Politique québécoise de lutte contre le racisme et la discrimination
« Il y a urgence d’agir », plaide la CSN
« La société québécoise est une des sociétés les plus ouvertes dans le monde. Mais l’existence de réels problèmes à intégrer socialement une partie des membres des communautés culturelles, particulièrement ceux des minorités visibles, même quand ils sont nés au pays, nous font conclure qu’il y a urgence d’agir ». C’est ce qu’a plaidé la vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Denise Boucher, qui comparaissait aujourd’hui à Québec devant la Commission de la culture portant sur la future Politique gouvernementale de lutte contre le racisme et la discrimination.
Le milieu de travail : un endroit privilégié
Après avoir souligné que la CSN appuie le gouvernement du Québec dans sa volonté de s’attaquer à cette problématique, Denise Boucher a présenté l’ensemble des moyens d’action que la centrale syndicale privilégie pour combattre le racisme et la discrimination. La CSN estime donc que les efforts du gouvernement doivent être coordonnés et porter sur les milieux de travail, l’éducation et les médias.
« La CSN considère que le milieu de travail est un endroit privilégié pour rejoindre une grande partie de la population. De plus, force est de constater que la discrimination en milieu de travail demeure importante et se manifeste sous différentes formes. Nous croyons que la lutte contre la discrimination et les préjugés est la piste principale par laquelle le problème d’intégration au travail de personnes des minorités visibles ne sera peut-être pas tout à fait résolu, mais à tout le moins atténué. Nous croyons aussi que cette tâche est une responsabilité de tous les acteurs du milieu », a fait valoir la vice-présidente de la centrale syndicale. La CSN, peut-on lire dans le mémoire d’une vingtaine de pages présenté à la commission, croit que « le gouvernement devrait favoriser la mise en place des programmes de formation à la réalité interculturelle et au racisme dans les milieux de travail. » D’ailleurs, la CSN donne actuellement suite à un projet en ce sens qui reçoit l’appui du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles.
Francisation
La CSN estime également que pour faciliter l’intégration tant professionnelle que sociale, le gouvernement a la responsabilité d’améliorer l’accès au cours de francisation pour toutes et tous, et ce, particulièrement dans les milieux de travail.
Propositions
La CSN propose aussi : « que la Politique gouvernementale de lutte contre le racisme et la discrimination recommande le développement, de concert avec la Commission des partenaires du marché du travail, d’une stratégie d’intervention à l’égard des travailleuses et des travailleurs des communautés culturelles en portant une attention particulière à la situation des communautés visibles et en développant des mesures qui leur sont spécifiques ». La CSN recommande également « que dans l’élaboration de cette stratégie soient associés des représentantes et des représentants de ces diverses communautés ainsi que le Comité d’adaptation de la main-d’uvre personne immigrante (CAMO-PI).
Éducation
Selon la vice-présidente de la CSN, « le milieu de l’éducation doit, dès les premières années de fréquentation scolaire, sensibiliser les enfants (à une société pluriethnique – ndlr.), et ce, peu importe le milieu où ils vivent. »
Médias
Les médias peuvent aussi contribuer à la lutte contre le racisme et la discrimination. « La couverture médiatique des faits divers, très inspirée par des notions de sensationnalisme, peut faire en sorte que la population soit portée à généraliser en attribuant à toute une communauté les comportements de certains de ses membres », a signalé Denise Boucher. Par exemple, « on prétendra ainsi que tous les « Italiens » ont des tendances mafieuses ou que tous les jeunes « Haïtiens » sont membres de gangs de rue ou qu’un grand nombre de « Chinois » ont des problèmes de jeu compulsif ». Aussi, la CSN croit-elle que « des reportages de type documentaire, idéalement non réservé aux communautés culturelles, pourraient mettre en valeur des réalisations de personnes ou de groupes dans différents secteurs d’activité ou des histoires qui témoignent d’une intégration interculturelle réussie. »
Enfin, au nom de la CSN, Denise Boucher a aussi tenu à souligner l’initiative de la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles d’inviter la population du Québec à cette consultation sur une politique gouvernementale de lutte contre le racisme et la discrimination.
La participation de la CSN
C’est principalement en tant qu’acteur important du développement économique et social du Québec que la CSN a participé à cette consultation. Soulignons que, depuis 1986, la centrale syndicale est conseillée par son comité confédéral sur les relations interculturelles et raciales en matière d’accueil, d’intégration et du maintien à l’emploi des membres des communautés culturelles.
La CSN représente 300 000 travailleuses et travailleurs regroupés dans 2 100 syndicats, 13 conseils centraux (ses instances régionales) et neuf fédérations (ses instances professionnelles).
- Le document de consultation du gouvernement s’intitule : Pour la pleine participation des Québécoises et des Québécois des communautés culturelles – Vers une politique gouvernementale de lutte contre le racisme et la discrimination.
Source : CSN – 18 octobre 2006
Pour renseignements : Michel Crête, CSN-Information, 514 598-2454 ou 514 703-0775. Josée Roy, adjointe au comité exécutif de la CSN, 514-598-2297