Le Syndicat des travailleurs de l’Information du Journal de Montréal (STIJM–CSN) a remporté une importante bataille dans la lutte qui l’oppose à Quebecor pour l’implantation d’un véritable site Internet du Journal de Montréal. Dans une décision rendue mercredi, l’arbitre Me Diane Sabourin a donné raison au STIJM qui dénonçait le fait que le Journal de Montréal utilisait les pages du quotidien pour faire la promotion du portail Canoë et y envoyer ses lecteurs, plutôt que de respecter son engagement de créer un site Internet qui serait le prolongement virtuel du quotidien fondé par Pierre Péladeau. Rappel historique Le STIJM réclame la création d’un véritable site Internet du Journal de Montréal depuis plus de huit ans, soit lors des deux derniers renouvellement de la convention collective. Durant tout ce temps, la position de Quebecor est restée la même. L’entreprise n’était pas prête à faire ce virage et demandait, tout en s’engageant à négocier les modalités d’implantation d’un véritable site Internet du Journal de Montréal avec le syndicat, la possibilité d’utiliser le matériel produit par ses artisans sur les autres sites Internet de Quebecor pendant l’intervalle. Au lieu d’entamer des pourparlers sur Internet, la direction du Journal de Montréal a commencé à essayer de faire croire au public que Canoë était le site Internet du quotidien, multipliant les références et les invitations à se rendre sur le portail de Quebecor Media. Une forme de publicité, déguisée à même le contenu rédactionnel, interdite par notre convention collective et les règles de base de l’éthique journalistique. Le STIJM a alors émis des griefs afin de faire respecter la convention collective, dans l’unique but de forcer la direction à respecter ses engagements et non pour empêcher le Journal de se déployer sur Internet, comme l’ont souvent laissé entendre les porte-parole de Quebecor. Décision favorable Dans sa décision, Me Sabourin a accueilli la très grande majorité des 1744 infractions reprochées par le syndicat à Quebecor et à la direction du Journal de Montréal concernant l’utilisation de l’espace rédactionnel du quotidien pour faire de la publicité et la promotion du portail Canoë. L’arbitre Sabourin a retenu plusieurs arguments énoncés par la procureure syndicale, Marilaine Roy :
- Le fait de référer les lecteurs du « Journal de Montréal », à un blogue sur un site Internet de « Canoë Inc. », n’a pas de quoi inciter ces lecteurs à acheter le « Journal de Montréal », car ils ont déjà ce journal en mains !
- Au contraire, la référence à « Canoë » a pour effet de faire une publicité en faveur du tiers commercial qu’est « Canoë Inc. », auquel cas les normes de publicité prescrites dans la Convention collective doivent s’appliquer.
Me Sabourin ajoute :
- À vrai dire, les 2 parties en cause ne se seraient pas rendues à l’arbitrage si le site Internet appartenait au «Journal de Montréal», et non à « Canoë Inc. » !
- En effet, on imagine mal l’Employeur référer ses lecteurs à des concurrents (…) alors que le marché du journal papier est en déclin !
Un appel à la négociation Le STIJM se réjouit de cette décision et espère que Quebecor profitera de l’occasion pour enfin inviter ses représentants à parler sérieusement du passage nécessaire du Journal de Montréal vers Internet, ce qui a toujours été l’unique objectif des démarches légales qu’il a entreprises. « L’entêtement de Quebecor à faire profiter une autre entreprise (Canoë), du fruit du travail des artisans du Journal de Montréal dépasse l’entendement », a affirmé le président du STIJM, Raynald Leblanc. « Pendant ce temps, nos concurrents ont implanté des sites Internet très rentables qui font aujourd’hui leur renommée. Ce que nous demandons est pourtant simple, c’est de pouvoir profiter d’un véritable site web du Journal de Montréal pour pouvoir en faire le numéro un au Québec, tout comme nous l’avons fait avec la version papier. » En attendant un retour à la table des négociations, les syndiqués du Journal de Montréal, en lock-out depuis le 24 janvier dernier, continuent d’opérer leur propre site Internet, RueFrontenac.com, prouvant ainsi jour après jour à leur employeur qu’ils ne sont pas réfractaires aux changements, mais plutôt motivés par les nouvelles possibilités qu’offre l’ère numérique. La décision complète peut être consultée sur le site Internet du syndicat : www.journaldujournal.ca