Pas de profit sur la maladie ! Depuis dejà plusieurs mois, la CSN se mobilise pour la défense d’un réseau de la santé et des services, pleinement, résolument VRAIMENT public. Afin d’outiller les congressistes sur cet enjeu majeur, le conseil central a convié le chercheur Guillaume Hébert de l’Institut de recherche et d’information socioéconomiques (IRIS) pour une présentation sur cinq grand mythes du privé en santé et services sociaux.
D’entrée de jeu, il rappelle que la mise en place du réseau public de santé et de services sociaux est le fruit de luttes menées notamment par les syndicats. C’est une grande victoire sociale qu’il nous faut préserver et qui est sous attaque actuellement par le gouvernement de la CAQ qui souhaite élargir encore davantage le rôle du secteur privé dans les soins de santé et les services sociaux. Les promoteurs de la privatisation s’appuient sur un certain nombre de mythes qui ne survivent pas à l’analyse des faits afin de tenter de convaincre la population que la privatisation profitera aux Québecoises et aux Québécois. Voyons-y de plus prêt.
Le privé est une nouveauté
Selon le ministre de la Santé, Christian Dubé, le statu quo est intenable et que le changement vient du secteur privé Pourtant, la réalité c’est que la mise en place du régime public était une réponse à l’échec du secteur privé à répondre aux besoins de la population à l’époque.
Par ailleurs, le secteur privé a toujours joué un rôle important dans les soins de santé et les services sociaux au Québec, beaucoup plus que dans les autres pays industrialisés qui ont un système universel. Par exemple, seulement 26 % des dépenses en services professionnel-les au Québec sont publiques. Des tests diagnostics, aux soins à domicile, l’industrie privée de la santé se porte très bien !
Le privé coûte moins cher
C’est complètement faux. Il suffit de regarder au sud de notre frontière où les services coûtent considérablement plus cher qu’ici alors que tous les indicateurs placent les État-Unis loin derrière les autres pays industrialisés où les dépenses sont globalement moins élevées.
Au Québec, les coûts des chirurgies effectuées dans le privé sont plus élevés que les mêmes chirurgie effectuées dans le public, selon les chiffres du gouvernement lui-même, obtenus par l’IRIS par une demande d’accès à l’information.
Les coûts administratifs sont par ailleurs beaucoup plus élevés dans le privé que dans le public. L’exemple de l’assurance-médicament est éloquent. Une assurance médicament pleinement publique permettrait des économies totalisant jusqu’à 5 milliards, en partie à cause des frais administratifs.
Le privé est plus efficace
Un autre mythe tenace. Pourtant lorsqu’on analyse les résultats du privé au Québec on constate un échec total. Deux exemples : les groupes de médecine familiale (GMF) n’offrent pas l’accès attendu ce qui a pour conséquence d’engorger… les urgences publiques.
Par ailleurs 82 % des mégas cliniques privées du Québec ont été incapables d’atteindre les objectifs qui leur étaient fixés.
Le privé va diminuer les listes d’attente
Pas du tout. On ne peut pas clôner les travailleuses et travailleurs ! Il y a une corrélation directe entre le nombre de personnes qui travaillent dans le privé et celles qui travaillent dans le public. Bref, la création de nouveaux couloirs d’accès dans le privé ne peut se faire qu’au détriment de ceux qui existent dans le public. Les pénuries de personnel dans le réseau public sont particulièrement aïgues dans les secteurs où le privé est très présent.
Le privé améliore la qualité des soins
La recherche de profits est au contraire une menace à la qualité des services. C’est également injuste parce que celles et ceux qui en ont les moyens peuvent avoir tous les services qu’ils souhaitent même s’ils ne sont pas médicalement nécessaires pendant que celles et ceux qui ont besoin de services peinent à y avoir accès.