Pôle doc – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca Le maillon fort du syndicalisme au Québec Tue, 14 Nov 2023 12:25:01 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://www.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2019/05/csn-logo-150x150.png Pôle doc – CSN – Confédération des syndicats nationaux https://www.csn.qc.ca 32 32 1972, une année de bouillonnement https://www.csn.qc.ca/actualites/1972-une-annee-de-bouillonnement/ Sun, 12 Nov 2023 22:50:59 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=92955 Au Québec, l’année 1972, celle du premier Front commun, aurait pu être « révolutionnaire ». Mais elle aura plutôt été frappée du sceau de la répression, si bien que, pour Olivier Ducharme, le phénomène de la dépossession politique est au cœur de cette année mouvementée. L’auteur d’À bout de patience montre jusqu’où l’État et ses institutions, en imposant des limites à la liberté d’informer, de manifester, de créer et de penser à coups de lois spéciales, de mesures répressives et de censure, sont prêts à aller pour mater toute contestation et décrédibiliser toute pensée critique et dissidente.

De cette année ponctuée par d’importants bouleversements politiques, culturels et sociaux, notre mémoire collective n’a généralement retenu que les épisodes les plus spectaculaires, comme l’importante grève du Front commun de la fonction publique et l’emprisonnement de ses chefs syndicaux [Marcel Pepin, Louis Laberge et Yvon Charbonneau]. Mais on assiste aussi à la montée des mouvements féministes, autochtones et environnementaux, et plusieurs autres événements témoignent d’un Québec en pleine ébullition : les femmes bravant l’interdiction d’entrer dans les tavernes, les grèves sauvages de mai, les occupations, les « cégeps parallèles », la censure à l’ONF, la résistance des Premières Nations… C’est également l’époque des hauts faits d’armes du syndicalisme de combat : en 1972, les trois grandes centrales syndicales [CSN, FTQ et CEQ] ne craignaient pas de critiquer sévèrement le capitalisme.

Puisant dans les archives de presse et s’appuyant sur une riche iconographie, Olivier Ducharme nous plonge dans les événements qui ont marqué 1972 en dressant, de sa plume vivante, un portrait inédit d’une année de bouillonnement politique, social et culturel. Il nous rappelle également que le projet de faire advenir une société québécoise anticapitaliste demeure d’une criante actualité.

Docteur en philosophie, Olivier Ducharme est l’auteur de Michel Henry et le problème de la communauté, Pour une communauté d’habitus (L’Harmattan, 2013), Une vie sans bon sens, Regard philosophique sur Pierre Perrault (avec Pierre-Alexandre Fradet, Nota bene, 2016), Todd Haynes : cinéaste queer et également Liberté, identité, résistance (Varia, 2016). Il dirige la série Cinéma aux éditions Varia.

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L’indécence des ultrariches https://www.csn.qc.ca/actualites/lindecence-des-ultrariches/ Tue, 13 Jun 2023 02:52:26 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=91137 C’est à un véritable parcours à travers l’opulence outrancière des ultrariches de ce monde que nous convie Dahlia Namian dans La société de provocation parue en avril. Bien documentée, l’essayiste se promène comme dans un musée des horreurs entre les excès des uns et la démesure des autres pour nous inviter à voir cette faune indûment privilégiée sous son vrai jour. Pour camper son propos, elle évoque Elon Musk qui, en février 2018, plaçait une voiture Tesla à bord de la fusée de Falcon Heavy afin qu’elle se promène dans le vide intersidéral. Celui dont la fortune est évaluée à 200 milliards n’a pu résister à l’envie de réaliser cette petite excentricité…

Dès lors, la table est mise et les aberrations s’enchaînent. Expositions universelles pour les mieux nantis qui rasèrent des quartiers ouvriers complets dans le monde ; banquets somptueux dignes de Néron le décadent tenus pour célébrer la royauté au Canada ; industrie florissante des super­yachts, dont le nombre grandissant est lié à la concentration des richesses dans le monde… pour l’anecdote, la flotte de ces palais sur mer consomme environ 2 000 litres de carburant par heure…

Et au moment où ces mastodontes flottants s’approprient les mers, des milliers de réfugié-es meurent chaque année en quête d’une vie meilleure sur des rafiots dangereux. Alors que l’Arabie Saoudite annonce la création de la cité futuriste Neom qui comprendra une lune artificielle, des taxis volants, des jardins suspendus et des plages phosphorescentes qui brilleront la nuit, près de 20 000 membres de la tribu Howeita devront quitter leur terre ancestrale sur laquelle la métropole sera érigée. Pendant que le dirigeant de Loblaw s’enrichit de 2 milliards grâce à la COVID-19, ses employé-es « crèvent la dalle ».

