Réaction de la CSN
Un discours inaugural libéral pour ne pas dire néolibéral
« On aurait tort de croire que le discours inaugural traduit fidèlement le discours électoral », a déclaré la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), à la suite du discours du premier ministre du Québec, Jean Charest. « On ne peut faire abstraction des mauvaises nouvelles des trente derniers jours qui donnent de bonnes indications sur les façons de faire qu’envisage le nouveau gouvernement. Chape de plomb de 4,3 milliards de dollars, libéralisme à tout crin : les projets de réingénierie de l’État prennent tout à coup une dimension insoupçonnée pendant la campagne électorale ». Selon la présidente de la centrale syndicale, la volonté de banaliser l’État québécois, comme levier d’intervention au service du plus grand nombre, constitue l’essentiel de la vision du nouveau gouvernement, ce qui a de quoi inquiéter. Les moteurs de cette réingénierie deviennent de plus en plus évidents : haro sur l’interventionnisme d’État, y compris dans le domaine économique, et réaliser des économies pour baisser massivement les impôts ; bref, un chambardement de fond en comble du modèle québécois. La volonté affirmée de concevoir le développement des services de garde en faisant fi de tout ce qui existe en est un bon exemple.
Beaucoup de choses sont dans la mire des libéraux. Les quatre principes directeurs devant présider au recentrage de l’État écarte toute notion de cohésion et de solidarité sociale. « Il reviendrait aux plus riches de gérer leur richesse et aux plus pauvres de s’accommoder de leur pauvreté », a continué la présidente de la CSN.
Le caractère public des services à la population est fortement menacé par la volonté clairement avouée de recourir au partenariat avec le secteur privé. Les attaques que les libéraux veulent faire subir à l’article 45 du Code du travail pour favoriser la sous-traitance sont de même nature. « Ce gouvernement ne soupçonne pas à quel point, en s’attaquant à l’emploi et aux conditions de travail des Québécoises et des Québécois, il contribue à leur appauvrissement et menace la paix industrielle », a poursuivi madame Carbonneau.
Quelques bonnes notes
La CSN apprécie certaines mesures annoncées par le chef du gouvernement comme l’engagement à ouvrir une enquête indépendante sur la forêt et à mettre en place un plan vert ; l’intérêt manifesté pour la sécurité alimentaire des Québécoises et des Québécois ; la volonté de contribuer à l’édification d’une société toujours plus ouverte en permettant l’intégration des personnes handicapées et des communautés culturelles ; la reconnaissance des droits des autochtones et la réforme des institutions démocratiques. « Ces mesures restent toutefois éclatées au milieu d’un tout cohérent, mais fort inquiétant. Parmi les mesures immédiates attendues, la CSN constate que le gouvernement se soustrait, une fois de plus, à son engagement à déposer un plan d’action à l’égard de la pauvreté », a conclu madame Carbonneau.
Le grand révélateur demeurera le budget, qui sera présenté dans les prochains jours. La CSN a pris bonne note que les secteurs de la santé et de l’éducation doivent toujours être considérés comme une priorité de ce gouvernement, et entend mesurer l’arbre à ses fruits lors du dépôt du budget. Loin de considérer les changements annoncés comme une deuxième révolution tranquille, la CSN perçoit les intentions du gouvernement comme une contre-réforme.
Source : CSN – 04-06-2003
Renseignements : Michelle Filteau, directrice des communications, CSN, tél. (514) 598-2155