Samantha A.

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« Je suis art-thérapeute. J’ai plusieurs contrats un peu partout à Montréal avec différents groupes communautaires et agences de santé.

Il y a trois semaines, j’ai appris que les compressions budgétaires forçaient un de mes clients à abolir deux programmes de soutien envers des groupes marginalisés : des hommes atteints de schizophrénie et des hommes aux prises avec des problèmes de dépendance.

Avec seulement 24 heures de préavis, on m’a informée que les programmes n’existeraient plus. Je n’ai eu qu’une heure pour faire mes adieux à des hommes avec qui j’ai travaillé pendant plus de deux ans.

Oui, c’est plate perdre un contrat, mais ça m’enrage qu’on enlève le peu de soutien qui existe pour ces hommes-là. Ça ne se fait pas de se débarrasser d’une telle ressource après plus de 200 séances. Aucune transition, aucun préavis, aucune empathie.

Des hommes mûrs en sanglot, ça déchire le cœur. C’est ça, l’austérité. Ça détruit. »

– Samantha A.

Laurence Ouellet

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« Je n’en peux plus de vivre sous le seuil de pauvreté. D’emprunter de l’argent à ma famille. Je veux être autonome. Je ne devrais pas être forcée de choisir entre mes médicaments et ma nourriture. Comment est-ce qu’un gouvernement peut se permettre de délaisser ses populations démunies? Comment est-ce que Philippe Couillard peut se regarder dans le miroir chaque matin ? »

– Laurence Ouellet

Noëlla Vincent

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« Je vivote, je calcule sans cesse, je coupe mes portions. Tout augmente, mais pas mes revenus. J’en suis malade. J’ai peur pour mon avenir. J’ai peur pour le bien-être des organisations communautaires qui me défendent. Ça ne se vit pas. J’en ai assez d’être toujours en mode panique. L’austérité tue. »

– Noëlla Vincent

Michel Dubé

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« Moi, mon rêve dans la vie, c’est de payer des taxes. Depuis deux ans, j’essaie de reprendre ma vie en main, de refaire mon image, d’être «embauchable».

Mais sans préavis, on m’a retiré mon admissibilité au programme de subvention salariale. C’est un programme qui encourage les employeurs à embaucher des personnes qui ont de la difficulté à se décrocher un emploi. Mais faute de compression, on abandonne mon dossier.

Dans le fond, on me dit qu’il va falloir que je quitte ma région pour trouver une job. Mais j’suis un gars du Bas-du-Fleuve, et je ne veux pas déraciner ma vie. Pourquoi est-ce que les politiques d’austérité du gouvernement Couillard s’attaquent aux personnes comme moi qui sont en situation précaire plutôt que de s’en prendre aux grandes banques et à l’évasion fiscale? Ça n’a aucun sens. »

– Michel Dubé

Nora Loreto

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« Personne ne veut se retrouver à l’hôpital. C’est l’endroit où nous vivrons probablement nos moments les plus pénibles, mais nous y vivrons également des moments de renouvellement et de guérison. Quand les gouvernements considèrent le réseau de la santé et des services sociaux comme une source pour équilibrer leur budget, ils s’attaquent carrément au cœur de notre société. La réforme libérale du secteur de la santé déstabilisera un réseau sous-financé déjà en situation précaire, et ce, sans compter le manque de consultation des travailleurs, des patients et de la communauté.

Depuis la 20e semaine de ma grossesse, j’ai visité l’hôpital si fréquemment que les réceptionnistes et les infirmières me reconnaissent. Le système pourrait s’améliorer dans certains domaines, mais il reste indispensable dans les situations d’urgence. Les interventions d’urgence durant les derniers moments de ma grossesse étaient essentielles pour assurer le bien-être de mon fils et de ma fille.

Les nouvelles compressions en santé et les fusions annoncées diminueront-elles le temps d’attente, ou nuiront-elles plutôt à un système déjà dépourvu de ressources ? Pour ma famille, l’USIN est devenu notre maison pendant que mes bébés luttaient pour leur vie. Comment un tel saccage d’un réseau public, indispensable pour la santé du Québec, pourrait-il « réparer » le Québec? Ne serait-ce pas plutôt une attaque idéologique menée par des docteurs à cravate très distancés de la population contre les principes mêmes de notre réseau de santé, de son accessibilité et de son universalité ?

