Le procès d’Amazon débute vendredi

Après plusieurs objections préliminaires et autres mesures dilatoires, c’est ce vendredi, devant le Tribunal administratif du travail, que s’ouvrira enfin le procès d’Amazon. La multinationale américaine est en effet l’objet d’un recours intenté par la CSN à la suite de la fermeture, en janvier dernier, de ses sept entrepôts situés au Québec.

Cette décision constitue un « vaste subterfuge » visant à se soustraire de ses obligations prévues à la loi et à éradiquer toute présence syndicale au sein de l’entreprise, soutient la centrale syndicale dans sa plainte déposée le 20 février dernier. « La multinationale ne cesse pas ses activités de vente en ligne sur le territoire. Elle choisit de réorganiser ses activités dans le but d’éluder ses obligations d’employeur en vertu du Code du travail », précise la requête déposée en vertu des articles 12, 13, 14 et 53 du Code du travail.

Devant la juge Irène Zaïkoff, le procès s’ouvrira par le témoignage du président d’Amazon Canada Fulfillment Services, Jasmin Begagic, qui devra expliquer en quoi la fermeture des sept centres de distribution constitue une simple décision d’affaires qui n’a aucun lien avec la syndicalisation des employé-es de l’entrepôt DXT4, de Laval, et la campagne de syndicalisation qui était en cours dans les autres entrepôts québécois de la multinationale.

« Il est clair pour nous que la fermeture des entrepôts d’Amazon visait principalement à freiner la campagne de syndicalisation en cours et la conclusion d’une première convention collective en Amérique du Nord », affirme la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Après les nombreuses objections préliminaires et autres mesures dilatoires utilisées par Amazon, le procès peut maintenant aller de l’avant. Il est temps que les travailleuses et les travailleurs obtiennent justice à la suite de ces fermetures illégales à plusieurs égards. »


Une décision qui défie toute logique

« Illégale à plusieurs égards », la décision d’Amazon doit être infirmée par le Tribunal, demande la CSN au nom de nombreux plaignants.

Puisque « les agissements d’Amazon s’attaquent à l’ordre juridique québécois [et] parce que cet employeur n’hésite pas à licencier des milliers de personnes afin de donner l’exemple », la CSN demande au Tribunal d’ordonner la reprise des activités aux sept entrepôts visés par la plainte et de verser à chaque employé plus d’un an de salaire en guise d’indemnité, en plus de dommages moraux et exemplaires.

La plainte fait valoir que la décision de fermer ses entrepôts québécois est en contradiction directe avec le plan d’affaires mis de l’avant par la multinationale au cours des dernières années. Les quatre derniers centres de livraison au Québec, dont l’entrepôt syndiqué DXT4 à Laval, n’ont été établis que depuis trois ans, rappelle la CSN, à l’image des investissements massifs de la compagnie dans la stratégie du « dernier mile ».

Ces entrepôts de proximité, nécessaires à la livraison en un jour, « ne constituent pas seulement la façon la plus rapide de livrer les produits aux consommateurs, mais aussi la façon la plus économique de le faire », déclarait en octobre dernier le PDG d’Amazon, Andrew Jassy, après avoir annoncé un an plus tôt son intention de doubler le nombre de stations capables de livrer les colis le jour même.

« Rien ne laissait présager qu’Amazon choisirait, à peine trois mois plus tard, de faire un retour à un modèle de livraison par des tiers », affirme la CSN dans sa requête. Pour la centrale syndicale, « Amazon n’hésite pas à avoir recours aux mesures les plus extrêmes et à sacrifier sa rentabilité afin d’éviter l’imposition d’une première convention collective », véritable objectif d’une décision aussi draconienne.


À propos

Le 19 avril dernier, la CSN déposait une requête auprès du TAT pour représenter les
230 salarié-es de l’entrepôt DXT4 d’Amazon, rue Ernest-Cormier à Laval. Au cours des semaines précédentes, un grand nombre de salarié-es avaient rallié leur syndicat. Le 10 mai, le TAT accréditait officiellement le syndicat, reconnaissant qu’une majorité d’employé-es y avaient adhéré.

La négociation en vue d’établir une première convention collective a débuté en juillet. Le 22 janvier dernier, Amazon annonçait son intention de fermer ses sept entrepôts au Québec et de céder l’ensemble de ses opérations à la sous-traitance.

Rappelons qu’Amazon a été condamnée par le TAT pour ingérence et entraves antisyndicales à l’entrepôt YUL2 à Lachine et qu’elle subit présentement un procès du même type pour des actions similaires menées à l’entrepôt DXT4 de Laval.

Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

Vers une nouvelle attaque du gouvernement caquiste aux travailleuses et travailleurs?

Le gouvernement caquiste souhaiterait rendre facultative une partie de la cotisation syndicale, ce qui constituerait une nouvelle attaque aux droits des travailleuses et des travailleurs. Un éventuel projet de loi serait à l’étude selon un document rendu public lundi.

« Plutôt que de trouver des solutions aux problèmes qui préoccupent les Québécoises et les Québécois, le gouvernement Legault s’enferme dans une logique revancharde qui nous mène dans un cul-de-sac. Le premier ministre et le ministre Boulet cherchent des boucs émissaires et ils continuent de s’attaquer aux travailleuses et aux travailleurs. La priorité, ça devrait être de s’assurer que les toits de nos écoles ne coulent pas, qu’on n’attend pas des heures à l’urgence et d’aider les salarié-es face à la hausse du coût de la vie. Ce qui est clair, c’est que la CAQ parvient bien mal à cacher son bilan peu reluisant, notamment en matière de gestion économique », Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Pour la fin des permis temporaires fermés

Alors que les voix s’élèvent pour faire annuler ou restreindre le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) du Canada, les travailleuses et travailleurs migrants et leurs allié-es s’unissent pour adresser un message aux membres du parlement : toute modification apportée au PTET et aux autres programmes relatifs à la main-d’œuvre migrante doit être fermement ancrée sur les droits de la personne.

Les travailleuses et travailleurs migrants, les organisations de la société civile, les syndicats et les organismes communautaires ont lancé des Journées d’action pancanadiennes pour exiger du gouvernement qu’il respecte la dignité et les droits des travailleuses et des travailleurs migrants en leur accordant des permis de travail ouverts, qui leur permettent de changer librement d’employeur. Actuellement, dans le cadre du PTET et d’autres programmes, les permis de travail fermés lient ces travailleuses et travailleurs à un seul employeur. Ce système favorise l’exploitation et les abus de ces travailleuses et travailleurs.

