Québec doit intervenir pour autoriser les personnes accompagnantes

Le 3 avril dernier, l’Hôpital général juif de Montréal a émis une nouvelle directive stipulant qu’aucun partenaire ni autre accompagnant-e ne serait autorisé en salle d’accouchement laissant ainsi les femmes et les personnes enceintes seules pour accoucher. Nous souhaitons interpeller le gouvernement du Québec et lui demander de prendre une position claire contre cette mesure.

Nous comprenons que de telles directives soient motivées par la nécessité de protéger toute personne déambulant à l’hôpital, mais surtout le personnel soignant sur la ligne de front face à la COVID-19. Néanmoins, les groupes que nous représentons ont tous été interpellés par des femmes en détresse, de même que par des professionnel-les en désaccord profond avec cette mesure, certain-es allant jusqu’à envisager des démissions en bloc. Nous sonnons donc l’alarme : cette directive va trop loin. Elle ne sert ni la population ni les professionnel-es de la santé.

Protéger la santé de la personne qui accouche et de son nouveau-né passe par la prévention des complications, laquelle est intrinsèquement liée à la préservation des processus physiologiques. Les études le démontrent et toutes les instances de santé sont unanimes : la présence d’une personne significative est une condition essentielle au bon déroulement d’un accouchement.

De sérieux risques
D’autre part, nous sommes alarmés qu’un nombre croissant de femmes et de personnes qui accouchent envisagent in-extremis la possibilité d’accoucher chez elles sans assistance et de faire appel aux services ambulanciers lorsque la naissance sera imminente. Non seulement ce choix de dernière minute comporte de sérieux risques pour la sécurité des accouchements, mais il menace également d’engorger les services ambulanciers déjà sous tension. Il est évident qu’advenant l’adoption d’une telle directive par d’autres établissements de santé, ce mouvement serait amplifié.

Ceci étant dit, nous comprenons la crainte des professionnel-les de s’exposer à la COVID-19, en particulier lorsque des personnes mentent sur leur état de santé. Il nous paraît essentiel de continuer à enjoindre la population à suivre les directives tout en priorisant l’octroi d’équipement de protection pour les professionnel-les plutôt que d’opter pour des mesures aussi controversées et punitives. Soulignons que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Société des obstétriciens-gynécologue du Canada (SOGC) stipulent que même les personnes diagnostiquées COVID-19 positif devraient être accompagnées durant leur accouchement.

Des situations contraignantes similaires ont eu lieu en France et dans la ville de New York. Les autorités gouvernementales ont dû se rétracter après avoir imposé de telles mesures en constatant les conséquences gravissimes d’une telle directive sur la santé mère-enfant. Nous croyons qu’il est possible de concilier protection du personnel de la santé et du public d’un côté et respect des droits fondamentaux des femmes et des personnes qui accouchent de l’autre. Le gouvernement du Québec doit rétablir la présence d’une personne accompagnante lors d’accouchement.

Signataires
Regroupement Les Sages-femmes du Québec
Groupe MAMAN Mouvement pour l’autonomie dans la maternité et l’accouchement naturel
Regroupement Naissance Respectée
Association québécoise des accompagnantes à la naissance
Confédération des syndicats nationaux
Fédération des professionnèles (FP–CSN)
Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN)
Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN)
Association canadienne des sages-femmes
Association québécoise des infirmières et infirmiers

Une prime insuffisante et inéquitable

« Pour le gouvernement, les travailleuses et les travailleurs du secteur public au front contre la COVID-19 n’ont pas toutes et tous la même valeur. C’est inacceptable. Ces femmes et ces hommes qui luttent pour nous méritent mieux », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Après un premier arrêté ministériel en éducation, le 18 mars, qui venait suspendre certains droits des travailleuses et des travailleurs et un second le 21 mars, qui venait faire la même chose dans le secteur de la santé et des services sociaux, c’est à nouveau par une décision unilatérale que le gouvernement est venu fixer les modalités entourant la prime COVID-19, un geste fortement décrié par la CSN. « Les discussions avec le Conseil du trésor sur la prime COVID-19 étaient loin d’être terminées. Nous déplorons le manque d’écoute du gouvernement envers celles et ceux qu’il ne cesse d’appeler ses anges gardiens », ajoute Caroline Senneville.

Toutefois, au-delà de la façon de faire, la prime en elle-même est loin de satisfaire la CSN. Comme cela est libellé dans l’arrêté ministériel déposé hier, le Conseil du trésor choisit d’offrir à certains salariés du réseau de la santé et des services sociaux une prime de 8 %, et à d’autres, une prime de 4 %, alors que tous les salarié-es sont sous pression de façon continuelle durant cette crise. « La prime est nettement insuffisante; elle ignore complètement bon nombre de travailleuses et de travailleurs au front eux aussi, notamment le personnel des services de garde d’urgence et des services à domicile. »

Pour la CSN, il est clair que les iniquités qu’entraîne une prime exprimée en pourcentage sont injustifiables. « Que ce soit dans un établissement de santé, un centre de laboratoire, un domicile privé, un CHSLD ou une école, le danger est bien réel pour tout le monde et le travail de l’ensemble du personnel au front doit être reconnu et valorisé. Une prime en pourcentage, qui se traduit forcément par des montants plus bas pour les salaires les moins élevés, envoie le message aux travailleuses et aux travailleurs que de mettre sa vie en danger ne mérite pas la même reconnaissance pour toutes et tous », poursuit Caroline Senneville.

À l’instar de ce que le gouvernement a mis en place pour le secteur privé (prime de 4 $ l’heure en montant fixe et montant fixe de 100 $ par semaine), la CSN demande à nouveau au gouvernement d’établir la prime spéciale sous forme d’un montant fixe. Rappelons que la centrale syndicale a demandé, le 23 mars dernier, une série de mesures à mettre en place immédiatement pour passer à travers la crise, dont une prime de 3 $ à 4 $ l’heure pour le personnel du secteur public appelé à contribuer aux efforts des mesures d’urgence de lutte contre la COVID-19.

Depuis le début de la crise, la CSN se bat pour que la contribution de TOUS les anges gardiens soit reconnue à sa juste valeur et elle poursuivra les discussions en ce sens dans les prochains jours. « Dans le contexte actuel, le gouvernement doit faire mieux », conclut Caroline Senneville.

Soigner les poilus en temps de crise

Il va de soi que les animaux domestiques apportent un grand réconfort à plusieurs individus et familles actuellement en isolement. En ces temps incertains, l’amour et la compagnie d’un petit chat ou d’un chien peuvent beaucoup aider à passer à travers la journée. Mais ces animaux ne choisissent pas le moment de tomber malades ou de rendre l’âme. Heureusement, les travailleuses et les travailleurs des cliniques vétérinaires sont là pour soutenir la population et aider les gens à traverser certaines difficultés qui n’attendent pas la fin de la crise sanitaire pour surgir.

Alexandra Fortin-Boulay, technicienne en santé animale (TSA) au Centre Vétérinaire Rive-Sud (CVRS) et présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs du Groupe Vétéri-Médic–CSN, admet que la situation actuelle lui rappelle la raison pour laquelle elle a choisi son métier. « J’ai toujours aimé mon travail, mais ces jours-ci, disons que je suis doublement fière du travail qu’on fait et du rôle qu’on joue pour la société. Nous avons la vie des poilus entre nos mains. Et les gens en ont besoin de leurs animaux, maintenant plus que jamais. Notre travail n’est pas facile, mais il est essentiel. C’est à nous de soigner ces petites bêtes. De veiller à leur confort et à leur bien-être. Mais pour y arriver, on doit être extrêmement vigilant quant à notre propre santé. Parce que si la COVID-19 rentre à l’hôpital, ça va exploser. »

Le CVRS a justement mis en place une série de mesures pour minimiser le risque d’infection et de propagation entre ses murs. On vise notamment à éliminer tout contact avec la clientèle. Les consultations se font par téléphone. En plus de parler des symptômes de leur animal, les clients doivent également informer la clinique de leur propre état de santé.

