L’Institut de recherche et d’informations socio-économiquesveut faire contrepoids au discours identifié à la droite

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Le privé en santé: des chercheurs déboulonnent quelques mythes

L’Institut de recherche et d’informations socio-économiquesveut faire contrepoids au discours identifié à la droite

par Louise-Maude Rioux Soucy

La privatisation est présentée de plus en plus souvent comme un baume posé sur un système de santé public éreinté. Jugé tour à tour lourd, rigide et onéreux, le régime public serait pourtant plus efficace que tous les systèmes mixtes alliant public et privé, affirme un institut de recherche indépendant et ouvertement progressiste.

Que les partisans de la privatisation se le tiennent pour dit : en santé, le privé serait « plus coûteux, moins efficace et moins accessible ». C’est du moins ce qu’avancent deux chercheurs de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) dans une note publiée hier, à quelques jours seulement du dépôt du rapport du groupe Castonguay sur le financement de la santé.

L’institut indépendant ne s’en cache pas. Il veut proposer un contrepoids aux discours des groupes de réflexion de droite qui occupent selon lui un espace disproportionné dans les médias. Ses conclusions, on le comprend, sont donc à l’opposé et rejoignent plutôt celles formulées par le Conseil de la santé et du bien-être, en 2002, soit que le « financement privé des services médicaux et hospitaliers d’avère au mieux inutile, au pire, nuisible ».

Cosignée par Guillaume Hébert et Jean-François Landry, cette note remet en question plusieurs idées répandues, au premier chef, l’augmentation effarante des coûts en santé. Le chiffre le plus souvent véhiculé est certainement la part qu’occupe la santé dans le budget total de l’État. À maintenant près de 43 %, cette part est non seulement la plus importante et de loin, mais elle est de surcroît en pleine expansion, répète-t-on à raison sur toutes les tribunes.

Mais ces calculs ne tiennent comptent ni de la richesse collective ni des revenus gouvernementaux, argue l’IRIS. Comparées au produit intérieur brut, les dépenses en santé sont en fait restées plutôt stables, oscillant entre 6,4 % et 7,4 % depuis 25 ans. Et c’est la même chose pour les revenus de l’État dont la part publique des dépenses en santé est passée de 30 % à 34 % en 30 ans, une variation somme toute très modeste, fait valoir le groupe de réflexion.

Ces chiffres sont d’autant plus éloquents que ce sont principalement les dépenses privées, comme les médicaments, qui ont tiré les dépenses vers le haut, explique Guillaume Hébert. Au Québec, le financement public ne compte en effet que pour 70 % des dépenses totales en santé. Or, ce sont les 30 % restants qui ont crû le plus rapidement, fait valoir le jeune chercheur. « La part publique a fondu de 63 % en 1980, à 45 % en 2005, tandis que le privé a connu une progression importante pour passer de 37 % à 55 % pendant la même période. »

La hausse la plus phénoménale est sans conteste celle associée au prix des médicaments qui augmente deux fois plus rapidement que les autres dépenses en santé. « Ces chiffres montrent clairement que ce sont les dépenses privées qui sont incontrôlables. […] L’exemple le plus parlant à cet effet reste certainement celui des États-Unis », a précisé hier M. Hébert.

L’exemple du privé à l’étranger

Les deux auteurs estiment aussi que la peur d’un choc démographique associé au vieillissement de la population est surévaluée par les partisans de la privatisation. En 1976, la proportion de personnes âgées était de 7,7 %. En 2006, elle était de 13,9 % et elle sera de 27,8 % en 2036. Tout cela fait dire à Guillaume Hébert qu’il s’agit moins d’un choc que d’une « lente transformation de la démographie ».

Il serait également faux de prétendre que les personnes de 65 ans et plus surchargent le système de santé. Ce n’est pas la vieillesse qui coûte cher, mais bien les cinq années précédant le décès d’un individu, peu importe son âge, indiquent les deux auteurs.

Quant à la privatisation complète ou partielle du système de santé, un tour d’horizon de la planète fait dire à Jean-François Landry qu’il n’y a là rien de bon à long terme. « Même dans les pays où on a pris soin de baliser et doser soigneusement la part du privé, le public n’en a pas été allégé pour autant, bien souvent c’est même tout le contraire qui s’est produit. »

En Australie par exemple, la mise en place d’un système privé parallèle devait permettre des économies de 800 millions. Or, le gouvernement a plutôt dû assumer une hausse de 2,2 milliards, lit-on dans cette note socio-économique. En Angleterre et en Suède, le principe de compétition entre les secteurs public et privé aura donné des fruits amers. Non seulement le public s’est retrouvé avec tous les cas lourds, réduisant à néant les efforts faits pour accroître l’accessibilité des soins, mais le privé, lui, ne s’est pas avéré ni plus efficace ni moins coûteux.

Une méta-analyse de Vaillancourt-Roseneau et Linder décortiquant 149 études permet de vérifier ces données sur une longue période de temps et dans divers pays, avance l’IRIS. En tout, 59 % des études analysées ont conclu à une plus grande qualité de services publics contre 12 % seulement au privé. L’écart est encore plus grand du côté des coûts, alors que 77 % des études concluent à des coûts moins élevés ou équivalents dans le public.


Source : Le Devoir, Actualités, page A-3 – 12 février 2008

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