Dans cet essai percutant, Namian démontre aussi que l’opium du peuple, comme le désignait Marx, s’ajuste aux sociétés. Pour réconforter le commun des mortels et inciter à banaliser ces excès, les dîners en blanc, les exils québécois en Floride, les virées dans les quartiers Dix30 et Royalmount de ce monde, ces hauts lieux de consommation conçus pour satisfaire tous les besoins en un seul endroit, ont la cote. Dans cette société de provocation, on s’exerce à détourner le regard des abus des ultrariches, à leur seul bénéfice. Tout le doigté de l’essayiste réside dans cette démonstration fine et sans équivoque.

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Sur les traces de la CSN https://www.csn.qc.ca/actualites/sur-les-traces-de-la-csn/ Sun, 05 Feb 2023 22:30:06 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=87397 Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. L’historien Yves Desjardins s’est peut-être inspiré de cet adage lorsqu’il travaillait sur Le Québec à l’ouvrage pour retracer les 100 ans de la CSN en textes mais surtout en photos. À travers un récit aussi captivant qu’instructif accompagné d’images éloquentes, l’auteur montre comment les grandes luttes de la CSN, tout comme les coups durs, ont fortement influencé l’évolution du Québec moderne. La rétrospective est riche et étoffée ; elle nous rappelle avec un intérêt renouvelé à quel point notre vie courante bénéficie de l’action syndicale. Tout au long de la lecture, le texte dévoile l’ampleur des luttes menées par ces femmes et par ces hommes pour faire avancer leur cause. Les photos, ces bijoux d’archives syndicales, nous font réaliser tout le chemin parcouru collectivement.

Il est aujourd’hui difficile de s’imaginer un monde sans salaire minimum, sans la rémunération des heures supplémentaires, sans vacances payées, ou sans congés parentaux et de maternité, entre autres choses. Et pourtant, ces avancées ont été gagnées de chaude lutte. Le Québec à l’ouvrage nous parle de ces gens ordinaires, ces personnes qui n’ont jamais renoncé à défendre leurs principes et leurs idéaux de justice et d’équité, même si on leur faisait la vie dure.

Ainsi, les vendeuses de Dupuis Frères se sont battues pour faire reconnaître leur syndicat comme unique agent négociateur. Les infirmières de Sainte-Justine pavèrent la voie à une véritable syndicalisation dans les hôpitaux et à la reconnaissance de la profession. La grève des travailleurs de l’amiante a assis le principe de l’élimination du danger à la source et le droit de refuser de travailler en cas de risque pour la santé ou la sécurité. La levée de boucliers des travailleurs de la Robin Hood déboucha sur l’intégration au Code du travail des dispositions anti-briseurs de grève. Les travailleuses des CPE donnèrent aux femmes l’occasion de retourner sur le marché du travail et permirent à des milliers d’enfants d’accéder à des services de garde éducatifs de qualité.

Ces legs, Desjardins nous les raconte de brillante façon. Avec sa plume ciselée, probablement un héritage de sa longue expérience de journaliste à Radio-Canada, il pose les jalons d’une grande histoire. Un livre qu’il vaut la peine de parcourir encore et encore.

Pour vous procurer le livre : documentation@csn.qc.ca

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Le prix Pierre-Vadeboncoeur de la CSN va à Mélikah Abdelmoumen et à Jean-François Nadeau https://www.csn.qc.ca/actualites/le-prix-pierre-vadeboncoeur-de-la-csn-va-a-melikah-abdelmoumen-et-a-jean-francois-nadeau/ Thu, 15 Dec 2022 15:08:32 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=86523 Le prix Pierre-Vadeboncoeur, décerné par la CSN à l’essai s’étant le plus démarqué durant l’année, a été remis à Mélikah Abdelmoumen, pour son essai Baldwin, Styron et moi, publié chez Mémoire d’encrier, et à Jean-François Nadeau, pour Sale temps, un recueil de chroniques publié chez Lux éditeur.

