Relations interculturelles – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca Le maillon fort du syndicalisme au Québec Mon, 27 May 2024 21:02:03 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.3 https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2019/05/csn-logo-150x150.png Relations interculturelles – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca 32 32 Injonction à l’UQAM contre le camp en solidarité avec la Palestine: la CSN déplore la judiciarisation de la situation https://www.csn.qc.ca/actualites/injonction-a-luqam-contre-le-camp-en-solidarite-avec-la-palestine-la-csn-deplore-la-judiciarisation-de-la-situation/ Mon, 27 May 2024 20:58:44 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=97877 La Confédération des syndicats nationaux représentant notamment les professeur-es et chargé-es de cours de l’UQAM déplore que l’institution ait choisi la voie de la judiciarisation au lieu de celle du dialogue avec les étudiantes et les étudiants actuellement mobilisés contre la guerre à Gaza.

« Nous réitérons notre appel auprès de la direction de l’UQAM de rechercher des solutions par la voie du dialogue, réagit la présidente du SPUQ–UQAM, Geneviève Hervieux. C’est en discutant avec les étudiantes et les étudiants que de nombreuses universités d’Amérique du Nord ont pu trouver un terrain d’entente avec leurs étudiantes et étudiants dans des contextes semblables. Pour nous la priorité doit être d’éviter tout dérapage et de favoriser un véritable dialogue sur le fond des revendications. » Le syndicat représentant les professeur-es s’est d’ailleurs mis à la disposition des deux parties pour les fins de facilitation du dialogue, si elles le souhaitent.

Le président du SPPEUQAM–CSN, Olivier Aubry, explique que le choix de la judiciarisation pris par l’UQAM provoque l’indignation également chez les chargé-es de cours de l’institution. « Non seulement, l’Université brime ainsi la liberté d’expression, mais en plus, cela témoigne d’une incompréhension des enjeux qui sous-tendent ces mobilisations sans précédent à travers la planète ». Le SPPEUQAM–CSN invite le recteur Pallage à établir un dialogue de bonne foi avec les personnes représentant les parties.

Cessez-le-feu !

« On assiste actuellement à un bain de sang au Proche-Orient, rappelle la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Ce sont des civils qui en sont les premières victimes. Cela doit arrêter. En ce sens, toutes les initiatives pacifiques visant à faire taire les armes sont bienvenues. Quant à nous, l’UQAM doit entendre cette colère et se demander comment elle peut contribuer à la paix et à la justice dans le monde ».

À propos

La CSN représente près de 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada. Le SPUQ–CSN représente plus de 1225 professeur-es de l’UQAM. Quant au SPPEUQAM–CSN, il regroupe quelque 2100 chargé-es de cours.

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Voyage au pays des essentiels https://www.csn.qc.ca/actualites/voyage-au-pays-des-essentiels/ Tue, 14 Nov 2023 00:16:48 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=92904 On les surnomme avec raison les « essentiels ». Ils sont partout. Que deviendraient sans eux nos services de santé, nos entreprises ou nos récoltes ? Ces personnes venues d’ailleurs apportent des savoirs indispensables. Sans elles, la société québécoise tournerait au ralenti. Depuis plusieurs années, la CSN a choisi de les accueillir, de faciliter leur intégration et de leur offrir des conditions de travail égales aux nôtres. Le défi est de taille, les embûches ne manquent pas, mais chaque jour nos syndicats font preuve d’une ouverture et d’une générosité remarquables. Portrait d’un syndicalisme inclusif.

Chez Beauce-Atlas de Sainte-Marie, une entreprise de charpente métallique, près de 30 % des employé-es sont des travailleurs étrangers temporaires, originaires des Philippines.

Comme quarante-cinq de ses camarades philippins, Ryan Mance est maintenant bien établi à Sainte-Marie avec sa femme et ses trois enfants. Le petit dernier est même né ici. Sans l’aide du syndicat, des collègues et des gens de la communauté, il affirme que rien de tout cela n’aurait été possible : « Nous avons eu beaucoup d’aide et j’ai réussi à développer mes compétences de machiniste. Ç’a été une opportunité de vivre une meilleure vie pour moi et ma famille. Je veux absolument obtenir mon statut de travailleur permanent et de citoyen canadien, je veux demeurer au Canada ». Comme la majorité des travailleurs étrangers temporaires, Ryan devra débourser des montants importants, faire preuve de patience et surtout maîtriser le français, qui est une troisième langue pour lui et ses collègues.

Son ami Wennie Varga, 38 ans, est devenu, lui, opérateur de pont roulant chez Beauce-
Atlas. Et comme il travaille à l’extérieur, il a dû s’adapter au grand froid. Depuis février dernier, sa famille est ici avec lui et il se sent en sécurité parmi nous. « Les gens de la communauté nous ont beaucoup aidés, l’accueil a été très bon, je ne regrette pas mon choix, j’aime la vie ici au Canada », affirme Wennie.

Parfois, l’arrivée massive de travailleurs étrangers donne lieu à des manifestations de racisme en milieu de travail. Chez Beauce-Atlas, la vigilance du syndicat et de l’employeur a permis de révéler les comportements déplacés d’un contremaître et de mettre en place une formation interculturelle obligatoire pour tous les employés de l’usine. Cette formation, payée par l’employeur, était destinée à briser les tabous et à apprendre aux gens à mieux se connaître, nous dit le directeur de production de l’usine, Patrice Fillion : « Certaines personnes disaient “ils viennent voler nos jobs”. Nous, on dit, ils sont là pour nous aider à maintenir la production. Il fallait changer les mentalités et je pense que ça a bien fonctionné. Il faut que les gens comprennent que ces immigrants-là font de méchants sacrifices pour arriver ici. C’est le message qu’on voulait lancer ». Et le message a été entendu comme en témoigne Doris Marcoux, trésorière du STT Beauce-Atlas : « Moi, je vois la différence. Il y a certains de mes collègues qui ont changé de comportement depuis la formation. Les mots racistes, c’est terminé. Il y a beaucoup de choses qui ont changé. C’est important que chacun comprenne vraiment la réalité de l’autre ».

Depuis 2019, ces « nouveaux Beaucerons » assurent le salut et l’avenir de l’entreprise. Car sans eux, nous dit Patrice Fillion, l’usine tournerait au ralenti : « Pour nous, ces gens sont vraiment essentiels, je ne sais pas ce qu’on ferait s’ils n’étaient pas là. Si on veut continuer à opérer, on a vraiment besoin d’eux ».

Pour garder ces travailleurs, l’employeur a dû faire preuve de souplesse, car le syndicat était bien déterminé à bonifier les conditions de travail de ces nouveaux employés qui disposent, par ailleurs, des mêmes droits et obligations que leurs collègues. Au chapitre des congés, les travailleurs philippins peuvent maintenant amasser une banque d’heures supplémentaires de six semaines qui leur permet, tous les deux ans, d’aller visiter leur famille demeurée là-bas.

Autres initiatives syndicales : le conseiller au dossier est bilingue et les assemblées se déroulent dans les deux langues. De plus, la convention collective est traduite en anglais et les titres d’emplois ont été modifiés pour permettre aux travailleurs étrangers temporaires de garder leur poste et de se conformer aux exigences très pointues d’immigration Canada.

Au fil des ans, les travailleurs philippins sont devenus de « vrais Beaucerons », accent local en moins. Leur intégration est un succès. On apprécie leur ardeur au travail et en prime, leur sourire. Pour Doris Marcoux, les travailleurs philippins sont plus que des collègues de travail : « On fait des sorties en dehors de l’usine, on fait du sport ensemble, ils sont devenus mes amis ».

Les Viandes du Breton, un modèle d’intégration

Les Viandes du Breton de Rivière-du-Loup accueille aujourd’hui au-delà de deux cents travailleurs guatémaltèques, algériens, marocains et tunisiens. C’est presque la moitié des effectifs de l’usine.

Nelson Geovany Par Costop est arrivé du Guatemala en 2017. Fuyant une situation économique très difficile, ce père de trois enfants a fait le choix du Canada, mais sa famille et ses amis sont restés au pays. Comme ses collègues travailleurs étrangers temporaires, il travaille fort, expédie pratiquement tout son argent dans son pays d’origine et profite des excellentes conditions de travail obtenues par son syndicat : « Notre convention collective est traduite en espagnol, le syndicat a beaucoup fait pour nous, nos assemblées syndicales se font en espagnol et notre représentant syndical Tony nous aide beaucoup. Notre convention prévoit mille dollars par année travaillée pour payer notre billet d’avion et aussi deux cent cinquante dollars comme argent de poche pour le transport vers l’aéroport et vers notre maison au Guatemala ». Au-delà des efforts consentis aux travailleurs étrangers temporaires comme lui, Nelson apprécie l’accueil des Québécois : « Les gens ici sont très gentils, ils nous ont bien accueillis et sont très fraternels. Pour moi c’est très positif. C’est une nouvelle culture, un nouveau pays. Nous sommes cinquante Guatémaltèques, on se visite, on a des vélos ». Il aime le Québec, mais son « cœur » est encore au Guatemala, contrairement à plusieurs de ses collègues, il ne se sent pas encore prêt à immigrer définitivement au Canada.

La liste des avantages négociés par le syndicat des Viandes du Breton pour ses travailleurs étrangers temporaires est particulièrement bien garnie. Elle comprend aussi l’accès à un service internet de qualité qui leur permet de communiquer avec leurs familles. L’employeur fournit également le logement (il a fait construire des duplex pour les héberger) et le transport, notamment pour aller suivre des cours de français pour lesquels ces travailleurs sont rémunérés à « temps simple ».

