition devra se construire avec le Mexique, le Canada et le Québec. Mais, ce ne sera pas facile, fait-il remarquer : « Il y aura beaucoup de travail à faire du côté américain. Jusqu’où les syndicats américains sont-ils prêts à se battre ? Plusieurs d’entre eux sont convaincus que les emplois perdus en raison de l’ALÉNA sont allés au Canada. »

S’il faut en croire Kari Thompson, de la United Electrical Radio and Machine Workers of America, le mouvement syndical américain est mal préparé à faire face aux attaques des populistes d’extrême droite au pouvoir à Washington. « On se demande ce qu’il adviendra du mouvement syndical aux États-Unis. La participation syndicale est en déclin, à cause de la désindustrialisation qui a mené à un manque d’emplois traditionnels. On observe aussi la montée du travail précaire et des attaques soutenues contre le mouvement syndical. Les gens moins éduqués ont été gagnés par les mensonges de Trump, qui promettait un retour à une économie manufacturière des années 60. L’ironie, c’est que si ces emplois étaient si bons à l’époque, c’est parce que ces secteurs étaient syndiqués. » Un espoir toutefois, selon Kari Thompson, dans ce pays dominé par l’extrême droite populiste, des organisations de gauche connaissent un véritable regain de popularité depuis l’élection de Donald Trump. « Nous projetons de faire des coalitions pour renforcer notre capacité à mettre de l’avant une série de politiques de gauche pour notre pays. »

Déroute de la gauche

En Europe, le populisme d’extrême droite est devenu un vrai fléau, observe Adolfo Munoz, de Euskal Sindikatua du Pays basque : « Les politiques d’ajustement et les réformes structurelles ont eu un effet dévastateur en faisant exploser les inégalités sociales et le chômage. La crise de la social-démocratie et les échecs des partis de gauche ont divisé les groupes sociaux et progressistes ainsi que le mouvement syndical. La corruption de la classe politique est devenue endémique et le terrorisme, qui frappe le cœur même des pays industrialisés, a propulsé les électeurs vers les partis d’extrême droite qui proposent des solutions radicales. » Il constate que la migration massive de réfugié-es provoque une hausse de la xénophobie dans plusieurs pays. « Les gens affichent ouvertement et avec fierté leur haine contre l’étranger. La solution de la droite, c’est l’expulsion et la fermeture des frontières et la discrimination. »

Au Pays basque, Adolfo Munoz, de Euskal Sindikatua, déplore lui aussi les attaques coordonnées contre le syndicalisme et les mouvements progressistes. « Le but des attaques contre les lois du travail, c’est d’éliminer le mouvement syndical. Nous devons renforcer le syndicalisme. »

Pour Julio Dorval de Fuentes, de la centrale syndicale argentine, Central de Trabajadores de la Argentina Autónoma, « il ne suffit pas de dire que l’extrême droite est mauvaise, il faut réaliser que le bon capitalisme n’existe pas. Il faut cesser de croire que le capitalisme produit du bien-être, de la richesse et du bonheur. On ne peut laisser perdurer le capitalisme sauvage. Nous avons un débat à mener. Les syndicats doivent se donner un rôle ».

En France, pour lutter contre le discours populiste de l’extrême droite, qui séduit une grande partie de la classe populaire touchée par le chômage, la pauvreté et la précarité, la CGT, la Confédération générale du travail, organise depuis des années des campagnes d’information et des journées d’étude sur l’extrême droite. La CGT a fait de la lutte à la xénophobie une priorité, nous dit Jérôme Vivenza. « Les idées d’extrême droite entrent dans le discours de nos membres et ça nous inquiète. Nous devons redonner le pouvoir aux salarié-es pour qu’ils n’accordent plus leur confiance à l’individu le plus charismatique ou à l’organisation la plus populiste. »

Au Brésil, tous les progrès sociaux réalisés sous la présidence de Lula Da Silva et de sa successeure, Dilma Rousseff, sont en voie d’être effacés depuis l’élection de 2014, qui s’est soldée par un coup d’État légalisé par les tribunaux et les députés, selon Carmen Ferreira Ford, de la Central Unica dos Trabalhadores. Elle rappelle que « sous la gouverne de Lula et de Dilma, 40 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté. Ils ont créé des programmes sociaux qui ont transformé les secteurs de la santé, de l’éducation et de la famille. Ils ont introduit un salaire minimum, investi dans les universités et le logement social et ils ont créé 20 millions de nouveaux emplois ».

Aujourd’hui, elle constate que l’extrême droite a repris les pouvoirs avec l’appui du capital et des médias. « Nous vivons une montée en force de la haine, du racisme, de la misogynie et des exclusions de toutes sortes. »

Carmen Ferreira Ford plaide pour la reconstruction de la démocratie : « Nous voulons des élections directes où tout le monde pourra voter. Il y a maintenant une alliance très forte entre les mouvements sociaux et syndicaux. Nous avons vécu en avril dernier la plus grande grève générale de l’histoire du Brésil. Pour l’instant, il n’y a pas encore d’unité entre les centrales pour mettre fin au gouvernement actuel, mais on ne perd pas espoir. »

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Pour un syndicalisme international https://www.csn.qc.ca/actualites/pour-un-syndicalisme-international/ Wed, 07 Jun 2017 03:48:57 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60721 Pays basque
Effervescence syndicale

Les huit dernières années ont été mouvementées au Pays basque, frappé de plein fouet, comme toute l’Europe, par la crise économique. La centrale syndicale ELA (Solidarité travailleurs basques), revendiquant quelque 100 000 membres au Pays basque espagnol a été très active pour dénoncer le train de politiques antisociales et anti-ouvrières imposées par les gouvernements dans la foulée de la crise.

Le démantèlement des acquis sociaux a entraîné une forte hausse des inégalités au Pays basque, une tendance qui va en s’accélérant alors que l’économie renoue avec la croissance et crée de nouveaux emplois, pour la plupart précaires. En coalition avec d’autres syndicats et des organisations sociales, l’ELA a organisé pas moins de cinq grèves générales au cours des dernières années afin de dénoncer ces politiques d’austérité ainsi qu’une sixième pour promouvoir, cette fois, une charte des droits sociaux.

L’effritement du filet social a aussi provoqué une recrudescence des grèves et des luttes ouvrières. « Plusieurs grèves ont lieu en ce moment même, explique le secrétaire général d’ELA, Adolfo Munoz. Par exemple, le personnel des centres d’hébergement et de soins aux personnes âgées est en grève depuis plus de 200 jours. »

Pour les gouvernements de droite tant au niveau national que régional, l’ELA dérange. La centrale porte des revendications sociales en matière de partage de la richesse, de santé, d’éducation et de fiscalité. Pour le patronat et pour la plupart des politiciens, son rôle devrait se limiter aux relations de travail, point final. Il faut savoir qu’en Espagne, les organisations syndicales reçoivent des sommes de l’État pour participer à diverses structures de concertation. L’ELA ne partage pas cette orientation et se targue d’être complètement indépendante tant aux plans politique que financier.

La semaine prochaine, l’ELA tiendra d’ailleurs son propre congrès. La question de l’action sociale dans les syndicats sera au programme, de même qu’un vaste chantier sur l’équité entre les genres, en partant de l’ELA elle-même. Après avoir mené un diagnostic complet de la situation, l’ELA s’apprête à revoir l’ensemble de ses pratiques comme organisation, bref sa propre culture syndicale, afin de favoriser l’équité entre les genres. Des horaires des instances aux pratiques quotidiennes, tout sera évalué dans l’atteinte de cet objectif. Pour Adolfo Munoz, c’est un des moyens qui permettront à l’ELA de passer à travers une conjoncture économique difficile et de renouer avec les conquêtes sociales.

France
Des rendez-vous importants

Pour Force ouvrière, la réforme annoncée du Code du travail et la révision des traités européens mobiliseront beaucoup d’énergie au cours des prochains mois.

Le nouveau président français, Emmanuel Macron, souhaite, en fait, aller plus loin dans les réformes engagées par son prédécesseur, François Hollande, qui avaient suscité un vaste mouvement d’opposition des syndicats.

Un des points les plus sensibles sera la décentralisation des négociations pour qu’elles se déroulent entreprise par entreprise. Actuellement, les grands paramètres sont négociés nationalement. Les salarié-es des petites et moyennes entreprises sont donc particulièrement à risque de voir leurs conditions de travail se dégrader.

« Si nous ne sommes pas entendus, il est clair que nous reprendrons le chemin de la mobilisation ! » explique la secrétaire confédérale de FO, Andrée Thomas.

À la suite de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, il faudra réviser les traités de l’union. Pour les syndicats européens, ce sera l’occasion de défendre une Europe sociale, par exemple en instaurant un seuil de salaire minimum équivalent dans tous les pays d’Europe.

Brésil
Course contre la montre

La Centrale unique des travailleurs du Brésil (CUT) est engagée dans une lutte sans merci avec le gouvernement issu du coup d’État constitutionnel d’août 2016. Le décompte est commencé pour une deuxième journée de grève générale prévue le 30 juin.

Selon Carmen Helena Ferreira Foro, vice-présidente nationale de la CUT issue du secteur de l’agriculture familiale, le peuple brésilien a choisi d’appuyer dans quatre élections successives le programme de réforme sociale du Parti des travailleurs et de rejeter le programme néolibéral. Elle nous raconte qu’alors que les élections de 2014 ont été extrêmement serrées, les opposantes et opposants au PT ont profité d’une procédure de destitution pour imposer un programme néolibéral qui n’a jamais obtenu de majorité électorale.

Actuellement, la CUT se mobilise pour que les travailleuses et les travailleurs ne subissent pas de reculs de leurs droits et ne perdent pas d’acquis. L’État attaque les classes populaires sur plusieurs fronts, entre autres avec des projets de contre-réformes du droit du travail et de la sécurité sociale. De plus, la politique fiscale du gouvernement s’avère désastreuse : afin de consacrer 45 % du budget au remboursement de la dette interne, le gouvernement propose de geler pendant 20 ans les investissements publics et de permettre à des multinationales d’exploiter les ressources naturelles du pays comme l’eau ou le pétrole. Résultat : « il ne reste presque plus rien pour maintenir les dépenses en santé et en éducation », dénonce Mme Foro.

Face à cette situation, la CUT a deux grands axes d’intervention, explique la syndicaliste : la lutte contre les contre-réformes et la revendication d’élections générales directes. En effet, comme une procédure de destitution est en cours contre l’actuel président et son vice-président, le risque est grand que le prochain gouvernement soit une fois de plus choisi parmi les élus du Sénat et qu’il n’y ait pas d’élections directes à court terme.

Or la majorité de la population s’oppose aux projets de l’actuel gouvernement et la centrale syndicale est confiante que le projet néolibéral ne sortirait pas victorieux des urnes. La mobilisation sociale prend donc de plus en plus d’ampleur. Après des manifestations monstres des syndicats et des mouvements sociaux durant la première année suivant le coup d’état constitutionnel, la CUT s’est tournée vers une lutte acharnée contre les projets précis du gouvernement.

Depuis la fin 2016, l’affrontement est de plus en plus frontal sur la question des dépenses publiques et la répression policière féroce. Une grève générale très suivie a paralysé le pays au printemps. Une opération « Occupons Brasilia » fut suivie par 200 000 personnes et a tourné en affrontement de trois heures avec la police. Une deuxième grève générale est programmée pour le 30 juin.

Pour la CUT, l’enjeu est de savoir qui, du peuple ou du gouvernement, tiendra la minute de plus permettant de mettre en échec les projets néolibéraux et de rétablir la démocratie.

La CUT en bref

  • La plus grande centrale syndicale d’Amérique latine
  • Plus de 13 000 syndicats
  • 18 secteurs professionnels
  • 20 millions d’affilié-es
  • 8 millions de cotisantes et cotisants*
  • 33 % des syndiqué-es du Brésil

*Les affilié-es ont le choix de cotiser ou pas à la confédération

Argentine
Thérapie de choc néolibérale et résistances populaires

L’Argentine vit actuellement une période difficile. Selon Julio Durval Fuentes, de la Central de los trabajadores argentinos autònoma (CTA-A), le néolibéralisme frappe le pays de plein fouet après une accalmie de plusieurs années de gouvernement progressiste. « On revient au point où nous en étions avant la crise de 2001, qui a vu cinq présidents se succéder en huit jours sur fond de soulèvement social, les mêmes recettes sont appliquées avec les mêmes résultats désastreux », explique le syndicaliste invité international au congrès de la CSN.