Demeurer alerte tout en se protégeant
Si une visite est jugée nécessaire, les personnes doivent se présenter sur place et contacter la clinique en restant dans leur voiture. L’évaluation se poursuit alors et les TSA procèdent à un triage afin de déterminer par quelle porte l’animal entrera. Les TSA les attendent par la suite à la porte et les clients doivent déposer l’animal devant eux. Une désinfection complète de l’animal se fait à l’intérieur avant qu’il puisse rentrer dans une salle de chirurgie. Il faut agir vite, parce qu’on n’accepte actuellement que les cas urgents ; il s’agit donc parfois de minutes avant qu’il ne soit trop tard.

Ça, c’est si tout va bien.

Souvent, dans la foulée de l’émotion, les clients n’écoutent pas les consignes ou l’animal est trop en détresse ; on le dépose alors directement dans les bras des TSA. Malgré le fait qu’elles portent des gants et un sarrau, ces travailleuses doivent maintenant procéder à une désinfection complète de leur personne. Pour être le plus rapides possible, elles portent maintenant deux couches de vêtements. Elles doivent dire à l’ensemble du personnel qu’elles sont contaminées et que personne ne devrait les toucher avant qu’elles puissent se laver et mettre la première couche de linge à la laveuse.

Les clients reconnaissent les efforts titanesques de ces travailleuses et travailleurs, même s’il leur est excessivement difficile de ne pas pouvoir accompagner leur animal une fois à l’hôpital. Et bien que ce soit assez éprouvant quand il s’agit simplement d’une intervention médicale, le processus de fin de vie apporte un tout autre niveau de bouleversement.

Un rituel malgré la COVID-19
C’est la raison pour laquelle l’hôpital a érigé un abri temporaire uniquement dédié à l’euthanasie des animaux. Les clients peuvent donc demeurer avec leur animal pour les derniers moments de sa vie. « C’est évidemment des moments très tristes, et ils ne peuvent pas y rester longtemps, mais au moins ils peuvent lui dire au revoir en paix », souligne la présidente du syndicat.

Ces nouveaux protocoles ne sont pas sans poser plusieurs défis. Le fait de tout effectuer par téléphone peut être ardu. Il est difficile de savoir si le client écoute bien, car celui-ci peut être en train de pleurer sans même que le ou la salarié-e le sache. Le lien de confiance se bâtit plus facilement lors d’un échange en personne, mais malgré ces obstacles, Alexandra et les autres membres du STT Groupe Vétéri-Médic–CSN savent qu’ils vont s’en sortir.

« L’énergie des troupes est forte. On se serre les coudes et on reste protégés. On a une job à faire, et on est fiers de ce qu’on est capable de réaliser pour nos amis poilus et leur famille en cette période de crise. »

Le Transit, un centre de crise toujours disponible

Alors que les services d’aide communautaire et les services en santé et services sociaux débordent, une petite lueur brille toujours au cœur de l’Île de Montréal. Le centre de crise Le Transit, qui dessert le Centre-Est de la ville, a même constaté une légère diminution de la clientèle depuis la crise sanitaire liée à la COVID-19. Et pourtant.

« On s’attend à ce que la demande arrive plus tard dans la crise ; présentement, les gens sont en mode survie. Toutefois, on sait qu’il y a déjà des personnes en détresse en raison des pertes d’emploi ou en raison de la situation conjugale. On est prêt à les aider. C’est juste que le gouvernement ne nous a pas encore mis sur la map dans les services offerts », confie l’intervenant psychosocial, André Lapierre, qui est aussi le président du syndicat de l’organisme.

Le Transit vient en aide gratuitement aux personnes qui se sentent dépassées par un événement stressant ou par une difficulté qui semble insurmontable. Entre 25 et 30 « anges gardiens » offrent ces services d’urgence de courte durée en tout temps. Même en cette période de confinement.

« Notre priorité, ce sont les interventions téléphoniques. Pour quelques exceptions, si les règles sont balisées, on peut aussi intervenir face à face. Même nos services d’hébergement demeurent disponibles. C’est sûr qu’on ne peut pas accueillir des personnes qui ont des symptômes ou qui sont en quarantaine, mais nos chambres sont là. »

Le centre de crise peut héberger jusqu’à quatre personnes en même temps, pour une durée maximale de 10 jours. Les personnes en situation de crise – ou leurs proches – peuvent contacter l’organisme à l’adresse suivante : https://www.centredecrise.ca/le-transit

Prime COVID-19 : réaction de la CSN

À la suite des revendications répétées de la CSN, le Conseil du trésor a modifié sa proposition pour la prime COVID-19.

Alors qu’il nous disait ce matin même (2 avril) que la prime COVID-19 qu’il envisageait ne s’appliquerait qu’à une partie du personnel de la santé et des services sociaux, il nous informe maintenant, et ce par un point de presse, qu’il propose une première prime de 8 % pour les travailleurs et les travailleuses qu’il considère de « première ligne », soit tous les professionnels de la santé œuvrant directement auprès de la clientèle, que ce soit aux urgences, aux soins intensifs, dans les centres de confinement, les cliniques de dépistage, ou les CHSLD. Il met aussi sur la table une autre prime de 4 % pour tout le reste du personnel du réseau public de la santé et des services sociaux. Ces primes seraient rétroactives au 13 mars et en vigueur jusqu’au 1er mai, et pourraient être renouvelées. Pour la CSN, il est clair que ces primes sont toujours nettement insuffisantes quant à leur hauteur et à leur application limitée à certains secteurs ou réseau.

Au moment d’écrire ces lignes, nous ne pouvons affirmer avec certitude quels titres d’emploi constituent la « première ligne » aux yeux du gouvernement. Le gouvernement a précisé que cette mesure serait incluse à un arrêté ministériel à paraître prochainement. Nous vous tiendrons informé-es de tout développement.

Soulignons que ces primes présentées aujourd’hui par le gouvernement n’ont pas fait l’objet d’une entente à aucune table de négociation. Il en va de même des mesures particulières à la COVID-19, pour assurer la santé et la sécurité du personnel.

Les syndicats CSN du CHU Sainte-Justine obtiennent le retrait du personnel à risque

Les trois syndicats CSN, représentant l’ensemble des salarié-es du CHU Sainte-Justine annoncent aujourd’hui que l’établissement accepte de retirer les femmes enceintes avec pleine rémunération via le programme Pour une Maternité Sans Danger (PMSD). Les personnes immunosupprimées présentant un billet du médecin et celles âgées de 70 ans et plus qui en font la demande seront aussi retirées.

Les syndicats se réjouissent que le CHU Sainte-Justine fasse preuve de leadership en mettant en œuvre cette mesure nécessaire, afin de protéger adéquatement l’ensemble du personnel de l’établissement. Les syndicats demeureront extrêmement vigilants dans la suite des choses afin d’assurer la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs tout au long de la crise. Rappelons que les fédérations représentant ces syndicats, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) et la Fédération des professionnèles (FP–CSN) ont décidé de faire de la santé et de la sécurité du personnel leur priorité absolue. Elles tentent actuellement de convenir au niveau national, avec les représentants des employeurs du réseau, des mesures d’urgence à mettre en place immédiatement pour faire face à la crise de la COVID-19. Le retrait des femmes enceintes, celles qui allaitent ainsi que des personnes immunosupprimées ou d’autres personnes vulnérables des milieux non sécuritaires, avec pleine rémunération, fait partie de ces mesures.

