La CSN contre la privatisation

Sur le point de commencer, le rassemblement est l’aboutissement de plusieurs mois de travail dans un seul objectif : faire une démonstration de force contre la privatisation en santé.

Jeux de lumière, musique, c’est parti ! La comédienne engagée Eve Landry assure l’animation de l’événement et cède rapidement la parole à Caroline Senneville, présidente de la confédération. Cette dernière met la table, avec la foule rassemblée aujourd’hui, il sera difficile pour le gouvernement d’ignorer le message que porte la CSN : Pas de profit sur la maladie !

De la programmation de l’événement au réel défi logistique que représente la distribution de plusieurs milliers de repas, tout est rodé au quart de tour. Plus d’une centaine de salarié-es de la CSN contribuent au service d’ordre. La salle, habillée aux couleurs de la campagne, est en montage depuis trois jours.

« Je trouve ça sensationnel de pouvoir remplir un aréna de cette façon, ça me fait penser aux images du Front commun dans les années 1970 », explique avec enthousiasme un travailleur rencontré pendant l’événement.

« Enfin, les gens commencent à se réveiller. Quand on a créé le régime d’assurance maladie, c’était le fruit d’un mouvement populaire. C’est pas le gouvernement qui nous l’a donné, on est allés le chercher. On doit le préserver ! », ajoute une travailleuse.

L’événement mêle les performances musicales de la rappeuse Sarahmée et du groupe Valaire ainsi que l’humour de Christian Vanasse aux conférences de la chercheuse Anne Plourde et de la Dre Elise Girouard-Chantal de Médecins Québécois pour un régime public (MQRP). Dans la deuxième moitié de l’événement, les leaders de Québec solidaire et du Parti québécois s’adressent également à la foule. Gabriel Nadeau-Dubois et Paul St-Pierre-Plamondon s’engagent à protéger le réseau public de la santé et des services sociaux.

 

Un plan d’urgence

David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN et responsable du dossier santé, clôt l’événement en lançant un défi au gouvernement : d’ici le 1er mai, ce dernier doit mettre en œuvre un plan d’urgence pour régler la crise d’accès aux soins de santé.

Tout d’abord, la CSN demande au ministre de la Santé de freiner l’exode des médecins vers le secteur privé, une fois pour toutes. Pour y arriver, le ministre pourrait tout simplement signer un arrêté ministériel lors du prochain conseil des ministres.

La CSN demande aussi au gouvernement de cesser d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif dès maintenant. Pour la centrale, rien ne justifie la propagation d’entreprises dont le seul objectif est de profiter de la maladie des gens.

Finalement, la CSN invite aussi le gouvernement à instaurer un moratoire sur tous les types de privatisation du travail et des tâches présentement accomplies au public. On parle d’agences de placement, de buanderies, de l’entretien des bâtiments, du transport de patients, etc.

L’objectif de ce plan est de faire reculer le privé en santé à court terme sans mettre de côté les revendications historiques de la CSN, comme des CLSC en tant que véritable structure de première ligne.

Et à quoi le gouvernement peut-il s’attendre s’il refuse de mettre en place le plan proposé ? Les militantes et les militants feront ce qu’ils font de mieux : faire monter la pression. Une chose est certaine, la journée internationale des travailleuses et des travailleurs de 2025 sera chaude !

Ils attendent que le gouvernement se déniaise

Ces salarié-es proviennent d’orga­nis­mes gouvernementaux, de services de garde éducatifs, de la santé et de la sécurité du public. S’ils ont leurs enjeux propres, ils sont pris dans des négociations qui s’étirent en longueur face à un gouvernement qui n’est pas pressé de régler. Dans certains cas, la convention collective est échue depuis plus d’un an et demi.

 

Blocages

Malgré leur bonne volonté, ces personnes font face à des blocages, autant du côté des employeurs que du gouvernement. Souvent, les employeurs disent devoir obtenir les mandats du gouvernement. S’ensuivent des retards et une déconnexion par rapport aux enjeux vécus sur le terrain par les membres. « On a parfois l’impression que l’employeur est réceptif, mais quand ses représentants reviennent vers nous, les positions changent. C’est toujours difficile de comprendre d’où vient le blocage », explique Éliane Bouchard-Genesse, présidente du Syndicat général des employé-es de Télé-Québec–CSN.

Amaili Jetté, présidente du Regroupement Les sages-femmes du Québec, déplore : « Les sages-femmes ne se sentent pas appuyées par le gouvernement quand elles voient à quel point la négociation traîne. » La mise sur pied de Santé Québec chamboule aussi leur négociation, ce qui risque de prolonger les choses et de créer bien de l’incertitude pour elles.

 

Et les services écopent

Pendant que l’on peine à s’entendre, les problèmes sociaux s’accumulent. Des milliers de familles attendent une place dans un CPE ou dans un milieu familial régi et subventionné. Les temps d’attente des ambulances continuent de préoccuper la population. L’accès à la justice reste ardu pour bien des personnes en situation précaire.

Parlez-en à Chantal Racicot, représentante du secteur des Responsables de service de garde éducatif en milieu familial (RSGE) de la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN. « Bien des services de garde éducatifs en milieu familial ont fermé ces dernières années. Nous, on propose des solutions afin de maintenir les services aux familles. À la table, le ministère de la Famille nous dit qu’il faut faire plus avec moins. On n’a pas eu le choix d’aller se chercher un mandat de moyens de pression. »

« Dans tous ces secteurs qui négocient, il faut améliorer les conditions de travail et les salaires pour assurer le personnel nécessaire afin de donner les services à la population. Ce n’est pas qu’une question de négociation, c’est aussi une question de société », rappelle François Enault, 1er vice-président de la CSN.

Le nouveau mantra gouvernemental

Le gouvernement brouille les cartes en voulant imposer de la flexibilité aux syndicats. Dans une récente déclaration publique, Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, laisse entendre que les récentes augmentations salariales obtenues par le Front commun l’ont été en échange de contreparties sur la flexibilité. Ce terme, martelé par le gouvernement depuis des mois, est au cœur de son exercice de relations publiques pour faire mal paraître les syndicats.

Le gouvernement tient tellement à la flexi­bi­lité qu’il choisit de ne pas respecter les clauses de parité (clauses remorque) de plusieurs conventions collectives. « Notre première convention négociée inclut une clause remorque qui ne souffre pas d’interprétation. Le Conseil du trésor a fait partie des échanges lors de la négociation. Cette clause a été acceptée et maintenant, on nous exige des concessions », explique Éric Guay, président du Syndicat des enseignantes et enseignants de l’ITHQ–CSN.

La situation pose aussi problème au Parc olympique, où les sept syndicats de la CSN négocient à une seule table. Ceux-ci ont obtenu, en juillet dernier, une entente sur les clauses normatives, soit les conditions de travail. « Nos négociations devaient être relancées sur l’aspect financier afin d’obtenir les mêmes gains que le secteur public, mais le gouvernement nous demande de rétropédaler pour renégocier sur le normatif », s’étonne Yanick Martineau, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de métiers et de services de la RIO–CSN.

Comme le dit Éliane Bouchard-Genesse de Télé-Québec, « les travailleuses et les travailleurs doivent toujours faire plus avec moins. De la flexibilité, ils n’en manquent pas, mais on leur demande d’en avoir encore plus en ce qui concerne leurs conditions de travail. »

Le grand retour de l’austérité

«Il faut s’en tenir aux dépenses vraiment nécessaires » en procédant à des « analyses chirurgicales ». « Il n’y a aucune com­mande de réduction budgétaire », juste des « gestionnaires qui se sont aperçus qu’ils étaient en dépassement de budget. » Tel est le discours tenu tout l’été par les ministres de la CAQ, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, en tête.

