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Services de garde éducatifs à l’enfance

Photo : Patrick Woodbury
Photo : Patrick Woodbury

Une lutte à poursuivre

Le 28 février dernier, la CSN lançait sa campagne Un réseau qui fait grandir. Faisant partie d’un vaste mouvement de protestation amorcé dans l’ensemble des régions du Québec, cette campagne vise à contrer le saccage des services de garde éducatifs à tarif réduit que le Québec s’est donnés, il y a plus de 20 ans, et s’inscrit dans la lutte engagée par la CSN contre l’austérité.

Le réseau des services de garde éducatifs, d’abord à 5 $, puis à 7 $, a été mis à très rude épreuve depuis quelques années. Mais aujourd’hui, en raison des politiques d’austérité du gouvernement de Philippe Couillard, le réseau est à bout de souffle. Les acquis des 20 dernières années sont menacés par la réduction de l’accessibilité aux services de garde à tarif réduit dans les centres de la petite enfance (CPE), chez les responsables d’un service de garde en milieu familial reconnues (RSG) et dans les services de garde en milieu scolaire, et par la disparition du caractère universel qui les distinguait.

Le 15 mars, une délégation de la CSN a déposé à l'Assemblée nationale 25 000 cartes postales signées en moins de deux semaines et adressées à Philippe Couillard.
Le 15 mars, une délégation de la CSN a déposé à l’Assemblée nationale 25 000 cartes postales signées en moins de deux semaines et adressées à Philippe Couillard (photo : Clément Allard).

Choc tarifaire

Sans débat public, et par bâillon, les libéraux de Philippe Couillard ont mis fin unilatéralement au tarif unique en imposant des frais de garde supplémentaires calculés en fonction du revenu familial en CPE et en milieu familial reconnu, et cela, rétroactivement à avril 2015. Ces augmentations pourraient atteindre pour un seul enfant 174 % ! En service de garde en milieu scolaire, la hausse s’élève à 14,3 %, soit bien au-delà de l’inflation courante. C’est sans compter l’effet de l’indexation permanente de tous les tarifs de garde entrée en vigueur le 1er janvier 2016.

En cette période de déclaration de revenus, des milliers de parents découvrent avec stupeur ce que leur coûteront les nouveaux frais de garde modulés. Au total, pour un revenu familial se situant entre 75 000 $ à 155 000 $, la hausse annuelle pour un seul enfant pourrait varier de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars. Mince consolation : pour un deuxième enfant, le dernier budget provincial a prévu une diminution de moitié de la hausse additionnelle au tarif réduit. Toutefois, les parents devront inévitablement payer plus cher.

Pourtant, en avril 2014, lors du discours d’assermentation de la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, le premier ministre déclarait : « La famille est le berceau de la société. Vous verrez à poursuivre le développement des places en garderie et éviterez un choc tarifaire aux familles de la classe moyenne, en optant pour une indexation des tarifs. » Visiblement, le gouvernement libéral a répété le même scénario qu’en 2003 lorsqu’il avait haussé les tarifs de garde de 5 $ à 7 $, malgré une promesse faite à l’effet contraire tout juste avant l’élection des libéraux de Jean Charest.

Promotion des garderies commerciales

Les gouvernements libéraux successifs ont pris le parti de favoriser le développement des garderies privées commerciales au détriment des places en CPE et chez les RSG pour les enfants de 0 à 5 ans. Pour les libéraux de Philippe Couillard, il n’existerait aucune différence entre les services offerts dans les garderies commerciales, et ceux dispensés en CPE et chez les RSG reconnues. Or, maintes recherches ont démontré que la qualité des services en CPE et en milieu familial reconnu était supérieure à celle des garderies commerciales. D’autres études ont confirmé que la fréquentation d’un service de garde éducatif de qualité améliore le développement global de l’enfant et son bien-être.

