Abasourdis par la décision d’Ottawa de ne rien accorder à Davie Canada, de Lévis, sur l’ensemble des contrats navals de 33 milliards de dollars, le président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (CSN), Paul-André Brulotte, la présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN), Ann Gingras, et le président de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN), Alain Lampron, réclament des explications sur les critères précis qui ont mené à l’exclusion du chantier maritime québécois.
Paul-André Brulotte explique : « Nous voulons savoir exactement pour quelles raisons et en vertu de quoi précisément la candidature de Davie a été rejetée. Nous avions les meilleures installations, nous avons construit les plus gros navires, notre situation géographique est exceptionnelle, notre main-d’œuvre est particulièrement aguerrie et compétente, l’entreprise qui possède maintenant Davie a les reins très solides et jouit d’une expertise reconnue en construction navale. Alors, pourquoi sommes-nous exclus ? Nous voulons en connaître les raisons. »
Puisque 60 % de la note finale portait sur les capacités techniques des chantiers, 20 % sur les coûts de chaque proposition, 10 % sur la capacité financière et 10 % sur le rapport qualité/prix, Alain Lampron aimerait également connaître les notes de chaque entreprise, pour chacun de ces items, qui ont soumissionné.
De son côté, Ann Gingras relève que la politique maritime canadienne ne peut prétendre s’avérer équitable quand elle favorise seulement quelques régions du pays. Elle fait par ailleurs siens les propos de l’ex-ministre fédéral des Travaux publics, Michael Fortier, qui a émis l’opinion, hier, que le gouvernement aurait dû établir au départ des règles précisant que les trois grands chantiers canadiens, incluant Davie, participeraient à la relance de l’industrie. Cette façon de faire n’aurait pas eu d’impact sur l’octroi des contrats, mais des ententes auraient été faites entre les chantiers et la Davie aurait pu participer au projet. Il a estimé qu’avec son approche « le gouvernement Harper a décidé que la relance de l’industrie navale ne passait que par deux chantiers ».
Des milliers d’emplois et toute une économie sont affectés par le pactole qui a échappé aux travailleurs québécois.