Le gouvernement prépare actuellement une politique nationale de soutien à domicile. À lire les déclarations de la ministre déléguée à la Santé et aux Aîné-es, Sonia Bélanger, on comprend que le gouvernement de la CAQ a statué sur un certain nombre d’orientations : l’augmentation des services doit se faire en dehors du secteur public et les personnes utilisatrices devront payer de leur poche pour les recevoir.
Cette approche remet en question le rôle des quelque 7000 auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) qui assurent ce type de soins dans le système public. La plupart d’entre elles sont membres de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), qui tenait le 18 mars dernier son 3e Forum sur les soins à domicile.
Les ASSS sont méconnues de la population générale. Elles travaillent au sein d’équipes multidisciplinaires du secteur public assurant les suivis médicaux et sociaux à domicile. Ces intervenantes sont celles qui côtoient le plus régulièrement les bénéficiaires à leur résidence. Elles disposent d’une formation professionnelle spécifique et comme pour de nombreux autres travailleuses et travailleurs du réseau, leur métier a considérablement évolué. On leur confie de plus en plus d’actes et de tâches qui auparavant relevaient d’autres professionnel-les.
Un potentiel mal exploité
ASSS depuis 14 ans, Geneviève Bouchard fait partie d’un comité ad hoc de la FSSS–CSN et a travaillé sur un mémoire présenté au gouvernement. « On constate le vieillissement de la population, l’explosion des besoins en soutien à domicile et le gouvernement ne tire pas le maximum de tout le potentiel que les ASSS offrent, déplore-t-elle. On n’est pas des laveuses ! On décharge nos collègues professionnelles, les infirmières. On peut détecter des abus, des difficultés familiales et faire de la prévention. On crée des liens d’attachement qui sont importants avec ces personnes, habituées à nous voir. En favorisant les traitements du secteur privé, on renonce à tous ces avantages offerts à la population et au système lui-même ».
Mme Bouchard souligne que « de faire appel au privé coûte plus cher, que les personnes soignantes n’ont pas reçu la même formation et qu’elles n’ont aucun lien avec l’équipe multidisciplinaire du CLSC ».
« Pour nous c’est clair, l’amélioration du soutien à domicile, ça passe par le financement de services publics universels, explique le représentant des services auxiliaires et métiers à la FSSS–CSN, Guillaume Clavette. En misant sur le principe d’utilisateur-payeur au lieu de favoriser le secteur public, le gouvernement vient affaiblir le réseau qui y perd beaucoup d’expertise. Ça va entraîner plus de roulement, pour les personnes traitées comme pour les équipes de travail. »
Guillaume suit de très près les intentions du ministère. À la mi-mai, il participait à une journée de concertation sur le soutien à domicile, journée convoquée par le gouvernement. Le ministère se rapproche ainsi du dévoilement de sa nouvelle politique en soins à domicile.
« On veut influencer la nouvelle politique en aide à domicile, explique Guillaume. On va remettre au gouvernement notre bilan du dernier forum des ASSS. On va plaider pour remettre les auxiliaires au cœur des opérations, au sein des CLSC. »
La FSSS–CSN et la Fédération des professionnèles–CSN ont présenté leur vision du soutien à domicile plus tôt cette année à l’occasion de consultations menées par le ministère.
Geneviève Bouchard demeure déterminée à faire valoir la valeur ajoutée des ASSS pour toute la société. Pour elle, c’est une histoire de cœur. « Les personnes qui bénéficient de nos soins sont tellement reconnaissantes. On va aider leur famille avec de petites contributions qui auraient probablement nécessité un déplacement en clinique ou à l’hôpital. On fait de la vraie prévention auprès des patientes et patients en leur conseillant de voir un physio ou une infirmière, par exemple. » ●