Le dernier budget, déposé il y a six mois à peine, prévoyait tout un chapitre sur « l’optimisation de l’action de l’État et l’examen des dépenses gouvernementales » assorti de prévisions couvrant à peine l’augmentation des besoins. Déjà, la CSN notait que ce budget mettrait à mal les services publics, le gouvernement ayant choisi de se priver de plus de 2 milliards $ l’année précédente en offrant des baisses d’impôt qui ont surtout profité aux mieux nantis.

Or, loin des tapis feutrés de l’Assemblée nationale et des salles de presse, les conséquences de l’austérité frappent déjà. Depuis la fin de l’été, on découvre chaque jour une nouvelle coupe ou une nouvelle politique de restrictions dans nos services publics.

Le 24 octobre, Sonia LeBel a annoncé un gel de recrutement dans les ministères et dans plusieurs sociétés d’État, dont les services correctionnels et les organismes gouvernementaux. Dans les réseaux publics de la santé et des services sociaux, de l’éducation et de l’enseignement supérieur, cette politique vise le personnel administratif.

Dans les écoles primaires et secondaires, 400 millions $ ont été retranchés cette année du budget d’entretien, et ce, dans un contexte où de nombreux établissements nécessitent des travaux importants. Les programmes de francisation ont aussi subi le couperet gouvernemental, certains centres n’acceptant plus d’inscriptions cet automne.

Dans les cégeps, nombre de projets de rénovation et d’agrandissement ont été mis en suspens. La situation est si alarmante que les présidentes et les présidents des conseils d’administration des cégeps ont publié une lettre ouverte conjointe le 19 novembre pour exprimer leur inquiétude sur la mission même des cégeps, qui est en péril.

En novembre, la nouvelle PDG de Santé Québec tenait une tournée médiatique pour expliquer la toute première mission que lui a confiée le gouvernement : couper plus de 1,5 milliard $ cette année !

En Abitibi-Témiscamingue, le chat était sorti du sac en septembre lors du conseil d’administration du CISSS. La réunion aurait dû se dérouler à huis clos, mais des jour­nalistes ont pu y assister par erreur. Les coupes à venir ont été évoquées ainsi que la possible révision des services dans la région. Le déficit atteindrait 110 millions $. Officiellement, les gestionnaires se veulent rassurants : les soins et les services à la population seront préservés…

Le président du Conseil central de l’Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec–CSN, Félix-Antoine Lafleur, en doute. « La population active de la région, c’est environ 100 000 personnes. Ça fait 1000 $ par personne de déficit. Comment croire qu’il n’y aura pas d’impact ? »

Parmi les pistes de solution proposées par le syndicat, notons la fin du recours aux agences privées de placement de personnel. Le CISSS a payé 145 millions $ à ces agences l’an dernier, soit 27 % de plus que l’année précédente. C’est plus que le déficit au complet !

 

Recruter, dans le public

Les syndiqué-es du réseau public demandent d’ailleurs depuis longtemps que cesse l’utilisation de ces agences privées pour investir plutôt dans le réseau public. Et ce n’est pas qu’une question de bonne gestion financière : ça concerne aussi la qualité des soins et des services à la population. À cet effet, les employé-es des CHSLD, en nombre insuffisant et déjà essoufflés, constatent que la qualité de vie des résidentes et des résidents se dégrade. Les employé-es d’agence peuvent être compétents, néanmoins, ils sont dépêchés pour de très courtes périodes dans les établissements. L’époque où le personnel des CHSLD pouvait créer de vrais liens humains avec les bénéficiaires est décidément révolue.

 

4000 en moins

Pour réduire son déficit, le CISSS a retranché 4000 heures de soins par mois au CHSLD Pie-XII, à Rouyn-Noranda. C’est intenable pour les employé-es, qui peinent à assurer aux aîné-es dans ces milieux de vie les soins dont ils ont besoin. Le 17 octobre, après avoir proposé d’autres solutions aux gestionnaires, le syndicat local affilié à la CSN, la Fédération de la santé et des services sociaux–CSN et le conseil central ont dénoncé cette mauvaise décision et ont alerté la population de la région sur les répercussions de l’austérité caquiste.

 

Des coupes partout

Cette nouvelle période d’austérité se confirme à une vitesse folle en santé et dans les services sociaux. Au CHUM, 26 postes de préposé-es aux bénéficiaires et 7 postes d’agentes administratives ont été supprimés. D’autres coupes et des postes non remplacés ont aussi été dévoilés dans les médias depuis, notamment au CISSS de Laval et au CIUSSS du Centre-Sud de l’Île-de-Montréal. On doit s’attendre à ce que pas mal tous les établissements procèdent éventuellement à de telles annonces, qui découlent directement des choix politiques de la CAQ.

Quand la CSN se mobilise, c’est tout le Québec qui gagne !

Nous étions près de 4000 personnes des quatre coins du Québec à avoir convergé à Trois-Rivières le 23 novembre dernier. Alors que nous tournons à peine la page sur ce rassemblement historique, les émotions que nous y avons vécues collectivement demeurent vives.

Ce n’est pas tous les jours que le mouvement CSN, toutes régions et tous secteurs d’activité confondus, se mobilise pour tirer la sonnette d’alarme afin de protéger et de défendre notre réseau public de santé et de services sociaux. Ce réseau qui, à coup de réformes plus centralisatrices les unes que les autres, continue d’être mis à mal depuis plus de 20 ans, au détriment des soins à la population.

La dernière réforme en lice, opé­rée par le ministre de la Santé, Christian Dubé, est l’abou­­tissement de cette logique selon laquelle la fusion des établissements au sein d’une seule et même agence, comme c’est prévu le 1er décembre, inversera la tendance pour améliorer l’accès aux soins.

Le tout, bien sûr, en misant sur la généreuse participation d’un concurrent direct du réseau public toujours plus féroce et impitoyable : le privé.

 

Le loup dans la bergerie

Soyons clairs – même paré de ses plus beaux atours et camouflé derrière une carte-soleil, le privé en santé demeurera toujours un obstacle direct à la préservation et au renforcement de notre réseau public. C’est vrai sur le plan de l’accessibilité aux soins, c’est vrai sur le plan des coûts des services, mais c’est surtout vrai pour ce qu’on a de plus précieux dans notre réseau public : les personnes qui y travaillent.

Nous devons à tout prix stopper cette hémorragie et freiner cet inquiétant exode vers le privé. Face à notre mobilisation des dernières semaines et à notre coup de force du 23 novembre, le ministre a commencé à bouger. Mais le combat est loin d’être terminé pour sauver notre réseau, surtout à l’aune des récentes annonces à saveur d’austérité qui touchent directement le personnel du réseau.

 

Une austérité qui ne dit pas son nom

D’ailleurs, difficile de ne pas froncer les sourcils lorsqu’on entend un autre ministre, celui des Finances du Québec, Eric Girard, dire que l’austérité n’est pas de retour au Québec alors qu’il présentait, il y a quelques jours à peine, sa mise à jour économique.

Le ministre a beau arguer que les dépenses de l’État sont en croissance et que sa gestion des deniers publics demeure rigoureuse et responsable, les annonces visant à « optimiser les dépenses gouvernementales » confirment que nous sommes au début d’un nouveau cycle d’austérité.

