La CSN estime que tout doit être mis en œuvre pour que cessent les pratiques qui entachent l’image de l’industrie de la construction. L’organisation syndicale, invitée à donner des pistes de solutions aux problèmes soumis par la ministre du Travail, a établi un certain nombre de chantiers auxquels le gouvernement Charest devrait s’attaquer sans attendre pour établir un véritable droit au travail, partout, pour tous, dans cette industrie en plein essor au Québec, en modifiant la loi R-20. (Loi sur les relations de travail dans l’industrie de la construction).
Revoir le placement et la référence « Le système actuel de placement et de référence de la main-d’œuvre contribue à l’intimidation et à la discrimination sur les chantiers, point à la ligne », fait valoir Jacques Létourneau, vice-président de la CSN. Les événements de la Gaspésia, ceux du chantier Ultramar à Québec en 2010 ainsi que les nombreuses plaintes déposées par des travailleurs de la Côte-Nord à la Commission des relations de travail sont autant de preuves des failles de ce système. De plus, le système actuel laisse place au travail clandestin. La CSN soutient que le placement de la main-d’œuvre et la référence doivent se faire selon des règles bien définies, afin de respecter le droit au travail de tous.
« Dès qu’une travailleuse ou un travailleur détient la compétence nécessaire, qu’il est disponible, selon sa région de domicile en fonction de la localisation du chantier, il devrait pouvoir travailler sur n’importe quel chantier au Québec, peu importe son syndicat », insiste Aldo Miguel Paolinelli, président de la CSN-Construction.
La CSN enjoint l’équipe de travail du ministère de favoriser une centralisation des mécanismes de placement et de mise à pied au sein de la Commission de la construction du Québec (CCQ). Cette dernière possédant à la foi l’expertise et les informations nécessaires, elle est toute indiquée pour remplir cette fonction sans toutefois alourdir les structures actuelles. De plus, un tel mécanisme permettrait de mieux prévenir le travail au noir.
Respecter la démocratie Le mode d’adhésion syndical et de changement d’allégeance pose également problème pour la CSN et la CSN-Construction. Les travailleurs doivent adhérer à une organisation syndicale à leur arrivée dans l’industrie et peuvent en changer lors des périodes prévues par la loi R-20.
« Le problème, souligne Jacques Létourneau, c’est que seuls les travailleurs désirant changer d’allégeance doivent se présenter aux bureaux de scrutin au moment prévu.» La loi prévoit une présomption de vote favorable pour les travailleurs ne se présentant pas aux bureaux de scrutin. Cette façon de faire soulève plusieurs questions au plan de l’éthique, de la démocratie et de la liberté d’exercice du choix syndical.
« Comment cet exercice peut-il être libre et sans entrave lorsque, malgré toutes les précautions, les travailleurs qui désirent changer d’allégeance doivent le faire sous l’œil parfois menaçant de leurs représentants syndicaux ? », s’exclame Aldo Miguel Paolinelli.
Pour la CSN-Construction, la présomption de vote doit être abolie et remplacée par un vote obligatoire dans un bureau de scrutin, pour tous les travailleurs de l’industrie. La présomption de vote soumet ces derniers à une pression indue qui peut aller jusqu’à remettre en question une décision de changer d’organisation syndicale. La CSN soutient que le choix d’une organisation syndicale doit se faire librement et démocratiquement.
Le droit au travail partout, pour tous La participation de la CSN et de la CSN-Construction à la consultation s’inscrit dans la volonté que les salarié-es de l’industrie puissent travailler dans un milieu sain, dans le respect des ententes signées par les parties lors des négociations et des règles de santé et sécurité du travail, un milieu où il est possible de gagner sa vie honnêtement sans subir de l’intimidation, du harcèlement et de l’exclusion.
« Tout doit être mis en œuvre pour que l’intimidation, la discrimination et la corruption cessent, souligne Jacques Létourneau. La CCQ doit pouvoir disposer de tous les moyens pour s’assurer que les salarié-es du secteur voient leurs conditions de travail respectées », ajoute le vice-président de la CSN.
« Beaucoup de défis s’annoncent pour l’industrie, souligne le président de la fédération, nous espérons que notre contribution saura inspirer le groupe de travail de la ministre du Travail. La CSN et la CSN-Construction répondront toujours présentes lorsque viendra le temps de défendre les droits des travailleuses et des travailleurs », conclut-il.
La CSN et la CSN-Construction tiennent à rappeler qu’une telle consultation ne remplace en rien une enquête publique en bonne et due forme portant sur les problèmes en rapport avec l’industrie de la construction au Québec. Une telle enquête a été demandée par l’ensemble des organisations syndicales, de même que par tous les partis politiques québécois, à l’exception du Parti libéral du Québec.
Pour lire le mémoire conjoint de la CSN et de la CSN–Construction, cliquez ici.