Le gouvernement Charest a été irresponsable en matière de santé et de services sociaux
Les citoyennes et citoyens du Québec ont voulu qu’on leur parle de leur plus grande préoccupation, soit l’état très inquiétant de nos services de santé et de nos services sociaux. Peine perdue, la campagne électorale n’a rien donné de valable en provenance des principaux partis.
De nouveaux signaux d’alerte sur l’état des urgences et sur la montée sournoise de la privatisation ont fait surface à quelques jours du scrutin. Pourtant, la population n’est pas davantage éclairée sur les moyens que proposent les principaux partis pour sortir de la crise actuelle et contrer les graves menaces qui pèsent sur nos services de santé et sur nos services sociaux.
« Nous jugeons que la décision du Parti libéral de consacrer les centaines de millions venus d’Ottawa à des allègements fiscaux est un geste électoraliste irresponsable, alors que l’étranglement financier du réseau prive la population des services auxquels elle a droit. Cet argent aurait dû être destiné aux hôpitaux, aux soins à domicile, à l’hébergement des personnes en perte d’autonomie, aux services à la jeunesse, aux services de réadaptation et à la santé mentale », soutient Francine Lévesque, présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN.
« Le système de santé et de services sociaux a été la première cible des coupes budgétaires imposées par la politique du déficit zéro. Nous ne nous en sommes jamais relevés et le Québec traîne encore au dernier rang des provinces pour les dépenses de santé par habitant. Le Parti libéral, pas plus que le PQ ou l’ADQ, ne nous propose d’efforts particuliers pour donner de l’oxygène à nos services de santé et à nos services sociaux et pour nous sortir de notre position de derniers de classe », considère Francine Lévesque.
La pénurie de main-d’uvre
La FSSS est très préoccupée par les pénuries de main-d’uvre qui affectent présentement l’accessibilité, la continuité et la qualité des services. « En conférence de presse, en janvier dernier, nous avons dénoncé la situation intenable des infirmières de Sainte-Justine. Après avoir fait appel en vain au ministre Philippe Couillard, nous constatons que le gouvernement persiste toujours à nier la réalité et à fuir ses responsabilités », constate la présidente de la FSSS.
« Ce qui presse et qui aurait dû faire l’objet d’engagements des partis politiques, c’est un plan d’action pour recruter les 112 000 personnes de diverses professions, y compris les 40 000 infirmières et les 26 000 préposées aux bénéficiaires, dont nous aurons besoin au cours des dix prochaines années, insiste la présidente de la FSSS. La promesse du Parti libéral d’ajouter 2000 infirmières, c’est de la poudre aux yeux. Le nombre d’étudiantes inscrites à la formation en techniques infirmières a plafonné et un document gouvernemental estime d’ailleurs que le potentiel d’inscription aurait été atteint. »
Traités en ennemis
« Le gouvernement Charest et le ministre Philippe Couillard en tête ont traité le personnel de la santé et des services sociaux en ennemis. Nous ne pouvons oublier la série noire des lois adoptées sous le bâillon qui ont visé directement le personnel de la santé et des services sociaux », soutient la présidente de la FSSS qui rappelle l’adoption de trois lois qui furent particulièrement dommageables.
– La loi 25 forçant la fusion des établissements a mis fin au réseau des CLSC; a provoqué un alourdissement bureaucratique; a semé la confusion parmi les usagers et le personnel et n’a pas contribué à corriger les problèmes du réseau.
– La loi 30 a imposé, contre la volonté de l’ensemble des organisations syndicales, une restructuration arbitraire des syndicats et les a obligés à négocier localement ce qui se négociait au palier national. L’impact de cette loi 30 fut un immense gaspillage d’énergie, qu’il aurait mieux valu consacrer à revoir l’organisation du travail et à créer des environnements de travail plus sains et plus épanouissants pour le personnel actuel et pour le personnel que l’on espère recruter.
– La loi 142 a imposé les conditions de travail et les conditions de rémunération dans le secteur public jusqu’en 2010, sans qu’un processus réel de négociation ait pu débuter. La FSSS est une des organisations qui conteste la loi 142 devant les tribunaux, étant convaincue que cette loi est à l’encontre des droits fondamentaux inscrits dans les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés.
À ne pas oublier également, la loi 8 qui a retiré le droit de se syndiquer au personnel des ressources intermédiaires. Selon Francine Lévesque, le débat autour de notre système de santé et de services sociaux reprendra de plus belle au lendemain de l’élection puisque la campagne électorale n’a pas fait émerger d’engagements significatifs et de solutions valables aux problèmes existants. « Nous ne perdrons pas de temps à attendre du gouvernement élu qu’il s’éveille aux difficultés en santé et en services sociaux. Nous allons lui rappeler que nos membres et que la population exigent qu’il en fasse sa priorité », conclut Francine Lévesque.
La Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN représente 120 000 membres dans le secteur de la santé et des services sociaux.
Source : FSSS-CSN – 23 mars 2007
Pour renseignements : Claude Saint-Georges, conseiller à l’information de la FSSS-CSN, tél. : 514) 598-2213 ou cell. : (514) 258- 7124