Mais tous ces avantages consentis aux travailleurs étrangers ne sont pas sans faire sourciller certains employés québécois, nous dit le président du syndicat Tommy Lizotte : « Des fois, les collègues trouvent que c’est deux poids deux mesures à l’égard des travailleurs étrangers, mais il faut leur laisser le temps de s’intégrer. Ils sont ici pour travailler. C’est normal de se faire aider quand on n’est pas dans son pays. Pour faire fonctionner l’usine à 100 %, ils sont essentiels, c’est certain. Avant leur arrivée, on devait faire beaucoup d’heures supplémentaires et des gens devaient occuper deux postes par manque de personnel. Maintenant c’est plus facile, ça donne du répit aux travailleurs et ça fait l’affaire de l’entreprise. »

Mansour Mansouri, lui, est tunisien. Arrivé chez Les Viandes du Breton il y a un an et demi, il a pu s’intégrer rapidement, en raison de sa langue maternelle, le français : « Ça a été facile pour moi de communiquer avec mes collègues, donc l’intégration s’est bien passée. Je suis célibataire et je veux construire ma vie ici. La qualité de vie est très bonne, j’ai acheté mon char, j’ai mon salaire, j’ai des ami-es québécois, je veux devenir citoyen canadien. Ici avec le syndicat, ce n’est pas compliqué. Tu demandes une chose et tu as la réponse rapidement. »

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Permis de travail fermé: une prison? https://www.csn.qc.ca/actualites/permis-de-travail-ferme-une-prison/ Mon, 13 Nov 2023 02:05:57 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=92902 En vertu du régime des permis de travail fermés qui s’applique aux travailleurs étrangers temporaires, les nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes sont liés par contrat à un seul et unique employeur. Impossible pour eux de changer d’employeur, sous peine d’être renvoyés dans leur pays d’origine.

Célestin* travaille comme préposé aux bénéficiaires dans un centre d’hébergement privé de Québec, un établissement syndiqué à la CSN. Comme travailleur étranger temporaire, il se sent prisonnier de son employeur, et ce, même s’il est protégé par une convention collective : « nous sommes à la merci de notre employeur, ce qui fait que nous avons peur de parler. Je connais à Québec plusieurs préposé-es non syndiqués originaires de mon pays qui sont abusés par leur employeur. Ils sont menacés d’être retournés dans leur pays, alors ils ne disent rien et acceptent des conditions injustes. »

Son collègue Marco*, lui aussi préposé aux bénéficiaires à Québec, est témoin de l’intimidation de certains employeurs : « Je connais beaucoup de préposé-es à Québec qui sont abusés par leur employeur, et ce, surtout dans les milieux non syndiqués. Ils sont intimidés et forcés de faire des heures supplémentaires par crainte de nuire à leur dossier d’immigration. Les employeurs détiennent leur billet d’avion et n’hésitent pas à exercer des pressions. Dans certaines résidences syndiquées, le syndicat hésite à déposer des griefs ou à porter plainte parce qu’ils sont des travailleurs étrangers avec des permis de travail fermés. »

« Théoriquement, les travailleurs étrangers temporaires syndiqués ont les mêmes droits que les autres, mais la capacité à les appliquer est plus limitée. On a quelqu’un qui a été congédié avec un permis de travail fermé, mais on a beau déposer des griefs et contester, même si on gagne la décision, la personne risque d’être déportée avant qu’elle soit rendue. Il faut mieux s’outiller pour défendre ces gens-là. », confirme Raphaël Poirier Goupil, conseiller à la FSSS–CSN.

À Québec, là où Marco travaille, 80 % des préposé-es aux bénéficiaires de son centre d’hébergement privé syndiqué à la CSN sont des travailleurs immigrants temporaires qui détenaient un diplôme d’infirmier dans leur pays d’origine. Nettement surqualifiés et sous-payés, soumis aux aléas de l’employeur, ils rêvent tous d’obtenir un permis de travail ouvert. Marco mentionne : « Si j’avais le ministre de l’Immigration devant moi, je lui demanderais de mettre fin aux permis de travail fermés et d’accorder dès le départ des permis de travail ouverts. Ça faciliterait notre intégration au Canada. Je pourrais travailler ailleurs pour combler les besoins d’autres résidences pour aîné-es et ça m’aiderait à subvenir à mes besoins. Ce serait aussi une solution à la pénurie de main-d’œuvre qu’on voit dans les résidences privées. Avec un permis ouvert, nous pourrions combler une partie des besoins de main-d’œuvre. On pourrait travailler 40 heures à un endroit et donner nos disponibilités pour faire du remplacement ailleurs et combler des besoins. Ça nous aiderait aussi à connaître d’autres personnes, d’autres expériences et ça faciliterait notre intégration. » Malgré leur faible rémunération et des conditions de travail très difficiles, les préposé-es aux bénéficiaires sont un rouage essentiel des services de santé, comme le témoigne Célestin : « Nous les préposé-es, nous sommes les pieds, les mains et la tête des résidentes et des résidents âgés. Si nous n’étions pas là, beaucoup de personnes âgées seraient mises en difficulté. Il n’y aurait personne pour s’en occuper.

De nouveaux défis pour la CSN

L’arrivée au Québec d’un grand nombre de travailleurs étrangers temporaires, c’est une histoire relativement récente, mais depuis le début, la CSN est présente pour aider ces travailleurs et travailleuses à intégrer le marché du travail et la société québécoise. La Fédération du commerce (FC) a produit un dépliant en trois langues à leur intention. Jonathan Aspireault-Massé, conseiller à la FC, a été un des premiers à les accueillir : « En 2018, je ne savais pas ce que ça mangeait un travailleur étranger temporaire. J’ai dû créer une lettre d’entente pour couvrir le plus de cas de figure possible. En fait, on a appris à piloter l’avion en plein vol. Il a fallu maîtriser rapidement les règles de l’immigration, du logement, de l’assurance-chômage et de la CNESST. »

L’arrivée d’un grand nombre de ces travailleurs, c’est du « droit nouveau » qui demande beaucoup d’adaptation de la part des syndicats, des officiers syndicaux et des collègues de travail. « Quand 30 % de ton effectif débarque en même temps dans ton entreprise, ça transforme ton milieu de travail. », nous dit Jonathan Aspireault-Massé.

À la CSN, on fait le pari que les campagnes d’information et de sensibilisation permettront d’aplanir les difficultés, car l’avenir de nos entreprises, de nos institutions et de nos services publics repose en bonne partie sur les nouveaux arrivants qui ne demandent qu’à s’intégrer à la société québécoise. On peut désormais espérer que les (nouvelles) conditions de travail négociées pour les travailleurs étrangers permettront de bonifier les conventions collectives des travailleurs québécois.

* Nom fictif destiné à protéger l’identité du travailleur

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Cibles d’immigration : les centrales syndicales décrient l’omission de l’immigration temporaire https://www.csn.qc.ca/actualites/cibles-dimmigration-les-centrales-syndicales-decrient-lomission-de-limmigration-temporaire/ Thu, 02 Nov 2023 13:07:59 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=92611 Les quatre grandes centrales syndicales dénoncent le manque de considération du gouvernement du Québec envers les travailleuses et les travailleurs migrants temporaires, alors qu’il a décidé de maintenir sa cible d’immigration à 50 000 personnes. Pour la CSD, la CSN, la CSQ et la FTQ, cette décision rend quasiment impossible l’accès à la résidence permanente pour ces gens qui contribuent pleinement à la vitalité économique et sociale du Québec.  

« En maintenant ses cibles, le gouvernement emprisonne dans la précarité la grande majorité des personnes immigrantes temporaires qui habitent et travaillent déjà dans nos milieux, partout au Québec », a décrié la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Au cœur de l’enjeu, la grande proportion des travailleuses et travailleurs temporaires aux prises avec des permis fermés qui les rendent captifs d’un seul employeur avec, pour conséquence, la crainte de représailles s’ils tentent de faire valoir leurs droits. Rappelons que le rapporteur spécial de l’ONU a dénoncé cette situation qui s’apparente à de l’esclavage moderne. 

« Dans un contexte de recours débridé à la main-d’œuvre temporaire pour combler des besoins permanents, le gouvernement ne pouvait omettre d’inclure cette proportion importante des personnes immigrantes dans ses cibles d’immigration. En les ignorant, il pave la voie à ce que les abus se poursuivent et se généralisent à l’égard des travailleuses et travailleurs étrangers captifs de leur permis de travail fermé », explique Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ. 

Les nombreux obstacles à la résidence permanente contribuent d’ailleurs à la croissance, au sein du marché du travail, d’une population immigrante sans statut, dont plusieurs travailleuses et travailleurs ne détiennent que des permis temporaires. Leur accueil permanent est donc considéré comme un enjeu crucial, tout comme la régularisation de leur statut.

« Nous saluons le désir de mieux soutenir l’accès à la francisation des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires et d’encourager les employeurs à prendre leurs responsabilités en la matière. Cependant, nous demandons des moyens pour les inclure et les franciser, et non de nouvelles mesures d’exclusion. L’apprentissage effectif du français ne pourra se faire dans les conditions proposées », explique Mario Beauchemin, vice-président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Pour les centrales, les travailleuses et les travailleurs migrants ne doivent pas se voir imposer de nouvelles exigences au renouvellement de leur permis de travail, tel qu’un niveau de français, et à l’obtention de la résidence permanente. Ils devraient plutôt avoir un accès réel à la francisation, à de meilleurs salaires et des conditions de travail décentes, à des protections sociales et à une meilleure protection contre l’exploitation et les abus.

« L’immigration est un sujet à la fois crucial pour l’avenir de la société québécoise, et malheureusement polarisé à outrance. La planification et les niveaux d’immigration doivent refléter nos réels besoins et être plus humains. Il nous incombe de développer les capacités d’accueil, incluant la francisation en milieu de travail et la régionalisation de l’immigration, afin d’inclure convenablement toutes les personnes immigrantes », explique Luc Vachon, président de la CSD.