Dès son arrivée au pouvoir à la fin 2015, le gouvernement de Mauricio Macri a montré ses couleurs en intégrant plusieurs gestionnaires issus de l’entreprise privée (par exemple le ministre de l’Énergie est un ancien dirigeant de Shell). « Ce gouvernement est un représentant des groupes économiques présents dans le pays », dénonce le délégué de la CTA-A. Les premières mesures du gouvernement ont frappé extrêmement dur : ouverture des marchés à l’importation, dévaluation de la monnaie, politique inflationniste, licenciements massifs dans la fonction publique. En un an et demi, le pays a perdu 600 000 emplois.

« La réponse ne s’est pas fait attendre du côté des travailleuses et des travailleurs », raconte M. Fuentes. « En ce moment, l’Argentine vit une période de mobilisation permanente où se succèdent grèves générales, grèves sectorielles et mobilisation de rue des syndicalistes et du peuple en lutte contre les politiques d’appauvrissement et pour défendre ses droits. » Selon lui, on revient au niveau de mobilisation et de chaos social du début des années 2000.

Développer des alliances

« Pour sortir de cette situation de gouvernement néolibéral, il faut examiner les causes qui nous ont amenés là », pense le camarade Fuentes. « Un des enseignements de la période de gouvernement progressiste en Argentine et sur le reste du continent, c’est qu’il n’y a pas de capitalisme à visage humain, le capitalisme doit être confronté, régulé et encadré parce que si on laisse les choses aller, le système devient rapidement une menace pour l’environnement et la société. »

La CTA-A souhaite construire les alliances les plus larges possible avec les mouvements sociaux, féministes, écologistes. « La classe ouvrière ne s’exprime pas que dans les syndicats, elle est également présente dans ses combats », estime le syndicaliste. Le défi des alliances est de créer un lien fort et permanent entre mouvements, sans hégémonie syndicale, afin de rassembler une force et une masse critique. « C’est dans cette unité populaire que l’on peut développer des alternatives politiques qui vont mettre la table pour un changement en profondeur de la société. »

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Une arme de destruction massive des solidarités https://www.csn.qc.ca/actualites/une-arme-de-destruction-massive-des-solidarites/ Tue, 06 Jun 2017 01:46:09 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60643 Lors du séminaire portant sur le populisme de droite, des syndicalistes de divers pays nous ont partagé un état de situation et une analyse en lien avec un gouver­nement populiste avec lequel ils doivent désormais composer.

Kari Thompson de la United Electrical, Radio and Machine Workers of America (UE) nous a proposé une analyse de l’élection de Donald Trump découlant du bipartisme étatsunien, aussi néfaste qu’au Québec pour l’émergence de tiers partis. En termes socioéconomiques, elle a détaillé le profil des électeurs qui ont choisi Trump en expliquant l’abandon de ces électeurs par les élites politiques démocrates.

Julio Durval Fuentes de la Central de los trabajadores argentinos autónoma a abordé la question sous l’angle du gouvernement Mauricio Macri élu il y a deux ans, un groupe d’entrepreneurs qui poursuit l’agenda néolibéral. Pour lui, le bon capitalisme et le capitalisme à visage humain n’existent pas. En ce sens, il remet également en question la conciliation syndicale et nous invite à une autocritique.

Adolfo Munoz de Euskal Sindikatua (ELA) a résumé le problème auquel la gauche fait face en cinq points : l’hégémonie des politiques économiques néolibérales, la question des migrants et des politiques xénophobes, l’avancée de la droite réactionnaire, la crise politique de la gauche, incluant les mouvements sociaux et syndicaux et la corruption systémique imposée par le modèle économique. Il prône donc un syndicalisme de classe pour contrer la destruction systématique de tout ce qui rassemble les gens autour d’intérêts communs puisque la tentative de détruire le mouvement syndical va exactement en ce sens.

Jérôme Vivenza de la Confédération générale du travail (CGT) a abordé la question du populisme via la perte de l’exercice de la citoyenneté, et ce, autant au travail que dans la cité. En ce sens, il propose de tisser des liens entre les travailleurs et les travailleuses avec les plus précaires et les sans-papiers.

Carmen Ferreira Foro de la Central Única dos Trabalhadores (CUT) du Brésil a commencé par saluer les 20 ans de partenariat entre sa centrale et la CSN. Elle a décrit l’instabilité qui règne depuis le renversement du gouvernement de Dilma Rousseff (PT) qui avait succédé à Lula et la crédibilité de la classe politique qui est à son plus bas. Ce coup d’État opéré par les tribunaux a forcé le retour de l’ordre du jour néolibéral de la droite accompagné d’une misogynie, d’un racisme et d’une homophobie qui divise la gauche, tout en galvanisant les forces de droite.

Toutes et tous étaient en accord sur un point : il y a une guerre qui se mène contre la gauche et la seule solution consiste à regrouper toutes les forces progressistes au niveau mondial.

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La force de la solidarité internationale https://www.csn.qc.ca/actualites/la-force-de-la-solidarite-internationale/ Tue, 06 Jun 2017 01:45:35 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=60652 Pour Dalila Aleman Garcia, de la Centrale sandiniste des travailleurs du Nicaragua (CST), la solidarité internationale et les alliances qui en découlent permettent de mettre sur pied d’importants projets de syndicalisation qui ne pourraient voir le jour autrement.

Dans ce pays d’Amérique centrale, qui compte environ 600 000 syndiqué-es, soit près de 30 % de la population active, les centrales syndicales cherchent toujours de nouvelles façons d’assurer le respect des droits des travailleuses et travailleurs de tous les secteurs.

C’est ainsi qu’est né, en 2014, un projet coordonné par la CSN et par des organisations syndicales et environnementales d’Amérique et d’Europe, visant à prêter main-forte aux travailleuses et travailleurs des mines artisanales du Nicaragua, du Guatemala, du Honduras et du Salvador. « Seulement au Nicaragua, le projet a des répercussions sur 30 000 travailleurs miniers qui voient maintenant la possibilité de recevoir de la formation sur la négociation collective et sur les droits du travail », affirme Mme Garcia. Le projet permet aussi la distribution d’équipements de protection pour ces hommes et ces femmes qui oeuvrent dans un environnement des plus dangereux et qui n’ont souvent aucune sécurité sociale.

Cette initiative, menée sur le terrain par la CST, a amené les dix coopératives de travail des mines artisanales du Nicaragua à unir leurs forces et à militer ensemble pour améliorer les conditions de vie des travailleuses et travailleurs de ce secteur.


Photo : Michel Giroux

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Une forme d’exploitation « Made in Québec » https://www.csn.qc.ca/actualites/une-forme-dexploitation-made-in-quebec/ Mon, 24 Apr 2017 20:00:58 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=59754 Comme chaque année, ce sont plusieurs milliers de travailleurs migrants saisonniers qui arrivent avec le printemps dans les zones rurales du Québec.

Venant principalement du Mexique et du Guatemala, ces travailleuses et travailleurs viennent combler la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur agricole. Du moins, ce sont là les prétentions des gouvernements du Canada et du Québec. La réalité, quant à elle, indique plutôt que ce sont les conditions de travail difficiles qui font que les Québécoises et Québécois ne répondent pas à l’appel des employeurs agricoles.

Au cours des dix dernières années, le nombre d’étrangers qui ont obtenu des permis de travail temporaire, soit par le volet agricole du Programme des travailleurs étrangers temporaires peu spécialisés (PTÉT-PS) ou le Programme des travailleurs agricoles saisonniers (PTAS), a presque doublé. Les chiffres de 2016 font état de près de 10 000 travailleurs du Mexique et du Guatemala embauchés par les producteurs agricoles québécois. Avec la croissance importante de cette main-d’œuvre, on aurait pu s’attendre à ce que des mesures soient mises en place pour améliorer la qualité de vie de ces ouvriers, ce qui n’est pas le cas.

Du rêve à la dure réalité

Journées de travail de 12 heures et plus, salai­res dérisoires, exposition à des produits toxiques, logements exigus et parfois insalubres : le quotidien des travailleurs migrants dans le domaine de l’agriculture est souvent bien loin de ce que les agences de placement leur promettent lorsqu’elles les recrutent dans leur pays d’origine.

Selon Noé Arteaga, intervenant au Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), la situation est très préoccupante. « Malheureusement, on ne constate pas d’amélioration des conditions de travail. Ce qu’on voit, c’est surtout une plus grande médiatisation des enjeux qui touchent les travailleurs agricoles saisonniers. Nous avons quand même espoir que cette publicisation amène plus de gens à se préoccuper du sort de ces travailleurs et que cela entraîne de réelles avancées sur le terrain. »

Et la syndicalisation ?

Contrairement à plusieurs autres provinces, le Québec ne dispose pas d’une législation qui encadre la protection des droits des travailleurs migrants. De plus, pour les ouvriers agricoles saisonniers du Québec, la lutte pour le droit à la syndicalisation ressemble à un véritable chemin de croix.

En 2010, après 10 ans de lutte, l’ancienne Commission des relations du travail (CRT), aujourd’hui le Tribunal administratif du travail (TAT), ouvrait enfin la porte à la syndicalisation des milliers de travailleurs étrangers embauchés par des producteurs agricoles québécois. La CRT accordait alors le droit de se syndiquer à six travailleurs mexicains employés par la ferme L’Écuyer & Locas de Mirabel, dans les Laurentides. La décision déclarait inconstitutionnel un article du Code du travail qui empêchait l’accréditation des travailleurs d’une ferme lorsque celle-ci n’employait pas ordinairement et continuellement au moins trois personnes. La CRT concluait que l’article en question était contraire aux articles des chartes canadienne et québécoise des droits et libertés garantissant la liberté d’association.

Un jugement rendu par la Cour supérieure en mars 2013 venait confirmer cette décision, permettant ainsi la syndicalisation de tous les travailleurs agricoles, peu importe la taille de l’entreprise qui les embauche et le caractère temporaire ou permanent de leur travail.

Malheureusement, les réjouissances furent de courte durée puisqu’en juin 2014, Sam Hamad, alors ministre du Travail, présentait le projet de loi 8, qui venait limiter à nouveau le droit des travailleurs saisonniers agricoles de se syndiquer. Cette loi, adoptée en octobre de la même année, ramène la notion d’un minimum de trois salarié-es permanents pour permettre la syndicalisation des employé-es d’une entreprise. Pour les travailleurs dont la situation d’emploi ne répond pas à cette exigence, la loi 8 propose la possibilité de former des « associations ». Cesdites associations n’ont évidemment pas le droit de grève et ne sont pas reconnues par le Code du travail, ce qui les prive d’un quelconque rapport de force.

Tracer la voie vers l’autonomisation

Pendant que les cours de justice et les politiciens se renvoient la balle, les ouvriers agricoles voient leurs droits bafoués, année après année. « Pour les travailleurs migrants temporaires, un des plus grands défis, c’est l’accès à l’information. Comment peuvent-ils jouir de leurs droits sans l’information adéquate et sans les ressources pour les défendre », se questionne M. Arteaga.

Dès leur arrivée, ces travailleurs qui ne parlent qu’espagnol sont amenés en région et se retrouvent isolés, avec comme seuls interlocuteurs l’employeur et un représentant de l’organisation FERME (Fondation des Entreprises en Recrutement de Main-d’œuvre agricole Étrangère). Cette organisation toute-puissante, qui est essentiellement une agence de placement représentant plus de 350 producteurs agricoles, fournit très peu, ou pas du tout, de documentation aux nouveaux arrivants. Selon M. Arteaga, FERME fait définitivement partie du problème. « Cette organisation ferme les yeux sur la discrimination systémique subie par les travailleurs. Sa mission est claire : défendre les intérêts des producteurs. Au CTI, nous croyons qu’une formation donnée aux ouvriers étrangers dès leur arrivée, par des organisations de défense des droits, pourrait améliorer grandement le sort de cette main-d’œuvre agricole. Une chose est sûre, pour qu’un vrai changement s’opère, ça prendra une mobilisation large pour soutenir ces travailleurs vulnérables. » La CSN, qui soutient le CTI depuis plusieurs années en donnant un appui pour le développement de projets axés sur l’action collective, sera de cette mobilisation.