Depuis des années, les travailleuses et travailleurs migrants, les organisations communautaires, syndicales et internationales, les comités parlementaires et sénatoriaux et même un Rapporteur spécial des Nations unies tirent la sonnette d’alarme sur les méfaits des permis de travail fermés. Les politiciennes et politiciens semblent reconnaître enfin les préjudices auxquels sont exposés les travailleuses et travailleurs, mais leurs propositions ne s’attaquent pas à la cause profonde du problème : les permis de travail fermés, liés à l’employeur. Ce qu’il faut, c’est un cadre fondé sur les droits qui garantit la mobilité, la dignité et une protection égale pour tous les travailleurs et travailleuses au Canada.

Les Journées d’action pancanadiennes pour les droits des travailleuses et travailleurs migrants 2025 arrivent à un moment critique. Des chefs de partis de toute allégeance, y compris le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, et le chef de l’opposition fédérale, Pierre Poilievre, ont appelé à l’abolition du PTET, tout en continuant à proposer le recours à des travailleuses et travailleurs migrants dans l’agriculture. Cependant, le secteur principal du PTET est celui de l’agriculture et l’agroalimentaire, ce qui démontre que leurs revendications ne visent pas un changement significatif.

Les Journées d’action ont été lancées le 22 septembre sur la Colline du Parlement par une action symbolique : des travailleuses et travailleurs migrants et leurs alliés se sont entourés d’une chaîne symbolisant le confinement imposé par le permis de travail fermé, brandissant des pancartes aux citations percutantes de personnes ayant subi des abus dans le cadre du PTET. En brisant cette chaîne symbolique, les personnes participantes ont envoyé le message que le gouvernement doit protéger la dignité et la sécurité de tous les travailleurs et défendre le droit de chacun à changer librement d’emploi.

Tout au long de cette campagne de deux semaines, des sympathisantes et des sympathisants de tout le pays appelleront le gouvernement à agir, en signant des pétitions et des cartes postales, en interpellant leurs député-es, en participant à des actions de solidarité communautaires et en sensibilisant le public à travers les arts, avec des pièces de théâtre, une projection de film et des kiosques lors d’événements. La coalition à l’origine des Journées d’action pancanadienne appelle tous les responsables politiques à faire preuve de courage et de vision pour remplacer les systèmes d’exploitation par des structures qui respectent le droit de chaque personne à la sécurité, à la dignité et à un travail décent.

Contexte :
La société civile, les organismes de base et les syndicats dénoncent depuis de nombreuses années le caractère abusif du PTET et se sont mobilisés pour pousser le gouvernement à le modifier. En 2024, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage a publié un rapport appelant à la fin des permis de travail fermés et à l’accès à la résidence permanente pour les travailleuses et travailleurs migrant·e·s participant au programme. En janvier 2025, Amnistie internationale a publié un rapport accablant sur les violations des droits humains subies par les travailleuses et travailleurs migrant·e·s au Canada, réclamant l’abolition des permis de travail fermés et leur remplacement par des permis ouverts, entre autres recommandations qui font écho aux positions des organisations de la société civile.

Le gouvernement veut se soustraire à son propre règlement en refusant de bien protéger ses employé-es

Ces derniers jours, le gouvernement Legault a entériné le Règlement sur les mécanismes de prévention et de participation en établissement (RMPPÉ). Ce règlement fera en sorte que les travailleuses et les travailleurs de tous les milieux bénéficieront des mécanismes de prévention et de participation en santé et sécurité du travail. Une revendication historique du milieu syndical. « Il y a un très gros mais », avertit cependant la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Caroline Senneville.

« À première vue, c’est une victoire pour les travailleuses et les travailleurs. Mais, avec son projet de loi 101, le gouvernement pourrait saboter ce règlement qu’il vient tout juste d’adopter en se soustrayant à sa propre législation. Ce qui est bon pour tous les employeurs du Québec ne l’est pas pour l’État employeur, le plus gros boss du Québec », s’indigne Mme Senneville.

En effet, bien que le règlement soit effectif à compter du 1er octobre, avec la prorogation de la session parlementaire, on ne sait pas ce qu’il adviendra du projet de loi 101. Ce dernier prévoit exclure de l’application de ce règlement la vaste majorité des établissements en santé, services sociaux et en éducation, qui emploient une majorité de femmes. « Le gouvernement veut exclure ces établissements à cause de la pénurie de personnel dans ces milieux et en raison des conditions de travail difficiles. Mais cette pénurie peut justement être, en partie, expliquée par ces conditions difficiles et le bilan lésionnel qui y est accablant ! Empêcher les travailleuses de ces secteurs de bénéficier de ces mécanismes est encore plus aberrant dans ce contexte », poursuit la présidente de la centrale.

S’il ne meurt pas au feuilleton, la CSN exige que le projet de loi 101 soit modifié. « Si jamais il ne revient pas sur son intention, cela confirmera que nous sommes dirigés par un gouvernement sexiste et pingre, qui veut s’offrir un traitement préférentiel en refusant à ses salarié-es la même protection qu’aux autres travailleuses et travailleurs du Québec », conclut Mme Senneville.

Le gouvernement prend l’éducation « en otage »

« En retenant l’argent promis aux centres de services scolaires contre la condition de regrouper les services administratifs à l’échelle régionale ou nationale, le gouvernement prend le secteur de l’éducation en otage, pour reprendre des mots que la CAQ aime utiliser », s’indigne Frédéric Brun, président de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).

Cette nouvelle contrainte est une façon d’effectuer discrètement la coupe d’un demi-milliard souhaitée par le gouvernement tout en faisant porter l’odieux des conséquences aux centres de services scolaires qui ne pourront répondre à cette exigence. La demande du gouvernement est tout simplement irréaliste :

  • De tels changements administratifs demandent une réflexion et une préparation sérieuse, en amont, et ne peuvent se faire sur un coup de tête alors que l’année scolaire est entamée;
  • La contrainte exigée ne tient pas compte des réalités propres à chaque centre de services scolaire, selon les territoires et les populations qu’ils desservent;
  • La délocalisation du personnel qui pourrait avoir à se déplacer sur des distances si grandes que leur qualité de vie serait affectée à un point tel que l’emploi ne serait plus du tout attractif à leurs yeux;
  • Les impacts importants sur l’attraction et la rétention du personnel, dans un contexte où il est déjà extrêmement difficile de recruter du personnel de soutien dans les écoles;
  • Etc.

