C-18 : la FNCC–CSN demande à Québec et à Ottawa de suspendre l’achat de publicité sur Facebook et sur Google

Devant l’utilisation de menaces et de représailles de la part des groupes Meta/Facebook et Google/Youtube en opposition à l’adoption prochaine du projet de loi C-18, la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN demande aux gouvernements du Québec et du Canada de cesser d’acheter de la publicité sur ces plateformes, et ce, tant que le projet de loi ne sera pas adopté.

La FNCC–CSN rappelle qu’en mars dernier, Google a volontairement cessé d’afficher sur les plateformes de milliers de citoyennes et de citoyens canadiens des articles d’actualité. Du même coup, il a menacé de le faire définitivement si Ottawa osait adopter le projet de loi, qui vise à forcer les géants du Web à conclure des ententes avec les entreprises de presse pour le partage de leurs contenus journalistiques. Depuis, le groupe Meta, propriétaire de Facebook, a également retiré les contenus d’actualité de ses plateformes, menaçant de les bloquer de façon permanente si le projet de loi C-18 est adopté.

« Nous ne pouvons tolérer de tels gestes d’intimidation envers nos institutions démocratiques », affirme la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette.

« Alors que le gouvernement tente justement de corriger le profond déséquilibre du secteur des médias engendré par la montée en puissance des géants du numérique, il faudrait les laisser venir menacer les travaux parlementaires sans rien dire ? Les deux paliers de gouvernement doivent réagir fortement et aviser les multinationales du Web qu’ils prendront les moyens appropriés pour défendre le droit à une information libre et indépendante », poursuit la présidente de la FNCC–CSN.

Réunis en bureau fédéral à Québec la semaine dernière, les délégué-es de la FNCC–CSN ont adopté une résolution demandant aux gouvernements du Canada et du Québec de cesser d’acheter de la publicité sur les plateformes Meta/Facebook et Google/Youtube, tant que le projet de loi ne sera pas adopté et que ces multinationales n’auront pas annoncé leur intention de s’y conformer.

La FNCC–CSN regroupe 6 000 membres dans 80 syndicats œuvrant dans les domaines des communications, du journalisme et de la culture. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN qui réunit près de 325 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

La CSN va au théâtre

La réforme majeure du statut des artistes québécois, dont la CSN et la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) ont été des instigatrices, fête bientôt sa première année. Grâce à cette réforme, l’Association québécoise des auteurs dramatiques (AQAD) prépare un projet d’entente collective avant d’entamer cet été des négociations.

Affiliée à la CSN et à la FNCC–CSN depuis juin 2022, l’AQAD défend les droits des autrices et des auteurs dramatiques du Québec. Sa directrice générale, Marie-Ève Gagnon, décrit le contexte injuste qui touchait ces auteurs avant la réforme. « Leur pratique était comme séparée en deux, avec une loi quand ils écrivaient des textes et une autre qui ne permettait pas la négociation collective au moment des représentations. »

Pressions systémiques et pénurie culturelle
De cette contrainte découlaient les abus, les pressions, le chantage. Faire respecter son œuvre, c’était prendre le risque de ne plus travailler. Mais les temps changent. Ce système injuste trouve son troisième acte à la fois dans le contexte du mouvement citoyen MeToo de prise de conscience et de parole contre les abus systémiques dans l’art, puis des années COVID de pénurie culturelle. Jugées non essentielles, les activités culturelles de la scène québécoise s’étaient alors arrêtées brutalement, privant les artistes de leur gagne-pain.

Mi 2020, la CSN et la FNCC–CSN s’unissent avec neuf organisations, dont l’AQAD. « La CSN a permis, avec la FNCC, ce rassemblement historique pour un but commun : la révision des lois sur le statut de l’artiste. Elle a agi comme leader en apportant une structure et une organisation d’associations », ajoute Marie-Ève Gagnon. La campagne, approuvée par l’opinion publique à 75 % est à la fois simple dans son objectif – avoir les mêmes droits – et ambitieuse, car elle vise à réparer des décennies d’anomalies.

Une victoire historique
En juin 2022, le gouvernement fusionne les deux régimes. « La loi a été bonifiée pour ajouter des protections et la possibilité de conclure des ententes collectives au lieu d’obliger les autrices et les auteurs à négocier de gré à gré lorsque les œuvres sont jouées », résume Marie-Ève qui souligne l’écoute et l’effort réel de compréhension des enjeux de la part de la ministre de la Culture, Nathalie Roy. Dans ce nouveau contexte, l’AQAD, soutenue par la CSN, aura pour objectif de négociation de consolider les conditions de travail des autrices et des auteurs dramatiques au nom de l’exception culturelle québécoise et de sa vitalité intellectuelle.

Grève de signatures : les membres du syndicat de La Presse dénoncent le blocage des négociations

Les membres du Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse–CSN effectuent une grève de signatures, aujourd’hui, retirant leur nom du haut de leurs articles afin d’exprimer leur mécontentement envers la direction du journal. Dans des négociations qui s’étirent, celle-ci refuse de répondre à leurs préoccupations tout en exigeant des reculs concernant leurs conditions d’emploi et en maintenant des pratiques salariales discriminatoires envers les femmes.

Dans une campagne lancée ce matin sur les médias sociaux, les employé-es du quotidien montréalais expliquent leur geste. Leurs salaires n’ont pratiquement pas été augmentés depuis près de dix ans, notamment en raison de la crise ayant affecté la presse écrite. Ils sont sans contrat de travail depuis près d’un an et demi.

À la table de négociation, les discussions sont loin de satisfaire la partie syndicale. Sans considérer les préoccupations des salarié-es, les membres de la direction exigent de la partie syndicale qu’elle accepte que l’employeur puisse négocier de gré à gré avec ses employé-es et établisse les conditions de rémunération de ceux-ci sans avoir à se préoccuper d’une grille salariale convenue à la table de négociation.

Pour hommes seulement

En cours de négociation, la direction de La Presse a également admis, après enquête de la partie syndicale, qu’une douzaine de journalistes et chroniqueurs avaient droit à des « primes de notoriété » dépassant les salaires prévus à la convention collective, et donc en violation de celle-ci.

Or, il appert que la totalité de ces chroniqueurs et journalistes sont des hommes et que cette pratique, maintenue dans le secret, perdure depuis des dizaines d’années.

« En négociation, une partie ne peut pas exiger une concession aussi énorme tout en refusant de considérer les demandes des employé-es. Encore moins sur un sujet aussi explosif et révoltant que ces primes de notoriété, pour hommes seulement, distribuées en cachette », tranche la présidente du STIP–CSN, Janie Gosselin.

Ingérence patronale et entrave à la négociation

Une plainte a par ailleurs été déposée, en février dernier, auprès du Tribunal administratif du travail (TAT), pour ingérence patronale et entrave à la négociation.

Les récriminations du syndicat de La Presse visent particulièrement le président de La Presse, Pierre-Elliott Levasseur. En pleine rencontre de début d’année avec les employé-es, une pratique pourtant usuelle, M. Levasseur a pris tout le monde par surprise en annonçant fièrement une aide ponctuelle pour affronter la hausse du coût de la vie.

Or, ce « bonus », octroyé dans les jours suivants, n’a jamais même été évoqué à la table de négociation, ce qui contrevient directement à l’article 12 du Code du travail en matière d’ingérence patronale et d’entrave à la négociation, plaide le syndicat.

« Les journalistes et autres employé-es de La Presse sont tannés du manque de transparence de la part de la direction qui agit dans le plus grand des secrets, qui refuse de dévoiler les salaires de la haute direction et qui maintient des pratiques totalement discriminatoires envers des journalistes et chroniqueuses d’aussi grand talent et d’une notoriété tout aussi énorme », d’ajouter Janie Gosselin.

Dans une lettre signée par les huit membres du comité exécutif du STIP–CSN, les membres du conseil d’administration de La Presse ont tous été informés de la situation déplorable qui prévaut actuellement. À deux reprises, ils ont refusé de rencontrer les représentantes et les représentants syndicaux au sujet de cette détérioration des conditions de travail. La transparence de la part de la haute direction dans la gestion du quotidien, devenu OBNL depuis quelques années, figure parmi les priorités des 200 journalistes, chroniqueuses et chroniqueurs, caricaturiste, photographes-vidéastes, pupitreurs et pupitreuses, réviseurs et réviseuses, recherchistes, chefs de division et graphistes.

