Après le rapport de force examiné hier, l’assemblée s’est penchée sur la résilience en ouverture du jour deux, du congrès du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie. Les deux invitées, Mélissa Généreux et Cindy Stewart étaient aux premières loges pour témoigner de la résilience des habitantes et habitants de Lac-Mégantic en 2013. À l’époque, l’une était directrice de santé publique en Estrie et l’autre, travailleuse sociale dans l’équipe de santé publique.
Leur présentation débute par un tour d’horizon du concept de résilience, qu’on rencontre à la fois sur les plans individuels, collectifs et organisationnels. Pour les organisations, il s’agit de pouvoir absorber les inévitables chocs et de se transformer pour y faire face, mais aussi d’affronter les enjeux du quotidien et de prendre soin des personnes qui le constituent.
Les liens à faire avec le mouvement syndical sont nombreux, quand on sait qu’un chaînon n’est jamais aussi fort que son maillon le plus faible. Et les chocs ne manquent pas dans les syndicats : qu’on parle de grief, de conflit de travail ou tout simplement de négociation difficile, les moments où la résilience est nécessaire sont nombreux.
Camille Derome en sait quelque chose. Présidente du syndicat au Zoo de Granby pendant le lock-out de sept mois, elle a été témoin de l’importante démonstration de résilience des travailleuses et des travailleurs. Pendant la période de questions qui suit la présentation, elle explique qu’un lock-out, c’est un marathon. Pendant cette période, le groupe s’est organisé pour préserver la culture organisationnelle et les liens sociaux qui lui permettraient de tenir sur le long terme. Ce sont les activités à l’apparence anodines qui ont donné aux membres l’endurance nécessaire : les manifestations sous forme de yoga, les cuisines collectives ou les assemblées générales précédées de jeux de société sont autant d’initiatives aux impacts intangibles qui, additionnées, ont permis au groupe d’obtenir gain de cause.
Comme organisation, la CSN déploie des réseaux d’entraide soutenus par des pairs qui outillent certains membres pour les aider à sortir de l’isolement, lorsqu’ils rencontrent des moments difficiles. De façon plus structurelle, la démocratie interne de la CSN la distingue de plusieurs autres centrales. Sa structure, qui part de la base et qui permet souvent aux membres de « faire du sens » et de s’approprier les décisions, peut avoir des effets positifs sur leur résilience. Ce faisant, on réduit le sentiment d’aliénation que l’on peut ressentir lorsqu’on perçoit une distance ou une déconnexion face à une grande organisation. Avec une perspective de santé publique, les présentatrices font écho à des concepts de démocratie industrielle ou ouvrière.