Dossier : Entente de principe dans le secteur public – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca Le maillon fort du syndicalisme au Québec Fri, 11 Aug 2017 13:55:34 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.3 https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2019/05/csn-logo-150x150.png Dossier : Entente de principe dans le secteur public – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca 32 32 Tout un rapport de force https://www.csn.qc.ca/actualites/tout-un-rapport-de-force/ Fri, 01 Jan 2016 16:23:13 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=62786

Il y avait longtemps qu’on avait vu une manifestation telle que celle du Front commun qui rassemblait quelque 150 000 personnes dans les rues de Montréal le 3 octobre dernier. Jamais on n’avait vu un mouvement de grève rallier 400 000 travailleuses et travailleurs à la grandeur du Québec.

L’exercice du droit de grève des salarié-es du secteur public a été l’aboutissement d’une mobilisation mise en œuvre il y a plus d’un an. Les membres des quatre fédérations du secteur public de la CSN (Fédération des employées et employés de services publics, Fédération de la santé et des services sociaux, Fédération des professionnèles, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec) se sont alors mis en action pour soutenir les négociations. Plans d’action sectoriels, activités de mobilisation régionales aux quatre coins du Québec, manifestation nationale du 3 octobre dernier, exercice du droit de grève : tout a été mis en œuvre afin de démontrer au président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, la détermination des travailleuses et des travailleurs à améliorer leurs conditions de travail, à maintenir la qualité des services publics et à en défendre l’accessibilité.

De nombreuses équipes de travail de la CSN ont été mises à contribution, particulièrement celles du Service d’appui à la mobilisation et à la vie régionale, pour construire une telle mobilisation. « De Gatineau à Havre-Saint-Pierre, de Sherbrooke à Kuujjuarapik en passant par Rouyn-Noranda, de Saguenay à Chibougamau, de Québec à Gaspé, dans toutes les villes et les villages du Québec, les membres ont répondu à l’appel, mentionne le président de la CSN, Jacques Létourneau. J’ai été témoin de franche camaraderie, de sourires contagieux, de bras ouverts, de poings levés, de grands élans de solidarité. Mais je n’ai jamais rien vu de comparable à la grève qu’ont menée les travailleuses et les travailleurs du secteur public au cours de l’automne. »

En parcourant les lignes de piquetage, Jacques Létourneau a également pu constater concrètement la solidarité de la population. « Jamais je n’avais senti un appui aussi fort de la population, qui nous le témoignait en klaxonnant ou tout simplement en s’arrêtant pour discuter avec nous. Ce que nous ont dit les gens, c’est qu’ils comprenaient l’importance de notre lutte. Ils comprenaient que nous nous battions pour maintenir des services publics accessibles et de qualité et que, pour y arriver, nous devions améliorer les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs qui y sont dévoués. » Cet appui s’est d’ailleurs reflété dans un sondage réalisé à l’automne pour le Journal de Montréal et le journal Le Devoir, qui indiquait que 64 % de la population croyait que le gouvernement gérait mal les négociations en cours. Elle appuyait les syndicats dans une proportion de 51 %, contre 28 % seulement pour le gouvernement.

Place à la négociation

C’est grâce à ce puissant rapport de force que le Front commun a pu déposer, le 18 novem­bre dernier, une contre-proposition afin de débloquer les impasses aux tables de négociation. De plus, pour démontrer sa bonne foi et le sérieux de sa volonté de laisser toute la place à la négociation, ce qui permettrait de convenir d’une entente dans les meilleurs délais, le Front commun annonçait le report de certaines journées de grève. L’espace créé a favorisé l’intensification des travaux et un changement de ton dans les discussions. Pour la première fois en un an, le gouvernement s’est véritablement mis en mode négociation. Toutefois, Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN, avait prévenu que « le report des journées de grève pourrait s’avérer de courte durée si l’on ne constatait aucun mouvement significatif de la part du gouvernement aux tables de négociation ». Puisque des blocages importants subsistaient, tant aux tables sectorielles qu’à la table centrale, notamment sur les conditions de travail, les salaires et le régime de retraite, le Front commun annonçait la tenue d’une journée de grève nationale le 9 décembre. « Les négociations ne doivent pas seulement s’intensifier, elles doivent mener à des réponses concrètes aux demandes que nous avons déposées et, ultimement, à une convention signée », ajoutait madame Lévesque.

Pour signifier leur appui à la négociation, les membres du secteur public ont poursuivi leur mobilisation en menant de nombreuses actions dans les jours qui ont précédé la grève nationale. Ils ont notamment organisé des lignes de piquetage le 2 décembre et des actions de perturbation locales se sont tenues en collaboration avec nos partenaires du Front commun. De plus, tous les moyens de pression déjà en place dans les établissements du réseau de la santé, des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux se sont poursuivis.

