Libre-échange Canada-Union européenne : Un débat démocratique est nécessaire

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Lettre ouverte du RQIC envoyée aux médias ce 28 octobre 2013

Libre-échange Canada-Union européenne : Un débat démocratique est nécessaire

Les élections fédérales de 1988 semblent tellement loin aujourd’hui que nous avons oublié qu’elles avaient porté essentiellement sur l’Accord de libre-échange Canada – États-Unis (ALÉ). Est-il révolu ce temps où la signature d’un accord international de cette ampleur constituait un enjeu de société majeur ? C’est ce que les gouvernements Harper et Marois voudraient nous faire croire alors que l’Accord économique et commercial global (AÉCG) entre le Canada et l’Union européenne (UE) est l’accord ayant la plus grande portée politique et économique que nous ayons envisagé depuis ce fameux ALÉ.

Mais la population n’en sait pas grand-chose et nos gouvernements ne semblent pas vouloir qu’elle en sache plus, ni qu’elle puisse en débattre de manière informée. Ce qui n’empêche pas le gouvernement Harper de parler des négociations les plus transparentes jamais vues et, si ce n’était de certains textes coulés, nous n’en saurions à peu près rien. Et c’est une autre fuite, cette fois ébruitée de façon stratégique par le négociateur Pierre-Marc Johnson lui-même pour soutirer au fédéral une vague promesse de compensation, qui nous a permis d’apprendre que les producteurs fromagers du Québec seraient les premières victimes des tractations de dernière minute, et que par ricochet l’un des piliers du système de gestion de l’offre serait ébranlé par une importation massive de fromages européens.

Les avantages de l’accord pour le Canada et le Québec sont loin d’être évidents. D’une part, depuis 1994, les entreprises canadiennes, grâce à l’Accord plurilatéral sur les marchés publics (AMP) de l’OMC, ont déjà accès aux marchés publics sous-nationaux européens « dans les mêmes conditions que les entreprises européennes » précisait le Commissaire européen au commerce Karel De Gucht en 2012. D’autre part, après pondération selon les échanges, les produits canadiens faisaient l’objet en 2007 d’un tarif moyen de 2,2 % à l’accès au marché de l’UE. En se vantant de l’élimination de 98 % des tarifs douaniers, nos gouvernements déforment la réalité et cachent des gains bien minces.

Quant à nos propres marchés publics, on les ouvre aux Européens qui eux ne concèdent rien. Ainsi, 80% de nos marchés publics municipaux et provinciaux, incluant près de la moitié des contrats d’Hydro-Québec, devront faire l’objet d’appels d’offres ouverts aux entreprises européennes. Le gouvernement du Québec doit expliquer si une telle ouverture ne nous prive pas d’importants leviers de développement économique local. En effet, il deviendra « impossible, pour une province ou une municipalité, de favoriser les entreprises nationales, les entreprises dont les actionnaires sont des nationaux ou les entreprises faisant affaire localement », avançait un rapport de l’IREC en janvier 2011.

Il sera également difficile d’orienter les investissements étrangers en fonction d’objectifs environnementaux ou de création d’emplois de qualité, sous peine d’être poursuivis par les multinationales devant des tribunaux internationaux non imputables. Compte tenu que l’AÉCG reconduit les mesures controversées de protection des investissements de l’ALÉNA, il accordera des droits excessifs aux entreprises européennes qui pourront contester les politiques d’intérêt public sous prétexte qu’elles portent atteinte à leurs “droits” de faire des profits. La poursuite de l’entreprise Lone Pine Resources pour 250 millions $ contre le moratoire du Québec sur les gaz de schiste illustre bien ce danger.

Clairement, les concessions s’annoncent importantes et il est inquiétant de constater que la stratégie des provinces est désormais de demander des compensations à un gouvernement conservateur qui entretient les pires relations fédérales-provinciales de l’histoire du pays.

Chose certaine, les textes de l’AÉCG doivent être rendus publics au plus vite et un véritable débat public à la hauteur des enjeux doit s’engager parce que nous considérons que les règles d’adoption des accords internationaux (21 jours devant le Parlement fédéral sans possibilité d’amendements et deux heures de débat à l’Assemblée nationale) sont trop contraignantes et anti-démocratiques.

Pierre-Yves Serinet, Réseau québécois sur l’intégration continentale RQIC

N.B. La liste complète des signataires est disponible sur www.rqic.alternatives.ca

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