L’immigration temporaire est composée des travailleuses et travailleurs étrangers, des demandeurs d’asile et des étudiantes et étudiants étrangers. Au Canada, cette immigration a augmenté de 68 % en deux ans et représente désormais plus de 470 976 personnes au Québec, selon Statistique Canada. 

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Consultation sur les seuils en immigration : la CSN accueille la nouvelle positivement https://www.csn.qc.ca/actualites/consultation-sur-les-seuils-en-immigration-la-csn-accueille-la-nouvelle-positivement/ Fri, 26 May 2023 13:28:55 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=90916 La CSN participera à la consultation publique sur les seuils en immigration annoncée par Québec aujourd’hui et compte utiliser cette tribune pour faire part de ses préoccupations au gouvernement. Pour la centrale syndicale, l’immigration est un enjeu majeur qui concerne la survie économique et linguistique du Québec.

Par ailleurs, la présidente de la CSN, Caroline Senneville, s’inquiète de l’absence de mesures pour favoriser la francisation au travail dans l’annonce faite par le premier ministre. Pour la confédération, le gouvernement doit mettre en place des mesures obligeant la francisation en milieu et sur les heures de travail. La centrale estime que la contribution et l’implication des employeurs sont essentielles.

« Il va falloir que l’on se donne les conditions gagnantes pour réussir la francisation des nouvelles et des nouveaux arrivants, c’est une question d’égalité des chances », ajoute la présidente de la CSN.

D’après Caroline Senneville, l’intégration ne doit pas s’arrêter à la langue. « Ce qui me préoccupe, c’est aussi la façon dont on accueille les immigrantes et les immigrants une fois que ces personnes sont au Québec. De quelles conditions de travail vont-elles bénéficier ? Une fois ici, vont-elles trouver des places en garderie ? Un logement ? » a-t-elle encore soulevé.

La CSN souligne également que le gouvernement demeure toujours vague en ce qui concerne les travailleurs étrangers temporaires (TET), un sujet qui préoccupe grandement la centrale.

« Les travailleuses et les travailleurs étrangers temporaires sont majoritairement aux prises avec des permis de travail fermés qui les menottent à leur employeur et qui font d’eux les seuls employé-es à ne pas avoir la liberté de choisir pour qui ils vont travailler », conclut Caroline Senneville.

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Des gains historiques pour les travailleuses et les travailleurs de Viandes du Breton https://www.csn.qc.ca/actualites/des-gains-historiques-pour-les-travailleuses-et-les-travailleurs-de-viandes-du-breton/ Tue, 23 Nov 2021 14:30:02 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=81031 D’une durée de quatre ans, la convention collective établit de nouveaux standards quant à la rémunération, alors que le salaire d’entrée en usine commence à 19 $ l’heure et que des majorations allant de 7 % à 30 % sont prévues pour la première année, selon le type d’emploi. Des augmentations de 3,5 %, 3 % et 3 % sont prévues pour les années subséquentes.

« C’est un résultat dont nous sommes toutes et tous très fiers. Nous avons le cœur à l’ouvrage, mais pour ça il faut pouvoir compter sur des conditions de travail qui ont du bon sens. Avec l’augmentation du coût de la vie que nous subissons en ce moment, ce n’est pas un luxe. C’est pleinement mérité, parce qu’on contribue de façon importante au succès de l’entreprise », explique Antony Lavoie, président du syndicat.

On doit aussi souligner que la cotisation de l’employeur au régime de retraite a plus que triplé et s’applique désormais à toutes les sommes gagnées : heures supplémentaires, primes, etc. Notons également l’ajout d’un bonus pour les chef-fes d’équipe et l’augmentation de la prime de soir, qui passe de 0,50 $ à 1,50 $ l’heure, puis l’addition d’une sixième semaine de vacances après 25 ans de service.

« Après avoir exercé leur droit de grève à quelques reprises depuis le début du mois de novembre, on peut constater que la nouvelle convention collective est le fruit d’une forte mobilisation. C’est un résultat qui est motivant pour l’ensemble de nos luttes et on doit bâtir là-dessus, car contrairement à ce qui est affirmé un peu partout, ce ne sont pas des mesures comme la PCU ou la PCRE qui ont exacerbé les problèmes de main-d’œuvre, mais plutôt la vaste pénurie de conditions de travail dignes dans différents secteurs. Les employeurs doivent maintenant changer de discours et offrir mieux », déclare Nancy Mathieu, secrétaire générale de la Fédération du commerce – CSN.

Des gains spécifiquement pour les travailleurs étrangers
En plus des avancées nommées plus haut, la négociation aura permis au syndicat d’obtenir des gains notables répondant à la réalité des travailleurs étrangers. Ainsi, la convention prévoit un voyage payé (allocation de 1 125 $ pour un billet d’avion et d’autobus) pour retourner en vacances dans le pays d’origine ou en cas de décès d’un proche, et ce, lorsque le contrat a une durée de plus de 12 mois. « Je dois saluer toutes et tous les membres du syndicat, car ensemble nous y avons cru et nous avons pu obtenir ces gains significatifs pour nos camarades guatémaltèques. Ils viennent nous prêter mainforte tout au long de l’année et leur présence est importante pour notre usine », ajoute Antony Lavoie.

« Ce règlement démontre toute la force de la CSN et le Conseil central du Bas-Saint-Laurent (CCBSL) se réjouit profondément du résultat. Dès le jour un, nous avons soutenu cette importante lutte et nous avons pu démontrer, une fois de plus, notre capacité à obtenir des gains qui améliorent grandement les conditions de travail », conclut Nancy Legendre, présidente du CCBSL.

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Marlène Paul ou le militantisme syndical pour créer des ponts sur les réalités autochtones https://www.csn.qc.ca/actualites/marlene-paul-ou-le-militantisme-syndical-pour-creer-des-ponts-sur-les-realites-autochtones/ Wed, 31 Mar 2021 11:00:30 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78770 Innue par son père, Marlène est née il y a soixante-trois ans à Mashteuiatsh, la seule communauté autochtone au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle enseigne à l’école secondaire Kassinu Mamu de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, à Mashteuiatsh. Elle a œuvré à syndiquer le personnel enseignant de son école en 2014 et est maintenant présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Mashteuiatsh—CSN.

« Étant à moitié innue, j’ai les pieds dans deux cultures. Cela a fait en sorte que souvent, pour les Autochtones, je ne suis pas vraiment autochtone. Et pour les Blancs, c’est pareil, je ne suis pas vraiment comme eux, mon nom de famille est associé aux Innus. Cette tension a parfois été difficile, surtout plus jeune », commence Marlène.

Les pensionnats autochtones, on a l’impression que c’est bien loin, mais Marlène les a connus. La pratique de séparer les enfants autochtones de leur famille en les plaçant dans ces pensionnats a été adoptée par le gouvernement fédéral et le clergé pour « tuer l’indien dans l’enfant ». Ces pensionnats ont existé dans toutes les provinces canadiennes, des années 1880 jusqu’aux années 1990, le dernier ayant fermé ses portes seulement en 1996, en Saskatchewan.

« Lorsque j’étais enfant, il y avait un pensionnat directement dans la communauté, qui s’appelait Pointe-Bleue à cette époque. À l’âge de seulement six ans, on m’a arrachée à ma famille pour m’y envoyer. J’y suis demeurée quatre ans. Pendant tout ce temps, je n’ai pas revu mes parents, mes frères, mes sœurs. Ce fut… marquant », dit-elle simplement.

Après le pensionnat, Marlène fréquente l’école secondaire hors de sa communauté. « Lors de la séparation de mes parents, j’ai ensuite quitté Mashteuiatsh. J’ai étudié en génie mécanique, mais n’ai pas trouvé d’emploi. Je suis donc retournée à l’université en enseignement des mathématiques et des sciences. J’ai enseigné dans plusieurs écoles, partout au Québec, dans des communautés autochtones ou non. Je connais donc bien les différents enjeux touchant les Autochtones en éducation », continue-t-elle.

De retour à Mashteuiatsh depuis plusieurs années, Marlène est d’avis que les perceptions et les préjugés à l’endroit des Autochtones diminuent un peu. « Mais c’est un travail très lent. Ce n’est pas évident d’aller à la rencontre de l’Autre. La méfiance est très présente, de part et d’autre. C’est en créant des espaces d’échange et de dialogue que les barrières pourront tomber, j’en suis persuadée », observe Marlène.

« Les allochtones ont beaucoup de préjugés envers nous. On leur a rentré dans la tête que nous avons des privilèges, notamment au niveau de la chasse et de la pêche. C’est très tendu, ici, sur ces questions, ainsi que sur la question des terres qui appartiennent à la communauté. Ça crée des conflits entre les gens, on entend des propos racistes de la part de citoyennes et citoyens à la radio… Ce n’est pas facile », poursuit-elle.

Marlène croit que l’éducation est une clé importante pour faire tomber ces préjugés et ces méconnaissances, qui engendrent du racisme à l’endroit des membres des Premières Nations. « Les Innus de Mashteuiatsh sont de façon générale plus pauvres et plus malades que les gens de la région. Pourquoi ? Entre autres parce que le système colonial canadien nous maintient encore aujourd’hui dans une posture de mineur vis-à-vis Ottawa. Est-ce que les gens savent qu’on ne peut pas se prendre une hypothèque et que nous ne pouvons pas être propriétaires de nos maisons dans les communautés ? Que le gouvernement fédéral est encore notre “tuteur légal ?” Il commence à y avoir un certain éveil sur ces questions et des politiques timides de réconciliation voient le jour, mais il faut voir cela sur le long terme », souligne-t-elle.