Gel d’embauche de personnel administratif en éducation, dans les organismes gouvernementaux, la santé et les services sociaux, coupes en francisation, frein aux projets d’infrastructures et compressions dans les cégeps : la recette du gouvernement Legault s’apparente dangereusement à celle de l’ancien premier ministre, Philippe Couillard. Et on en connaît les conséquences…

 

La montée inquiétante du conservatisme populiste

Face à cette menace à peine voilée s’ajoute celle de la montée du conservatisme et du populisme consacrée par l’élection de Donald Trump à la tête de la Maison-Blanche. De ce côté-ci de la frontière, nous ne sommes pas en reste, avec un Pierre Poilievre donné favori dans les sondages.

Certes, des nuances s’imposent pour distinguer les deux hommes, mais un retour à une ère politique conservatrice, sous fond de tensions sociales et de polarisation à outrance, n’augure rien de bon pour le mouvement syndical et les centaines de milliers de membres que nous représentons.

Dans les circonstances, il faudra nous retrousser les manches et continuer à lutter, car finalement – on vient d’en faire l’éloquente démonstration – quand la CSN se mobilise, c’est tout le Québec qui gagne !

Le profit à tout prix cause les bris de service

Les bris de service dans le transport scolaire au Québec ont atteint des sommets ces dernières années, révèle une étude de l’IRIS dévoilée en septembre. La pénurie de personnel et les conflits de travail y sont pour quelque chose.

En 2024, 30 syndicats dans le transport scolaire se sont dotés d’un mandat de grève, sur 32 négociations dans le secteur. Parmi les 30 syndicats, 19 ont exercé la grève. Ce sont 200 bris par jour qui ont été enregistrés en moyenne en 2022-2023 et 137 en 2023-2024, touchant respectivement quelque 8000 et 5500 élèves.

 

Le profit avant les enfants

À l’automne 2022, le gouvernement a allongé 130 millions afin, entre autres, de bonifier les salaires du secteur. En ne rattachant aucune somme à cet objectif, il a laissé le champ libre aux transporteurs pour accroître leurs profits. Dès les premières négociations, les membres de la CSN ont fait face à des employeurs qui ne voulaient pas partager cet argent.

 

Les grands transporteurs au cœur du problème

Le fonctionnement même de Transco, de Transdev ou de Sogesco, trois gros joueurs qui contrôlent en partie le secteur au Québec, va à l’encontre de l’intérêt public. Deloitte, qui n’est pas un allié naturel des syndicats, estime qu’un rendement moyen de 8 % avant impôt est tout à fait raisonnable dans ce secteur. Or, Sogesco, qui possède une trentaine de filiales au Québec, affiche un rendement moyen de 15,5 % de 2014 à 2023, soit près du double. Pour arriver à cette forte rentabilité, cet employeur offre les pires conditions salariales. Résultat : Sogesco est la championne des conflits de travail et des bris de service, le tout financé à 100 % par de l’argent public, sans aucun risque pour elle.

 

La gestion publique : un contrepoison ?

En 2011, le Vérificateur général du Québec estimait que 10 entreprises contrôlaient 35 % du transport scolaire. Cette concentration atteint maintenant 40 % du marché et inquiète l’IRIS.

Alors que moins de 1 % du transport sco­laire est sous gestion publique au Québec, dans le reste du Canada, il est bien souvent public, en tout ou en partie. Pour contrer la concentration de l’industrie et lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, l’État québécois devrait augmenter la proportion de véhicules scolaires qu’il gère.

À cet égard, un projet pilote de transport scolaire public mené par le Centre de services scolaire des Affluents, dans Lanaudière, a permis de réduire de 95 % les bris de service entre les années scolaires 2022-2023 et 2023-2024. Selon l’IRIS, cette piste de solution serait prometteuse pour garantir le service aux parents et à leurs enfants.

Le prix Pierre-Vadeboncoeur est remis aux chercheures Julia Posca et Anne Plourde

Le jury du prix Pierre-Vadeboncoeur a décerné le prix de l’édition 2024 à deux chercheures, mesdames Julia Posca et Anne Plourde, qui abordent dans leurs essais des questions qui sont en phase avec les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs de même que les risques courus par le régime public en santé.

Créé en 2011 et décerné par la Confédération des syndicats nationaux (CSN), ce prix est doté d’une bourse de 5000 $, une somme que chacune des autrices recevra. La centrale syndicale québécoise a voulu ainsi rendre hommage à Pierre Vadeboncoeur, qui y a milité durant 25 ans et qui est considéré comme l’un des plus importants essayistes québécois. Les lauréates reçoivent leurs prix à l’occasion du Conseil confédéral qui se réunira à Rivière-du-Loup le 4 décembre. C’est la secrétaire générale Nathalie Arguin qui remettra les prix aux lauréates. Le conseil rassemble environ 200 délégué-es des fédérations et des conseils centraux affiliés à la CSN

Ce prix souligne la qualité d’un essai produit par une autrice ou un auteur québécois et édité par une maison d’édition québécoise. Une quinzaine de maisons ont soumis plus d’une cinquantaine d’essais cette année.

Le jury, composé de l’ex-présidente de la CSN Claudette Carbonneau, de Catherine Ladouceur, professeure de littérature française au Cégep de Sherbrooke et de Dahlia Namian, professeure à l’Université d’Ottawa et lauréate de l’édition 2023, a voulu de la sorte récompenser les autrices dont les œuvres se révèleront très utiles pour l’action syndicale et la défense du modèle québécois en santé.

Dans son essai Travailler moins ne suffit pas, madame Julia Posca soulève avec une grande clarté un ensemble de questions touchant le monde du travail : temps supplémentaire, cumul d’emplois, conciliation travail-famille. Elle pose finalement le constat suivant : il ne suffit pas de travailler moins pour retrouver un équilibre de vie. C’est, en quelque sorte, toute l’organisation du travail qui est remise en cause.

De son côté, madame Anne Plourde, dans son essai Santé inc., déconstruit de façon magistrale tous les mythes sur lesquels on construit l’idée que le privé, même à titre complémentaire, serait une option acceptable pour offrir des soins à la population. Il est urgent, à son avis, de déprivatiser le système de santé. La CSN a justement lancé cet automne une vaste campagne de mobilisation sur le thème Pas de profit sur la maladie. Plusieurs milliers de militantes et de militants se sont d’ailleurs réunis à Trois-Rivières pour appuyer ce mouvement.

Ces deux essais ont été publiés chez Écosociété.

Une mention spéciale a été accordée à Ordures ! Journal d’un vidangeur, de Simon Paré-Poupart paru chez Lux éditeur.

Depuis sa création, le prix Pierre-Vadeboncoeur a été décerné à huit essais écrits par des autrices et à sept essais écrits par des auteurs.

Fusion des accréditations annulée en santé et services sociaux – Une bonne nouvelle pour le réseau et son personnel

La CSN se réjouit de l’annonce de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, indiquant que le gouvernement renonce à la fusion des accréditations dans le réseau de la santé et des services sociaux et qu’il reverra la Loi sur le régime de négociation des conventions collectives dans le secteur public et parapublic (loi 37). « Il s’agit d’une excellente nouvelle d’abord pour les travailleuses et les travailleurs du réseau et pour le mouvement syndical en général », note d’entrée de jeu la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Alors que Santé Québec vient centraliser l’ensemble du réseau sur le plan administratif, les structures syndicales existantes, elles, demeureront intactes. « L’arrivée de l’employeur unique, jumelée à d’importantes compressions budgétaires, n’augure rien de bon. La fusion des accréditations qui était prévue dans le projet de loi no 15 aurait créé encore plus d’instabilité dans un réseau déjà fragilisé. Pour une fois, le gouvernement a résisté à la volonté d’aller vers davantage de centralisation et nous nous en réjouissons. »

Depuis l’annonce de la réforme Dubé, la CSN a multiplié les démarches afin de limiter les impacts de cette énième transformation du réseau sur les travailleuses et les travailleurs et sur la centrale. « Nous sommes heureux d’avoir été entendus, le gouvernement a fait le bon choix. »

 

Révision de la loi 37

Réclamée depuis longtemps par la CSN, la décision du gouvernement de revoir la loi 37 constitue aussi une bonne nouvelle, puisque le régime actuel prive les organisations syndicales de leur droit à négocier certaines matières. « La CSN est déjà aux premières loges pour prendre part aux échanges afin d’améliorer la loi. Nous contribuerons avec enthousiasme aux débats, mais resterons vigilants; les travailleuses et les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux et du réseau de l’éducation pourront compter sur nous pour faire les représentations nécessaires afin de veiller à leurs intérêts », précise Mme Senneville.