Doté d’une bourse de 5 000 $, le prix a été remis aujourd’hui à l’occasion du conseil confédéral de la CSN, qui se déroule les 14 et 15 décembre au Centre des congrès de Lévis. Le jury, présidé par l’ex-présidente de la CSN Claudette Carbonneau, compte aussi la professeure de littérature Catherine Ladouceur, membre de la CSN, et l’éditeur Mark Fortier, lauréat de l’année précédente.

« Plusieurs considèrent à juste titre Pierre Vadeboncoeur comme l’un des plus grands essayistes québécois. Il a joué un rôle de premier plan dans la construction de la CSN moderne et dans l’édification d’un type de syndicalisme unique en Amérique du Nord. C’est son héritage syndical et intellectuel qui a amené la CSN à créer un prix portant son nom », affirme Nathalie Arguin, secrétaire générale de la CSN, qui remettait les bourses aux lauréats.

Ce prix, remis pour une première fois en 2011, veut souligner la contribution majeure d’un essai publié au Québec au cours de l’année écoulée. Encore cette fois-ci, une quinzaine de maisons d’édition québécoises ont soumis plusieurs dizaines d’œuvres.

Dans sa présentation des œuvres récompensées, Claudette Carbonneau a souligné, chez Mélikah Abdelmoumen, la façon dont elle nous plonge au cœur d’un débat qui n’a pas cessé de nous interpeler ces dernières années : celui de l’appropriation culturelle et de la liberté de l’écrivain. De là l’appel à la barre des deux auteurs étasuniens, James Baldwin et William Styron. Il s’agit de l’amitié improbable d’un écrivain blanc, Styron, dont les ancêtres étaient propriétaires d’esclaves, et d’un écrivain noir, James Baldwin, lui-même descendant d’esclaves. Quand des Afro-Américains ont attaqué Styron pour avoir écrit au « je » son roman Les confessions de Nat Turner, l’accusant de s’approprier la vie d’un esclave noir, Baldwin s’était courageusement porté à sa défense.

« Le jury a trouvé dans cette œuvre une expérience intime du monde, qui invite à un dialogue nécessaire ancré dans un réel confrontant, qui appelle son lecteur et sa lectrice à l’engagement, tout cela reposant sur une rigueur intellectuelle réjouissante qui se déploie dans une structure fort originale », a fait valoir la présidente du jury.

Quant à l’autre lauréat, le journaliste Jean-François Nadeau, madame Carbonneau a rappelé que nous sommes plusieurs à attendre avec un intérêt toujours soutenu sa chronique du lundi dans Le Devoir. Ce sont entre autres ces chroniques, rédigées dans l’urgence sur une période de cinq ans, que Nadeau a peaufinées et a accompagnées de quelques nouveaux inédits pour nous les présenter dans le recueil intitulé Sale temps.

« Dans cette œuvre aux accents pamphlétaires bien sentis et magnifiquement écrits, a ajouté le jury, Nadeau s’efforce d’éveiller les consciences sur des enjeux bien de notre temps. » L’auteur se livre à une « réflexion sur le temps, sur notre rapport à celui-ci, sur son rôle comme instrument de pouvoir sur le
« monde ordinaire ». Il invite à revoir un contrat social profondément aliénant, injuste et inégalitaire fondé sur la productivité, le consumérisme et ses nombreuses servitudes. »

En outre, le jury a accordé une mention spéciale à l’essai de Pierre Nepveu, Géographie du pays proche. Le jury a apprécié sa conclusion portant sur la « majesté du réel », laquelle est présentée comme l’importance de cultiver notre attachement au pays proche, dans la mesure où celui-ci conduit, du même coup, à demeurer ouvert sur le monde. Voilà qui rappelle les élans d’un Vigneault, qui chante son pays qui n’en est pas un, en insistant sur la nécessité de posséder ses hivers !

Parmi les lauréats qui ont reçu le prix Pierre-Vadeboncoeur depuis 12 ans, notons Bernard Émond, Serge Bouchard, Yvan Lamonde, Aurélie Lanctôt, Josée Boileau, Normand Balllargeon, Yvon Rivard et Mathieu Bélisle.

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Ce que le progressisme doit d’abord accomplir https://www.csn.qc.ca/actualites/ce-que-le-progressisme-doit-dabord-accomplir/ Tue, 10 Dec 2019 16:44:06 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=73109 Propulsé par la multiplicité des luttes qui le composent, le progressisme doit trouver – et plus tôt que tard – une manière cohérente d’unir ses forces afin d’opérer les changements sociopolitiques souhaités. C’est du moins l’une des leçons qui peuvent être tirées de Dire non ne suffit plus (Naomi Klein, 2017).

