Ils soulignent ainsi que la présentation du Grand Prix serait impossible sans la disponibilité en permanence de paramédics dédiés. Or, si les pilotes de bolides de course doivent pouvoir compter sur des paramédics prêts à intervenir à tout moment, il devrait en aller de même pour toute la population. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Dans plusieurs villes, la surcharge de travail est telle que cela se fait sentir dans les temps d’intervention. À cause de conditions de travail inadéquates, il est de plus en plus difficile de recruter de nouveaux paramédics et de les retenir dans le secteur.
En guise de clin d’œil au gouvernement qui exige sans cesse davantage des paramédics, comme s’ils étaient des citrons qu’on peut presser à l’infini pour en obtenir plus du jus, les paramédics ont servi de la limonade fraîche aux passants et touristes sur la rue Crescent.
« La population ne sait pas que le gouvernement nous méprise carrément quand vient le temps de négocier nos conditions de travail, explique le président du Syndicat du préhospitalier, Claude Lamarche, représentant les paramédics d’Urgences-santé à Montréal et à Laval. C’est devenu presque un rituel : à chaque négociation, le gouvernement se traîne les pieds pendant des années au lieu de se mettre en marche dès le jour un. Mais cette fois-ci, c’est du jamais vu : les demandes du gouvernement auraient pour effet de baisser notre rémunération. On a laissé la chance à la négociation, mais là assez c’est assez! Le gouvernement doit répondre de ses actes ».
En dehors de Montréal et de Laval, les paramédics travaillent pour des entreprises privées ou pour des coopératives.
« Nos employeurs s’en lavent les mains, dénonce le président du Syndicat des paramédics Laurentides–Lanaudière, Danny Leggo Beaudoin. Le gouvernement, qui paie presque entièrement les services, leur a garanti leurs marges de profits quoi qu’il advienne. Alors, ils voient bien que les conditions de travail qu’ils offrent ne tiennent pas la route. Ils vont chercher, à grands frais, du personnel d’agences privées pour combler les remplacements et c’est le gouvernement qui paie, à leur place, les sommes supplémentaires. C’est indécent ! Le vérificateur général a dénoncé cette mauvaise gestion dans son dernier rapport, mais le gouvernement semble faire exprès de regarder ailleurs ».
« La CAQ annonce de nouveaux investissements ces temps-ci pour améliorer les temps de réponse, poursuit le président du Syndicat des paramédics et du préhopitalier de la Montérégie, Gaétan Dutil. Tant mieux si le gouvernement réalise que les ressources sont insuffisantes sur le terrain. Ces ajouts sont bienvenus. Mais ce qu’on constate au quotidien, c’est qu’il est de plus en plus difficile d’attirer de nouveaux paramédics et qu’il y a en plein qui décident finalement de réorienter leur carrière, à cause de conditions de travail qui ne sont pas à la hauteur. Alors, la CAQ a beau ajouter des camions de plus, on s’en réjouit, mais il ne faudrait pas oublier que le préhospitalier, c’est d’abord et avant tout des paramédics. Ce sont eux qui donnent les soins ».
Moyens de pression
Les 3300 paramédics membres de syndicats CSN détiennent des mandats de grève générale illimitée. La grève pourrait être déclenchée à tout moment. Les prochaines rencontres de négociation se tiendront les 16 et 17 juin 2025.