« Si la CAQ cherche à économiser des sommes significatives en éducation, qu’ils regardent du côté des cadres, lance Frédéric Brun. Il y en a de plus en plus, ils ont de plus gros salaires et leur rôle dans la structure est souvent au mieux flou, sinon contestable. »

Par ailleurs, la FEESP-CSN rappelle que des clauses sont prévues à la convention collective du personnel de soutien scolaire afin de protéger les emplois en cas de fusion, d’annexion ou de restructuration des centres de services scolaires. Ces clauses, comme le sait certainement la nouvelle ministre de l’Éducation, Sonia Lebel, ont été négociées en partie lors de la dernière ronde de négociation du secteur public. « C’est pour le moins surprenant qu’on lie le financement du réseau à une exigence qui est déjà limitée par des clauses de convention collective négociées récemment avec le gouvernement, poursuit Frédéric Brun. Mme Lebel doit retirer cette condition immédiatement. »

Pour conclure, la FEESP-CSN insiste pour que le gouvernement cesse la mascarade et redonne, sans condition, les sommes nécessaires au le bon fonctionnement du réseau. « Il faut arrêter de faire comme si on pouvait bloquer des sommes sans impacter les enfants. Si la CAQ met des conditions impossibles à remplir pour faire suivre de l’argent dans le réseau, en bout de ligne, ce sera toujours le service à l’élève qui en subira les effets », conclue Frédéric Brun.

À propos

La Fédération des employées et employés de services publics représente environ 69 000 membres dans près de 425 syndicats, dont 36 000 travailleuses et travailleurs de soutien dans le réseau scolaire dans 37 syndicats regroupés au sein de notre Secteur soutien scolaire, ce qui fait de la FEESP-CSN l’organisation représentant la vaste majorité du personnel de soutien au Québec.

Éditorial sur les cotisations syndicales : S’acharner sur la mauvaise cible

Les intentions de vote de la CAQ sont au plus bas. La solution du gouvernement Legault est de ressortir les mêmes vieilles cartes usées dans l’espoir de se relancer. Il mise sur un grand tour de magie et s’en prend encore une fois à l’immigration et aux syndiqué-es.

Cette stratégie est un cul-de-sac parce que la baisse de confiance de la population vient d’ailleurs. Le gouvernement déplait en imposant une énième vague d’austérité qui nuit aux services publics, tout en multipliant de mauvais investissements faits avec les fonds publics.

Restreindre le droit de grève, droit qui permet d’améliorer les conditions de travail et les salaires de milliers de Québécoises et de Québécois n’était pas suffisant. Voilà qu’on s’en prend maintenant aux cotisations et aux finances des syndicats.

Cette nouvelle salve s’inspire des attaques similaires menées par la droite extrême chez nos voisins du sud, avec les résultats que l’on connait : un taux de syndicalisation famélique, une classe moyenne qui en arrache devant des riches de plus en plus fortunés, le tout dans un climat social très préoccupant.

Dans le contexte de nombreuses crises actuelles, il est pour le moins surprenant qu’un gouvernement considère l’attaque des organisations syndicales comme une voie à privilégier. Des milliers de Québécoises et de Québécois peinent à se loger et à composer avec la hausse du coût de la vie. Et la solution serait de s’en prendre à l’institution qui est le meilleur garde-fou pour la classe moyenne ? Rappelons que les syndicats demeurent l’un des meilleurs outils pour freiner les inégalités sociales.

Disons-le-nous franchement : depuis la hausse de l’inflation, des milliers de travailleuses et de travailleurs ont réussi à obtenir de bonnes augmentations salariales. Tout ça parce que leur employeur leur aurait fait de beaux cadeaux en remerciement du service rendu ? Que nenni ! Ce sont les luttes syndicales qui, d’hier à aujourd’hui, permettent d’améliorer le quotidien des travailleuses et des travailleurs.

Le rôle des syndicats ne peut se confiner à négocier des conventions collectives. Les travailleuses et les travailleurs ne sont pas des robots qu’on éteint après leur shift. Ce sont des citoyennes et des citoyens qui subissent la hausse du prix des loyers et des propriétés et les impacts des coupes et des réformes centralisatrices du secteur public. Rien ne sert d’avoir le meilleur contrat de travail si tu ne peux te loger ou avoir accès à des services d’éducation et de santé. C’est grâce aux luttes syndicales que nous avons obtenu l’équité salariale, des services publics de qualité, une protection en santé et sécurité du travail et de bonnes conventions collectives. Ce n’est certainement pas le patronat qui a milité pour mettre sur pied un régime d’assurance parentale ! Ces gains font une différence dans la vie de la majorité de la population.

Attaquer les syndicats ne fait que déséquilibrer davantage le rapport de force entre les employeurs et les travailleurs. Notre système de relations de travail s’ancre dans un compromis historique. Pour obtenir la paix industrielle, les employeurs et les gouvernements ont consenti à reconnaître les syndicats.

Pendant que le gouvernement s’en prend aux cotisations syndicales, pas un mot sur les millions de dollars dépensés par les associations patronales pour faire du lobbying auprès des élu-es. Si l’on veut regarder de près les finances des syndicats, pourquoi ne pas en faire autant pour les entreprises ? Est-ce que certaines décisions de syndicats peuvent être remises en question ? Tout à fait. Ils ne sont pas parfaits. Mais s’attaquer sans cesse à la même cible favorise le pouvoir patronal et accentue les inégalités sociales.

Militer syndicalement, c’est accepter de déranger. C’est accepter de contrarier les puissants ; pas pour le plaisir, mais pour améliorer la vie des travailleuses et des travailleurs. Et c’est la voie que la CSN continuera de suivre.

Caroline Senneville

Présidente de la CSN

Des recommandations à la hauteur des défis de l’industrie audiovisuelle, la volonté politique le sera-t-elle ?

La Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) salue le travail réalisé par le Groupe de travail sur l’avenir de l’audiovisuel au Québec (GTAAQ). « L’ampleur de l’exercice est colossale. Le nombre important de recommandations démontre à quel point notre industrie audiovisuelle a besoin d’appuis sérieux. Nous pressons le ministre de la Culture et des Communications de faire siennes les recommandations du GTAAQ et d’effectuer les représentations nécessaires auprès de ses collègues ministres, notamment le ministre des Finances, afin de permettre que ces recommandations prennent vie », déclare Annick Charette, présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), l’une des principales organisations syndicales dans le domaine de l’audiovisuel au Québec.