Bien que publié il y a deux ans et faisant largement écho à l’électrochoc qu’aura été l’élection de Donald Trump aux États-Unis, cette notion que le progressisme doit, plus que jamais, trouver le point de jonction entre ses diverses luttes demeure d’une criante actualité.

Cette idée est développée dans le dernier tiers de son livre et ouvre la voie à une introspection nécessaire de tout mouvement progressiste. Les luttes, aussi diverses soient-elles, font face à un certain nombre d’ennemis communs et le mouvement, au lieu de s’entredéchirer, a la responsabilité d’ouvrir un dialogue interne permettant la convergence et, ultimement, un meilleur rapport de force devant la résistance au changement et l’ampleur des défis auxquels nous faisons collectivement face.

Naomi Klein parle ainsi de la nécessité de créer un autre récit sur lequel l’ensemble des progressistes pourra bâtir les assises d’une lutte commune. Ils seront surtout aptes à profiter de la conjoncture favorable aux changements espérés. Pour cela, il faut se parler, même si, de prime abord, les intérêts peuvent sembler divergents.

Des exemples ? Des travailleuses et travailleurs de l’industrie du pétrole, réunis dans la même salle que des leaders autochtones et des militants écologistes. Les échanges sont chargés et difficiles, mais ils permettent d’aboutir à des propositions et des solutions inclusives. Le mandat est immense, mais l’urgence l’est tout autant.

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Le principe vital https://www.csn.qc.ca/actualites/le-principe-vital/ Fri, 04 Oct 2019 14:58:08 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=72366 De toutes les saisons, l’automne est celle de la grande rentrée. Et bien que nous l’évoquions dans sa grande singularité, cette rentrée est bien sûr multiple : tantôt scolaire et universitaire, tantôt politique et (parfois) électorale… La nôtre est syndicale avant tout. Mais il en est une autre plus rarement évoqué, parce que vécue dans l’individualité, celle qui nous pousse à rentrer en soi et à nous poser, malgré l’effervescence collective engendrée par nos luttes et revendications. Fort heureusement, elle coïncide avec la rentrée littéraire et ses incontournables salons du livre.

C’est d’ailleurs au Salon du livre de Montréal, en novembre, que la CSN décerne depuis neuf ans le prix Pierre-Vadeboncœur à un ou une auteure pour le meilleur essai en science humaine, sociale ou politique publié durant l’année au Québec. Vadeboncœur, bien connu dans notre organisation pour y avoir été conseiller syndical de 1950 à 1975, est surtout un écrivain d’exception, qui a remporté de nombreux prix et distinctions sur plus de 30 ans. La ligne du risque (1963) est l’une de ses œuvres les plus connues. Mais qui connaît L’Absence, un recueil d’une vingtaine de textes qui abordent des sujets comme l’art ou la littérature, la correspondance, et l’amour aussi ? « Il faut que vous entendiez bien ceci : qu’il est un tiers état dans l’être, où s’anéantit la distinction de la possession et la non-possession et où cette opposition ne veut plus rien dire. (…) La vie y est tout à fait libre. Présence

Avec une grande sensibilité, l’auteur mène sa réflexion vers plus de liberté (de penser, d’agir), de joie (de vivre) et vers l’Autre aussi, avec beaucoup d’humanité. Son écriture à la fois dense et limpide – parfois, ce qui semble a priori impénétrable, soudain, devient lumineux – porte à la méditation, si les conditions sont réunies. Sur le ton de la confidence, le propos vibre de ce que l’auteur nomme lui-même le « principe vital ». Et c’est là l’essentiel.

L’œuvre de Pierre Vadeboncoeur, décédé en 2010, est constituée de 29 ouvrages, dont le dernier La clef de voûte paru en 2008.

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Lettres sur le devenir du Québec https://www.csn.qc.ca/actualites/lettres-sur-le-devenir-du-quebec/ Fri, 19 Apr 2019 09:59:26 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=71112 Les auteurs et épistoliers Hélène Pelletier-Baillargeon et Pierre Vadeboncoeur échangent leurs réflexions du moment sur une période allant de 1983 à 2006. Elle, l’espérante, lui, le fataliste sur le devenir du pays du Québec. Elle, journaliste et chroniqueuse, est notamment l’auteure de Marie Gérin-Lajoie – De mère en fille, la cause des femmes, en 1985. Lui, syndicaliste depuis la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC, l’ancêtre de la CSN), est devenu l’un des plus importants essayistes de la littérature québécoise. Il a notamment écrit La dernière heure et la première, en 1970. Les deux ont toujours été des grandes causes de la justice sociale, mais surtout, partisans de l’indépendance du Québec.