Malgré cela, au fil des années, les gouvernements ont mis en place des mesures pour favoriser les garderies commerciales subventionnées ou non : pour les premières, en leur accordant des places à tarif réduit et, pour les secondes, en bonifiant le crédit d’impôt versé aux parents pour frais de garde. Ce crédit ne devait être que temporaire afin d’aider les familles n’ayant pas accès à une place à contribution réduite et ne devait surtout pas avoir pour but de favoriser le développement des garderies commerciales. Pourtant, alors que ces dernières représentaient 16 % du total des places régies en 2003, elles comptent aujourd’hui pour 35 % de toutes les places disponibles. Et tout laisse croire que le privé va continuer de se développer.

Atteinte  à la qualité des services

Bien que les récentes hausses de tarif rapportent au trésor public quelque 170 millions de dollars annuellement, le gouvernement a poursuivi ses compressions budgétaires sans égard au bien-être des enfants. En dépit de l’entente conclue en février dernier entre le gouvernement et la principale association de CPE, l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), les compressions vont se poursuivre durant plusieurs années, puisque le mode de financement sera revu à la baisse. L’AQCPE a estimé que parmi les impacts néfastes, de 2000 à 2500 emplois en CPE pourraient être perdus au cours des prochains mois.

Déjà, les répercussions des coupes budgétaires se font sentir à plusieurs niveaux. En CPE, c’est la diminution des heures consacrées à l’alimentation, à la désinfection et à l’entretien sanitaire, à l’accompagnement des enfants aux besoins spécifiques ainsi que le non-remplacement du personnel. En milieu familial reconnu, c’est la baisse des ressources dédiées à l’aide pédagogique et à l’aide aux enfants ayant des besoins spécifiques. En milieu scolaire, c’est la réduction des achats de matériel ainsi que du temps de planification et de préparation au détriment de la diversité des activités offertes aux enfants.

Et c’est sans compter les répercussions que pourraient avoir ces mesures sur la présence des femmes sur le marché du travail, comme le démontrent de nombreuses études.

Résistance !

Rarement la grogne et la résistance populaires aux assauts injustifiés des libéraux auront été aussi marquées. Dans toutes les régions du Québec, on a assisté à de multiples rassemblements et manifestations hautes en couleurs, à des chaînes humaines devant les CPE et devant les bureaux régionaux du ministère de la Famille, à de nombreux appels publics à la raison, en plus de pétitions réclamant du gouvernement la fin du saccage des services de garde et un réinvestissement majeur dans le réseau.

Le mécontentement a été tel qu’en plus d’une mince concession budgétaire aux parents d’un deuxième enfant fréquentant un CPE ou un milieu de garde familial reconnu, Philippe Couillard a dû procéder à un remaniement partiel de son gouvernement, en janvier dernier. Incidemment, il a écarté sa ministre de la Famille, Francine Charbonneau, trop associée à l’intransigeance et aux mesures d’austérité libérales. Il a nommé en lieu et place Sébastien Proulx, député élu en 2014 sous la bannière libérale après son passage à la défunte Action démocratique du Québec, réputé avoir prôné le versement d’allocations directes aux familles plutôt que le développement d’un réseau de services de garde éducatifs de qualité.

Vaste campagne en faveur des services de garde éducatifs

C’est dans ce contexte que la CSN a lancé le 28 février une importante campagne d’information et de mobilisation : Un réseau qui fait grandir. Appuyée entre autres par les conseils centraux partout au Québec, cette campagne a notamment pris l’allure d’une vaste opération de signatures de plus de 100 000 cartes postales adressées à Philippe Couillard, le priant de mettre fin au démantèlement de ce fleuron québécois. D’ailleurs, le 15 mars dernier, la CSN, appuyée du Parti québécois, a procédé à un premier dépôt de 25 000 cartes à l’Assemblée nationale. Cette opération se poursuivra encore pour plusieurs semaines en prévision d’un autre dépôt.

Sept capsules vidéo animées par des personnalités du monde artistique et politique sont actuellement diffusées, notamment sur les réseaux sociaux de la CSN.

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