La FNCC–CSN souligne plus particulièrement quelques recommandations. « En premier lieu, le GTAAQ recommande d’améliorer les conditions de travail du personnel de l’industrie, notamment en créant un filet social qui permettrait l’adaptation des régimes d’assurance-emploi et en développant des mécanismes de protection correspondant à la nature intermittente et créative du travail. Reconnaître la contribution incontournable des travailleuses, travailleurs, artistes et artisans de ces secteurs en s’efforçant de leur accorder les mêmes droits et avantages qu’aux autres travailleuses et travailleurs a toujours fait partie des priorités de la FNCC », souligne Mme Charette.

« Nous sommes évidemment très heureux de voir que le GTAAQ a fait siennes nos recommandations à l’égard de l’élargissement du crédit d’impôt aux médias électroniques, de même que la recommandation d’améliorer les achats publicitaires dans les médias locaux. Nous mettons de l’avant ces mesures depuis quelques années déjà, dans le cadre de notre campagne L’information, un bien public », rappelle Mme Charette.

La présidente est aussi enthousiaste de constater que le Groupe de travail recommande d’étendre le mandat de Télé-Québec et de lui assurer plus de moyens financiers, une autre revendication historique de la fédération. « Il est plus que temps que Télé-Québec soit considéré comme un véritable diffuseur national, surtout dans le contexte de la survie de notre spécificité ! », s’exclame-t-elle.

La FNCC évalue positivement la recommandation de mieux soutenir les festivals et l’industrie de l’animation, qui en ont bien besoin. « Les conditions d’emploi des travailleuses et travailleurs des festivals sont très difficiles. Nous sommes aussi en phase avec le GTAAQ quand il recommande de réviser le crédit d’impôt pour les services de production, notamment la bonification liée aux effets visuels et à l’animation. Le secteur de l’animation dépérit depuis quelques années au Québec par la désaffection des crédits d’impôt provinciaux. La production a migré notamment vers l’Ontario », continue Mme Charette.

« Il nous apparait impératif et urgent d’appuyer toute mesure visant l’encadrement et garantissant la souveraineté numérique du Québec. Nous appuyons l’ensemble des recommandations en lien, plus spécifiquement, avec tout ce qui touche à la protection du droit d’auteur et à la primauté de l’apport humain dans la création », affirme la présidente.

La présidente de la FNCC–CSN conclut en émettant ce souhait : « Un remaniement ministériel est à nos portes. La personne qui occupera le siège de ministre de la Culture et des Communications devra conserver le rapport du GTAAQ sur sa table de chevet et tout mettre en œuvre pour que ses recommandations soient mises en œuvre ».

À propos

La FNCC–CSN regroupe 6000 membres dans 80 syndicats œuvrant dans les domaines des communications, du journalisme et de la culture. Elle est l’une des huit fédérations de la CSN qui réunit près de 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

Coupes dans le secteur public: c’est le temps de ranger les boules à mites

Pour certains, le concept de suppression de postes de fonctionnaires ressemble à un sport national, tellement c’est une pratique courante. Cela permet de recycler sans cesse les idées sorties des boules à mites. L’Institut économique de Montréal (IEDM) refait le coup cette semaine en dénonçant que le gouvernement Legault ne supprime pas assez d’emplois dans le secteur public.

Ce sont les mêmes arguments qu’on nous sert sans cesse depuis plus de quarante ans. Les finances publiques seraient hors de contrôle et l’unique solution serait de mettre à la porte des travailleuses et des travailleurs. Pas un mot sur le fait que nos gouvernements continuent de se priver davantage de revenus, année après année. Rien non plus sur les réformes centralisatrices qui désorganisent encore nos services publics tout en entraînant une hausse des postes de cadres.

Le cycle de l’austérité affaiblit encore les services à la population

Si l’IEDM veut nous laisser croire qu’abolir des postes de fonctionnaires se fait comme par magie, sans avoir le moindre impact sur la population, la réalité est tout autre. Le nouveau cycle d’austérité dans lequel le gouvernement caquiste a plongé le Québec suit la même recette que les précédents. Après avoir baissé les impôts, on se retrouve le bec à l’eau avec un déficit à éponger… en coupant dans le secteur public !

Depuis octobre 2024, le gouvernement impose un gel d’embauche du personnel administratif, notamment dans le réseau de la santé et des services sociaux et dans celui de l’éducation. Tout cela a un impact direct sur les services. Quand il y a moins de personnel administratif pour épauler le personnel soignant, c’est ce dernier qui se retrouve à passer plus de temps dans la paperasse plutôt que de traiter la population.

Ce n’est pas de nouvelles coupes dans nos services publics dont nous avons besoin, mais de l’abandon du mauvais scénario qui ramène sans cesse une austérité qui affaiblit nos services publics. Cette austérité mène aussi à une plus grande privatisation qui entraine trop souvent des dépassements de coûts et des dérapages dont nous entendons trop souvent parler. Pensons seulement au dernier exemple en date avec le scandale de SAAQclic.

Pour y arriver, les élu-es doivent cesser de ne répondre qu’aux lobbys patronaux, qui versent des larmes de crocodile dès qu’il est question d’augmenter les revenus de l’État ou d’améliorer les conditions de travail de celles et ceux qui assurent les services à la population.

Un biais antisyndical qui se nourrit de mauvaises données

Comme si ce n’était pas assez, cette énième attaque contre les méchants fonctionnaires et les syndicats nous vient du même chercheur qui diffusait pendant des mois, des données qui se sont avérées erronées sur le nombre « record » de grèves au Québec. Contrairement à ce que l’IEDM prétendait, il n’y a pas eu 759 grèves au Québec en 2024, mais bien 208. Les données étaient erronées. Mais comme elles permettaient de s’en prendre aux syndicats et aidaient le ministre du Travail à faire adopter son projet de loi pour restreindre le droit de grève, il ne fallait pas trop s’en formaliser. Nous aurions pu espérer que ce faux bond de l’institut le pousse à agir autrement, mais nous assistons cette semaine aux mêmes offensives antisyndicales que nous entendons que trop souvent de leur part.

Caroline Senneville
Présidente de la CSN

Coupes imposées à la CNESST

D’un côté, nous avons un gouvernement dirigé par une poignée d’hommes d’affaires, obsédé à faire des économies de bouts de chandelles dans les services publics.  De l’autre côté, nous avons des milliers de femmes qui seront grandement touchées par ces coupes à la CNESST : celles victimes de violence et d’autres qui font un travail équivalent à leurs collègues masculins et qui ne reçoivent pas le même salaire que ces derniers.