L’échange de leurs réflexions débute en 1983, trois ans après le refus de la population par référendum de faire la souveraineté. Nous les suivons à travers les événements marquants : la Constitution de 1982 et le refus de celle-ci par l’Assemblée nationale du Québec ; le « Beau Risque » ; l’échec des accords du lac Meech menant au deuxième référendum en 1995 où la population rejette à nouveau le statut d’État souverain pour le Québec.

« La correspondance, nous dit Vadeboncoeur, permet de formuler une pensée encore inachevée avec ses flous, ses ombres, ses contradictions ». À la lecture de ces lettres, le lecteur plonge dans leurs réflexions, leurs hésitations, leurs états d’âme. À la fin des années 1990, une « fatigue culturelle » s’installe chez eux : le projet du pays stagne dans l’opinion publique. Si Pelletier-Baillargeon refuse de baisser les bras, Vadeboncoeur, lui, doute de l’aboutissement du projet souverainiste. « Nous avons voulu forcer l’histoire ; cela se peut, cela se fait, mais cela n’a pas marché », écrit-il.

Durant toutes ces années, politiquement, les deux auteurs n’ont jamais voulu chercher un véhicule autre que celui du Parti québécois (PQ) bien que l’orientation tanguait depuis 1995. À la lumière de la conjoncture actuelle, il semble que le PQ ne pourra être le seul à porter ce projet de pays.

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L’enquête publique n’aura pas lieu https://www.csn.qc.ca/actualites/lenquete-publique-naura-pas-lieu/ Fri, 15 Feb 2019 20:14:33 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=70185 6 juillet 2013. À Mégantic, sur les hauteurs, un train sans conducteur de la Montreal Maine & Atlantic Railway (MMA) tirant 72 citernes de pétrole est immobile. Soudainement, les freins cèdent, le train avance, dévale la pente jusqu’au cœur de la localité et se couche. Le centre-ville s’enflamme. Le nombre de morts s’élève à 47.

De chez elle, Anne-Marie Saint-Cerny, recherchiste et militante au sein de la Société pour vaincre la pollution (SVP), doute de l’information véhiculée expliquant la tragédie. La cause : les freins auraient été mal enclenchés. Les coupables : des employés de la compagnie. Elle décide de se rendre sur les lieux pour en expliquer les causes véritables.

Mégantic, qui s’est vu décerner le prix Pierre-Vadeboncœur 2018 par la CSN, est le fruit d’une enquête fondée à la fois sur les données probantes et sur un travail de terrain. L’auteure situe le point de départ de la tragédie au 17 mai 2012, jour où William Ackman assoit son pouvoir sur le Canadien Pacifique (CP), un réseau de chemins de fer doté d’interconnexions de petits réseaux, dont celui de la MMA. Ackman, un homme d’affaires qui a profité de la crise de 2008 pour décupler sa fortune, a pour objectif premier l’accroissement de la valeur des actions au détriment du fonctionnement classique et sécuritaire du réseau ferroviaire.

Cette approche consiste à augmenter la longueur des trains, de même que leur rapidité, et à diminuer le nombre de travailleurs. Les trains, alourdis, sont amenés à rouler toujours plus rapidement, et ce, même si les rails datent de l’époque du transport du bois. Pourtant, en 2006, le Bureau de la sécurité des transports avait démontré les liens de causalité entre les accidents (déraillements) et la dégradation des chemins de fer.

Dans son enquête, Mme Saint-Cerny met au jour le maillage entre l’industrie ferroviaire, l’industrie pétrolière et le secteur financier. Une enquête publique a toujours été repoussée par les autorités fédérales, tandis que trois travailleurs de la MMA ont été accusés. De toute évidence, celle-ci n’aura pas lieu.

