« Le discours inaugural du premier ministre Jean Charest confirme nos appréhensions : ce gouvernement garde le cap », a indiqué la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. « En maintenant son objectif d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2013-2014, la marge de manœuvre du gouvernement sera bien mince », estime la dirigeante syndicale. Lors de la rencontre économique de Lévis, la CSN avait indiqué qu’elle jugerait l’arbre à ses fruits. Le budget qui a suivi a été des plus décevants avec ses mesures régressives et une compression des dépenses sans précédent. « Avec pareil corset budgétaire, les belles paroles risquent de se transformer en bien petits fruits ! » Pour la présidente de la CSN, il est évident que le gouvernement garde le cap sur sa taxe santé, la hausse des droits de scolarité et la construction en PPP du CHUM, et ce, en dépit du fait qu’il ne reste qu’un consortium sur les rangs. En éducation, les besoins sont importants et ne se limitent pas à un cours de civisme, à un tableau électronique ou à un ordinateur pour les enseignants et à des équipements sportifs ou à un nouvel uniforme pour les jeunes. En santé, si les objectifs de développer une politique intégrée pour les personnes âgées s’imposent, on semble conserver la trajectoire vers le développement des services par le secteur privé, alors que la démonstration est faite qu’ils sont généralement de moindre qualité. La CSN accueille favorablement les grands objectifs en matière de développement durable. La CSN et l’Alliance sociale prônent l’électrification des transports collectifs, le développement de véhicules électriques, des énergies propres et l’amélioration de l’efficacité énergétique. Cela passe cependant par un nouveau code du bâtiment et demande des investissements importants. Concernant les ressources naturelles et particulièrement l’exploitation du gaz de schiste, le premier ministre aurait dû décréter un moratoire. « Il devrait apprendre de son expérience récente et annoncer un débat public sur l’exploitation du gisement pétrolier Old Harry, plutôt que de se précipiter comme il semble vouloir le faire. » En ce qui a trait à la forêt, un morceau manque au casse-tête, soit l’ajustement du Code du travail pour faire face à la multiplication des donneurs d’ouvrage qui découle du nouveau régime forestier. Il s’agit là d’une revendication syndicale de longue date qui tarde à venir. « Faire de la forêt une de nos grandes richesses, c’est aussi se soucier des conditions de travail et de la capacité des travailleurs de pouvoir se syndiquer dans ce secteur. » Quant à la retraite des travailleuses et des travailleurs, la CSN estime qu’il faut faire plus que d’introduire des mesures individuelles et des crédits d’impôt pour inciter à travailler plus longtemps. Le gouvernement ne peut plus passer sous silence l’âgisme pourtant présent dans les milieux de travail. Il devrait s’attaquer à des mesures plus substantielles. Par exemple, plus 60 % des travailleuses et des travailleurs ne sont couverts par un régime complémentaire de retraite. L’heure est venue de légiférer comme l’a fait l’Australie pour obliger la mise en place d’un régime de retraite obligatoire auquel les employeurs devraient verser une contribution minimum pour la retraite de leurs salariés », ajoute Claudette Carbonneau. « Trop d’éléments vagues, mais une seule certitude : on demeure dans un cadre budgétaire très serré qui ne permettra de réaliser les ambitieuses promesses du discours inaugural », de conclure la présidente de la CSN.