« Le CHU Sainte-Justine a pour mission de se consacrer à la santé et au bien-être des mères et de leurs enfants. En ce sens, la direction devait montrer l’exemple en protégeant les travailleuses enceintes ainsi que le personnel le plus à risque. Nous pensons que cette mesure devrait être de mise dans tous les établissements du réseau », plaide le président du syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CHU Sainte-Justine – CSN, Félix-Olivier Bonneville.

« C’est nous qui sommes au front au quotidien et nous le faisons avec cœur et engagement. Il est primordial d’agir rapidement pour protéger l’ensemble du personnel », poursuit la présidente du Syndicat des techniciens-nes et professionnels-les de la santé et des services sociaux du Québec – CSN, Jessica Goldschleger.

« C’est un cri du cœur au nom de tous nos collègues qui s’inquiètent pour leur santé et pour leur sécurité que nous avons lancé à la direction. Nous nous réjouissons qu’il ait été entendu par la direction et nous espérons que tous les établissements suivront la voie que nous traçons aujourd’hui, pour le bien de l’ensemble du personnel », conclut Simon Bouclin, président du syndicat national des employé-es du CHU Sainte-Justine – CSN.

Des mesures d’urgence pour l’ensemble du personnel, partout
Pour les fédérations CSN, ce problème ne concerne pas que le CHU Sainte-Justine, mais bien l’ensemble des établissements : c’est la responsabilité de l’ensemble du réseau et de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, qui est en cause. Outre le retrait de personnes à risque, les deux fédérations tentent depuis plusieurs jours de convenir d’autres mesures d’urgence liées à la crise de la COVID-19. Malgré l’urgence de la situation et les nombreuses heures de discussion, il n’y a toujours pas d’entente avec le ministère de la Santé et des Services sociaux afin de convenir des mesures ciblées essentielles dans ce contexte de crise, pour protéger les travailleuses et les travailleurs.

Ensemble, la FSSS–CSN et la FP–CSN regroupent près de 100 000 salarié-es du réseau public de la santé et des services sociaux, et ce, dans toutes les catégories de personnel, partout au Québec.

Message aux syndicats du secteur public : Un gouvernement déconnecté qui veut couper les ailes des anges gardiens

Rappelons que le 23 mars, la CSN a présenté sa réponse au Conseil du trésor : une suspension de la négociation compensée par plusieurs mesures à mettre en place immédiatement, dont certaines de nature financière, permettant de mettre la négociation de côté pour une période allant jusqu’à 18 mois, afin de pouvoir se consacrer entièrement à la lutte contre la COVID-19, au bénéfice de toute la population.

Au cours de la dernière semaine, nous avons eu plusieurs échanges avec le Conseil du trésor et les représentants patronaux des différents réseaux, mais force est de constater que très peu d’avancées ont été réalisées. En résumé, le gouvernement propose essentiellement d’accepter sa proposition initiale du 12 décembre dernier, que toutes les organisations syndicales avaient jugée inacceptable. Aujourd’hui, en pleine crise, il nous demande d’accepter un statu quo sur les conditions de travail pour les trois prochaines années et il tient à boucler cet important exercice d’ici le 31 mars, alors qu’une telle opération s’étend généralement sur des mois, voire plus encore. Ces « offres » qui étaient déjà déconnectées des réalités vécues et des besoins dans les réseaux publics en décembre dernier le sont encore plus maintenant. Il s’agit d’un grand manque de respect pour les travailleuses et les travailleurs du secteur public qui ont présentement plus que jamais besoin d’être soutenus.

Quel est le véritable intérêt du gouvernement à vouloir conclure en quelques jours des ententes qui maintiendront à peu de choses près les mêmes conditions de travail inadéquates pour l’ensemble des salarié-es bien au-delà de la crise sanitaire ? Voudrait-il ainsi passer le cap des prochaines élections sans se retrouver à négocier avec ses travailleuses et ses travailleurs juste avant celles-ci ? La crise sanitaire ne doit pas servir à occulter les problèmes réels de conditions de travail.

Une chose est certaine, l’entêtement du gouvernement à vouloir renouveler en vitesse l’ensemble des conventions collectives nuit aux discussions essentielles qui devraient se tenir maintenant afin de mettre en place des mesures d’urgence pour le personnel au front contre la COVID-19. On apprenait ce matin qu’on recense déjà, au Québec, 46 cas de COVID-19 chez le personnel du réseau de la santé et des services sociaux. Le gouvernement doit agir maintenant; il en va de la sécurité et de la santé, tant physique que psychologique, de centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs des services publics. L’heure est grave, il faut consacrer toutes nos énergies à trouver des solutions à la crise et, par conséquent, suspendre la négociation.

Alors que dans le secteur privé de nombreux employeurs d’entreprises jugées essentielles en ces temps de crise valorisent leurs travailleuses et leurs travailleurs en offrant des majorations salariales significatives, le gouvernement, jusqu’à présent, semble plutôt d’avis que ses anges gardiens ne méritent pas tous une reconnaissance de leur contribution. Ce refus de souligner concrètement l’apport crucial de toutes celles et de tous ceux qui, pour les semaines et les mois à venir, maintiendront les services à la population, permettant ainsi de sauver des vies et de sortir le Québec de la crise, est inacceptable.

Dans ce contexte, les fédérations CSN maintiennent que les conventions collectives du secteur public ne doivent pas se négocier à la va-vite, sur un coin de table. Les besoins sont trop importants ; ils l’étaient avant la crise et le seront encore plus au sortir de la lutte contre la COVID-19. Aller de l’avant avec la proposition actuelle du gouvernement n’est pas la voie à suivre.

Nous le disons depuis longtemps déjà : les services publics sont les piliers de notre société. Sans vous toutes et vous tous, aujourd’hui, le Québec ne tiendrait plus debout. La population entière le réalise actuellement et le gouvernement doit aussi le reconnaître par des gestes concrets. C’est par ce message que nous avons terminé la rencontre d’hier avec le Conseil du trésor.

La CSN poursuivra activement les discussions avec le gouvernement au cours des prochains jours. Nous continuerons de vous tenir informés.

Solidarité !

Message aux syndicats du secteur public : Soutenir les anges gardiens, tous les anges gardiens, un devoir collectif

La CSN demande le renforcement des règles en matière de santé et de sécurité au travail
La situation actuelle est inédite. Le Québec n’a jamais traversé une crise d’une telle ampleur et cela nous impose d’agir en conséquence. Le temps n’est pas à une entreprise d’envergure comme l’est la négociation du secteur public. Signer des ententes pour les trois, quatre, cinq prochaines années, pour des centaines de milliers de travailleuses et de travailleurs, alors que nous vivons une crise de santé publique sans précédent, nous semble impossible et inapproprié. Les travailleuses et les travailleurs sur le terrain doivent pouvoir mettre toutes leurs énergies à aider les Québécoises et les Québécois à passer à travers cette crise.

Pour toutes ces raisons, nous voulons affirmer une fois de plus notre volonté de collaborer avec le gouvernement dans les plus brefs délais pour faire en sorte que les anges gardiens, tous les anges gardiens, tant le personnel en santé et services sociaux que dans les services de garde, soient soutenus par des mesures immédiats, fortes et concrètes, qui porteront tant sur la rémunération que sur les conditions de travail.

Dans ce contexte, nous demandons au Conseil du trésor de suspendre les négociations des conventions collectives du secteur public pour une période de 18 mois, en convenant de mesures particulières liées aux impacts de la pandémie pour les travailleuses et les travailleurs.

