Les agents correctionnels du Québec exigent davantage de reconnaissance

Les agents de services correctionnels ont manifesté devant les établissements de détention de Québec et de Laval mardi matin pour exprimer leur frustration envers le gouvernement au moment où les représentants patronaux et syndicaux reprenaient les négociations en vue du renouvellement de la convention collective.

« Ça fait un an que le gouvernement reste campé sur ses positions et qu’il ne démontre aucune volonté de faire avancer les négociations, s’insurge Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN). Il est temps de lui faire comprendre qu’il doit faire des offres sérieuses et reconnaître le travail des agentes et agents de la paix qui maintiennent le réseau correctionnel du Québec à bout de bras. »

Après avoir observé le refus du gouvernement de négocier de bonne foi lors de la négociation soi-disant accélérée du printemps 2020 et de la tentative avortée de reprise de la négociation « normale » l’automne dernier, le syndicat a été insulté de voir que les offres patronales étaient restées essentiellement inchangées le 31 mars dernier.

« Le gouvernement et le Conseil du trésor sont complètement déconnectés de la réalité, déplore M. Lavoie. On est aux prises avec de graves problèmes d’attraction et de rétention de main-d’œuvre depuis plusieurs années, mais l’employeur continue de jouer à l’autruche et ne propose absolument rien pour améliorer la situation. »

« En public, le gouvernement dit vouloir régler au plus vite, mais arrivé aux tables de négociation, il se traîne les pieds, affirme la présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Nathalie Arguin. Les agentes et agents des services correctionnels mettent leur santé et leur sécurité à risque chaque jour au service du gouvernement et de la société québécoise. Il est impératif que ces sacrifices soient enfin reconnus. Et cela passe par une convention collective et des conditions dignes du travail périlleux que le personnel des services correctionnels du Québec effectue au quotidien. »

À propos

Le SAPSCQ–CSN est un syndicat autonome affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) et à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) depuis 2006. Il représente plus de 2800 agentes et agents de la paix en services correctionnels, répartis dans 18 établissements de détention partout au Québec.

M. Legault, la patience des travailleuses et des travailleurs du secteur public a ses limites

« M. Legault nous a conviés, encore aujourd’hui, à une autre déplorable opération médiatique aux dépens des travailleuses et des travailleurs des services publics. Depuis plus de 18 mois, nous sommes présents aux tables de négociation et on nous sert encore le même message, la même offre. Notre patience aussi a ses limites. » C’est le constat que fait la CSN au sortir de la rencontre qui s’est tenue cet après-midi, à Montréal, entre les organisations syndicales et le premier ministre du Québec.

La CSN, qui représente 160 000 travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux, celui de l’éducation et des organismes gouvernementaux, déplore l’entêtement du gouvernement qui refuse toujours de bonifier ses offres pour répondre aux besoins réels des réseaux. « Ce qui est sur la table présentement, on l’a déjà rejeté, deux fois plutôt qu’une. Si M. Legault veut que les choses aillent plus vite, c’est très simple, il suffit que l’argent et les mandats soient au rendez-vous pour améliorer les salaires et les conditions de travail », lance Caroline Senneville, 1re vice-présidente de la CSN.

L’organisation syndicale affirme que les travailleuses et les travailleurs des réseaux ne sont pas dupes et qu’ils ne se laisseront pas berner par les beaux discours du gouvernement. « Sur les salaires, le premier ministre et la présidente du Conseil du trésor ont beau essayer de maquiller les chiffres, dans les faits, ce sont, encore et toujours depuis décembre 2019, les mêmes augmentations qu’ils proposent. Ce qu’il y a sur la table, ce n’est pas 8 % d’augmentation, mais plutôt des augmentations de salaire de 5 % sur 3 ans et des montants forfaitaires qui sont des mesures éphémères et qui n’améliorent pas les salaires », ajoute Mme Senneville.

Alors qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre et que la rémunération du personnel des services publics accuse un retard de plus de 9 % par rapport à l’ensemble des autres salarié-es du Québec, la vice-présidente de la CSN réitère qu’il faut poursuivre les négociations pour mettre en place des mesures pérennes. « Si on veut réussir à régler les graves problèmes d’attraction et de rétention qui frappent tous les secteurs et qui plombent les services publics, il n’y a pas 36 000 solutions : ça prend de meilleurs salaires pour toutes et tous et des investissements significatifs pour améliorer les conditions de travail. »

En attendant que le gouvernement montre qu’il est prêt lui aussi à négocier, il est clair pour la CSN que la mobilisation se poursuit. La centrale syndicale consulte actuellement ses membres sur un mandat de grève à exercer au cours des prochaines semaines, si le gouvernement reste campé sur ses positions. « Les mandats de grève s’accumulent, tant en santé et services sociaux qu’en éducation et dans les organismes gouvernementaux; nous en sommes déjà à plus de 100 syndicats dont les membres ont voté pour la grève. Nous avons d’ailleurs annoncé jeudi dernier que les 15 000 enseignantes et enseignants de cégep affiliés à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) débrayeront du 11 au 13 mai, si le gouvernement continue à faire la sourde oreille », ajoute Mme Senneville.

La CSN a tenu à conclure avec une mise en garde pour le premier ministre : « un règlement rapide passe par une réelle volonté du gouvernement d’améliorer les services à la population, à défaut de quoi, il y aura d’autres mouvements de grève, dans plusieurs secteurs. Ça ne peut plus continuer comme ça. Nous allons agir pour toutes les Québécoises et tous les Québécois, pour qu’ils aient accès aux services auxquels ils ont droit. »

Salaire minimum à 15$ l’heure : qu’attend le Québec ?

Alors que le gouvernement canadien annonce son intention d’établir un salaire minimum fédéral de 15 $ l’heure, le gouvernement du Québec continue de traîner de la patte dans le dossier avec une hausse ridicule de 40 cents du salaire minimum. La campagne 5-10-15 s’explique mal ce refus d’aider les travailleuses et travailleurs à bas salaire à sortir de la pauvreté.

Rappelons que l’augmentation du salaire minimum à 15 $ l’heure fait partie des mesures annoncées dans le dernier budget du gouvernement canadien pour permettre aux travailleuses et aux travailleurs sous sa juridiction de « gagner leur vie décemment ». Il s’est engagé à déposer un projet de loi en ce sens. Pendant ce temps, au Québec, le salaire minimum passera de 13,10 $ à 13,50 $ l’heure le 1er mai.

La co-porte-parole de la campagne 5-10-15, Virginie Larivière, ne comprend pas cette différence d’approche. « Le discours du gouvernement du Québec veut que l’emploi soit la voie la plus sûre pour sortir de la pauvreté. Pourtant, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, refuse d’offrir un salaire minimum en conséquence ! Une augmentation de 40 cents du salaire minimum représente tout juste une augmentation de 14 $ par semaine pour une personne qui travaille 35 heures ! C’est nettement insuffisant pour permettre aux gens de sortir de la pauvreté ! »

Mélanie Gauvin, également porte-parole de la campagne 5-10-15, ajoute : « Ce sont environ 446 000 personnes qui gagnent moins de 15 $ l’heure au Québec. Comme la majorité n’est pas syndiquée, ces travailleuses et travailleurs dépendent du gouvernement pour voir leur situation s’améliorer. Il est plus que temps que le salaire minimum passe à 15 $ l’heure. »

Voilà maintenant cinq ans que la campagne 5-10-15 porte cette revendication d’un salaire minimum à 15 $ l’heure. Plus que jamais, ce taux horaire représente le seuil minimal à atteindre, un seuil qui aurait dû être franchi il y a longtemps. Pour les membres de la campagne 5-10-15, il est évident que le gouvernement devrait d’ores et déjà s’intéresser à des études comme celle publiée le 28 avril par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), qui fait la démonstration que le salaire minimum devrait dépasser les 15 $ l’heure pour permettre aux travailleuses et travailleurs de sortir de la pauvreté.

À de nombreuses reprises pendant la crise sanitaire, le gouvernement a chanté les louanges des travailleuses et travailleurs à bas salaire comme les préposé∙e∙s aux bénéficiaires, le personnel d’entretien, les commis d’épicerie, etc. Plusieurs ont pu obtenir des primes temporaires au plus fort de la crise. Mais cela ne saurait remplacer un salaire régulier qui permette de vivre dignement, un salaire d’au moins 15 $ l’heure.

Quelques données sur le salaire minimum
En 2019, l’Institut de la statistique du Québec indiquait que 74 % des personnes rémunérées au salaire minimum occupaient un emploi permanent et 58 % étaient des femmes. Selon le gouvernement, 287 000 personnes gagnent 13,50 $ l’heure ou moins.

À propos de la campagne 5-10-15
La campagne 5-10-15 mise sur trois grandes revendications : connaître son horaire cinq jours à l’avance, avoir 10 jours de congé payé en cas de maladie ou de responsabilités familiales et un salaire minimum de 15 $ l’heure.

