Le Conseil central Côte-Nord (CCCN) s’attend à une année chargée en 2014. Le syndicalisme lui-même devra être défendu vigoureusement devant les attaques qui se pointent à l’horizon en provenance d’Ottawa et d’ailleurs.
Le Conseil central Côte-Nord rappelle que le syndicalisme joue un rôle essentiel pour améliorer la situation de tous les travailleurs et travailleuses, dont plusieurs doivent pour le moment se contenter de conditions atypiques. Malheureusement, de plus en plus d’employeurs sont très actifs, notamment en embauchant des avocats spécialisés, pour contester toutes les tentatives de syndicalisation.
Dans ce contexte, les projets de loi antisyndicaux du Parti conservateur risquent de compliquer encore davantage la tâche de ceux qui veulent se faire respecter comme travailleurs. En effet, obliger le vote secret (projet de loi C-525) pour une accréditation complique habituellement la syndicalisation puisque l’employeur peut faire pression sur ses employé-es au moment critique, même si cette manœuvre est illégale. Il ne s’agit pourtant là que d’une des différentes stratégies envisagées par les députés conservateurs pour renforcer la position des patrons.
La réforme de l’assurance-emploi, une autre initiative fédérale, ne sera pas non plus favorable pour les chômeurs et risque en plus de créer une pression à la baisse sur les salaires. Les effets néfastes de ce changement se feront davantage sentir en 2014. La CSN surveillera de près la réaction du gouvernement du Québec au dépôt du rapport Duceppe-Marsolais. La lutte continuera donc sur cet enjeu crucial, notamment pour les travailleurs saisonniers. Action chômage Haute-Côte-Nord et plusieurs autres groupes seront des partenaires dans cette bataille.
La CSN dans son ensemble entend d’ailleurs s’opposer encore plus activement contre toutes ces politiques inacceptables en 2014.
L’enjeu Alcoa
Les citoyens de Baie-Comeau doivent réaliser que le plus gros employeur privé de la municipalité pourrait fermer ses portes. Alcoa n’a toujours pas conclu d’entente avec le gouvernement sur la question des tarifs d’électricité et sa menace de fermeture est donc toujours d’actualité.
« On va être extrêmement vigilants pour s‘assurer que l’entente sur les tarifs avec les trois usines soit conditionnelle à la modernisation des installations de Baie-Comeau et à la pérennité des emplois », affirme Guillaume Tremblay, président du CCCN.
Le conseil central va informer et mobiliser la population pour s’assurer du respect des conditions mentionnées plus haut. Il en va de l’avenir de l’usine et de l’économie régionale.
Compressions dans la santé
Un autre dossier chaud cette année sera la question des compressions dans le secteur de la santé et des services sociaux et des déficits de certains établissements sur la Côte-Nord.
Le report annoncé de l’atteinte du déficit zéro dans le prochain budget du gouvernement du Québec est une bonne nouvelle en soi. La CSN s’inquiète vivement de l’effet concret qu’aura cette nouvelle approche sur les budgets des établissements dans le secteur de la santé et des services sociaux.
Pour le moment, les CSSS de Sept-Îles et de Havre-Saint-Pierre doivent toujours atteindre l’équilibre budgétaire à court terme. Le prochain budget sera donc déterminant pour savoir si les services et les emplois dans le secteur de la santé et des services sociaux seront touchés. Le report de l’atteinte du déficit zéro devrait, en théorie, permettre une plus grande marge de manœuvre au gouvernement afin d’éviter de sabrer dans le budget global de ce secteur et ainsi permettre de renflouer l’enveloppe des différents établissements.
La fusion du CSSS de Manicouagan avec celui de la Haute-Côte-Nord devra se faire dans le respect des engagements relatifs à l’augmentation des services tout en évitant la diminution du nombre de postes, notamment en Haute-Côte-Nord. « Nous serons extrêmement vigilants », a laissé savoir Gisèle Charette, vice-présidente régionale de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).
La CSN représente quelque 2300 syndiqué-es dans le secteur de la santé sur la Côte- Nord.
