Gilles Fisette
La privatisation d’un pan de la santé ou l’imposition d’un ticket modérateur ne sont pas des solutions en vue d’accroître l’efficacité et pour réduire les coûts du système de santé au Québec autour duquel il y a un consensus pour le maintien du financement public.
C’est ce qu’a expliqué la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, en entrevue à La Tribune, hier après-midi. Quelques heures plus tard, elle prenait part, en compagnie du doyen de la faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke, le Dr Réjean Hébert, à une assemblée publique sur l’avenir du système public de santé, en marge des travaux menés par le groupe de travail dirigé par l’ex-ministre, Claude Castonguay, à qui la ministre des Finances a confié le mandat de formuler des recommandations sur le financement privé.
Déjà, a souligné Mme Carbonneau, les assurances collectives ont grimpé et fait en sorte que de plus en plus de travailleurs n’en ont plus les moyens.
« Plusieurs réduisent la portée de leurs assurances. D’autres les abandonnent », a-t-elle déploré en signalant qu’à la SSQ, la prime annuelle moyenne pour une assurance collective comprenant les médicaments est passée de 495 $ en 1996 à 1043 $ en 2006. Il s’agit là d’une augmentation de 111 pour cent en dix ans.
« Ouvrir la porte à de nouvelles assurances ne fera qu’augmenter la pénurie de personnels. Les professionnels sont attirés par des cliniques privées qui offrent des conditions de travail plus avantageuses (travail de jour, la semaine) rendues possible par la capacité de payer de leur clientèle et par le fait qu’ils ne prennent que des cas légers », a-t-elle mentionné.
À ce sujet, elle a également signalé que 350 infirmières avaient quitté leur travail au profit d’une clinique privée, en 2007 seulement. Ce départ creuse encore davantage la pénurie de travailleurs spécialisés dans les hôpitaux.
Par ailleurs, elle a rappelé que le dernier rapport de l’OCDE sur les soins de santé a établi que le financement privé représente 30 pour cent au Québec et au Canada alors que la contribution publique s’élève à 70 pour cent, comparativement à 73 pour cent dans la moyenne des pays de l’OCDE.
« Lorsqu’on se compare avec les autres, on se rend compte que le privé pèse plus lourd chez nous qu’ailleurs. Dans certains pays, c’est un vent contraire à la privatisation qui souffle. Plusieurs ont même accru la part de leur financement public parce qu’ils se rendent compte qu’un système public de santé génère des économies appréciables sur les coûts », a-t-elle déclaré.
Source : La Tribune, section Actualités – 5 décembre 2007