Les sept organisations membres de la campagne sont : le Front de défense des non-syndiquéEs, le Collectif pour un Québec sans pauvreté, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

Les autobus Transco ou le labyrinthe de l’équité salariale

Lyne Lacerte est conductrice d’autobus scolaire depuis 36 ans pour l’entreprise de transport scolaire Transco à Terrebonne, anciennement Autobus Terremont. Cela fait des décennies qu’elle s’assure avec ses collègues conductrices, car elles sont une majorité de femmes, que les enfants qu’elles transportent soient en sécurité et à l’école à temps tous les matins. Cela fait aussi des décennies que son employeur multiplie les démarches administratives et judiciaires pour ne pas remplir son obligation d’appliquer la Loi sur l’équité salariale (LES).

« Sur mes 36 années de services, ça fait plus de vingt ans que je me bats avec mes collègues pour que l’employeur fasse un réel exercice d’équité salariale. Et qu’il l’applique ! », raconte Lyne Lacerte.

La compagnie de transport Terremont était une entreprise de juridiction provinciale de plus de 10 employé-es, donc tenue d’appliquer la LES, entrée en vigueur au Québec en 1996. Le processus d’évaluation nécessaire des diverses catégories d’emplois avait été entamé par le syndicat et Terremont à l’époque, mais était arrivé à une impasse. Pendant plus de 10 ans se sont succédé les rencontres avec l’employeur et les séances de conciliation à la Commission sur l’équité salariale. Durant cette période, deux différends ont été déposés par la partie syndicale auprès de la Commission. En 2008, alors qu’une entente était à portée de main, l’employeur a mis abruptement fin aux discussions et délégué à la Commission le soin de décider. « Terremont a reculé quand ses représentants se sont rendu compte de ce que leur coûterait l’application de l’équité salariale. Ils voyaient bien qu’il y avait un redressement important à faire et que ça influencerait aussi l’échelle salariale lors des négociations de la prochaine convention collective », se souvient Mme Lacerte.

En 2013, l’entreprise Terremont a été vendue à Transco, une filière de l’entreprise multinationale anglaise First Group, dont les profits nets en 2019 étaient évalués à 300 millions de dollars canadiens. Transco a toujours prétendu être de compétence fédérale et, par conséquent, ne pas être assujettie à la Loi sur l’équité salariale.

« Il n’y a rien qui n’a pas été fait pour ne pas appliquer le principe pourtant simple de l’équité salariale : corriger les écarts salariaux causés par la discrimination envers les femmes. Transco prétendait que nous étions maintenant une entreprise de compétence fédérale. C’était pratique ! Or, en 2015, la Commission des relations du travail a confirmé que Transco est bel et bien une entreprise de juridiction provinciale. La compagnie a contesté cette décision jusque devant la Cour d’appel. Cette dernière a finalement confirmé en 2021 que Transco était de juridiction provinciale », continue-t-elle.

La saga de juridiction provinciale ou fédérale étant derrière eux, le syndicat représentant les employé-es de Transco sera devant le Tribunal administratif du travail en mai prochain, car l’employeur conteste des cotes attribuées à certains types d’emploi pour l’application de l’équité salariale. L’employeur affirme aussi qu’il faut retirer, pour les fins de comparaison des salaires, le coût d’un coffre à outils fourni par les mécaniciens.

« Transco prétend que ce coffre à outils vaut environ 6000 $ par année et que cela devrait, pour les fins de comparaison, être retranché de la rémunération annuelle des mécaniciens, un titre d’emploi à prédominance masculine. Ce coffre à outils n’est pas une dépense de l’employeur, car ce sont des outils que les mécaniciens ont payés eux-mêmes et dont ils se servent au travail. Ils reçoivent d’ailleurs une compensation financière de 300 $ par année pour cela. Cette contestation est encore une façon de diminuer la valeur de nos emplois de conductrices, car plus on diminue la valeur de la rémunération de l’emploi à prédominance masculine, plus cela a un effet à la baisse sur les réajustements pour les emplois à prédominance féminine dans l’entreprise. Tout pour ne pas reconnaître notre travail à sa juste valeur ! De même, l’employeur veut ajouter à notre rémunération de conductrices la valeur de l’avantage d’avoir l’autobus à la maison. Il veut donc réduire l’écart entre les diverses catégories d’emplois. Quand on sait que plusieurs conductrices cumulent deux emplois pour arriver, cette comédie est ridicule », déplore la conductrice d’expérience.

Lyne Lacerte espère bien que les audiences en mai régleront le dossier une bonne fois pour toutes. « Cela fait des décennies qu’on se bat pour cela. J’ai des collègues qui sont morts depuis que ce combat est commencé. Ils n’en verront jamais le dénouement. Ce n’est pas normal qu’on ait à se battre autant pour un principe d’équité. Notre travail est important, on transporte l’avenir tous les jours. Ce travail a une valeur qui doit être reconnue », conclut-elle.

Les membres du syndicat d’Olymel Vallée-Jonction déclenchent la grève générale illimitée

Excédés par le manque de respect à leur égard de la part de leur employeur, les membres du Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction–CSN (STOVJ) ont déclenché la grève générale illimitée hier matin, à 9 h.

« Ce n’est pas nouveau, tout ceci est connu du public, les relations avec notre employeur sont tendues depuis très longtemps. Les travailleuses et les travailleurs de Vallée-Jonction sont demeurés au front tout au long de la pandémie actuelle et ont maintenu la production, parfois même au péril de leur santé. Alors que nous avions déposé nos demandes salariales le 19 avril dernier, l’employeur s’était engagé à nous revenir cette semaine avec un dépôt global, incluant les clauses normatives et celles à incidences financières. Non seulement il a demandé la conciliation avant même que nous ayons eu un retour sur notre dépôt du 19 avril dernier, mais il refuse maintenant de nous rencontrer aux dates qui étaient prévues et, surtout, de respecter sa parole de nous revenir globalement sur nos demandes tel que promis », de déplorer Martin Maurice, président du STOVJ.

Depuis 2015, plus de 1800 personnes ont été engagées chez Olymel Vallée-Jonction et près de 1700 salarié-es ont quitté leur emploi.

« Malgré l’important engagement des salarié-es en ces temps de pandémie, l’employeur ne démontre pas la moindre reconnaissance envers eux. Fidèles à leurs habitudes, les représentants d’Olymel ont déposé des demandes normatives imprécises, ce qui fut reçu comme une gifle en plein visage pour le syndicat. Or, l’employeur sait très bien qu’il fait face à un important problème de rétention de la main-d’œuvre dans ses usines ; pour le syndicat, il faut améliorer les conditions générales d’emploi pour corriger ce problème récurrent. Dans un sondage réalisé auprès des membres, plusieurs salarié-es ont déjà signifié leur désir de quitter l’usine si la négociation actuelle n’améliore pas substantiellement leurs conditions de travail. Nous souhaitons vivement que le message du syndicat se rende au siège social de l’entreprise afin que la haute direction en prenne acte », de conclure Alexandre Boileau-Laviolette, président de la Fédération du commerce–CSN.

Le Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction représente environ 1050 membres. Il est affilié à la Fédération du commerce-CSN, qui compte 30 000 membres regroupés au sein de 360 syndicats œuvrant dans les domaines du commerce de gros et de détail, de l’agroalimentaire, de la finance et du tourisme.

Malgré 173 morts, le gouvernement s’entête à faire reculer le Québec

En cette Journée internationale de commémoration des travailleuses et des travailleurs morts ou blessés au travail, le Québec pleure les 173 personnes qui ont perdu la vie en 2020 en tentant de la gagner. La province se souvient aussi de tous ceux et celles qui se sont blessés en travaillant. En cette année de pandémie, la CSN exprime également sa solidarité avec les victimes de la COVID-19, virus souvent propagé au travail.

« Ayons une pensée pour les 40 000 personnes des secteurs de la santé et des services sociaux, et tout le personnel qui participe à l’éducation de nos enfants, bien souvent des femmes, qui ont contracté le virus. N’oublions pas, non plus, les milliers de travailleuses et de travailleurs du secteur privé qui ont souffert de la maladie », rappelle David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN. Pour l’ensemble de ces gens, la CSN encourage ses membres, ses syndicats et ses organisations affiliées à observer une minute de silence à 10 heures, aujourd’hui, dans tous les milieux de travail.

«C’est quand même ironique qu’au cœur de cette funeste tragédie sanitaire, le gouvernement ne profite pas de l’occasion pour aller plus loin en matière de protection avec sa réforme en santé-sécurité. Le PL-59 fait reculer les droits des travailleuses et des travailleurs en limitant l’indemnisation et en reculant sur des acquis en prévention pour certains secteurs », s’indigne David Bergeron-Cyr.