À propos

Le Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse–CSN est affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture, qui regroupe 6000 membres dans 80 syndicats œuvrant dans les domaines des communications, du journalisme et de la culture. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN qui réunit 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

Une révolution dans l’univers des médias

La Coopérative nationale de l’information indépendante (Cn2i), ses médias membres et les syndicats représentant ses travailleuses et travailleurs viennent de conclure une convention collective qui fait place à l’innovation et qui met de l’avant un mode de gestion unique dans l’univers médiatique. L’entente prévoit notamment l’implantation de la gestion participative et un mode de gestion du temps de travail qui s’appuie sur le sens des responsabilités des membres.

Le contrat de travail d’une durée de deux ans a été négocié sur une période d’un peu plus d’un an. Pour la première fois depuis la création de la CN2i, l’exercice a permis de revoir les conditions de travail de manière approfondie dans les médias du groupe (Le Droit, Le Nouvelliste, Le Quotidien, Le Soleil, La Tribune, La Voix de l’Est, ainsi que le nouveau média pour enfants Les as de l’info).

« Notre entreprise coopérative n’est pas traditionnelle en soi, nous avons voulu conclure une nouvelle convention collective qui ne le soit pas non plus. Depuis le début de notre aventure, il y a maintenant trois ans, nous avons voulu adopter un mode de gestion innovant et notre entente de travail pousse cette approche plus loin, sur plusieurs aspects », déclarent conjointement Stéphane Lavallée, directeur général de la CN2i, et Karine Tremblay, porte-parole du regroupement des sept syndicats des travailleuses et travailleurs de la CN2i-CSN.

« D’emblée, nous avons carrément éliminé le statut de surnuméraire de la convention collective afin de régulariser le statut de toutes les personnes salariées. Nous avons amélioré certaines échelles de salaires, notamment celles des photographes. Aussi, notre nouvelle convention définit la notion d’équipes de travail et remet des responsabilités traditionnellement dévolues au personnel-cadre entre les mains des équipes elles-mêmes, notamment en ce qui touche la gestion des salles de nouvelles, des services de ventes et de production. Il s’agit d’une approche de gestion participative à part entière », ajoute Karine Tremblay.

« Nous avons la conviction, comme organisation, que les relations de travail doivent évoluer en fonction d’une vision modernisée de l’entreprise qui inclut un nouveau partage des responsabilités et, du même coup, une plus grande responsabilisation de chacune et de chacun », commente Stéphane Lavallée.

Ainsi, la gestion en équipe de travail vise à offrir plus de flexibilité pour la prise de congés personnels, plus d’occasions de développement professionnel pour les travailleuses et les travailleurs, plus de souplesse pour le choix du lieu de travail, etc. Puisque la gestion participative entraîne néanmoins de nouvelles façons de faire, les parties se sont entendues sur la création d’un poste d’ombudsman à la gestion participative ; cette personne neutre, qui n’est ni une représentante de l’employeur ni une représentante syndicale, a le mandat d’accompagner les équipes dans cette nouvelle voie et d’agir en tant que médiatrice lorsque la situation le commandera. D’ailleurs, la convention intègre également des mécanismes de déjudiciarisation des relations de travail au profit du dialogue et des modes de résolution d’enjeux novateurs.

Fondée le 11 décembre 2019 pour assurer la relance des médias d’information régionaux du Québec et de l’est ontarien, la CN2i, aussi connue sous le vocable Les coops de l’information, est le plus grand groupe de presse coopératif au Canada.

À propos

Les sept syndicats des travailleuses et travailleurs de la CN2i–CSN regroupent environ 300 membres affiliés à la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN (FNCC–CSN). Il s’agit du Syndicat de la rédaction du Soleil–CSN, du Syndicat des travailleurs et des travailleuses de la Coopérative de solidarité Le Droit–CSN, du Syndicat des publicitaires du Saguenay–CSN, du Syndicat des employé-es de La Tribune–CSN, du Syndicat national des employé-es de La Voix de l’Est–CSN, du Syndicat du service de la publicité du Nouvelliste (1982) Inc.–CSN et du Syndicat de l’information du Nouvelliste–CSN.

Situation des journalistes pigistes au Québec : un constat navrant

Dix ans après la tenue d’un sondage similaire et à la suite d’une lettre qui a été rendue publique récemment par les journalistes pigistes du Devoir, la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) et l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) font le portrait de la situation des journalistes pigistes au Québec. Le constat du sondage mené par la firme MCE Conseils est consternant : les revenus de ces journalistes n’ont pas augmenté depuis 10 ans, ces personnes gagnant en moyenne 31 336 $ par année. Compte tenu du nombre d’heures consacrées à leur travail, 29 % des pigistes interrogés travaillent au salaire minimum ou moins, alors qu’environ 79 % d’entre eux possèdent un baccalauréat ou un diplôme de maîtrise.

Ils travaillent au Devoir, à La Presse, à Radio-Canada, au journal Les Affaires, au Soleil, au Globe and Mail, au Journal de Montréal, mais aussi au Washington Post, au Wall Street Journal ou au journal Le Monde et à Libération, etc. La grande majorité rédige des textes de nature journalistique, d’autres sont photographes, recherchistes ou font de la rédaction de textes de nature publicitaire. Voici quelques données chiffrées : parmi les journalistes pigistes du Québec :

• 58 % ont entre 30 et 49 ans.
• 63 % proviennent de la région de Montréal.
• 66 % sont insatisfaits des tarifs perçus.
• Le tarif moyen qu’ils touchent s’élève à 109 $ pour 250 mots.
• 59 % disent devoir exercer d’autres activités professionnelles.
• 70 % connaissent des retards de paiement de la part des clients.
• 50 % des pigistes n’ont aucune sécurité financière.
• Les dépenses engendrées par leurs articles ou leurs reportages sont souvent à leurs frais.

« Ça n’a pas d’allure que les médias ne revoient pas leur grille de tarifs. C’est honteux. […] si on réplique, on nous dit que d’autres peuvent le faire à notre place », dit l’un d’eux. « Je suis très mal payée et mes tarifs n’ont pas du tout augmenté avec l’inflation – je gagne donc moins maintenant qu’il y a quelques années », révèle une autre.

« La situation des pigistes doit s’améliorer maintenant », déclare Gabrielle Brassard-Lecours, présidente de l’AJIQ. « En acceptant de dialoguer avec nous, les directions contribueraient à créer un précédent qui servirait de levier pour inciter les autres médias à emboîter le pas afin d’offrir de meilleures conditions aux journalistes indépendants », ajoute-t-elle.

Annick Charrette, présidente de la FNCC–CSN, lance tout de go : « Travailler au même salaire qu’il y a 10, 20 ou même 30 ans ? N’avoir aucun filet social et n’avoir aucun pouvoir de négociation ? Renoncer à ses droits pour pouvoir travailler et être rappelé ? Triste réalité de travailleuses et des travailleurs illégaux ? … Non, c’est celle des journalistes pigistes, en 2022! Ces travailleuses et travailleurs sont dans une zone grise législative. Ils n’ont aucun droit, aucun filet social, n’accèdent à aucune des dispositions du Code du travail. C’est inacceptable aujourd’hui. Les employeurs ont toujours le gros bout du bâton, et ils en profitent… Il faut que ça change. Et, avec l’AJIQ, nous allons faire les démarches nécessaires pour faire reconnaître leurs droits. »

À propos
Fondée à Montréal en 1988, l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) défend l’indépendance des journalistes devant les pressions économiques et politiques qui s’exercent sur le métier. La FNCC–CSN regroupe des syndicats autonomes de salarié-es ainsi que des travailleuses et des travailleurs contractuels de l’industrie des communications et de la culture. Ce regroupement permet aux quelque 6 000 membres regroupés dans 88 syndicats de se donner des outils pour assurer leur représentation et pour négocier des ententes collectives de travail en tout respect de leurs droits et de leur indépendance journalistique.