Afin d’isoler Martin Coiteux au sein du caucus libéral, le Front commun a également lancé une chasse aux députés libéraux au cours des dernières semaines de l’automne. « Il n’était pas normal que les députés du Parti libéral puissent participer à des rencontres publiques sans nous trouver sur leur chemin pour leur rappeler que l’arrogance et l’insensibilité de Martin Coiteux nuisaient à l’ensemble de la population du Québec, indique la responsable de la mobilisation au comité exécutif de la CSN, Véronique De Sève. De nombreuses rencontres ont ainsi été perturbées. Le Front commun a même empêché Martin Coiteux de prendre la parole devant la Chambre de commerce de Sainte-Catherine, en Montérégie, et à quelques reprises devant celle de Montréal. Nous avons toujours cru que notre mobilisation devait être forte dans l’ensemble des régions du Québec. Grâce à la mobilisation des membres du secteur public, au travail soutenu de l’ensemble des équipes régionales de la CSN et à l’appui sans réserve des élu-es des fédérations et des conseils centraux de la CSN, nous avons pu établir tout un rapport de force. »

Au final, l’extraordinaire mobilisation des membres du Front commun aura forcé Martin Coiteux à sortir du cadre financier qu’il voulait imposer à cette négociation, permettant ainsi des gains significatifs pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du secteur public.

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Québec revoit son cadre financier https://www.csn.qc.ca/actualites/quebec-revoit-son-cadre-financier/ Fri, 01 Jan 2016 16:11:36 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=62778

Au terme d’une mobilisation historique, le Front commun a convenu d’une entente de principe avec le Conseil du trésor en vue du renouvellement des conventions collectives de 400 000 travailleuses et travailleurs du secteur public. Entretien avec le président de la CSN, Jacques Létourneau, et la vice-présidente responsable des négociations du secteur public, Francine Lévesque, pour faire le point sur le dénouement de cette longue négociation qui a amené Québec à sortir de son cadre financier.

Le 11 septembre 2014, accompagné de son ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, et d’Yves Bolduc, alors à l’Éducation, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, avait convoqué à Québec les dirigeants du Front commun pour mettre la table à l’approche des négociations du secteur public.

« Tout y était !, se rappelle Jacques Létourneau. “Rigueur” budgétaire, optimisation des ressources, amélioration de l’efficience dans l’organisation du travail… Martin Coiteux nous expliquait comment il voulait “repenser l’État” et arrimer nos conventions collectives avec les énormes restructurations que le gouvernement planifiait pour les réseaux de la santé et de l’éducation. On est sortis de là plus convaincus que jamais qu’une forte mobilisation des travailleuses et des travailleurs du secteur public serait essentielle pour stopper la volonté du gouvernement libéral de procéder à des attaques sans précédent à leurs conditions de travail dans une logique de démantèlement de l’État social.Le 15 décembre suivant, les négociateurs du Conseil du trésor déposaient les offres du gouvernement au Front commun : gel salarial de deux ans, 1 % d’augmentation pour chacune des trois années suivantes, en plus de diverses modifications au régime de retraite qui auraient toutes contribué à diminuer de façon importante les rentes des retraité-es de l’État. »

Les libéraux ne comptaient pas s’arrêter là. L’ampleur des reculs exigés allait être constatée quelques jours plus tard aux différentes tables sectorielles, où l’ensemble des conditions de travail autres que la rémunération sont négociées.

« Mobilité, flexibilité et disponibilité de la main-d’œuvre : le gouvernement voulait permettre aux employeurs de faire ce qu’ils voulaient avec leurs employé-es, explique Francine Lévesque. Le gouvernement voulait multiplier les horaires atypiques, abolir les heures supplémentaires au cours d’une journée, imposer des semaines de travail sur six jours, forcer les gens à aller travailler à des centaines de kilomètres de leur lieu de travail actuel, restreindre l’accès à l’assurance invalidité et, tant qu’à y être, s’attaquer à la sécurité d’emploi. Des reculs de 20, voire 30 ans pour nos conditions de travail. »

« Cette volonté de charcuter des pans entiers de nos conventions collectives doit être remise dans son contexte : le projet de loi 10 dans le réseau de la santé et des services sociaux, dont la fusion de dizaines et de dizaines d’établissements aux vocations diverses, et la valse-hésitation quant aux réformes à apporter pour le réseau de l’éducation. Ces attaques, si elles s’étaient concrétisées, auraient permis aux gestionnaires des nouveaux établissements hyper centralisés de nous faire travailler quand ils veulent, où ils veulent et comme ils veulent, sans aucun égard à notre autonomie professionnelle ou à nos contraintes personnelles ou familiales », poursuit madame Lévesque.

« On ne prétendra jamais que la préservation d’acquis constitue un gain, mais lorsqu’on regarde l’étendue des demandes patronales que nous sommes parvenus à contrer, on peut certainement se réjouir », enchaîne Jacques Létourneau.

