La CSN-Construction plaide depuis longtemps pour une réforme en profondeur de la Régie du bâtiment du Québec dont le laxisme est à la source d’un vaste système de prête-nom, construit aux dépends des travailleuses et des travailleurs de l’industrie. Pour le président de l’organisation, Aldo Miguel Paolinelli, le reportage présenté hier à l’émission Enquête sur les ondes de Radio-Canada doit entraîner des suites. La loi du silence a assez duré !
« Des décennies de laxisme de la Régie du bâtiment nous ont conduits à une situation où presque n’importe qui peut obtenir une licence d’entrepreneurs, même une personne incompétente mais minimalement débrouillarde et qui a beaucoup d’argent. Pire encore, lorsqu’un entrepreneur abuse du système et s’en reconnaît coupable devant les tribunaux, il peut continuer d’agir comme entrepreneur dans l’industrie sans souci. Ça ne peut plus durer. L’assainissement des pratiques dans l’industrie, ça commence ici », tonne le président de la CSN-Construction, Aldo Miguel Paolinelli.
La CSN-Construction tient à une réforme majeure de la Régie du bâtiment, non seulement parce qu’elle souhaite qu’on assainisse les pratiques dans une industrie où l’écrasante majorité des travailleuses et des travailleurs sont honnêtes et rigoureux mais aussi parce que le système décrit par l’émission Enquête s’alimente à même les sommes qui devraient être versées aux salarié-es en rémunération et en conditions de travail.
«Il faut s’attaquer à ce système de multiplication des intermédiaires parce qu’il a un impact majeur sur les conditions de travail de celles et ceux qui exécutent les ordres sur un chantier. Quand un entrepreneur général soumissionne au plus bas prix, incluant dans ses coûts toutes les conditions de travail prévues au décret, et que les travaux sont ensuite confiés à une chaîne d’entreprises de sous-traitance, à un coût moindre, il est bien évident qu’en bout de piste, les travailleuses et les travailleurs ne reçoivent par leur dû. C’est là qu’on constate des entorses aux conventions collectives, du travail au noir, du laxisme sur les mesures de santé et de sécurité du travail » explique Aldo Miguel Paolinelli.
Pour la CSN-Construction, il devrait y avoir beaucoup plus de transparence entre celui qui obtient le contrat au sommet de la pyramide et les entreprises qui effectuent les travaux sur le terrain. C’est la seule façon d’identifier rapidement les entreprises qui ne sont que des coquilles vides destinées à frauder le système.
Un enjeu qui nous interpelle tous «Comme syndicaliste, nous avons le devoir de dénoncer ce système haut et fort parce qu’il a un impact négatif considérables pour nos conditions de travail. Mais nous devons le dénoncer comme citoyens aussi, enchaîne-t-il. Comme utilisateurs des infrastructures, nous ne savons plus à qui demander des comptes. Comme consommateurs, nous sommes floués par des entreprises sans scrupules. Comme contribuables nous voyons les gouvernements couper les fonds alloués aux services publics afin d’équilibrer leurs finances, pendant que des sommes considérables en impôt non payé nous échappent collectivement par le biais de tels mécanismes frauduleux. »
Commission d’enquête Rappelons que la CSN-Construction réclame du gouvernement Charest la mise en place d’une enquête publique sur l’industrie de la construction, le financement des partis politiques et le rôle des firmes de génie-conseil. Une telle commission permettrait de faire la lumière sur un ensemble de problèmes qui minent l’industrie et bafouent les droits des travailleuses et des travailleurs.
La CSN-Construction regroupe 18 000 travailleuses et travailleurs de l’industrie au Québec. Fondée en 1924, elle est affiliée à la Confédération de syndicats nationaux (CSN) qui compte 300 000 syndiqué-es dans tous les secteurs d’activités.