Caroline Senneville
Vice-présidente de la CSN

La CSN demande le renforcement des règles en matière de santé et de sécurité au travail

Alors que la propagation du coronavirus s’amplifie, la CSN demande au gouvernement de François Legault de s’assurer du renforcement de l’application des règles en matière de santé et de sécurité au travail par l’ensemble des employeurs au Québec. La CSN considère que des gestes en ce sens deviennent urgents, d’abord pour garantir la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs, mais également pour diminuer l’ampleur du ralentissement économique auquel le Québec est confronté.

« Ce n’est pas le temps de niaiser avec les mesures de prévention en matière de santé et de sécurité au travail! », lance d’emblée le président de la CSN, Jacques Létourneau. « Chaque jour, le premier ministre lance un appel particulier pour contenir la crise. Nous estimons qu’il est plus que temps qu’il envoie une consigne très, très claire aux employeurs du Québec : les mesures de prévention en milieu de travail doivent être renforcées afin de contenir la propagation du virus. La CNESST doit intervenir dans les milieux de travail où des correctifs doivent être apportés. Il est de la responsabilité du gouvernement de s’en assurer. »

Depuis une semaine, la CSN reçoit de multiples témoignages de travailleuses et de travailleurs inquiets d’être contaminés au travail. La CSN salue la diligence des employeurs qui ont renforcé les mesures de salubrité et favorisé au maximum la possibilité de faire du télétravail, mais déplore que plusieurs d’entre eux négligent la situation, et ce, tant dans les secteurs public et privé que dans le secteur parapublic.

Le président de la CSN demande également à la population de tout mettre en œuvre afin de préserver la santé des salarié-es qui travaillent avec la clientèle. « Dans les épiceries, les restaurants et les commerces de vente au détail, nos membres sont directement exposés aux vecteurs de propagation du virus. Svp, faites en sorte de ne pas les contaminer : gardez vos distances, évitez la monnaie papier et respectez les consignes d’isolement », exhorte Jacques Létourneau.

Message aux syndicats du secteur public : Mise à jour du 18 mars

Le premier ministre nous a aussi demandé « Qu’est-ce que le gouvernement peut faire pour améliorer les conditions de travail du personnel du réseau de la santé? » Depuis, les fédérations multiplient les discussions pour regarder ce qu’il faut mettre en place pour, d’abord et avant tout, préserver la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs qui sont sur la ligne de front.

Nous considérons aussi qu’il est de notre devoir de garder mobilisées toutes ces personnes qui travaillent sans relâche en ce moment dans les centres de santé et de services sociaux ainsi que dans les services de garde en milieu scolaire, en installations et en milieu familial. C’est là-dessus que les fédérations travaillent sans relâche, ainsi que sur les préoccupations soulevées par les travailleuses et les travailleurs sur le terrain.

Beaucoup de questions demeurent sans réponse pour le moment, mais nous ne chômons pas et nous faisons tout en notre pouvoir pour y répondre le plus rapidement possible. Nous tenons aussi à vous indiquer que nous continuerons à vous tenir informé-es régulièrement, même lorsque nous avons peu de nouvelles à vous transmettre.

Revenez voir notre page, nous y ferons des mises à jour régulièrement.

Un moratoire s’impose avant de nouveaux déploiements

Après la multiplication de centres d’études collégiales et d’antennes universitaires au cours des dernières années, la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) et la Fédération des professionnèles (FPCSN) s’interrogent sur les intentions du ministère de l’Enseignement et de l’Éducation supérieur (MEES) de permettre la création de nouveaux campus universitaires sans consultation et sans étude approfondie.

« C’est avec stupéfaction que nous avons appris dans les médias le projet de création d’un campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) à Terrebonne alors que l’UQAM et l’Université de Montréal offrent déjà des programmes dans la région de Lanaudière. Tout cela se passe vraisemblablement avec la complicité intéressée des autorités politiques locales poussées par le développement immobilier. Les établissements d’enseignement supérieur sont publics et les créations de campus satellites créent une concurrence indue entre eux », déclare le vice-président, regroupement université à la FNEEQCSN, Richard Bousquet.

Un moratoire s’impose
Si les créations de campus ont, par le passé, assuré une plus grande accessibilité de l’enseignement supérieur, la majorité des initiatives des dernières années n’ont aucune visée académique : elles relèvent davantage d’une course à la clientèle sans considération sur la cohésion de l’offre de programmes d’un territoire donné, sur les conditions d’études et de travail ainsi que sur la vie au sein des campus. L’ouverture de nouveaux points de service même à Montréal par les établissements d’enseignement des régions doit aussi être réévaluée.

« Nous exigeons un moratoire sur le déploiement des centres d’études collégiales et universitaires. La construction de nouveaux campus accroît les dépenses immobilières et il ne semble pas qu’elle s’accompagne d’une augmentation des effectifs étudiants. Si un nouveau campus peut sembler attrayant, il faut tout de même s’assurer que celui-ci n’en videra pas un autre », soutient la vice-présidente, secteur universitaire à la FPCSN, Louise Briand.

Rappelant le rapport des États généraux de l’enseignement supérieur, la FNEEQCSN et la FPCSN réitèrent la nécessité de créer des organismes de coordination du développement des réseaux collégial et universitaire, composés majoritairement de membres issus de la communauté collégiale et universitaire (professeur-es, chargé-es de cours, personnel professionnel et de soutien, étudiantes et étudiants) afin de freiner la compétition entre les établissements et assurer un déploiement basé sur l’intérêt public et la formation des étudiantes et étudiants.

Vague de syndicalisation chez les archéologues du Québec

La CSN est heureuse d’accueillir au sein de son organisation un tout nouveau syndicat issu d’un secteur qui était non syndiqué jusqu’alors : il s’agit d’une première dans le milieu de l’archéologie québécoise. Le Syndicat national des archéologues du Québec (SNAQCSN), qui est affilié à la Fédération des professionnèles (FPCSN),  a tenu dimanche son assemblée générale de fondation et a élu son premier président ainsi que trois membres du comité exécutif de transition.

« Regrouper plusieurs dizaines de professionnèles qui partagent la même profession, mais qui travaillent chez différents employeurs à travers la province est un défi de taille. N’empêche, l’union fait la force : il faut absolument regrouper ces archéologues pour rehausser collectivement leurs conditions de travail qui ne sont pas à la hauteur de leur expertise ni de leur niveau de qualification présentement », déclare la présidente de la FPCSN, Ginette Langlois.

Le syndicat, qui vise l’ensemble du milieu québécois, et donc plusieurs employeurs, cherche à améliorer les conditions de travail des archéologues oeuvrant en archéologie contractuelle, secteur de recherche essentiel à la sauvegarde de notre patrimoine.

Un travail de construction à venir
À ce jour, le Syndicat national des archéologues du Québec compte cinq unités d’accréditation confirmées et quatre autres sont en processus d’accréditation. D’autres dépôts pourraient suivre. Le syndicat est confiant d’arriver à terme à syndiquer l’ensemble du milieu à l’échelle de la province.

À l’heure actuelle, les archéologues en milieu privé font face à des conditions de travail souvent difficiles et précaires. Les contextes d’intervention atypiques ne favorisent pas toujours le respect des normes de santé et sécurité au travail. De plus, les salaires trop bas et le manque d’échelle salariale placent un trop grand nombre d’entre eux sous le seuil de faible revenu, malgré plusieurs années d’expérience et une scolarité universitaire. Il en résulte un haut taux d’abandon de la profession par ses membres les plus expérimentés. Par amour pour leur profession trop longtemps dévalorisée, les archéologues du Québec ont pris la décision de s’unir pour améliorer leurs conditions de travail et assurer une pratique saine et viable de leur métier.