Résolument engagée pour créer des espaces de dialogue partout où elle peut, Marlène a été nommée en 2019 au Conseil supérieur de l’éducation, qui conseille le ou la ministre de l’Éducation. Active au sein de la FNEEQ depuis 2014, elle voit aussi le militantisme syndical comme une occasion de créer des ponts et d’éduquer les gens sur les réalités autochtones. « Il faut parler, parler, parler, pour finir par se comprendre. Il ne faut pas se décourager, ça évolue », termine-t-elle en souriant.

 

 

 

 

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Adem Jasarevic : « La lutte contre le racisme est une tâche collective. La CSN fait partie de cette collectivité et moi aussi ». https://www.csn.qc.ca/actualites/adem-jasarevic-la-lutte-contre-le-racisme-est-une-tache-collective-la-csn-fait-partie-de-cette-collectivite-et-moi-aussi/ Thu, 25 Mar 2021 11:00:19 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78689 Élu au Comité des relations interculturelles de la CSN par les délégué-es réunis lors du dernier conseil confédéral, Adem Jasarevic connaît bien le racisme et cela explique sûrement sa détermination à le combattre, en rassemblant le plus de gens possible autour de cette lutte nécessaire.

Adem est arrivé au Québec à l’âge de trois ans en tant que réfugié avec ses deux sœurs et ses parents. « En 1992, être musulman en Bosnie-Herzégovine signifiait persécution, violences et mort potentielle. Cette réalité n’est hélas pas complètement disparue aujourd’hui dans cette région du monde pour des gens comme moi. À l’époque, mes parents ont donc choisi de quitter leur maison, leur pays, leur famille, leur travail pour notre sécurité. La haine et la discrimination, j’ai donc connu cela très tôt », commence-t-il sans détour.

Le choix de quitter son pays pour sauver sa peau est une décision comme on en prend peu dans une vie. Une fois cette décision prise s’entame le chemin semé d’embûches pour trouver un nouveau port d’attache, en espérant qu’il sera accueillant.

« Avant d’arriver au Québec, nous avons été entassés pendant deux ans dans un camp de réfugiés en Hongrie, en attendant d’obtenir le visa tant espéré pour le Canada. Je ne marchais même pas quand nous sommes arrivés en Hongrie. Et je ne commenterai pas les conditions de vie dans ce camp, mais vous vous doutez bien que c’était loin d’être le luxe », continue le syndicaliste.

Une fois arrivés au Québec débute une autre étape : celle de se fabriquer une autre vie dans une société qu’on ne connaît à peu près pas, tout en étant encore marqués par les blessures du passé. Mais peut-on vraiment en guérir complètement ?

« Les premières années, mes parents ont occupé tous les emplois possibles pour nous faire vivre, principalement dans des fermes et dans des usines non syndiquées. Les conditions de travail n’étaient pas roses. Mes parents ne parlaient pas bien la langue, ne comprenaient pas les codes culturels, ne voulaient pas faire de vagues, avaient peur de perdre leur visa. Comme dans le cas de plusieurs autres réfugié-es, des employeurs en ont donc profité. J’ai aussi travaillé dans des fermes avec mes parents, lorsque j’étais adolescent. J’ai donc vu tout cela d’assez près moi aussi. J’ai pu observer comment une bonne partie de ces emplois sont occupés par des gens qui se retrouvent dans des situations d’exploitation et qui gardent le silence par crainte de se faire expulser du pays. Ce scénario fait en sorte que les réfugié-es veulent être des premiers de classe. Mais bien souvent, on n’aime pas les premiers de classe, sans trop savoir pourquoi », poursuit-il.

Travaillant pour les Industries Lassonde depuis plusieurs années, Adem s’implique syndicalement depuis 2018. Il en est à son deuxième mandat comme vice-président aux griefs dans son syndicat local. Il est aussi délégué régional et membre du comité interculturel du Conseil central de la Montérégie depuis 2019. C’est lui qui a proposé l’adoption d’une proposition voulant qu’une campagne sur le racisme soit intégrée au plan d’action de la CSN lors du dernier congrès.

« Lutter contre le racisme est une tâche collective. Le contexte politique et social concernant ces questions est houleux et les débats acrimonieux. Des organisations comme la CSN doivent être visionnaires en développant des positions claires et affirmées contre le racisme et en se dotant de moyens conséquents pour faire vivre ces positions, notamment par de l’éducation syndicale. C’est pourquoi j’ai proposé cette campagne. Pour moi, il est primordial que la CSN en fasse une priorité dans les prochaines années et je compte bien mettre l’épaule à la roue. Car comme je le disais, la lutte contre le racisme, c’est une tâche collective, et je fais partie de cette collectivité », termine Adem.

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Hélène Nazon : « Dépoussiérer nos projets éducatifs pour contrer le racisme » https://www.csn.qc.ca/actualites/helene-nazon-%e2%80%89depoussierer-nos-projets-educatifs-pour-contrer-le-racisme/ Thu, 18 Mar 2021 19:00:44 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=78642 Professeure de littérature au Cégep Garneau de Québec depuis plus de dix ans et vice-présidente à l’information au comité exécutif du syndicat des professeur-es depuis 2015, Hélène Nazon, dont les parents sont nés en Haïti, se plaît à répondre qu’elle vient du Nouveau-Brunswick quand on lui demande « d’où elle vient ».

« Quand je réponds ce qui est la vérité, que je suis bel et bien née au Nouveau-Brunswick, on me répond : “Non, mais tu comprends ce que je veux dire…” Je l’ai entendu tellement souvent ! J’ai aussi compris très tôt que je ne serais jamais vraiment vue comme étant “d’ici” aux yeux des autres », débute-t-elle.

Sa lunette de professeure fait en sorte qu’elle aborde les questions reliées au racisme en pensant au milieu de l’éducation en premier. « C’est mon milieu et je pense qu’on peut y faire beaucoup de choses », lance-t-elle.

Selon elle, le fait qu’une bonne partie du corps professoral des institutions d’enseignement supérieur ne représente pas la diversité de la société québécoise démontre que les choses doivent bouger. « On dit qu’on est le reflet de la société dans laquelle nous sommes. À mon département, je suis la seule professeure racisée, sur une quarantaine. Et c’est le deuxième département en importance. Dans le cégep au grand complet, il y a aussi bien peu de professeur-es racisés. Pour les déléguée-s de la FNEEQ, c’est la même chose. Pourtant, la question de la représentativité est importante pour une réelle lutte contre le racisme. Mes deux enfants voient bien peu de gens qui leur ressemblent dans les médias québécois. On ne parle même pas de quand moi j’étais enfant ! Quand les personnes qu’on voit dans les médias ou bien qui nous enseignent ne nous ressemblent à peu près jamais, quel message reçoit-on ? », demande-t-elle.

Les débats autour de la liberté académique en milieu universitaire et les revendications d’étudiantes et d’étudiants appartenant à des groupes minoritaires sont pour elle une occasion à saisir pour forcer des débats nécessaires. « À mon avis, la tangente qu’a pris cette discussion publique reflète à quel point les savoirs enseignés dans nos institutions gagneraient à être revisités et décolonisés. Et soulever ces questions dures, mais essentielles, vient toucher des cordes très sensibles, dans un contexte où notre gouvernement refuse de reconnaître la réalité du racisme systémique », souligne la professeure.

Mobilisé par ces questions, son comité exécutif a proposé à la direction du Cégep Garneau de mettre sur pied un comité de travail sur « sur l’enjeu des sujets sensibles abordés en classe » qui inclurait le syndicat, les professeur-es, la direction et les étudiantes et étudiants. « Ces discussions ne peuvent pas se faire sans eux. Il faut absolument travailler à créer de réels espaces de dialogue où toutes les parties présentes sont ouvertes à la discussion et ne demeurent pas campées sur leurs positions. Il faut voir cela comme une occasion de dépoussiérer le projet éducatif du collège », poursuit-elle.

Pour la professeure et syndicaliste, des organisations comme la CSN sont bien placées pour créer de tels espaces de dialogue. « Ces questions sont partout et ne feront que prendre plus de place avec le temps. Il faut prendre le taureau par les cornes et ne pas céder à la peur d’en parler. J’ai trouvé qu’entre le 65e et le 66e Congrès de la CSN, beaucoup de chemin avait été parcouru. On sent une mobilisation plus grande de la part du comité exécutif de la CSN. C’était important d’inscrire la campagne contre le racisme dans le plan d’action des trois prochaines années, appuyé par le plancher. Ce n’est que le début ! », termine-t-elle.

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La Coalition contre le travail précaire met le premier ministre au défi de venir entendre leurs revendications https://www.csn.qc.ca/actualites/la-coalition-contre-le-travail-precaire-met-le-premier-ministre-au-defi-de-venir-entendre-leurs-revendications/ Sat, 12 Dec 2020 16:36:12 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=77787 Déneiger des camions des remorques est un travail très dangereux sans les équipements de sécurité appropriés. Mais affreusement c’est ce qu’exige l’employeur sans scrupules de conducteur de grands routiers Philippin Benito Supan. L’employeur a tiré avantage du fait que Supan ne pouvait pas facilement changer d’emploi à cause de son permis de travail fermé. Il est rémunéré au salaire minimum pour un travail normalement payé autour de 22$ de l’heure pour les autres travailleurs. Si un travailleur refusait ce travail dangereux, l’employeur le punissait en lui enlevant des heures, les laissant dans une situation financière désastreuse.

« C’est extrêmement difficile d’avoir moins d’heures, étant payé au salaire minimum. Avec moins d’heures de travail, je n’aurais pas été capable de me nourrir ou de payer mon loyer », nous explique le camionneur que le Premier François Legault a qualifié d’un héros pour son travail essentiel pendant la pandémie.