Quand protégerons-nous vraiment les travailleuses et les travailleurs québécois ?

Le gouvernement de la CAQ a fait adopter une importante réforme en santé et sécurité du travail en 2021. Cette réforme prévoyait un délai ferme se terminant le 6 octobre 2024 afin que la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) adopte un règlement sur les mécanismes de prévention et de participation pour mieux protéger les travailleuses et les travailleurs et améliorer le bilan lésionnel. Rappelons que ce bilan est loin de s’améliorer, d’où la nécessité de ces mécanismes.

Également au cœur des travaux, des changements à la gouvernance de la CNESST dans l’objectif de répondre aux critiques soulevées à plusieurs reprises par le Vérificateur général du Québec[1]. Celui-ci révélait que la CNESST ne joue pas son rôle d’agent de changement dans l’actualisation du régime de santé, ce qui impose un retard en matière de prévention des risques et des dangers dans les milieux de travail au Québec.

Les modifications apportées à cette gouvernance ont permis au conseil d’administration paritaire de la CNESST, composé de sept membres patronaux et de sept membres syndicaux, d’infléchir cette tendance en ce qui a trait à son rôle comme agent de changement. Ainsi, le 19 septembre 2024, le conseil d’administration de la CNESST a adopté à l’unanimité la version finale du Règlement sur les mécanismes de prévention et de participation en établissement, et ce, dans le délai qui lui était imparti par la loi.

Or, depuis plus de deux mois, à notre grande surprise vu le consensus obtenu, nous attendons que le Conseil des ministres entérine ce règlement.

Que se passe-t-il ? La CNESST s’est engagée dans de vastes travaux afin d’améliorer la santé et la sécurité du travail de façon concrète. En ce sens, un règlement a été adopté unanimement par les acteurs représentatifs du domaine du travail qui avaient été nommés par le gouvernement. Pour nous, la mission est accomplie. Nous nous expliquons mal cette attente, puisque nous considérons que la protection des travailleuses et des travailleurs a déjà assez attendu.

 

[1]   Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2015-2016, mai 2015, Vérification de l’optimisation des ressources Printemps 2015, chapitre 4 ; Rapport du Vérificateur général du Québec à l’Assemblée nationale pour l’année 2019-2020, mai 2019, Rapport du commissaire au développement durable, chapitre 3

Le vrai changement demande du courage politique

Dès la naissance de Santé Québec, sa PDG, Geneviève Biron, prend bien soin de diminuer les attentes. Ce n’est pas demain, dit-elle, que les patientes et les patients verront un changement concret dans leur capacité à obtenir les soins et les services dont ils ont besoin.

Cela ne doit pas nous étonner. Des rebrassages de structures en santé et services sociaux, on en vit chaque fois qu’un nouveau gouvernement est élu depuis 25 ans. Fusionner les services et centraliser les décisions n’a rien d’une idée neuve. On nous dira qu’on ne perd rien à essayer… Pourtant, les travailleuses et les travailleurs du réseau qui subissent sans cesse ces réformes n’ont vu qu’une détérioration de la situation. D’autant plus que ces réformes, tout comme celle menant à la création de Santé Québec, étaient accompagnées d’une commande politique néfaste d’austérité. Ils attendent encore un vrai changement.

Ce vrai changement, c’est de miser à 100 % sur notre réseau public une bonne fois pour toutes et de fermer pour de bon la porte à la privatisation. Depuis 25 ans, nos gouvernements n’ont cessé de privatiser le réseau au point où le Québec est aujourd’hui l’endroit au Canada où le privé joue le plus grand rôle dans le système. Est-ce que cela a amélioré la situation ? Bref, si le privé faisait partie de la solution, on le saurait !

Au contraire, ce qu’on est forcés de constater, c’est que les gens ont de moins en moins accès aux soins et aux services requis par leur état de santé. Loin d’être complémentaire au public, le privé s’érige en concurrent du réseau public et en vampirise les ressources. Au bout du compte, même si de plus en plus de services offerts au privé sont couverts par l’assurance maladie, cela nous coûte collectivement très cher. Pensons aux agences privées de placement de personnel qui exigent un profit chaque fois qu’un établissement fait appel à elles pour pallier les problèmes de main-d’œuvre… des problèmes créés précisément par ces agences qui s’arrachent ce personnel.

Pour nous, la seule manière de changer les choses pour toutes les Québécoises et tous les Québécois est de revaloriser d’urgence le réseau public. À cet effet, nous proposons trois mesures qui permettront de stopper la privatisation en cours :

  • Mettre fin à l’exode des médecins vers le secteur privé ;
  • Cesser d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif ;
  • Décréter un moratoire sur tous les projets de privatisation du travail et des tâches effectués par le personnel du réseau public.

Ces mesures peuvent être mises en place très rapidement. Tout ce dont le gouvernement a besoin, c’est de courage politique.

Drame inacceptable à l’établissement de détention de Sorel-Tracy: le SAPSCQ-CSN, la FEESP-CSN et la CSN témoignent leur soutien et exigent des actions immédiates

À la lumière de l’agression violente survenue à l’établissement de détention de Sorel-Tracy, Mathieu Lavoie, pour le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ-CSN), Stéphanie Gratton, 1ère vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) et Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) tiennent à exprimer leur solidarité envers l’agent blessé, ses collègues et ses proches, tout en dénonçant vigoureusement l’inaction qui a menée à cette tragédie.

« C’est avec une grande colère que nous avons appris que l’un de nos membres a été sauvagement agressé, a déclaré Mathieu Lavoie, président du SAPSCQ-CSN. Nos pensées vont d’abord à lui, à ses proches, et à ses collègues qui subissent les répercussions de cet événement bouleversant. Personne ne devrait avoir à affronter une telle violence dans le cadre de son travail. »

M. Lavoie a rappelé que ce drame met en lumière une réalité dénoncée par le syndicat depuis des années : « Le manque flagrant de personnel dans nos établissements est une bombe à retardement. À plusieurs reprises, nous avons averti les gens concernés que cette situation critique mènerait à des accidents incidents. Malheureusement, aujourd’hui cela s’est produit. »

Il a également souligné l’urgence d’agir pour assurer la sécurité des agents correctionnels : « Nous exigeons que le gouvernement comble les postes vacants et mette fin à cette surcharge insupportable. Il faut aussi fournir des ressources adaptées pour gérer les crises et soutenir les agents qui subissent des traumatismes au quotidien. La santé psychologique, tout comme la sécurité physique, doit être une priorité. Nous sommes à 100 % aux côtés de notre collègue blessé. Il ne traversera pas cette épreuve seul. »

Stéphanie Gratton, 1ère vice-présidente de la FEESP-CSN, a ajouté : « C’est avec une immense tristesse et beaucoup d’empathie que nous témoignons notre solidarité envers cet agent correctionnel qui a vécu l’horreur au travail. Nous souhaitons de tout cœur qu’il se rétablisse rapidement et qu’il ait accès à toutes les ressources nécessaires pour surmonter ce traumatisme. »