L'histoire de Noé
Photo : Michel Giroux

Noé Arteaga arrive au Québec en avril 2008 en tant que travailleur étranger temporaire. Recruté dans son pays natal, le Guatemala, par une agence canadienne de placement d’ouvriers agricoles, il devient employé du producteur de tomates Savoura et commence à travailler dans les serres de l’entreprise à Saint-Étienne-des-Grès, tout près de Shawinigan.

Au mois de juillet, un de ses collègues chargé de l’épandage de pesticides, tombe gravement malade. À la suite du refus de l’employeur d’amener le travailleur à l’hôpital, M. Arteaga organise un arrêt de travail auquel participe la majorité des employés des serres. Il interpelle aussi son superviseur au sujet des horaires qui forcent les ouvriers à travailler jusqu’au milieu de la nuit, en pleine noirceur, puisque l’entreprise a choisi de ne pas éclairer les serres pour sauver des coûts d’électricité.

Quelques jours plus tard, au début du mois d’août, M. Arteaga reçoit un avis de congédiement. Un représentant du Consulat du Guatemala l’appelle et lui dit de faire sa valise, sans lui donner aucune autre information sur les raisons de son départ imminent. Le lendemain, il est amené à l’aéroport et mis sur le premier avion pour le Guatemala.

En 2009, Noé Arteaga revient au Québec et entame une poursuite contre Savoura pour congédiement illégal. Le 11 décembre 2014, après cinq ans de procédures judiciaires, Me Francine Lamy, du Tribunal d’arbitrage de la CRT, statue que le congédiement de M. Arteaga était injustifié. Dans sa décision, Me Lamy affirme « que le plaignant a été victime de discrimination interdite dans ses conditions de travail et dans le contexte de son renvoi, car fondée sur son origine ethnique et nationale et sa langue, en contravention avec la Charte des droits et libertés de la personne ».

Pour M. Arteaga, c’est une victoire importante, même s’il n’a touché aucune compensation financière en raison de la faillite de Savoura, en mars 2015. Mais, ajoute-t-il, ce n’est que le début de la lutte : « Pour un cas comme le mien, avec un dénouement heureux, il y a des centaines de vies brisées. Des migrants pour lesquels leur séjour au Canada est un réel cauchemar qui se vit en silence. Nous devons mettre fin à cette forme sournoise d’exploitation et nous assurer que les droits de ces travailleurs sont respectés, sans discrimination. »

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Les projets soutenus en 2016 https://www.csn.qc.ca/actualites/les-projets-soutenus-par-lastm-en-2016/ Thu, 23 Mar 2017 16:55:45 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=59120 Honduras et Nicaragua

Renforcement institutionnel, promotion, formation et organisation des travailleuses et travailleurs dans les mines artisanales (2015- 2016)

La CSN, ELA (Pays basque), la CUT du Brésil et la CUTH se sont associées à un projet existant concernant le secteur extractif en Amérique centrale, plus particulièrement au Guatemala, au Nicaragua et au Salvador. Cette contribution a permis l’intégration du Honduras au projet et la prise en compte de la réalité des travailleurs artisanaux (économie informelle) au Nicaragua et au Honduras en collaboration avec la CST et la CUTH.

Le projet vise à renforcer le respect des droits de la personne et des libertés fondamentales dans les communautés affectées par les industries extractives transnationales dans les pays visés. Dans plusieurs pays d’Amérique centrale, les activités extractives des entreprises transnationales menacent les écosystèmes et portent atteinte aux droits environnementaux et sociaux des populations.

Le projet vise aussi à soutenir l’organisation des travailleuses et travailleurs informels du secteur minier artisanal au Honduras et au Nicaragua, dont les conditions de vie demeurent précaires : accès très limité aux services de base et à la sécurité sociale, enjeux majeurs de santé et sécurité au travail, conflits sociaux, dégradation de l’environnement (terrestre et marin) et de la santé publique.

Alternatives assure la gestion administrative du projet. La CSN, ELA et la CUT du Brésil, participent à la coordination et au contenu avec la CST et la CUTH. Le projet est financé par le programme québécois de développement international du ministère des Relations internationales (MRI) et se terminera en décembre 2016.


Haïti

« Syndicalisation et travail décent : projet conjoint afin de poursuivre l’appui au mouvement syndical haïtien » (phase 3 : juillet 2015 à décembre 2016)

Ce projet de solidarité avec Haïti coordonné par la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Confédération syndicale des travailleurs et travailleuses des Amériques (CSA) a débuté après le tremblement de terre de 2010. Cette même année, la CSI a organisé le « Sommet syndical pour la reconstruction et le développement de Haïti » au cours duquel elle a défini, avec la CSA, une feuille de route pour la reconstruction et le développement syndical en Haïti.

L’objectif général est de renforcer la capacité des organisations syndicales haïtiennes à développer l’agenda pour le travail décent en Haïti. Toutes les organisations membres de la CSI ainsi que des organisations indépendantes participent à ce projet.

Les cinq priorités de la phase trois s’inscrivent dans la continuité des phases précédentes : syndicalisation, genre, protection sociale, unité d’action et secteur textile dans les maquilas. Elle comportera 16 formations pour 450 nouveaux membres. Ensuite, des formations avancées seront données aux organisateurs.

Outre le soutien de la CSI et CSA, ce projet reçoit l’appui financier et technique du Bureau des activités pour les travailleurs  (ACTRAV) de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de diverses organisations syndicales à travers le monde (CUT du Brésil, CFDT [France], CSC [Belgique]).


Haïti

Centre de formation et bibliothèque publique en Haïti, 2016 à 2019

Ce nouveau projet, coordonné par l’Internationale de l’Éducation (IE), s’inscrit dans un contexte toujours marqué par le séisme de 2010. Il a pour objectif la mise sur pied d’un complexe éducatif composé  d’un  centre de formation et de ressources pour les enseignantes et les enseignants haïtiens et d’une bibliothèque publique. Ce complexe permettra l’accès à plus de 40 000 volumes aux étudiantes et aux étudiants, aux enseignantes et enseignants de même qu’à la population générale. De plus, on y assurera la formation des futurs enseignantes et enseignants ainsi que celle des travailleuses et travailleurs déjà en fonction à l’aide de modules qualifiants leur permettant de maîtriser de nouvelles compétences menant à l’obtention du permis d’enseignement.

Ce projet est issu d’un vaste partenariat regroupant, d’une part, la Fondation haïtienne Culture et Société (FCHS) et, d’autre part, trois syndicats de l’enseignement haïtiens : l’Union nationale des normaliens et éducateurs d’Haïti (UNNOEH), partenaire de longue date de la FNEEQ et de la CSN, la Confédération nationale des enseignantes et enseignants d’Haïti (CNEH, membre fondateur de la FCSH) ainsi que la Fédération nationale des travailleurs en éducation et en culture (FENATEC).

En réponse aux demandes formulées par les syndicats haïtiens, des organisations partenaires de diverses régions du monde ont accepté de travailler ensemble afin d’atteindre les objectifs du projet : l’Internationale de l’Éducation, la FNEEQ, la CSN, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Steve Sinnott Foundation (SSF) et la National Union of Teachers (NUT) du Royaume-Uni, la Fédération canadiennes des enseignantes et des enseignants (FCE-CTF), la Fondation des parlementaires québécois Cultures à partager, la National Education Association (NEA) des États-Unis ainsi que la Caribbean Union of Teachers (CUT).


Mali

« Les coopératives maraîchères féminines, des actrices de développement économique dans les communes rurales du Mali », avril 2016 à juillet 2017

De 2009 à 2011, l’ASTM a soutenu un projet visant la promotion économique des femmes et l’amélioration de l’alimentation dans quatre communes de Dioïla au Mali grâce à la culture de moringa. Puis de 2013 à 2015, un nouveau projet de culture du maïs et de warrantage, qui s’inscrit dans une démarche à long terme entre les partenaires impliqués, a été élaboré par le Carrefour de solidarité internationale de l’Estrie et l’association malienne Kilabo.

En 2016, l’ASTM a continué de soutenir ces partenaires en appuyant  un nouveau projet au Mali qui vise à accroître les revenus des femmes de quatre communes rurales du Mali. Cet objectif sera à atteint grâce à un recours accru à l’approche coopérative pour le développement des activités agricoles en soutenant la mise sur pied de trois coopératives maraîchères féminines et grâce à une augmentation de la production et de la mise en marché collective des produits maraîchers par les femmes qui bénéficieront de l’aménagement de trois parcelles collectives de production maraîchère et de  formation.

En plus d’accompagner trois coopératives maraîchères féminines, le projet va les faire reconnaître à titre d’actrices économiques dans les dynamiques villageoises et fédératives. L’approche coopérative permettra aux femmes d’accélérer la croissance de leurs activités agricoles, favorisera la durabilité des nouvelles pratiques agricoles et facilitera le partage d’expériences et d’expertises entre les coopératives à travers les dynamiques de développement communautaire des villages et les fédérations paysannes.


Sénégal, Mali et Togo 

Organisation et formation des travailleurs de l’économie informelle : séminaire de fin de projet et exercice de relance

Ce projet de trois ans a été lancé en 2012 et s’est terminé au début 2016. Il visait à soutenir l’organisation et la représentation syndicale de travailleuses et de travailleurs de l’économie informelle au Mali, au Sénégal et au Togo afin de contrer leur situation d’exclusion, de favoriser leur reconnaissance par les pouvoirs publics ainsi que leur participation au dialogue social. Au cours des dernières décennies, le nombre de personnes vivant de l’économie informelle a été en nette progression en Afrique de l’Ouest. Dans plusieurs pays, elles représentent aujourd’hui plus des trois quarts de la main-d’œuvre active. En règle générale, les travailleuses et les travailleurs qui y œuvrent sont mal rémunérés, connaissent des conditions de travail précaires et ne bénéficient d’aucun système de protection sociale. En outre, les travailleurs de l’économie informelle sont mal représentés, les centrales syndicales étant davantage présentes dans le secteur formel. Le projet cherchait donc à renforcer la capacité des organisations syndicales participantes à intervenir de manière ciblée dans le secteur informel, à y recruter des adhérentes et des adhérents et à renforcer la capacité des responsables syndicaux provenant de ce secteur de bien représenter leurs mandants.

La CSI-Afrique  a accompagné ce projet soutenu par l’ASTM et l’Institut Belleville de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) en appui à la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT) et l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS). Le séminaire de fin de projet, tenu en juin 2016 à Bamako, a permis la socialisation des résultats entre les partenaires du projet de même que l’identification des objectifs afin de poursuivre la collaboration entre les partenaires de 2017 à 2019.


Mexique

Appui au Frente Auténtico del Trabajo

Depuis la fin des années 1990, la CSN soutient le Frente Auténtico del Trabajo (FAT), une organisation syndicale mexicaine indépendante et progressiste. Avec d’autres organisations syndicales et militantes, le FAT fait la promotion des droits de la personne et participe à diverses actions d’éducation, conférences, campagnes, etc.

En 2016, l’appui de l’ASTM a permis au FAT de déployer avec d’autres syndicats authentiques une stratégie qui a amené le gouvernement mexicain à mettre fin aux conseils de conciliation et d’arbitrage et de remettre la responsabilité de la définition des accréditations syndicales et des relations de travail entre les mains de nouveaux organes, dont l’encadrement par la chambre des députés devraient les rendre plus perméables au pouvoir exécutif et à d’autres sources d’influences. Il s’agit d’une victoire très importante pour le mouvement syndical car ces conseils étaient de hauts lieux de corruption favorisant l’existence des syndicats jaunes au Mexique.

Environ 90 % des conventions collectives au Mexique sont en fait des contrats de protection des employeurs, soit des ententes entre des entreprises et des syndicats non démocratiques qui empêchent la formation de syndicats combatifs et indépendants et qui n’offrent pas de réelles améliorations des conditions de travail. L’institutionnalisation de ce modèle fait en sorte que le taux de syndicalisation est très faible au Mexique. Selon les syndicats indépendants, il serait inférieur à 10 %, ce qui signifie qu’à peine 1 % des travailleuses et des travailleurs mexicains bénéficient d’une véritable convention collective. La réforme des lois du travail de décembre 2012 a rendu la situation des travailleurs mexicains encore plus précaire, car elle favorise un recours accru à la flexibilisation et à la sous-traitance. Par exemple, le FAT représente des travailleurs de stations-service qui ne reçoivent pas de salaire, que des pourboires, et qui doivent payer pour garder leur droit de travailler. Il faut également ajouter à cela les répercussions du narcotrafic sur l’emploi et le travail ainsi que celles de l’insécurité qui en découle sur les conditions de vie. En effet, le narcotrafic est de plus en plus imbriqué avec des entreprises de secteurs variés, ce qui accroît le risque de violence envers les syndicalistes et, conséquemment, une baisse ou un arrêt de l’activité syndicale dans certains secteurs.