En dépit des remerciements que Legault a donnés aux travailleuses et travailleurs essentiels comme Supan, son gouvernement n’a pas mis en place des mesures de protection adéquates en matière de santé et de sécurité. De plus, la récente réforme du système d’immigration a exclu les travailleuses et travailleurs occupant cet emploi de l’accès à la résidence permanente de par le Programme de l’expérience québécoise.

Cela fait écho aux expériences de Vergelie, une réfugiée d’origine haïtienne étant venue au Québec il y a trois ans et qui a fait face à la souffrance et à l’intimidation par son employeur et une agence de placement. En attendant le résultat d’admission, elle travaillait dans une usine de transformation de viande à Sherrington par l’entremise d’une agence de placement. Elle s’y est blessée, mais sa demande d’indemnité de santé et de sécurité a été refusée.

« Si vous ne reconnaissez pas mes droits, alors que j’ai été une victime de violence de mon employeur, et vous me déportez, tout ce que je connais n’est qu’une souffrance dans ce pays, trop de souffrance », elle lance en face du refus de sa demande de CSST.

Face à ces réalités, la Coalition contre le travail précaire présentera ses revendications concernant la santé et la sécurité au travail ainsi que la mise en œuvre d’un programme d’immigration juste, et une demande de régularisation pour tous les migrant.e.s. dans une conférence de presse sur Zoom ce samedi à 11h. La coalition met Legault au défi de venir entendre leurs témoignages sur les conséquences désastreuses de ses politiques sur leur vie au lancement de la coalition via zoom à 18h. Si le premier ministre les considère comme de véritables héros, ils croient qu’il les écoutera.

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Une reprise qui laisse des groupes à la traîne https://www.csn.qc.ca/actualites/une-reprise-qui-laisse-des-groupes-a-la-traine/ Thu, 19 Nov 2020 18:14:50 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=77476 Une personne sur cinq au Québec n’a pas accès à un revenu viable selon les derniers chiffres de l’IRIS. Si rien n’est fait, la COVID va aggraver cette situation. « La crise a nettement un effet inégalitaire et l’effet de la deuxième vague se fait sentir depuis août », lance Nicola Zorn, chercheur et directeur de l’Observatoire québécois des inégalités (OIQ), qui s’est donné comme mission de mesurer l’effet de la pandémie sur les inégalités au Québec. La réduction de plus de 50 % de l’aide gouvernementale depuis juin et juillet explique en partie une deuxième remontée des inégalités depuis août.

Les effets de ces inégalités liées à la COVID sont bien réels pour certains groupes. Voici quelques constatations saisissantes du dernier baromètre de l’OIQ :

  • Depuis la reprise amorcée en mai, le taux d’emploi des femmes n’est pas remonté au niveau de celui de février, contrairement à celui des hommes.
  • Le taux d’emploi des personnes nées au Canada est revenu à son niveau de février dernier, tandis que celui des personnes de l’immigration récente stagne à 86 % de celui de février.
  • Les corrélations observées par l’OIQ montrent par ailleurs que les personnes racisées courent un plus grand risque de contracter la COVID, tandis que les Montréalais qui disposent d’un revenu de 100 000 $ et plus ont moins de risques d’être infectés..

La quinzaine d’indicateurs de l’Observatoire, qui se divisent en quatre catégories, permettront de voir si les programmes mis en place par les gouvernements pour la relance ont un réel effet positif dans chaque groupe social. L’aspect économique est évidemment important, mais l’Observatoire mesure aussi la détresse psychologique, l’exclusion sociale et les inégalités de reprise (indicateur de sortie de crise). Des statistiques et des sondages sont combinés pour calculer les indicateurs sur une échelle de 0 (minimum) à 10 (maximum d’inégalité).

Des groupes plus affectés que d’autres
Si rien n’est fait pour corriger le tir, la crise de la COVID-19 pourrait laisser des traces dans la société pendant longtemps. « La crise n’est pas finie, bien au contraire. Ce qu’on remarque, c’est que l’effet est différencié selon les groupes. Les femmes, les personnes racisées ou issues de l’immigration, les jeunes et les aîné-es sont plus touchés par la crise.

On peut déjà constater, par exemple, que l’exclusion sociale des personnes racisées est encore très forte plusieurs mois après le début de la crise et qu’il y a moins de gains sur le plan de l’emploi pour les personnes immigrantes. « Même si la précarité économique globale diminue, il faut éviter de crier victoire trop vite », insiste Nicola Zorn, qui estime qu’il faudra des politiques ciblées pour les groupes les plus durement affectés par la crise de la COVID-19. Les 40 % des moins bien nantis, par exemple, font partie de ces groupes plus à risque. Il faut se rappeler que l’effet de précédentes crises économiques s’est parfois étiré sur dix ans ou plus.

Des emplois ciblés
Si l’on veut diminuer les inégalités, il faudrait que l’État crée des emplois qui sont déjà occupés par les groupes à risque et il faudrait aussi augmenter la rémunération pour certains de ces postes. L’exemple de préposé-es aux bénéficiaires vient à l’esprit, un métier qui est souvent exercé par des femmes et des personnes immigrantes ou racisées et qui n’est pas rémunéré à sa juste valeur. « Ces emplois permettent de subvenir à des besoins qui ne sont pas bien desservis par le privé », précise le directeur qui estime que les secteurs publics et communautaires pourraient contribuer à ces embauches nécessaires.

Éclairer les décisions
L’OIQ ne se prononce pas sur le modèle de fiscalité qui serait nécessaire pour que l’État puisse jouer son rôle de lutte contre les inégalités. « Nous sommes des courtiers de connaissance. Notre travail, c’est d’éclairer les décisions collectives. On peut, par exemple, mesurer le coût qu’il y a à ne pas intervenir. Si l’État réduit ses services en raison du déficit, bien souvent les coûts qui en découlent sont reportés dans le temps », soutient Nicolas Zorn.

Ce dernier fait valoir qu’un pays qui investit moins d’argent public en santé, comme les États-Unis, n’a pas nécessairement moins de besoins. Si l’on calcule toutes les dépenses de santé au privé lorsqu’un État se retire, la facture est toujours là. Bien souvent, les problèmes de santé vont alors s’aggraver pendant des années et entraîner des coûts plus élevés au final.

L’Observatoire est un organisme sans but lucratif.

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Une main-d’œuvre bon marché https://www.csn.qc.ca/actualites/une-main-doeuvre-bon-marche/ Tue, 10 Dec 2019 16:46:13 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=73140 Les femmes issues de minorités visibles peinent à se trouver du travail et lorsqu’elles décrochent un poste, il est souvent mal payé, dévalorisé ou en deçà de leurs qualifications.

La récente étude de la Commission des partenaires du marché du travail qui relate cette situation, étonnante en contexte de pénurie de main-d’œuvre, a conduit le syndicat CSN du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal à préparer le dépôt d’une plainte pour discrimination systémique.

L’étude est on ne peut plus claire : l’appartenance à une minorité visible constitue un facteur de vulnérabilité pour les femmes immigrantes, qui subissent des discriminations croisées, notamment en fonction du genre, de leur provenance ou de leur appartenance ethnique ou raciale. « Ces discriminations croisées imprègnent les pratiques, les comportements et les règles adoptés par des acteurs influents, notamment l’État, les entreprises, les associations professionnelles et les universités », peut-on y lire.

Cheap labour institutionnalisé
Alain Croteau, président du syndicat, dénonce l’ampleur du phénomène. Parmi les quelque 3000 membres de son organisation qui travaillent comme préposé-es aux bénéficiaires, environ 2300 sont des femmes immigrantes d’origine haïtienne, africaine, maghrébine ou hispanique. « Une telle concentration de femmes immigrantes dans ce genre de poste n’est pas due au hasard, mais plutôt à l’exploitation de femmes vulnérables qu’on embauche au rabais. »

De plus, une personne qui veut devenir préposée aux bénéficiaires doit suivre la formation, malgré qu’elle ne soit pas obligatoire. Le gouvernement joue depuis longtemps le rôle d’un employeur véreux qui embauche des personnes surqualifiées sans les payer à leur juste valeur professionnelle. L’obligation officiellement reconnue de suivre un cours pour devenir préposé-e aux bénéficiaires donnerait assurément lieu à une augmentation de salaire pour ce type d’emploi. « L’employeur a le beurre et l’argent du beurre », dénonce Alain Croteau.

Celui-ci se rappelle d’ailleurs qu’au temps où il travaillait au CRDITED de Montréal, le pourcentage de femmes issues de minorités visibles était beaucoup plus équilibré dans la catégorie 4 qui regroupe les professionnel-les, les techniciennes et les techniciens. « Il correspondait pas mal à ce qu’il représente dans la société, comparativement à la catégorie 2, qui regroupe notamment les postes de préposé-es aux bénéficiaires et d’auxiliaires aux services de santé et sociaux déjà très fortement occupés par les femmes racisées », avance-t-il.

Cet exemple démontre par le concret qu’il est plus difficile, pour l’une de ces femmes immigrantes, de se trouver un emploi de la catégorie 4 que de décrocher une job dans la catégorie 2. Citons les CHSLD du Plateau Mont-Royal, où la clientèle est principalement blanche alors que 75 % des préposé-es qui y travaillent sont des femmes immigrantes. « Ce sont les personnes racisées qui prennent soin de nos aîné-es sur le Plateau. Pourquoi ?, s’interroge Alain Croteau. Certains répondront que les femmes noires s’occupent naturellement des personnes âgées et que c’est dans leur culture. Foutaise. »

Pistes d’explication
Le fort taux de chômage parmi les femmes immigrantes explique, en partie, le fait qu’elles occupent ces postes. En 2017, il atteignait le taux élevé de 16,1 % chez les personnes arrivées au pays depuis moins de cinq ans. « Comme elles peinent à se trouver du travail, les femmes racisées doivent se rabattre sur des emplois plus pénibles. Or, ces jobs n’attirent pas les femmes blanches du même âge », souligne le président du syndicat. Peut-être que celles-ci refusent de faire leur cours de PAB et de s’investir dans une si difficile carrière. Cette situation n’est sans doute pas étrangère à la pénurie de préposé-es aux bénéficiaires qui sévit partout dans le reste du Québec.