Entente de principe

L’entente de principe intervenue le 17 décem­bre dernier comporte des augmentations salariales moyennes de 7,65 % en 5 ans, auxquelles s’ajoutent des montants forfaitaires totalisant 1,5 % du salaire moyen (par ETC, ou équivalent temps complet). En 2019, d’importants changements à la structure salariale seront apportés et résulteront par des augmentations salariales moyennes de 2,4 %.

ate des années 1960, précise Francine Lévesque. Au fil du temps, de nombreuses incohérences s’y sont installées. Pour un même rangement, on peut retrouver jusqu’à dix échelles différentes pour autant de titres d’emploi qui ont une valeur équivalente. Pourtant, le salaire à l’entrée diffère, le salaire au sommet de l’échelle varie, même le nombre d’échelons est différent. Alors que la logique voudrait que les salarié-es appartenant à un même rangement puissent bénéficier du même traitement salarial. Voilà pourquoi nous avons accepté de procéder à ces travaux et de conclure une entente à cet effet : afin d’établir une structure salariale plus équitable pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du secteur public. » Ainsi, en 2019, chaque rangement sera doté d’une nouvelle échelle salariale unique. L’ensemble de cette nouvelle structure sera rehaussé de 2,5 %. Pour 68 % des travailleuses et des travailleurs, l’intégration dans la nouvelle structure salariale résultera par des augmentations supérieures à 2 % pour cette année.

« Bien sûr, on peut se poser la question suivante : pourquoi quelqu’un bénéficierait-il d’une augmentation de 5 % alors qu’un autre n’aurait que 1,5 % ? La question est légitime : elle est à l’image des incohérences d’une structure salariale qui date de nombreuses années et qui était donc elle-même inéquitable », explique Francine Lévesque.

Régime de retraite

En 2019, l’âge de la retraite sans pénalité actua­rielle passera de 60 à 61 ans. « Dans toute négociation, chaque partie doit faire un bout de chemin, souligne Jacques Létourneau. Le gouvernement nous avait clairement fait comprendre qu’aucune entente ne serait possible sans un mouvement de notre part quant à l’âge de la retraite et qu’il prendrait les mesures nécessaires si nous nous y opposions. On sait lire entre les lignes. On a donc tenté deminimiser les impacts par la voie de la négociation : celles et ceux ayant 30 années de service pourront toujours partir à l’âge de 60 ans sans pénalité. Ce sera aussi le cas pour les salarié-es comptant 35 ans de service cotisés. » Quant à la pénalité actuarielle, elle passera à 6 % en 2020. « Il ne s’agit pas d’une con­cession, précise Jacques Létourneau. C’est le taux qui correspond à l’équilibre entre les salarié-es prenant une retraite anticipée et les autres cotisants. Les chiffres fournis par la CARRA nous l’ont démontré : à 4 %, les salarié-es qui prenaient une retraite anticipée étaient “financés” par les autres salarié-es. Il y avait manifestement un déséquilibre. »

Aux assemblées générales de se prononcer

Alors que les instances de négociation de trois fédérations du secteur public de la CSN (FNEEQ, FEESP, FP) ont choisi de recommander cette entente de principe, une fédération, la FSSS, a plutôt fait le choix de recommander à ses syndicats de la rejeter.

« Il en va de notre vie démocratique en tant que mouvement syndical, reconnaît Jacques Létourneau. Au bout du compte, cette entente de principe appartient aux travailleuses et aux travailleurs : c’est à eux qu’il revient d’en prendre pleinement connaissance, d’en estimer la valeur, de décider si elle est satisfaisante ou non. Quelle que soit leur décision, la CSN sera toujours là pour les appuyer dans leurs luttes. »

« Mais si la CSN et ses partenaires du Front commun ont fait le choix de recommander cette entente de principe, c’est que nous la jugeons satisfaisante dans le contexte où nous l’avons négociée. Ce ne sont pas toutes les composantes du Front commun qui étaient prêtes à poursuivre la grève. Nous croyons que, vu la conjoncture à laquelle nous étions confrontés, nous avons obtenu le maximum possible, tout en évitant que le gouvernement n’utilise la menace d’une loi spéciale. Bien sûr que nous aurions aimé aller en chercher plus. Mais lorsqu’on compare le cadre financier mis de l’avant au départ par le gouvernement avec ce que nous sommes parvenus à négocier, principalement grâce à une mobilisation sans précédent de la part des travailleuses et des travailleurs du secteur public, et pas juste à la table centrale, mais pour l’ensemble des conditions de travail du secteur public, on peut certainement affirmer que les gains sont significatifs. Bien malin est celui qui, l’an dernier, aurait pu prévoir un tel dénouement dans les négociations du secteur public et que nous aurions réussi à défoncer le cadre financier du gouvernement Couillard en obtenant un montant trois fois supérieur à l’offre de départ pour ce qui est de la rémunération globale », affirme le président de la CSN.


 

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