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Histoire du logement en douze temps https://www.csn.qc.ca/actualites/histoire-du-logement-en-douze-temps/ Fri, 07 Dec 2018 12:00:38 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=69675 Bien que le Canada et le Québec se soient engagés à respecter le droit au logement en signant le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU en 1976, force est de constater que les enjeux liés à l’habitation demeurent les mêmes, 40 ans plus tard. Et n’eût été les nombreuses batailles livrées par des militantes et des militants sous différentes bannières, la situation serait pire encore aujourd’hui.

Pour qui suit un tant soit peu les luttes sociales au Québec, le FRAPRU (Front populaire en réaménagement urbain) demeure la figure emblématique de la mobilisation pour le droit au logement. François Saillant, porte-parole de l’organisation pendant plus de 35 ans, relate des pans de l’histoire de ce mouvement dans le livre-témoignage Lutter pour un toit — Douze batailles pour le logement au Québec. Ces quelques luttes illustrent le contexte et les enjeux sous-jacents du conflit pour faire respecter les droits des plus vulnérables à se loger décemment. Qu’il s’agisse de la cherté des loyers, de la revendication à plus de logements sociaux, d’insalubrité (encore !), de la dénonciation de la spéculation immobilière ou du phénomène plus contemporain de la « gentrification » d’anciens quartiers ouvriers, autant de batailles bien souvent annoncées comme perdues d’avance, tellement les David ne font pas le poids devant les Goliath capitalistes, spéculateurs et autres espèces de peu de conscience sociale. Au-delà des résultats escomptés, chaque lutte a laissé des traces qui ont servi aux suivantes. Et si elles ont parfois permis des avancées, elles auront surtout freiné les reculs. Mais toujours, elles ont « dérangé, d’une manière ou d’une autre, les pouvoirs publics et divers intérêts économiques ».

Dans sa conclusion, François Saillant évoque la situation singulière des communautés autochtones, dont les « conditions de logement […] sont l’un des fruits des politiques colonialistes adoptées à leur égard ». Incontestablement, Lutter pour un toit, « c’est être engagé dans un combat permanent » qui s’inscrit dans cette grande mobilisation pour plus de justice sociale et de dignité humaine.

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Des écrits qui ont marqué leur temps https://www.csn.qc.ca/actualites/des-ecrits-qui-ont-marque-leur-temps/ Mon, 04 Jun 2018 09:59:07 +0000 https://www.csn.qc.ca/?post_type=csnqc_actualite&p=67897 À quelques années de souligner le centenaire de sa fondation, la confédération s’active à rendre disponible une grande partie des collections documentaires issues de ses archives historiques. Si ce n’était pas un secret, cela est devenu une information à partager : la CSN aura 100 ans en septembre 2021. Alors que plusieurs chantiers mijotent pour bien marquer cet événement, l’histoire continue de s’écrire…

Et puisque l’on ne refait pas l’histoire, plutôt s’attarder à prendre connaissance d’événements importants qui ont façonné ce grand mouvement qu’est le nôtre. Justement, un document parmi d’autres publiés à la CSN permet de remonter les événements qui ont interpellé la centrale sur les plans local, régional et international. Portrait d’un mouvement relate aussi, par morceaux choisis, de grandes luttes sociales et syndicales, sur près de 80 ans. Des repères historiques, oui, mais aussi des informations toujours d’actualité, comme nos valeurs — la Déclaration de principe, l’origine du Chaînon, le logo de la CSN, etc. « Pour apprécier notre militantisme et notre engagement, rien de tel que de le mettre dans la perspective de l’engagement et du militantisme de celles et de ceux qui nous ont précédés et ont bâti ce mouvement » [Marc Laviolette, président de la CSN, 1er mai 2000]. Certains écrits invitent davantage à la réflexion : des textes fondateurs, dénonciateurs, revendicateurs, ce portrait en offre un choix de 27 « qui expriment ce mouvement, ses idées et ses actions », à l’aube du 21e siècle. Sous différentes rubriques — Un syndicalisme original ; À la défense des droits ; Critique du système ; Le pays à cœur, on peut lire les mots d’anciens élu-es tels Jean Marchand, Gérard Picard, Marcel Pepin, Michel Chartrand, Gérald Larose, Claudette Carbonneau, et d’autres. Des contributions de salariés aussi : Pierre Vadeboncœur — À la recherche du mieux-vivre dans l’action syndicale, Guy Ferland — Structures et liberté.

Document unique, si vous ne l’avez pas à portée de main, courez vous le procurer tant qu’il est encore disponible.

Pour commander (10 $) : poledoc@csn.qc.ca

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