En effet, la réforme va compliquer et judiciariser la réadaptation des victimes en échange de trop maigres avancées en prévention. Pire encore, l’abolition des groupes prioritaires prévus par la loi actuelle privera les milieux de travail industriels des mécanismes éprouvés depuis les 40 dernières années.

« La prévention, c’est non négociable. Ce qu’il faut, pour que le Québec cesse d’être le cancre en matière de santé-sécurité au Canada, est plutôt de ne pas seulement étendre les mécanismes de prévention à l’ensemble des milieux de travail, mais également leur donner tous les outils nécessaires à leur prise en charge. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas devenir les victimes de la réforme qui semble plutôt vouloir économiser sur leur dos », déplore le vice-président de la centrale.

Des conséquences pour longtemps  

Il est minuit moins une pour bonifier le projet de loi 59, toujours à l’étude. À quand, par exemple, une vraie reconnaissance des problèmes d’épuisement au travail ? Quand va-t-on répandre les mécanismes de prévention efficaces, décentralisés avec des moyens encadrés pour les faire fonctionner ? Quand va-t-on admettre que lorsque le travail nous blesse, physiquement et psychologiquement, il faut le reconnaitre, sans tracasseries administratives ?

« Il aura fallu 40 ans pour accoucher d’une nécessaire réforme en santé-sécurité au travail. Nous sommes en train de rater un rendez-vous historique. Les conséquences du PL-59 risquent de nous affliger collectivement pour longtemps. Cette réforme ne doit pas être un affront à la mémoire des disparu-es dont nous nous souvenons en ce 28 avril », conclut-il.

Le mouvement syndical du Québec n’oublie pas la crise climatique

À l’occasion du Jour de la Terre, le mouvement syndical québécois lance le Réseau intersyndical pour le climat, qui a pour objectif d’unir nos efforts vers une transition énergétique juste pour les Québécoises et les Québécois. La crise sanitaire dans laquelle nous sommes plongés depuis plus d’un an ne doit pas nous faire perdre de vue l’urgence climatique. Toutes deux sont d’ailleurs liées. Sans surprise, les mêmes phénomènes causent les changements climatiques et augmentent les risques de pandémie. Des scientifiques mandatés par l’ONU en pleine pandémie mondiale nous avertissent d’ailleurs que des crises sanitaires encore plus graves sont à prévoir si la dégradation de la nature se poursuit. Alors que la crise de la COVID-19 devrait avoir une durée limitée, les dérèglements climatiques, eux, vont se poursuivre longtemps encore et risquent de s’aggraver : il n’y aura pas de vaccin contre la crise climatique… Le remède est connu, il faudra toutefois l’appliquer avec autant d’énergie et de diligence que la lutte contre la pandémie pour atténuer les effets de la catastrophe annoncée.

Pour contrer la menace des changements climatiques à l’échelle mondiale, des transitions vers des économies sobres en carbone doivent s’opérer. Au Québec, nous avons la chance d’être dans une position particulièrement choyée pour réussir rapidement une telle transition énergétique.

Au-delà du secteur de l’énergie, la crise climatique entraînera des transformations majeures dans l’ensemble de l’économie et dans le monde du travail. Faisons alors en sorte que la transition soit juste pour les travailleuses et travailleurs de même que pour la santé des écosystèmes.

Partout, nos organisations syndicales veilleront à ce que les transformations dans les milieux de travail n’entraînent pas de précarisation, mais bien une amélioration des conditions de vie des travailleuses et des travailleurs, ainsi que de leurs communautés. Nous visons une transition juste.

Dans les secteurs où il y a aujourd’hui la plus haute intensité d’émissions de gaz à effet de serre, il faut permettre aux travailleuses et aux travailleurs de participer avec d’autres acteurs de leur communauté à la recherche et à la mise en place de solutions locales concrètes ; la transition deviendra alors préventive et non seulement réactive. Nos modèles de travail seront à repenser pour ouvrir des perspectives de diversification économique pour nos régions. Il faudra évidemment prévoir des programmes de formation pour la requalification des travailleuses et des travailleurs qui verront leur emploi se transformer. Les travailleuses et les travailleurs ne doivent pas être laissés à eux-mêmes en raison de nos choix collectifs de transition. Il en va de notre responsabilité commune.

Pour rendre l’économie du Québec viable au regard du défi climatique, il faudra de plus favoriser les emplois d’utilité sociale et environnementale, dont les emplois du secteur public. Non seulement ils ont en général une empreinte carbone faible, mais ils ont aussi pour effet de renforcer l’accessibilité et la qualité des services publics permettant ainsi de rendre le Québec plus résilient quant aux crises, tout en favorisant une transition juste. Nous refusons en ce sens toute politique d’austérité et de privatisation des services publics. Pour soutenir une transition énergétique juste, nous revendiquons une politique fiscale plus progressiste qui redistribue mieux les richesses et qui finance adéquatement les services publics en privilégiant des initiatives porteuses pour relever le défi climatique.

Finalement, qu’importe le secteur d’emploi, les travailleuses et les travailleurs devront être informés des transformations nécessaires à la transition et prendre part activement aux décisions quant à ces changements. Du petit comité dans le milieu de travail jusqu’à celui à l’échelle québécoise et au-delà, les syndicats auront un rôle clé à jouer dans la transition.

C’est pourquoi nous avons décidé de former une alliance pour unir nos efforts en ce sens : le Réseau intersyndical pour le climat. Forts de cette alliance, nous allons partager nos expériences et déployer des initiatives conjointes pour favoriser une transition écologique juste pour le Québec. Nous souhaitons vivement que l’après-crise sanitaire soit l’occasion de refonder notre économie sur des bases plus justes et plus viables. La portée du plan de relance devrait être fondée sur cet objectif.

La planète mérite mieux. Les travailleuses et les travailleurs du Québec méritent mieux. Le Québec mérite mieux.

Andrée Poirier, présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Sonia Ethier, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain — CSN (CCMM-CSN)
Marc-Édouard Joubert, président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM)
Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE)
Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Nancy Bédard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Christian Daigle, président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ)
Line Lamarre, présidente du Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)

Un budget intéressant, mais qui ne va pas assez loin

La CSN voit d’un assez bon œil certaines mesures annoncées aujourd’hui dans le budget fédéral attendu depuis deux ans. Elle estime toutefois que plusieurs de ces mesures ne vont pas assez loin et qu’elles empiètent sur les champs de compétence du Québec.

« Nous sommes soulagés de constater que le gouvernement entend continuer de soutenir les ménages et les entreprises en prolongeant les programmes d’aide. Le contraire aurait contribué de façon inacceptable à l’accroissement des inégalités au pays. De plus, le contexte de la COVID nous a mis en pleine figure les lacunes du régime d’assurance-emploi, le gouvernement doit réformer ce programme en profondeur », a souligné le président de la CSN, Jacques Létourneau.

Transferts en santé et dans les services de garde
La CSN salue par ailleurs les sommes annoncées pour les services de garde à l’enfance qui viendront en aide aux familles du Québec et du Canada. « Cet investissement aidera les femmes à investir le marché du travail et donnera la chance aux ménages en attente d’une place en CPE, notamment aux ménages à faible revenu, de se prévaloir de services de garde de qualité. Cependant, le gouvernement du Québec devra recevoir sa part de ce nouveau transfert fédéral et l’utiliser pour parachever son réseau de services de garde subventionnés. Il faut arrêter d’ajouter des places au compte-gouttes », précise Jacques Létourneau.

Le président de la CSN souligne en outre que les transferts en santé sont encore bien en deçà du 35 % demandé récemment par le Conseil de la confédération pour permettre aux provinces d’améliorer la performance de leur réseau public. « Les besoins créés par la pandémie et par le vieillissement de la population sont énormes. Le gouvernement fédéral a une grande responsabilité à cet égard, mais avec son annonce d’aujourd’hui, les provinces peineront encore à répondre à la demande au cours des prochaines années. Bien entendu, c’est la population tout entière qui va en écoper. »

Relance économique
Le gouvernement aurait dû profiter du budget pour s’attaquer résolument à une autre crise tout aussi inquiétante que la COVID : celle des changements climatiques. « L’annonce d’aujourd’hui concernant les investissements dans les transports collectifs et les nouvelles technologies est une bonne nouvelle en soi, mais l’urgence climatique nécessite des interventions beaucoup plus musclées de la part du gouvernement. En ce sens, l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta qui continue d’être au cœur de la stratégie de développement économique du gouvernement fédéral est un réel problème. »

Le président de la CSN reproche également au gouvernement de ne pas avoir annoncé officiellement l’intégration du chantier Davie à la Stratégie nationale de construction navale (SNCN). « Avec ses huit sites de production, le chantier Davie est le plus grand au Canada. Or, depuis 2011, il n’a eu droit qu’à des contrats de conversion et d’entretien ponctuels de la part du fédéral. Il est grand temps qu’il reçoive sa part des contrats fédéraux dans le cadre de la SNCN, d’autant plus que les chantiers Irving à Halifax et Seaspan à Vancouver n’arrivent pas à respecter l’échéancier de livraison des navires. »

