Star Académie et Archambault Musique, deux rouages importants de la convergence d’affaires de Quebecor Media, ont été la cible des lock-outés du Journal de Montréal cette semaine.
La première de Star Académie, le 8 février, a eu droit au comité d’accueil d’une soixantaine de travailleuses et de travailleurs en conflit qui a manifesté devant le studio d’où est retransmis l’un des fers de lance de la programmation de TVA, propriété de Quebecor. Trois jours plus tard, c’était au tour de Archambault Musique, qui appartient aussi à l’entreprise dirigée par Pierre K. Péladeau, de « recevoir » la délégation de plus de 230 membres du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (FNC–CS¬N).
L’émission Star Académie permet à Quebecor Media de dénicher des recrues, dont certaines se retrouvent sous contrat avec Musicor, la compagnie de disque qui lui appartient. Les disques, distribués par Distribution Select, aussi propriété de Quebecor, sont notamment vendus chez Archambault Musique ou Zik.ca, le site Web du disquaire. La promotion de Star Académie, des spectacles des nouvelles vedettes et des disques qu’elles produisent se retrouve tout au long du processus et à profusion dans les multiples plateformes de l’empire Péladeau : TVA, Canoë, le Journal de Montréal, le Journal de Québec, 24 heures 7 jours, Échos Vedettes, Lundi, Dernière heure, Ici, Montreal Mirror.
Les lock-outés en campagne
Le syndicat des 253 employé-es de bureau et de la rédaction du Journal de Montréal poursuit une campagne pour sensibiliser la population sur les enjeux de leur négociation et pour solliciter leur appui. Dans un feuillet d’information qui est distribué notamment lors des manifestations, il est demandé aux citoyennes et aux citoyens de faire pression sur Quebecor Media en :
- ne lisant plus le Journal
- annulant leur abonnement
- cessant d’acheter le quotidien de la rue Frontenac.
Le syndicat a également envoyé une lettre aux annonceurs afin qu’ils prennent conscience de l’impact d’acheter de la publicité dans un journal qui a mis ses employé-es en lock-out. « Le Journal peut-il encore prétendre bien servir ses annonceurs et rejoindre le lectorat tout en maintenant ses tarifs publicitaires », y lit-on. Dans cette missive, on rend également compte du courant de sympathie à l’égard des lock-outés qui ne cesse de s’étendre. On y lit aussi que « ce mouvement d’appui a incité plusieurs chroniqueurs, parmi les plus respectés, à cesser d’écrire dans le Journal durant le conflit. Des personnalités aussi reconnues que Jacques Demers, Martin Brodeur, Daniel Green, Bernard Landry, entre autres, sont intervenues publiquement en ce sens. »
Il est noté que la plupart des partis politiques au Canada et au Québec, ainsi que l’Union des artistes, refusent d’accorder des entrevues au Journal de Montréal. Il est également fait mention de la stratégie utilisée par Quebecor de maintenir artificiellement son lectorat en distribuant gratuitement le journal à ceux qui se sont désabonnés : « Dans ces conditions, êtes-vous certains que vos publicités dans le Journal de Montréal rejoignent encore votre clientèle habituelle et vous permettent d’atteindre vos objectifs de vente ou de notoriété ? Bien humblement, nous croyons que le prix payé par les annonceurs est trop élevé pour le produit livré. »
Une autre lettre s’adressant aux commerces qui offrent gratuitement le journal à leur clientèle est aussi distribuée à Montréal. Le syndicat leur demande d’annuler leur abonnement et de ne plus acheter de publicité jusqu’à la fin du conflit. « Tant que le Journal continuera de se retrouver sur vos tables et vos présentoirs, le lock-out se poursuivra et nous serons privés de notre travail et de notre gagne-pain. Votre soutien est essentiel », peut-on y lire.
Enfin, les commerçants sont invités à visiter un nouveau média, www.ruefrontenac.com, qui est le fruit du travail de VRAIS artisans de l’information, les membres du STIJM.