L’industrie de 2e et 3e transformationpeut sauver le milieu forestier
L’industrie forestière doit secouer la léthargie qui l’habite et se réorienter vers des produits de 2e et 3e transformation, notamment l’habitation pré-fabriquée à grande échelle.
C’est ce que soutient M. Robert Beauregard, « l’homme de 300 000 maisons », professeur au Département des sciences du bois et de la forêt de l’Université Laval, en s’adressant aux congressistes de la Fédération des travailleuses et des travailleurs du papier et de la forêt (FTPF-CSN) réunis à Québec depuis le début de la semaine.
Pour refondre le portrait de l’industrie, selon M. Beauregard, il importe que le gouvernement s’active en ce sens et démontre une volonté de soutenir une telle démarche. Il en va de la sauvegarde de la centaine de milliers d’emplois que fournit le milieu de l’exploitation et de la production des ressources forestières. « Le Québec, rappelle M. Beauregard, a l’expérience des sommets socio-économiques, mais le gouvernement actuel semble incapable de s’engager dans pareille initiative. »
Par ailleurs, le professeur Beauregard convient que le gouvernement ne peut aider financièrement l’industrie quoiqu’il puisse recourir à des institutions en place, telle la Société générale de financement, pour soutenir le virage et ainsi permettre une consolidation ordonnée de l’industrie. « Il faut éviter les sanctions internationales et aussi de mettre en concurrence la santé, par exemple, avec l’avenir de l’industrie forestière. »
Une exportation à grande échelle de maisons pré-fabriquées est l’une des solutions retenues par le professeur Beauregard. « Dans ce plan, on construit en usine les toits, les planchers et les murs, selon des modèles personnalisés choisis par des constructeurs et des développeurs, le tout étant transporté sur les lieux de construction par camions sur le continent ou conteneur en Europe. »
Il est possible, selon M. Beauregard, de construire, à partir des ressources disponibles au Québec, jusqu’à 300 000 maisons pour un marché dépassant les 4 milliards $. Déjà, de 1994 à 2004, la valeur des maisons ainsi fabriquées est passée de 25 millions $ à 400 millions $. Il donne notamment en exemple une entreprise de Chibougamau qui se consacre à la fabrication de planchers et dont le nombre d’employés est passé 350 à 750.
« Il nous sera impossible de demeurer concurrentiel dans le marché en continuant de vendre juste notre matière première. L’idée est de construire du sur-mesure de masse avec des composants standards, tout en développant des alliances avec des promoteurs immobiliers, comme c’est la tendance pour les développements domiciliaires aux Etats-Unis. »
Le congrès de la FTPF-CSN se poursuit jusqu’à vendredi à Québec, sous le thème « Une ressource à protéger, des emplois à sauvegarder ».
Source : Fédération des travailleurs du papier et de la forêt (FTPF-CSN) – 14 juin 2006
Pour renseignements : Yvan Sinotte, Information CSN, 514 979-6338