Finalement, la CSN regrette que la stratégie de relance économique du gouvernement fasse l’impasse sur des mesures importantes qui auraient eu le mérite de rapporter de nouveaux revenus dans les coffres de l’État. « On ne peut pas s’en remettre uniquement à la croissance économique pour générer de nouveaux revenus. Les multinationales du numérique exercent une concurrence déloyale depuis trop longtemps aux entreprises canadiennes et québécoises. Avec la COVID, leur chiffre d’affaires a explosé. Le gouvernement aurait dû profiter de la situation pour les contraindre enfin à assumer leurs charges fiscales. »

Jacques Létourneau salue néanmoins la limitation de la possibilité de déduire les options d’achat d’action, mais estime que Justin Trudeau aurait également pu choisir d’aller chercher une source de revenus intéressante en augmentant les impôts des contribuables à haut revenu et en empêchant les entreprises d’échapper à leurs obligations fiscales. « Le FMI lui-même recommande aux pays d’augmenter l’impôt des plus riches. Pourquoi les libéraux refusent-ils d’y voir ? Le gouvernement pourrait aussi trouver une source de revenus non négligeable en mettant fin à la possibilité, pour les entreprises, de rapatrier des dividendes en franchise d’impôt à partir de paradis fiscaux. Il n’a malheureusement pas démontré le courage politique nécessaire pour aller en ce sens. »

 

Les agents correctionnels de Bordeaux exigent davantage de protection

Les agents de services correctionnels (ASC) de l’établissement de détention de Montréal – communément appelé prison de Bordeaux – ont manifesté devant l’établissement samedi avant-midi pour exprimer leur colère envers la direction, qui refuse de les protéger dans l’exercice de leurs fonctions.

« Les agents sont écœurés de voir la direction se ranger systématiquement du côté des détenu-es quand il y a une altercation entre ceux-ci et un ASC, explique Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN). La direction ne peut pas s’attendre à ce que les agents restent les bras croisés pendant qu’elle continue à leur manquer de respect. »

Le plus récent exemple de ce mépris est la révision d’une décision du comité de discipline, qui avait puni un détenu récidiviste pour avoir attaqué et blessé plusieurs agents. En apprenant que la direction venait de lever une partie des sanctions, une centaine d’agents se sont réunis spontanément devant l’édifice afin de faire connaître leur mécontentement.

« La direction générale des services correctionnels ne se préoccupe aucunement de la sécurité des agentes et des agents. Elle est complètement déconnectée de la réalité, renchérit M. Lavoie. Il est grand temps que notre employeur se sorte la tête du sable et se rende compte que ça ne peut plus durer. Il faut que ça change. »

« Cette attitude, qui frôle l’arrogance de la part de la direction envers ses ASC, n’a simplement pas sa place dans un milieu de travail au climat déjà très tendu, affirme la présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Nathalie Arguin. Plutôt que de jouer avec le feu en mettant la sécurité de ses employé-es à risque, la direction devrait plutôt écouter ce que ces derniers lui répètent depuis des mois, car ce sont eux qui sont au front chaque jour et qui connaissent les dangers réels liés à l’exercice de leur travail. »

À propos

Le SAPSCQ–CSN est un syndicat autonome affilié à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN) et à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) depuis 2006. Il représente plus de 2800 agentes et agents de la paix en services correctionnels, répartis dans 18 établissements de détention partout au Québec.

Victoire à l’Accueil Bonneau

Dans une rare décision rendue au cours des derniers jours, le tribunal d’arbitrage invalide l’abolition de onze postes d’intervenants psychosociaux à l’Accueil Bonneau et ordonne compensation aux travailleuses et travailleurs visés. En procédant unilatéralement, l’employeur n’a pas respecté la convention collective, tranche l’arbitre Denis Nadeau.

L’annonce avait fait grand bruit : en pleine pandémie, la direction de l’Accueil Bonneau décidait, le 20 janvier dernier, d’abolir onze postes d’intervenants de première ligne pour les remplacer par des agents de sécurité afin de maintenir l’ordre dans ses installations temporaires du Grand Quai du Vieux-Port de Montréal. Une décision applicable immédiatement, sans consultation préalable du syndicat.

Chaque jour, des centaines d’hommes en situation de pauvreté et d’itinérance bénéficient des services de l’Accueil Bonneau, véritable institution montréalaise depuis plus de 140 ans. Environ 50 salarié-es y travaillent, que ce soit aux services de première ligne, comme le centre de jour, la salle à manger, les vestiaires et les douches, ou encore aux services visant une meilleure réinsertion sociale.

La pandémie est bien sûr venue chambouler l’ensemble des opérations. « Nos locaux ne rendaient pas possible la distanciation. Nous avons dû déplacer certains services à l’extérieur », indique Chloé Bourbiaux, intervenante de première ligne dont le poste figurait parmi les postes abolis.

En quête de locaux pour réorganiser ses opérations, l’Accueil Bonneau s’est vu offrir par la Ville de Montréal et l’administration du Vieux-Port le Grand Quai, un terminal de croisière « grand comme deux terrains de football ». Une réunion d’urgence est convoquée avec les employé-es. « On a eu deux semaines pour ouvrir », relate Chloé.

Rapidement, la direction mentionne au syndicat des employé-es que la présence d’agents de sécurité est une condition sine qua non. « On a tenté en vain de faire valoir qu’il serait mieux que les agents soient habillés en civil. Mais on ne s’est pas opposés à leur présence », explique Chloé.

L’ouverture de la halte chaleur, le 16 novembre, se déroule dans l’improvisation. « Il n’y avait rien qui marchait pour enregistrer les gars, pas d’équipement pour la prise de température, pas de walkie-talkie pour se parler… », se rappelle Chloé Bourbiaux. Le premier dimanche après l’ouverture, seulement trois intervenants étaient en poste. Constatant la situation et craignant pour sa sécurité, un intervenant fait valoir son droit de refus. Dépêchée sur place, la CNESST traitera plutôt l’affaire comme une « plainte »; elle effectuera un suivi rapproché et formulera plusieurs recommandations dans les jours suivants pour assurer la santé et la sécurité des salarié-es.

Des équipes épuisées
Comme plusieurs milieux de travail, la pandémie de COVID-19 a eu des répercussions majeures sur l’état de santé des troupes. Des salarié-es tombent au combat, nombreux sont ceux qui doivent être mis en arrêt de travail ou qui remettent leur démission.

De nombreuses rencontres entre le syndicat et l’employeur ont lieu, tout au long de l’automne 2020, pour tenter de trouver des solutions aux problèmes de recrutement. « Notre priorité, indique Chloé, c’était que les services soient donnés. D’autant plus que l’hiver arrivait, il fallait trouver une solution. »

Le syndicat accepte même que l’employeur fasse affaire avec des agences de placement de main-d’œuvre. « On ne s’est même pas opposés à la sous-traitance. C’est dire à quel point on a été flexibles », laisse tomber Frédéric Morin, le président du syndicat.

Un geste unilatéral
Le 20 janvier, une réunion du comité de relations de travail (CRT) est prévue sur l’heure du dîner. Quelques minutes avant la rencontre, la direction convoque l’ensemble du personnel à 13 h 30 pour une « annonce importante ». Au cours de ces deux rencontres, le message de l’employeur est le même : six postes permanents d’intervenants psychosociaux de première ligne sont abolis ainsi que cinq postes temporaires. Une décision applicable « immédiatement ». Des agents de sécurité prendront la relève, explique la direction.

C’est en fonction de l’article 14.01 de leur convention collective que les abolitions de poste seront contestées par grief par le syndicat. Cette disposition indique qu’« avant de procéder à l’abolition d’un poste, […] l’employeur doit rencontrer le syndicat afin de discuter et de tenter de trouver des solutions alternatives plus appropriées. »

Trésorier du syndicat, Jean Thévenin résumait ainsi la contestation du syndicat lors de son témoignage en audience : une annonce faite au syndicat dans l’heure précédant celle faite à l’ensemble du personnel, « ce n’est pas une consultation, c’est une annonce privilégiée ». Des propos repris par l’arbitre Nadeau, qui justifie sa décision en indiquant que les dispositions de la convention collective « font ressortir l’importance que l’Accueil Bonneau, un organisme à but non lucratif (OBNL), et le syndicat ont voulu accorder aux échanges, discussions et consultations avec les personnes salariées quant aux politiques et programmes, actuels et futurs, de l’organisation. »

En rendant sa décision, le juge Nadeau indique d’emblée que son rôle n’est pas de discuter « de la pertinence pour l’employeur de procéder à une restructuration de son organisation et à des abolitions de poste ou mises à pied en découlant », mais bien de valider que le processus a été fait en conformité avec la convention collective.