Mme Gratton a dénoncé l’inaction prolongée du ministère de la Sécurité publique : « Cela fait trop longtemps que cette situation perdure dans nos établissements correctionnels provinciaux. L’inaction est honteuse, et ce drame illustre de manière brutale les conséquences de leur immobilisme. Nous exigeons des actions immédiates et concrètes pour garantir la sécurité des membres et éviter d’autres tragédies. »

Caroline Senneville, présidente de la CSN, a également exprimé son soutien et insisté sur les enjeux plus larges de la violence en milieu de travail : « Je suis profondément émue et bouleversée par ce drame. À cet agent blessé, à ses proches et à ses collègues, je veux témoigner de tout mon soutien et leur dire qu’ils ne sont pas seuls dans cette épreuve. »

Mme Senneville a rappelé l’urgence d’une mobilisation collective : « Aucun travailleur ne devrait craindre pour sa vie en se rendant au travail. La violence sous toutes ses formes est inacceptable dans une société qui aspire à la justice et à l’équité. La CSN renouvelle son engagement à se battre pour la sécurité et la dignité de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs. Nous sommes solidaires et déterminés à faire en sorte que personne n’ait à revivre un tel drame. »

N.B. Les organisations syndicales ne commenteront pas sur les détails de la situation ou sur l’état de santé de l’agent correctionnel.

 

Santé Québec: un chaos annoncé

À quelques jours du 1er décembre, date à laquelle Santé Québec deviendra l’employeur unique des salarié-es du réseau public de la santé et des services sociaux, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) constate que la naissance de l’agence de gestion s’accompagne d’un nuage d’incertitude, d’improvisation… et de coupes budgétaires imposées par le gouvernement.

« Il n’y a personne, que ce soit parmi le personnel, les organismes communautaires, les chercheurs ou les représentants des patients, qui croit vraiment que cette réforme-là va améliorer les services ou le réseau », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Les Québécoises et les Québécois non plus ne le pensent pas, en grande majorité. Cette réforme, comme celles qui l’ont précédée, c’est plus de centralisation et plus de privatisation. La CAQ ne fait que répéter les erreurs du passé. »

De plus, le tout se déroule alors que le gouvernement impose une cure d’austérité aux soins de santé et aux services sociaux. Sans aucune transparence, des objectifs de coupes totalisant au moins 1,5 milliard $ ont déjà été identifiés.

Comme les autres réformes hyper centralisatrices imposées ces 20 dernières années, celle-ci s’accompagne d’une ronde de compressions budgétaires, avec pour conséquence assurée un secteur public encore plus mal en point. Par le fait même, le privé poursuivra son essor pour occuper l’espace laissé vacant par le secteur public.

Centralisation, privatisation, austérité… voilà les ingrédients d’un vieux remède maintes fois servi au réseau public et n’ayant jamais amélioré son état !

 

Des choix politiques de la CAQ

Dès lundi, Santé Québec devra jongler avec les nombreux cadeaux empoisonnés que lui lègue le gouvernement. Des commandes d’austérité aux retards de paiements de l’équité salariale en passant par le gel d’embauche, c’est bien le gouvernement de la CAQ qui a fait tous ces choix politiques. Pour la CSN, agence ou pas, le gouvernement devra répondre de ses choix.

« Depuis que le ministre a annoncé sa réforme centralisatrice, nous avons soulevé les problèmes qui nous attendent et nous avons des pistes de solutions. Or, le ministre fonce sans nous écouter et sans nous parler, déplore le président de la Fédération de la santé et des services sociaux, Réjean Leclerc. Présentement, Santé Québec nage dans l’improvisation complète et l’employeur n’a pas de réponse à nos questions. Il y a 350 000 personnes qui se demandent ce qui va changer ou pas pour elles à compter de lundi et elles n’ont aucune réponse. Leurs gestionnaires eux-mêmes n’en savent souvent rien. C’est inadmissible. »

 

Responsabilité gouvernementale

« Le gouvernement joue un jeu dangereux », renchérit la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Jessica Goldschleger. « Notre réseau public de la santé et des services sociaux n’est pas un jouet qu’on peut s’amuser à démolir et à rebâtir. Les conséquences de cette improvisation peuvent être désastreuses, non seulement sur le plan financier, mais également sur le plan humain. Le gouvernement aura beau tenter de refiler la responsabilité de cet échec aux dirigeants de Santé Québec, le personnel du réseau et la population québécoise ne sont pas dupes. Nous savons très bien que c’est lui qui en est véritablement responsable. »

 

Pour un réseau vraiment public

Rappelons que la CSN propose un plan d’urgence pour stopper l’hémorragie vers le privé :

  • en mettant fin à l’exode des médecins vers le secteur privé ;
  • en cessant d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif ;
  • en décrétant un moratoire sur tous les projets de privatisation du travail et des tâches effectués par le personnel du réseau public.

« À la CSN, nous continuerons de travailler sans relâche pour assurer des emplois et des services de qualité dans le secteur public », conclut Caroline Senneville. « Pour nous, c’est très clair : Pas de profit sur la maladie ! »

 

À propos

Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada. En santé et services sociaux, la CSN, c’est plus de 125 000 travailleuses et travailleurs de toutes les catégories de personnel réunis au sein de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et de la Fédération des professionnèles (FP–CSN)

 

L’entente du Front commun a permis de diminuer l’écart de rémunération

Les données présentées par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) confirment que le règlement conclu entre le Front commun et le gouvernement a permis de réduire l’écart salarial et l’écart de la rémunération globale entre les travailleuses et les travailleurs des services publics et les autres salariés du Québec.

« Grâce à la lutte des 420 000 travailleuses et travailleurs réunis en Front commun, l’écart de rémunération a globalement diminué, et ce, malgré différentes ententes survenues dans d’autres secteurs sur lesquels se basent les comparatifs de l’ISQ. C’est un pas dans la bonne direction, mais nous avons encore du chemin à parcourir! », de faire valoir les porte-parole du Front commun, François Enault, 1er vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l’APTS.

« Nous l’avons dit dès le départ, si cette entente n’est pas parfaite, elle constitue tout de même une base solide pour amorcer un rattrapage avec les autres secteurs. Si les écarts de rémunération diminuent, c’est bon pour l’attractivité de nos réseaux, mais encore faut-il pouvoir retenir les travailleuses et les travailleurs! Les membres nous ont clairement indiqué qu’il reste beaucoup de travail à faire sur les conditions de travail et d’exercice dans nos réseaux publics. On doit continuer la lutte et on peut y travailler sans attendre la prochaine convention collective. Ce n’est certainement pas avec des gels d’embauches et le non-renouvellement des contrats temporaires qu’on permet aux effectifs de reprendre leur souffle. »

Sur le plan de la rémunération globale (qui tient compte à la fois des salaires, des avantages sociaux de la semaine normale de travail et des congés), le retard des travailleuses et des travailleurs des services publics comparativement aux autres salariés du Québec est de 2,1 %. Le retard des salaires est quant à lui de 11,4 % comparativement à 16,6 % en 2023.

L’enquête de l’ISQ démontre par ailleurs, de manière indirecte, que le gouvernement peine à conserver les travailleuses et les travailleurs d’expérience. En effet, lorsqu’on compare le taux de progression, on constate que la force vive du secteur public se retrouve plus bas dans les échelles salariales, ce qui traduit une main-d’œuvre moins expérimentée par rapport aux autres secteurs.

