Saignée d’emplois à Saint-Simon
La Fédération du commerce de la CSN et les syndicats se mobilisent contre Olymel dans sa rationalisation brutale
La Fédération du commerce de la CSN (FC-CSN) se mobilise contre Olymel qui a annoncé, le vendredi matin 18 novembre, la mise à pied définitive, en février prochain, de 130 des 600 travailleurs de son usine de coupe de porc de Saint-Simon.
C’est ce qu’a fait savoir ce matin, en conférence de presse à Québec, le président de la fédération, Jean Lortie, en compagnie des présidents des syndicats CSN des installations d’Olymel à Saint-Simon et à Vallée-Jonction, Richard Martin et Gino Provencher.
Il a présenté le plan d’action que les syndiqués des usines Olymel de ces municipalités ont adopté en assemblée générale, en fin de semaine, pour contrer la stratégie de l’employeur.
Le plan prévoit, entre autres, le respect des conventions collectives, la reconnaissance de l’importante contribution des salariés d’Olymel dans le développement de l’entreprise, une stratégie commune des deux syndicats, ainsi que la dénonciation sur toutes les tribunes publiques des choix stratégiques de l’entreprise, qui se font au détriment du Québec.
« Cette saignée d’emplois à Saint-Simon, mais aussi à l’usine de Saint-Valérien, où les travailleurs sont membres de la FTQ, ressemble à du déjà-vu, à une stratégie administrée au compte-gouttes : annoncer des fermetures et des licenciements, comme on l’a vu ailleurs, dans le but d’obtenir le rabaissement des conditions de travail et de vie des employés. J’espère me tromper. Mais si c’est le cas, c’est tout simplement inacceptable ! », s’est indigné Jean Lortie.
Le respect des conventions collectives
La FC-CSN va s’assurer que l’employeur respecte dans leur intégralité les conventions collectives, qui viennent à échéance en septembre 2007. Rappelons qu’à la demande d’Olymel, les syndicats affiliés à la CSN avaient accepté, en 2001, de signer des conventions collectives de longue durée.
Valorisation des employés
La fédération, de dire Jean Lortie, entend aussi mener une campagne pour valoriser les employés et faire la promotion de la valeur significative de leur contribution au développement de l’entreprise. Depuis quelques années, Olymel a déployé une stratégie publique qui mise sur l’importante contribution de sa main-d’uvre dans la qualité des produits qu’il fabrique et transforme. « Nous saurons rappeler è l’entreprise que négliger cette main-d’uvre hautement qualifiée a un prix », a déclaré le représentant syndical.
Une stratégie commune des deux syndicats
Les deux assemblées générales réunies en fin de semaine ont réitéré l’importance de travailler en regroupé (Vallée-Jonction et Saint-Simon). Le plan d’action fait mention d’une stratégie « regroupé » pour faire face aux attaques de l’employeur. Gino Provencher et Richard Martin ont déclaré en conférence de presse : « C’est ensemble que nous avons négocié nos conventions collectives, c’est ensemble que nous saurons faire face à la stratégie d’isolement de l’employeur. »
Les choix stratégiques
À l’aide d’études produites par des spécialistes de l’économie et du développement, la FC-CSN dénoncera donc les choix stratégiques et la gestion d’Olymel, qui pénalisent les employés et les régions.
Analyse
Jean Lortie est catégorique : « Les travailleurs ne sont pas responsables de la conjoncture et des choix stratégiques d’Olymel. » Il pense, entre autres, au fait que 60 % de la production porcine est destinée à l’exportation. Avec un dollar canadien en hausse, cela s’est traduit par une diminution des profits. Il cite aussi en exemple la compétition internationale accrue avec l’arrivée d’autres joueurs, tels le Chili, le Mexique, la Chine et le Brésil. Jean Lortie donne aussi en exemple le moratoire sur la production porcine en 2002, levé récemment, et le dernier décret en la matière qui ont restreint sérieusement les possibilités de croissance de l’industrie.
Le président de la FC-CSN a rappelé qu’à l’automne 2004, les deux grands transformateurs de porc au Québec, la Coop fédérée de Québec et le Groupe Brochu ont fusionné. Après la fusion, Olymel a procédé à la restructuration de l’entreprise. S’ensuivirent la mise à pied des employés au siège social, à Saint-Hyacinthe et les fermetures des usines de Magog et de Granby, ainsi que du centre de distribution de Laval.
« Puis, de souligner Jean Lortie, Olymel est parti en croisade dans le but de s’attaquer aux conditions de travail négociées et obtenues de haute lutte. À Saint-Hyacinthe, menacés par une fermeture de leur usine, les employés, membres d’un syndicat de la FTQ, ont accepté une réduction de 20 % de la masse salariale.
À Princeville, après une fermeture de 15 mois, les syndiqués, membres d’un syndicat affilié à la CSN, ont eux aussi accepté des reculs pour assurer la réouverture de l’usine et retrouver les emplois perdus. « Ces faits récents inquiètent les travailleurs de Saint-Simon, mais aussi ceux de Vallée-Jonction », a précisé Jean Lortie.
« Comment se fait-il qu’Olymel ne se développe pas au Québec, mais se déploie au Canada ? La Coop fédérée de Québec deviendra-t-elle la Coop fédérée du Canada ? C’est ce que nous laissent croire les récentes annonces d’investissement de l’entreprise en Alberta et au Manitoba », a commenté le président de la Fédération du commerce de la CSN. D’ailleurs, il a signalé que des milliers d’emplois seront créés sous peu dans l’Ouest canadien au détriment du Québec. Selon Jean Lortie, « il y a de sérieuses questions à poser à l’entreprise sur ses choix stratégiques. »
La Fédération du commerce de la CSN représente plus de 35 000 travailleuses et travailleurs, répartis dans 460 syndicats. Acteur principal dans l’industrie du tourisme au Québec, la fédération est également bien présente dans le secteur financier et les industries agroalimentaires.
Source : CSN – 21 novembre 2005 Michel Crête, CSN-Information, 514 509-2454 ou 514 703-0775