« Nous sommes fières de nous rassembler de part et d’autre de la province pour permettre au milieu de l’archéologie professionnelle de se doter d’outils qui favoriseront son rayonnement, sa valorisation, et sa croissance. L’espoir est d’améliorer les perspectives d’avenir pour tous les archéologues », soutient solidairement le nouvel exécutif du SNAQCSN.

Le projet de conventions collectives sera élaboré à partir de ce printemps en tenant compte de la réalité de chaque milieu de travail. Un comité de négociation national est déjà élu.

Montant record amassé par la CSN pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN

La 23e campagne de financement de la CSN pour le Camp Vol d’été Leucan–CSN, camp unique pour les enfants atteints de cancer et leur famille, vient de se terminer. Nous sommes très heureux d’annoncer qu’un montant record de 231 457 $ a été amassé collectivement par les membres de la CSN. C’est en 2019 que le cap des 4 millions de dollars a été franchi en montant amassé total depuis le début de cette belle association.

Par solidarité envers les enfants atteints de cancer, les militants et militantes ont organisé différentes actions pour atteindre un tel résultat (campagne du 1 $ par membre, retenues à la source, tournois de golf, ventes de bonbons,  organisation d’activités, etc.). Le Camp Vol d’été Leucan-CSN est d’ailleurs la cause officielle de la CSN.

30 personnes membres de toutes les organisations de la CSN s’impliquent bénévolement à la Fondation Camp Vol d’été Leucan-CSN pour mener cette campagne de collecte de fonds. Ils agissent avec cœur et dévouement tout au long de l’année pour voir à la réussite de la campagne. Ils sont : Jean Lacharité (CSN), Gabrielle Pelletier (CSN), Ramatoulaye Diallo (Conseil central du Montréal Métropolitain–CSN), Éric Céré (Conseil central des Laurentides–CSN), Nancy Legendre (Conseil central Bas-Saint-Laurent–CSN), Félix-Antoine Lafleur (Conseil central Abitibi-Témiscamingue-Nord-du-Québec–CSN), Daniel Lamoureux (Conseil central Bas-Saint-Laurent–CSN), Sylvain Pratte (Conseil central Cœur-du-Québec–CSN), Agathe Tremblay (Conseil central Côte-Nord–CSN), Julie Bolduc (Conseil central Estrie–CSN), Serge St-Pierre (Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine–CSN), Alain Chevarie (Conseil central de la Gaspésie et des Île-de-la-Madeleine–CSN), Patricia Rivest (Conseil central Lanaudière–CSN), Louis-André Boulay (Conseil central Montérégie–CSN), Daniel Baril (Conseil central Outaouais–CSN), Louis Hamel (Conseil central Québec-Chaudière-Appalaches–CSN), Monic Perron (Conseil central des syndicats nationaux du Saguenay–Lac-Saint-Jean–CSN), Emmanuelle-Cynthia Foisy (CSN-Construction), Alexandre Giguère (FC–CSN), Jean-Pierre Bourgault (FEESP–CSN), Michel Tétreault (FIM–CSN), Pierre Roger (FNC–CSN), Léandre Lapointe (FNEEQ–CSN), Yvan Duceppe (FP–CSN), Nadine Lambert (FSSS–CSN), François Gagnon (L’OR–CSN), Céline Charbonneau (Marraine), Jean-Claude Gagnier (STT–CSN)

Les familles de Leucan tiennent à remercier tous ceux qui participent de près ou de loin à cette grande campagne provinciale de financement. Soyez assuré que vous faites une réelle différence. Comme on le dirait au camp….

« C’estttttt un M, un E, un R. C’est un C avec un I.  Rassembler tou-tes ces let-tres, vous y trouverez, MERCI MERCI MERCI! »

Le travail caché des éducatrices spécialisées

Pour cette nouvelle baladodiffusion, l’équipe du Point syndical vous propose un entretien entre Marie-Ève De Bellefeuille, éducatrice spécialisée au CLSC de Beauport, et Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN. Cet échange lève le voile sur le travail crucial, mais mal connu des éducatrices spécialisées ; il fait état de réflexions préoccupantes sur le bien-être des enfants ébranlé par des années d’austérité. En voici un condensé.

Caroline : En quoi consiste ton travail concrètement ?

Marie-Ève : J’aide les enfants et leur famille au quotidien, et ma façon de le faire est de me déplacer directement pour aller à leur rencontre, à la maison. Je suis présente le matin ou au retour de l’école pour apporter du soutien aux parents dans ces moments plus intenses de la journée. Je leur offre un appui pour faciliter leur passage à travers des étapes de la vie qui sont parfois un peu ardues.

Caroline : Dans le cadre de ton travail, j’imagine que tu peux être en lien avec les centres jeunesse ?

Marie-Ève : Oui, je travaille en collaboration avec ces centres. Souvent, des personnes viennent volontairement solliciter nos services. Mais parfois aussi, nous intervenons tout juste avant ou après le passage de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans le dossier.

Caroline : Si tu avais une baguette magique, que ferais-tu pour donner de meilleurs services ?

Marie-Ève : Si j’avais le pouvoir de changer quelque chose dans mon travail, je réduirais les tâches administratives afin d’assurer une plus grande présence auprès des familles. Être moins derrière mon bureau me permettrait de me concentrer sur les services aux usagers. Les éducatrices et éducateurs spécialisés aiment être dans l’action ; le volet administratif est important bien sûr, car il faut laisser des traces de nos interventions, mais il prend tellement de place qu’il gruge le temps précieux passé aux côtés de celles et ceux qui ont besoin de nous.

Caroline : Qu’aimerais-tu apprendre au public à propos de ton travail ?

Marie-Ève : Nous sommes invités dans l’intimité des gens. Quand on arrive dans un foyer, tôt le matin, on voit des personnes en pyjama et les cheveux en bataille ou en train de se brosser les dents. Notre travail est caché ; on ne peut même pas s’imaginer à quel point il peut changer les choses dans la vie d’un enfant. N’oublions jamais que les enfants, c’est l’avenir. Si on ne sème pas les graines, si on ne les aide pas à pousser comme il faut, elles vont se développer tout croche. La plupart des parents veulent qu’elles poussent droit, mais n’ont pas les moyens ou n’ont pas eu les modèles pour y arriver.

Caroline : On sait que les compressions dans le réseau de la santé et des services sociaux nuisent à la prestation de bons services en santé mentale. Est-ce que cette situation entraîne un impact sur ton travail ?

Marie-Ève : Absolument. C’est une réaction en chaîne. Certains parents que j’accompagne attendent des traitements en psychologie depuis très longtemps.  Leur santé mentale s’en trouve fragilisée, ce qui a une répercussion sur les enfants. De leur côté, certains enfants reçoivent des diagnostics et doivent patienter longtemps pour une évaluation en pédopsychiatrie ou en orthopédagogie. En attendant, ils peuvent avoir du mal à réussir sur le plan scolaire et ne reçoivent aucune aide durant cette période. Il s’ensuit souvent une augmentation des comportements difficiles à école, ce qui occasionne du stress au sein de la famille. Quand j’ai commencé il y a dix-sept ans, je n’étais pas aussi souvent témoin de ce genre de situation aujourd’hui très fréquente.

La CAQ souhaite-t-elle asphyxier les services publics ?

Le 12 décembre dernier, la CSN a rencontré le Conseil du trésor pour recevoir les offres du gouvernement en vue du renouvellement des conventions collectives du secteur public.

Alors que la CAQ promettait du changement, les propositions déposées indiquent plutôt que le gouvernement Legault choisit de poursuivre sur la même voie que ses prédécesseurs libéraux en refusant de reconnaître la valeur du travail accompli par les travailleuses et les travailleurs en éducation, en santé et services sociaux et dans les organismes gouvernementaux.

