Les travailleurs de l’usine de Donnacona, victimes d’odieuses tractations
La CSN dénonce la collusion entre le gouvernement Charest et Abitibi-Bowater pour le transfert de la production vers deux autres sites
La Confédération des syndicats nationaux et la Fédération des travailleurs du papier et de la forêt (FTPF-CSN) dénoncent avec vigueur l’odieuse entente intervenue entre le gouvernement Charest et la multinationale Abitibi-Bowater pour fermer l’usine de Donnacona et transférer des activités vers ses usines de Dolbeau et de Grand-Mère.
Dans un document obtenu par la Loi sur l’accès à l’information la semaine dernière, il est clairement établi que, dans le plus grand secret, le gouvernement, sur l’avis du ministère des Ressources naturelles et de la Faune, a autorisé Abitibi-Bowater à se désengager de son obligation d’exploiter de façon continue l’usine de Donnacona jusqu’en 2011 en contrepartie du maintien des opérations de deux autres de ses usines, soit celles de Dolbeau et de Grand-Mère.
C’est à la demande de la coalition régionale qui milite pour relancer les activités de l’usine de Donnacona que Investissement Québec a rendu publiques les conditions d’accès d’octroi d’une aide financière consentie à la multinationale en 1998.
« Ces tractations se sont déroulées dans le plus grand secret et dans le dos des travailleurs et de la communauté qui ont tout tenté pour garder l’usine ouverte, a accusé la présidente de la CSN, Claudette Carbonneau. Pour la transparence que nous réclamons depuis longtemps dans la façon de gérer l’industrie de la forêt et du papier, on repassera ! »
Le président de la FTPF-CSN, Sylvain Parent, a pour sa part vertement critiqué les représentants du ministère qui ont toujours affirmé n’avoir eu aucun échange avec la multinationale lorsqu’elle a présenté son plan d’affaires. « Les documents que nous avons obtenus démontrent au contraire que la fermeture de l’usine de Donnacona est le fait d’une décision gouvernementale qui a permis à Abitibi-Bowater d’aller de l’avant avec le transfert des opérations. Ces tractations sont particulièrement odieuses lorsque l’on sait tous les efforts déployés par les travailleurs pour assurer la survie de leur entreprise, y compris en 1998. »
En 1998, la Société de développement industriel du Québec, aujourd’hui Investissement Québec, investissait 35,8 millions de dollars dans le cadre d’un projet de modernisation de 275 millions, en échange de l’obligation pour la compagnie Produits forestiers Alliance, aujourd’hui Abitibi-Bowater, de poursuivre ses opérations de façon continue jusqu’en 2011. L’entreprise fermait alors deux machines et, avec l’aide gouvernementale, faisait l’acquisition d’une nouvelle machine à papier.
Le syndicat des travailleurs avait alors accepté de participer à la réorganisation de l’usine, impliquant notamment la perte d’une quarantaine d’emplois, pour permettre à l’entreprise de demeurer compétitive. En 2003 et en 2006, d’autres efforts avaient été consentis par les travailleurs pour maintenir les emplois dans la région. « À chaque fois que la situation l’exigeait, les travailleurs de Donnacona ont agi dans l’intérêt de la région et de leur usine, a indiqué Sylvain Parent. Pendant ce temps, les discussions se déroulaient dans leur dos pour éliminer leur emploi. C’est honteux ! »
Lorsque l’entreprise a annoncé son intention de fermer son usine de Donnacona, en novembre 2007, elle a demandé au gouvernement québécois de transférer cette obligation de poursuivre ses opérations jusqu’en 2011 dans deux autres de ses usines. En donnant raison à Abitibi-Bowater, le gouvernement scellait ainsi le sort des 250 travailleurs du site de Donnacona. Dans le document obtenu par la Loi sur l’accès à l’information, il est indiqué que la décision gouvernementale avait été prise parce que cette région était à « proximité avec la Capitale nationale et son potentiel élevé de diversification économique (qui) lui permettra de continuer à prospérer ».
Le 31 janvier dernier, l’usine de Donnacona fermait ses portes à 23 h 24 avec la bénédiction du gouvernement Charest.
« Ce n’est certes pas en opposant les populations les unes aux autres et en considérant les travailleurs comme des statistiques interchangeables que le gouvernement résorbera la crise que connaît les secteur forestier et manufacturier, s’est insurgée Claudette Carbonneau. Au cours des prochains jours, nous évaluerons les différents moyens à notre disposition afin de faire valoir les droits des travailleuses et des travailleurs floués. »
Source : CSN – 4 novembre 2008
Renseignements : Louis-Serge Houle, Service des communications de la CSN, 514 792-0795