Les chiffres mis de l’avant par l’ISQ concernent l’ensemble des salariés québécois. Ainsi, on constate que les travailleuses et les travailleurs des services publics accusent du retard avec l’administration municipale (28,2 %), les entreprises publiques (11,9 %) et l’administration fédérale (12,2 %). Chez les ouvriers spécialisés (menuisiers, électriciens, plombiers et autres), le retard est passé de 32,6 % à 24,4 %.

En bref

  • Retard salarial avec les autres salariés québécois : 11,4 %;
  • Retard de rémunération globale avec les autres salariés québécois : 2,1 %;
  • Pourcentage de femmes parmi les membres représentés par le Front commun : 78 %.

Rappelons que le Front commun a négocié une convention collective qui prévoyait des augmentations de 6 % rétroactives au 1er avril 2023 et de 2,8 % en 2024. Pour les trois dernières années de la convention, les augmentations prévues sont de 8,6 % et sont bonifiées par une clause de protection du pouvoir d’achat pouvant aller jusqu’à 1 % de plus par année.

À propos du Front commun

Ensemble, la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS représentent plus de 420 000 travailleuses et travailleurs de l’État québécois dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur.

Des centaines d’agents correctionnels manifestent à Ottawa

Des centaines d’agents correctionnels fédéraux se sont rassemblés devant les bureaux du Conseil du Trésor pour réclamer une augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail. Le Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) négocie avec ses homologues depuis près de trois ans et la dernière offre du gouvernement demeure loin d’être acceptable.

Une offre qui ne tient pas compte de la nature du travail.

Les agents correctionnels fédéraux ont des conditions de travail particulières.   Pourtant, l’offre actuelle d’augmentation salariale de 12,5 % sur quatre ans témoigne d’un manque évident de compréhension de ce simple fait. C’est pourquoi des centaines d’agents correctionnels de tout le pays se sont rassemblés aujourd’hui devant les bureaux du Conseil du Trésor. « Aujourd’hui, nous sommes unis, non seulement en tant qu’agents correctionnels, mais aussi en tant que pilier du système correctionnel canadien. Chaque jour, nous assumons l’un des rôles les plus difficiles et les plus critiques de notre pays. On gère les risques, on maintient la sécurité et on accomplit un travail que la plupart des gens ne peuvent même pas comprendre », ajoute Jeffrey Wilkins, président national d’UCCO-SACC-CSN. « Le rassemblement d’aujourd’hui a pour but de dire à l’employeur que nous ne reculerons pas tant que notre rôle unique ne sera pas respecté. Nous prenons position aujourd’hui non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour l’avenir de notre profession, pour ceux qui suivront nos traces et pour le système correctionnel auquel nous croyons tous ».

Très peu d’avancées à la table des négociations

Malgré les quelques avancées à la table de négociation, l’offre présentée par l’employeur est toujours de 12,5% sur 4 ans, sans indemnité de danger et sans prime de risque COVID. De plus, l’employeur semble très déterminé à restructurer les horaires des agents correctionnels, ce qui obligerait les membres à travailler plus de jours tout au long de l’année. « Le rassemblement d’aujourd’hui démontre notre force collective. Nous continuerons à faire appel à nos membres pour que nos voix soient entendues, que nos revendications soient satisfaites et que nos contributions à la sécurité publique soient respectées », conclut Jeffrey Wilkins.

À propos de l’UCCO-SACC-CSN

Le Syndicat des agents correctionnels du Canada (UCCO-SACC-CSN) représente plus de 7 500 membres travaillant dans des institutions fédérales à travers le Canada.

Plusieurs milliers de personnes réunies contre le privé en santé

Sous le thème Pas de profit sur la maladie, le rassemblement contre la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux a réuni plusieurs milliers de militantes et militants de la CSN au Colisée de Trois-Rivières, ce samedi.

« C’est une véritable démonstration de force qu’on a réalisée. Que le gouvernement se le tienne pour dit : les Québécoises et les Québécois ont à cœur leur réseau public et sont prêts à se mobiliser pour le défendre », s’est exclamée la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Lors de l’événement animé par la comédienne Eve Landry, on a pu voir la rappeuse Sarahmée, le groupe Valaire et l’humoriste Christian Vanasse sur scène, en plus de la chercheuse Anne Plourde et de la Dre Élise Girouard-Chantal de Médecins Québécois pour un régime public (MQRP), qui se sont adressés à la foule. Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire et Paul St-Pierre-Plamondon, chef du parti Québécois se sont également joints à l’événement.

Un plan d’urgence
Durant cette journée électrisante, trois revendications politiques ont également été rendues publiques afin de répondre rapidement à la crise d’accès aux soins de santé. Tout d’abord, la CSN demande au ministre de la Santé de freiner l’exode des médecins vers le secteur privé, une fois pour toutes. Pour y arriver, le ministre pourrait tout simplement signer un arrêté ministériel, comme il l’a récemment fait pour les optométristes.

La CSN demande aussi au gouvernement de cesser d’octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif dès maintenant. Pour la centrale, rien ne justifie la propagation d’entreprises dont le seul objectif est de profiter de la maladie des gens. Finalement, la CSN demande au gouvernement d’instaurer un moratoire sur tous les types de privatisation du travail et des tâches présentement accomplies au public. On parle d’agences de placement, de buanderies, de l’entretien des bâtiments, du transport de patients, etc. La centrale demande au gouvernement de mettre en place ses trois revendications d’ici le 1er mai prochain, sinon elle promet de faire monter la pression.

Un réseau gratuit, universel et public

Récemment, les Québécoises et les Québécois ont entendu plusieurs ténors de la privatisation du réseau de la santé vanter les mérites de cette privatisation pour améliorer l’accès aux soins de santé. Souvent, le mouvement syndical était pointé du doigt comme étant un acteur d’immobilisme qui refuse de voir la solution pour rendre enfin notre réseau plus efficace.

La CSN réfute cette perspective. Accuser les syndicats, c’est faire porter aux travailleuses et aux travailleurs le poids de l’immobilisme alors que l’ensemble des gouvernements successifs n’ont toujours qu’un message à répéter : il nous faut l’aide du privé. L’immobilisme, c’est eux.

Car le privé est loin d’être une solution miracle aux problèmes d’engorgement du réseau. Les Québécoises et les Québécois sont bien placés pour le savoir, puisque le privé occupe une place croissante dans leur réseau depuis 40 ans. En fait, la première ligne est presque entièrement privée avec la mise en place des Groupes de médecine familiale, les GMF, qui peinent à répondre à la demande. Parallèlement, le gouvernement ne cesse de transférer des opérations vers des cliniques médicales privées. Pourtant, voyons-nous les listes d’attente considérablement diminuer ? Non, et ce transfert coûte cher : L’IRIS dévoilait que les chirurgies coûtent jusqu’à 150 % plus cher lorsqu’elles sont effectuées au privé. Plus efficace, vous dites ?

Prenons le cas de l’Institut économique de Montréal (IEDM). Il va jusqu’à prétendre que le privé pourrait être un moyen d’atteindre l’idéal d’universalité visé par le réseau de la santé. De quelle universalité parle-t-on ? De la clinique médicale privée qui exige un abonnement de 3000 $ par année ou de 200 $ la visite ? Pouvons-nous vraiment croire que le gouvernement, en pleine réintroduction de mesures d’austérité dans le réseau, incluant des gels d’embauches et des abolitions de postes, a les moyens de garantir des marges de profits allant jusqu’à 15 % pour des entreprises privées ? L’austérité et l’utilisation d’entreprises à but lucratif payées à même les impôts risquent davantage de nous mener vers la réduction des services que vers l’universalité.