Doit-on se lancer dans l’exploitation du pétrole?
Les ressources naturelles feront inévitablement partie des dossiers d’actualité sur la Côte-Nord en 2014.
Le Conseil central Côte-Nord (CSN) n’est d’ailleurs pas convaincu que l’exploration et l’exploitation du pétrole du golfe du Saint-Laurent et de l’Île d’Anticosti soient une bonne chose pour le Québec et pour la région tant que toutes les études requises n’auront pas démontré que ces projets sont sécuritaires sur le plan environnemental.
La population de la Côte-Nord, de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et des Îles-de-la-Madeleine seraient en effet aux premières loges advenant un déversement de pétrole qui pourrait se produire dans les eaux froides et agitées de cette partie fleuve. Ce scénario serait d’ailleurs une catastrophe pour les industries plus traditionnelles de la pêche et du tourisme et probablement pour plusieurs autres. Le transport du pétrole est presque toujours une entreprise risquée.
« Il y a un débat plus large qui est pressant à entreprendre sur la nécessité de faire de l’exploration et de l’exploitation du pétrole », affirme Guillaume Tremblay, président du Conseil central Côte-Nord. Même du point de vue économique, les partisans du pétrole ne sont pas en mesure de garantir des retombées conséquentes en région et pour le Québec. « C’est trop souvent les compagnies pétrolières qui s’enrichissent et pas nécessairement la population », fait valoir Guillaume Tremblay.
L’extraction des ressources naturelles du sous-sol a créé un autre débat à Sept-Îles avec le projet de mine Arnaud. Le rapport du BAPE sur ce sujet est attendu prochainement et le gouvernement devra ensuite se prononcer sur cet enjeu qui divise la population de Sept-Îles. Le conseil central avait déposé un mémoire sur cette question en 2013. Deux problèmes principaux doivent trouver une solution avant que le projet puisse aller de l’avant. La CSN estime d’abord qu’il faut disposer d’une étude plus large qui tiendrait notamment compte des effets de cette mine à ciel ouvert sur la source d’eau potable de Sept-Îles, qui se trouve à proximité au lac des Rapides. La qualité de l’air doit également faire être examinée.
Par ailleurs, il faudra tenir compte de l’impact de l’arrivée de ces nouveaux travailleurs sur la capacité des citoyens à plus faible revenu de se loger et de composer avec un coût de la vie relativement élevé. Sept-Îles est en effet aux prises avec une pénurie de logements abordables.
Travailleurs de la construction
Si ces projets ou d’autres vont de l’avant, le conseil central estime que les travailleurs de la construction de la région doivent pouvoir profiter davantage des emplois reliés à ces chantiers.
Trop souvent, les employeurs misent sur la formule « fly in, fly out » et favorisent leurs employés des grands centres urbains. « On a entrepris une démarche avec différentes instances pour analyser ce phénomène et trouver des solutions », explique Guillaume Tremblay. Il s’agit d’accorder la priorité à la main-d’oeuvre locale et de faciliter l’installation permanente sur la Côte-Nord de travailleurs provenant d’autres régions.
Les épiceries et les caisses
Plusieurs négociations de conventions collectives s’amorceront en 2014 dont celles des quatre épiceries Provigo de la région (Forestville, Baie-Comeau, Sept-Îles et Port-Cartier). La coordination entre les différents syndicats sera de mise dans ce cas tant au niveau régional que national.
Mentionnons également la négociation à venir dans les caisses populaires Desjardins ainsi que la continuation de la négociation pour les employés professionnels de la Conférence régionale des élus (CRE).
À propos du Conseil central Côte-Nord (CSN)
Le Conseil central Côte-Nord (CSN) regroupe plus de 50 syndicats représentant quelque 5500 membres sur un territoire qui s’étend de Tadoussac à Blanc-Sablon en passant par Anticosti et Fermont.
À propos de la CSN
Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle est composée de près de 2000 syndicats. Elle regroupe plus de 300 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans huit fédérations, ainsi que sur une base régionale dans treize conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.