Pendant ce temps, cette poignée d’hommes d’affaires au gouvernement n’a rien vu pour le milliard de dépassement de coûts pour SAAQClic. Mais les femmes affectées par ces coupes en verront les impacts, elles.

Caroline Senneville, présidente de la CSN

Le gouvernement Legault doit cesser de s’attaquer aux services publics du Québec 

D’abord créée en 1979 sous le nom de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), puis revue en 2016 pour inclure différentes normes et renommée en conséquence Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, la CNESST est un service incontournable pour des milliers de travailleuses et de travailleurs québécois, syndiqué-es ou non.  

À la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), nous dénonçons vivement cette nouvelle attaque du gouvernement Legault qui ne cesse de s’acharner sur les grandes institutions qui font la fierté des Québécoises et des Québécois.  

En s’en prenant directement à la CNESST, le gouvernement Legault attaque une institution qui agit en prévention, qui fait de la sensibilisation et de l’éducation sur les dangers au travail, qui s’assure que les employeurs respectent les règles et les normes en place, qui protège les travailleuses et les travailleurs lorsque leur santé ou leur sécurité est en jeu dans le cadre de leur travail, qui supervise la gestion des indemnisations pour toutes celles et tous ceux qui ont été blessé-es, qui souffrent ou même qui bénéficient de protections à des moments importants de leur vie, comme lors d’une grossesse, qui veille sur la mise en place et le suivi de l’équité salariale, autant dans les milieux syndiqués que non syndiqués, qui est le garde-fou empêchant de nombreuses dérives d’employeurs qui, intentionnellement ou non, agissent contre les intérêts de leurs salarié-es.  

Linda Tavolaro, secrétaire générale de la fédération et responsable des dossiers d’équité, s’inquiète en particulier des impacts sur le suivi des travaux sur l’équité salariale. «Nos membres syndiqués sont impliqués activement dans ces dossiers et bénéficient d’un appui de la part des grandes organisations syndicales pour continuer de les défendre en ce qui concerne l’équité salariale, mais la CNESST est également responsable de tous les dossiers dans les milieux non syndiqués qui ne jouissent pas des mêmes ressources. Pour les femmes de ces milieux, l’attaque du gouvernement Legault envers la CNESST représente un recul majeur, c’est inacceptable.» 

Stéphanie Gratton, 1re vice-présidente de la fédération et responsable de la condition féminine, abonde dans le même sens : «C’est une attaque directe aux droits des femmes. En plus d’affecter les dossiers d’équité salariale, on apprend que les coupes annoncées visent aussi l’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC). Encore une fois, comme en santé et en services sociaux, comme en éducation et en enseignement supérieur, les gestes que pose le gouvernement affectent les femmes.» 

Frédéric Brun, président de la fédération, rappelle finalement que «plutôt que de faire une Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock­out, le gouvernement devrait songer à une Loi visant à considérer davantage les besoins de la population lors de décisions budgétaires gouvernementales. La CAQ est très rapide à pointer les syndicats du doigt pour tous les maux de la société, mais dans les dernières années, ce ne sont pas les syndicats qui ont tenté de réorganiser la santé en avantageant le privé, ce ne sont pas les syndicats qui ont coupé en éducation et en enseignement supérieur, ce ne sont pas les syndicats qui ont investi massivement dans un projet de batteries, ce ne sont pas les syndicats qui ont géré des réformes informatiques majeures sans supervision, ce ne sont pas les syndicats qui coupent aujourd’hui dans la protection des travailleurs et des travailleuses, syndiqué-es ou non. Legault et son équipe doivent cesser de jouer à « c’est pas moi, c’est l’autre » et porter la responsabilité de leurs actes. « Il y a beaucoup de gens qui ne se sentent pas imputables », comme le dit si bien le premier ministre.» 

 

À propos 

Fondée en 1947, la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) compte 425 syndicats affiliés représentant près de 70000 membres œuvrant dans le domaine des services publics et parapublics au Québec. La FEESP-CSN est le plus grand représentant syndical du personnel de soutien scolaire et du personnel de soutien en enseignement supérieur au Québec, en plus de représenter des salarié-es dans de nombreux milieux comme le transport collectif, la sécurité du public, les organismes gouvernementaux, le transport scolaire, le secteur municipal et plusieurs autres emplois au service du public. 

  

La CSN rend un vibrant hommage à l’héritage immense de Guy Rocher

La CSN salue l’immense contribution de Guy Rocher à la société québécoise, un homme d’exception qui a joué un rôle essentiel dans l’élaboration du rapport Parent et de la loi 101, et dont un des principaux legs est d’avoir rendu accessible à la population québécoise un réseau d’éducation public, gratuit et de qualité. Avec la création des cégeps, ce sont des millions de jeunes qui ont pu bénéficier d’un accès à l’enseignement supérieur, et ce, aux quatre coins du Québec. La CSN tient à lui rendre un vibrant hommage aujourd’hui. Nous continuerons à défendre la vision et l’héritage majeur qu’il nous laisse après plus d’un siècle parmi nous.

Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Interdiction du port de signes religieux: oui à une laïcité ouverte et inclusive, mais non restrictive

Pour donner suite à la publication du rapport du comité d’étude sur le respect des principes de la Loi sur la laïcité de l’État et sur les influences religieuses, la CSN réitère d’emblée sa position en faveur de la laïcité de l’État, mais s’oppose à un modèle de laïcité rigide et restrictif. Plus particulièrement, la CSN s’oppose à l’une des recommandations formulées dans le rapport à l’effet d’étendre l’interdiction du port de signes religieux aux éducatrices qui œuvrent dans les CPE et les services de garde éducatifs à l’enfance (SGEE) subventionnés.

« À la CSN, nous défendons sans réserve la laïcité de l’État, à condition que cette laïcité ne vienne pas brimer les droits et libertés garantis par les chartes québécoise et canadienne », précise d’entrée de jeu la présidente de la CSN, Caroline Senneville. Or, la recommandation 28 du rapport rendu public ce matin vient restreindre la liberté de religion et d’expression des éducatrices en petite enfance en leur interdisant le port de signes religieux.