Frédéric Morin est bien conscient des limites de la décision. « Oh, c’est sûr qu’il s’agit d’une victoire morale plus qu’autre chose. Mais notre monde est heureux, les gens viennent me voir, ça donne de la crédibilité aux actions de notre syndicat. Avec l’aide de la CSN, on était super bien préparés pour l’arbitrage. Les gens réalisent que lorsqu’on s’implique, lorsqu’on s’organise, eh bien, ça donne des résultats. »

Le président du syndicat accueille cette nouvelle source de motivation avec enthousiasme alors que les négociations en vue du renouvellement de leur convention collective, longtemps repoussées en raison de la pandémie, s’amorcent enfin.

« La dernière année a été loin d’être facile, reconnaît-il. En tout cas, moi, ça me redonne un bon coup de fouet ! »

Les travailleuses et les travailleurs au cœur de la relance de l’hôtellerie

La 10e ronde de négociation coordonnée de l’hôtellerie à la Fédération du commerce (FC–CSN) a été lancée officiellement mercredi sous le thème « La relance, ça passe par nous ». Représentant plus de 2 500 professionnel-les de l’hôtellerie actifs dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Montérégie, de l’Estrie et du Grand Montréal, les 26 syndicats participants ont adhéré à une plateforme de demandes communes qu’ils ont le mandat de négocier avec leurs employeurs respectifs au cours des prochains mois.

« La course qui se joue présentement entre les vaccins et les variants nous force bien sûr à demeurer prudents, mais pour la première fois depuis un an, on peut maintenant espérer une certaine reprise de l’activité touristique dans un avenir rapproché, explique le trésorier de la FC–CSN, Michel Valiquette. Nous espérons que les employeurs comprendront que la relance de l’hôtellerie ne pourra se faire sans travailleuses et travailleurs qualifiés. »

La plateforme commune adoptée par les syndicats participants comprend quatre grandes demandes : une convention collective d’une durée de quatre ans; des améliorations aux régimes d’assurance collective; le maintien des liens d’emploi — et donc des droits de rappel et d’ancienneté — rétroactivement au 13 mars 2020; et des augmentations salariales raisonnables variant entre 2,1 % et 4 % par année.

En plus de ces demandes et de leurs demandes locales, les syndicats s’engagent à n’accepter aucun recul sur les clauses de nature pécuniaire ou sur les demandes de plateforme des négociations coordonnées antérieures.

« Après les premiers dépôts des offres patronales, on remarque déjà que certains employeurs irresponsables tentent de profiter de la crise pour sabrer les conditions de travail pour lesquelles les salarié-es se sont chèrement battus dans le passé, dénonce M. Valiquette. Ils devraient se rappeler que l’hôtellerie était aux prises avec un sérieux problème de pénurie de main-d’œuvre avant la pandémie. La crise n’aura fait qu’exacerber cette situation, alors ils feraient mieux de se donner les moyens d’attirer les travailleuses et les travailleurs s’ils veulent pouvoir profiter de la relance de l’industrie. »

Les quatre centrales syndicales s’unissent pour freiner les reculs en santé et sécurité

À quelques jours de la reprise de l’étude détaillée du projet de loi no 59 sur la modernisation du régime de santé et de sécurité du travail, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), la Centrale des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Centrale des syndicats démocratiques (CSD) unissent leur voix pour dénoncer les reculs prévus dans le projet de loi du ministre Jean Boulet. Lors d’une conférence de presse virtuelle, les quatre chefs syndicaux ont fait le point sur les prochains sujets qui seront débattus en commission et qui auront un impact considérable sur la santé et la sécurité des travailleurs et travailleuses du Québec.

La liste des maladies professionnelles désuète

Mardi, dès la reprise des travaux sur l’étude détaillée du projet de loi no 59, les parlementaires trancheront sur la question de la liste des maladies professionnelles qui donne droit à une présomption pour la reconnaissance d’une lésion professionnelle. Or, cette liste de maladies n’a pas été mise à jour depuis 40 ans. Les centrales demandent que cette liste soit mise à jour et qu’elle tienne compte des avancées scientifiques plutôt que de la recherche d’économie des employeurs.

« Non seulement tout le monde s’entend pour dire que la liste des maladies professionnelles est désuète, mais aussi sur la façon de l’actualiser. En effet, les plus importantes associations patronales et les centrales syndicales du Québec se sont entendues au Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre en 2017 sur une façon adéquate de faire cette mise à jour et d’en assurer l’actualisation par la suite. Or, le ministre Boulet a choisi d’ignorer ce consensus et, en plus, d’ajouter des critères qui empêchent de fait l’accès à la présomption pour certaines maladies, dont la surdité. Les enjeux sont si grands pour les victimes de lésions professionnelles, on doit leur venir en aide et non leur ajouter des obstacles additionnels », dénonce Luc Vachon, président de la CSD.

La prévention mise à mal

Plutôt qu’étendre ce qui fonctionne pour les groupes prioritaires à tous les milieux de travail, la nouvelle mouture du projet de loi abolit les minimums prévus au bon fonctionnement des comités de santé et sécurité et retire aux travailleuses et aux travailleurs le droit de regard sur l’adoption du programme de prévention et sur le choix du médecin chargé de la santé au travail. Alors que la Loi sur la santé et la sécurité du travail est une loi d’ordre public, la responsabilité sera envoyée vers la négociation entre les parties avec à la clef, une possible contestation devant les tribunaux de la décision de la CNESST. On risque ainsi de judiciariser davantage la santé et la sécurité.

« Les travailleuses et les travailleurs du Québec devront maintenant négocier la protection de leur santé et sécurité en même temps que leurs salaires. C’est inacceptable! Ajoutons à cela l’ajout du critère de multiétablissement qui permet à un employeur d’appliquer des mesures de prévention de manière unilatérale dans tous ses établissements, peu importe la diversité et la complexité de leurs enjeux respectifs. L’objectif des mesures de prévention est de répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs et de garder comme priorité leur protection! », ajoute Jacques Letourneau, président de la CSN.

La santé psychologique : un enjeu incontournable

Les risques psychosociaux sont un véritable problème dans les milieux de travail du Québec. Alors que les lésions professionnelles d’ordre psychologique ne font qu’augmenter, particulièrement dans les métiers à prédominance féminine, le ministre doit s’assurer que les acteurs des milieux de travail puissent les prévenir et les indemniser.  « Bien que certains termes faisant référence à la santé psychologique soient introduits dans le projet de loi, rien ne permettra réellement d’améliorer la situation si nous n’avons pas les mécanismes de prévention paritaires suffisants et des mesures concrètes facilitant la reconnaissance de ces lésions psychologiques. Notre souhait est que l’importance d’assurer la santé psychologique des travailleuses et des travailleurs se reflète dans le projet de loi et de façon concrète. Il faut que nous ayons collectivement les moyens d’agir », souligne Sonia Ethier, présidente de la CSQ.

Le secteur de la construction : rien de réglé

La construction est une industrie dangereuse. En ce qui concerne les décès, elle est chaque année surreprésentée, comptant 20 % des décès alors que l’industrie n’emploie que 5 % de la main-d’œuvre du Québec. Cela fait 40 ans que la Loi sur la santé et la sécurité du travail ne prévoit pas de mécanismes de prévention pour la construction. Le projet de loi no 59 introduit des mécanismes de prévention, mais ne s’assure pas qu’ils puissent être fonctionnels sur le terrain. Les représentants en santé et en sécurité doivent être indépendants des employeurs pour pouvoir intervenir librement et réellement représenter les intérêts des travailleurs et travailleuses à risque. « Le ministre Boulet ne tient pas compte de la précarité de l’emploi et de la facilité pour l’employeur de mettre un terme au lien d’emploi si la personne ose revendiquer plus de prévention. Le mécanisme d’application pour l’élection d’un représentant à la prévention ne tient pas plus compte de la rapidité avec laquelle un chantier de construction évolue. Si le ministre veut vraiment sauver des vies, il doit assurer une indépendance et une stabilité dans les représentants à la prévention dans le secteur de la construction en instaurant une législation qui met sur pieds une représentation syndicale des travailleurs et des travailleuses de ce secteur. Sinon, ce n’est que de la poudre aux yeux », conclut Daniel Boyer, président de la FTQ.

Le gouvernement refuse d’agir pour relever les services publics; la CSN prépare la grève

« L’éternel refus du gouvernement Legault d’agir concrètement pour que la crise dans les réseaux se résorbe commence de plus en plus à ressembler à de la négligence et cette négligence, on la connaît. Elle est le lot du secteur public depuis trop longtemps et elle nuit gravement à la capacité des réseaux à rendre les services à la population. Par son inaction, le gouvernement nous pousse à devoir prendre les grands moyens. » C’est le message que lance la CSN alors qu’elle annonce que l’ensemble de ses syndicats du secteur public partira, au cours des cinq prochaines semaines, à la recherche d’un mandat de grève.