Le temps de se plaindre
Pour Alain Croteau, ces femmes sont clairement victimes de discrimination systémique. Il faut donc s’attaquer à ce phénomène pour créer un précédent et favoriser leur accès à des emplois plus valorisés. C’est ce que le syndicat se prépare à faire avec la plainte pour discrimination systémique envers les travailleuses immigrantes de la catégorie 2 qu’il déposera après les fêtes.

Sans conteste, il y a surreprésentation des femmes issues des minorités visibles et des femmes racisées dans certains postes. L’employeur aura le fardeau d’expliquer pourquoi elles y sont si nombreuses et de démontrer qu’il ne s’agit pas de discrimination systémique. « J’ai bien hâte de voir comment il va s’y prendre », conclut Alain Croteau.

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Déclaration de la CSN contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie https://www.csn.qc.ca/actualites/declaration-de-la-csn-contre-le-racisme-la-discrimination-raciale-et-la-xenophobie/ Thu, 21 Mar 2019 11:00:38 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=70700 À l’occasion

  • de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale
  • du 20e anniversaire de la Semaine d’actions contre le racisme tenue au Québec
  • de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine de l’ONU

La CSN réaffirme son engagement à combattre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie sous toutes leurs formes.

Aujourd’hui encore, le racisme tue, discrimine, humilie. Sur tous les continents et ici même, au Québec, encore très récemment, des millions d’enfants, de femmes et d’hommes subissent la douleur et l’injustice associées au racisme.

Que ce soit à l’école ou au travail, dans le sport, la culture et les médias, le logement, la santé, la sécurité publique et le système de justice, le racisme ne semble pas reculer au fil des ans. Pourtant, la Charte des droits et libertés de la personne exige que nous traitions chaque personne qui vit au Québec comme une Québécoise ou un Québécois à part entière, quelle que soit la couleur de sa peau, son origine ethnique ou nationale, sa religion ou sa langue.

À la CSN, nous croyons que le droit à l’égalité est non seulement une obligation légale, mais aussi notre responsabilité à toutes et tous. Nous sommes individuellement et collectivement responsables de bâtir et de préserver la société juste, égalitaire et solidaire que nous voulons.

Individuellement, nous avons le devoir d’intervenir devant les préjugés et les faussetés qui sont répandus autour de nous. Nous avons le devoir d’exiger que ces propos et ces comportements soient corrigés et que des sanctions soient appliquées.

Collectivement, nous devons examiner les pratiques qui ont cours dans nos milieux de travail et de vie, et dans nos organisations. Cet examen rigoureux ne s’applique pas qu’au hockey et aux médias sociaux. Nous devons aussi transformer le monde du travail et les syndicats.

À la CSN, nous croyons qu’il est grand temps d’agir !

  • Il est temps de dénoncer la discrimination qui s’opère quand un poste est offert à un Tremblay plutôt qu’à un Ahmed, un Diallo ou un Chang tout aussi qualifié.
  • Il est temps de faire place à tout le monde dans nos rangs et d’encourager les candidatures de personnes racisées et issues de minorités ethniques dans les postes syndicaux.
  • Il est temps de reconnaître les besoins de main-d’œuvre immigrante au Québec et d’exiger l’amélioration des programmes d’accueil et de francisation en milieu de travail.
  • Il est temps de prendre en charge les plaintes de harcèlement raciste au travail, tout en offrant de la formation et de l’information préventive sur le racisme et la discrimination.
  • Il est temps que tous les enfants du Québec puissent fréquenter un service de garde éducatif et recevoir des soins de santé, quel que soit le statut migratoire des parents.
  • Il est temps de comprendre et de combattre les obstacles historiques et systémiques qui se dressent devant les Autochtones, pour qu’ils puissent accéder à l’éducation et à l’emploi.
  • Il est temps de lutter contre l’ethnicisation et la féminisation de la pauvreté, vu les préjugés persistants, et d’exiger de bons emplois bien rémunérés pour toutes et tous.
  • Il est temps de prêter l’oreille et de faire confiance aux jeunes, pour qu’ils nous aident à créer des ponts interculturels et à bâtir le Québec de demain dont nous rêvons.

Devant toutes les paroles et pratiques racistes et discriminatoires qui subsistent au Québec, comme ailleurs, nous appelons nos membres à l’action pour que cela cesse enfin.

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Projet de loi sur l’immigration: au-delà des sentiments https://www.csn.qc.ca/actualites/projet-de-loi-sur-limmigration-au-dela-des-sentiments/ Tue, 26 Feb 2019 14:56:06 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=70330 Lettre d’opinion parue le 26 février 2019 dans Le Devoir dont la CSN est signataire.

Depuis son dépôt par le ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, le Projet de loi 9 fait l’objet de critiques provenant de nombreuses sphères de la société québécoise, à commencer par le milieu politique. « Cruel », « inhumain », « sans cœur ». Les qualificatifs réprobateurs ont fusé dans les rangs de l’opposition à l’Assemblée nationale, faisant oublier l’essentiel : il n’est pas ici question de sentiments, mais bien d’État de droit et de respect. De respect des personnes, des engagements de l’État et des institutions démocratiques québécoises.
 
Ce que révèle l’affaire des 18 000 dossiers
La question des 18 000 dossiers en cours, annulés sans autre forme de procès, témoigne d’une méconnaissance de nos institutions et traditions démocratiques. Tout d’abord, ignorant la souveraineté de l’Assemblée nationale à laquelle il revient de débattre, d’amender et de voter les textes qui lui sont soumis, l’article 20 du PL9 s’est trouvé de facto effectif dès le dépôt du texte puisque les personnes concernées ont été immédiatement informées de l’annulation de leur dossier en raison de directives formelles du ministre. Ensuite, le même article précise qu’« aucun dommages et intérêts ni aucune indemnité en lien avec une telle demande [déboutée par la présente loi] ne peuvent être réclamés ». Cette disposition reflète clairement que le gouvernement est conscient d’infliger un préjudice pécuniaire sérieux aux personnes affectées. Au-delà des coûts directs payés par les demandeurs de résidence permanente, les personnes ont engagé des coûts indirects substantiels pour constituer leur dossier (frais de traduction et de déplacement, tests linguistiques, honoraires d’avocats, etc.). À cela s’ajoutent les coûts d’opportunité subis par les personnes qui ont renoncé à d’autres choix de vie parce qu’elles étaient convaincues, sur la base des critères de sélection énoncés par le Québec, d’avoir toutes leurs chances d’être admises. En limitant dans de telles circonstances le droit pour une personne requérante de porter sa cause devant la Justice, cet article révèle la conception inquiétante de ce qu’est un État de droit. Enfin, l’annulation des 18 000 dossiers soulève un enjeu de discrimination. En effet, elle touche de manière disproportionnée les demandes provenant d’Afrique et d’Asie en raison des délais de traitement élevés que connaissent les services d’immigration qui couvrent ces zones géographiques.
 
Un État managérial qui renonce à une vraie politique d’inclusion
Loin de répondre aux principaux défis de l’intégration et de l’inclusion tels que documentés par de nombreuses études, le PL9 crée des difficultés nouvelles. Ainsi, le gouvernement renonce à s’attaquer aux freins liés à l’exigence d’une expérience québécoise, à la reconnaissance des acquis et à la discrimination. Il contourne ces problèmes en faisant comme si le seul et véritable enjeu était celui d’une inadéquation entre l’offre et la demande. Pourtant, les critères de sélection des immigrants reposent déjà dans une large mesure sur les besoins du marché du travail. Se départissant d’une approche citoyenne et inclusive de l’immigration, le PL9 pousse la logique managériale jusqu’à faire de l’immigrant une ressource en probation, dont la libre circulation peut être limitée par simple décision du ministre, contrevenant au passage à l’article 6.2 de la Charte canadienne des droits et libertés. Enfin, loin de lutter contre la discrimination, le PL9 nourrit insidieusement l’idée que la personne immigrante est une menace potentielle contre « les valeurs démocratiques et les valeurs québécoises » ou la stabilité « socio-culturelle » de notre société.

Qu’en est-il du gouvernement garant de nos institutions démocratiques ?
Alors qu’il constitue l’un des premiers textes d’envergure déposés par le gouvernement Legault, le PL9 est révélateur d’un rapport inquiétant aux institutions. Cela apparaissait déjà dans les déclarations récentes du ministre de l’Agriculture outrepassant ses prérogatives dans l’affaire du licenciement du lanceur d’alerte Louis Robert, ou encore dans les propos sur les signes religieux de la ministre déléguée à l’Éducation que le Premier ministre a décrits comme étant une « opinion personnelle » alors que toute parole ministérielle engage le gouvernement par principe.
 
En fait, si aujourd’hui ce sont les droits des personnes immigrantes qui sont mis à mal et qu’on nous annonce déjà des atteintes aux droits des minorités religieuses, ce qui se joue fondamentalement c’est un affaiblissement de nos institutions démocratiques dont pâtiraient toutes les Québécoises et tous les Québécois.