« Cette interdiction n’est pas neutre sur le plan religieux, puisqu’elle favorise celles et ceux pour qui les convictions religieuses n’exigent pas le port de tels signes visibles, poursuit Mme Senneville. La neutralité de l’État devrait s’observer sur les actes de l’État et de ses employé-es plutôt que sur l’apparence de ceux-ci, comme le préconisait d’ailleurs la Commission Bouchard-Taylor. »

En outre, l’interdiction du port de signes religieux risque de fragiliser encore davantage les CPE et les SGEE déjà aux prises avec une importante pénurie de main-d’œuvre, et ce, malgré l’inclusion d’une clause de droit acquis, comme le prévoit la recommandation 28. « On l’a vu lors de l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État, la clause grand-père qui a avait été prévue pour maintenir le personnel enseignant en fonction a empêché les employé-es concernés d’obtenir des promotions ou de changer d’établissement lors d’un déménagement. C’est beaucoup trop restrictif, en plus de stigmatiser certaines communautés, pour la très vaste majorité des femmes », déplore Mme Senneville, qui s’inquiète d’éventuels bris de services dans certains secteurs, notamment à Montréal.

« Bien que d’autres recommandations du rapport méritent d’être saluées, comme celle visant à mettre fin aux privilèges fiscaux et aux subventions accordées par l’État aux organisations religieuses, nous enjoignons le gouvernement à ne pas suivre celle concernant les éducatrices en CPE et SGEE, à la faveur d’un modèle de laïcité ouvert et pluraliste », de conclure la présidente.

La CAQ doit s’amender et faire de l’éducation et de l’enseignement supérieur une priorité… pour vrai !

À l’aube de la rentrée dans les cégeps dans quelques jours, puis dans les Centres de services scolaires, les commissions scolaires et les universités, la CSN et ses fédérations de l’éducation lancent un cri du cœur afin d’éviter que l’avenir d’une cohorte entière d’élèves et de personnes étudiantes ne soit compromis. « Rarement a-t-on vu un tel chaos et une telle incertitude dans nos établissements d’enseignement au Québec pour la rentrée. Les idéaux de la Révolution tranquille sont largués par le gouvernement Legault, qui multiplie des choix budgétaires dévastateurs. Tout le monde n’a plus accès aux services auxquels ils ont droit, quoi qu’en disent les ministres Bernard Drainville et Pascale Déry », déplore Katia Lelièvre, vice-présidente de la CSN.

La centrale, qui représente la vaste majorité des travailleuses et des travailleurs dans les cégeps et les universités et qui représente aussi le personnel de soutien dans les écoles primaires, secondaires et centres pour adultes, mesure en effet la dégradation des services provoqués par l’austérité caquiste. Par exemple au cégep, même les directions d’établissement confirment la réduction du bouquet de services face à des compressions historiques encore plus draconiennes qu’à l’époque du gouvernement libéral, alors même qu’une majorité des bâtiments nécessitent une importante mise à niveau. Au primaire et au secondaire, la gestion en montagnes russes aura des effets importants à la rentrée, puisque les plans d’effectifs et les séances d’affectation du personnel ont dû être préparés et tenus en plein cœur du fouillis administratif estival provoqué par la CAQ. Combien de personnes mises à pied en lien direct avec les élèves (orthophonistes, orthopédagogues, technicienne en éducation spécialisée, préposés aux élèves handicapés, etc.), puis rappelées en plein été, ne reviendront pas ?

« Charcuter 570 millions avant les vacances au primaire et au secondaire, puis reculer partiellement devant la mobilisation citoyenne en juillet, amputer 151 millions de dollars dans les cégeps et une trentaine de millions (0,7 %) dans les universités, nous subissons la déroute de la girouette caquiste. Clairement, cela démontre plus que jamais que l’éducation n’est pas la priorité du premier ministre », tranche Katia Lelièvre.

 

Des solutions pour redresser la barre

Si la liste des mauvais choix budgétaires du gouvernement Legault est longue, le Québec a pourtant les moyens de ses ambitions. Sans scandale SAAQclic (plus d’un milliard de dollars), sans troisième lien (autour de 10 milliards de dollars), sans Northvolt (plus d’un demi-milliard de dollars), sans les milliards en baisses d’impôt, en chèques cadeaux et en réduction de la taxe scolaire, le bourbier actuel n’existerait pas. Il faut éviter de corriger ces erreurs sur le dos des élèves et des étudiant-es. Le gouvernement pourrait entre autres puiser dans le fonds des générations (qui vise ironiquement à ne pas hypothéquer l’avenir des jeunes) pour éviter l’hécatombe.

Lors de son remaniement ministériel annoncé, François Legault devrait aussi nommer à la tête des réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur des titulaires de portefeuilles qui consulteront et écouteront le terrain et qui respecteront le personnel. Le lien de confiance doit être rétabli.

 

Ce qu’ils ont dit

« Ça fait 65 ans qu’on a convenu au Québec que l’une de nos plus grandes priorités collectives, c’est l’éducation. Ça fait plus d’un demi-siècle que nous avons décidé de mettre nos ressources en commun pour investir dans l’avenir de nos enfants, et, par le fait même, dans notre avenir à toutes et tous. En jouant au yo-yo à coups de centaines de millions de dollars, la CAQ prouve qu’elle n’est plus seulement un gouvernement déconnecté du Québec, la CAQ détruit le Québec. »
– Frédéric Brun, président de la Fédération des employé-es de services publics (FEESP–CSN)

« Le lien de confiance est rompu avec ce gouvernement qui ne comprend pas la mission des réseaux de l’éducation et de l’enseignement supérieur. Nos membres dans les écoles, les universités et les cégeps, déjà épuisés, voient tomber leurs collègues sans être remplacés en plus de subir l’ingérence d’une ministre qui utilise son pouvoir pour défendre ses convictions personnelles. Nous nous attendons à ce que les nouveaux ministres entendent raison et se battent pour leurs ministères plutôt que pour leur parti. »
– Benoît Lacoursière, président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN)

« La baisse des étudiant-es étrangers et le manque de financement de la recherche n’envoient pas un bon signal aux universités qui ne pourront pas offrir des perspectives aussi stimulantes aux étudiant-es. La surcharge de travail pour les professionnel-les des cégeps n’augure rien de bon pour les jeunes qui vivent cette étape charnière de leurs études. »
– Ryan W. Moon, vice-président de la Fédération des professionnèles (FP–CSN)

 

À propos 

Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale québécoise et elle compte près de 80 000 membres dans le secteur de l’éducation et de l’enseignement supérieur qui sont répartis dans trois fédérations.

La Fédération des employé-es de services publics (FEESP–CSN) représente plus de 70 % du personnel de soutien dans les cégeps au Québec (6300 membres) et plus de 35 000 membres dans le secteur soutien scolaire.

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) parle au nom de 85 % des professeur-es de cégep et de 80 % des chargées et chargés de cours des universités québécoises. Elle regroupe quelque 40 000 membres dans 45 cégeps, 48 établissements privés et 12 universités.