Pigistes au front

Nous sommes un collectif de collaborateurs et de collaboratrices au journal Le Devoir et nous sommes en colère contre sa direction.

Solidaires et volontaires, nous, pigistes, avons longtemps accepté de recevoir, pour notre travail au Devoir, des tarifs parmi les plus bas sur le marché. Or, après une décennie de stagnation des tarifs – lesquels n’ont pas augmenté depuis 2012 – nous avons mandaté l’Association des journalistes indépendants du Québec (AJIQ) et la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC) pour entamer des discussions avec la direction du Devoir afin de rectifier la situation.

Pendant longtemps, Le Devoir a été considéré comme un journal essentiel, mais survivant contre vents et marées avec de maigres ressources, grâce à la fidélité de ses lecteurs et de ses lectrices et au dévouement de ses artisanes et artisans, salarié-es comme pigistes. Ces dernières années, le vent semble cependant avoir tourné pour ce journal. La mise en place, par les gouvernements fédéral et provincial, de programmes d’aide aux médias, la création de nouveaux partenariats (notamment avec les géants du numérique), ainsi qu’une saine gestion des finances du journal – ce que nous saluons – lui ont permis d’entrer dans une phase de croissance.

À preuve, dans sa campagne de dons lancée le mois dernier, le directeur, Brian Myles, faisait état d’un journal « propulsé par un vent favorable », fort d’une croissance des effectifs « de plus de 60 % » et en plein développement « de nouveaux créneaux journalistiques ».

Ces bonnes nouvelles permettent d’entrevoir un avenir dynamique et durable pour le quotidien de la rue Berri. Bien sûr, nous nous réjouissons de ces développements. Toutefois, nous avons vite compris que la direction du Devoir n’avait aucune intention de faire profiter ses collaboratrices et collaborateurs pigistes de cette croissance. Pourtant, nos reportages, nos photos, nos entrevues, nos critiques et nos chroniques remplissent chaque jour plusieurs pages du journal.

Lors d’une première tentative de négociation avec la direction du Devoir en août 2022, les représentants des pigistes se sont heurtés à une fin de non-recevoir : « Les tarifs se règlent à l’interne », a-t-on répondu, sans pour autant indiquer qu’un processus interne de révision de la rémunération des pigistes était en cours.

Pour nous qui, depuis des années – voire des décennies – mettons nos efforts et nos compétences au service du journal malgré une rémunération de misère et malgré l’absence de toute forme de sécurité d’emploi, cette réponse a eu l’effet d’un couteau en plein cœur. Le message a le mérite d’être clair : aux yeux de la direction, nous faisons partie de la grande équipe du Devoir surtout durant les périodes creuses, lorsqu’il est question de se serrer la ceinture, « pour la cause ».

C’est le refus du dialogue qui nous pousse aujourd’hui à prendre la parole publiquement. Nous avons des demandes précises à soumettre à la direction du Devoir, notamment une hausse substantielle des tarifs, ainsi que l’adoption d’un mécanisme d’indexation périodique afin de faire écho, au minimum, à l’augmentation du coût de la vie. Mais pour lors, nous voilà réduits à quémander l’autorisation de discuter sérieusement – et collectivement – de nos conditions de travail ! En plus d’être blessante, l’attitude cavalière de la direction du Devoir envers ses artisanes et artisans nous semble en contradiction complète avec les valeurs autrement affichées par le journal.

Soyons clairs : Le Devoir n’est pas le seul média à mal rémunérer ses collaboratrices et collaborateurs externes, et en ce sens, nous invitons les différents paliers de gouvernement à se pencher sur ce problème et à trouver des solutions pérennes pour mieux encadrer les conditions de travail des pigistes dans les médias. Dans l’immédiat, il nous semble cependant prioritaire que la direction du Devoir reconnaisse notre contribution à ses récents succès, en mettant fin à une décennie de stagnation tarifaire.

Il n’y a pas si longtemps, Le Devoir gardait la tête hors de l’eau grâce au soutien généreux de sa communauté de lectrices et lecteurs et de mécènes, que l’on sollicitait en insistant sur l’importance de préserver une longue tradition d’indépendance et de rigueur journalistique. Nous aussi, nous soutenons sans relâche, et depuis longtemps, la mission essentielle du Devoir. C’est à notre tour d’avoir du mal à garder la tête hors de l’eau. L’avenir radieux de ce grand journal continuera-t-il de s’écrire aux dépens de ses collaborateurs et collaboratrices pigistes ?

Gabrielle Brassard-Lecours, journaliste pigiste et présidente de l’Association des journalistes indépendants du Québec

Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN

Ainsi que 30 pigistes qui collaborent au Devoir

La Fédération nationale des communications et de la culture–CSN célèbre ses 50 ans

La Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) célèbre aujourd’hui le cinquantième anniversaire de sa fondation. Ce sont 50 années de présence syndicale dans le secteur des médias, des communications et de la culture qui ont largement contribué à la défense des personnes qui y travaillent et à la reconnaissance du caractère essentiel de leur profession au sein de la société québécoise.

« Depuis 50 ans, la FNCC–CSN s’est portée à l’avant-garde non seulement des conditions de pratique professionnelle de celles et de ceux qui y œuvrent, mais tout autant des luttes pour l’établissement d’une société démocratique où l’accès à l’information et à la culture s’avère crucial », de déclarer Caroline Senneville, présidente de la CSN.

« La FNCC–CSN existe depuis aussi longtemps grâce à la détermination de nombreux syndicats qui ont su traverser les différentes vagues qui se sont abattues sur leur secteur, a tenu à rappeler la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette. D’abord pour la reconnaissance de l’indépendance professionnelle du métier de journaliste, pour le rôle des médias d’information au sein de notre démocratie et pour le respect de conditions de travail décentes pour l’ensemble des personnes qui y gagnent leur vie. »

Quand le gouvernement confisquait les bandes…
C’est à l’initiative de journalistes membres de syndicats CSN que la Fédération nationale des communications, selon son appellation d’origine, fut constituée le 18 novembre 1972, en plein congrès du Parti libéral du Québec. Les fondateurs voulaient ainsi donner une voix aux journalistes syndiqués afin de faire respecter leurs droits de pratique et leurs clauses professionnelles après la confiscation de rubans magnétiques et magnétoscopiques par des organisateurs du parti, alors dirigé par Robert Bourassa, et par son directeur de l’information. La toute nouvelle fédération y avait vu un « geste symptomatique de la volonté du parti au pouvoir de créer un climat d’oppression pour empêcher une discussion saine sur les problèmes auxquels sont confrontés les travailleuses et travailleurs et l’ensemble de la population. »

Provenant du syndicat de Télé-Québec, Annick Charette estime que cette présence syndicale s’avère tout aussi pertinente aujourd’hui. « Encore récemment, rappelle-t-elle, les syndicats du Soleil, du Droit, du Nouvelliste, de la Tribune, du Quotidien et de la Voix de l’Est sont parvenus à sauver de la faillite ces six quotidiens appartenant au groupe Capitales Médias en fondant la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i). Un sauvetage qui s’est avéré d’une importance capitale pour l’accès à l’information au Québec. »

Cette victoire syndicale faisait suite à l’obtention par la fédération, en pleine crise de la presse écrite, du crédit d’impôt sur la masse salariale des salles d’information, tant au fédéral qu’au provincial. Encore aujourd’hui, la FNCC–CSN multiplie les interventions parlementaires pour enjoindre le gouvernement fédéral à baliser et à taxer ces géants du numérique ayant mis en péril les conditions de production et de diffusion de l’information et de la culture au Québec et au Canada.

Du côté de Québec, la FNCC–CSN a également démontré toute sa pertinence en participant activement aux consultations ayant mené à la réforme de la Loi sur le statut de l’artiste en amenant le gouvernement à enfin reconnaître les droits constitutionnels en matière de travail que sont les droits d’association et de négocier collectivement dans le secteur des arts, de la culture et de la littérature. La fédération est actuellement à l’œuvre pour pousser Québec à adopter le même type de législation pour les journalistes indépendants et les pigistes du secteur des médias.