La semaine dernière nous avons passé quatre jours à l’hôpital avec mon garçon. Même les plus petits conforts prennent une réelle importance pour un petit garçon enfermé dans sa chambre d’hôpital. La nourriture, les jouets et les soins attentionnés des infirmières et du personnel font toute la différence. Mais est-ce que je peux vraiment m’attendre à un dévouement de quelqu’un qui est forcé de travailler un quart de 16 heures parce qu’il n’y a personne d’autre disponible ? »

– Nora Loreto, écrivaine, mère de jumeaux

Stéfanie Gagné

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« Les effets de l’austérité se font déjà sentir dans mon entourage. Avec la hausse de tarification des centres de la petite enfance, j’ai des amies qui doivent se priver de manger pour être en mesure de nourrir leurs enfants.

Le système de santé, déjà affaibli par les compressions des 25 dernières années, se fragilise de plus en plus avec la réforme insensée de Barrette.

L’accès universel aux services de santé est entièrement compromis. Les travailleuses et travailleurs du réseau sont déjà débordés et ils devront en plus faire face à une restructuration interne, ce qui pénalise les utilisateurs du système. Je n’ai pas les moyens de payer pour des services privés, alors je suis forcée d’attendre plus d’un an pour une aide qui est nécessaire aujourd’hui.

Je l’ai dit souvent, il nous faut un audit citoyen de la dette. Il faut se révolter. »

– Stéfanie Gagné, Mère de famille monoparentale et militant

Catalina

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« Immigrer au Québec, ce n’est pas gratuit. J’ai dû économiser beaucoup d’argent pour m’installer ici, il y a trois ans. Mais c’est un choix que j’ai fait parce qu’on nous promettait une meilleure vie. Après, on arrive et il n’y a pas d’emploi. Personne n’embauche, peu importe les compétences professionnelles. Et l’économie ne s’améliore pas avec l’austérité, au contraire.

Alors je me serre la ceinture. Je sors la calculatrice et je calcule, calcule, calcule. Toujours les calculs. Je ne peux pas me permettre un abonnement au transport en commun, alors je marche, je prends un vélo. Mais des marches de 40 minutes vers la garderie ne sont pas toujours faciles, surtout en hiver.

Déjà, il faut que je songe à quitter mon appartement pour quelque chose de plus grand parce que ma fille n’est plus un bébé. Mais avec toutes les hausses que nous impose le gouvernement, et avec peu de perspectives d’emploi à l’horizon, comment est-ce qu’on est censé survivre ? »

– Catalina, mère monoparentale d’origine colombienne

Morgan Crockett

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« Ma mère était sans emploi depuis plusieurs mois, elle prit alors la décision de retourner aux études pour améliorer son français. Le programme de francisation lui rembourse l’équivalent du salaire minimum qui, honnêtement, n’est aucunement suffisant pour une mère qui s’occupe de trois enfants, dont deux qui fréquentent l’université.

La majorité de ses camarades de cours doivent compter chaque semaine sur les banques alimentaires pour tenter de joindre les deux bouts. Mais ces organismes débordent de monde et n’ont pas les ressources pour accueillir tout le monde.

Son groupe de francisation a été visé par les compressions budgétaires du gouvernement, alors elle essaie de nouveau de se trouver un emploi. Nos parents n’ont pas les moyens de contribuer au remboursement des frais de scolarité, mais l’Aide financière aux études (AFE) présume qu’ils assument une partie ou la totalité du coût de nos études parce que nous vivons toujours à la maison. Toutes ces compressions et cette incertitude font subir une angoisse paralysante à la famille, et nous sommes conscients que le pire reste à venir. Le gouvernement libéral manque d’humanité dans sa poursuite masochiste du «déficit zéro». »

– Morgan Crockett, étudiante, l’université Concordia

Marie-Claire

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« On nous parle souvent d’austérité comme si c’était un nouveau concept. Ce ne l’est pas. L’austérité, on en vit chez nous depuis plus de vingt ans déjà.

Chaque année, on se serre la ceinture. On « coupe dans le gras ». Il n’y en a plus de gras à couper. On ne va peut-être pas survivre à une autre compression. On n’en a plus de personnel à couper et nos heures d’ouverture ont déjà été réduites. C’est bouleversant de devoir opérer dans une crise constante, toujours en mode panique, par le simple fait que le gouvernement s’attaque sans cesse aux populations les plus vulnérables. »

– Marie-Claire, Lettres en main

Jaimie Franci

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« C’est bien que le ministre Bolduc se plie finalement aux voix des parents qui s’opposaient à son découpage improvisé de la Commission scolaire de Montréal.

Mes enfants auraient pu voir leur école alternative “nature” démantelée, et ce, sans aucune explication. On s’est installés à Pointe-Saint-Charles pour faire partie de la première vague de l’école. Ces grands choix de vie ne devraient pas être compromis par des politiciens qui méprisent ouvertement nos programmes sociaux.

Il faut continuer de se lever contre ces injustices et contre l’austérité. On peut y arriver. Le gouvernement n’aura d’autre choix que de reculer. »

– Jaimie Franci