La Fédération des professionnèles (FP–CSN) représente quelque 10 500 professionnèles, techniciennes et techniciens, dont plus de 750 professionnèles du réseau collégial et universitaire et près de 1500 professeur-es d’université.

 

 

Forêt : Québec et Ottawa doivent travailler en synergie

Les syndicats du secteur forestier au Québec saluent la volonté du gouvernement fédéral de mettre de l’avant des mesures d’aide pour appuyer l’industrie forestière et, surtout, ils pressent le gouvernement du Québec d’emboîter le pas rapidement.

« Québec et Ottawa doivent de toute urgence travailler en synergie pour soutenir l’industrie forestière et, surtout, mettre en œuvre une stratégie industrielle pour une transformation accrue du bois, une diversification des marchés et le recours systématique au bois québécois dans les projets de construction », soulignent les leaders des syndicats représentant la totalité des travailleurs de la foresterie du Québec, Daniel Cloutier d’Unifor, Nicolas Lapierre du Syndicat des Métallos, Kevin Gagnon de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) et Luc Vachon de la CSD.

Les pressions sur l’industrie forestière sont multiples et perdurent depuis bien plus longtemps que l’arrivée en fonction de l’administration Trump. « Notre secteur demande qu’on déploie une vision d’avenir, une stratégie industrielle spécifique, qu’on ne sent pas pour le moment dans la réforme du régime forestier. L’annonce du fédéral nous semble aller dans la bonne direction et nous demandons au Québec de mettre l’épaule à la roue de toute urgence, pour décupler les efforts de transformation de cette industrie névralgique pour nos régions », ajoutent les représentants syndicaux.

Rappelons que l’industrie du bois d’œuvre risque d’être frappée incessamment par des tarifs de 35 %, soit 20 points de plus que les 14,4 % en moyenne applicables jusqu’à maintenant. Le décret donnant suite à ces tarifs annoncés par le département du Commerce américain pourrait en effet être émis dès le 8 août. Précisons toutefois que les produits du bois transformés ne font pas l’objet de tarifs sur le marché américain à l’heure actuelle.

Le projet de loi 97 sur la réforme du régime forestier actuellement à l’étude à l’Assemblée nationale du Québec n’est pour le moment aucunement assorti d’une stratégie industrielle spécifique quant à l’avenir de l’industrie forestière. De plus, il a fait l’objet de critiques nombreuses autant par les représentants des travailleurs que les autres utilisateurs de la forêt, les groupes environnementaux et les communautés autochtones.

« Québec doit déployer une vision d’avenir, en concertation avec tous les intervenants du secteur forestier, qui permettra d’assurer l’avenir de cette industrie, de maximiser les retombées économiques et de rendre des services précieux à notre société. Notre bois ne demande qu’à être utilisé massivement dans un grand chantier de création de logements, dont nous avons cruellement besoin », concluent les représentants des travailleurs et travailleuses.

Les travailleuses et travailleurs de la construction acceptent l’entente de principe du secteur Résidentiel

Les membres de l’Alliance syndicale de la construction – regroupant les cinq syndicats de l’industrie – ont voté en faveur de l’entente conclue dans le secteur Résidentiel. Les votes effectués auprès des membres de chaque syndicat confirment l’entente sectorielle conclue avec l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) le 18 juin dernier. L’application de la nouvelle convention collective débutera le 27 juillet 2025.

Pourcentage obtenu en faveur de l’entente : 83,4%

Les membres ont été consultés via leurs instances respectives, pour prendre une décision sur l’entente de principe dans le cadre d’un vote. Celle-ci contenait les éléments suivants :

  • Augmentation salariale de 8% à la signature (2025) ;
  • Arbitrage pour les années 2026-2027-2028 avec comme paramètres minimum 18% et maximum 24,35% ;
  • Assouplissement des clauses relatives aux mouvements de main-d’œuvre (durée du droit de rappel pour les salarié.e.s ayant moins de 1500 heures) ;
  • Bonification des frais de déplacement et des frais de chambre et pension ;
  • Bonification de 5¢ de l’indemnité pour les équipements de sécurité dans le résidentiel léger, pour assurer le même montant que dans le résidentiel lourd ;
    Mise sur pied d’un comité pour discuter de l’attractivité et la rétention du personnel dans le secteur résidentiel, incluant le rattrapage salarial et les modalités de la période d’essai.
  • Le processus d’arbitrage qui aura lieu à l’automne permettra aux parties impliquées de présenter l’ensemble de leurs demandes salariales, afin d’obtenir une décision impartiale et juste, dans les meilleurs délais possibles.« L’Alliance syndicale confirme la ratification de l’entente présentée à ses membres, qui permettra d’assurer des contrats de travail – et de meilleures conditions – pour les prochaines années.
  • Nous poursuivons le travail en arbitrage pour bien représenter nos membres du Résidentiel, afin d’obtenir des augmentations de salaire qui ne creuseront pas davantage l’écart avec les autres secteurs de l’industrie » affirme Alexandre Ricard, porte-parole de l’Alliance syndicale.

À propos de l’Alliance syndicale de la construction

L’Alliance syndicale est composée des cinq syndicats de l’industrie de la construction : la FTQ-Construction, le Syndicat québécois de la construction (SQC), le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD-Construction et la CSN-Construction. Ils unissent leurs voix pour représenter l’ensemble des travailleurs et des travailleuses de l’industrie lors de la négociation des conventions collectives. www.facebook.com/AllianceSyndicale/

Une campagne antisyndicale basée sur des données erronées

Depuis deux mois, des organismes patronaux, l’Institut économique de Montréal (IEDM) en tête, mènent une campagne antisyndicale sur la base de données complètement erronées publiées par Statistique Canada. Ces fausses données concernant les conflits de travail au Québec ont été retirées du site Web de Statistique Canada lundi, après que nous avons mis en question leur validité auprès de l’organisme fédéral. Une simple vérification aurait évité à l’IEDM, de nombreux médias ainsi qu’au ministre du Travail, Jean Boulet, de relayer de fausses informations.

Ainsi, il n’y a pas eu 759 grèves au Québec en 2024, mais bien 208 conflits de travail, confirment les données du ministère du Travail du Québec. L’année 2024, bien qu’effectivement ponctuée de nombreux arrêts de travail, ne fut pas une année record à ce chapitre et se situe en fait légèrement au-dessus de la moyenne annuelle.