On dit même que la Suède et la France auraient laissé entrer le privé dans leurs réseaux respectifs au bénéfice de la population. Ce que la statistique ne dit pas, c’est que ces pays ont aussi des proportions de médecins beaucoup plus grandes qu’au Québec, qui détient par ailleurs le plus faible taux de médecin par personne dans les pays de l’OCDE.

Le réseau de la santé public, gratuit et universel, est plus qu’un modèle d’affaires. C’est un projet de société. C’est l’un des legs les plus précieux de la Révolution tranquille. À la base, c’est un modèle qui, notamment grâce aux CLSC, permet de prévenir plutôt que de guérir. Mais soigner à grands frais, c’est beaucoup plus rentable pour les entrepreneurs de la santé.

On essaiera de vous faire croire que le privé est plus flexible, plus compétitif. Ne tombez pas dans le panneau. Le privé est un modèle d’affaires qui vise à réaliser du profit sur la maladie des autres et ça, ça n’a pas sa place au Québec.

Dubé fait la démonstration qu’il a les pouvoirs d’agir pour rapatrier les médecins au public

Réagissant à la décision du ministre Dubé de forcer le rapatriement des optométristes sous le régime public, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) constate que lorsque le ministre a la volonté de contraindre des professionnels de la santé à exercer dans le réseau public, il a les pouvoirs de le faire. Elle insiste donc pour qu’il fasse preuve de lamême volonté avec les médecins du réseau qui exercent au privé.

« L’heure n’est plus aux mesurettes, il faut une solution structurante pour freiner l’exode des médecins vers le privé. Le gouvernement le démontre ce matin, tout ce dont on a besoin, c’est de volonté politique et de manière soutenue », explique Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Le 27 octobre dernier, la CSN exhortait justement le gouvernement à agir par voie d’arrêté ministériel pour freiner cet exode.

« Quand un médecin part vers le privé, il ne part pas seul : il amène toute une équipe de travailleuses et de travailleurs avec lui. Cette désertion affaiblit notre réseau, amplifie le cercle vicieux du manque de ressources et allonge les listes d’attente », ajoute Mme Senneville.

Un grand rassemblement

Ce samedi 23 novembre, la CSN rassemblera des milliers de militantes et de militants au Colisée Vidéotron de Trois-Rivières dans un événement à grand déploiement contre le privé en santé. L’événement sera animé par la comédienne engagée Eve Landry et réunira des invité-es de marque comme la rappeuse Sarahmée, le groupe Valaire, l’humoriste Christian Vanasse, la chercheuse Anne Plourde ainsi que la Dre Élise Girouard-Chantal du regroupement des Médecins québécois pour un régime public (MQRP).

Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire ainsi que Paul St-Pierre-Plamondon du Parti Québécois prendront également la parole lors de ce rassemblement.

Un plan d’urgence pour freiner l’érosion du réseau de la santé et des services sociaux sera notamment présenté sur place et fait suite à la campagne Pas de profit sur la maladie que la CSN mène depuis plusieurs mois.

Un vaste soutien populaire pour les travailleuses en CPE

Les quelque 12 500 travailleuses en centres de la petite enfance (CPE), affiliées à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), ont déposé à l’Assemblée nationale une pétition de tout près de 20 000 signatures en appui à leurs revendications, parrainée par le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau. Ces travailleuses sont actuellement en négociation avec le gouvernement et elles proposent des solutions pour régler la pénurie de personnel et les bris de services qui menacent le réseau. Cette action de visibilité coïncide aussi avec la Journée mondiale de l’enfance.

« Les travailleuses sont épuisées par la surcharge de travail et voient leurs conditions d’emploi se détériorer d’année en année. D’ailleurs, elles sont de plus en plus nombreuses à délaisser la profession », explique la représentante du secteur des CPE de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), Stéphanie Vachon.

Le gouvernement de la CAQ devrait faire des pieds et des mains pour convaincre le personnel d’expérience de demeurer dans le réseau et attirer la relève. Malheureusement, il travaille à l’envers. Pourtant, les solutions sont claires : il faut une bonification substantielle des conditions d’emploi, notamment par de meilleurs salaires, par une charge de travail moins lourde et plus de ressources pour les services aux enfants.

« À l’heure actuelle, ce gouvernement nous offre des augmentations salariales largement inférieures à celles consenties au secteur public. Et pour y avoir droit, il nous demande d’accepter des reculs dans nos conditions actuelles d’emploi ! », témoigne Mme Vachon.

« Course aux places »
« Nous sommes devant un gouvernement qui manque de vision. Il a promis des places aux familles du Québec, une place pour chaque enfant, mais il néglige le fait que pour créer des places de qualité, ça prend des travailleuses qualifiées », affirme la vice-présidente responsable des secteurs parapublics et privés de la FSSS–CSN, Lucie Longchamp.

Plutôt que d’offrir des conditions valorisantes aux travailleuses en CPE, ce gouvernement se dépêche de créer des places à la va-vite, en recrutant du personnel non qualifié, qui quitte le réseau après quelques mois parce qu’il ne possède pas les outils nécessaires pour relever les défis de cette profession.

« Dans sa course aux places, ce gouvernement privilégie aussi les garderies privées en dépit des problèmes de qualité de ce modèle “d’affaires”, problèmes qui ont été longuement documentés, entre autres par la Vérificatrice générale du Québec. La recherche de profit est incompatible avec l’éducation des tout-petits », poursuit Mme Longchamp.

« La valorisation de la profession d’éducatrice en CPE est fondamentale pour assurer la consolidation et la pérennité d’un réseau de qualité. Ça passe par des conditions de travail et des conditions salariales dignes de la fonction qu’elles occupent. L’ampleur de la réponse de la population à cette pétition démontre toute l’appréciation qu’ont les familles pour ces travailleuses. Le gouvernement doit enfin saisir le message et agir en conséquence », ajoute le porte-parole du Parti Québécois en matière de CPE, Joël Arseneau.

Les travailleuses en CPE peuvent aussi compter sur l’appui des organismes Ma place au travail et Valorisons ma profession pour demander au gouvernement d’offrir des conditions respectables aux travailleuses en CPE afin d’honorer sa promesse faite aux familles du Québec de compléter le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance.

À propos
La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) constitue l’organisation syndicale la plus importante dans le secteur des centres de la petite enfance (CPE) au Québec. Elle regroupe 80 % des CPE syndiqués, pour quelque 12 500 travailleuses et travailleurs.

Fondée en 1921, la CSN est une organisation syndicale qui œuvre pour une société solidaire, démocratique, juste, équitable et durable. À ce titre, elle s’engage dans plusieurs débats qui intéressent la société québécoise. Elle regroupe plus de 330 000 travailleuses et travailleurs réunis sur une base sectorielle ou professionnelle dans 8 fédérations, ainsi que sur une base régionale dans 13 conseils centraux, principalement sur le territoire du Québec.

Les employé-es de la SAQ en grève lundi

En dépit des nouvelles propositions déposées par ses 5000 employé-es, la direction de la SAQ crée à nouveau l’impasse à la table de négociation. Exaspérés par l’intransigeance de la partie patronale, ceux-ci exerceront une cinquième journée de grève aujourd’hui.

« Depuis le début octobre, l’employeur nous tient essentiellement le même discours : retirez toutes vos demandes, acceptez tous nos reculs et peut-être, un jour, on discutera de vos priorités. Cette position est inacceptable : nous avons identifié les enjeux prioritaires sur lesquels nous voulons travailler, nous avons retiré plusieurs demandes et nous avons fait une contre-proposition à l’offre salariale de la SAQ. Malgré cela, la SAQ refuse systématiquement de s’avancer le bout du nez et de nous indiquer comment elle compte répondre aux problèmes que nous vivons », déplore Lisa Courtemanche, présidente du Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN).