Signataires: Haroun Bouazzi, coprésident de l’AMAL-Québec, Marie-Hélène Dubé, avocate, Kamel Beji, professeur, département des relations industrielles, Université Laval, Gérard Bouchard, Professeur émérite, Université du Québec à Chicoutimi, Charles Taylor, Professeur émérite de Philosophie, Université McGill, Dalia Gesualdi-Fecteau, professeure, Département des sciences juridiques, UQAM, Ryoa Chung, Professeure, Département de philosophie, Université de Montréal, Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Maryse Potvin, sociologue et professeure titulaire, UQAM, David Koussens, Professeur, Faculté de Droit, Université de Sherbrooke, Anne Latendresse, Professeure, département de géographie, UQAM. Daniel Weinstock, Professeur, Faculté de droit, Université McGill, Paul Eid, professeur, département de sociologie, UQAM
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«Normal», le racisme au travail ?! https://www.csn.qc.ca/actualites/normal-le-racisme-au-travail%e2%80%89/ Fri, 15 Feb 2019 20:16:42 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=70160 Est-il normal de se pointer au travail et être victime, à répétition, de quolibets racistes ? « Quolibets » n’est certainement pas le bon terme lorsque ces railleries dégradantes vous entraînent chez le médecin et que celui-ci vous diagnostique un problème de santé psychologique et vous met en arrêt de travail.

C’est malheureusement ce qui est arrivé à Amadou Gaye.

D’origine sénégalaise, ce travailleur du domaine des archives croyait avoir trouvé le paradis en immigrant au Québec. Le stress post-traumatique diagnostiqué par son médecin n’en faisait certainement pas partie.

Le Point syndical vous épargnera la description des actes dont il a été la cible au travail. Des comportements qui n’ont pas plus leur place en milieu de travail que dans les pages de ce journal.

À coups d’insultes et de harcèlement de la part d’un collègue de travail, l’état de santé d’Amadou Gaye s’est rapidement détérioré.

Je me sentais humilié, insulté, dénigré, raconte-t-il. Je voulais porter plainte contre lui, mais il me disait que je n’en avais pas le droit, qu’on était “au Québec ici”, que ce serait ma parole contre la sienne. Et puis, le sabotage de mon travail a commencé. Je me sentais seul, je ne me sentais plus moi-même, je me sentais traqué. Je ne voulais pas montrer ma faiblesse devant les gens, alors je me réfugiais seul dans un coin. Je ne voulais pas montrer ma honte. »

Son médecin l’a mis en arrêt de travail. Au bout de quelque temps, menacé de la perte de son revenu, M. Gaye a plaidé sa cause devant la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), avec l’appui de son syndicat et du service de défense des accidenté-es de la CSN. Son médecin était clair : les symptômes dont il souffrait étaient directement causés par le harcèlement psychologique qu’il subissait au travail.

La CNESST n’a toutefois pas jugé pertinent d’y voir une lésion professionnelle au sens de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles. Pour la commission, ses problèmes de santé psychologique ne relevaient que de simples « relations interpersonnelles » qui ne sortaient pas « du cadre normal du travail. »

Amadou Gaye n’entendait pas en rester là. C’est pourquoi il a fait appel de la décision de la CNESST devant le Tribunal administratif du travail.

Dans une rare décision, la juge Annie Beaudin a statué que le racisme à répétition envers M. Gaye constituait réellement un accident de travail ayant causé une lésion professionnelle. Pour la juge, aucune autre cause possible que le harcèlement en milieu de travail ne peut expliquer le stress post-traumatique constaté par le médecin. Les problèmes de santé psychologique de M. Gaye sont donc d’origine professionnelle.

« Ces comportements possèdent objectivement un caractère traumatisant pour une personne raisonnable et non seulement dans la perception du travailleur. Ces comportements sont inacceptables, n’ont pas leur place dans un milieu de travail et il est indéniable qu’ils débordent le cadre normal de travail. […] non seulement la quiétude du travailleur a été perturbée, mais également sa santé psychologique et sa dignité ont été atteintes », écrit la juge administrative en statuant que M. Gaye a effectivement subi une lésion professionnelle, renversant ainsi la décision de la CNESST.

Lors d’une rencontre avec M. Gaye, le président de la CSN, Jacques Létourneau, lui a témoigné de son respect devant la ténacité dont il a fait preuve. « Je tenais d’abord et avant tout à lui réaffirmer que la CSN est et sera de tous les combats pour contrer toute forme de violence psychologique, de racisme et d’intimidation, des actes qui n’ont ni leur place en milieu de travail ni au sein de la société québécoise. Mais aussi pour le remercier d’avoir mené cette lutte difficile. Quand des gens comme Amadou osent dénoncer les actes répréhensibles dont ils sont l’objet et quand ils font preuve d’une telle détermination, c’est une fierté pour la CSN que de les appuyer jusqu’au bout de leur démarche. »

Toujours en arrêt de travail, Amadou Gaye essaye tranquillement de se refaire une santé. « Quand je lui ai raconté ce que j’avais traversé, mon compère Boucar Diouf m’a rappelé ce proverbe de nos grands-pères : “celui qui n’a entendu que le rugissement du lion n’a pas la même manière de fuir que celui qui l’a vu.” C’est pour dire que je peux vous raconter mon histoire, vous pouvez la comprendre, mais vous ne sentirez jamais au plus profond de vous-même l’horreur telle que je l’ai vécue. »


Ce que dit la loi

L’article 2 de la Loi sur les accidents du travail et les maladies professionnelles stipule qu’un accident de travail constitue un événement :

  • Imprévu et soudain, attribuable à toute cause
  • Qui survient par le fait ou à l’occasion du travail
  • Qui entraîne une lésion professionnelle
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De Djibouti à Berthierville https://www.csn.qc.ca/actualites/de-djibouti-a-berthierville/ Fri, 07 Dec 2018 12:01:19 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=69638 Le 9 novembre dernier, des représentants du Syndicat des employé-es de l’abattoir de Berthier (FC–CSN) se sont déplacés à Montréal-Trudeau pour accueillir de nouveaux membres venus de très loin : 12 Djiboutiens entamant leur nouvelle vie au Québec.

C’est Olymel qui, dans un effort de recruter une main-d’œuvre francophone, a convaincu ces 12 hommes âgés de 20 à 30 ans à parcourir 11 000 kilomètres pour venir s’établir à Berthierville. Le lendemain, ils étaient rejoints par trois Rodriguais de l’île Rodrigue au large de l’Afrique. « Olymel leur a fait construire des logements à Berthier spécialement pour eux », explique Benoit Boucher, conseiller à la FC–CSN. La première semaine a été consacrée à leur adaptation : épicerie, banque, pharmacie, assurance maladie, tout leur a été expliqué. Puis ils ont commencé leur formation à l’abattoir. « Ils bénéficient des mêmes conditions que tous les nouveaux travailleurs, précise Jean-Guy Therrien, vice-président du syndicat. Une fois leur période de probation achevée, ils vont toucher le même salaire et les mêmes avantages que leurs collègues ; ils sont également membres du syndicat. »

Bien sûr, le climat constitue un important défi pour ces nouveaux travailleurs, mais tranquillement, ils s’adaptent à leur nouvelle vie. Au travail depuis le 20 novembre, leur intégration se déroule très bien. « Le fait qu’ils parlent un français impeccable, ça aide énormément. Ils suivent la cadence et se mêlent facilement aux travailleurs », précise Jean-Guy Therrien.

Si tout se déroule comme prévu, les 15 travailleurs espèrent pouvoir s’établir définitivement au Québec et continuer à travailler pour Olymel. L’entreprise s’est d’ailleurs engagée à les garder s’ils répondent aux exigences.

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La discrimination systémique existe bel et bien au Québec https://www.csn.qc.ca/actualites/la-discrimination-systemique-existe-bel-et-bien-au-quebec/ Tue, 05 Dec 2017 15:00:03 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=65180 La CSN participe aujourd’hui au Forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination. Organisé par le ministère  de l’Immigration, de la Diversité, et de l’Inclusion (MIDI), ce forum réuni plusieurs représentants des différents paliers gouvernementaux, ainsi que des acteurs des milieux économiques, culturels et communautaires, qui discuteront principalement des questions liées à l’emploi, à la formation et à la francisation.

Regarder le Forum en direct

À l’origine, cette consultation ratissait bien plus large et avait comme objectif d’examiner l’ensemble des enjeux touchant le racisme et la discrimination systémique sous la forme d’une consultation publique confiée à la  Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ). Pour la CSN, la mutation de la consultation ainsi que le retrait de la CDPDJ à la tête des débats est fort regrettable. Afin d’enrayer le racisme à travers les différentes sphères de notre société, il faut avant tout reconnaître l’existence même de la discrimination systémique au Québec.

Engager un dialogue constructif visant des correctifs significatifs et durables
Malgré le fait que le forum n’aborde pas des enjeux importants liés éducation, la santé et les services sociaux, le logement, la sécurité publique et la culture, la CSN a tout de même préparé un mémoire afin de démontrer quelques discriminations auxquelles font face les personnes immigrantes et les personnes racisées.

Consulter la version intégrale du mémoire de la CSN


Expérience professionnelle

Un sondage du Conseil du patronat du Québec révèle que 33 % des entreprises ne sont pas favorables à embaucher des immigrantes et des immigrants sans expérience au Québec.

Taux de chômage

En septembre 2017,  alors que le taux de chômage des personnes nées au pays s’élevait à 5,4 % au Québec, il était de 8,8 % chez les personnes immigrantes. Le plus grand écart se situait chez les personnes arrivées depuis moins de cinq ans dont le taux de chômage atteignait 17 %.

Disparité de revenus

En 2010, les membres d’une minorité visible nés au Canada et qui ont fait des études universitaires gagnaient en moyenne 87 cents, contre un dollar pour les universitaires dont la peau est de couleur blanche. Cela équivaut à un écart salarial de près de 13 %. L’écart salarial varie selon les provinces, et le Québec se classe au dernier rang avec un écart de près de 20 %.