Pour nous, il importe de remettre les pendules à l’heure. Non, il n’y a pas d’explosion du nombre de conflits de travail au Québec. Non, 91 % des grèves au Canada n’ont pas lieu ici. Maintenant, il faut revenir à la question de fond : à qui ça sert de restreindre le droit de grève ? Certainement pas aux travailleuses et aux travailleurs ! On doit se demander pourquoi c’est important pour les lobbies patronaux et certains élus d’attaquer le droit de grève par tous les moyens, quitte à mettre leur crédibilité dans la balance avec de fausses données.

Nous invitons toutes les citoyennes et les citoyens qui veulent s’informer sur les conflits de travail au Québec à consulter la seule source officielle crédible, soit le ministère du Travail du Québec : https://www.donneesquebec.ca/recherche/fr/dataset/liste-des-arrets-de-travail-au-quebec

Coupes en éducation : recul du gouvernement devant la pression populaire

La Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui représente le plus grand nombre d’employé-es de soutien et plusieurs professionnels du système scolaire, réagit à l’annonce de recul du gouvernement concernant son intention de couper un demi-milliard dans le réseau de l’éducation.

« Si nous sommes satisfaits que le gouvernement ait entendu raison, le ministre Drainville et la Coalition Avenir Québec ne doivent pas s’attendre à recevoir des fleurs. On ne peut pas agir d’une façon aussi irresponsable, désorganiser un réseau complet en pleine période d’affectation du personnel et menacer de nuire à la qualité de l’éducation de milliers d’enfants pour ensuite espérer des “ mercis ” quand on fait marche arrière. Le gouvernement avait tort, mais la population et les syndicats lui ont fait comprendre avec force et conviction », affirme le premier vice-président de la CSN, François Enault.

De fausses données qui font gonfler le nombre de grèves au Québec

Depuis deux mois, des organismes patronaux, l’Institut économique de Montréal (IEDM) en tête, mènent une campagne antisyndicale sur la base de données complètement erronées publiées par Statistiques Canada. Ces fausses données concernant les conflits de travail au Québec ont été retirées du site Web de Statistiques Canada lundi, après que la CSN a eu posé des questions à l’organisme fédéral quant à leur validité. Malheureusement, ces fausses données ont été abondamment répétées, sans vérification, et relayées dans l’espace médiatique. Même le ministre du Travail, Jean Boulet, a repris à son compte ces fausses données, bien que son propre ministère détienne les véritables données, lesquelles sont d’ailleurs publiées sur son site Web.

Ainsi, il n’y a pas eu 759 grèves au Québec en 2024, mais bien 208 conflits de travail, confirment les données du ministère du Travail du Québec. L’année 2024, bien qu’effectivement ponctuée de nombreux arrêts de travail, ne fut pas une année record à ce chapitre et se situe en fait légèrement au-dessus de la moyenne annuelle.

Soulignons que Statistiques Canada ne produit pas elle-même ces données. Ces dernières proviennent d’Emploi et développement social Canada (EDSC), le ministère fédéral responsable des enjeux du travail, qui s’alimente lui-même auprès des ministères provinciaux. Les représentants d’EDSC ont confirmé à la CSN que les données sur les conflits de travail au Québec pour la période 2022-2025 sont inexactes et qu’elles doivent être complètement recalculées. Ils nous ont même suggéré d’utiliser plutôt les données du ministère du Travail du Québec, qu’ils jugent plus fiables. Ainsi, une simple vérification aurait évité à l’IEDM de relayer de fausses informations.

La CSN constate que certains acteurs antisyndicaux, comme l’Institut économique de Montréal, utilisent ces mauvaises données pour amplifier leur appel à la restriction du droit de grève auprès du gouvernement de la CAQ.

Pour le premier vice-président de la CSN, François Enault, il importe de remettre les pendules à l’heure. « Non, il n’y a pas d’explosion du nombre de conflits de travail. Non, 91 % des grèves au Canada n’ont pas lieu au Québec. Maintenant, il faut revenir à la question de fond : à qui ça sert de restreindre le droit de grève ? Certainement pas aux travailleuses et aux travailleurs ! On doit se demander pourquoi c’est important pour les lobbies patronaux d’attaquer le droit de grève par tous les moyens, quitte à mettre leur crédibilité dans la balance avec de fausses données ! »

Loi restreignant le droit de grève: les centrales syndicales appellent à la cohérence

Le 25 juin 2025, les présidences des centrales syndicales ont rencontré le ministre Jean Boulet, à sa demande, avec l’intention de reconstruire des ponts à la suite de l’adoption du projet de loi 89 visant à déséquilibrer le rapport de force des syndicats et à affaiblir les droits des travailleuses et travailleurs. Il s’est montré ouvert à tenir une nouvelle rencontre dès la fin de l’été afin de renouer un dialogue social. Or, hier, en entrevue, le ministre Boulet a laissé entendre qu’il songeait à devancer la date de la mise en place de ce qu’on appelle déjà, dans les milieux syndicaux, un cadeau au patronat – une mesure pourtant prévue pour le 30 novembre 2025. Une telle décision compromet la volonté exprimée de renouer un dialogue social et envoie un signal troublant quant au respect accordé aux organisations syndicales et des engagements pris.

Depuis l’annonce du projet de loi 89, les organisations syndicales n’ont cessé de dénoncer ses effets néfastes. Elles ont multiplié les sorties publiques, les interventions médiatiques et les mobilisations pour rappeler à quel point cette loi fragilise la capacité des travailleuses et des travailleurs d’améliorer leurs conditions de travail. Malgré ces efforts, le gouvernement a persisté à aller de l’avant avec une réforme aux conséquences graves pour l’ensemble du monde du travail – et songe maintenant à rompre ses engagements et en devancer la mise en vigueur. Une telle décision, venant encore une fois changer les règles du jeu au profit du patronat, serait lourde de conséquences.

 « Nous attendons du ministre du Travail qu’il vise un équilibre dans les relations de travail. Il ne suffit pas d’incanter le dialogue social pour qu’il se matérialise. Il doit reposer sur la bonne foi, la confiance et une réelle consultation. Au contraire, le ministre Boulet continue d’agir dans l’unilatéralisme total. Nous l’invitons à s’inspirer de sa collègue présidente du Conseil du trésor, Sonia Le Bel, qui a su mettre au jeu une révision du régime de négociation du secteur public en consultant les organisations syndicales afin de trouver un terrain d’entente qui bénéficiera à toutes les parties », ont déclaré les porte-paroles Luc Vachon de la CSD, Caroline Senneville de la CSN, Éric Gingras de la CSQ et Magali Picard de la FTQ.