Dans la province de Durango, l’action du FAT a permis l’amélioration des conditions de travail des chauffeurs de taxi, de même que l’octroi de permis à un plus grand nombre de chauffeurs ce qui créera de l’emploi. Le FAT a également appuyé les démarches de dizaines de familles pauvres pour confirmer la propriété de leur maison, parfois face à des entreprises privées qui voulaient s’approprier leurs terres.

Enfin, l’appui de l’ASTM a permis plusieurs démarches d’appui à des syndicats déjà organisés, des approches envers des travailleurs membres de syndicats jaunes, des sessions de formations sur la coopération, des approches auprès de travailleuses et travailleurs non syndiqués. Le tout dans diverses régions du pays (Guanajuato, Nuevo Leon, Querétaro).


Guatamala

Projet accompagnement Québec-Guatemala (2015-2016)

L’ASTM a renouvelé sa coopération avec le Projet accompagnement Québec-Guatemala (PAQG), une organisation de  défense des droits de la personne et des droits syndicaux. Le Guatemala est un pays particulièrement répressif, où les droits des militantes et des militants, notamment de plus en plus de militants syndicaux, sont systématiquement bafoués par des forces de l’ordre au service des intérêts des multinationales.

L’année 2016 aura, elle aussi, été mouvementée sur le plan politique, avec certains éléments plus positifs, comme les procès de plusieurs ex-militaires pour disparitions forcées, crimes contre l’humanité, esclavage sexuel durant la guerre civile. Le nombre d’agressions contre les défenseur-es des droits de la personne, un phénomène en augmentation depuis l’an 2000, a connu une baisse très importante : 223 cas par rapport à 813 en 2014. La situation demeure néanmoins très préoccupante; 14 défenseur-es des droits de la personne et du territoire ont été assassinées en 2016.

Depuis plus de 15 ans, le PAQG offre de l’accompagnement aux militantes et aux militants de la société civile guatémaltèque qui sont victimes d’exactions. Il envoie sur le terrain des accompagnatrices et des accompagnateurs qui, par leur présence physique, améliorent les conditions de sécurité de ces militants en prévenant la violence à leur encontre et, le cas échéant, ils observent, documentent et  dénoncent les agressions dont font l’objet les militants.

Par ailleurs le PAQG organise de nombreuses activités au Québec en lien avec sa mission au Guatemala, conférences, publications, des rencontres et activités avec des activistes guatémaltèques de passage à Montréal, de même que la campagne d’éducation sur les droits humains au Guatemala « Visages de Résistance », dans les écoles secondaires, maisons de jeunes et cégeps du Québec.


Projets qui se sont terminés en 2016

  • Organisation et formation des travailleurs de l’économie informelle (3 ans : 2012-2015), Sénégal, Mali et Togo
  • Renforcement institutionnel, promotion, formation et organisation des travailleuses et travailleurs dans les mines artisanales (2015- 2016), Honduras et Nicaragua
  • « Syndicalisation et travail décent : projet conjoint afin de poursuivre l’appui au mouvement syndical haïtien » (phase 3 : juillet 2015 à décembre 2016), Haïti

 

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Des luttes à mort pour le bien commun et les droits de la personne https://www.csn.qc.ca/actualites/des-luttes-a-mort-pour-le-bien-commun-et-les-droits-de-lhomme/ Wed, 02 Nov 2016 11:30:48 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=56379 Dans le Triangle nord de l’Amérique centrale (Honduras, Guatemala et Salvador), les personnes qui défendent les droits de l’homme font face à des menaces croissantes, particulièrement lorsqu’elles s’opposent à des projets d’envergure — exploitation minière, barrage hydroélectrique. Récemment, le Honduras a été décrété l’un des pays les plus dangereux pour défendre les droits de l’homme par l’ONU et la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Entre janvier et août 2016, huit personnes ont ainsi été assassinées, dont Berta Cáceres, militante autochtone. Ces meurtres demeurent majoritairement impunis, la tendance étant plutôt à la criminalisation de l’action militante (arrestations préventives, poursuites judiciaires).

L’influence des États-Unis

L’Alliance pour la prospérité, qui lie les trois pays aux États-Unis, vise officiellement à freiner l’immigration illégale de mineurs arrivant seuls aux États-Unis, en générant des possibilités de développement économique, en améliorant les services à la population, en luttant contre la violence et la corruption. Les États-Unis quadrupleront leur soutien financier à la région, mais parce qu’il cible des enjeux de sécurité qui concernent les populations civiles, il s’accompagne d’une forte militarisation dans les trois pays et d’une coordination des forces policières, notamment pour affronter les Maras (organisations criminelles locales très puissantes), impliquées dans le passage de la drogue entre la Colombie et les États-Unis.

Selon nos camarades, la population risque d’être victime de ces affrontements, puisque le plan vise surtout la protection et l’enrichissement des investisseurs étrangers, dont les intérêts s’opposent souvent aux élites locales. D’où un discours de plus en plus fréquent des représentants étatsuniens condamnant les scandales de corruption dans certains milieux, liés aux oligarchies nationales.

À court terme, la possibilité que Donald Trump soit élu à la présidence des États-Unis suscite encore plus d’inquiétude en raison de la menace de fermeture des frontières pour les travailleurs. Déjà précaire, la situation des ménages pourrait empirer considérablement sans les contributions (remesas) qu’envoient au pays les membres de la famille qui travaillent aux États-Unis.

L’action syndicale

C’est dans ce contexte qu’évolue le projet que soutient la CSN dans la région et qui allie deux organisations syndicales — la Confédération unitaire des travailleurs du Honduras (CUTH) au Honduras et la Centrale sandiniste des travailleurs (CST) au Nicaragua — et deux groupes écologistes (Salvador et Guatemala) pour la défense des droits de l’homme face à l’industrie extractive. La CUTH, qui n’avait aucun membre dans le secteur minier, a tiré profit des échanges avec les autres organisations impliquées dans le projet pour accroître ses connaissances sur les diverses réalités du secteur. Elle a renouvelé ses pratiques pour réussir à organiser des membres de communautés où veulent s’installer des compagnies minières, parfois canadiennes, pour exploiter les ressources. Cette arrivée se fait très souvent de façon illégale, en menaçant les personnes qui s’y opposent, en creusant sans se soucier de protéger les cours d’eau et l’environnement, sans égard pour le patrimoine culturel et en laissant des territoires contaminés. L’activité prive aussi les communautés de revenus qu’elles tirent de l’extraction artisanale depuis des décennies. Dans ce cas, l’action syndicale permet de défendre les intérêts économiques et environnementaux de la population, mais elle permet aussi d’appuyer le droit des communautés à s’opposer à un projet pour proposer des alternatives de développement.

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Manifestation en solidarité avec le peuple mexicain https://www.csn.qc.ca/actualites/manifestation-en-solidarite-avec-le-peuple-mexicain/ Thu, 23 Jun 2016 14:45:08 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=53144 À la suite de la violence meurtrière contre les enseignants d’Oaxaca en Mexique, la CSN invite la population à manifester lundi prochain lors de la visite du président mexicain Pena Nieto dans le cadre d’un déjeuner conférence à Québec avec Philippe Couillard et d’autres politiciens québécois et canadiens sur les accords commerciaux entre le Mexique et le Canada.

Événement Facebook

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Des reculs importants à prévoir https://www.csn.qc.ca/actualites/des-reculs-importants-a-prevoir/ Tue, 21 Jun 2016 13:00:04 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=52883 Peu trouvent l’argument convaincant, d’autant que les pratiques budgétaires reprochées au gouvernement de Dilma sont fréquentes. Mais c’était la seule manœuvre qui pouvait permettre à ses adversaires de renverser le gouvernement alors que le PT perdait ses appuis politiques, un objectif devenu évident au courant de la dernière année.

Le contexte politique récent a été marqué par le scandale de Petrobras, la compagnie nationale de pétrole, dans lequel plusieurs élus des différents camps font l’objet d’une enquête, ou sont déjà derrière les barreaux pour avoir reçu des pots-de-vin. Le tout survient dans un contexte économique très difficile, après des années d’attaques des partis de droite et des grands médias contre le PT qu’ils tentent de discréditer pour cause de corruption et pour leur gestion de l’économie et des finances publiques.

Le gouvernement de Dilma n’a pas échappé au scandale de la corruption, pas plus que les forces qui en ont finalement eu raison ! Eduardo Cunha, président de la Chambre des députés, est accusé de corruption et de blanchiment d’argent en Suisse. Michel Temer du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), allié du PT jusqu’à la fin mars 2016, accède maintenant à la présidence du pays. Il fait également l’objet d’une enquête dans le scandale de Petrobras.

Pour plusieurs organisations brésiliennes, dont nos camarades de la Centrale unique des travailleurs (CUT), c’est un véritable coup d’État que subit la jeune démocratie brésilienne. Elles dénoncent vertement les manœuvres d’une droite impatiente de reprendre le pouvoir après 14 ans de gouvernement du PT. Certes, le bilan du PT n’est pas parfait et les critiques fusent aussi à gauche : alliance avec la droite empêchant des réformes importantes (terres agricoles, système électoral, communications), sommes astronomiques dépensées pour la Coupe du monde et les Jeux olympiques, etc.

Des avancées majeures

Mais il y a aussi bon nombre de réalisations positives depuis 14 ans qui ont permis de diminuer les inégalités. Ainsi, 22 millions de personnes ont fui la pauvreté extrême et 35 millions d’autres ont rejoint les rangs de la classe moyenne, des centaines d’écoles et 14 universités ont été construites, 20 millions d’emplois officiels ont été créés, etc. Le gouvernement du PT a aussi encouragé l’intégration régionale en Amérique latine sur la base d’un autre modèle de développement économique et social, ainsi que le renforcement du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, South-Africa/Afrique du Sud) face au bloc dominant contrôlé par les États-Unis dans la joute géopolitique mondiale.   

Le nouveau gouvernement a déjà annoncé qu’une de ses priorités était l’adoption d’une loi qui permettra la sous-traitance dans toutes les entreprises et dans le secteur public. Ainsi, nos camarades craignent non seulement une régression de la démocratie au Brésil, mais aussi des reculs quant aux conditions de vie et de travail, des obstacles à l’action des mouvements sociaux et du mouvement syndical et un changement d’orientation qui amènerait le Brésil, ainsi que d’autres pays de la région où la droite a repris le pouvoir (Argentine) ou pourrait le récupérer (Venezuela), à intégrer l’Amérique latine dans l’alliance néolibérale dominée par les États-Unis, qui se consolide notamment avec de nombreux accords commerciaux.

Le démantèlement du bloc progressiste au Sud, le seul véritable dans le monde, risque de renforcer l’alliance néolibérale et de réduire le nombre d’États qui défendent les droits de la personne et syndicaux face aux entreprises, dans les institutions internationales, mais surtout dans leur pays. Mais ne sous-estimons pas la force et la vitalité des mouvements sociaux brésiliens et argentins, ainsi que leur détermination à freiner les avancées de la droite.

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Des organisations canadiennes dénoncent le gouvernement intérimaire illégitime au Brésil https://www.csn.qc.ca/actualites/des-organisations-canadiennes-denoncent-le-gouvernement-interimaire-illegitime-au-bresil/ Wed, 15 Jun 2016 19:11:51 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=52786 Monsieur Justin Trudeau
Premier ministre du Canada
Cabinet du Premier ministre
80, rue Wellington
Ottawa, ON K1A 0A2

Montréal, 8 juin 2016

Monsieur le Premier Ministre,

Nous, les organisations canadiennes signataires de cette lettre, vous écrivons afin de vous communiquer notre profonde préoccupation suite à la crise politique qui se vit au Brésil et qui, dans les dernières semaines, a mené à un coup d’État ayant comme objectif la destitution de la présidente démocratiquement élue, Dilma Rousseff. Nous tenons à exprimer notre solidarité à la population brésilienne qui fait face à ce coup, clairement associé au démantèlement de plusieurs politiques sociales ainsi qu’à la continuation et à l’augmentation de graves violations aux droits humains et environnementaux dans le pays.

