Le gouvernement de la Coalition avenir Québec a choisi la voie du repli, des coupes, de la confrontation et du déni de la démocratie.
Avec la multiplication des compressions dans les services publics, avec le sous-financement des programmes sociaux ainsi que les nombreux ratés économiques et les attaques aux contre-pouvoirs, le gouvernement Legault s’engage dans un virage à droite qui met en péril le Québec que des générations ont bâti ensemble.
Les principales organisations syndicales du Québec, de nombreux organismes communautaires et de la société civile tirent aujourd’hui la sonnette d’alarme. Ce gouvernement, élu pour servir la population, semble avoir oublié que la prospérité d’une société se mesure à la qualité de ses services publics, à la vitalité de son économie, à sa capacité de s’occuper de l’ensemble de personnes qui la composent, et au respect des droits de celles et ceux qui y travaillent.
Depuis plus de cinquante ans, faut-il le rappeler, le Québec a choisi une voie singulière. Là où d’autres administrations nord-américaines ont privilégié la confrontation, la dérégulation ou le rapport de force unilatéral, nous avons bâti un modèle fondé sur la concertation et le paritarisme. Ce choix n’a jamais été un accident : il découle d’une vision et d’une réflexion commune. Cette réflexion qui considère que l’économie ne s’oppose pas à la justice sociale, mais qu’elles se renforcent mutuellement.
Or, depuis des mois, les scandales économiques et les annonces de compressions se succèdent. Pendant que les écoles manquent de personnel, que les hôpitaux débordent, que les délais d’accès aux services s’allongent, que les travailleuses et travailleurs des industries subissent des contrecoups économiques, de plus en plus de familles fréquentent les banques alimentaires et peinent à se loger. Que fait le gouvernement ? Il brandit le spectre d’une austérité qu’il refuse de nommer, mais dont les effets sont déjà bien réels.
Le gouvernement en rajoute en s’attaquant, d’une part aux droits fondamentaux des travailleuses et travailleurs, et de l’autre en voulant forcer une transparence prétendument inexistante, mais dont l’objectif est de torpiller la capacité d’action des syndicats.
Soyons clairs : en voulant restreindre le champ d’action des organisations syndicales, c’est l’ensemble de la société civile qui se retrouve attaquée de front. Le Barreau du Québec réagissait il y a quelques jours à cette dérive, déplorant « … que plusieurs projets de loi récemment présentés à l’Assemblée nationale du Québec incluent des dispositions qui entravent significativement la capacité des citoyens et des citoyennes à faire valoir leurs droits et leurs opinions ».
En s’attaquant ainsi aux syndicats et aux organismes de la société civile, le gouvernement s’en prend aux principaux contrepoids démocratiques du Québec. Parce que l’histoire le prouve : là où les syndicats et leurs allié-es sont muselés, les inégalités explosent, les droits régressent et la démocratie sociale recule.
Face aux dérives autoritaires et liberticides du gouvernement, nous appelons à une réplique collective. Le 29 novembre prochain, un grand rassemblement se tiendra à Montréal sous le thème « Dans la rue pour le Québec ».
Ce rassemblement sera l’occasion de rappeler au gouvernement que le Québec n’est pas à vendre, qu’il ne se gère pas comme une entreprise, et que la démocratie sociale ne se négocie pas au rabais. Et surtout, que ce n’est pas à celui qui porte le bonnet d’âne en matière de gestion de projets informatiques de nous tracer la voie. Nous rappellerons haut et fort que la population mérite mieux que les politiques d’austérité et de division d’un gouvernement qui méprise la démocratie en multipliant les lois adoptées sous bâillon.
Nous invitons donc l’ensemble de la société civile – les groupes communautaires, les associations étudiantes, les organismes féministes, environnementaux et culturels et tous les autres – à se joindre à nous. Nous marcherons pour affirmer que la justice sociale n’est pas négociable, et qu’on ne bâtit pas une société forte en rétrécissant le débat. Ensemble, faisons entendre la voix d’un Québec fier, solidaire et résolument tourné vers l’avenir.
Signée par les principales organisations syndicales et de nombreux organismes de la société civile :
- Robert Comeau, président de l’APTS
- Luc Vachon, président de la CSD
- Caroline Senneville, présidente de la CSN
- Éric Gingras, président de la CSQ
- Mélanie Hubert, présidente de la FAE
- Julie Bouchard, présidente de la FIQ
- Magali Picard, présidente de la FTQ
- Christian Daigle, président du SFPQ
- Guillaume Bouvrette, président du SPGQ
- Yasmina Moudda, directrice générale par intérim d’Alternatives
- France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale
- Claude Vaillancourt, président d’Attac Québec
- Vincent Chevarie, porte-parole d’Au bas de l’échelle
- Carole Yerochewski, de la Campagne québécoise pour la régularisation et la justice migrante
- Amélie Nguyen, coordonnatrice du Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
- Cheolki Yoon, président du conseil d’administration du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI)
- Philippe Crevier, de la Coalition Main Rouge
- Daniel Cayley-Daoust, de la Coalition des Tables Régionales d’Organismes Communautaires (CTROC)
- Geneviève Lamarche, coordonnatrice de la Coalition Solidarité Santé
- Serge Petitclerc, coordonnateur, volet associatif et politique du Collectif pour un Québec sans pauvreté
- Sheba Akpokli du Conseil Québécois LGBT
- Christopher Zéphyr, président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ)
- Sara Arsenault, de la Fédération des femmes du Québec (FFQ)
- Véronique Laflamme, du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
- Laurence Guénette, coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés
- Gabrielle Renaud, coordonnatrice à la vie associative et à l’éducation populaire autonome du Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MÉPACQ)
- Amel Zaza, directrice de l’Observatoire pour la justice migrante
- Marie-Gervaise Pilon, vice-présidente de Québec Réunifié
- Sylvain Lafrenière, du Regroupement des organismes en défense collective des droits (RODCD)
- Mélanie Gauvin, directrice du Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ)
- Claudia Fiore-Leduc, du Réseau québécois de l’action communautaire autonome (RQ-ACA)
- Stephan Reichhold, directeur général de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)
- Stéphanie Vallée, présidente de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (TTRPOCB)
- Adam Pétrin, Uni-es pour l’école
- Caroline Laberge, Uni-es pour la santé
- Flora Dommanget, présidente de l’Union étudiante du Québec (UEQ)
- Maxime Dorais, codirecteur général de l’Union des consommateurs
- Félix Lapan, de l’Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades
- Cymry Gomery, coordonnatrice de World beyond war