Des offres salariales insultantes
Côté salaire, le gouvernement offre à ses propres employé-es de s’appauvrir. En proposant des augmentations sous le taux d’inflation – 1,75 % pour chacune des deux premières années, 1,5 % pour la troisième année et 1 % pour chacune des deux dernières années – le premier ministre Legault renie sa parole de consentir au minimum des augmentations qui couvriraient la hausse du coût de la vie. Pour les membres CSN du secteur public, cette proposition est inacceptable. Éviter de s’appauvrir en travaillant ne devrait même pas être un enjeu de négociation. C’est la base.

Le Conseil du trésor propose aussi de verser un montant forfaitaire de 1000 $ non récurrent aux personnes qui auront atteint le dernier échelon de leur échelle salariale d’ici le 30 mars 2020. Ce montant n’est que de la poudre aux yeux.

Sur le terrain, les offres salariales ont été reçues comme une véritable insulte. Pour bon nombre de travailleuses et de travailleurs des réseaux publics, le salaire actuel ne permet même pas de vivre décemment. Les besoins sont grands et les personnes qui œuvrent au quotidien à prodiguer les meilleurs services possible à la population s’attendent à plus de respect de la part de leur employeur, le gouvernement du Québec.

Négocier sans attendre
Le Conseil du trésor, dans son dépôt des deman­des à la table centrale, annonçait la création de trois forums sur ses priorités gouvernementales, soit la santé globale des salarié-es, la réussite éducative et l’accessibilité aux soins pour la clientèle en hébergement de longue durée ou recevant des soins à domicile. La CSN a annoncé en janvier dernier qu’elle ne participera pas à ces forums ; les fédérations du secteur public considèrent que les discussions sur ces enjeux cruciaux doivent se tenir aux tables de négociation, dès maintenant.

Une première séance entre la CSN et le Conseil du trésor s’est tenue le 8 janvier. Les parties ont convenu de se rencontrer régulièrement. Les pourparlers sont donc entamés sur l’ensemble de nos revendications, tant sur le salaire que sur les autres enjeux intersectoriels, soit la retraite, les disparités régionales, les droits parentaux ainsi que les assurances collectives et la protection des lanceurs d’alerte.

Des dépôts sectoriels déconnectés
Les fédérations du secteur public affiliées à la CSN (FEESP, FNEEQ, FP et FSSS) ont aussi reçu, en décembre, les propositions sectorielles des comités patronaux de négociation.

Dans le secteur de la santé et des services sociaux ainsi qu’en éducation, les dépôts patronaux dénotent un flagrant manque de vision. Alors que la négociation devrait servir à améliorer les conditions de travail de toutes et de tous, les patrons des réseaux semblent plutôt vouloir saisir l’occasion pour accroître le pouvoir des cadres et retirer certains droits aux salarié-es. Les dépôts comportent des éléments préoccupants pour celles et ceux qui sont en situation de précarité, particulièrement en éducation : diminution des avantages pour les employé-es à temps partiel, augmentation des délais et ajout de critères pour l’obtention de la permanence, modification des horaires à la petite semaine, etc. Avec de telles mesures, il est difficile de saisir comment les patrons pensent attirer la relève dans les écoles, les cégeps et les établissements de santé et de services sociaux.

Du côté des travailleuses et travailleurs des organismes gouvernementaux syndiqués à la CSN qui prennent part à la négociation du secteur public, seuls les membres du Parc olympique de Montréal ont déjà entamé les discussions avec la partie patronale. Les sept syndicats FEESP et FP de cet organisme ont décidé de se coordonner pour mener la présente ronde de négociation. Une décision fort stratégique compte tenu de la volonté de l’employeur de réécrire entièrement les conventions collectives, notamment en décloisonnant les horaires et en facilitant le recours à la sous-traitance. Les syndicats CSN de l’aide juridique, des traversiers et de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse n’ont quant à eux toujours pas reçu les propositions patronales.

Merci, mais non merci
Absolument rien dans les dépôts du gouvernement, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, ne permet d’attirer le personnel dans le secteur public et de le retenir. Avec les coffres de l’État québécois qui débordent et une situation de rareté de main-d’œuvre qui entraîne déjà des pénuries majeures dans les réseaux, voire des bris de services, le gouvernement a les moyens et le devoir de faire mieux. C’est par leur mobilisation que les 150 000 travailleuses et travailleurs CSN du secteur public lui feront prendre conscience de l’urgence d’agir.

Le Plan d’action numérique du MEES sur une mauvaise pente

La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) et la Fédération des professionnèles (FPCSN) s’inquiètent de la tangente prise par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) dans le cadre de la mise en œuvre de son Plan d’action numérique. Il semble évident que le ministère en sous-estime les implications sur les relations de travail et se méprend sur le rôle des établissements d’enseignement supérieur au Québec.

Dans son appel de propositions lancé le 4 février auprès des directions des cégeps et des universités, le Ministère souhaite développer des cours en ligne ouverts massivement (CLOM), supposément « pour répondre à des besoins de formation à grande échelle ». Pour les fédérations, cet appel hors cadres et hors conventions collectives brûle les étapes quant à l’objectif et à la population visés, quant à l’implication du milieu et même quant à la pertinence de ces formations.

Le Ministère a déterminé quatre thématiques pour ces CLOM : la profession enseignante au 21e siècle, l’intelligence artificielle, le développement de la compétence numérique et la formation à distance. « Le choix des thématiques est plutôt étonnant, quant à nous, car il semble très loin des besoins prioritaires de développement des compétences à l’échelle provinciale. En quoi une formation sur l’intelligence artificielle ou sur la profession enseignante au 21e siècle pourrait-elle régler les problèmes actuels de pénurie de main-d’œuvre ? », questionne Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQCSN. « C’est pourtant l’objectif de cette mesure du Plan d’action numérique. Cet appel du Ministère nous semble totalement improvisé. »

Des litiges à l’horizon
Bien que les fédérations partagent la nécessité de s’attaquer aux pénuries de main-d’œuvre et aux besoins importants de formation et de développement continus des compétences, elles croient que le projet du MEES suscitera une vive opposition.

Le Ministère exige que ces cours soient entièrement produits sous forme de ressources éducatives libres afin de rendre leur réutilisation et adaptation possibles. On semble ici oublier que personne n’est au-dessus des lois. Le Ministère ne peut pas rejeter du revers de la main les droits de suite et intellectuels inscrits dans les conventions collectives. L’idée de développer des cours en ligne accessibles à l’ensemble de la population demeure intéressante, mais cela nécessite qu’on le fasse avec précaution, en collaboration avec le milieu et en respectant la liberté académique ainsi que les instances de concertation auxquelles siègent les différentes catégories de personnel.

« Avec cet appel de propositions, le gouvernement cherche à imposer au milieu de l’enseignement supérieur une approche en tous points conforme aux manières de l’entreprise marchande : appel à la concurrence entre les ordres d’enseignement et entre les établissements, marchandisation de la formation, délais ridiculement courts », déplore Louise Briand, vice-présidente, secteur universitaire à la FPCSN.

La FNEEQ et la FP demandent au Ministère de mettre fin immédiatement à cet appel de propositions et lui demandent d’inviter tous les acteurs du milieu à participer à une véritable réflexion sur la mise en œuvre du Plan d’action numérique en enseignement supérieur.