Après avoir documenté, dans une étude menée avec le Service aux collectivités de l’UQAM en mai dernier, les effets désastreux de l’intimidation et du cyberharcèlement dont sont victimes les travailleuses et les travailleurs de l’information, la FNCC–CSN a lancé, cet automne, un vaste chantier de recherche portant sur le harcèlement sexuel dans le secteur de la culture et des communications.

Par le biais d’une équipe de salarié-es et de l’ensemble des services confédéraux de la CSN, la fédération dessert de nombreux syndicats au Québec et au Nouveau-Brunswick en matière de négociation collective et de droits du travail. Elle représente les employé-es de plusieurs musées, tant à Montréal qu’en région, ainsi que les salarié-es de Radio-Canada, de La Presse, du Journal de Montréal, du réseau Cogeco et de plusieurs entreprises de communications privées.

La FNCC–CSN regroupe 6 000 membres issus de 80 syndicats et œuvrant dans les domaines des communications, du journalisme et de la culture. Elle est l’une des 8 fédérations de la CSN qui réunit plus de 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

Une nouvelle convention collective pour les employé-es de Radio-Canada

Réunis en assemblée générale hier, les membres du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (STTRC–CSN) ont entériné à 88 % l’entente de principe intervenue entre leur comité de négociation et la direction de Radio-Canada.

Le syndicat représente les 2800 salarié-es des services français de la société publique, soit l’ensemble des stations du Québec ainsi que celle de Moncton. Plus de 1000 d’entre eux ont exprimé leur droit de vote au terme d’une assemblée ayant eu lieu à Montréal ainsi que dans l’ensemble des stations régionales.

Le président du STTRC–CSN, Pierre Tousignant, s’est réjoui du résultat de cette assemblée qui met un terme à un marathon de 12 mois de négociation. « Il s’agit d’une entente qui répond aux objectifs de négociation que nous nous étions fixés : améliorer les conditions dans lesquelles nos membres exercent leur travail, réduire la précarité de travail des employé-es temporaires et contractuels et promouvoir le développement professionnel des employé-es de la société publique afin d’en favoriser la rétention. À ce titre, nous pouvons dire mission accomplie. »

La nouvelle convention collective prévoit la création de près de 200 postes permanents. Environ 120 d’entre eux seront octroyés sur la base de l’ancienneté aux salarié-es temporaires exerçant déjà ces fonctions afin de régulariser le statut de ces derniers. Les autres proviendront notamment de la régularisation de dizaines de postes de recherchistes, d’édimestres et de météorologues, présentement assumés par des employé-es contractuels. Des garanties ont également été obtenues afin que l’employeur réduise de 32 à 25 % la proportion d’heures pouvant être travaillées par des employé-es temporaires annuellement.

L’entente vient également clarifier plusieurs notions relatives aux affichages de postes et à leur octroi, dans l’optique d’assainir l’ensemble de la dotation du personnel à Radio-Canada afin d’en favoriser la rétention.

La nouvelle convention, d’une durée de quatre ans, prévoit des augmentations salariales rétroactives de 1,5 % en 2021, 2 % en 2022, 2 % en 2023 et 1,5 % en 2024. Des gains ont également été obtenus quant à la rémunération des heures supplémentaires.

Afin de contrer l’inflation actuelle, les salarié-es pourront par ailleurs bénéficier d’un montant forfaitaire correspondant à 2 % de tous les gains engrangés depuis le 1er janvier 2021, incluant les heures supplémentaires effectuées.

À propos

Le STTRC–CSN représente les 2800 travailleuses et travailleurs de l’information, techniciennes et techniciens et membres du personnel administratif des services français du diffuseur public, soit l’ensemble des stations du Québec et celle de Moncton. Deuxième plus grand syndicat du secteur des communications au Canada, il est affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) ainsi qu’à la Confédération des syndicats nationaux.

Le projet de loi C-11 doit rétablir l’équilibre avec les géants du numérique, plaide la FNCC–CSN

C’est aujourd’hui que la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) présentera son mémoire au Comité permanent Transports et communications chargé d’étudier le projet de loi C-11 portant sur la diffusion continue en ligne. L’organisation syndicale en profitera pour réitérer son appui général au projet de loi, qui vise à soumettre les entreprises étrangères aux mêmes impératifs de production et de diffusion de contenus que toute entreprise canadienne soumise à la Loi sur la radiodiffusion.

La FNCC–CSN estime néanmoins que le projet de loi peut être amélioré. C’est notamment le cas en matière de balises visant à recourir aux artistes et aux travailleurs canadiens. En effet, dans sa version actuelle, le projet de loi contient des obligations moins contraignantes pour les géants étrangers du numérique, comparativement aux entreprises canadiennes.

« Rappelons-nous l’objectif premier du projet de loi : assurer la présence de contenus canadiens et francophones dans l’écosystème de radiodiffusion du Canada », insiste la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette. « Notre souveraineté nationale s’exprime d’abord et avant tout par la voix de nos artistes, par la création et le travail de nos artisans. Si le projet de loi ne favorise pas les travailleuses et les travailleurs canadiens, nous manquons une belle occasion d’assurer la viabilité de nombreuses entreprises culturelles au pays. »

La FNCC–CSN suggère également de resserrer la notion d’émission canadienne contenue dans le projet de loi, puisque la définition qui s’y trouve actuellement constituerait un recul par rapport aux critères actuels énoncés par le CRTC. Pour la FNCC–CSN, le lieu où les dépenses de production sont effectuées ainsi que la propriété des droits d’auteur doivent figurer au sein des éléments définissant une émission canadienne.

Consciente que la question des médias sociaux a pu diviser les parlementaires de la précédente législature, la FNCC–CSN est satisfaite des termes énoncés par le projet de loi, qui exclut notamment les utilisateurs des médias de la législation. Elle appelle toutefois le législateur à prévoir des exceptions permettant de baliser l’activité de certains types d’utilisateurs qui agissent comme de réelles entreprises de diffusion et qui exercent une influence déterminante sur la visibilité de contenus musicaux et audiovisuels.

Enfin, la FNCC–CSN réclame la tenue d’audiences publiques afin non seulement d’évaluer l’équilibre de production et de diffusion dans son ensemble, à la lumière de l’application de la loi, mais également de favoriser une véritable reddition de comptes des entreprises canadiennes et étrangères en matière d’obligations relatives à la production de contenus canadiens et francophones.

Préparé en collaboration avec l’Union des artistes, la Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec et l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec, le mémoire complet peut consulté à l’adresse suivante :
https://fncc.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2022/09/2022-06-FNCC-UDA-ARRQ-GMMQ-memoire-C-11_final.pdf

La FNCC–CSN regroupe 6000 membres, issus de 80 syndicats, œuvrant dans les domaines des communications, du journalisme et de la culture. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN qui réunit 325 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

Journée nationale des peuples autochtones

Célébrée le 21 juin, la Journée nationale des peuples autochtones vise à reconnaître et à honorer le patrimoine, les cultures et les précieuses contributions des Premières Nations, des Inuits et des Métis à la société québécoise et canadienne. La date du 21 juin coïncide avec le solstice d’été. Elle revêt un caractère symbolique important pour de nombreux peuples autochtones.

La CSN est fière de représenter les travailleuses et travailleurs du Syndicat du Musée de la nation huronne-wendat (CSN). Affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture, ce syndicat représente près d’une vingtaine de membres parmi lesquels on compte des allochtones et des autochtones de différentes nations. Avec l’ouverture du Musée huron-wendat en 2008, le rêve de raconter l’histoire de la communauté est enfin devenu une réalité.

En ce jour le plus long de l’année, la CSN vous encourage à visiter l’établissement, car chaque nouvel apprentissage sur les personnes, les lieux et les expériences des peuples autochtones est un pas en avant sur le chemin de la réconciliation.

La réforme du statut de l’artiste adoptée

Enfin ! Les écrivaines et écrivains ainsi que les auteurs et autrices dramatiques obtiennent, pour la première fois de l’histoire du Québec, le droit de négocier collectivement leurs conditions de travail et l’ensemble des artistes pourra dorénavant défendre leurs droits individuels et collectifs devant le Tribunal administratif du travail (TAT), qui veillera à les faire respecter.