Le coup en cours au Brésil est devenu encore plus évident après la diffusion d’enregistrements téléphoniques impliquant un ministre du gouvernement Temer, monsieur Romero Jucá et l’ex-président de l’entreprise du secteur pétrolier «Petrobras Transporte», monsieur Sergio Machado. Ces enregistrements font la lumière sur un «pacte» qui impliquait la destitution de la présidente Dilma Rousseff. Aussi, on y entend ces hommes désigner Monsieur Temer comme étant la meilleure personne qui, en tant que président, pourrait empêcher le déroulement de la plus grande enquête sur des cas de corruption au Brésil – dénominée Operação Lava Jato (Opération Lave-auto). Selon ceux qui ont été enregistrés, la permanence de madame Dilma Rousseff comme présidente permettrait à l’enquête de continuer, ce qui mènerait probablement à la «chute» des politiciens sous enquête, dont ces deux hommes. La conversation téléphonique enregistrée aurait eu lieu au cours du mois de mars, quelques semaines avant le vote d’admissibilité, à la chambre des députés, quant à la procédure de destitution. Cette révélation a été publiée par le plus grand journal en circulation au pays – La Folha de São Paulo.

Le récent coup d’État au Brésil impliquant la destitution de la présidente Dilma Rousseff, tout comme les décisions politiques de l’actuel gouvernement illégitime de Temer qui mettent en péril la garantie des droits humains ont été dénoncés autant au niveau national qu’international. Plusieurs médias ont souligné que l’accusation criminelle qui cible la présidente se faisait sur des bases juridiques fragiles. Le crime dont elle est accusée aurait été récemment perpétré par des gouverneurs et des préfets de tout le pays, par les deux derniers présidents, et même par son vice-président, actuellement président par intérim. Ces médias ont aussi amplement documenté le fait qu’une partie importante des députés et sénateurs qui ont voté en faveur de l’admissibilité du processus de destitution de Rousseff ont eux-mêmes été ciblés par la grande enquête sur des cas de corruption, l’opération «Lava Jato», y compris l’ex-président de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, qui a récemment été démis de ses fonctions par la Cour suprême du Brésil sous l’accusation de corruption. Cunha est également mentionné dans les Panama Papers qui a mis le jour sur des milliers de cas d’évasion fiscale à travers le monde. Au milieu de tout ça, Dilma Rousseff n’a pas formellement été accusée de pratique de corruption.

De plus, le 18 mai dernier, la Commission interaméricaine des droits humains a exprimé, dans le communiqué de presse 67/16, sa «profonde inquiétude face au recul en matière de droits humains au Brésil». Des organisations et des intellectuels mondialement reconnus ont dénoncé le coup institutionnel au Brésil et ont souligné la nécessité d’une mobilisation internationale pour sauvegarder la démocratie brésilienne. Dans un reportage publié le 12 mai dernier suite à la décision du Sénat d’éloigner temporairement la présidente, le Council on Hemispheric Affairs (COHA) a dénoncé les risques du processus d’impeachment pour la démocratie brésilienne et pour la stabilisation démocratique de l’Amérique latine.

Au Brésil, les fronts populaires de lutte pour la démocratie et les organisations connues internationalement pour leur défense des droits humains et environnementaux, se sont manifestés à plusieurs reprises dans les rues contre le coup. Ces fronts opposés à l’impeachment dénonçent également les principales forces politiques qui appuient la destitution de la présidente et qui cherchent à imposer un agenda conservateur, contraire aux intérêts des populations marginalisées, comme les femmes, les autochtones et les populations noires. Ces forces politiques envisagent également de faire adopter des politiques environnementales qui risquent d’avoir de lourdes conséquences pour l’environnement.

Les craintes se voient déjà confirmées dans les premiers jours du gouvernement Temer, qui dès le 12 mai dernier a mis en place une série de coupures dans les politiques publiques destinées à la justice sociale. D’autres coupures budgétaires dans les programmes sociaux fondamentaux qui ont aidé des milliers de personnes à sortir de l’extrême pauvreté au Brésil, comme les programmes sociaux «Bolsa Família» (Bourse Famille) et «Minha Casa, Minha vida» (Ma maison, Ma vie) ont déjà été annoncées. L’une des premières actions du gouvernement actuel a été la révocation de décisions qui visaient la construction de logements sociaux et d’autres qui garantissaient le droit à la terre pour certains groupes autochtones et quilombolas (communautés afro-descendantes traditionnelles). De plus, la réforme ministérielle et les ministres indiqués par le gouvernement illégal de Temer ont adopté une série de changements qui menacent, entre autres, le droit à la libre manifestation, à la libre-expression des mouvements sociaux.

Dès son arrivée à la présidence, Temer a retiré le statut de ministère au département qui s’occupait des droits des femmes, de l’égalité raciale et des droits humains. Il a également nommé un gouvernement formé essentiellement d’hommes blancs. Il n’y a aucune représentativité pour les femmes, les personnes noires, les autochtones, les LGBTQI et les mouvements sociaux. C’est la première fois depuis la période de la dictature militaire qu’aucune femme ne siège à un ministère. Le gouvernement de Temer représente un grand recul pour le Brésil et n’a pas sa place en 2016.

Le manque de représentativité politique des femmes dans le gouvernement Temer arrive, au Brésil, dans un contexte où les médias de masse et les classes politiques à la tête du processus de coup d’État utilisent fréquemment des arguments misogynes, machistes et sexistes pour disqualifier les leaders politiques sur leur condition de femme. À cet effet, l’UN Women a condamné la «violence politique sexiste» utilisée  contre la présidente.

En ce sens, en tant qu’organisations qui veillent à la situation des droits humains, nous réitérons notre solidarité avec les brésiliennes et brésiliens qui dénoncent ce gouvernement illégitime qui a pris le pouvoir de façon non-démocratique. Étant donné cette situation, nous demandons au gouvernement canadien de :

  • Respecter ses engagements pour la protection de la démocratie, des droits de la personne, des droits environnementaux et de la justice;
  • refuser de reconnaître le gouvernement illégal de Michel Temer;
  • dénoncer publiquement le processus illégitime et anti-démocratique qui a mené Michel Temer à la présidence du Brésil.

Organismes signataires :

Alliance internationale des femmes/International Women’s Alliance
Coordination nationale de l’Association des religieuses pour les droits des femmes (ARDF)
Centre d’appui aux Philippines/Centre for Philippine Concern
Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO)
Carrefour de participation, ressourcement et formation-CPRF
Centre ressources pour femmes de Beauport-CRFB
Collectif Brésil-Montréal
Collectif régional Léa-Roback
Commission justice, paix et intégrité de la création (Petites soeurs de l’Assomption)
Comité Justice sociale des Soeurs Auxiliatrices
Comité pour les droits humains en Amérique latine
ConcertAction femmes Estrie
Confédération des associations latino-américaines de Québec (CASA)
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes
Fédération des femmes du Québec
Femmes de diverses origines/Women of Diverse Origins
Groupe Solidarité Justice (CND)
L’Entraide missionnaire
Point d’appui- Centre d’aide et de prévention des agressions à caractère sexuel de Rouyn-Noranda
Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Québec-Charlevoix)
Service jésuite des réfugiés
Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec- SFPQ
Syndicat des Métallos
Soeurs Auxiliatrices du Québec
Soeurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique JPIC-RD
Table de concertation de Laval en condition féminine (TCLCF)
Table de concertation des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent (TCGFBSL)

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Des conflits exacerbés https://www.csn.qc.ca/actualites/des-conflits-exacerbes/ Wed, 19 Feb 2014 15:10:00 +0000 http://centralecsn.wpdev0.koumbit.net/actualites/des-conflits-exacerbes/ Des organisations de la société civile au Canada et au Québec s’inquiètent que l’Accord de libre-échange actuellement débattu à la Chambre des communes ne mine encore davantage les droits de la personne et la démocratie au Honduras. Les discussions ont commencé quelques jours après l’entrée en poste de Juan Orlando Hernandez, qui a pris le pouvoir à la suite d’élections présidentielles fortement controversées au Honduras. En effet, la plupart des observateurs internationaux estiment que les résultats électoraux, entachés d’irrégularités et obtenus dans un contexte de violence, ne sont pas valides.

La nouvelle loi proposée envoie le message que le Canada appuie les gouvernements illégitimes pour autant qu’ils servent les intérêts de l’économie canadienne. Cet accord commercial bilatéral a été conclu le 5 novembre 2013 dans la foulée des élections présidentielles, malgré une opposition généralisée et des éléments de preuves suggérant que l’accord attiserait les tensions sociales et les enjeux liés aux droits de la personne. Depuis le coup d’État militaire de 2009, au cours duquel le président démocratiquement élu, Manuel Zelaya, a été renversé, la violence et la répression ont atteint des sommets sans précédent. Les défenseurs des droits de la personne et des droits des femmes, les membres de la communauté LGBT (les gais, lesbiennes, bisexuels et transsexuels), les Garifunas, les peuples autochtones, les dirigeants syndicaux, les agriculteurs et les journalistes ont été systématiquement menacés, voire tués.

Corruption de la police et militarisation de l’État

Au Honduras, la corruption de la police est endémique et certains hauts gradés sont impliqués dans des activités criminelles. Sans conteste, l’impunité règne au sein du système judiciaire et des forces de l’ordre. Dernièrement, Constantino Zavala, le chef de police de la province de Lempira, située dans l’ouest du pays, a été suspendu à la suite d’allégations de trafic de stupéfiants. Le président Hernandez a mis l’accent sur le retour de la sécurité militaire, notamment en faisant adopter la Law of Public Order Military Police (PMOP). Une nouvelle « taxe pour la sécurité », imposée aux grandes sociétés, a servi à financer cette nouvelle police militaire. Le gouvernement a ainsi récolté 24,5 millions de lempiras (1,2 million $). Les nouvelles unités militaires seront chargées de patrouiller dans les quartiers résidentiels, les nouveaux développements et les lieux publics pour réprimer la criminalité. Les défenseurs des droits de la personne au Honduras croient plutôt assister au retour des escadrons de la mort qui ont assassiné femmes, jeunes et dissidents politiques au cours des années 1980. Lors des élections présidentielles du 24 novembre 2013, de nombreux Honduriens espéraient que le nouveau portrait politique mettrait fin au régime dominé par deux partis, et ce, pour le mieux. Cependant, il semble que l’élection contestable du président Hernandez ait, au contraire, envenimé la situation. Les observateurs étrangers et les mouvements locaux de défense des droits de la personne ont signalé des fraudes généralisées : achat de votes, irrégularités dans le registre des électeurs, vente de bulletins d’électeur, intervention militaire, intimidation et même assassinats. Hernandez a néanmoins été déclaré vainqueur, ce qui a plongé le pays encore plus profondément dans la crise.

Le Canada attise le conflit social

Outre l’Accord de libre-échange, les investissements canadiens ont contribué à alimenter le conflit social, particulièrement dans les industries minières, touristiques et dans le secteur de l’exportation. Le gouvernement du Canada a assuré l’assistance technique pour l’adoption de la General Mining and Hydrocarbons Law (janvier 2013). La nouvelle loi sur les mines a mis un terme au moratoire de 7 ans et imposé aux minières des redevances de 2 % en vue de financer les mesures de sécurité nationale. L’entente prévoyait également de nouveaux projets miniers, ce qui a ravivé les tensions sociales et nécessité une présence militaire accrue dans les communautés où sont situés les projets miniers. Selon le Honduras Documentation Center, 52 % des conflits émanent de la gestion des ressources naturelles. L’exemple le plus notoire est celui de la minière Goldcorp (Vancouver) qui gère une mine d’or et d’argent située dans la vallée de Siria. Le projet minier est responsable de la contamination des eaux, de l’assèchement de cours d’eau et de l’apparition de sérieux problèmes de santé dans les communautés environnantes, problèmes dont on a pas encore relevé toute l’ampleur.