« Sans nous, les services publics sont HORS SERVICE »

C’est habitée par un réel sentiment d’urgence que la CSN lance aujourd’hui la campagne HORS SERVICE. « Après plusieurs séances de négociation, tant à la table centrale qu’aux tables sectorielles, il est maintenant on ne peut plus clair que le gouvernement de François Legault ne saisit pas l’ampleur de la crise qui sévit dans nos réseaux », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Après avoir tenté par tous les moyens, et ce, depuis l’élection de la CAQ, de faire prendre conscience au gouvernement Legault que rien ne va plus dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux ainsi que dans les organismes gouvernementaux, la CSN choisit maintenant de s’adresser directement aux Québécoises et aux Québécois qui sont plus d’un million et demi à utiliser, chaque jour, les services publics. « Notre message est simple : sans de meilleures conditions de travail, il n’y aura plus de travailleuses et de travailleurs. Et sans les travailleuses et les travailleurs, il n’y a pas de services publics. Nous ne sommes pas alarmistes, nous sommes réalistes », ajoute Mme Senneville. « Il manque de ressources, les charges de travail sont insoutenables, les cas d’épuisement professionnel se multiplient, alors il manque encore plus de ressources… Il faut à tout prix briser ce cercle vicieux. »

De plus, c’est avec une grande inquiétude que la CSN constate que le Conseil du trésor n’envoie pas de signaux positifs aux tables de négociation, comme en témoigne son refus d’hier à maintenir en place jusqu’à la conclusion de nouvelles ententes des primes d’attraction et de rétention ainsi que certains budgets de formation et d’encadrement. « Le gouvernement opte pour des économies de bouts de chandelle sur le dos des travailleuses et travailleurs au lieu de saisir la chance de valoriser le personnel. La CSN ne baissera pas les bras et les discussions se poursuivent afin de les maintenir au-delà du 30 mars. »

Puisque le gouvernement ne reconnait pas la nécessité de donner un sérieux coup de barre dès maintenant pour améliorer les conditions de travail et de pratique et les salaires dans les réseaux, les travailleuses et les travailleurs du secteur public de la CSN considèrent qu’il est aujourd’hui de leur devoir d’informer la population de l’état de la situation sur le terrain. « Les bris de services sont à nos portes. De nombreux secteurs et départements sont constamment en sous-effectifs, ce qui nuit grandement à l’accessibilité et à la qualité des services. »

La CSN rappelle que, depuis plus de deux mois, elle se présente aux tables de négociation avec des solutions concrètes qui répondent aux besoins des travailleuses et des travailleurs des réseaux; des solutions qui permettraient au secteur public de redevenir attractif et ainsi de réduire les problèmes de pénurie de main-d’œuvre qui aggravent actuellement la situation dans les établissements. « Pendant que nous mettons des propositions solides sur la table, le gouvernement, de son côté, ne semble pas vouloir travailler à améliorer les conditions de travail du personnel. De plus, il nous confirme à travers le budget qu’il souhaite appauvrir les travailleuses et les travailleurs du secteur public en offrant des hausses de salaire sous l’inflation. N’est-il pas indécent que le président du Conseil du trésor, millionnaire de surcroît, propose d’appauvrir celles et ceux qui se consacrent au quotidien à offrir des services à la population? »

Avec comme objectif de parler à l’ensemble de la population, la campagne HORS SERVICE se déploiera dans toutes les régions du Québec. Des actions sont prévues dès aujourd’hui dans plusieurs villes.

« Si rien n’est fait pour améliorer les conditions de travail du personnel des réseaux, il n’y aura plus de services publics. N’attendons pas que ça arrive! », conclut Caroline Senneville.

Université du Québec : Un appel de propositions perdant pour tous

La Fédération des professionnèles (FPCSN) et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) dénoncent l’appel de propositions lancé par le siège social de l’Université du Québec (UQ). Cet appel crée un réseau parallèle de l’enseignement et place les ressources enseignantes des universités du réseau en compétition entre elles. C’est pourquoi, les deux fédérations demandent le retrait de cet appel de propositions.

Intitulé « Offre de formation réseau visant le développement de compétences professionnelles en recherche chez les étudiants de cycles supérieurs », cet appel de propositions demande aux ressources enseignantes de développer des nouvelles formations à distance qui faciliteront l’insertion des étudiants sur le marché du travail.

Or, malgré ce titre accrocheur, la FNEEQCSN et la FPCSN y voient des failles importantes autant pour le personnel que pour les étudiantes et étudiants. « Le développement de ces formations est une activité professionnelle externe à rémunération fixe qui n’entraîne aucune reconnaissance dans la charge de travail des ressources enseignantes qui devront, de plus, céder une licence d’utilisation non exclusive et non révocable », déplore Louise Briand, vice-présidente, secteur universitaire à la FPCSN. Pour les étudiants, rien ne garantit que ces formations complémentaires seront créditées ou que les crédits seront reconnus.

Des principes mis à mal
Les deux fédérations s’interrogent aussi sur le fait que ces formations pourront être modulées en fonction des besoins d’un seul étudiant et que des experts externes du milieu universitaire pourront être mis à contribution; cette approche va à l’encontre des principes de la formation universitaire.

« Alors qu’aucun syndicat n’a été consulté pour élaborer ces nouvelles formations à distance, comment se fait-il qu’un de ces cours soit déjà offert et que deux autres soient déjà en élaboration? », explique Richard Bousquet, vice-président, regroupement université à la FNEEQCSN. Bien que la direction de l’UQ soutienne que ces activités s’insèrent dans le cadre légal des actuelles conventions collectives, les balises pour encadrer l’enseignement à distance demeurent embryonnaires et diffèrent énormément d’une université à l’autre.

En tentant de répondre à un besoin spécifique, le siège social de l’UQ ouvre la porte à une offre uniformisée faisant fi de l’autonomie institutionnelle et de la liberté académique.

Un autre rendez-vous manqué par le Conseil du trésor pour régler les plaintes de maintien de l’équité salariale!

Les fédérations du secteur public de la CSN dont les membres sont touchés par la question du règlement des plaintes de maintien de l’équité salariale ont pu constater l’entêtement du gouvernement de la CAQ de ne pas régler ce dossier. L’enjeu est pourtant fort simple et devrait aller de soi : rémunérer à sa juste valeur le travail ayant déjà été effectué par des femmes et pour lequel elles ont été moins payées que leurs collègues masculins. La Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), la Fédération des professionnèles (FP-CSN) et la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) déplorent ce manque de vision face à une injustice évidente.

Le Conseil du trésor offre de bafouer le droit au maintien de l’équité salariale

En vertu des nouvelles dispositions de la Loi sur l’équité salariale, adoptée en avril 2019, les syndicats étaient en conciliation depuis plusieurs semaines avec le gouvernement du Québec afin de régler des plaintes de maintien de l’équité salariale. Lors de cette conciliation, qui prenait fin aujourd’hui selon les délais prévus à la loi, le Conseil du trésor a voulu marchander les plaintes de maintien, les unes contre les autres, de même que la date d’application pourtant prévue à la Loi sur l’équité salariale, voulant ainsi priver des milliers de femmes d’ajustements salariaux rétroactifs auxquels elles ont droit et exiger le désistement de certaines plaintes.

« C’est odieux! Plutôt que de montrer l’exemple en matière d’équité salariale, le gouvernement a utilisé tous les détours pour que nos plaintes de maintien ne soient pas traitées avec diligence et éviter de verser la totalité des sommes selon la valeur du travail des femmes à son emploi », affirme Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS-CSN.

« C’est choquant de constater que le Conseil du trésor n’accepte pas de verser un juste salaire aux femmes et qu’il veut faire des économies sur leur dos », ajoute Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP-CSN.

Une offre méprisante et discriminatoire pour des milliers de femmes

En décembre dernier, le président du Conseil du trésor se vantait d’être un négociateur créatif et annonçait qu’il voulait sortir le chéquier pour régler les plaintes de maintien de l’équité salariale. Or, contrairement à ce que pouvait laisser entendre Christian Dubé, il ne s’agissait pas d’une offre généreuse, mais plutôt d’une offre globale méprisante pour plusieurs femmes à son emploi.  Il demande à des milliers de femmes de renoncer à leurs plaintes de maintien de l’équité salariale et à d’autres, pour lesquelles il reconnait l’existence d’une discrimination salariale, de renoncer à des sommes rétroactives de manière à abdiquer aux droits pourtant prévus à la Loi sur l’équité salariale.