Décrochage

Les élèves issus de l’immigration connaissent un plus fort taux de décrochage scolaire, puisque leur taux de sortie sans diplôme ou autre qualification est de 27 % alors qu’il est plutôt de 13 % pour les autres élèves du Québec.

Francisation

Plus de 200 000 immigrants, soit 20 % de l’ensemble de la population immigrée du Québec, ne parlent pas le français, même si certains sont ici depuis plus de 30 ans. Il est temps d’agir et de mettre les efforts nécessaires pour offrir la chance à tous les nouveaux arrivants d’acquérir une langue essentielle à leur intégration et pour préserver une des caractéristiques distinctes de la société québécoise : le français.

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Le gouvernement doit réellement s’attaquer au racisme systémique au Québec https://www.csn.qc.ca/actualites/le-gouvernement-doit-reellement-sattaquer-au-racisme-systemique-au-quebec/ Tue, 05 Dec 2017 14:43:53 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=65256 La Confédération des syndicats nationaux (CSN) a souligné la nécessité de reconnaître l’existence du racisme systémique au Québec lors de son passage au Forum sur la valorisation de la diversité et la lutte contre la discrimination. Bien que ce racisme puisse souvent se manifester de manière inconsciente, le refus du gouvernement de tenir une consultation indépendante sur ces enjeux limite d’emblée l’ampleur et la portée de ce qui se dégagera lors du forum. Rappelons que la CSN s’est jointe en août 2016 aux organisations réclamant la tenue d’une commission d’enquête sur le racisme systémique.

En limitant les débats du forum aux questions de l’emploi, de la formation et de la francisation, le gouvernement de Philippe Couillard évacue trop de sujets d’importance de la discussion. « Trop de sphères de la société sont absentes de la réflexion du forum », dénonce Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN et responsable politique des questions des relations interculturelles. « L’analyse de la discrimination systémique doit inclure des questions sur notre système d’éducation, notre réseau de la santé et des services sociaux, le logement, la sécurité publique et la culture. La vision utilitaire de l’immigration proposée par le gouvernement est fort réductrice. Les Québécoises et les Québécois issus de l’immigration méritent davantage que d’être perçus comme de la main-d’œuvre existant uniquement pour satisfaire les besoins des employeurs. »

Regarder le Forum en direct

Des pistes de solutions

Parmi les solutions proposées par la CSN lors du forum, notons la révision profonde de la reconnaissance des compétences des nouveaux arrivants, des procédures de recrutement et d’embauche inclusives, l’élimination de pratiques de ressources humaines non adaptées à la diversité culturelle et une bonification des mesures de francisation pour les personnes issues de l’immigration.

« En tant que société d’accueil, nous avons l’obligation de contrer les obstacles systémiques que rencontrent les personnes immigrantes et les personnes racisées. Nous devons tout mettre en œuvre pour enrayer ce phénomène », conclut Véronique De Sève. 

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La consultation doit être indépendante, consciencieuse et respectueuse https://www.csn.qc.ca/actualites/la-consultation-doit-etre-independante-consciencieuse-et-respectueuse-de-la-population/ Thu, 05 Oct 2017 14:00:51 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=64275

Dans un contexte où la consultation publique sur le racisme systémique est largement débattue dans l’espace public, la Table de concertation contre le racisme systémique (TCRS), dont la CSN est membre, réitère l’importance de la démarche et insiste sur les conditions essentielles pouvant assurer son succès.

La TCRS, qui rassemble différents organismes de la société civile engagés dans la lutte contre le racisme systémique, rappelle que le racisme systémique est une problématique qui touche un million de Québécoises et de Québécois dans leur accès à un emploi, à la justice, aux services de santé et d’éducation. Lorsqu’on parle de racisme systémique, il s’agit non pas des attitudes individuelles, mais plutôt d’examiner de manière sérieuse le rôle des institutions pour rendre compte des inégalités sociales.

La TCRS souhaite également que la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) ait toute l’indépendance pour mener la consultation à bon port. Pour les membres de la Table, il est impératif que le Gouvernement du Québec ne recule pas, mais aussi qu’il garde désormais ses distances du processus, afin que les considérations partisanes ou électorales n’influencent pas les travaux de la CDPDJ, de la société civile, des expert.e.s et des citoyen.ne.s. La TCRS croit que la CDPDJ doit avoir les moyens politiques et financiers de fixer, en collaboration avec les organismes partenaires, un échéancier et un processus respectueux des participant.e.s et adéquat pour le sérieux des thématiques abordées.

Les organismes membres de la Table de concertation réitèrent également leur engagement pour faire de la lutte contre le racisme systémique un succès, à court comme à long terme. Pour la Table, la société civile a un rôle important à jouer dans la mobilisation citoyenne nécessaire à un véritable changement dans les pratiques des institutions et des organisations. La TCRS annonce donc qu’elle travaillera à ce que les recommandations finales de la consultation ait une suite et que la lutte pour une plus grande égalité au Québec continue, et ce peu importe les couleurs du gouvernement en place ou les saisons électorales.

La Table de concertation contre le racisme systémique a été créée en mai 2017 et rassemble des organismes engagés pour une société égalitaire, libérée du racisme et des discriminations. 

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La peur de l’autre https://www.csn.qc.ca/actualites/la-peur-de-lautre/ Thu, 21 Sep 2017 18:50:31 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=63409 Blogue de Jacques Létourneau

Le fond de l’air est lourd. Depuis plusieurs mois, l’incompréhension, l’insécurité et la peur de l’autre se sont exprimées ouvertement de bien des façons. Nous avons été témoins de gestes racistes parfois subtils, souvent flagrants, sinon violents. De toutes les manières, nous les rejetons !

Bien sûr, nous croyons que nous devons écouter et chercher à comprendre celles et ceux qui ont peur. C’est possible en répudiant et en dénonçant celles et ceux qui attisent cette peur de l’autre. Nous devons lutter contre la montée de ce racisme identitaire fait de rejets, de repli sur soi et d’hostilité.

Le mouvement syndical a la responsabilité de contrer vigoureusement la croissance marquée de la haine et de l’intolérance. Parce que c’est dans sa nature de le faire. Parce qu’il promeut des valeurs contraires. À travers son histoire, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui célèbrera son centenaire bientôt, a toujours lutté contre le racisme. La CSN s’est toujours fait un devoir d’offrir des espaces ouverts de discussion, d’éducation populaire et de conscientisation. À la fermeture aux autres, nous opposons la solidarité, la fraternité, l’ouverture.

Le cas des migrants
Devant la multiplication des commentaires hostiles envers les demandeurs d’asile, le Barreau du Québec a récemment rappelé à la population québécoise que ces migrants ne sont pas des immigrants « illégaux », car le geste de traverser la frontière en dehors d’un poste-frontière officiel n’est pas illégal en soi, mais plutôt irrégulier. 

Certains se disent préoccupés par les coûts pouvant résulter de l’arrivée des demandeurs d’asile, surtout dans la conjoncture morose à laquelle nous sommes confrontés depuis l’élection du gouvernement libéral en 2014. Le véritable problème est ailleurs, et nous devrions plutôt manifester notre colère envers les politiques d’austérité de Philippe Couillard qu’envers celles et ceux qui fuient la misère ou l’exclusion avec l’espoir d’améliorer leur sort.

Que dire de certains politiciens qui ne font que jeter de l’huile sur le feu ? Difficile de croire qu’il s’agit du même Québec qui, en 1980, sous le leadership de René Lévesque, a forcé la main au gouvernement fédéral de Trudeau père à amnistier quelque 5000 Haïtiennes et Haïtiens après l’expiration de leurs visas de courte durée. Moi qui avais dix-sept ans à l’époque, je peux dire que j’étais fier de l’ouverture et de la générosité du Québec et de son peuple. Aujourd’hui, j’ai plutôt mal pour notre pays, et les dérapages identitaires de nos représentants politiques m’accablent. 

La droite décomplexée
La montée en force des groupes racistes d’extrême-droite, tant chez nos voisins états-uniens que chez nous, est très troublante. Nous devons éviter la tentation de banaliser l’essor des mouvements néonazis et de suprématie blanche enhardis par l’ascension d’un populiste de droite à la présidence de la Maison-Blanche. D’ailleurs, des effets collatéraux de cette radicalisation se font déjà sentir au Québec. Comment comprendre que des groupes islamophobes manifestent dans les rues de notre capitale à quelques mois seulement de la tuerie à la grande mosquée de Québec ? Comment expliquer la vague de commentaires xénophobes lus et entendus quotidiennement depuis le début de la crise migratoire des demandeurs d’asile haïtiens ?

Vivre ensemble
Nous devons dénoncer haut et fort ce discours haineux, qu’il s’affiche ouvertement ou plus subtilement. Nous devons aussi répondre aux questionnements de la population, de nos membres, aux prises avec un débat public polarisé, par lequel plus personne n’écoute l’autre, plus personne ne répond, plus personne n’entend. Les craintes exprimées ne sont pas toutes une démonstration de racisme, elles sont plutôt l’expression d’un besoin de discuter des enjeux actuels. Il faut savoir le faire dans le calme et dans le respect de nos valeurs.

Le mouvement syndical a un rôle majeur à jouer pour mettre de l’avant les valeurs de tolérance, de solidarité, d’ouverture et d’entraide, elles sont non seulement propres à notre organisation, mais aussi caractéristiques du Québec. Nous devons continuer de bâtir des ponts avec les mouvements antiracistes et les leaders racisés afin de les soutenir dans la lutte contre le racisme. Il est de notre responsabilité d’agir ainsi.

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