Privatisation du transport en commun : le ministre Marcoux trouvera la CSN sur son chemin
« Le ministre des Transports du Québec, Yvon Marcoux, trouvera la CSN et ses syndicats du transport sur son chemin. Son projet de privatiser une partie du transport en commun relève de la folie furieuse. Il ne tient pas compte de tout le travail accompli jusqu’à maintenant pour faciliter la planification du transport public et pour offrir un service de qualité. »
Le vice-président de la Fédération des employées et employés de services publics de la CSN (FEESP-CSN), Denis Marcoux, a vivement réagi aux intentions du ministre Yvon Marcoux, rapportées dans le quotidien Le Devoir, d’encourager les sociétés de transport à se lancer dans le partenariat avec l’entreprise privée.
Le vice-président de la FEESP-CSN, qui représente près de 5000 employé-es du transport, prie le ministre « de ne pas emprunter la voie de la privatisation. »
Des approches purement idéologiques
D’après le porte-parole de la fédération syndicale, « le ministre se trompe lorsqu’il croit que la formule partenariat public-privé permettrait d’améliorer le rendement et les services de transport en commun. Les approches privilégiées par l’Association des propriétaires d’autobus du Québec (l’APAQ) et l’Institut pour le partenariat public-privé sont purement idéologiques. Depuis quelques temps, dans les différentes régions du Québec où nous sommes présents, on travaille au développement de l’expertise d’un service de transport en commun qui répond aux réalités régionales dans le but de donner un service de qualité et plus sécuritaire, ainsi que des conditions de travail honnêtes aux employé-es. D’ailleurs, jusqu’ici, les syndicats ont contribué grandement à l’amélioration du transport public. Et nous sommes toujours ouverts à participer aux comités d’amélioration continue pour apporter des solutions innovatrices et pour améliorer les services. C’est cette voie que nous devons favoriser. Elle a déjà fait ses preuves. »
Le problème : le financement
Commentant le rapport Bernard de janvier 2003 sur le transport en commun, le représentant syndical a souligné que « les trois mandataires signataires avaient conclu que les transports en commun étaient bien gérés. Le problème, nous le savons, vient du désengagement financier de l’État du Québec dans le transport en commun. Depuis la réforme Ryan, au début des années 1990, le soutien financier est passé de près de 40 % à environ 15 ou 17 % actuellement. »
Réactions de la vice-présidente de la CSN
« De vouloir, comme le fait le ministre, prendre le transport en commun comme cobaye pour instaurer les trois PPP, soit les partenariats public-privé, c’est courir de très grands risques, comme l’a démontrée, entre autres, l’expérience britannique », a commenté la vice-présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Denise Boucher, responsable de ce dossier à la centrale syndicale. « En Angleterre, où on a appliqué les trois PPP, on est revenu au réseau public », a rappelé Denise Boucher. « Ce n’est pas vrai que les coûts vont être nuls pour l’État. Posons-nous la question : est-ce que le privé a l’expertise pour faire ce genre de travail ? Les sociétés de transport ont à leur emploi des ouvriers spécialisés qui connaissent bien les rouages du transport public. Il faut faire échec à toute tentative de privatisation », a soutenu la vice-présidente de la CSN.
L’article 45
Le représentant de la FEESP-CSN croit que le ministre Marcoux veut profiter des modifications apportées à toute vitesse à l’article 45 du Code du travail, en décembre dernier, facilitant la sous-traitance « pour favoriser l’arrivée du privé, « dé syndiquer » notre monde, leur faire perdre leurs emplois ou à tout le moins rabaisser leurs conditions de travail. C’est une privatisation sur le dos des travailleuses et des travailleurs que nous propose le ministre. »
Mobilisation
À court terme, la FESSP-CSN convoquera les responsables syndicaux de son secteur transport pour analyser la situation et élaborer la stratégie afin que le ministre Marcoux renonce à ses intentions de privatisation.
« La privatisation, c’est un retour en arrière de 20 ans. Cela signifierait la dilapidation des équipements collectifs que sont les transports en commun, que les populations des grandes villes du Québec connaissent bien. C’est inacceptable cette privatisation », a conclu Denis Marcoux, de la FEESP-CSN.
La FEESP-CSN regroupe 5000 employé-es du transport en commun à Montréal, Laval, Québec, Sherbrooke, sur la Rive-Sud de Montréal et sur la Rive-Sud de Québec. La FEESP-CSN défend les intérêts professionnels de 45 000 employé-es répartis dans les secteurs suivants : soutien scolaire, soutien cégep, organismes gouvernementaux, transport, transport scolaire, municipal et services divers.
Quant à la Confédération des syndicats nationaux, elle regroupe 2700 syndicats représentant 280 000 travailleuses et travailleurs de presque tous les secteurs d’activité.
Source : CSN – 29-01-2004
Pour renseignements : Michel Crête – CSN-Information (514) 598-2454