Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (STIJM–CSN) a déposé ce matin une plainte à la Commission des relations du travail pour contester l’utilisation de briseurs de grève au Journal de Montréal. « Bien que Quebecor Media ait raffiné sa méthode depuis le conflit au Journal de Québec, nous avons réuni plusieurs faits démontrant qu’elle a eu recours à des scabs pour produire quotidiennement le Journal, contrevenant ainsi au Code du travail », a déclaré le président du STIJM–CSN, Raynald Leblanc. Dans sa requête à la CRT, le syndicat demande à la commission d’émettre une ordonnance enjoignant l’employeur à cesser de publier dans le Journal tout texte et toute photo provenant de l’agence QMI et des publications et sites Internet de 7 jours, 7jours.ca, 24 heures, 24heures.ca, Ici, canoe.ca, argent.ca ainsi que des hebdos régionaux appartenant à Quebecor. La plainte vise aussi des textes ou des photos en provenance du Journal de Québec traitant d’événements qui se produisent hors de son territoire, comme le prévoit la convention collective du STIJM. Elle porte également sur la publication de caricatures de YGreck.ca et les photos provenant de photographes à leur compte ou à l’emploi d’autres employeurs. Concernant le travail des collaborateurs externes, le syndicat demande à la commission de faire en sorte que le Journal s’en tienne à la situation qui prévalait avant le début de la négociation, conformément au Code du travail et à sa convention collective. « En recourant quotidiennement à des scabs, Quebecor n’est pas qu’illégale, a dénoncé Raynald Leblanc. Son attitude est totalement immorale et méprisante à l’endroit des 253 artisans du Journal qu’elle a jetés sur le trottoir le 24 janvier, mais aussi à l’égard de ses lecteurs et des annonceurs. Nous souhaitons faire la preuve de nos allégations au plus tôt pour rétablir le rapport de force et retourner à la table de négociation. La publication de ce journal en contravention avec les dispositions anti-briseurs de grève fait perdurer le conflit. Il faut que ça cesse ! » Pour le STIJM, il est tout simplement impossible de produire un quotidien de l’envergure du Journal de Montréal à partir du travail de 25 cadres, alors que normalement son contenu est alimenté par plus de 80 journalistes, dont les chefs de secteurs et les chefs de pupitre, 15 photographes et 1 caricaturiste. « Quebecor Media ne répugne pas d’utiliser les services de gens qui ne travaillent pas au Journal, a expliqué le président du syndicat. La direction se comporte comme si elle était au-dessus des lois et que les dispositions de notre convention collective ne s’appliquaient plus. Or la loi existe aussi pour Pierre Karl Péladeau et nos conditions de travail continuent de s’appliquer jusqu’à la signature de la nouvelle convention. » QMI : une pseudo agence de presse Entre autres choses, le syndicat veut démontrer à la CRT que l’agence QMI, mise sur pied le 6 janvier 2009, est un pseudo organe de presse qui sert à rediriger vers le Journal des textes et des photos provenant des autres publications ou sites Web de Quebecor Media. En outre, plusieurs journalistes ont été embauchés pour les publications de l’empire dans les mois qui ont précédé le déclenchement du lock-out. On parle notamment de 24heures.ca, 7jours.ca et argent.ca. Le STIJM déplore que Quebecor Media utilise à leur insu le travail de journalistes et de pigistes pour alimenter le Journal de Montréal. Ce faisant, elle les transforme contre leur volonté en briseurs de grève. « Le contrat que tente de faire signer Quebecor Media aux journalistes-pigistes est tout aussi immoral que le recours aux scabs, a poursuivi Raynald Leblanc. En agissant ainsi, elle abuse de la position privilégiée qu’occupe l’empire au Québec en leur demandant de lui céder leurs droits d’auteur, mais aussi leurs droits moraux pour la planète entière, et ce à perpétuité. C’est le comble de l’indécence. » Selon ce contrat, il est stipulé que le pigiste « s’engage à céder, et cède exclusivement à l’éditeur, et ce, sans limitation de durée ou de territoire, tous les droits d’auteur qu’il détient sur l’œuvre, incluant sans limitation, tous les droits de publication, de diffusion ou de reproduction de l’œuvre sur tout support et par tous moyens ou procédés que ce soit ». De plus, on demande aussi au collaborateur de renoncer « aux droits moraux qu’il détient sur l’œuvre, tant au bénéfice de l’éditeur qu’au bénéfice de tout ayant droits de l’éditeur ». Rétablir le travail des collaborateurs externes À la CRT, le STIJM demande de limiter la publication des chroniques réalisées par les collaborateurs externes à ce qu’elle était avant le début du processus de négociation, le 2 octobre 2009. Par exemple, Joseph Facal signe actuellement deux chroniques, plutôt qu’une, par semaine. Selon le syndicat, cet ajout vise à remplacer le travail du chroniqueur d’opinion en lock-out Marco Fortier, contrevenant ainsi au Code du travail. D’autres collaborateurs agissent aussi comme des travailleurs de remplacement depuis le début du conflit. Il s’agit entre autres de YGreck.ca, de Guy Bourgeois et de Marie-Joëlle Parent. Au cours des prochaines semaines, le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (CSN) continuera de multiplier les occasions de dénoncer les agissements de l’empire qui bafoue le Code du travail et le droit du public à une information de qualité afin qu’il revienne à la table de négociation.