Juin 2003 – Les travailleurs de Labatt en grève générale

« Une lutte pour l’équité »

Les travailleurs de Labatt en grève générale

Les 950 travailleurs et travailleuses de Labatt à Montréal ont déclenché la grève générale à 14 h cet après-midi. La sous-traitance, le travail temporaire et le régime de retraite sont les enjeux majeurs de ce conflit. « Labatt aime ça jouer au mécène. Mais nous, on connaît la face cachée de Labatt. C’est pour ça qu’on est en grève. Des temporaires payés cinquante pour cent moins cher, il y en a de plus en plus à la brasserie et Labatt veut aussi sous-traiter nos jobs », affirme le président du syndicat, Robert Daneau.

La production à la brasserie a cessé à 14 h et les camions de Labatt ont arrêté de circuler, ce qui paralyse la distribution et la livraison des produits Labatt dans toute la région métropolitaine. Plusieurs centres de distribution régionaux sont aussi touchés dont ceux de Québec, de Lévis, de Baie-Comeau, de Matane et de Joliette.

De plus en plus de temporaires

Vingt pour cent des travailleurs sont actuellement temporaires à la brasserie et au centre de distribution de Labatt à Montréal. « Cela fait 10 ou 15 ans que ces temporaires travaillent pour Labatt. Ils n’ont pas d’ancienneté de service ni d’avantages sociaux. Et pourtant, ils font la même job que nous pour un chèque coupé en deux », indique Robert Daneau. Le syndicat veut obtenir davantage de postes réguliers. Actuellement, selon la convention collective, ce n’est qu’après le départ de trois employés réguliers que le brasseur a l’obligation d’embaucher un employé régulier.

Labatt veut sous-traiter les jobs

La brasserie veut encore plus réduire les coûts de sa main-d’œuvre. Sous prétexte que le cœur de ses activités est la production, Labatt laisse entendre qu’elle veut se départir de la distribution de ses produits. « La sous-traitance est un discours bien à la mode chez les employeurs. Bombardier l’utilise aussi ces jours-ci. Et il n’y a pas si longtemps, c’était Quebecor lors du conflit de Vidéotron », souligne de son côté le président de la Fédération du commerce, Jean Lortie.

Tout comme Quebecor et Bombardier, Labatt est une entreprise majeure. Elle se classe parmi les dix premiers industriels de Montréal et occupe le deuxième rang au Canada dans le secteur brassicole.

Le fonds de pension, un enjeu

Les travailleurs de Labatt ont en moyenne entre 45 et 50 ans. Trois cent quatre-vingts (380) d’entre eux prendront leur retraite d’ici quatre ans. Le syndicat veut amorcer des discussions avec l’employeur pour bonifier le régime.

Labatt n’est pas une compagnie qui connaît des difficultés financières. Au contraire, elle veut prendre de l’expansion et a acheté un terrain de 42 000 pieds carrés à LaSalle. Depuis 1995, elle appartient à la compagnie belge Interbrew, le troisième joueur à l’échelle internationale dans le secteur brassicole.

Des relations de travail de confrontation

Le climat de travail chez Labatt n’est pas étranger à cette grève. L’entreprise a décrété un lock-out l’an dernier pour casser le syndicat à son usine ontarienne. « Nous, on a décidé que Labatt ne nous mettrait pas à genoux. On n’a pas attendu qu’elle nous mette en lock-out durant la saison morte », affirme le président du syndicat. De son côté, Jean Lortie, le président de la Fédération du commerce CSN, trouve inadmissible que l’entreprise se targue d’avoir mis en lock-out ses salariés à London, en Ontario, pour réaliser son plan d’affaires.

La convention collective est échue depuis le 31 décembre 2002. Le syndicat a obtenu son accréditation CSN le 28 février 2003 et a déposé un projet de convention collective le 12 mai dernier. Malgré une quinzaine de séances de négociation, seulement un tiers des clauses non pécuniaires ont été réglées. Le syndicat considère que Labatt tente d’étirer les négociations pour éviter que le conflit éclate durant la saison estivale qui est la plus lucrative pour l’entreprise.

Rappelons que c’est à près de 94 %, le 8 juin dernier, que les travailleurs et travailleuses ont rejeté les dernières offres patronales et donné un mandat de grève générale à leur syndicat.


Source : CSN – 16-06-2003

Pour renseignements : Maroussia Kishka, Service des communications de la CSN, tél : (514) 598-2166

   


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