
« Après avoir mis fin à une relation abusive, je me suis inscrite pour retourner aux études au printemps 2013. Vu l’état précaire de mes finances, j’ai fait une demande d’aide financière aux études (AFE), mais malgré le fait que je réside au Québec depuis plus de 10 ans, on m’a informée que je ne répondais pas aux critères de résidence de l’AFE. J’ai contesté la décision tout en me concentrant à mes études à temps plein et en acceptant un emploi de 30 heures semaine pour y arriver. J’ai finalement reçu un petit montant d’aide financière en 2014, mais ce n’était pas assez suffisant pour couvrir mon loyer, mes factures et mes droits de scolarité.
J’ai perdu confiance dans le système de l’AFE. Je n’avais pas assez d’argent pour survivre, je ne travaillais pas assez parce que j’étudiais, je n’étudiais pas assez parce que je travaillais. Ma santé s’est passablement détériorée pendant cette période.
Cet été, mes problèmes de santé ont empiré et j’ai été obligée de quitter mon emploi pour me consacrer uniquement à mes études. En préparation pour ma dernière semaine d’examen, j’ai été contacté par l’AFE et ils m’ont informée qu’ils avaient surévalué le montant de mes bourses parce que je travaillais pendant mes études. La bourse pour ma dernière session serait donc retirée. Malgré le fait que ça soit la dernière session avant mon diplôme, j’ai dû me retirer de l’école. Et le gouvernement veut continuer de s’en prendre à nos programmes sociaux ?
C’est ça l’austérité. Ça fait mal. Très mal. »
– Nanette Soucy

« C’était avec fierté que j’ai choisi de m’établir au Québec. On m’avait fait comprendre que c’était la seule province au Canada où il y avait du financement garanti pour les groupes communautaires qui ont comme mandat d’aider les nouveaux arrivants au Québec à s’intégrer, s’adapter et s’équiper contre l’exploitation. Mais malheureusement, c’est clair que le gouvernement va de l’avant avec des compressions improvisées et le démantèlement de l’État social qui le rend si unique. Et c’est nous, les populations les plus vulnérables, qui allons le plus écoper des conséquences.
Chaque semaine, le Centre de travailleurs et travailleuses immigrant-e-s accueille des douzaines de personnes qui subissent des difficultés au travail ou à la maison. Que ça soit un congédiement sans cause, une erreur de paie, ou un harcèlement au travail, nous les aidons à comprendre leurs droits et à naviguer dans le système gouvernemental bureaucratique.
Sans notre présence, les communautés immigrantes seront encore moins à l’abri de ces dangers. L’austérité et la privatisation, c’est une scène effrayante et inhumaine. »
– Marsha Ma, bénévole au CTI

« J’utilise encore les services d’alphabétisation de Lettres en main 15 ans après mon inscription au programme. C’est important pour moi de continuer d’apprendre et de ne pas me fier aux notions acquises. Les organismes qui viennent en aide aux analphabètes ont déjà si peu de financement, qu’avec de nouvelles compressions annoncées chaque année, nous, les participantes et participants, on a de grandes craintes de perdre cette ressource indispensable. On est une famille, et une famille ça se protège, ça s’entraide. On ne peut pas laisser Couillard détruire l’état québécois. »
– Sylvie Thibault

« On nous annonce une annexion forcée de nombreuses écoles de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeois (CSMB), alors qu’aucune consultation auprès des parents concernés n’a été menée. Pourquoi ? La CSDM n’est pas parfaite, mais elle connaît bien notre territoire et nos écoles. Il n’y a aucun parent, professeur ou administrateur qui ait demandé ce remaniement majeur. Pourquoi régler un problème qui n’en était pas un ? La transition prendra combien de temps ? Combien d’années avant que la CSMB puisse s’habituer à son nouveau méga-territoire ? Combien de programmes et d’enfants vont se perdre dans la mêlée des années transitoires ?
Les profs de musique et d’histoire que ma fille avait hâte d’avoir au secondaire vont-ils se faire chasser de leur école en faveur de professeurs de la CSMB ? Et les enfants suivis par un psychologue de la CSDM, qu’adviendra-t-il d’eux ? En fait, ça profite à qui, au juste, cette réforme ? »
– Paul Paquet, père de deux enfants, 2e année et 6e année du primaire

« On le remarque bien depuis les dernières années, de plus en plus de femmes ont recours à nos services. Que ce soit pour raison de santé mentale, de violence conjugale, de maintien à domicile, d’isolement, ou de pauvreté, bien des femmes se sentent délaissées par l’État. Elles viennent nous dire « j’peux plus la payer ma facture Hydro, c’est entre ça et s’assurer que mes enfants ont d’la bouffe à manger ». Nous on peut bien vouloir essayer d’accueillir toutes ces femmes-là en détresse, mais nous n’avons ni les capacités ni le personnel pour le faire.
Leitao a beau dire qu’il revient au communautaire de livrer les services sociaux, mais c’est quand la dernière fois qu’il s’est déplacé pour observer comment nos centres débordent de toutes parts ? Son gouvernement s’attaque aux populations les plus vulnérables. Celles-ci aboutissent chez nous et je le constate déjà : ça va mener à l’angoisse et à la misère de milliers de femmes, et à plein de burn-out dans le communautaire. »
– Janelle LeBlanc, Centre des femmes solidaires et engagées

« C’est tabou d’en parler dans le milieu communautaire, mais il y a aussi la question de la perte de nos jobs. Entre les six carrefours d’éducation populaire, et les autres groupes hébergés dans nos édifices, on parle de plus de 500 personnes qui risquent de perdre leur emploi. On aimerait que le communautaire roule sur le bénévolat, comme dans les années 60, mais ce qu’on oublie c’est que les bénévoles se sont battus fort pour avoir des conditions de travail minimalement respectables. On est censé enfouir tout cet historique, ces victoires, ce combat ? »
– Marie-Andrée Painchaud, Carrefour d’éducation populaire de Pointe-Saint-Charles