Ces droits, pourtant reconnus par les tribunaux comme découlant de la Charte des droits et libertés, étaient jusqu’à aujourd’hui accessibles à l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du Québec, à l’exception notable des artistes, qui en étaient privés par le cadre juridique dicté par les anciennes lois sur le statut de l’artiste.

C’est en ce sens que les associations d’artistes du Québec (l’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la GMMQ, la FNCC–CSN, la SARTEC, TRACE, l’UDA et l’UNEQ) célèbrent aujourd’hui l’adoption du projet de loi 35, qui portera dorénavant le nom de Loi visant à harmoniser et à moderniser les règles relatives au statut professionnel de l’artiste.

Ces organisations se réjouissent que la loi introduise des dispositions en matière de harcèlement psychologique et sexuel et qu’elle confère de nouveaux pouvoirs au TAT, notamment pour encadrer la négociation d’ententes collectives, le recours à la médiation en cas d’impasse et l’arbitrage de griefs visant l’application conforme des ententes négociées, telles qu’elles le souhaitaient.

Les représentantes et les représentants de ces associations d’artistes félicitent la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, et la remercient d’avoir su mener à terme cette importante réforme du statut de l’artiste. Elles l’assurent de leur entière collaboration afin de réfléchir et de mettre en œuvre des mécanismes permettant une reddition de comptes efficace et responsable des fonds publics qui transigent notamment par le CALQ et la SODEC.

À propos

Représentant plus de 26 000 travailleuses et travailleurs de tous les secteurs confondus à travers le Québec, les neuf associations œuvrant dans le milieu des arts et de la culture sont les suivantes :

STT d’Oasis Animation–CSN – section Composition

À la suite du dépôt de la requête en accréditation, le 18 mars 2022, le Syndicat des travailleurs et travailleuses d’Oasis Animation–CSN a été accrédité pour représenter :

« Toutes et tous les salariés travaillant dans les départements du Rigging (squelettage), du Scene planning (planification de scène), du Storyboard (scénarimage), du Compositing (composition), du Layout (maquettisme) et des Colors (couleurs). »

Les travailleuses et travailleurs de ces divers départements ont fièrement adhéré à la CSN afin de poursuivre le travail commencé par les animateurs du STT d’Oasis Animation, et ce, dans le but de faire évoluer les conditions de travail dans le milieu de l’animation visuelle.

Ce nouveau groupe joint ainsi le STT d’Oasis Animation–CSN, affilié à la Fédération nationale des communications et de la culture, au Conseil central du Montréal métropolitain et, bien entendu, à la Confédération des syndicats nationaux.

Plus de la moitié des journalistes est victime de cyberharcèlement, dévoile une étude de la FNCC–CSN

Plus de la moitié des journalistes, chroniqueuses, chroniqueurs, animatrices et animateurs des médias québécois a été victime de cyberharcèlement au cours des dernières années et les impacts personnels et professionnels occasionnés menacent la capacité des médias d’information à remplir le rôle qui leur revient : voilà les principales conclusions du premier projet de recherche d’envergure au Québec portant sur le phénomène du cyberharcèlement et de l’intimidation en ligne à l’endroit de ces travailleuses et ces travailleurs de l’information rendu public aujourd’hui par la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN).

« Nous sommes tous interpellés par les résultats de cette étude, autant du côté syndical que du côté des entreprises de presse et du gouvernement, a réagi la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette. Les impacts du phénomène grandissant de l’intimidation en ligne auprès du personnel des médias d’information sont des plus inquiétants : les journalistes affirment vivre une perte de confiance et subir une perte de productivité après de telles agressions. Leur attention en est accaparée au point tel que plusieurs d’entre eux évitent depuis de couvrir certains sujets d’actualité. Quand on constate la faible prévalence de mesures de prévention et de soutien en matière de cyberharcèlement, nous sommes d’avis qu’un ensemble de mesures devient nécessaire pour nous assurer que les travailleuses et travailleurs de l’information puissent effectuer leur travail dans des conditions permettant une totale liberté de presse, condition essentielle à notre démocratie. »

C’est à l’approche de la Journée mondiale de la liberté de la presse, qui aura lieu le mardi 3 mai prochain, que l’organisation syndicale a dévoilé le rapport de cette étude menée auprès de 264 journalistes, chroniqueurs et animateurs. Les constats posés par les auteurs de l’étude, Stéphane Villeneuve et Jérémie Bisaillon, sont inquiétants :

  • 50,8 % des répondantes et répondants affirment avoir été victimes de cyberintimidation ;
  • 17,8 % affirment avoir reçu des menaces visant leur intégrité physique;
  • 7,2 % ont reçu des menaces de mort;
  • La moitié des victimes de cyberharcèlement considère ces événements comme « inévitables » ;
  • 41,8 % des victimes indiquent devoir vivre avec le stress engendré; 32,8 % en ressentir de la colère ;
  • 23,9 % expriment souffrir d’une perte de confiance;
  • 23,1 % sont affectés par une perte de productivité dans leur travail;
  • Enfin, 13,4 % des victimes de cyberintimidation affirment avoir évité de couvrir certains sujets controversés dans le cadre de leur travail; 8,2 % indiquent même avoir songé à quitter leur emploi.

Mesures d’encadrement déficientes
Ce projet de recherche permet de mettre en lumière les graves manquements constatés en matière de prévention du cyberharcèlement au sein des entreprises médiatiques et des mesures de soutien aux victimes apportés par les employeurs. En effet, les résultats de l’étude constatent les faits suivants :

  • 71,4 % des journalistes, chroniqueuses, chroniqueurs, animatrices et animateurs sondés affirment qu’il n’existe, au sein de leur entreprise médiatique, aucune mesure visant à prévenir les actes de cyberharcèlement;
  • 65,2 % des répondantes et répondants indiquent qu’il n’existe pas de mesures visant à soutenir les victimes après un acte de cyberharcèlement;
  • Cependant, précise l’étude, lorsque des mesures sont en place, elles sont considérées comme suffisantes et adéquates par 65,3 % des répondantes et répondants.

Devant de tels résultats, la FNCC–CSN interpellera au cours des prochaines semaines ses syndicats affiliés, les entreprises de presse ainsi que les principaux représentants gouvernementaux afin de mettre en œuvre les recommandations de ce rapport. Celles-ci incluent notamment l’introduction de protocoles clairs, au sein des médias d’information, de gestion des actes de cyberharcèlement, de la formation auprès des travailleuses et des travailleurs de l’information et de la reconnaissance de ce phénomène par les législations appropriées. À cet effet, la fédération suivra attentivement les travaux portant, à la Chambre des communes, sur l’encadrement légal des propos haineux tenus en ligne.

Réalisée conjointement par la FNCC–CSN et le Service aux collectivités de l’UQAM, l’étude intitulée Évaluation de l’ampleur du phénomène du cyberharcèlement dans le milieu de l’information : types, conséquences et actions entreprises a été réalisée par les chercheurs Stéphane Villeneuve et Jérémie Bisaillon, respectivement professeur et chargé de cours au Département de didactique de l’UQAM, auprès de 264 journalistes, chroniqueurs et chroniqueuses et animateurs et animatrices des principaux médias du Québec.

Le projet de loi 35 doit être adopté avant la fin de la session parlementaire, estiment les associations d’artistes

Les principales associations d’artistes (l’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la GMMQ, la FNCC–CSN, la SARTEC, TRACE, l’UDA et l’UNEQ) se réjouissent du dépôt ce matin par la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, du projet de loi 35 visant à moderniser les lois sur le statut de l’artiste.

Les associations d’artistes sont grandement satisfaites de constater que les artistes œuvrant dans les secteurs de la littérature, des arts visuels et des métiers d’arts seront dorénavant considérés comme des artistes à part entière et bénéficieront des protections apportées par la loi, notamment le droit à la négociation collective auquel ils n’ont pas droit actuellement.