D’ici le 10 mai, plus de 200 syndicats affiliés à la CSN, qui représentent plus de 160 000 membres, tant en éducation qu’en santé et services sociaux et dans les organismes gouvernementaux, se prononceront sur un mandat de grève dont les modalités ont été déterminées par chacune des fédérations, selon les discussions stratégiques qu’elles ont menées avec les militantes et les militants des syndicats. Ainsi, la Fédération des employées et employés de services publics (FEESPCSN), la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQCSN) et la Fédération des professionnèles (FPCSN) consulteront leurs membres sur un mandat de cinq jours de débrayage, tandis que la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSSCSN), quant à elle, soumettra au vote un mandat d’une banque d’un nombre de jours illimité de grève.

La CSN déplore que la contre-offre déposée la semaine dernière par le Conseil du trésor n’ait été qu’un désolant exercice de relations publiques sur le dos des travailleuses et des travailleurs des services publics. « On était pourtant en droit de s’attendre, après plus de 48 séances de négociation à la table centrale, à de nouvelles propositions qui auraient laissé entrevoir une meilleure compréhension de la situation de la part du gouvernement, mais non. Toujours rien qui permette de s’attaquer réellement au grave manque de ressources humaines et financières des réseaux, après des décennies de compressions et de mesures austéritaires », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Aux tables sectorielles, les enveloppes sont toujours nettement insuffisantes. Il est pourtant clair pour les fédérations du secteur public CSN que l’amélioration des conditions de travail reste la meilleure façon d’améliorer les services à la population.

« Les employé-es des services publics que nous représentons, notamment le personnel de soutien dans les centres de services scolaires et dans les cégeps et celui des organismes gouvernementaux, donnent tout ce qu’ils ont pour assurer une prestation de services de qualité à la population du Québec. La pandémie aura révélé, plus que jamais, le caractère essentiel de leur travail. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous partons à la recherche de mandats qui nous permettront d’accentuer la pression sur le gouvernement afin d’améliorer les conditions de travail de ces gens indispensables. Le statu quo a assez duré. Les comités patronaux de négociation doivent réellement travailler avec nous afin d’en arriver à un règlement satisfaisant pour l’ensemble de nos membres. À la FEESPCSN, nous sommes disposés à le faire. » – Nathalie Arguin, présidente de la FEESPCSN

« Dans la dernière année, les enseignantes et les enseignants du réseau collégial ont su s’adapter pour offrir des conditions d’apprentissage adéquates aux étudiantes et aux étudiants, et ce, malgré les nombreux défis posés par la pandémie. En ce moment, nous nous attendons à de l’ouverture et à un dialogue constructif avec le gouvernement afin d’apporter les solutions nécessaires pour la pérennité du réseau collégial. Pour y arriver, les porte-parole patronaux doivent se présenter aux tables avec des mandats clairs qui nous permettront d’avancer sur des questions telles que la précarité, notamment pour les chargé-es de cours à la formation continue, ou encore sur les enjeux touchant les techniques lourdes de la santé, les coordinations de département ainsi que les étudiantes et les étudiants en situation de handicap (EESH). » – Yves de Repentigny, vice-président de la FNEEQ–CSN

« C’est aberrant de constater que les représentantes et les représentants patronaux à notre table de négociation n’ont toujours pas de mandat pour discuter sérieusement des enjeux qui nous tiennent à cœur dans le réseau de la santé et des services sociaux et qui nous permettraient de donner des services de qualité. Cette négociation doit permettre la mise en œuvre de solutions pour mettre fin à la surcharge de travail, pour assurer un niveau adéquat de personnel en tout temps, pour retenir l’expertise tout en attirant la relève, pour renforcer la prévention en santé et sécurité du travail ou encore pour favoriser la conciliation famille-travail. L’heure est aux solutions, maintenant! »  – Josée Marcotte, vice-présidente de la FSSS–CSN

 « La nouvelle tentative du gouvernement de régler les négociations du secteur public est une démonstration supplémentaire de son manque flagrant d’écoute et de considérations pour ce que vivent les professionnel-les ainsi que les techniciennes et les techniciens, autant dans le réseau de la santé que dans les organismes gouvernementaux. Des journées entières de discussions consacrées à la mise en œuvre de solutions pour contrer la surcharge de travail ne se reflètent pas du tout dans cette nouvelle offre. De plus, on y trouve trop peu de ressources supplémentaires pour régler les difficultés d’attraction et de rétention du personnel. C’est inacceptable. »  – Danny Roy, vice-président de la FP–CSN

La CSN réitère que son unique objectif actuellement est d’en arriver à une entente satisfaisante qui, en répondant aux besoins des travailleuses et des travailleurs des services publics, permette de remettre sur pied les réseaux qui s’écroulent. « Si l’inaction du gouvernement perdure, nous allons continuer à défendre les services publics pour tous les Québécois et les Québécoises et nous allons faire ce qu’il faut pour qu’ils s’améliorent réellement au bénéfice de toute la population. Par ailleurs, si cela doit passer par l’utilisation de l’ultime moyen de pression que nous avons à notre disposition, lequel est un droit constitutionnel, nous le ferons : nous exercerons la grève pour les services publics du Québec », conclut Caroline Senneville.

Quand le compétiteur lorgne tes contrats…

Depuis plusieurs mois, nous sommes dans une pandémie mondiale qui amène plusieurs restrictions. Comme la majorité des citoyennes et citoyens de ce monde, notre petite famille se plie à toutes les recommandations de la santé publique pour essayer d’enrayer cette maladie au plus vite, mais voilà que le destin nous joue un tour encore une fois! Mon conjoint va perdre l’emploi qu’il occupe depuis les 25 dernières années.

Les Industries Câbles d’Acier (Bridon & Bekaert group) fermeront définitivement leurs portes le 31 mai 2021, après plus de 140 ans d’activité! Cette usine qui appartenait au groupe Noranda, oui une entreprise québécoise, a été vendue à Bekaert en Belgique pour finalement devenir la propriété de Bridon & Bekaert Group en 2016. Soit dit en passant, Bridon était un féroce concurrent des Industries Câbles d’Acier.

Industries Câbles d’Acier détient le contrat avec l’armée américaine que Bridon convoite depuis des années, mais elle est incapable de l’obtenir en raison de la mauvaise qualité de ses câbles. Les câbles faits ici sont trois plus performants. Cela donne matière à se poser des questions.

La compagnie fait des profits chaque mois. Les employé-es peuvent faire des heures supplémentaires, sur une base volontaire, chaque fin de semaine. Ils ont même droit à un partage des profits tous les trois ou quatre mois, et ce, jusqu’à la fermeture de l’usine!

Mon conjoint doit recommencer à zéro. Une perte de six semaines de vacances (bientôt sept) par année, un salaire très compétitif, de bonnes assurances pour les médicaments, le dentiste, l’optométriste, et j’en passe, un bon régime de retraite. C’est une grande perte pour lui et pour les 145 employés-es de l’usine.

Laissez-moi vous raconter l’histoire de mon conjoint.

Son père a été embauché à l’usine en 1974. Il était opérateur A de la machine 70, il aimait vraiment son travail! Sans compter les fêtes de Noël avec dépouillement d’arbre de Noël, les tournois de golf et les BBQ l’été, un club social. Il a participé à chaque dépouillement d’arbre de Noël avec sa famille jusqu’à son abolition. Il a grandi en voyant son père travailler fort et en étant impressionné par les grosses machines qui tournaient à toute vitesse pour fabriquer les câbles d’acier. Comme si son destin était tracé d’avance, tout naturellement, il a été engagé à son tour comme opérateur B de la machine 70. Eh oui! son père lui a tout appris de cette machine. Père et fils travaillaient ensemble! Mon beau-père est tombé malade quelques années plus tard et fut malheureusement déclaré invalide. Son fils, mon conjoint, a pris le relais, il est l’opérateur A de cette machine depuis. Ses collègues aiment bien lui dire que son père lui a légué la machine 70, car malheureusement mon beau-père est décédé en 2016. Après 25 ans, plusieurs liens d’amitié se sont tissés entre mon conjoint et les gars de l’usine! Cette camaraderie, il va devoir la trouver ailleurs et ça lui fait franchement de la peine.

Plus de 140 ans d’histoire jetés aux oubliettes! Cependant, lui et ses collègues n’oublieront jamais.

J’en profite pour souhaiter à tous la meilleure des chances dans le futur. Je sais que cette lettre est une goutte dans l’océan, je l’écris pour honorer les employé-es de cette usine centenaire!

Solidairement,

Karine Giguère

 

Les mêmes offres toujours insuffisantes pour relever les services publics

« Avec cette contre-proposition salariale qui n’en est pas une, il est clair que nous avons été convié-es à une nouvelle opération de communication du gouvernement Legault; un désolant exercice de relations publiques de la CAQ sur le dos des travailleuses et des travailleurs, alors que ceux-ci se mobilisent partout à travers le Québec pour défendre les services publics. » C’est le message que livre la Confédération des syndicats nationaux (CSN) au sortir de sa rencontre avec le Conseil du trésor ce matin, à Québec.