Les enquêtes se poursuivent devant la CNESST

Voyant que le Conseil du trésor ne démontre aucune volonté de régler les plaintes de maintien et d’éliminer la discrimination salariale, les fédérations du secteur public de la CSN vont demander à la CNESST de poursuivre rapidement les enquêtes et de trancher les plaintes.

« Dans un contexte où nous ne pouvons en arriver à une entente en conciliation, nos membres peuvent compter sur les fédérations du secteur public de la CSN pour mener cette bataille devant la CNESST.  Rien ne sera ménagé pour la reconnaissance de ce droit fondamental à des milliers de femmes du secteur public », conclut Dany Roy, vice-président de la FP-CSN.

Un exercice contesté par les fédérations du secteur public de la CSN

Rappelons qu’en 2010 et 2015, le Conseil du trésor a décidé de procéder seul à un exercice de maintien de l’équité salariale. Pour la très grande majorité des emplois, il était d’avis qu’aucun changement n’avait eu lieu depuis 2001, soit depuis l’exercice de l’équité salariale. Cela a amené les fédérations du secteur public de la CSN à déposer plusieurs plaintes en vertu de la Loi sur l’équité salariale pour des catégories d’emploi dans le réseau de la santé et des services sociaux ainsi que de l’éducation.

Le gouvernement est le plus grand employeur de main-d’œuvre féminine au Québec. Ce qui ne l’empêche pas, malheureusement, de recourir à tous les moyens pour nier le problème de discrimination salariale et de bafouer le droit fondamental de maintien de l’équité salariale des travailleuses qui offrent des services à la population. Évidemment, la porte reste ouverte et si le Conseil du trésor démontre un réel intérêt de régler cette injustice discriminatoire envers les femmes, les fédérations du secteur public de la CSN seront au rendez-vous.

Une année de congrès et de centenaire pour la CSN

C’est dans un monde du travail en pleines mutations que la CSN tiendra son 66e congrès, du 25 au 29 mai prochain. Ce rendez-vous triannuel marquera également le début de la commémoration du centenaire de la centrale syndicale, fondée en 1921.

« Nous constatons d’importantes transformations de nos milieux de travail », a indiqué d’emblée le président de la CSN, Jacques Létourneau, lors de la conférence de presse annuelle de la centrale syndicale. « L’évolution technologique, en particulier en matière d’informatisation et de robotisation, a un effet considérable sur les procédés de production. La crise climatique que nous traversons nous oblige également à réduire notre empreinte énergétique, tout en nous assurant que cette transition s’effectue de façon juste pour les travailleuses et les travailleurs. Enfin, ces transformations s’effectuent dans un contexte où les pénuries et la rareté de main-d’œuvre touchent l’ensemble de nos entreprises. Voilà pourquoi nous souhaitons profiter de notre 66e congrès pour réfléchir avec nos syndicats aux défis et aux perspectives offertes par ces importants changements, et ce, autant en matière de négociation que de mobilisation et de syndicalisation. »

Ce congrès marquera également le coup d’envoi des activités soulignant le centenaire de la CSN, qui s’échelonneront jusqu’en septembre 2021. « Peu d’organisations québécoises peuvent se targuer d’avoir traversé 100 ans d’histoire. Nous désirons profiter de cet anniversaire pour célébrer l’évolution du travail et des conditions dans lesquelles nous l’exerçons. Grâce aux luttes que nous avons menées, tant sur le plan du travail que sur le plan social, nous sommes loin des conditions dans lesquelles vivaient les allumetières de Hull, même si beaucoup d’améliorations sont encore nécessaires », a souligné Jacques Létourneau.

Négociations à venir
L’année 2020 sera bien sûr marquée par les négociations du secteur public. La CSN y représente 150 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation et des organismes gouvernementaux. Alors que les organisations syndicales demandent un important rattrapage salarial et une amélioration des conditions de travail et de pratique, le gouvernement Legault déposait, il y a quelques semaines, des offres qui condamneraient les travailleuses et les travailleurs du secteur public à un appauvrissement supplémentaire. « Le premier ministre et son président du Conseil du trésor doivent comprendre que pour attirer et maintenir la main-d’œuvre dont nos services publics ont cruellement besoin, un sérieux coup de barre s’impose, a mentionné le président de la CSN. Espérons que les négociations qui s’amorcent seront l’occasion de régler les problèmes récurrents que nous rencontrons, et ce, dans un souci d’améliorer la qualité et l’accessibilité aux services publics auxquels la population québécoise est en droit de s’attendre. »

Plusieurs renouvellements de conventions collectives sont également à prévoir du côté parapublic, notamment dans les secteurs universitaire, préhospitalier, de la petite enfance et des agents correctionnels. Le secteur privé n’est pas en reste : d’importantes négociations coordonnées auront lieu dans les milieux de l’hôtellerie et de l’alimentation, entre autres. Au total, plus des deux tiers des membres de la CSN seront en négociation au cours de l’année 2020.

Dossiers en cours
Plusieurs dossiers d’importance qui chemineront à l’Assemblée nationale auront une attention toute particulière de la centrale syndicale. C’est le cas de la réforme des lois en matière de santé et de sécurité du travail. « Nos lois n’ont pas été revues depuis une quarantaine d’années, a déploré M. Létourneau. Alors que le Québec était chef de file à l’époque en matière de santé et sécurité, il traine aujourd’hui en queue de peloton. Nous avons été clairs avec le ministre du Travail, Jean Boulet : nous devons impérativement étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail et mettre à jour – pour la première fois depuis 1985! – la liste des maladies professionnelles reconnues, notamment en incluant les maladies d’ordre psychologique. » En plus de maintenir le programme de maternité sans danger continuellement remis en question par les employeurs, la CSN exigera des mesures pour déjudiciariser le régime d’indemnisation.

L’actualité des dernières semaines, avec la mise sous protection du Groupe Capitales Médias contre ses créanciers, a démontré le manque flagrant de protection des régimes de retraite lors de faillite. « Depuis l’automne, nous avons évalué plusieurs pistes pour tenter d’amoindrir les conséquences extrêmement malheureuses de cette situation sur les retraités du Groupe Capitales Médias ainsi que sur de nombreux travailleurs actifs, qui ont perdu près de 30 % de leur rente, a précisé Jacques Létourneau. Les transactions entre les administrations antérieures font évidemment partie des pistes que nous analysons. Mais, au risque de me répéter, jamais la CSN n’acceptera de prendre le blâme pour la terminaison des régimes de retraite du Groupe Capitales Médias. »

La CSN suivra de près la poursuite des travaux parlementaires entourant le projet de loi 40 portant sur les commissions scolaires. « Nous l’avons maintes fois répété : ce n’est pas d’un brassage de structures dont nous avons besoin, mais d’une réelle consultation sur la place qu’occupe l’école publique dans notre société et les ressources que nous devons y consacrer afin d’assurer la réussite scolaire de toutes et de tous. Dans le même ordre d’idées, nous attendons impatiemment des mesures concrètes pour augmenter le nombre de places en CPE et en milieu familial régi pour l’ensemble de nos tout-petits. »

Entre autres dossiers, la CSN s’intéressera de près au plan d’électrification et de lutte aux changements climatiques promis par le gouvernement Legault ainsi qu’aux travaux portant sur la réforme du mode de scrutin. La révision du programme de l’expérience québécoise, dont les débuts furent pour le moins cahoteux, sera également suivie de près.