Manifestation syndicale au Renfort à Saint-Jean-sur-Richelieu
Une centaine de délégué-es de syndicats de la Montérégie affiliés à la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN se sont massés aujourd’hui devant les portes des Services de réadaptation du Sud-Ouest et du Renfort, à Saint-Jean-sur-Richelieu, pour manifester leur appui aux employé-es de ce centre de déficience intellectuelle. Ceux-ci revendiquent une approche préventive, et non pas répressive, lorsqu’ils sont en congé de maladie.
Le syndicat reproche à l’employeur de pratiquer une approche ” médico-administrative ” sur le dos des personnes en congé de maladie professionnelle, dont 50 pour cent le sont pour des dépressions, des troubles d’adaptation sociale, etc. Selon le syndicat, l’employeur cherche à réduire ses coûts d’exploitation, entre autres, lorsqu’il fait fi ainsi du droit fondamental au rétablissement de la santé des employé-es.
Le syndicat met donc en avant quatre revendications : le recours à l’arbitrage médical prévu à la convention collective et le maintien des prestations d’assurance salaire, la mise en place d’un comité paritaire, la reprise des pourparlers sur des cas litigieux, et la prévention.
La goutte qui fait déborder le vase
Prétextant que ses médecins n’étaient pas disponibles, l’employeur a informé le syndicat que les audiences pour l’arbitrage du cas d’un travailleur en congé de maladie pour dépression, prévues en janvier prochain, sont reportées en septembre 2003.
En congé pour dépression depuis décembre 1999, cet éducateur ne reçoit plus de prestations d’assurance salaire depuis décembre 2001, ni de prestations d’assurance-emploi et il n’est pas admissible à l’aide sociale : il doit donc épuiser ses économies. Il veut revenir au travail, mais l’employeur ne veut pas le reprendre à son service. Le syndicat a donc demandé à l’établissement de soumettre son cas à la procédure d’arbitrage médical et de le confier à un des médecins arbitres prévus à la convention collective. Selon le syndicat, ce mécanisme permettrait de trancher le cas en deux mois. Mais l’employeur préfère un arbitrage régulier, beaucoup plus long.
” L’attitude de l’employeur constitue certainement la goutte qui a fait déborder le vase “, a affirmé le président du syndicat des 115 employé-es du centre de réadaptation en déficience intellectuelle, Normand Iler.
Il y a quelques temps, une autre employée avait vu ses prestations d’assurance salaire interrompues.
Objectifs
Présente à la manifestation syndicale, la vice-présidente régionale de la FSSSCSN en Montérégie, Lise Laferrière, a déclaré : ” Les revendications du syndicat nous permettraient de faire respecter entièrement le droit à la réadaptation, à la réintégration et à l’accommodement des travailleuses et travailleurs victimes de maladies du travail. ”
L’accommodement est un enjeu crucial dans plusieurs syndicats où l’on assiste à une croissance du nombre d’employé-es atteint de limitations fonctionnelles de nature physique ou psychique.
” Avec des mesures d’accommodement appropriées, il serait possible de recourir encore à des travailleuses et des travailleurs d’expérience, qui, malgré leurs limitations fonctionnelles, ont encore des compétences et du potentiel à offrir au milieu “, soutient-elle.
Source
Dans le réseau de la santé, l’alourdissement de la clientèle en institution et de la tâche, le manque de ressources et le vieillissement du personnel font partie des facteurs qui ont contribué à l’augmentation de l’assurance salaire et des congés de maladie.
Ainsi, au Renfort, il y a eu une croissance de 33 pour cent des coûts reliés à l’assurance salaire en 2000-2001.
Selon le document de juillet dernier intitulé Évaluation de la gestion médico-administrative, 7 des 15 employé-es de Saint-Jean-sur-Richelieu en congé de maladie le sont pour des problèmes de santé mentale et 156 des 363 semaines payées par l’assurance salaire à des employé-es en congé de maladie le sont pour des cas reliés à la santé mentale.
Les documents de l’employeur démontrent également (tableau État de situation) que les ” heures en assurance salaire pour problématique de santé mentale ” à Saint-Jean-sur-Richelieu atteignaient 13 115 heures en 2000-2001, soit 44 pour cent. En 2001-2002, ces heures ont grimpé à 15 395 heures, soit 70,3 pour cent. D’après le même document, la fréquence du nombre d’employé-es en congé de maladie pour des problèmes de santé mentale vs le nombre total d’employé-es ayant droit à l’assurance salaire a aussi connu une croissance. En 2000-2001, 16 employé-es sur 44 étaient en congé pour des raisons relatives à la santé mentale, soit 36 pour cent. En 2001-2002, ils sont 25 employé-es sur 58, soit 43,1 pour cent.
Employeur et syndicat conviennent donc qu’on assiste à une croissance des congés de maladie du travail et du recours à l’assurance salaire.
L’employeur veut réaliser des économies
Cependant, là où le bât blesse, c’est que les établissements du réseau de la santé et des services sociaux sont assujettis à la loi anti-déficit. Quant aux employeurs, ils s’inspirent, dans leurs efforts pour réaliser des économies, du Guide de l’employeur concernant le traitement des périodes d’absence pour invalidité (2000-2003).
” Ce guide, sur lequel la FSSSCSN avait mis la main au printemps dernier, établit des standards particulièrement courts pour des problèmes de santé mentale, explique Lise Laferrière. Le document ne semble pas tenir compte du portrait d’ensemble de l’état de santé physique et psychologique de la personne, ainsi que de sa capacité de récupération. C’est un document qui encourage les employeurs du réseau à réaliser des économies au détriment des personnes en congé de maladie lorsque la durée de l’absence dépasse celle qui est recommandée par le guide. C’est inadmissible ! “, a aussi déclaré la vice-présidente régionale de la FSSSCSN en Montérégie.
Solidarité
Participant également à l’action syndicale de ce midi, la présidente du Conseil central de la Montérégie de la CSN, Pierrette Poirier, a assuré les employé-es du Renfort de l’appui indéfectible de son organisme. ” Nous sommes ici pour vous soutenir dans votre lutte. Vous faites face à un employeur qui privilégie la voie ” médico-administrative “, un mot hypocrite qui veut dire répression. C’est inacceptable ! ”
(Source: CSN 25-10-2002 — Renseignements : Michel Crête, (514) 598-2454)