Dans le secteur des exportations de vêtements et de textiles, la compagnie Gildan Activewear (Montréal), dont les usines sont situées dans le nord-ouest du Honduras, a été pointée du doigt; celle-ci serait responsable de nombreux accidents de travail survenus en raison de la longueur démesurée des quarts de travail et des objectifs de rendement trop élevés, et aurait congédié des travailleurs qui tentaient de mettre sur pied un syndicat. En dernier lieu, dans le secteur touristique, les investissements canadiens ont donné lieu au déplacement des communautés autochtones et afro-honduriennes sans égard à leur culture ou à leurs droits ancestraux sur ces terres. Le gouvernement canadien trompe la population en affirmant que cet accord de libre-échange permettra d’améliorer la situation au Honduras. En fait, il diminue énormément la capacité du gouvernement à légiférer en faveur du public et porte un dur coup aux droits des communautés, des personnes, du travail et de l’environnement. Pendant ce temps, les droits des investisseurs prennent le dessus : les sociétés pourront maintenant poursuivre le gouvernement si ce dernier prend des décisions qui vont à l’encontre de leurs intérêts. Les ententes parallèles en matière d’environnement et de droits du travail n’ont aucun mécanisme leur permettant de prendre force et effet. Ainsi, en privilégiant des intérêts économiques de quelques investisseurs privilégiés, cet accord de libre-échange ne peut que mener le Honduras vers une crise encore plus vive et un climat de violence accru. Nous demandons au Parlement canadien de ne pas adopter cette loi en faveur d’un accord de libre-échange entre le Canada et le Honduras et au gouvernement conservateur de revoir ses priorités concernant le Honduras, en privilégiant d’abord et avant tout le bien-être des communautés, de la population et des travailleurs et travailleuses. Alternatives Americas Policy Group (APG)

Atlantic Regional Solidarity Network (ARSN)

Breaking The Silence (BTS)

British Columbia Teachers’ Federation (BCTF)

Canadian Union of Public Employees (CUPE)

Climate Justice Saskatoon

Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)

Common Frontiers

Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Council of Canadians

Council of Canadians – Saskatoon Chapter

Council of Canadians – London Chapter

CUPE Ontario International Solidarity Committee

Latin American-Canadian Solidarity Association (LACASA)

Latin American and Caribbean Solidarity Network (LACSN)

Les AmiEs de la Terre de Québec

Mining Injustice Solidarity Network (MISN)

MiningWatch Canada

Public Service Alliance of Canada (PSAC)

Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC)

Rights Action

SalvAide

Unifor

United Steelworkers (USW)

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Forum à Mexico et mobilisations nord-américaines : BASTA du libre-échange! https://www.csn.qc.ca/actualites/forum-a-mexico-et-mobilisations-nord-americaines-basta-du-libre-echange/ Tue, 28 Jan 2014 19:35:00 +0000 http://centralecsn.wpdev0.koumbit.net/actualites/forum-a-mexico-et-mobilisations-nord-americaines-basta-du-libre-echange/ L’Accord de libre-échange avec l’Union européenne (AÉCG) continue d’être négocié en secret par les gouvernements canadien et québécois, à l’instar du Partenariat transpacifique (PTP) qui est encore plus méconnu de la population. Pour provoquer et alimenter le débat public qu’il est urgent de tenir au Québec, quoi de mieux que de réaliser un bilan social économique et social des impacts de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) qui sert encore aujourd’hui de modèle et qui célèbre son vingtième anniversaire en ce mois de janvier 2014 ?

C’est ainsi qu’à compter d’aujourd’hui jusqu’au 31 janvier 2014, se tient à Mexico un forum multisectoriel des organisations sociales et syndicales d’Amérique du Nord. Les organisations du Québec sont du rendez-vous, chapeautées par le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), une large coalition qui travaille sur les enjeux du libre-échange depuis la moitié des années 1980. Non seulement la délégation québécoise partagera ses analyses avec ses partenaires mexicains et états-uniens afin de répertorier et documenter les effets catastrophiques de l’ALÉNA sur différents secteurs de nos sociétés, mais elle participera aussi activement aux débats sur la nécessité de bâtir ensemble un modèle radicalement différent d’échanges entre les peuples.

«Le triste anniversaire de l’ALÉNA doit nous rappeler les risques de poursuivre dans la folle logique d’un modèle qui a non seulement été un désastre pour le fragile équilibre de la planète, mais qui en plus renforce les inégalités sociales en servant d’abord les intérêts des multinationales», a affirmé Pierre-Yves Serinet, coordonnateur du RQIC. « Il est non seulement nécessaire de faire contrepoids aux promoteurs de la mondialisation néolibérale dont la rhétorique est très bien orchestrée mais peu rigoureuse – comme le prouve l’extase dans les médias en octobre dernier concernant l’entente de principe avec l’Europe sans que personne n’ait vu le texte – mais il est aussi urgent de provoquer un large débat public sur un modèle économique qui a brisé ses promesses et n’a pas servi la prospérité de nos populations ni amélioré notre qualité de vie», affirme Pierre-Yves Serinet, coordonnateur du RQIC. « Il est temps de penser et bâtir un nouveau paradigme ».

Le Forum multisectoriel nord-américain « Les 20 ans de l’ALÉNA: BASTA du libre-échange !» se terminera le 31 janvier 2014 avec une grande marche dans les rues de Mexico, à laquelle feront écho près d’une cinquantaine d’actions au quatre coins de l’Amérique du Nord (carte interactive sur http://bit.ly/1frYRaI)

À Montréal, toutes les citoyennes et citoyens sont invités à un rassemblement à 12 h (midi) contre le PTP et la mondialisation néolibérale devant le Complexe Guy-Favreau au Centre-Ville de Montréal. Une initiative d’ATTAC-Québec, Eau Secours!, Universities Allied for Essential Medicines, la CSN, Raging Grannies, le chapitre de Montréal du Conseil des Canadiens, entre autres.

L’action sera suivie de la soirée de lancement du livre « Zapatos en las piedras » en présence de Raúl Gatica, coauteur de l’ouvrage et réfugié politique à Vancouver en raison de la persécution vécue pour son activisme au sein du Conseil autochtone populaire de Oaxaca Ricardo-Flores-Magon. Co-organisée par le Comité pour les droits humains en Amérique latine et la Ligue internationale des luttes des peuples, l’évènement se tiendra au Café Artère à compter de 18 h.

« Nous sommes à Mexico et déploierons des actions partout en Amérique du Nord pour dénoncer le mal causé par l’ALÉNA dans la région et pour résister aux nouvelles menaces posées par les accords de nouvelle génération, comme l’AÉCG, le PTP, les négociations transatlantiques États-Unis / Union européenne (TAFTA), et bien d’autres. C’est par des actions coordonnées par delà les frontières, qu’elles soient sectorielles ou géographiques, que nous avons réussi dans le passé à contrer les coups de force des multinationales. Qui ne se souvient pas que l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), la ronde du millénaire de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) sont tous tombés quand les peuples se sont levés et ont dit non. Il n’y a pas de raison qu’on ne réussisse pas à nouveau !», a conclu Nadja Palomo, co-coordonnatrice du Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et membre de la Coalition québécoise sur les impacts sociaux-environnementaux des transnationales en Amérique latine (QUISETAL).

La délégation québécoise pilotée par le RQIC est composée des Amis de la Terre Québec, de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), de la Coalition québécoise sur les impacts sociaux-environnementaux des transnationales en Amérique latine (QUISETAL) et du Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), du Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), et du Syndicat des Métallos -FTQ.

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La CSN dénonce la détention et les persécutions judiciaires de quatre syndicalistes colombiens https://www.csn.qc.ca/actualites/la-csn-denonce-la-detention-et-les-persecutions-judiciaires-de-quatre-syndicalistes-colombiens/ Sun, 08 Dec 2013 10:55:00 +0000 http://centralecsn.wpdev0.koumbit.net/actualites/la-csn-denonce-la-detention-et-les-persecutions-judiciaires-de-quatre-syndicalistes-colombiens/ La CSN dénonce le sort fait à des militants colombiens des droits sociaux qui ont participé à des actions de solidarité ou témoigné contre les agissements de la pétrolière canadienne Pacific Rubiales en Colombie. Cette dernière nie clairement le droit au travail et la liberté d’association. La CSN demande en outre au gouvernement Harper qu’il assume sa responsabilité de s’assurer du respect des conventions internationales et des accords intervenus entre le Canada et la Colombie qui prévoient explicitement la protection des principes et des droits reconnus par l’OIT, tels que la liberté d’association et le droit de négociation collective.

La CSN interviendra auprès des autorités colombiennes pour demander la libération des prisonniers, qu’elles leur accordent un procès juste et que cesse la persécution des militants de l’Union syndicale ouvrière (USO).

Arrestations arbitraires et menaces de mort

Le 4 décembre à 9 heures, Campo Elias Ortiz, un ex-travailleur d’une entreprise sous-traitante de Pacific Rubiales, a été arrêté alors qu’il quittait son domicile pour se rendre au siège social de l’USO, section de l’industrie du pétrole, dont il est militant. José Dilio, Dario Cardenas, et Hector Sanchez, leaders communautaires de la région de Rubiales, ont également été appréhendés.

Ces syndicalistes ont témoigné lors du Tribunal populaire sur les politiques extractives en Colombie qui a eu lieu l’été dernier. José Dilio est l’un des dizaines de témoins dans l’enquête qui a suivi les nombreuses plaintes de l’USO qui accuse Pacific Rubiales de violation au droit du travail et au droit de libre association. Cette plainte a été déposée en mai 2013 et Campo Elias Ortiz s’en était fait le porte-parole notamment auprès des médias canadiens. Quant à Hector Sanchez, il a fait l’objet de plusieurs actions de solidarité consécutives aux menaces de mort contre lui et sa famille. Ces menaces ont été proférées après l’audience du Tribunal populaire qui s’est tenue à Puerto Gaitan le 13 juillet 2013.

À ce moment, un jugement avait été émis contre la multinationale Pacific Rubiales Energy, en présence de diverses personnalités et organisations québécoises et canadiennes, dont la CSN. Il avait été démontré que les travailleurs ne peuvent s’affilier au syndicat de leur choix ni continuer à travailler pour la pétrolière. Non seulement les travailleurs affiliés au syndicat pétrolier national font face à des menaces et à de l’intimidation, mais l’un d’entre eux, Milton Riveras, a carrément été assassiné en décembre 2012.

Inaction du gouvernement Harper

Ces pratiques vont clairement à l’encontre des droits syndicaux reconnus par l’Organisation internationale du travail (OIT). De plus, un accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la Colombie, entré en vigueur en même temps que l’Accord de libre-échange entre ses pays, stipule qu’ils doivent incorporer et protéger les principes et les droits reconnus par l’OIT, tels que la liberté d’association et le droit de négociation collective.

Pour la CSN, l’État canadien doit s’assurer que les entreprises canadiennes à l’étranger respectent ces accords et qu’elles se soumettent aux lois internationales et nationales. Mais le gouvernement Harper ne fait rien pour s’assurer que ces compagnies agissent en conséquence et qu’elles respectent les conventions internationales. Il a le devoir d’enquêter sur les nombreux cas d’abus et, éventuellement, d’imposer des sanctions aux entreprises impliquées. La CSN demande donc au gouvernement conservateur qu’il assume ses responsabilités à ces égards.

L’État colombien a évidemment aussi une responsabilité à jouer pour veiller au respect des droits humains et syndicaux. L’ensemble des charges est lié à des faits remontant à 2011 et s’étant déroulé dans le cadre de la mobilisation ouvrière pour l’amélioration des conditions de travail au champ pétrolier de Rubiales, opéré par la Canadienne Pacific Rubiales Energy.

Les militants ont comparu le jeudi 5 décembre au matin sous des chefs d’accusation « d’obstruction de la voie publique », « violations au droit du travail », « menaces » et « séquestration aggravée ». Cette dernière accusation, menant à des condamnations entre 40 et 60 ans d’emprisonnement, est basée sur le fait que la ligne de piquetage tenue à l’entrée du champ pétrolier empêchait d’y entrer ou d’en sortir. Il s’agit d’une accusation grave qui ne sera sans doute pas retenue au procès, mais qui a pour conséquence immédiate d’empêcher la libération conditionnelle dans l’attente du procès, une pratique qui vise à contenir la contestation sociale et que l’on déplore malheureusement avec fréquence.