Elles se réjouissent également que le projet de loi introduise des dispositions en matière de harcèlement psychologique et sexuel et qu’il confère de nouveaux pouvoirs au Tribunal administratif du travail, notamment pour encadrer la négociation d’ententes collectives, le recours à la médiation en cas d’impasse et l’arbitrage de griefs visant l’application conforme des ententes négociées, tel qu’elles le souhaitaient.

Conscientes des courts délais avant la fin de la présente session parlementaire, ces associations d’artistes demandent au gouvernement ainsi qu’aux partis d’opposition de tout faire pour faciliter les travaux entourant ce projet de loi en vue de son adoption, incluant la possibilité de saisir une autre commission parlementaire moins contingentée que celle portant sur la culture et l’éducation. Elles souhaitent pouvoir en discuter rapidement en commission parlementaire afin de faire valoir les importantes avancées que contient le projet de loi 35 en matière de droits du travail des artistes.

Elles pourront par ailleurs y exprimer certains questionnements, notamment quant à  l’article 68.6 conférant au gouvernement le pouvoir d’imposer, par règlement, des conditions minimales de travail pour l’ensemble un secteur artistique donné, ainsi que l’absence de mécanismes de reddition de comptes assurant le respect de conditions minimales de travail par les producteurs bénéficiaires des subventions de l’État et de ses organismes publics.

L’ensemble des revendications portées par les associations peut être consulté à l’adresse suivante : www.commetoutlemonde.org

Représentant plus de 26 000 travailleuses et travailleurs de tous les secteurs confondus à travers le Québec, les neuf associations œuvrant dans le milieu des arts et de la culture sont les suivantes :

Association des professionnels des arts de la scène du Québec (APASQ) et Association québécoise des autrices et auteurs dramatiques (AQAD)
Manon Gagnon, 514 214-0124

Union des artistes (UDA)
Sylvie Lahaie
514 288-7150 poste 1227

Guilde des musiciens et des musiciennes du Québec (GMMQ)
Kiara Vilchez, 514 842-2866 poste 229

Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec (ARRQ)
Stéphanie Brûlé, 514 842-7373 poste 223 

Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC)
Isabelle Froment, 438 522-5381

Union des écrivaines et écrivains québécois
Jean-Sébastien Marsan, 514 859-8540 poste 225

Réforme de la Loi sur le statut de l’artiste : François Legault doit respecter sa promesse, estiment les Québécoises et les Québécois

Dans une proportion de 75 %, la population du Québec considère que le premier ministre François Legault doit respecter son engagement à réformer la Loi sur le statut de l’artiste au cours de son premier mandat, indique un sondage Léger mené au cours des dernières semaines à la demande de neuf associations du secteur des arts et de la culture.

Alors que les résultats de ce sondage témoignent d’un fort appui de la population envers leurs revendications, ces associations – l’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la GMMQ, la FNCC–CSN, la SARTEC, TRACE, l’UDA et l’UNEQ – demandent au premier ministre et à la ministre de la Culture et des Communications de déposer, avant la fin du mois d’avril, le projet de loi préparé en ce sens afin que les parlementaires puissent avoir le temps de compléter les travaux et procéder à l’adoption de la réforme avant l’ajournement de la session parlementaire et la tenue d’élections générales à l’automne.

Les artistes : des travailleuses et des travailleurs comme tout le monde
Pour ces organisations représentant plus de 26 000 artistes, toutes disciplines confondues, les résultats de ce sondage, mené par la firme Léger du 11 au 14 mars dernier auprès de 1009 répondants, démontrent la légitimité de leurs revendications :

  • 83 % des répondants considèrent que les artistes devraient bénéficier des mêmes droits et des mêmes protections que les autres travailleurs québécois;
  • 84 % de la population considère que les artistes devraient avoir droit à des conditions minimales de travail négociées, applicables à tous leurs contrats;
  • 87 % des répondants estiment que les artistes devraient être couverts par la Loi sur la santé et sécurité du travail et être protégés lors d’accidents de travail ou de maladies professionnelles;
  • Enfin, 83 % estiment que les artistes, comme les autres travailleurs, devraient bénéficier des dispositions en matière de harcèlement prévues par les normes du travail.

Bien qu’une majorité de producteurs établis acceptent de négocier des ententes avec les associations d’artistes reconnues, de nombreuses brèches de la loi actuelle permettent à certains de n’appliquer aucune forme de condition minimale de travail – tout en recevant, de surcroit, des subventions de la part du gouvernement et de ses sociétés publiques. Cette situation doit être corrigée, estime la population du Québec :

  • 84 % des Québécoises et des Québécois affirment que le gouvernement et les sociétés publiques devraient s’assurer que les entreprises culturelles qui reçoivent des subventions respectent des conditions minimales de travail;
  • Dans une même proportion, ils jugent que les producteurs qui ne respectent pas les conditions minimales de travail des artistes ne devraient plus avoir accès au financement public;
  • Seulement 19 % de la population juge acceptable que le revenu médian des artistes soit inférieur à 25 000 $ par année.

Les organisations à l’origine de ce sondage, dont les résultats complets sont disponibles à l’adresse www.commetoutlemonde.org/fichiers/SondageLeger_LSA.pdf, rappellent que c’est en constatant la précarité et la pauvreté qui prévalaient au sein de la communauté artistique que le Québec lui avait octroyé, en 1987, le droit de négocier des ententes collectives avec les associations de producteurs afin de baliser l’industrie et d’établir des conditions minimales de travail, les artistes n’étant protégés ni par les dispositions des Normes du travail ni par celles du Code du travail du Québec. Après 35 ans d’application, les nombreuses brèches doivent être corrigées, soutiennent-elles, afin que des conditions minimales de travail s’appliquent à tous et à toutes.

Elles s’entendent également sur la nécessité de mettre un terme aux disparités entre différentes catégories d’artistes soumises à des environnements légaux distincts. Elles demandent ainsi au gouvernement d’octroyer aux écrivaines et aux écrivains, ainsi qu’aux autrices et auteurs dramatiques, le droit, pourtant conféré aux artistes de la scène, du disque et du cinéma, de négocier des ententes collectives dont ils sont aujourd’hui privés.

Dans le même esprit, les neuf associations demandent au gouvernement d’intégrer au sein de la loi certaines disciplines artistiques qui demeurent exclues de son application : les scénographes, éclairagistes, costumières et costumiers et autres concepteurs et conceptrices des arts de la scène devraient bénéficier du même statut que les autres artistes. Elles rappellent que les dernières modifications apportées à la loi en 2009 n’ont pas intégré ceux-ci, contrairement à leurs collègues œuvrant en cinéma, en publicité et en vidéoclip.

L’ensemble de ces revendications peut être consulté à l’adresse suivante : www.commetoutlemonde.org

Représentant plus de 26 000 travailleuses et travailleurs de tous les secteurs confondus à travers le Québec, les neuf associations œuvrant dans le milieu des arts et de la culture sont les suivantes :

Tuer le Publisac aura des impacts majeurs : la CSN demande l’intervention du gouvernement

La ville de Montréal a pris une décision unilatérale en annonçant la mise en place d’un système qui fera en sorte qu’une majorité de la population ne recevra plus le Publisac, ce qui rendra sa distribution non viable et aura des impacts dévastateurs, tant sur l’emploi que sur l’information locale. Certes, réduire le volume de recyclage est important, mais ce n’est pas le seul enjeu à considérer.

Un enjeu de transition juste
« La CSN estime que ce genre de décision doit être prise en concertation. Il faut faire des choix qui règlent véritablement les problèmes et évitent d’en créer de nouveaux. Nous demandons donc l’intervention du gouvernement du Québec, tant à Montréal que pour l’ensemble du territoire », ajoute Yvan Duceppe, porte-parole de la CSN dans les dossiers environnementaux. Ce dernier estime qu’une transition juste doit se faire en associant les personnes concernées.