La CSN se dit extrêmement déçue par la proposition qui leur a été déposée; une proposition collée sur celle qui avait été rejetée en mai 2020 par l’organisation syndicale qui représente plus de 160 000 travailleuses et travailleurs des services publics. Les paramètres salariaux restent identiques à la dernière offre, soit 1,75 % en 2020, 1,75 % en 2021 et 1,5 % en 2022. Les montants forfaitaires à la première et à la deuxième année sont, quant à eux, légèrement bonifiés. « Des mesures éphémères, ce n’est pas ça qui va attirer et retenir le personnel. On est loin du coup de barre nécessaire », lance Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Une autre nouveauté de ce dépôt quant aux paramètres salariaux est la mise en place, pour la durée de la convention collective, d’un mécanisme de protection du pouvoir d’achat qui permet d’ajouter au plus 1 %, si l’inflation dépasse 5 % sur la période de trois ans. « C’est quand même incroyable que le gouvernement veuille nous vendre ce mécanisme comme un gain significatif. On parle ici de garantir aux personnels des réseaux, celles et ceux qui prennent soin de nous au quotidien, qu’ils ne s’appauvriront pas en travaillant pour les Québécoises et les Québécois. Et même là, ce n’est pas une vraie garantie, puisque si l’inflation dépasse 6 % sur trois ans, ce sera l’appauvrissement. Et le gouvernement en ajoute une couche en liant le déclenchement de ce mécanisme à la croissance économique », ajoute Mme Senneville.

La CSN ayant obtenu, le 15 mars dernier, un mandat clair de planifier la grève des syndicats de tous les secteurs qu’elle représente, tant dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux que dans les organismes gouvernementaux, elle affirme que la nouvelle tentative du gouvernement de régler au rabais les conventions collectives du secteur public accélérera les démarches déjà entamées en ce sens. « En refusant encore une fois de prendre les moyens nécessaires pour relever les réseaux, le gouvernement Legault met en péril les services à la population. Nous ne pouvons accepter ça. Et s’il faut que nous utilisions l’ultime moyen de pression pour améliorer nos conditions de travail et ainsi défendre les services auxquels les Québécoises et les Québécois ont droit, nous le ferons », conclut Caroline Senneville.

Le gouvernement entendra-t-il enfin le cri d’alarme lancé par les travailleuses et les travailleurs des services publics?

Devant le mépris exprimé depuis trop longtemps par le gouvernement Legault, qui refuse toujours de donner le coup de barre nécessaire pour relever les services publics, la colère monte chez le personnel. Il y a un an aujourd’hui, les conventions collectives des 550 000 travailleuses et travailleurs des services à la population venaient à échéance. Le gouvernement disait alors vouloir s’entendre rapidement avec ses employé-es, mais 12 mois plus tard, force est de constater que ces paroles n’étaient que du vent. C’est pourquoi, ce matin, des milliers de travailleuses et de travailleurs, toutes organisations syndicales confondues (CSN, CSQ, FIQ, APTS, FTQ, FAE, SFPQ et SPGQ), manifestent leur ras-le-bol devant l’Assemblée nationale à Québec et devant le bureau du premier ministre à Montréal.

Tout au long de la journée, malgré leur surcharge de travail constante et leur épuisement, ces centaines de milliers de femmes et d’hommes qui se dévouent sans relâche pour la population feront du bruit partout à travers le Québec afin de sonner l’alarme sur les situations intenables vécues sur le terrain actuellement et dénoncer l’inaction du gouvernement face à ces situations.

Pour les leaders syndicaux présents à Québec (Jacques Létourneau, CSN; Sonia Ethier, CSQ; Nancy Bédard, FIQ; Andrée Poirier, APTS; Daniel Boyer, FTQ; Sylvain Mallette, FAE; Christian Daigle, SFPQ et Line Lamarre, SPGQ), il est impératif que le gouvernement agisse maintenant.

« La situation catastrophique dans les réseaux, dans la fonction publique et dans les organisations parapubliques ne date pas d’hier. Ce sont des décennies de réformes centralisatrices, de compressions et d’austérité qui ont démoli les services publics. Il est aujourd’hui on ne peut plus clair que ce n’est pas la voie à suivre. Avant d’utiliser la fameuse cassette du « On n’a plus d’argent, les coffres sont vides », le gouvernement Legault doit se poser la vraie question « A-t-on les moyens de se priver des services publics? » La dernière année est venue nous confirmer, hors de tout doute, que la réponse est non », affirment les leaders syndicaux d’une seule voix.

Les organisations revendiquent des améliorations immédiates et significatives aux conditions de travail et de pratique et aux salaires du personnel de l’État pour freiner les départs qui se comptent par milliers depuis le début de la pandémie et réussir à recruter de nouvelles personnes pour venir rapidement prêter main-forte.

« Le gouvernement l’a dit lui-même par la bouche de son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, pour justifier l’augmentation de 127 % accordée au PDG d’Investissement Québec : « Si on veut avoir des outils à la mesure de nos ambitions, il faut rémunérer les gens en conséquence ». Cette affirmation est fort juste et elle doit aussi s’appliquer aux travailleuses et aux travailleurs qui, au quotidien, prennent soin de nous, de nos parents, de nos enfants, de nos proches », notent les porte-parole syndicaux, tout en ajoutant que chaque jour qui passe sans action directe du gouvernement pour ajouter des ressources humaines et financières en santé et services sociaux, en éducation, dans la fonction publique et dans les organismes gouvernementaux aggrave les problèmes d’attraction et de rétention du personnel et entraîne des conséquences importantes sur les services à la population.

Les travailleuses et les travailleurs veulent maintenant des réponses à leurs questions : après deux ans et demi au pouvoir, qu’attend le gouvernement pour faire ce qu’il faut et investir les sommes nécessaires pour relever les services publics? Quand entend-il donner des mandats à ses représentants aux tables de négociation pour parvenir à des ententes satisfaisantes pour toutes et tous, des ententes à la hauteur des besoins qui changeront le visage des services publics, tant pour celles et ceux qui y travaillent que pour l’ensemble du Québec?

Si le gouvernement refuse toujours de répondre adéquatement à ces questions, les organisations syndicales déploieront des actions de mobilisation plus musclées sur le terrain au cours des prochaines semaines.

« Nous ne resterons pas les bras croisés, alors que les services à la population sont en péril. Nous nous mobiliserons pour le bien-être de toutes les Québécoises et de tous les Québécois », de conclure les leaders syndicaux.

Marlène Paul ou le militantisme syndical pour créer des ponts sur les réalités autochtones

Innue par son père, Marlène est née il y a soixante-trois ans à Mashteuiatsh, la seule communauté autochtone au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Elle enseigne à l’école secondaire Kassinu Mamu de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, à Mashteuiatsh. Elle a œuvré à syndiquer le personnel enseignant de son école en 2014 et est maintenant présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Mashteuiatsh—CSN.

« Étant à moitié innue, j’ai les pieds dans deux cultures. Cela a fait en sorte que souvent, pour les Autochtones, je ne suis pas vraiment autochtone. Et pour les Blancs, c’est pareil, je ne suis pas vraiment comme eux, mon nom de famille est associé aux Innus. Cette tension a parfois été difficile, surtout plus jeune », commence Marlène.

Les pensionnats autochtones, on a l’impression que c’est bien loin, mais Marlène les a connus. La pratique de séparer les enfants autochtones de leur famille en les plaçant dans ces pensionnats a été adoptée par le gouvernement fédéral et le clergé pour « tuer l’indien dans l’enfant ». Ces pensionnats ont existé dans toutes les provinces canadiennes, des années 1880 jusqu’aux années 1990, le dernier ayant fermé ses portes seulement en 1996, en Saskatchewan.

« Lorsque j’étais enfant, il y avait un pensionnat directement dans la communauté, qui s’appelait Pointe-Bleue à cette époque. À l’âge de seulement six ans, on m’a arrachée à ma famille pour m’y envoyer. J’y suis demeurée quatre ans. Pendant tout ce temps, je n’ai pas revu mes parents, mes frères, mes sœurs. Ce fut… marquant », dit-elle simplement.

Après le pensionnat, Marlène fréquente l’école secondaire hors de sa communauté. « Lors de la séparation de mes parents, j’ai ensuite quitté Mashteuiatsh. J’ai étudié en génie mécanique, mais n’ai pas trouvé d’emploi. Je suis donc retournée à l’université en enseignement des mathématiques et des sciences. J’ai enseigné dans plusieurs écoles, partout au Québec, dans des communautés autochtones ou non. Je connais donc bien les différents enjeux touchant les Autochtones en éducation », continue-t-elle.