En effet, au cours des dernières rencontres de négociation, le syndicat a déposé une contre-proposition salariale de 20 % sur cinq ans, en réponse à l’offre initiale de 16,5 % sur six ans de la SAQ. Le syndicat a réitéré sa volonté d’obtenir un accès plus rapide au régime d’assurance des employé-es, qui doivent actuellement attendre sept ans avant d’y avoir droit. Les salarié-es désirent également protéger le nombre de postes réguliers, alors qu’à peine 30 % des employé-es peuvent compter sur de telles conditions.

« Il n’y a aucune entreprise au Québec qui fonctionne avec près de 70 % de ses employé-es sur une base aussi précaire », souligne la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Les revenus de la SAQ bénéficient à l’ensemble du Québec, mais ce n’est pas une raison pour maintenir des milliers d’employé-es dans une telle précarité. Attendre 12 ans avant d’avoir un horaire stable, 7 ans avant d’avoir droit à des assurances, ça n’a juste pas de bon sens. Qu’attend le ministre des Finances, Eric Girard, pour exiger à la SAQ de mieux traiter ses employé-es ? Faut-il lui rappeler que c’est en grande partie grâce à eux si la société d’État rapporte au gouvernement des dividendes de 1,4 milliard de dollars ? »

Pour la vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Stéphanie Gratton, la direction de la SAQ doit prendre acte de leur détermination à améliorer leurs conditions de travail. « La SAQ doit négocier en répondant aux demandes de ses employé-es. Ce n’est pas en imposant des conditions impossibles et en multipliant les ultimatums qu’on parvient à un règlement négocié. Le syndicat a effectué son exercice de priorisation au cours des dernières semaines, il est temps que la SAQ fasse le sien. »

Le Syndicat des employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN) représente les 5000 employé-es de magasins et de bureaux de la SAQ, partout au Québec. Il est affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), qui réunit plus de 425 syndicats représentant 65 000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics. Forte de ses 330 000 membres, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) est présente dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

Coupes dans les cégeps : le personnel dénonce les conséquences désastreuses qui en découlent

Des établissements aux installations désuètes, des budgets d’infrastructures amputés de moitié, des travaux de réparation stoppés net ou reportés et de nouveaux livres qu’on n’achète plus… Ce à quoi s’ajoute maintenant un gel d’embauche de certaines catégories de personnel de soutien et professionnel des cégeps annoncé par le gouvernement la semaine dernière.

« Pour un gouvernement qui dit que l’éducation est une priorité, il est clair pour nous qu’il est surtout déconnecté des réalités des cégeps. Comment peut-il sérieusement prétendre que ça n’aura pas d’impact ? », font valoir Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), et Éric Gingras, président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Comme dans un mauvais film d’horreur, la tronçonneuse du gouvernement Legault coupe sans ménagement dans les cégeps. Le personnel membre de la CSN et de la CSQ se mobilise pour dénoncer les conséquences bien concrètes qui découlent de ces compressions budgétaires.

Demain, jour de l’Halloween, celles et ceux qui tiennent à bout de bras nos établissements collégiaux sont invités à multiplier les actions de visibilité pour démasquer l’improvisation gouvernementale de même que ses conséquences sur la qualité de la formation. Des membres vont photographier et partager sur les réseaux sociaux des lieux et du matériel désuets ou endommagés tout en déplorant les projets mort-nés, d’autres vont écrire aux député-es de leurs circonscriptions afin d’exercer de la pression sur la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. Certains cégeps seront également ornés d’affiches et de bannières. Des tracts (des compressions qui font peur) seront aussi distribués alors que s’organiseront des rassemblements aux abords des collèges.

« Cesser de garnir nos bibliothèques de nouveautés, empêcher la réfection de piscines ou annuler des cours à la formation continue pendant que la population étudiante augmente et que la vérificatrice générale conclut à la vétusté des deux tiers des cégeps, c’est plus que préoccupant, c’est carrément irresponsable ! Au déficit budgétaire réduit s’ajoutera un déficit éducatif gonflé… bien plus dommageable pour l’avenir du Québec. Cela porte un nom : austérité ! », s’offusque Caroline Senneville.

Des coupes déguisées

Pour comble d’insulte, le coup de hache a été annoncé en catimini, en plein été, par la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry. Aucun débat public n’a été tenu. Le gouvernement choisit de pelleter par en avant les travaux qui s’imposent.

« Il est clair pour nous que le gouvernement joue sur les mots. Or, le gel d’embauche et les restrictions budgétaires se traduisent concrètement par des coupes dans nos milieux. Et les premiers à en faire les frais, ce sont le personnel et les étudiants. Nos cégeps manquent d’amour, et ces compressions en catimini n’arrangeront pas les choses, au contraire ! On a dit à la sortie des négos qu’il fallait un coup de barre pour assurer un investissement majeur dans le réseau collégial. Avec l’annonce de vendredi dernier, on s’éloigne sérieusement de cet objectif ! », conclut Éric Gingras.

Le personnel des collèges, déterminé à se lever pour les cégeps, va redoubler d’efforts, particulièrement à l’approche de la mise à jour économique du gouvernement Legault, afin de faire reculer la CAQ sur les compressions dommageables imposées au réseau.

Défense du réseau de la santé : la CSN souhaite faire une démonstration de force

Devant les difficultés d’accès au réseau de la santé qui s’accentuent, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) demande au ministre de la Santé, Christian Dubé, de mettre fin à l’exode des médecins qui quittent le régime public pour aller exercer au privé. 

En 2024, plus de 500 médecins de famille étaient désaffiliés du régime public d’assurance maladie (RAMQ) pour exercer uniquement au privé. Selon les données officielles de la régie, ce nombre a doublé depuis 2015 et quadruplé depuis 2009. 

« On nous dit souvent que le réseau de la santé est un gros bateau à faire bouger, mais le gouvernement n’a pas d’excuse sur ce point-ci ; il pourrait mettre fin à l’exode dès lundi, par simple arrêté ministériel, soutient la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Les médecins qui partent pour le privé diminuent nécessairement l’accès au réseau, mais privent aussi les Québécois du travail des infirmières, des agentes administratives et des préposées qui quittent avec les médecins », ajoute-t-elle.  

La proposition faite par la CSN est la première d’une série de mesures qui seront annoncées le 23 novembre prochain lors d’un rassemblement d’envergure tenu par la centrale syndicale. 

Un grand rassemblement 

Dans un peu moins d’un mois, la CSN rassemblera des milliers de militants au Colisée Vidéotron de Trois-Rivières. L’événement sera animé par la comédienne engagée Eve Landry et réunira des invités de marque comme la rappeuse Sarahmée, le groupe Valaire, l’humoriste Christian Vanasse, la chercheuse Anne Plourde, le regroupement Médecins Québécois pour un régime public (MQRP) et plusieurs autres. 

Un plan d’urgence pour freiner l’érosion du réseau de la santé et des services sociaux sera notamment présenté sur place et fait suite à la campagne Pas de profit sur la maladie que la CSN mène depuis plusieurs mois. 

« Partout au Québec, un nombre croissant de travailleuses et de travailleurs sont préoccupés par la privatisation du réseau de la santé. Cet événement est un signal que la CSN envoie au gouvernement de la CAQ. Les Québécoises et les Québécois tiennent à leur réseau et ils sont prêts à le défendre ! », conclut Caroline Senneville.