Aucun arbre n’est coupé pour imprimer les circulaires
D’un point de vue environnemental, il est important de prendre conscience qu’aucun arbre n’est coupé pour faire le papier des circulaires ou des journaux locaux. En effet, ce papier est fabriqué avec les copeaux issus du sciage du bois d’œuvre. Sans cette économie circulaire établie de longue date, les copeaux risquent de devenir un simple déchet et le nombre d’arbres coupés sera le même qu’avant. La CSN craint par ailleurs que cette décision unilatérale de Montréal se répercute dans d’autres régions du Québec. « Nous devons travailler en amont pour trouver un nouveau débouché pour les copeaux et pour les usines de papiers dans nos régions », affirme Louis Bégin, président de la Fédération de l’industrie manufacturière de la CSN (FIM–CSN), qui rappelle que le papier des circulaires doit normalement être recyclé, ce qui redonne une 2e vie aux copeaux du sciage.

Nouveaux déserts d’information
Le Publisac est le moyen de distribution privilégié d’une majorité d’hebdos locaux, dont ceux de Métro Média. La Fédération nationale des communications et de la culture de la CSN (FNCC–CSN) a évalué que la fin du Publisac engendrerait des coûts de distribution de 20 M$, une hausse impossible à soutenir pour les éditeurs. « Seulement chez Métro, on estime que 40 journalistes perdront leur emploi étant donné que le modèle d’affaires ne sera plus viable », affirme Annick Charette, présidente de la FNCC–CSN. La fédération craint donc que des déserts d’information se multiplient parce que l’information locale fiable ne sera plus disponible nulle part.

Il faut trouver des solutions
« Nous demandons à la ville de Montréal et à Valérie Plante de retarder leur décision pour prendre le temps de trouver des solutions aux pertes d’emplois et aux problèmes de diffusion de l’information locale dans tous ses quartiers. Le problème du recyclage et des matières résiduelles demeure entier à Montréal, il faut s’y attaquer maintenant et il faut le faire dans une perspective de dialogue social et de transition juste », insiste Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN).

C-18 : une excellente nouvelle pour les médias d’information, estime la FNCC–CSN

La Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), qui représente la vaste majorité des employé-es des médias d’information francophones au Canada, se réjouit du dépôt du projet de loi C-18 par le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, aujourd’hui. Alors que la fédération a multiplié les appels à l’aide au cours des dernières années, quant aux impacts bien réels que représente l’appropriation croissante des revenus publicitaires et des contenus journalistiques par les géants du Web, la FNCC–CSN estime que le projet de loi présenté ce matin propose les meilleurs outils législatifs disponibles pour contraindre les GAFAM à rémunérer correctement les contenus journalistiques qui abreuvent leurs plateformes.

« Quand un projet de loi répond en grande partie aux objectifs que les syndicats du secteur de l’information s’étaient fixés, il faut le reconnaître et s’en réjouir ! », avance d’emblée la présidente de la FNCC–CSN, Annick Charette. « L’objectif de ce projet de loi était d’imposer un partage plus équitable des revenus publicitaires en forçant les géants du Web à négocier des ententes avec les entreprises journalistiques. En ce sens, sous réserve d’une analyse plus approfondie, nous croyons que les mécanismes contenus dans le projet de loi sauront remplir cet objectif. »

La FNCC–CSN salue en particulier le fait que le gouvernement ait restreint la durée de la période de négociation (au cours de laquelle les géants du Web auront à s’entendre avec les entreprises) et qu’il ait prévu le recours à un mécanisme d’arbitrage en cas d’échec des négociations.

« À la CSN, on s’y connaît : négocier sans rapport de force ou sans obligation de résultat, ça donne rarement des résultats positifs. Il est donc important de maintenir cette possibilité de recourir à l’arbitrage, particulièrement dans cet écosystème particulier où le rapport de force entre les médias canadiens et les multinationales du numérique est complètement déséquilibré », souligne Annick Charette.

Avec l’ensemble des syndicats qu’elle regroupe, la FNCC–CSN entend prendre part activement aux travaux parlementaires entourant l’étude du projet de loi C-18.

« Les premières victimes de la chute brutale des revenus publicitaires subie par les médias d’information, ce sont les journalistes et l’ensemble des employé-es des entreprises journalistiques que nous représentons, rappelle la présidente de la FNCC–CSN. Ils ont subi les fermetures de journaux, les mises à pied massives et une panoplie de contraintes liées à une diminution des ressources financières. Une fois adoptée, cette loi devra répondre aux préoccupations exprimées depuis plusieurs années par ces travailleuses et ces travailleurs. » La FNCC–CSN aura à cœur de suivre ces ententes et de s’assurer que les nouveaux revenus ainsi générés se répercutent positivement sur le plan des conditions de travail et de pratique professionnelle des travailleurs et des travailleuses de l’information.

Des attaques inacceptables envers les travailleurs de l’information

Lettre d’Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture–CSN

Les débordements dont Ottawa et Québec ont été témoins au cours des derniers jours ont donné lieu à de nombreux gestes d’intimidation et d’agression à l’endroit des travailleuses et des travailleurs des médias qui ont couvert ces événements. Des manifestants les ont suivis, invectivés et ont tenté de s’en prendre à leur intégrité physique et à leur équipement, trouvant tous les stratagèmes, subtils ou violents, pour les empêcher de faire leur travail.

Si ces menaces à notre démocratie semblent plus sournoises que les appels au renversement d’un gouvernement, elles ne sont en rien inoffensives à l’endroit des photographes, journalistes, caméramans et autres travailleurs de l’information qui en ont été victimes. Trop nombreux sont les membres de la CSN qui ont subi ces attaques, trop graves sont les conséquences provoquées par ces traumatismes pour que nous restions les bras croisés.

Ces actes de violence et d’intimidation envers le personnel médiatique s’inscrivent dans une mouvance qui tend à discréditer, peu importe la motivation, la valeur du travail journalistique.

S’y ajoutent aussi, malheureusement, de multiples actes de cyberharcèlement à l’endroit de ces travailleuses et travailleurs. Un phénomène de plus en plus fréquent qui, à force d’être documenté, se révèle de plus en plus inquiétant.

À la demande de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), une étude a été menée par Stéphane Villeneuve, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM, sur l’ampleur de l’intimidation à l’égard des journalistes sur les plateformes numériques et les médias sociaux. Les données, recueillies auprès de travailleuses et de travailleurs du milieu de l’information, donnent froid dans le dos :

  • La moitié des répondantes et répondants affirme avoir été victimes de cyberintimidation ;
  • Fait troublant : 53,7 % des répondantes et répondants considèrent ces événements comme « inévitables » ;
  • Une personne sur cinq affirme avoir reçu des menaces visant son intégrité physique ;
  • Près de la moitié des personnes interrogées indique avoir à vivre avec le stress engendré et près du tiers vit de la colère ;
  • Le quart d’entre eux exprime vivre une perte de confiance, la même proportion indiquant être affectée par une perte de productivité dans leur travail.

Les menaces, l’intimidation et la violence constatées sur les médias sociaux à l’endroit de l’ensemble des travailleuses et travailleurs des médias constituent un véritable danger pour notre société. Elles bâillonnent la parole et musèlent la vérité. Pour ces raisons, tant les élu-es que les autorités publiques, les entreprises de presse ou nos organisations syndicales ont une obligation d’assurer les conditions sécuritaires dans lesquelles une presse libre et indépendante peut opérer.

En sommes-nous vraiment rendus là ?
Même si nous dénonçons l’absurdité de la situation nous ne pouvons que saluer les entreprises de presse qui offrent dorénavant au personnel affecté à la couverture de certaines manifestations, des formations de « couverture en milieu hostile », autrefois réservées aux correspondants sillonnant l’Irak ou l’Afghanistan. Cependant, ces entreprises ont encore beaucoup de travail à faire afin de mettre en place les mesures nécessaires pour contrer le cyberharcèlement et pour venir en aide à ceux qui en sont victimes.

Les corps policiers ont l’obligation d’assurer la sécurité de l’ensemble des personnes pouvant se trouver sur les lieux d’une manifestation – incluant bien entendu les médias. Leur vigilance doit être accrue en ce sens, et ce, autant dans la rue que dans leurs réponses aux actes criminels commis sur Internet. Nous nous attendons de leur part au traitement approprié des plaintes qui ont été déposées par nos membres à la suite des événements regrettables des derniers jours.