De retour à Mashteuiatsh depuis plusieurs années, Marlène est d’avis que les perceptions et les préjugés à l’endroit des Autochtones diminuent un peu. « Mais c’est un travail très lent. Ce n’est pas évident d’aller à la rencontre de l’Autre. La méfiance est très présente, de part et d’autre. C’est en créant des espaces d’échange et de dialogue que les barrières pourront tomber, j’en suis persuadée », observe Marlène.

« Les allochtones ont beaucoup de préjugés envers nous. On leur a rentré dans la tête que nous avons des privilèges, notamment au niveau de la chasse et de la pêche. C’est très tendu, ici, sur ces questions, ainsi que sur la question des terres qui appartiennent à la communauté. Ça crée des conflits entre les gens, on entend des propos racistes de la part de citoyennes et citoyens à la radio… Ce n’est pas facile », poursuit-elle.

Marlène croit que l’éducation est une clé importante pour faire tomber ces préjugés et ces méconnaissances, qui engendrent du racisme à l’endroit des membres des Premières Nations. « Les Innus de Mashteuiatsh sont de façon générale plus pauvres et plus malades que les gens de la région. Pourquoi ? Entre autres parce que le système colonial canadien nous maintient encore aujourd’hui dans une posture de mineur vis-à-vis Ottawa. Est-ce que les gens savent qu’on ne peut pas se prendre une hypothèque et que nous ne pouvons pas être propriétaires de nos maisons dans les communautés ? Que le gouvernement fédéral est encore notre “tuteur légal ?” Il commence à y avoir un certain éveil sur ces questions et des politiques timides de réconciliation voient le jour, mais il faut voir cela sur le long terme », souligne-t-elle.

Résolument engagée pour créer des espaces de dialogue partout où elle peut, Marlène a été nommée en 2019 au Conseil supérieur de l’éducation, qui conseille le ou la ministre de l’Éducation. Active au sein de la FNEEQ depuis 2014, elle voit aussi le militantisme syndical comme une occasion de créer des ponts et d’éduquer les gens sur les réalités autochtones. « Il faut parler, parler, parler, pour finir par se comprendre. Il ne faut pas se décourager, ça évolue », termine-t-elle en souriant.

 

 

 

 

Les négociateurs du gouvernement Legault ne pourront pas empêcher les travailleuses et les travailleurs de la santé et des services sociaux de manifester bruyamment

Le Tribunal administratif du travail a tranché : le gouvernement Legault ne pourra pas empêcher les travailleuses et les travailleurs de participer massivement à des actions de mobilisation qui se tiendront, partout au Québec, ce mercredi 31 mars. Rappelons que le gouvernement Legault, par l’entremise du Comité patronal de négociation du secteur de la santé et des services sociaux (CPNSSS), a demandé dimanche matin l’intervention du Tribunal administratif du travail (TAT) pour interdire ces moyens de visibilité dans le réseau de la santé et des services sociaux.

fCette journée d’actions, déployée par l’ensemble des organisations syndicales du secteur public sous le thème « On sonne l’alarme », vise à souligner la situation critique qui prévaut dans les services publics, notamment dans le réseau de la santé et des services sociaux, alors que le personnel est sans convention collective depuis un an.

Les huit grandes organisations syndicales de la santé et des services sociaux visées par cette demande d’intervention maintiennent les actions prévues, tout en s’assurant que les balises édictées par le TAT seront intégralement respectées.

« Nous n’avons jamais eu l’intention de perturber les services ni de nuire aux usagères et aux usagers de quelque façon que ce soit, ont réagi les leaders syndicaux. La demande d’intervention de la partie patronale visait à nous faire taire, bien plus qu’à assurer qu’il n’y aurait aucun préjudice à l’égard des personnes dont nous prenons soin chaque jour. En ce sens, le TAT rappelle la partie patronale à l’ordre. Nous accueillons favorablement cette décision du TAT. Et nous avons un message très clair envers le gouvernement :  l’heure est à la négociation véritable avec les syndicats. C’est la seule vraie solution qui permettra de répondre aux besoins des travailleuses et des travailleurs sur le terrain, tout en améliorant nos services publics ».

Les organisations syndicales en question sont l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS); la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ); la Fédération des professionnèles (FP-CSN); la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN); la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ); le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ); le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ); le Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ).

Le STT du cimetière Notre-Dame-des-Neige se dote d’une banque de dix jours de grève

Réunis en assemblée générale virtuelle vendredi soir dernier, les membres du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN (STTCNDDN) ont accepté à 96 % le recours à une banque de dix jours de grève à l’issue d’un vote électronique tenu à scrutin secret.

« Nous sommes sans contrat de travail depuis le 31 décembre 2018 et en négociation depuis le mois de novembre 2019. Le 17 mars dernier, alors que nous sortions tout juste d’une journée de négociation durant laquelle le sujet n’a jamais été abordé, l’employeur nous a annoncé l’abolition de 26 postes de travailleurs saisonniers, soit près de la moitié de l’effectif couvert par le plancher d’emploi de 31 semaines prévu à notre convention collective, de dénoncer Patrick Chartrand, vice-président du STTCNDDN. À cette même période l’an dernier, la soixantaine de salarié-es saisonniers, qui devaient revenir à la fin du mois de mars 2020, n’ont finalement été rappelés qu’au début du mois de juillet 2020, ce qui leur a imposé des pertes de revenus importantes. Pourtant reconnus en tant que travailleurs prioritaires, leurs salaires étaient assumés à 50 % par des subventions salariales du gouvernement. Nous vivons constamment des manques de respect et de cohérence au travail et nos membres nous ont donné un mandat clair. »

« Même si la haute direction invoque toujours des problèmes financiers pour justifier ses demandes de reculs et ses abolitions de postes, l’employeur a refusé à deux reprises de nous ouvrir ses livres comptables pour que nous puissions enfin constater sa situation financière. À ce manque de transparence s’ajoutent plusieurs épisodes d’intimidation de l’employeur envers les membres du syndicat qui ont simplement exercé des moyens de pression tout à fait légaux dans le cadre de leur négociation. Encore une fois, nous y voyons des tentatives visant à briser la combativité d’un syndicat qui ne se laissera assurément pas faire », de déclarer Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics–CSN.

« Rappelons qu’en 2007, les membres du STTCNDDN ont fièrement lutté contre leur employeur lors d’un long lock-out qui a duré 17 semaines. Et ils sont sortis de ce difficile conflit la tête haute en ayant obtenu la majorité de leurs demandes légitimes. Alors que ces salarié-es mettent tout en œuvre dans leur travail pour offrir un service respectueux aux familles endeuillées, elles et ils doivent à nouveau lutter pour que leur employeur entende raison. Or, nous serons encore là, bien aux côtés du syndicat, afin que celui-ci obtienne le respect auquel il a droit », de conclure Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.

Le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN rassemble 125 membres.

Un baume sur les plaies causées par les pertes d’emplois

Le syndicat représentant les préleveurs de semences de taureau de l’Alliance Semex — une copropriété du Centre d’insémination artificielle du Québec (CIAQ) — est parvenu à s’entendre sur les modalités d’une nouvelle convention collective qui sera en vigueur du 31 mars prochain jusqu’à la fermeture du centre, le 31 août prochain.

« Nous sommes satisfaits des termes de l’entente. Nos membres étaient déterminés et mobilisés et c’est ce qui nous a permis de nous entendre rapidement, sans avoir à mettre en pratique notre mandat de moyens de pression, a expliqué Carol Tétreault, président du Syndicat des travailleurs du C.I.A.Q.– CSN. Évidemment, nous aurions souhaité que cette négociation se déroule dans un tout autre contexte, mais nous considérons être allés chercher le maximum pour nos membres étant donné les circonstances. »

Acceptée à l’unanimité par les membres réunis en assemblé générale jeudi soir, cette nouvelle convention collective comprend un boni à la signature de 2 725 $ et une augmentation salariale de 0,75 $ de l’heure, en plus du programme de primes déjà offert par l’employeur pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs qui continueront à travailler jusqu’à la fermeture de l’établissement.

« Nous demeurons amèrement déçus que Semex ait décidé de cesser ses opérations à Sainte-Madeleine, a réitéré la présidente du Conseil central de la Montérégie (CCM–CSN), Annette Herbeuval. Par contre, une fois que nous nous sommes aperçus que la décision était irréversible, c’était important pour nous d’aller chercher le maximum pour ces salarié-es qui se retrouveront sans emploi dans les prochains mois. »

« La CSN et la Fédération du commerce (FC–CSN) n’ont ménagé aucun effort pour soutenir les travailleuses et les travailleurs durant cette période difficile, a précisé le président de la FC–CSN, Alexandre Boileau Laviolette. Toute la gamme des services de la CSN a été mise à profit et ça nous a permis d’obtenir des gains considérables pour nos membres. »