21 décembre 2004 – Le ministre Philippe Couillard doit reconnaître le rôle vital des paramédics de soins primaires et avancés – Claudette Carbonneau, présidente de la CSN

Le ministre Philippe Couillard doit reconnaître le rôle vital des paramédics de soins primaires et avancés – Claudette Carbonneau, présidente de la CSN

La présidente de la CSN, Claudette Carbonneau, lance un appel pressant au ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, pour qu’il clarifie ses orientations sur l’avenir des services préhospitaliers d’urgence au Québec. En compagnie du président du Rassemblement des employés-es techniciens ambulanciers du Québec (RETAQ-CSN), André Létourneau, la présidente de la CSN a dénoncé les contradictions du ministre qui veut mettre en place un programme de premiers répondants avec les pompiers de Montréal, mais refuse d’accorder à 18 paramédics en soins avancés le droit de pratiquer. « Faire des premiers répondants une priorité, c’est comme construire le toit d’un édifice avant d’avoir couler la fondation. Nous ne sommes pas contre les premiers répondants mais pas au détriment des ambulanciers. Les études le prouvent : l’ajout de paramédics en soins avancés permet de sauver plus de vies. Pour sauver de l’argent, le ministre met en péril la vie du monde ! », s’est indignée la présidente de la CSN.

L’étude ontarienne OPALS, la plus vaste réalisée à ce jour en Amérique du Nord, permet, en effet, de conclure que dans une ville comme Montréal, l’ajout de paramédics en soins avancés pourrait sauver 260 vies de plus, chaque année. Cette même étude démontre que la durée d’hospitalisation et les risques de séquelles diminuent, ce qui pourrait contribuer à désengorger les hôpitaux.

Pour le président du RETAQ, André Létourneau, « la mise en place d’un programme de premiers répondants n’est que de la poudre aux yeux. Le ministre veut faire taire le débat public. La chaîne de survie ayant la force du maillon le plus faible, il faut d’abord consolider le service ambulancier. Nous croyons que le ministre devrait prioriser la formation des ambulanciers. » La loi sur les services préhospitaliers d’urgence prévoit d’ailleurs une visée complémentaire et non palliative des premiers répondants aux carences du système préhospitalier.

Mettre en place un système qui respecte les gens

« Le premier ministre, Jean Charest, parlait la semaine dernière d’une année charnière en matière de modernisation. Pourtant, le Québec est le seul endroit en Amérique du Nord qui interdit la pratique de soins préhospitaliers avancés. C’est également le seul endroit en Amérique du Nord où l’on retrouve des horaires de faction dans des zones urbaines et semi-urbaines. Au lieu de s’enliser dans l’Age de pierre, le ministre devrait saisir la balle au bond et moderniser les services préhospitaliers d’urgence offerts à la population. Cela passe par une professionnalisation et une reconnaissance du travail des ambulanciers. C’est une question de vie », selon la présidente de la CSN.

Interpellant le ministre avant qu’il ne soit trop tard et que les 18 paramédics de soins avancés ne trouvent du travail en Ontario, la présidente de la CSN a estimé que « la chasse aux sorcières avait assez duré. Le ministre doit mettre un terme à l’inspection ministérielle décrétée auprès d’Urgences Santé. Au lieu de tenter de clarifier la situation entourant la formation de 18 paramédics, le ministre devrait plutôt expliquer pourquoi le Québec fait bande à part et remédier à la situation. »

Des horaires de faction néfastes pour la population

Ce que peu de Québécoises et de Québécois savent, c’est que les temps de réponse des ambulanciers sont tributaires d’un système archaique, celui des horaires de faction. Dans une vingtaine de villes au Québec, des techniciens ambulanciers sont en disponibilité, chez eux, loin de leur ambulance, et ce, 7 jours sur 14, 24 heures sur 24. Lorsqu’ils reçoivent un appel de détresse, le temps de déplacement de leur résidence à l’endroit où se trouve l’ambulance est susceptible de mettre en péril la vie des victimes.

Pour la présidente de la CSN, « les horaires de faction sont complètement inacceptables. Les données démontrent qu’il est inutile de former et équiper des ambulanciers s’ils ne sont pas capables d’arriver sur la scène avant 20 minutes. L’ajout d’un million de dollars permettrait d’éliminer la plupart des horaires de faction dans les villes du Québec et d’avoir des techniciens dans les ambulances prêts à partir dès l’arrivée d’un appel ». Pourtant, l’argent se fait toujours attendre, et ce, en dépit d’une entente lors du renouvellement de la convention collective en 2002. « Ajoutez à cela l’insuffisance d’équipe (particulièrement à Montréal et à Québec), ainsi que les taux de rétention des employé-es très bas, les taux de suicide, de maladie et de burn-out qui dépassent maintenant ceux des policiers, et vous comprendrez pourquoi les ambulanciers demandent le respect du ministre. »

« Le ministre de la Santé et des Services sociaux doit viser l’efficacité et non l’efficience. Quand il s’agit de sauver des vies, on ne peut faire plus avec moins. Le ministre a le devoir d’être plus transparent. La première intervention d’urgence est, la plupart du temps, prodiguée par des ambulanciers. Or, il est aberrant de constater que, dans les priorités du ministre, les services préhospitaliers ne figurent nulle part. Le ministre doit faire une place aux ambulanciers. Il doit mettre en place un système qui respecte les gens. Il doit annoncer dès maintenant ses orientations », a conclu Claudette Carbonneau.

Le RETAQ-CSN lancera dès le mois de janvier une vaste campagne d’information et de sensibilisation auprès de la population québécoise. Cette campagne sera appuyée par la CSN.

Le RETAQ, qui représente 3000 techniciens ambulanciers au Québec, est affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux de la CSN (FSSS- CSN). La Confédération des syndicats nationaux regroupe 2800 syndicats qui représentent 280 000 membres oeuvrant dans la plupart des secteurs d’activité.


Source : RETAQ– CSN – 21-12-2004

Pour renseignements : Michelle Filteau, directrice du Service des communications de la CSN, tél. (514) 598-2155 Yves Coderre, vice-président information RETAQ-CSN, cell. (514) 795-0582


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