Depuis leur avènement, les réseaux sociaux ont toujours pu s’étendre en profitant du vide juridique à leur endroit. Leurs propriétaires, multinationales du numérique, ne sont guère inquiétés par les pouvoirs publics, que ce soit en matière de taxation ou de législations appropriées.

Faut-il se surprendre de leur laxisme à l’endroit de la désinformation et de la cyberintimidation envers les travailleuses et les travailleurs de l’information et le public en général ? Nos pouvoirs politiques doivent réguler ces entreprises étrangères omniprésentes sur le plan fiscal et législatif, mais également les contraindre à prendre leurs responsabilités dans la défense de l’intégrité des travailleurs de l’information.

Tant à Québec qu’à Ottawa, l’ensemble des partis politiques doit envoyer un signal clair : la violence et l’intimidation à l’endroit des journalistes et du personnel médiatique sont inacceptables.

Nous avons une obligation collective d’assurer les conditions propices à leur indépendance et à leur liberté de travail. Dans la rue comme à l’écran, le respect de leur travail et de leur intégrité doit être l’affaire de tous.

Signataires :

Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN),
Michael Nguyen, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ)
Pierre Tousignant, Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Radio-Canada (CSN)
Nathalie Pichette, Syndicat des employé(e)s de NOOVO (CSN)
Antoine Lacroix, Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (CSN)
Andréanne Bédard, Syndicat de la rédaction du journal Le Devoir (CSN)
Janie Gosselin, Syndicat des travailleurs de l’information de La Presse (CSN)
Karine Tremblay, Syndicat des employé.es de La Tribune (CSN)
Marie-Ève Martel, Syndicat national des employés de La Voix de l’Est (CSN)
Ian Bussières, Syndicat de la rédaction du Soleil (CSN)
Annie Lavoie, Syndicat des employé-e-s de bureau du Soleil (CSN)
Louis-Simon Gauthier, Syndicat de l’information du Nouvelliste (CSN)
Simon Séguin-Bertrand, Syndicat des travailleurs et des travailleuses de la Coopérative de solidarité Le Droit (CSN)
Martin Roy, Syndicat des travailleuses et travailleurs de L’Acadie Nouvelle (CSN)
André Arsenault, Syndicat des employé-e-s de CHAU-TV (CSN)
Francis Paquin, Syndicat des employés-es de RDS – section salle des nouvelles (CSN)
Thierry DeNoncourt, Syndicat des travailleuses et travailleurs de la presse écrite en Abitibi-Témiscamingue (CSN)
Simon Mayer, Syndicat des employé-es de CKVM (CSN)
Mélanie Labrecque, Syndicat des travailleurs et travailleuses du Journal le Peuple Lotbinière (CSN)
Vincent Gaudreau, Syndicat des travailleuses et travailleurs du journal le Courrier de Portneuf (CSN)
Zoé Magalhaes, Syndicat montréalais de l’information et Syndicat de l’information locale (CSN)
Kate Tremblay, Syndicat des employés de CJPM-TV (CSN)
Julien Renaud, Syndicat des publicitaires du Saguenay (CSN)
Serge Tremblay, Syndicat des employé-es de Trium Médias (CSN)
Gabrielle Brassard-Lecours, Association des journalistes indépendants du Québec (CSN)
Jacques Parent, Syndicat des employés de CHNC New Carlisle (CSN)
Mélissa Dion, Syndicat des employé(es) de la Coopérative de la Radio de Granby (CSN)

Projet de loi C-11 : les associations québécoises du milieu culturel saluent la rapidité du gouvernement

Les principales associations québécoises du milieu des arts et de la culture – l’APASQ, l’AQAD, l’ARRQ, la FNCC–CSN, la GMMQ, la SARTEC, TRACE, l’UDA et l’UNEQ – se réjouissent du dépôt rapide du projet de loi C-11 visant à assujettir les géants du numérique aux règles canadiennes en matière de radiodiffusion.

Le projet de loi C-11 reprend les éléments clés du projet de loi C-10 qui faisaient consensus, soulignent les organisations : inciter les entreprises de diffusion en ligne à appuyer la production de contenus canadiens tout en assurant la protection du français, lui reconnaissant le statut particulier de langue minoritaire en Amérique du Nord.

Les organisations sont d’avis que les nouvelles dispositions concernant les médias sociaux pourront faire consensus. Il appartiendra au CRTC d’imposer un cadre réglementaire en matière de mise en valeur et de découvrabilité du contenu. Le projet de loi C-11 prévoit toutefois que les utilisateurs, peu importe leur statut, ne peuvent en aucun cas être considérés comme une entreprise de radiodiffusion. Il reviendra aussi au CRTC de statuer sur la définition de contenu canadien pour l’ensemble des plateformes de diffusion en ligne et s’assurer qu’une place prioritaire est faite aux artistes et artisans d’ici.

Les associations d’artistes du Québec appellent l’ensemble des partis fédéraux à compléter avec diligence l’analyse du projet de loi en vue de son adoption rapide. Elles souhaitent ainsi que le CRTC puisse développer l’ensemble des outils et des dispositions dont l’organisme réglementaire aura besoin pour assumer son nouveau mandat. À ce titre, elles entendent collaborer activement aux travaux de consultations parlementaires ainsi que celles devant précéder toute instruction au CRTC dans la mise en œuvre de ces outils réglementaires.

Culture et communications : lutte à la précarité et assainissement des milieux de travail, au cœur de priorités syndicales

Le 25e Congrès de la Fédération de la culture et des communications (FNCC–CSN) s’est terminé aujourd’hui, au terme de quatre journées de débats et d’ateliers portant sur les principaux enjeux en matière de relations de travail, de financement et d’encadrement législatif du secteur des médias, de l’information et de la culture.

Les travaux effectués par les congressistes ont permis de mettre au jour de nombreux facteurs contribuant à la précarisation des conditions de travail du secteur de l’information et de la culture : des encadrements législatifs déficients, notamment à l’endroit des travailleurs autonomes et du statut de l’artiste, la déstabilisation des productions culturelles et médiatiques par les géants du Web et les transformations entraînées par le recours intensif au télétravail. La cyberintimidation dans le milieu journalistique et les cultures de gestion contribuant aux environnements de travail malsains ont également retenu l’attention des représentantes et représentants syndicaux.

Ceux-ci ont par ailleurs salué les nombreux combats menés par les syndicats de la fédération au cours des trois dernières années. L’instauration d’un crédit d’impôt sur la masse salariale des salles de nouvelles devra être maintenue et renforcée. Le sauvetage du Soleil, du Droit, de la Tribune, du Nouvelliste, de la Voix de l’Est et du Quotidien du Saguenay par la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i), mise sur pied par les syndicats de la fédération, aura contribué à freiner l’érosion de l’information dans les régions du Québec.

« Au cours des dernières années, ce sont les travailleuses et les travailleurs que nous représentons qui ont été les premiers à identifier les menaces à notre environnement journalistique, médiatique et culturel, a rappelé la présidente de la fédération, Annick Charette. Ce sont ces personnes qui ont su faire preuve de courage, d’imagination et d’une très grande solidarité pour stabiliser la situation. Notre action doit se poursuivre afin de protéger nos droits en matière de travail et d’assainir nos milieux de travail, trop souvent soumis à des dynamiques malsaines en matière d’organisation du travail. »

Nouveau comité exécutif
Les congressistes ont reporté à la présidence de la fédération Annick Charette, qui en assumait l’intérim depuis l’été dernier. Annick Charette provient du Syndicat général des employé-es de Télé-Québec. Elle sera épaulée de Stéphane-Billy Gousse, issu du Syndicat des employé-es de bureau du Soleil et élu au poste de secrétariat général et trésorerie. Aux postes de vice-présidence ont été élus Karine Tremblay, du Syndicat des employé-es de La Tribune, ainsi que Pierre Tousignant et Josianne Létourneau, tous deux du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada.

Plus d’une centaine de participantes et de participants ont pris part, en format virtuel depuis mardi, au 25e Congrès de la Fédération nationale des communications et de la culture, affiliée à la CSN.