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La légitimité des résultats remise en question https://www.csn.qc.ca/actualites/la-legitimite-des-resultats-remise-en-question/ Thu, 28 Nov 2013 14:45:00 +0000 http://centralecsn.wpdev0.koumbit.net/actualites/la-legitimite-des-resultats-remise-en-question/ Constatant de graves irrégularités dans le processus électoral au Honduras, les membres de la délégation québécoise et canadienne demandent au gouvernement canadien de ne pas reconnaître les résultats des élections honduriennes. Les membres de la délégation québécoise et canadienne sont formels : les élections présidentielles au Honduras sont incompatibles avec les principes démocratiques et ont été le théâtre de pratiques frauduleuses. Même son de cloche de la part de la Confédération syndicale des travailleuses et travailleurs des Amériques (CSA) qui avait également organisé une délégation pour observer les élections (voir le communiqué en espagnol). En solidarité avec les camarades du Honduras, victimes d’un coup d’État en 2009, la CSN a délégué Yves Fortin, secrétaire-général du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN). Ces élections revêtaient donc une grande importance pour les 8,2 millions d’Honduriens, mais aussi l’espoir de réélire des candidats sensibles aux enjeux de lutte à la pauvreté et aux valeurs démocratiques. Depuis 2009, les forces vives de la société civile se sont mobilisées contre le coup d’État et le parti LIBRE (Libertad y Refundación) est né de cette coalition. D’ailleurs, la candidate à la présidence, Xiomara Castro, n’est autre que l’épouse de Manuel Zelaya ancien président élu démocratiquement, puis destitué en 2009. En visitant les différents centres de vote à Tegucigalpa et surtout dans les communautés paysannes avoisinantes, Yves Fortin et les membres de la délégation québécoise et canadienne ont assisté, preuve à l’appui, à plusieurs irrégularités électorales . Dans de nombreux endroits, des agents électoraux ont ouvertement manifesté leur mépris envers les partis d’opposition. Le parti LIBRE , en particulier, a été dénoncé comme une menace pour la démocratie.

« Pas de communistes ici ! »

Dans la municipalité de Ojojona, la délégation a été accueillie par un fonctionnaire qui s’est identifié comme responsable du bureau de vote , alors que sa carte d’identité le décrivait comme personnel de soutien. Ce fonctionnaire a proclamé son dédain pour le parti LIBRE et a déclaré : « Nous ne voulons pas de ces communistes ici ». Il a continué à exprimer publiquement son soutien ferme au parti au pouvoir (Partido Nacional). Sa conduite était visiblement approuvée et tolérée par les agents de la police militaire présents dans le bureau de vote.

Dans un autre bureau à proximité de Santa Ana, malgré l’identification très visible et en règle de la délégation comme observateurs accrédités, les forces de sécurité ont exigé des détails supplémentaires pour leur permettre de faire leur travail. En plus de cette tentative d’intimidation, plusieurs électeurs se sont plaints directement auprès de la délégation de tentatives d’achat de votes de la part du Partido Nacional. Dans la communauté de El Aguacatal, il n’y avait pas de personne responsable au bureau de vote, un soldat avait pris sa place.

À La Joya , un quartier de Tegucigalpa, on a autorisé des représentants du Partido Nacional, à entrer dans le bureau de vote, alors que les autres partis avaient été bruyamment et publiquement expulsés . Avec la complicité du personnel militaire, des agents du Tribunal suprême électoral (chargé de l’organisation de l’élection), ont harcelé les observateurs dûment accrédités et exigé qu’ils s’abstiennent d’observer le dépouillement du scrutin. Or, ce volet est essentiel et obligatoire pour assurer que la fraude électorale n’a pas lieu.

Intimidation

Dans les jours qui ont précédé les élections, on a fait état de nombreux rapports d’intimidation par les forces de sécurité honduriennes. Des hommes masqués et armés, que l’on présume être des policiers militaires, ont encerclé le siège du parti LIBRE pendant une heure, deux jours avant les élections. Les membres de la délégation étaient présents et peuvent témoigner de la peur et de la colère des membres du parti LIBRE . Dans la nuit du 23 novembre, Maria Amparo Pineda Eduarte , leader paysanne et présidente d’un bureau de vote pour le parti LIBRE dans Cantarranas, a été assassinée avec Julio Ramón Araujo Maradiaga après avoir quitté une formation. De nombreux autres incidents ont été relatés par d’autres observateurs.

Les membres de la délégation québécoise et canadienne demandent au gouvernement canadien de ne pas reconnaître les résultats des élections honduriennes. Il est impératif d’effectuer un décompte précis, transparent et complet, en plus d’enquêter sur les nombreux rapports d’irrégularités, d’intimidation et de menaces par les autorités.

Même quelques jours après les élections, tous les bulletins n’ont pas encore été comptabilisés ce qui n’empêchait pas le Tribunal suprême électoral d’indiquer le 26 novembre que Juan Orlando Hernández, du Partido Nacional serait le gagnant des élections avec 34 % des voix, alors que Xiomara Castro (LIBRE) en aurait obtenu 28,89%.

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Le gouvernement canadien doit agir https://www.csn.qc.ca/actualites/le-gouvernement-canadien-doit-agir/ Wed, 28 Aug 2013 08:30:00 +0000 http://centralecsn.wpdev0.koumbit.net/actualites/le-gouvernement-canadien-doit-agir/ Le 18 août dernier, la pétrolière canadienne Pacific Rubiales Energy a été jugée coupable de graves violations à plusieurs droits humains par un tribunal populaire colombien. Des représentantes et représentants d’organisations sociales canadiennes et québécoises étaient présents lors du dépôt des preuves en Colombie et demandent au gouvernement canadien de prendre ses responsabilités à cet égard.

Le Canada au premier rang

La tenue de ce tribunal visait à juger le comportement de certaines multinationales étrangères présentes en Colombie. Leila Celis, professeure en sociologie à l’UQAM et membre du Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), déclare : « Quand on sait que Pacific Rubiales Energy est la plus importante pétrolière étrangère en Colombie et que la majorité des crimes et violations aux droits humains imputables au conflit armé colombien se concentrent dans les régions d’investissements miniers et pétroliers, on ne peut que se questionner sur le rôle des entreprises canadiennes ».

L’accord de libre-échange entre le Canada et la Colombie (l’ALECC) est entré en vigueur en 2011. « Des sources officielles colombiennes stipulent que 87 % des réfugié-e-s internes proviennent des régions d’exploitation pétrolière et minière, alors que 78 % des crimes commis contre les syndicalistes et 89 % des violations aux droits des peuples autochtones y sont aussi perpétrés. Tout cela malgré le fait que le gouvernement canadien et les entreprises canadiennes affirmaient que l’ALECC contribuerait à faire diminuer les violations des droits humains », rappelle Constance Vaudrin du Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et du Groupe d’orientation politique sur les Amériques du Conseil canadien de la coopération internationale. « Sur place, ce n’est pas ce que nous avons vu et entendu ».

Autochtones déplacés, eau potable contaminée et hommes armés en quantité

Un des cas les plus visibles de violation des droits de la part de Pacific Rubiales est celui du peuple autochtone Sikuani. « Sans consultation préalable, laquelle est pourtant prévue dans la législation colombienne, les Sikuani ont été déplacés de leurs territoires ancestraux. De plus, un barrage de contrôle est installé sur la route publique menant au champ pétrolifère de Pacific Rubiales, mais également près de différents villages et réserves autochtones », mentionne Amir Khadir, député de Québec Solidaire. L’armée et les forces de police colombiennes surveillent ce barrage. Embauchant environ 14 000 travailleurs, Pacific Rubiales a recours à 6000 hommes armés (police, armée et forces de sécurité privée) pour protéger ses installations. « On ne peut qu’imaginer l’importante militarisation de cette région peu peuplée ! », s’exclame le député.

Conditions de travail déplorables et assassinat d’un syndicaliste

Un accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la Colombie, entré en vigueur en même temps que l’ALECC, stipule que les deux États doivent incorporer et protéger les principes et les droits reconnus par l’Organisation internationale du travail (OIT), tels que la liberté d’association et le droit de négociation collective. « Or, les travailleurs ne peuvent s’affilier au syndicat de leur choix et continuer à travailler pour la pétrolière. Ces pratiques vont clairement à l’encontre du droit du travail et syndical », dit Guy Martin, de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). « Non seulement les travailleurs affiliés au syndicat pétrolier national font face à des menaces et à de l’intimidation, mais l’un d’entre eux a aussi payé de sa vie », continue-t-il en faisant référence au meurtre de Milton Parra, militant syndicaliste, en décembre 2012. « Trois jours après la tenue de l’audience sur Pacific Rubiales Energy, un autre leader syndical et sa famille ont reçu des menaces de mort. C’est très inquiétant », a-t-il aussi souligné.

Responsabilité de l’État canadien

Aucun cadre réglementaire n’existe pour contrôler les activités des entreprises canadiennes à l’étranger. Celles-ci sont tenues de respecter les lois nationales, mais rien n’est mis en place pour s’assurer qu’elles le fassent réellement ou qu’elles respectent les conventions internationales. Alain Deneault, auteur de Paradis sous terre et de Noir Canada – ouvrage retiré des librairies à la suite de pressions judiciaires de la part de de la minière canadienne Barrick Gold – insiste pour qu’« une législation contraignante soit votée afin d’exiger des entreprises enregistrées ici qu’elles respectent les engagements internationaux du Canada en matière de droits humains. L’État doit enquêter sur les nombreux cas d’abus et, le cas échéant, imposer des sanctions aux sociétés concernées », conclut-il.

La délégation canadienne était constituée de représentantes et représentants de neuf organisations : le parti Québec Solidaire, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Groupe d’orientation politique sur les Amériques du Conseil canadien de la coopération internationale (GOPA-CCCI), le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), CASA – Toronto (Colombia Action Solidarity Alliance) et le Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC).

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Une délégation canadienne sur place https://www.csn.qc.ca/actualites/une-delegation-canadienne-sur-place/ Fri, 12 Jul 2013 11:20:00 +0000 http://centralecsn.wpdev0.koumbit.net/actualites/une-delegation-canadienne-sur-place/ À l’initiative du Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), plusieurs représentantes et représentants d’organisations sociales et syndicales québécoises et canadiennes participent à une mission de solidarité et d’observation dans le cadre d’une audience destinée à l’examen des pratiques de la pétrolière canadienne Pacific Rubiales Energy (PRE) en Colombie. Cette audience constitue une étape du Tribunal populaire sur les politiques extractives, organisé par des organisations sociales colombiennes dont l’Union sindical obrera (USO), le syndicat pétrolier national.

Pacific Rubiales Energy en Colombie

Pacific Rubiales Energy, une société canadienne, est la plus importante pétrolière étrangère en Colombie. Elle produit 40 % du pétrole brut colombien et emploie plus de 15 000 travailleurs. Plus de 90 % des employés travaillent en sous-traitance, en deça du salaire minimum de l’industrie du pétrole en Colombie. Depuis 2011, un conflit de travail oppose l’entreprise aux communautés vivant près de ses champs pétrolifères ainsi qu’à ses travailleurs. En septembre 2011, en présence de l’ambassade canadienne, PRE et l’USO sont arrivés à une entente, qui n’est pas pourtant respectée par l’entreprise. En décembre 2012, un travailleur sous-traitant de PRE a été menacé de mort, puis assassiné. Tout porte à croire que ce meurtre soit le résultat de ses activités syndicales. L’entreprise a aussi créé une liste des travailleurs affiliés à l’USO afin qu’ils ne puissent plus travailler dans la région. Malgré tout cela, le gouvernement canadien refuse d’intervenir davantage auprès de PRE. Amir Khadir, député du parti d’opposition québécois Québec solidaire faisant partie de la délégation, dénonce cette situation et demande au gouvernement canadien d’agir auprès de Pacific Rubiales Energy dont le comportement nuit à la réputation du Canada en Colombie. Dave Coles, président du Syndicat des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), le plus grand syndicat national, fait aussi partie de la délégation canadienne. «Pacific Rubiales est responsable de la création d’un violent conflit au sein duquel les travailleurs affiliés à l’USO font non seulement face à des menaces et de la violence, mais un d’entre eux a aussi payé de sa vie,” dit M. Coles. « Ceci est une tache sur la réputation de toute l’industrie extractive du Canada » continue-t-il, demandant aux politiciens de se « sortir la tête du sable et d’agir en imposant un moratoire sur toutes les concessions extractives en Colombie jusqu’à ce que le pays ait amélioré ses politiques. Présentement, les entreprises extractives exploitent les travailleurs et l’environnement dans une poursuite aveugle de profits».

L’audience de Pacific Rubiales Energy

L’audience se tiendra les 13 et 14 juillet à Puerto Gaitan, dans la région où l’on retrouve les champs pétrolifères exploités par PRE. Des travailleuses et travailleurs ainsi que des résidentes et résidents de la région seront appelés à comparaître afin de témoigner des agissements de l’entreprise. L’ambassade canadienne a décliné l’invitation à assister à l’exercice. « Le gouvernement a signé avec le gouvernement colombien un accord de coopération dans le domaine du travail en même temps qu’il a signé l’Accord de libre-échange Canada-Colombie. Cet accord stipule que chacun des États doit incorporer et protéger les principes et les droits reconnus dans le domaine du travail, notamment les droits fondamentaux issus de la Déclaration de l’Organisation internationale du travail (OIT) de 1998 tels que la liberté d’association et le droit de négociation collective, qui inclut le droit de grève. Toutefois, depuis l’entrée en vigueur de ces accords, la situation des droits du travail n’a pas changé en Colombie et la plus importante société pétrolière étrangère en Colombie est une compagnie canadienne qui se trouve au cœur d’un conflit depuis deux ans. Que fait notre gouvernement? » se questionne Guy Martin, de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). « Non seulement, les droits des travailleurs ne sont pas respectés, mais selon les sources sur le terrain, on observe aussi des violations des droits sociaux, environnementaux et culturels des communautés, notamment chez les autochtones. Les communautés autochtones vivant près des champs de pétrole font aussi partie des plaignants qui seront entendus lors de l’audience » d’ajouter Terry-Lynn Brant de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC). « Les témoins qui seront sous les projecteurs lors de cette audience sont susceptibles d’être victimes de diverses menaces avant, pendant et après l’audience. C’est pourquoi la présence de la délégation canadienne est très importante, afin de donner une visibilité à ce processus populaire, mais aussi afin d’assurer la sécurité des témoins » de conclure Constance Vaudrin, de l’Americas Policy Group (APG). La séance finale du Tribunal populaire aura lieu les 16, 17 et 18 août à Bogota. Les membres de la délégation canadienne participeront à une conférence de presse à Montréal par la suite afin de faire connaître les conclusions du Tribunal populaire. La délégation canadienne est constituée représentantes et représentants de neuf organisations : le parti Québec Solidaire, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), l’Americas Policy Group (APG), le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), CASA – Toronto (Colombia Action Solidarity Alliance) et le Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC).

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Les projets soutenus par l’ASTM en 2012 https://www.csn.qc.ca/actualites/les-projets-soutenus-par-lastm-en-2012/ Sun, 30 Dec 2012 17:49:41 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=55837 Mali

Améliorer la santé des femmes et des enfants

Le Mali est un des pays les plus pauvres au monde et 29 % de sa population (42 % des enfants de moins de 5 ans) sont sous-alimentés.

L’ASTM soutient un projet visant l’amélioration de l’alimentation dans quatre communes de Dioïla au Mali par la culture de moringa et la formation d’une vingtaine de villageoises chargées de renseigner leurs concitoyens quant à l’utilisation du moringa. Le moringa est un arbre facile à cultiver dont les feuilles, plus riches en vitamines, en minéraux et en protéines que la plupart des légumes, permettent de lutter contre la malnutrition et les maladies qu’elle provoque.

Le Carrefour de solidarité internationale de l’Estrie pilote ce projet de souveraineté alimentaire en partenariat avec l’association malienne Kilabo.


Guatemala

Protéger des militantes et militants

Le Guatemala est un pays particulièrement répressif, où les droits des militants sont systématiquement bafoués par les forces de l’ordre.

L’ASTM appuie le Projet accompagnement Québec Guatemala (PAQG), une organisation de défense des droits humains et syndicaux. Depuis plus de 15 ans, le PAQG envoie au Guatemala des accompagnatrices et des accompagnateurs qui, par leur présence, assurent une plus grande sécurité à des militantes et militants de la société civile. Lorsqu’ils sont témoins d’exactions, les accompagnateurs observent, documentent et dénoncent les agressions dont font l’objet des militantes et militants. Les accompagnateurs sont plus particulièrement affectés à des personnes défendant les droits humains et à des communautés subissant les répercussions sociales et environnementales de l’exploitation de mines par des entreprises canadiennes. Chaque année, PAQG forme en moyenne 5 accompagnateurs qui sont envoyés sur le terrain pour une période minimale de 3 mois auprès d’organisations guatémaltèques partenaires.


Honduras et Nicaragua

Renforcer les capacités de centrales syndicales

Au Honduras et au Nicaragua, les organisations syndicales font face à de nombreux défis notamment en ce qui a trait à l’unité syndicale, au renouveau syndical et aux accords de libre-échange.

L’ASTM appuie un projet de renforcement des capacités d’organisations syndicales : la Central Unitaria de Trabajadores de Honduras (CUTH) et la Central Sandinista de Trabajadores (CST). Le projet vise à outiller ces centrales afin qu’elles puissent affronter les défis de l’intégration régionale, à renforcer leurs capacités en matière de communication et à favoriser leur concertation mutuelle. Le projet a aussi pour but de favoriser la participation des femmes au monde du travail et au sein des organisations syndicales.

Alternatives assure la gestion administrative du projet, la CSN et ELA (Pays basque espagnol) prennent en charge la coordination et le soutien au contenu. Le projet est financé par le programme québécois de développement international du ministère des Relations internationales (MRI), la CSN et ELA. La CUT du Brésil suit de près le projet et participe notamment aux séminaires.


Mali, Sénégal et Togo

Appuyer des travailleurs de l’économie informelle

Au cours des dernières décennies, le nombre de personnes vivant de l’économie informelle a été en nette progression en Afrique de l’Ouest. Dans plusieurs pays, elles représentent aujourd’hui plus des trois quarts de la main-d’œuvre active. En règle générale, ces travailleuses et travailleurs sont mal rémunérés, vivent des conditions d’emplois précaires et ne bénéficient d’aucun système de protection sociale. De plus, ils sont mal représentés, les centrales syndicales étant plus présentes dans le secteur formel.

Au Mali, au Sénégal et au Togo, l’ASTM soutient un projet de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT) et l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS) visant l’organisation et la représentation syndicale de travailleuses et travailleurs de l’économie informelle afin de mettre un terme à leur situation d’exclusion en favorisant leur reconnaissance par les pouvoirs publics ainsi que leur participation au dialogue social. Le projet a pour objectif de renforcer la capacité des organisations syndicales à intervenir dans le secteur de l’économie informelle et à y recruter des membres. Il doit également renforcer la capacité des responsables syndicaux provenant du secteur informel à bien représenter leurs mandants. De plus, le projet permettra l’élaboration ou l’amélioration d’outils d’intervention ayant pour but de soutenir les entreprises collectives dans le secteur de l’économie informelle.

La CSI-Afrique pilote le projet en partenariat avec la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT) et l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS). La CSN apporte une expertise en matière de microentreprise et l’Institut Belleville de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) fournit un apport méthodologique en plus d’accompagner l’élaboration des contenus de formation.


Guatemala – Canada

Défendre les droits des travailleuses et des travailleurs migrants

Le phénomène des migrations en Amérique centrale prend diverses formes : migrations vers le nord ou déplacements à l’intérieur de la région. Depuis quelques années, le phénomène des travailleurs migrants temporaires connaît une croissance importante au Canada. Leur nombre, qui a plus que triplé depuis 2000, est depuis 2006plus important que celui des résidents permanents admis chaque année. Si de nombreuses organisations guatémaltèques s’intéressent aux questions de migration, les programmes de travail temporaire de même que la situation des travailleuses et travailleurs migrants temporaires sont peu ou pas connus.

L’ASTM soutient un projet visant à créer une synergie entre l’éducation aux droits humains et le plaidoyer relatif à ces droits dans le but d’assurer le respect des droits des travailleurs migrants temporaires, tant au Canada qu’au Guatemala.

Au Guatemala, le projet a permis la tenue d’une conférence sur les programmes de travail temporaire au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Cet espace d’échange, de dialogue et de négociation a offert l’occasion à différents acteurs liés à cette problématique de se rencontrer. De plus, cette conférence a permis à des organisations guatémaltèques d’intégrer cette thématique à leur analyse globale du phénomène migratoire en Amérique centrale. Au Canada, des représentants d’organisations guatémaltèques ont effectué une tournée en Ontario, au Québec et en Alberta à l’automne 2012 dans le but créer des liens de solidarité entre les organisations de la société civile travaillant sur la migration temporaire au Canada, au Guatemala et en Amérique centrale, ainsi qu’avec les militants du mouvement sur la souveraineté alimentaire au Canada. Les Guatémaltèques ont amélioré leur connaissance des programmes temporaires de travail au Canada et échangé avec des groupes militants sur les modifications à apporter aux programmes de travail temporaire. Ils ont également rencontré des décideurs publics provinciaux et fédéraux canadiens et québécois et les informer des expériences des travailleurs migrants venant travailler au pays.

Le projet est mené par Inter Pares avec son partenaire Project Counselling Service (PCS) établi dans la région centraméricaine. Deux organisations guatémaltèques participent étroitement au projet : l’Association des Guatémaltèques unis pour leurs droits (AGUND) et la Pastorale de la mobilité humaine (PMH).


Haïti

Renforcer l’Union nationale des normaliens et des éducateurs haïtiens (UNNOEH)

L’Union nationale des normaliens et des éducateurs haïtiens (UNNOEH) est en réorganisation depuis son congrès de 2008. Cette organisation syndicale souffrait de déficit démocratique, de graves problèmes organisationnels et de stagnation depuis une quinzaine d’années. Sa nouvelle direction, jeune et dynamique, cherche à renforcer les capacités organisationnelles de l’UNNOEH afin que celle-ci assure une meilleure défense des droits des travailleuses et des travailleurs dans le contexte de la reconstruction d’Haïti.

L’ASTM appuie un projet dont l’objectif est de renforcer les capacités organisationnelles et institutionnelles de l’UNNOEH et de dynamiser ses structures de base afin qu’elle puisse contribuer à l’amélioration des conditions de travail des enseignantes et des enseignants d’Haïti et au développement durable d’Haïti par l’accomplissement efficace de sa mission dans le secteur éducatif.

La FNEEQ assure le suivi de la réalisation du projet avec l’UNNOEH.


Mexique

Syndiquer les travailleuses et travailleurs des maquiladoras

L’augmentation de la pauvreté, de la précarité des emplois, de l’importance du secteur informel, de même que l’accroissement de l’insécurité et de la violence, en grande partie dues à la lutte contre le trafic de drogue, qu’a connus le Mexique au cours des dernières années rendent beaucoup plus difficile le travail des syndicats déjà confrontés à un système de relations de travail gangrené par l’ingérence politique et les problèmes de reconnaissance des droits des travailleurs et des syndicats eux-mêmes.

La CSN soutient, depuis la fin des années 1990, le Frente Autentico del Trabajo (FAT), une organisation syndicale indépendante et progressiste mexicaine. Plus précisément, la CSN appuie les efforts de syndicalisation du FAT dans les maquiladoras, notamment dans la région de Ciudad Juárez.

Cette année, l’appui de l’ASTM contribuera à la syndicalisation de travailleuses et de travailleurs dans la vallée de Mexico de même qu’à la consolidation et à l’expansion des sections du FAT dans les domaines des métaux, des textiles, des transports et des services. Il permettra également de soutenir le travail du FAT sur les questions de l’égalité des genres dans la même région.


Haïti

Soutenir des initiatives socioéconomiques d’associations paysannes

Depuis plus de dix ans, l’Institut Karl-Lévesque développe des projets d’économie sociale et solidaire avec des organisations populaires paysannes en Haïti.

Dans le cadre de ce projet, l’ASTM appuie la réalisation d’activités d’économie sociale par des organisations paysannes dans quatre communes : élevage de chèvres, cultures maraîchères (stockage), artisanat, microcrédit (petits commerces), construction d’un moulin à grains et d’une boulangerie, etc. Ce projet vise à accroître les revenus des paysannes et des paysans des communes de Verrettes, de Petit-Goâve, de Croix-des-Bouquets et de Marigot. Il a aussi pour but de consolider la contribution des organisations paysannes de ces mêmes communes au développement durable.

Ce projet est le fruit d’un partenariat entre le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) et l’Institut culturel Karl-Lévêque (ICKL). Le projet est financé par le ministère des Relations internationales du Québec et des membres du CISO, dont la CSN et les Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA-Québec).

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